Sous le soleil de midi [PV]

Le soleil était à son zénith.

Dans le grand désert sans vent, l'air sec faisait grésiller l'environnement ; l'ondulait, le déformait. Entre deux dunes, une silhouette approchait à la course, le souffle court. Le garçon a qui elle appartenait était quasi-nu : sapé uniquement d'un survêtement de sport ressemblant étrangement aux caleçons, mais plus ample. Ses pieds déchaussés creusaient le sable à chaque pas, et le garçon exagérait son mouvement pour pousser dans le sable et alourdir sa course. Aussi, un large sillon se creusait derrière lui, le suivant comme son ombre.
Peut-être essoufflé mais loin d'être épuisé. À peine une perle de sueur au front, le garçon pouvait encore faire dix kilomètres ainsi. Déjà, le village rapetissait derrière, pour se cacher dans les dunes, n'en être qu'une autre, rapidement dissimulée.

Midi sonnait. Les rayons impitoyables balayaient sans cesse le sable brûlant. Pas de nuage aujourd'hui.

Yamada Kanshi s'arrêta, même s'il n'avait pas fini son footing matinal. Les poings sur les hanches, il reprenait son souffle lentement. Son regard fixait au loin, un peu aveuglé par la lumière incandescente. Son petit déjeuner était bien loin dans son estomac, qui gargouilla pour le lui rappeler. Kanshi porta la main à son ventre, l'air désolé. Mais il n'avait rien apporté, comme à son habitude, car il n'y avait pas pensé. Aussi, il s'excusa auprès de son ventre, piteux.
Il endurerait.

Avant d'enchaîner, l'adolescent ouvrit grand les bras en croix et respira bruyamment, réconforté par la chaleur ambiante. Le visage vers l'astre qui définissait son amour pour le désert, il se détendit momentanément, oubliant également sa faim. La solitude était son maître lorsqu'il s'entraînait et Kanshi l'appréciait bien. Pas besoin de quelqu'un pour l'aider à affiner son corps, pas besoin d'une tierce personne pour le supporter moralement ; le tout lui appartenait. Comme le lui disait souvent sa soeur. Kanshi sourit.

Je vais faire de mon mieux. Je vais en faire mille.

Dit-il pour lui même, avant de tomber sur les mains, de soulever les pieds, de fermer ses poings et de se tenir en équilibre. Le sable n'était pas stable, l'enfonçant par son poids. Même s'il était habitué à cet exercice, chaque fois, le défi de ne pas tomber revenait.

Mais si je tombe.... J'en ferai deux mille.

S'obligea-t-il, avant de commencer. D'un rythme soutenu, il ramenait lentement ses jambes, en plein extension, sous ses bras, comme s'il venait pour s'asseoir. Mis à part ses poings, il ne touchait pas sable. Puis il remontait dans le sens inverse, reprenait la position de chandelle de départ et recommençait. Parfait pour tonifier le dos, les épaules, les abdos, les bras.

Quand le Soleil s'est levé, je me suis levé. Yébéééééé.

Ah, le Pays du Vent, qu'est-ce qu'il m'avait pas manqué ! Bien que le vent sculptait et re-sculptait à son bon vouloir les dunes de sable, perso, j'avais l'impression que depuis mon départ, ça avait pas changé. En tout cas, changé ou non, c'était toujours aussi moche. On aurait dit un visage boursouflé géant. Tout ça pour dire que ce matin, quand je me suis levé, je me suis senti pas très motivé à l'idée de me lever. Je sais même pas quoi faire aujourd'hui ! Moi, un natif de Kaze no kuni, perdu dans mon pays natal ! Il faut que je rétablisse la donne. Tant pis. Je m'habille rapidos, je me lave à moitié, et engloutis un repas en moins de deux. Le refuge dans lequel je crèche devra faire avec. Dehors, je sens une douce brise me caresser le visage … jusqu'à ce que ce foutu vent emporte un petit nuage de sable, qui vient trouver mon visage. Super, la journée commence à peine que je bouffe du sable.

