On demande audience privée auprès de vous Godaime. Une certaine Haruno Maïka.

Le type qui avait professé ses paroles portait un masque et se tenait dans l’embrasure de la fenêtre derrière l’Hokage. Ce dernier avait ouvert les vitres pour profiter encore d’un peu d’air avant que ce dernier ne soit trop froid et trop désagréable. L’automne était aux portes et la météo s’en ressentait. En tout cas, l’homme masqué était arrivé sans crier gare mais cela n’avait pas inquiété plus l’Hayashi en train de consulter des dossiers dans son grand fauteuil. La tête penchée depuis quelques heures sur les feuilles de papier, il avait une douleur lancinante dans le cou qui rendait la tâche plus complexe et qui lui arracha une grimace lorsqu’il se recula jusqu’à son dossier pour répondre à la requête du membre de l’ANBU.

Faites la entrer. J’accepte de la recevoir.

Il ferma les yeux et appliqua ses doigts au coin de ceux-ci pour les frotter. Il était sur les dossiers des Konohajins depuis le matin et il s’était contenté d’une légère pause à midi pour aller chercher un repas qui s’avéra plutôt maigre. Il était ensuite revenu pour prendre connaissance des éléments à sa disposition ainsi que des effectifs dont il disposait. Entre les dossiers laissés par Suguato et ce recensement des capacités de chacun, il avait de quoi s’occuper ! Mais en même temps c’était nécessaire alors il ne s’en était pas plaint et il avait accompli son travail sans râler. Il s’était pleinement concentré dessus afin de retenir un maximum de choses pour la suite de ses projets qu’il ne tarderait pas à exposer. Il n’allait pas laisser le village se reposer sur ses acquis. Ça c’était une certitude.

Alors qu’il venait de terminer de se frotter les yeux, il eut un léger vertige en les rouvrant. A force de frotter il avait déclenché une perte de sa vision momentanée qui ne l’empêcha pas de distinguer dans un brouillard qu’une silhouette se tenait face à son bureau. Lorsque la lumière fut faite pour lui, il distingua mieux la personne qui lui faisait face. Une jeune fille d’une vingtaine d’années se tenait là à le regarder de ses grands yeux verts. Sa silhouette harmonieuse était enveloppé de vêtements au nombre impressionnant de poches ainsi que d’un wakizashi porté à la ceinture. Elle se tenait là à le regarder. Une très jolie jeune fille à qui il finit par adresser un sourire bienveillant et qu’il invita d’un geste à s’asseoir et à se mettre à l’aise. Il n’attendit néanmoins pas qu’elle obtempère pour lancer la discussion :

Que me vaut l’honneur d’une visite en plein travail bureaucratique captivant ?

Il avait ponctué sa phrase d’une note légère d’humour qui s’alliait à merveille avec son sourire toujours présent. Mais il s’effaça progressivement pour faire place à un air des plus sérieux qui traduisait sa compréhension de la situation. Le Renard ne pouvait être dupé sur des détails et il exposa de manière claire sa réflexion qu’il venait d’avoir :

Nul doute que pour quelqu’un annoncé par un membre de l’ANBU, vous ne devez pas être n’importe qui. Le sujet de notre discussion doit donc être important, voir capital. Je suis donc toute ouïe.

Puis il cessa de parler pour laisser le soin à la dénommée Maïka de s’expliquer sur les raisons de sa venue ici.

Maïka:


Il a l'air encore plus niais de près.

Ça part mal. Suguato, où que tu sois, je te frapperai. Je te ferai regretté d'être parti... Je te trouvais un peu étrange voire relou par moments. Mais là, ça n'a plus rien à voir. Ce type est d'une banalité effrayante, j'ai presque l'impression qu'il me drague en m'invitant à rentrer. Il croit peut-être que ses beaux yeux jaunes et son sourire mielleux constituent une excuse suffisante pour avoir des vues sur moi?

Enfin, le plus dur est fait, il a accepté de me voir. J'ai intérêt à me tenir à carreaux, voire à entrer dans son jeu, aussi déplorable soit-il. Quoique, de là à réagir à sa galanterie... Restons sérieux.

