Une jeune femme aux cheveux sombres était allongée sur un lit d’hôpital. Son visage était plutôt serein mais on regardant de plus prêt des larmes coulaient en coins de ses yeux clos. Etait-elle entrain de faire un cauchemar ? Elle ne semblait pas pourtant agitée. Le corps allongé de tout son long, la tête bien calée au milieu de son coussin, aucun pli ne déformait son visage … seul le liquide secrété par ses yeux trahissaient le tourment qui la rongeait de l’intérieur. A quoi pouvait-elle donc bien rêver ? En tout cas, cela ne semblait pas être un rêve bien agréable.

Quatre hommes étaient postés aux quatre coins de la petite chambre. Vu leur allure et posture, ils étaient de toute évidence en train de surveiller la convalescente. Les minutes s’écoulèrent et elles étaient sur le point de se transformer en heure, lorsque la jeune femme se mit à bouger légèrement. Ses paupières tremblotèrent puis tout doucement ses yeux s’ouvrirent. Elle cligna des yeux plusieurs fois avant de fixer le plafond immaculé. Puis elle tourna lentement la tête, comme si la force lui manquait, tout en se demandant où elle était. C’est alors qu’elle croisa le regard d’un des gardes puis elle balaya les autres des yeux alors que des questions se bousculaient dans sa tête. Elle essaya de se remémorer les choses et c’est ainsi qu’elle s’est souvenue de son accueil par des gardes à l’entrée de Kumogakure no Satô et que quelqu’un l’avait assommé par derrière alors qu’elle tentait de forcer le passage. Elle se trouvait donc surement dans le village caché des kumojins mais elle se demanda ce qu’elle faisait sur un lit d’hôpital et non en prison. Après tout, elle était une étrangère qui avait tentée de rentrer en force dans un village où ne pouvait entrer qui veut. Si elle avait tentée de pénétrer ainsi sur l’île d’où elle venait, elle n’aurait eu même pas droit à une cellule en prison mais à l’espace infini de l’au-delà.

Sachant enfin où elle se trouvait, elle reporta toute son attention sur les gardes. Pourquoi donc une surveillance aussi stricte pour une simple convalescente ? Sans doute par prudence parce qu’ils ignoraient totalement son identité. Ou bien au contraire, parce qu’ils savaient justement qui elle était. Sans se poser plus de question, elle releva le dos pour se mettre sur son séant. Le drap qui la couvrait glissa sur ses jambes laissant dévoiler la blouse de patient dont on l’avait vêtue. Elle attrapa le bout du vêtement, au niveau de son ventre, pour l’inspecter plus attentivement « que c’est moche ! » se disait-elle intérieurement puis elle se demanda où étaient passé ses vêtements et ses armes. Il devait lui rester quelques kunai et shiruken.

Elle glissa une jambe puis l’autre en dehors du lit et cessa de bouger un moment alors que ses pieds touchaient le sol. Les gardes s’étaient mis en garde tels des chiens de gardiennage s’apprêtant à sauter sur un intrus. Loin d’être intimidée, la jeune femme se contenta de les balayer de son regard sanguin puis tenta de se mettre débout mais à peine avait-elle levé ses fesses que l’un des chiens aboya.

- Vous n’êtes pas autorisée à sortir de votre lit ? Veillez donc y rester s’il vous plait !

La jeune fille repose ses fesses puis laissa échapper un grand souffle. Tant de politesse l’exaspérait vraiment. Si la phrase était énoncée avec un peu d’arrogance ou de brutalité, elle aurait pu y répondre naturellement car parler correctement lui demandait un trop grand effort; mais il semblerait qu’elle n’avait pas le choix si elle ne souhaitait pas que la situation tourne à son désavantage.

- Ne suis-je même pas autorisée à aller au petit coin ?

Les gardes se regardèrent, se demandant quoi faire. Ils sembleraient qu'on leurs avait donné l’ordre de ne pas la laisser sortir mais la jeune fille venait d’exprimer le besoin d’aller aux toilettes.

- Dépêchez-vous car je n’ai pas envie de faire ça dans ma culotte !
- C’est que … heu …