Et puis, putain, qu'est-ce qui fait chaud ! On s'croirait pas en hiver, bordel ! Je veux dire, j'ai parcouru le monde entier, et dans chaque foutu pays que j'ai traversé, le paysage avait la notion de rythme des saisons. Alors que là … si quelqu'un sent la différence entre l'hiver et l'été, qu'il m'appelle d'urgence, parce qu'entre une canicule d'été et une canicule d'hiver, j'ai toujours aussi chaud. Ah si, on me souffle à l'oreille qu'il y a peut-être quelques petits degrés de différence. Mon cul ouais. Toujours est-il que je crève de chaud à peine sorti du refuge. Et vu comment y a personne dehors, je suis pas très inspiré à l'idée de traîner en ville. Je me rappelle pas que Kaze no kuni avait engagé le champion junior de châteaux de sable comme architecte pour bâtir Suna. Décidément, le village caché du Sable faisait tout pour rester caché dans le sable à l'abri de l'esthétisme. Même dans mon village de tafioles, il y avait un minimum de déco. C'est pourtant pas compliqué de foutre deux trois couleurs dans ce village, j'me trompe ?

Après une tournée dans le vide dans les quartiers proches du refuge, je décide de quitter le village. Allez pas croire que je déserte au bout d'un mois de loyaux services rendus auprès de ma nation. Non, j'vais juste faire un tour dehors. Quitte à voir du sable, autant en voir sous forme de dunes, et pas de furoncles géants. Les minutes passent, et je prends au passage une gourde à un passant. Il ne le sait pas, mais il a rendu service à quelqu'un. Ça justifiera mon geste. Ça tombe bien, la gourdasse est plutôt bien remplie. Malheureusement, au bout d'une heure de marche, je n'ai d'autres choix que de m'en débarrasser. Une gourde vide, ça sert à rien. Et alors que j'hésite à aller plus loin, je distingue entre deux dunes qui me font penser à deux grosses fesses rebondies un paysage atypique. En montant au sommet de l'une des deux fesses de sable, je remarque que l'herbe a pris la place du sable, et que des palmiers encerclent une belle étendue d'eau. Une oasis ! Enfin une attraction intéressante dans ce bled de merde ! Ni une ni deux, je me désape vite fait, et garde mon calbard, direction, la souuuuuuuuuuuuuuuurce !

Je pique une tête, nage dans l'eau qui est chaudement agréable, plonge par moments. Je me permet même une petite brasse, en contemplant les palmiers qui me font de l'ombre, à défaut de me faire de l'oeil. Ah, qu'on est bien finalement dans ce pays !

Sauf que c'est trop beau pour être vrai. J'attire votre attention, chers lecteurs, sur le haut, ou le bas de la page. Je traine bien dans le Désert Aride de Kaze no kuni, et pas dans le fameux Oasis d'Éden. Par conséquent, vous l'aurez compris … j'nage en plein délire, dans un putain de mirage. Première réflexe : cracher du sable. Comme un con, j'ai bu quelques gorgées de sable. Ce soir je sens que je vais chier du ciment ! Et ça risque de durer assez longtemps pour qu'on m'appelle la bétonnière humaine. Je sors donc du bassin de sable, piétine la fausse oasis, et fracasse un des quelques palmiers présents avec mon arcane familiale : l'Inhumation Faciale ! Une fois la Justice du Ketsueki proclamée dans ces bas-lieux, je continue d'avancer encore un peu, et entends du bruit. Pour sûr, c'est pas un bruit du désert. Je distingue à peine une respiration haletante. Sans plus tarder, je poursuis ma route, torse-nu, et vois au loin un gaillard qui s'amuse à faire des pompes sur le sable. Comme quoi, j'suis pas le seul à qui le soleil a cogné fort sur la tête. Je me rapproche alors de lui, et lui lance :

Hé bonhomme, t'as perdu un pari avec tes copains ou quoi ?

Dixit le mec transpirant le sable, mangeant du sable, et revenant d'un foutu bain de sable. Je sens qu'avec cet athlète de l'extrême, je vais gagner ma journée. Du coup, en attendant une réponse de l'accro des abdos, j'essaie de virer autant de sable que possible, et met ma veste rouge autour de la taille. Ca y est, maintenant avec ma veste rouge et mon torse en sueur, je suis bon pour figurer sur le calendrier des pompiers en chaleur de l'an six.

