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Un mal de crâne terrible me tiraille, je tente d’ouvrir les yeux mais rien, que le noir, mais ce n’est pas que du vide, c’est aussi quelques sons qui me parviennent, comme une lueur d’espoir dans un triste monde sans saveur. Où suis-je ? Pourquoi mon corps ne répond pas ? Je veux me sortir de là, je ne veux pas mourir !
La lumière m’explose littéralement aux yeux, totalement éblouis je tente d’opposer mes mains à cette irradiation qui m’empêche de voir correctement. Soudain j’entends une voix au loin qui s’écrie :

-Elle s’est réveillée !

Un bruit de verre qui se casse, et des pas qui courent dans tous les sens. Mais qui est-ce, ce elle ? Je commence à distinguer des formes, une fenêtre, des gens autour de moi, des perfusions, mais où suis-je à la fin ?! Tombant sur le sol, les membres tétanisés, je tente de ramper pour me sortir de cette pièce qui m’étouffe de sa lumière, je suis comme un insecte rampant fuyant une mort certaine. Soudain je vois des pieds justes devant moi, à qui sont-ils ? Il ne me faut que quelques secondes pour lever la tête et voir un visage flou, aux traits apeurés, qui tente de me relever. Dans un mouvement réflexe, je me débats, mais sa force me surpasse, relevé, flageolant sur mes deux jambes, je continue de me tortiller comme un ver pris au piège dans la poigne meurtrière d’un enfant. Sentant que le contrôle de la situation m’échappe que je ne suis plus qu’un corps incapable d’être maître de lui-même, je tente de puiser dans des forces que je ne soupçonnais pas, un pouvoir immense qui s’ouvre alors à moi en quelques secondes. Comme soufflée par cette puissance, je fais ce qui d’instinct me vient à l’esprit, laissant couler le chakra vers mes paumes de main, je chute des bras de mon « agresseur », traverse le plancher de l’étage et me stoppe quand j’arrive finalement au rez-de-chaussée. Un cri traverse la « maison » où je semble me trouver, provenant juste d’au-dessus, ce doit être cette fameuse personne qui me portait quelques secondes auparavant. Continuant de ramper sur le sol vers une porte qui me semble être la sortie et pourtant très lointaine. Le souffle haletant j’entends derrière moi des pas se ruer :

-Ne vous inquiétez pas !

Ma vision devient de plus en plus nette et désormais la lumière ne me fait plus mal. Cependant je n’ai pas envie de me faire attraper. Par réflexe à nouveau je malaxe mon chakra, et de ma paume sortent une dizaine de boules de feux, lancés dans une direction aléatoire.
J’entends un cri de douleur horrible, puis le bruit du bois qui crépite sous les flammes qui se propagent désormais dans toute la pièce. Me tournant en direction des cris, je vois une femme, se tordant de douleur sur le sol, se faisant bruler vive. Pendant un instant j’hésite à lui venir en aide, mes esprits me revenant petit à petit, je laisse tomber cette crise d’angoisse que je viens d’avoir et je tente de rapidement reconstruire ce qui s’est passé pour savoir si je dois la sauver ou non. Je me suis réveillée et elle était là, mais avant ? Que s’est-il passé avant ? Comment suis-je arrivée là ? Je ne sais pas, rien, que du noir, et même si je remonte encore plus loin, ma mémoire est vide, vide de tout. A partir de ce moment-là, une panique encore plus grande que la précédente s’empare de moi. Reculant face à la jeune femme en proie au flamme, tout un tas d’émotion s’empare de moi. Une peur croissante s’empare de mon cœur, qu’ai-je fait ? Pourquoi ? Comment ? Les cris de la femme torturée par le feu me donne peu à peu la nausée, sa chair carbonisée au fur et à mesure forme des bulles, grille petit à petit, se flétrit et se meure tandis que je ne fais rien, tandis que tout ceci est de ma faute. Je me relève précipitamment, je sors de la maison qui cède sous son propre poids quelques secondes plus tard, étouffant les cris assourdissant dans un immense fracas. Il ne reste à la fin qu’un brasier qui continue de scintiller au bord de la clairière. Regardant mes mains qui me semblent désormais inconnues, je peux y voir du sang, le sang d’une innocente, car désormais je comprends qu’elle ne me voulait aucun mal, et que moi je l’ai tuée, tuée comme un animal. Devenue ainsi un monstre je pleure….

-Comment tu t’appelles ?

-Je ne sais pas !

-C’est con comme réponse ma mignonne, tu dois forcément savoir comment tu t’appelles, tout le monde a un nom et toi aussi.