Je m'engage dans son bureau, mais je laisse la porte ouverte pour laisser rentrer mon camarade après moi. Cet imbécile d'Onpu aime se faire tout petit jusqu'au dernier moment.

"Vous n'avez pas idée.
Merci infiniment pour votre temps, Godaime-sama, et félicitations pour votre investiture."

Peu importent les circonstances, un peu de politesse ne fait jamais de mal pour commencer. Derrière moi, On' se glisse dans la salle à son tour, et ferme la porte. Il s'avance. Daiki devait s'attendre à me voir seule, il doit être surpris. Peut-être même déçu, si son for intérieur est à l'image du genre qu'il se donne...

"Je vous présente Onpu, du clan Myakudou. Officiellement, il fait partie des jônins spéciaux de Konoha, tout comme moi. On a quelques mots à vous dire."

On' sourit discrètement, et lui adresse un signe de la main en ajoutant un innocent petit "Appelez-moi On'" comme il en a l'habitude. Il a l'air tout détendu, le p'tit luthier, je sens qu'il va faire traîner les choses en longueur. Hors de question. Tant pis pour lui, j'enchaîne.

"On va y aller sans détours, Daïki-sama. Nous sommes la Racine."

Le mélomane pousse un soupir, je vais sans doute trop vite pour lui. Il se réveille un peu, voilà qu'il fait enfin sonner sa voix de vieux môme.

"En théorie, ça ne doit rien vous dire, sinon c'est qu'il y a un gros problème, ahaha.
La Racine est un collectif d'une poignée de shinobis de haut niveau, dont le but est d'agir dans l'intérêt du village, ce par tous les moyens possibles, de façon officieuse, et surtout la plus discrète possible. Mis à part ses quatre membres, seul l'hokage est supposé être au courant de son existence. Il était donc normal qu'on vous prévienne.

L'unité se compose de Maïka ici présente, Aburame Miko, Yamanaka Iji - le blondinet que vous avez croisé dans le jardin secret du Yondaime - et moi-même."

"C'est le chef", fais-je en le montrant du pouce.

"Ouais, il paraît...", répond-il en se frottant la nuque avec un sourire gêné. Quel abruti.

Enfin, l'essentiel c'est qu'il n'aie pas fait de détour, tant mieux. Il a bien fait de préciser qu'Iji appartenait à l'unité, ça devrait faire comprendre au "Renard" que la Racine est suffisamment en connexion avec l'Hokage pour être au courant de la plupart de ses petits secrets, y compris ses kinjutsus les plus "underground". Mais le petit guitariste reste un tête en l'air, car il a quand même oublié l'essentiel... Heureusement que je suis là pour rattraper le coup.

"Ce qui faut surtout que vous sachiez, c'est que Suguato nous réservait un certain budget. Les impôts, les subventions réservées à l'hôpital: une certaine fraction de tout ça nous était directement reversée, dans le but de nous aider dans nos démarches diverses. Si vous avez besoin de preuves, vous n'aurez qu'à jeter un coup d'oeil dans le coffre fort du village: vous ne l'avez peut-être pas encore remarqué, mais il y a un petit casier au fond d'un couloir, verrouillé par quatre sceaux différents. C'est le nôtre, nous sommes les seuls à connaître la technique pour l'ouvrir; il faudra donc qu'on vous l'apprenne."

Et bim. Je parie qu'il s'y attendait pas à celle-là, le Godaime. Alors, c'est assez intéressant comme sujet, guignol? Ça vaut ta "paperasse captivante"?

"C'est la trésorière", ajoute On' en me désignant avec un sourire en coin à la Suguato.

"... ouais, il paraît", réponds-je à moitié blasée, en roulant les yeux.

Le luthier s'approche du bureau où est assit l'Hayashi, il semble avoir quelque chose à ajouter. Toujours mains dans les poches, propre sur lui.

"On est conscient que ça fait un peu beaucoup d'informations à traiter d'un coup, désolé pour ça. Mais comprenez bien une chose: Shiajin Suguato était Shiajin Suguato, Hayashi Daiki est Hayashi Daiki. Le chef, c'est vous, et l'avenir de la Racine, c'est vous qui en décidez. Nous nous adapterons à votre façon de faire."