Kanshi s’écroula au sol lorsqu’il entendit quelqu’un l’interpeller, son équilibre perdu. Le nez dans le sable, il prit un moment pour se relever... En fait, il faisait le mort, croisant des doigts pour qu’on ne l’aille pas remarqué, que ce n’était pas à lui qu’on s’adressait. Ma sa chance était bien vaine, car dans ce foutu coin de désert, il n’y avait que lui et l’inconnu. Aussi, Kanshi fit un effort pour se relever, se gratter la tête d’inquiétude et se retourne, doucement, déçu d’être interrompu. Il mâchouilla aussi quelques mots, pour lui-même. Dans le style : « merde, j’suis tombé, j’vais devoir en faire quatre mille. »
Car oui, il était déjà tombé depuis.

- J-je... Heu... Non. J-j’ai... Heu... Non. Pas d’amis. Non. Désolé.

Il fit un bref regard vers l’inconnu, le soleil l’empêchant de bien le voir. Évidemment, Kanshi ne le connaissait pas. Malgré tout, il s’avança, car ayant peur qu’on ne le lui oblige (ou ne lui reproche de ne pas s’être avancer), et d’une main faiblarde et tremblante, la présenta au nouveau venu. Il ne serrerait d’ailleurs pas fort, pas qu’il n’en avait pas la force — il n’avait que ça, de la force — mais pour ne pas blesser le nouveau...
Car à bien le regarder, le nouveau, il semblait perdu, très bien perdu.

Malheureusement pour lui, Kanshi ne s’entraînait jamais en place où ombre régnait en maîtresse, puisqu’il ne craignait pas la chaleur. Ce fut donc d’une moue désolée que, de son bras ballant, il lui présenta l’ensemble de son petit air de l’extrême.

- A-avoir su que j’aurai d-de la visite... J-je... Oh rien... Mauvaise blague, désolé.

Il s’accompagna d’un petit rire nerveux, dans le genre très angoissé. Il tourna ensuite des talons et revint à la place qu’il avait laissé. Tremblant, le Yamada était fermé comme une huître, les épaules rabattues vers l’avant. Il eut d’ailleurs du mal à reprendre sa position d’entraînement...
D’un ton faussement content, le garçon invita Takahiro à le rejoindre.

- K-Kanshi... Yamanda Kanshi. C’est mon nom. Et... heu... Vous pouvez vous j-joindre à moi... je crois... je sais pas. Mais commencez par vous échauffer... heu... disons une petite course d’une heure ? (Il déglutit.) Enfin, si vous voulez.

Kanshi n'attendit pas et se remit à ses 4000 pompes inversées.
Une... pof pof... Deux.... pof pof... Trois.

Résumons ma situation. Je me fais chier, j'vais dans le désert. Jusque ici, ça parait correct, et encore. J'tombe ensuite sur un oasis de rêve, et finis en fait dans un mirage de merde. Et pour finir en beauté, j'finis par tomber sur un coincé du cul, pas foutu de parler comme il faut. Comme si ça suffisait pas, le bonhomme fait le mort, histoire de m'éviter. Vas-y, dit toujours si je gêne ! M'enfin, il a pas l'air méchant, juste un demi-nudiste adepte du bodybulding. Qui sait, si y faut, l'aime bien les hommes. Alors du coup, de voir un étalon torse-nu comme lui, ça l’émoustille. 'manquerait plus que ça, tiens, j'aurai gagné ma journée avec ça. Quoiqu'il en soit, j'vais être cool avec lui, qu'il préfère jouer avec la pelle ou le seau dans le sable. Après tout, maintenant que je suis perdu dans le désert avec lui, autant lui tenir compagnie, le temps de me poser, de souffler, et de repartir.