Ce fut un homme qui venait d’ouvrir la porte qui lui donna l’autorisation d’aller au petit coin d’un ton autoritaire qui lui glaça le dos. Un frisson parcourra son échine alors qu’elle se leva brusquement comme si quelque chose venait de lui piquer les fesses. Et sans plus attendre, comme si elle craignait que l’homme ne s’énerve, elle se dirigea vers la porte et effectua une légère courbette alors qu’elle passait devant celui-ci avant de s’éclipser derrière lui. Elle avança rapidement dans le couloir comme si quelqu’un était à ses trousses, puis bifurqua au prochain croisement avant de s’adosser contre le mur. Elle laissa échapper un grand souffle une main posée sur sa poitrine. Dès que la voix de l’homme avait franchi ses oreilles, son corps avait réagi étrangement. Elle avait du mal à respirer et souhaitait s’éloigner de celui-ci le plus rapidement possible. Elle avait déjà ressenti ce genre de sentiment mais c’était il y a bien longtemps. C’était au moment où elle avait vu pour la première fois la femme qui était devenue par la suite sa sensei, non pas par désir mais plutôt par effroi. Oui, elle l’avait tellement terrifié par sa stature qu’elle avait accepté de se soumettre à ses ordres sans réfléchir. Sa tête avait acquiescé instinctivement alors que son souffle était coupé et son cœur serré. Au fil du temps, sa frayeur s’était dissipée pour finir transformé en une sorte d’admiration et après quelques années, elle avait même réussi à lui tenir tête. Mais à l’époque elle n’était qu’une fillette de treize ans et depuis elle n’avait jamais ressenti cette sensation de frayeur face à quelqu’un, jusqu’à aujourd’hui. Comment une simple voix pouvait la déstabiliser autant ? Cet homme ne devrait pas être n’importe qui. Sans doute le chef des gardes ou bien un spécialiste de l’intimidation envoyé pour essayer de lui soutirer des informations.

Elle était restée quelques secondes contre le mur et une fois calmée, elle longea le couloir, prenant la direction à sa droite. Elle marchait au hasard car en réalité elle n’avait pas vraiment envie d’aller aux toilettes. C’était juste un prétexte pour tenter de sortir de la chambre sans provoquer un barrage qu’elle n’aurait pas gagné de toute évidence mais aurait juste envenimé sa situation. Elle marchait lentement, faisant attention à tout ce qui l’entourait mais n’ayant pas ses lunettes, elle ne voyait pas clairement les choses à plus de deux mètres d’elle. Elle croisa quelques patients et membres du personnel de l’établissement qui la suivirent des yeux mais aucun ne tentait de l’arrêter pour la questionner. Chose qui étonna la jeune Natsumi car après tout elle était une étrangère et sans doute dangereuse. Et puis comment se faisait-il qu’aucun garde ne l’accompagnait alors qu’on l’avait si bien gardé lorsqu’elle était alitée ? Etait-ce un test pour voir si elle tenterait de s’échapper ? Ils semblaient vraiment la sous-estimer et une envie de les provoquer la submergea. Oubliant son but premier, elle se dirigea vers la sortie mais lorsque la porte fut à sa portée, elle s’arrêta. Les mots de l’homme de tout à l’heure résonnèrent dans sa tête et elle fit demi-tour. Elle n’avait pas encore envie de signer son arrêt de mort.

C’est ainsi qu’elle se retrouva derrière la porte de la chambre où on l’avait interné malgré elle et à sa grande surprise, elle remarqua que deux gardes étaient postés devant celle-ci. Elle était partie à une telle vitesse qu’elle ne les avait même pas remarqué tout à l’heure. Elle hésita un moment, la main posée sur le poignet de la porte, avant de l’ouvrir et se glisser à l’intérieur. Elle n’avait pas effectué trois pas que l’homme se présenta avant de lui ordonner de s’assoir d’un ton sec. Etrangement, elle avait gardé son calme alors que celui-ci lui venait de lui annoncer qu’il était le plus haut gradé de ce village shinobi. Tout en se dirigeant vers le lit où elle posa son séant, elle se demanda s’il se déplaçait toujours en personne dans ce genre de situation ou bien, parce qu’il savait qui elle était qu’il avait décidé de venir en personne. Elle ne mit pas longtemps pour avoir une confirmation de sa pensée. Elle baissa alors le regard qui était alors jusque-là plongé dans celui du Raikage, qu’elle ne voyait pas clairement à vrais dire car elle n’avait toujours pas ses lunettes.

- J’ai cru comprendre que mon frère est décédé mais je ne saurais vous dire où repose son corps. Je suis venue ici en espérant en savoir plus sur ce sujet mais il semblerait que je n’aurais pas plus d’informations si même le Raïkage en personne me pose de telles questions. Et quant au lien qui nous unissait, il s’arrêtait au lien de sang car je ne l’ai jamais revu depuis qu’il a quitté la maison familiale voilà il y a plus de dix ans.

Son cœur s’était refermé et une envie de verser des larmes la submergea. Un court instant, elle avait su oublié la disparition de son grand frère mais ce fut bien bref. Combien de temps allait-elle donc continuer à souffrir à chaque fois qu’elle pensait à son défunt frère ? Si seulement, comme le pensait le Raïkage, Haru était juste quelque part dans ce vaste monde et non dans l’autre monde. Mais comme on dit, il n’y a pas de fumée sans feu, donc les rumeurs dont elle avait eu vent étaient surement vrais. Comme le fait qu’elle avait une belle sœur et une nièce dans ce village …