Cette question cela fait au moins la troisième fois que je suis incapable d’y répondre et que l’on se moque de moi, et ce n’est pas son haleine d’alcoolique qui va arranger la chose, loin de là. L’homme se tenait avachis contre le comptoir, un verre vide à la main, empestant le mauvais saké et la transpiration. Il s’était mis en tête de m’aborder, dans ce corps que je ne reconnaissais pas et qui pourtant était mien. Le patron du bar jeta un air las en direction de l’homme tandis qu’il préparait le verre de bière qui m’était destiné. Une fois servi je l’empoigne sans prêter attention à l’individu qui commence à s’emporter contre moi, haussant le ton et criant :

-Si tu te crois plus maligne que moi je vais te montrer à quel point tu te trompes.

Sortant de son fourreau une dague, il la pointe vers moi, me menaçant de me faire du mal si je ne lui fait pas immédiatement mes excuses. Attirant avec ce geste agressif tous les regards des badauds qui trainaient là, il me postillonne en plein visage tandis qu’il continue de m’insulter dans des termes qui frôlent le ridicule. Je lui réponds alors :

-Je ne cherche pas à me battre ni à me moquer de toi, laisse-moi tranquille c’est tout ce que je demande.

Mauvaise réponse sans doute, pourtant je ne lui voulais aucun mal, je ne cherche pas à m’en prendre aux autres, surtout depuis l’accident dans cette maison où je me suis réveillée d’un sommeil qui m’a laissé amnésique de tout mon passé, de toute ma mémoire épisodique. L’homme abat son arme dans ma direction, apparemment il n’est vraiment pas content, sans nul doute tentera-t-il de me violer une fois que je serais blessée et sans défense, encore faudra-t-il qu’il puisse avoir une once d’érection vu l’alcool qu’il a bu.
Ce qu’il y a de plus étrange dans toute cette histoire, c’est que j’ai gardé toute ma vivacité et ma capacité d’adaptation que je devais avoir en tant que shinobi, toutes les années que j’ai dû passer à m’entrainer je ne sais où et je sais comment, sont belle et bien présente et ce à travers mes actions. Signe que je ne suis pas seulement un corps dans lequel on a placé une âme vide de passé, mais bel et bien une personne qui a tout oubliée de ce qu’elle était.
Attrapant le poignet de l’homme de manière vive et sèche, je le lui tort, lui faisant ainsi lâcher son arme que je récupère de ma main gauche, je lui place alors la lame sous la gorge et lui dis :

-J’aimerais bien être écoutée quand je parle !

Retirant ainsi le bout de métal de sa zone sous mentonnière d’où perle une goutte de sang, je le laisse tomber à pic se plantant dans le plancher collant et imbibé d’alcool. De nouveau je me fait peur, cette réaction dédaigneuse, cette agressivité dans ma voix, j’ai beaucoup de mal à m’y faire, je ne me reconnais pas dans ce que je suis et ce malgré le fait que cela a dû être moi.
Me reculant je sors du bar en courant, laissant seulement tomber des pièces sur le sol, sans même remarquer qu’un jeune garçon se met à me suivre…

Cela fait désormais deux semaine que je me suis réveillée et que rien ne me revient, toujours ce noir dans ma mémoire, aucun nom, aucun souvenir, seulement ces techniques maîtrisées à la perfection, l’une d’elle pouvant signer ma provenance du clan Hakushi mais je n’en suis pas sûre et je ne veux pas me tromper avant de jouer l’enfant prodigue. C’est ainsi que vaguent mes pensées tandis que je marche dans une petite ruelle de la bourgade où j’ai fait halte pour la nuit qui vient. C’en est devenu une obnubilation, mes nuits sont tout aussi courtes que les peu de souvenirs que je possède et que je commence à chérir. On ne se rend pas bien compte à quel point on ne représente vraiment rien quand on a perdu la mémoire, c’est presque comme si j’étais une image, sans passé je ne veux rien dire et sans ce passé je n’ai pas de futur.
Perdue ainsi je sens une épaule me bousculer et me tirer de ma réflexion, me retournant pour m’excuser, je vois courir au loin un gamin qui en moins d’une seconde a tourné au premier angle. Je soupire un instant avant de reprendre ma marche, mais à peine ce laps de temps est-il finit que je remarque une feuille posée sur le sol, bien trop propre et neuve pour qu’elle soit ici depuis des heures, je la fait venir à moi grâce à cette maîtrise qui me semble innée du papier avant de voir marqué dessus en inscription manuscrite :


En voyant ces quelques mots je ne pu m’empêcher de sourire, en effet la personne qui m’a envoyée ce message n’est certainement pas au courant de ce qui m’est arrivé ces derniers temps et vu ma position je suis de toute manière véritablement seule… Sans même chercher à rattraper le gamin qui a très certainement déposé ce message pour un commanditaire dont j’ignore tout de l’identité, je le range précieusement dans ma poche, premier indice d’une recherche de mon identité qui fut jusque là totalement infructueuse.