Du coup, j'accepte sa poignée de main. Enfin une réaction un peu virile ! Mais malheureusement, je sais pas ce qu'il glande dans le sable à faire des pompes, mais il a du caramel dans les mains. Histoire de donner un peu de peps à cette salutation, je serre comme un enfoiré la main de l'athlète du désert. Chais pas s'il cache toute sa force ou pas, en tout cas, maintenant, il a un aperçu de la mienne. En attendant, je le laisse parler à moitié, avant qu'il ne me propose de s'entrainer avec lui. C'est une blague ? Il croit vraiment que j'ai traversé le désert, me suis baigné dans le sable pour ensuite faire des abdos avec un inconnu ? Il est plutôt marrant finalement, pour un gars qui marmonne dans sa barbe - ou plutôt son duvet. Pour la peine, j'en profite pour lui dégoter une excuse en carton histoire de pas suer davantage sous la canicule.

Désolé mais non, tu vois, j'reviens d'une longue et pénible séance de natation, dans ma piscine privée ! J'ai du nager pendant un bon moment, et comme tu le vois encore maintenant j'suis en sueur, à cause de l'effort.

Ok, j'me fous un peu de sa gueule au jeunot, mais j'ai pas tort en même temps ! Après tout, ça fait les muscles de nager dans le sable ardent du désert, bien plus que dans l'eau. Pour une fois, ça aurait été plus intéressant que je sois aussi musclé qu'un cornichon, je me serai comme ça rendu compte bien plus tôt que je nageais dans l'sable, et pas dans la flotte ! Mais tant pis, j'aurai fait mon entrainement de la journée, contrairement au fou de la muscu. Yamada Kanshi, qu'il s'appelait. Son prénom comme son nom me disent foutrement rien. J'étais pas très calé niveau histoire et clans de Kaze no kuni, du coup, c'est tout juste si des bribes d'explication sur le clan Yamada me revenaient. Apparemment, leur pouvoir consistait à manipuler la chaleur. Sans déconner, faudra m'expliquer à quoi ça sert d'utiliser la chaleur quand il fait déjà bien chaud ! À part faire griller plus rapidement son steak au soleil, j'vois pas trop l'intérêt ! Enfin bref, maintenant qu'il s'est présenté, à mon tour de lui dire mon p'tit nom, en espérant qu'il va pas s'mettre à refaire son timide comme talleur. Du coup, j'prends mes aises, et m’assois en tailleur, histoire d'être à son niveau.

Sinon, moi c'est Takahiro, du clan de tapettes Ketsueki. Tu sais, les mecs qui trichent au don du sang pour s'faire des couilles en or ? Et au fait, parle plus fort bordel, faut qu'tu t'sortes un peu les doigts du cul Kanshi, j'vais pas t'manger, j'ai suffisamment mangé de sable pour aujourd'hui.

Dans la foulée, j'en profite pour cracher des restes de sable, histoire de lui montrer que j'mens pas. C'est fou ce que c'est ignoble le sable dans la bouche. Chaque fois que tu mâches un truc, t'as l'impression de croquer tes propres dents. Promis, la prochaine fois j'irais me baigner au village avant d'aller l'faire dans le désert !

- O-oui... V-vous n'êtes pas le p-premier à me l-le dire... Hum hum. Dire.

Kanshi avait à peine tourné la tête, pour sa réponse. Elle était sortie par automatisme, un peu, pas beaucoup, juste assez. Il continuait à monter et à descendre, banal, d'un rythme soutenu. En même, il tentait de se souvenir des Ketsueki. Sa soeur lui en avait déjà parlé. Takahiro lui rafraîchit la mémoire en parlant de sang. Bien sûr ! Quel idiot il était, souvent !
Il stoppa son exercice alors que ses bras étaient en pleine extension, et d'une torsion rigolote du crâne, il fixa les pieds de nouveau venu. Toujours de son air désolé perpétuel, il dit :

- V-vous êtes de cette famille qui... Sont de très bons... Cuistots c'est ça ? Oui, j'vais souvent chez Kats & Uki, ce resto, à Suna. V-votre steak saignant... hum hum. Est vraiment bon, désolé.

Puis il se remit à ses pompes inversées, pour s'arrêter, une centaine rapidement terminée plus tard, en extension et immobile.

- Dîtes... V-vous avez une piscine privée ? J-je pourrais v-vous l'emprunter ? Déso...