... Il est malade?! Et pourquoi n'ajoute-t-il pas "Donnez-nous moins de sous", ça serait plus rapide! Non Maïka, rester zen, ne pas lui gueuler dessus. Tu es une actrice dans l'âme, tu te contrôles, tu ne craques pas, TU NE CRAQUES PAS BORDEL!

"Cependant..."

Ah?

"La Racine est supposée agir pour le bien de Konoha. J'ignore à quel point vous connaissiez Suguato, et j'ose espérer que vous êtes l'homme de confiance qu'il m'a décrit les rares fois où je l'ai entendu vous évoquer. Mais vous aurez beau avoir votre propre vision des choses et vos propres méthodes, nous veillerons à ce que certains de ses héritages perdurent. Nous sommes aussi là pour ça.
Voyez en nous des alliés silencieux, pas des anges gardiens: ça c'est le taf des ANBU. Ils sont votre corps, nous serons votre ombre."

Ha. Bien rattrapé, chef US en carton. J'imagine que quand tu parlais des héritages laissés par Suguato, tu pensais à la dissolution du conseil, pas vrai?
Allons, ne noyons pas notre nouvel Hokage dans trop de surprises. Après tout, c'est vrai qu'il doit être fatigué de tout ça, le pauvre.

Spoiler:

Après l’échange de banalités initialement lancées par Daiki, la jeune fille avait répondu de la même façon en le remerciant de la recevoir. Ou plutôt de les recevoir. Il n’avait en effet pas remarqué sur le coup le garçon qui la suivait. Un jeune homme aux traits assez enfantins qui suivait la Maïka en refermant la porte derrière lui. Cette dernière le présenta sous le nom de On’, membre du clan Myakudou. Un clan qui n’évoquait rien pour l’Hayashi. Il ne s’arrêta pas sur ce détail en répondant au salut du jeune homme par un hochement de tête. Il ne se répandit pas en politesse comme avec Maïka car elle avait précisé un peu avant qu’elle devait s’entretenir avec l’Hokage de certains détails. Elle ne laissait rien transparaître. Elle avait le teint parfaitement neutre. Ce qui pouvait en dire long chez une personne. Quelqu’un de pas assez expressif pouvait avoir en réalité quelque chose à cacher derrière son air neutre. Mais il attendait d’entendre ce qu’ils avaient tous deux à lui dire. Même le compliment sur son investiture ne lui avait arraché aucune réaction.

Et la suite était tout aussi simple et directe. De but en blanc, Maïka annonça à Daiki qu’On’ et elle étaient la Racine. Le Renard resta impassible. Il avait adopté un air tout à fait sérieux. Pour se faire annoncer par les forces spéciales, ces personnes ainsi que leur Racine ne devait pas être n’importe qui. On’ se lança dans des explications sur ce qu’était cette fameuse Racine ainsi que sa composition. Quatre membres dont trois que Daiki avait déjà rencontré une fois. Ces deux interlocuteurs ainsi que le blondinet lorsqu’il était arrivé dans la fameuse pièce secrète du Yondaime. Maïka apporta une précision jusque-là inconnue. On’ était le chef de la Racine. Il répondit étrangement. Avec un air gêné. Ce détail n’échappa pas au Renard qui en tira une conclusion personnelle. Un modeste ou une personne manquant de confiance en lui. Étrange dans ce cas de lui confier la charge d’une unité spéciale. Car de ce qu’ils en disaient à l’Hayashi, cette Racine se présentait comme tel. Puis la jeune fille rentra dans le plus sérieux et le plus concret.

Elle n’y allait pas par quatre chemins. Son camarade On’ semblait plus réservé et moins enclin à directement exprimer ce qu’il fallait. Il prenait des chemins détournés pour le faire en tout cas. Mais la fille aux cheveux roses était directe. Un avantage. Ce genre de personne arrive à être mieux apprécié. C’était l’idée que s’en faisait Daiki en tout cas. Et elle lui apprit que dans le Palais-même, un coffre-fort verrouillé par quatre sceaux rassemblait l’argent nécessaire pour le fonctionnement de la Racine qui était récolté grâce à un pourcentage prélevé sur les impôts. Tout ça manigancé par Shiaijin Suguato. Quel bordel avait-il laissé derrière lui ? C’est également en abordant ce thème que Daiki apprit que Maïka était la trésorière de la Racine. Un détail dévoilé par On’ et accueilli par la réplique exacte de la réponse faite par On’ lorsqu’elle l’avait présenté comme chef de l’unité. Ces deux personnalités mises côte à côte donnaient un mélange des plus intéressants. Daiki aurait aimé sourire à pleines dents mais il sentait bien que l’heure n’était pas à ça. Sa concentration était optimale et il ne tenait pas à passer pour un guignol auprès de Jônins si particuliers.