Regardant le clocher de la mairie je constate que la grande aiguille a un douzième de distance de l’horloge à parcourir avant d’arriver sur le trait qui signera le passage à l’heure ronde qu’est celle de sept heures du soir. M’avançant sur la place du village je me dirige vers la mairie, avant de la contourner pour passer derrière, dans un endroit sombre et humide, le genre de coin glauque à souhait qui fait germer pour n’importe qui, l’idée d’un guet-apens prochain. Sur mes gardes, je m’avance prudemment, scrutant chaque recoin, à l’affut du moindre signe. Soudain une présence se fait sentir dans mon dos, une respiration, un bruit de pas, mais surtout une intuition. Je fais volt face pour regarder celui qui se dresse devant moi. Les cheveux blanc, des rides parcourant tout son visage, un sourire amusé avec un petit côté malsain, mais surtout un autre visage qui m’est totalement inconnu.
Ce dernier s’avance vers moi en entamant alors la discussion, je préfère le laisser parler afin d’en savoir le maximum tout en en divulguant le moins possible sur moi :

-C’est culotté de ta part de te présenter sans masque et en public alors que tu n’as pas rempli ta part de notre accord. Tu sais pourtant bien que j’ai des oreille à chaque coin de rue, et dans le cas présent dans chaque bar…

Je ne dis rien, essayant d’assimiler le maximum d’information tout en cherchant à comprendre ce qui se passe, silence qui laisse l’homme remboiter :

-As-tu oublié les conséquences de tes actes ? Même si ce que tu n’as pas fait était réparablecela remet sérieusement en doute tous nos accords. Mes informateurs ont pris des risques pour récupérer ce que tu désirais et toi du t’évanouie comme ça sans un mot. Disparaitre de la circulation sans même remplir ce que tu as à faire, j’ai cru que tu me lachais…

Perdue, littéralement perdue, je ne comprends rien de ce qu’il vient de dire, j’aurais apparemment manqué à un travail, mais de quel travail s’agissait-il ? Je tente d’emboiter des pièces de puzzle qui n’ont aucun rapport entre elle, et ce n’est malheureusement tout ce que j’ai à me mettre sous la main. Maintenant que dois-je faire, y aller au bluff ? Tout lui dire ? Je ne sais même pas qui il est, ce qu’il sait de moi, qu’est-ce qu’il représentait à mes yeux quand je n’étais pas amnésique ? Il me faut prendre une décision rapidement et c’est le bluff qui va décider de mon sort :

-D’accord, je ferais ce que vous voudrez pour la prochaine fois, mais j’aimerais tout de même obtenir ce que je désirais, vous avez de toute manière l’ascendant sur moi dans cet échange alors j’aimerais bien en profiter un minimum avant d’avoir à faire ma part du travail.

Aucun rictus, aucun signe de stress quand à ce que je viens de dire, mon corps a su parfaitement gérer toute cette mise en scène comme un véritable acteur, chose qui me surprend. Qui étais-je pour maîtriser aussi bien mes émotions ? Un shinobi est doué dans l’art de la simulation, mais à ce point c’est proche de l’art :

-Comme tu veux, mais au prochain faux bond ce ne sera pas un avertissement mais une sentence qui te pendra au nez, et tu sais pertinemment de quoi je suis capable.

L’ironie de la situation c’est que je ne savais absolument pas de quoi il était capable, mais que j’allais de toute manière m’exécuter. Acquiesçant d’une manière neutre sans laisser la moindre émotion s’emparer de mon visage, j’attends alors la suite de ce qui pourrait être capital pour la suite de mes projets :

-Tu m’avais demandé de suivre une jeune femme, une kunoïchi, lorsque tu étais non loin du village caché des nuages. J’ai sa position actuelle exacte notée sur ce papier, je te le donne, fait en ce que tu veux je ne veux pas à avoir la moindre relation dans ce que tu mijote…

De nouveau la situation me laisse rire intérieurement, je ne sais même pas ce que je comptais faire avant mon réveil mais je compte bien le découvrir grâce à cette jeune femme. Attrapant le papier du bout des doigts je regarde les quelques mots chiffonnés dessus, ne me disant absolument rien. Mais alors que je relève la tête, l’homme a totalement disparu de mon champ de vision, me retournant, je constate alors que la ruelle est vide, ce dernier s’est volatilisé et ne m’a pas donné ce que je devais faire, bref soit je devais être au courant et ce petit coup de bluff me vaudra très cher, soit il me recontactera et quoi qu’il arrive, cela signifie que je suis sans cesse épiée, ce qui ne signifie pas forcément une chose très positive, quoi qu'il en soit je n'ai pas pu vraiment tirer grand chose de cet entretient pour le moins étrange...