Kanshi avait pourtant un grand sourire, alors qu'il fixait le sable fin, tête en bas. Ses bras commencèrent à trembler et il s'écroula, un nuage de poussière s'élevant ensuite. Lorsqu'il retomba (le nuage), Kanshi s'installait, à l'instar de son vis-à-vis, en tailleur, les mains derrière les fesses, le souffle court. De grosses gouttes de sueur perlaient sur sa peau crème, tandis que pour la première depuis l'arrivée de Takahiro, il rêvassait en regardant le ciel. Oui, une piscine, s'était bien pour muscler son corps.
Le Yamada n'était même plus intéressé à s'entraîner dans le désert... Au diable les quatre-mille pompes, le garçon allait se baigner !

Enfin... Si monsieur Takahiro souhaitait lui faire plaisir, ce qui pouvait ne pas être le cas, puisque Kanshi était très malpoli en s'invitant pour lui. Mais il croisait les doigts.

- Heu... J-j'ai juste pas vraiment d'argent pour la piscine... heu... J-je suis un ninja, oui... mais... j-je fais pas en-encore de mission... Et... Bah... Voilà. Désolé.

Il réfléchit un moment.

- Mais je peux vous vendre mes services, n'est-ce pas ?!

Grand sourire... Regard perdu ailleurs que dans les yeux de Takahiro.

Je m'étais dit que le coup de la piscine privée était parfait. Je sentais que Kanshi allait pas revenir dessus. Et bah noooon ! Après s'être foutu un peu de la gueule de mon clan, il fallait qu'il revienne à la charge. Cela dit, qu'il sache pas vraiment qui sont les Ketsueki, c'est pas mon affaire. De mon côté, j'sais tout juste que les Yamada peuvent faire office de micro-ondes humains, alors bon, il est pas à blâmer. Quoiqu'il en soit, Kanshi me reparle de ma piscine. Non pas qu'il y croie pas, mais plutôt qu'il désire s'y baigner. Et merde, j'fais comment maintenant pour lui mentir ? Je souffle un coup, inspiration, expiration, et ajoute sur la liste un bobard de plus. Et avant qu'il ne sorte, je trouve de quoi le remplacer. Pourquoi se faire chier à inventer un truc quand on peut piocher dans la réalité ? Plus crédible, plus accessible, bref, avec une connerie sortie de la réalité, on peut être que gagnant. Je me suis gourré d'endroit, allant dans un mirage au lieu d'un oasis. Pour autant, je me souviens qu'il existe dans le coin des oasis. Il suffit que j'en trouve un, et que je le fasse passer pour un endroit ressemblant à peu près à une piscine.

On va dire ça, ouais. Elle est surtout privée parce qu'elle est chiante à trouver. Et oui, ma piscine, elle est dans le désert ! Du coup, si tu veux me l'emprunter, ça va être difficile de l'emporter chez toi et de la ramener ensuite là où tu l'as trouvée m'enfin…

La classe dis comme ça, vous trouvez pas ? Après tout, c'pas tout les jours qu'on trouve une piscine qui s'évapore pas comme mon mirage ! Avec du quarante degrés à toutes les sauces, difficile pour la flotte de rester sur place. Mais heureusement, avec mon expérience de voyageur, et ma motivation, je trouverai un jour cette putain de piscine, et là, je boufferai pas de sable ! Qui sait, c'est ça ce que les autres shinobis appellent un Nindô ? C'est décidé, mon but ultime sera de trouver la piscine idéale dans le désert ! Et alors que je pense que la partie est finie, il faut que Kanshi en remette une couche. Il s'était arrêté y a quelques instants de faire sa muscu, quand tout à coup…

Mais je peux vous vendre mes services, n'est-ce pas ?!

Entre ça, et le coup du bégaiement devant un homme torse-nu, pas de doutes, Kanshi préfère la pelle au seau.
Non pas que je songe directement à des choses perverses, mais les faits sont là ! Il croit vraiment gagner son ticket pour Nul Part en offrant son corps dopé à la gonflette le temps d'une nuit ? Ça m'en donne presque la gerbe. D'un côté c'est pas plus mal, s'il réussit à me faire dégueuler : ce que je perdrai maintenant, je l'aurai pas au soir en allant sur le trône. Mais malgré tout, il veut vraiment me proposer ses services ! Pourquoi tant de haine dans ce monde ? J'ai pas le droit de me pourrit tout seul ma matinée dans une piscine olympique de sable sans que quelqu'un vienne surenchérir ? Actuellement, je crois que mon karma est plus bas que terre. J'aurais beau faire des sablés pour le Kazekage, shampooiner le chameau du voisin, ou bien donner un coup de balai dans le désert, rien n'y fera : mon karma restera à jamais dans les négatifs. Du coup, je sais plus trop où me mettre. J'hésite à me barrer, à lui dégainer ma fameuse Inhumation Faciale pour qu'il bouffe assez de sable pour chier au soir son cercueil, et à le raisonner. Dans le doute, autant le raisonner. Il a l'air d'avoir choisi son camp, mais mieux vaut ne pas tirer de conclusions trop hâtives, sinon ça risque de se retourner contre moi.

Euuuuuh… nah ça ira, pas la peine merci ! Si tu veux te baigner, tu m'le dis, je te montre le coin, et tu piques une tête. Par contre, t'as pas intérêt à pisser dans l'eau, j'ai rien pour la nettoyer moi. J'ai juste le produit magique qui devient bleu dans l'eau quand tu fais pipi.

Y a des jours, je suis vraiment trop altruiste. Heureusement que ça n'a pas de prix, sinon j'aurai assez de fric pour me faire couler une vraie piscine sur le toit de mon futur appart'.

- J-je... je... mmmmh.

Fit Kanshi, le regard au sol, se questionnant sur l'eau de la piscine de Takahiro. Lui qui s'était rarement baigné, et jamais dans une aire balisée, comprenait mal ce concept de pisse bleutée. C'était un peu idiot, à la base, d'inventer un produit qui colore l'urine, surtout ainsi... Le poing au menton, un doigt qui s'engouffrait sous sa lèvre inférieure, Kanshi fronçait les sourcils, alors qu'il tentait de comprendre pourquoi et comment on parvenait à distinguer la pisse dans la picisne, si on la colorait de bleu, alors que l'eau, à la base, était bleue. Parfois, Kanshi allait trop loin dans ses réflexions... Mais quand même, l'eau bleue d'une piscine... C'est qu'elle est une « pi-piscine » ? Et aussi...

- V-vous... Quelle couleur l'eau de votre piscine, si elle n'est pas bleue ?

Exprima-t-il, le plus innocemment possible, sa pensée hachurée de la première partie de la réflexion ; Takahiro ne savait sûrement pas de quoi il parlait. Ainsi, Kanshi regarda son dos bêtement, le rouge aux joues, attendant une réponse. Peut-être ne viendrait-elle pas. Peut-être...

Les deux sunajins étaient en route vers l'acquis du Ketsueki, comme Kanshi, d'un subtil hochement de la tête, avait approuvé l'invitation de son nouvel « ami ». Il marchait donc léger, supporter par son emballement de se baigner, emboîtant le pas à Takahiro, sans pour autant être trop près. Il gardait donc ses distances jugées raisonnables et patientait intérieurement, car l'excitation voulait l'emporter sur la politesse du calme habituel.
Et malgré tout, Kanshi se trimballait à moitié dénudé, sans sa cape habituelle pour s'y cacher. Il posait donc un pied devant l'eau, le corps drôlement contorsionné de sorte à masquer au maximum sa peau — mais qui ne faisait qu'accroître ce sentiment d'ambiguïté sexuelle...

- D-dîtes, on arrive bientôt Ketsueki-san ? I-il... désolé... fait vraiment t-très froid.

Kanshi vacilla un court instant, perdant momentanément son équilibre précaire de sa drôle de démarche. Il glissa au sol, moulina des bras, arqua le dos vers l'avant et l'arrière, gigota du bassin, trembla, craqua, se projeta. D'un pas, il glissa vers Takahiro, et sans le vouloir, il s'écrasa dans son dos, les bras venant malencontreusement enrouler la silhouette fine du Ketsueki, au niveau du bassin, à une hauteur plutôt louche. Accrochée, les yeux en tourbillons tentant encore de comprendre ce qui lui était arrivée, il bavait même un peu.
L'odeur du Ketsueki lui rappelait étrangement celui de sa Soeur. Ainsi, d'un ton qui ne se voulait pas pervers, mais duquel coulait une certaine attache malsaine (un mélange entre le bégaiement et le roucoulement...), Kanshi laissa tomber un :

- Nee-chan...

Tandis qu'il perdait peu à peu son emprise et glissait vers le bas, le long du pantalon encore humide de sueur de Takahiro...

hrp:

Je crois que mon histoire de pipi qui devient bleu est sujet à d'importantes réflexions métaphysiques de la part du Kanshi. En même temps, chez les gosses, quand tu dessines l'eau, tu prends un crayon bleu, et pour le pipi, c'est un crayon jaune, comme quand tu fais le soleil, je le comprends, ça doit faire mal à la tête tout ça. J'ai jamais eu le temps de dessiner quand j'étais môme, sauf avec le sang des voleurs qui venaient nous chercher des noises dans notre village, mais je ressens sa souffrance, au fond de moi. D'un côté, j'ai pas été très futé : j'aurai pu dire rouge, comme vert, comme bleu, comme n'importe quelle autre couleur qui fasse tilt. J'ai jamais foutu de produit dans cette piscine, vu que je l'ai pas encore trouvée. À croire qu'avec monsieur muscle, je sors d'une galère pour en retomber sur une autre. Heureusement pour moi, j'ai pas fait de grandes études, mais j'ai fait l'école de la vie !

L'eau de ma piscine, elle est translucide, comme n'importe quelle eau pure ! Et le produit magique, il devient bleu foncé, et penche un peu vers le vert.

Voilà qui est fait. Un jour ce jeune viendra me remercier de l'avoir cultivé, et peut-être même de l'avoir remis sur le droit chemin de la virilité. En attendant qu'il gagne quelques poils sur le torse, et une voix plus forte et grave, je décide de l'amener à ma piscine, sur une indication de sa tête. D'habitude, quand on amène un gamin à la piscine, ça a des allures de sortie scolaire. Là, vu que je devais trouver la dite piscine, ça ressemble à de la course d'orientation. Ajoutez à ça la canicule, et les manies de ce pauvre gosse, et vous avez toutes les raisons suffisantes pour demander un arrêt maladie pendant deux bonnes semaines.

Nous faisons donc route vers l'infini et l'au-delà, laissant mon intuition masculine nous guider. Dans le doute, je surveille Kanshi du coin de l’œil - je risque pas de me manger un poteau dans le désert, du coup je prend le risque de marcher à l'aveuglette - et marche d'un pas à moitié hésitant. Mieux, je sais pas comment fait le Yamada pour me suivre avec autant de confiance : un coup on va tout droit, puis tout à coup j'décide d'aller tout à droite, sans aucune raison. Autant dire qu'on est pas rendu.

Et tout à coup, alors qu'on approche par miracle d'une foutue oasis, j'décide de m'arrêter. Et là, c'est le drame.
Je sens soudain des mains mal intentionnées flatter ma descendance, m’enlaçant doucement. D'habitude, je dis pas non, si la fille se plait à cet endroit-là, mais quand on sait qu'il n'y a que moi et l'autre fou de la pelle dans un rayon de dix kilomètres à la ronde… Non, ça y est, là j'en peux plus ! J'ai laissé un joker à ce pauvre garçon, pensant que son orientation peut être encore déviée comme il faut. Mais que nenni, il voulait jouer avec ma pelle ! Comme si ça suffit pas, faut qu'il rajoute une connerie avec une voix suave, à croire que la chaleur lui avait bousillé les neurones. Ça y est, il est en rûte.

Inhumation faciale !

Ma réaction est rapide, radicale. Je me retourne, et d'un coup vif, amplifié par ma maîtrise du sang, je décide de planter sa tête dans le sol. Au mieux, ça fera effet marteau sur clou, et le fait de bouffer du sable le fera réfléchir. Au pire, au lieu de le laisser comme une autruche, je l'enfonce davantage, pour qu'il y reste, et qu'un jour des chercheurs découvrent ses ossements. On l’appellera Homo Sexuelus, à coup sûr !

HRP:

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