On’ remit le destin de la Racine entre les mains du Godaime. Ce dernier voulut enfin s’exprimer mais il fut interrompu par le « mais ». Ce fameux « mais » qui vous rappelle à l’ordre et vous fait changer d’avis du tout au tout. Le « mais » dans le cas présent était bien précis. L’avenir de la Racine revenait à l’Hokage à condition que l’unité en question puisse garder son statut dans le but de protéger les « héritages » de Suguato. Qu’entendait-il par-là ? Tant d’informations à digérer en si peu de temps. Ses deux interlocuteurs avaient finis de parler et pourtant Daiki ne répondit pas immédiatement. Il regarda tour à tour le jeune homme et la jeune fille puis il se leva pour se mettre face à sa fenêtre. Il profitait des derniers rayons de soleil pour qu’ils lui chauffent le visage. Il appréciait cette sensation et cette vision du village qui semblait si paisible en ce moment même. Un paysage de rêve et pas le moindre évènement troublant à l’horizon. Le rêve absolu pour tout Hokage qui se respecte. Mais si rien n’était en apparence visible concrètement, il en était autre chose dans l’ombre du village.

Profitant de cet instant passé debout, Daiki se retourna finalement. Il contourna son bureau, passa à côté de ses deux invités puis se dirigea vers la porte. Il l’ouvrit puis sortit dans le couloir. Il ressortit la tête pour regarder On’ et Maïka :

Vous venez ?

Puis il se mit en route pour se rendre précisément là où Maïka avait expliqué qu’il y avait un coffre. Il avait retenu ses indications. Une fois arrivé devant l’objet, Daiki tenta de l’ouvrir. Impossible, il semblait bloqué ou verrouillé. Il se mit donc sur le côté en s’adossant au mur. Il regarda les deux personnes qui le suivaient et leur demanda :

Prouvez-moi que vous êtes ceux que vous prétendez être. Ouvrez donc ce coffre. Je me fiche de savoir comment vous faites. Je ne regarderais même pas si vous voulez. Mais quitte à prendre des décisions, je tiens à être sûr que ce ne soit pas vis-à-vis d’imposteurs ayant pu récolter des informations sensibles dans le village. Ces temps-ci, la prudence est de mise comme beaucoup doivent douter encore de ma légitimité.

Il avait préservé tout son sérieux qu’il avait adopté jusque-là. Il ne comptait pas se laisser impressionner par quelques discours. Ces deux gamins lui apprenaient certaines choses sur le village. Chose peu probante comme il était plus ancien qu’eux et devait donc en connaître plus. Si déjà cette affaire de coffre s’avérait correcte, il aurait un doute en moins et pourrait mieux leur répondre. Mais pour l’heure il avait besoin de preuves et pas des moindres.

Le bonhomme cogite. Je l'aime bien, il a un petit air d'Eiko dans le visage. La différence, c'est que lui au moins il a une couleur de cheveux potable. Pour ses yeux, c'est autre chose... ils ont beau être de la même teinte que ceux de Misory, ils n'arrivent pas à m'inspirer confiance.

De son côté, Maïka bouillonne. Je le sens dans son chakra, si j'en avais les facultés j'arriverai presque à lui arracher quelques pensées télépathiques. Son excitation serait palpable pour n'importe quel senseur.

Quant à moi, ma confiance en Hayashi Daiki croît lentement mais sûrement. L'autre pharmacienne pourra dire ce qu'elle veut, le nouvel élu tient la route. Son discours au palais plus tôt dans la journée n'était qu'à moitié convaincant, mais le fait de le voir entre quatre yeux donne un côté personnel et rassurant. Quelle que soit sa vision des choses, il semble être un homme intelligent, le genre à prendre tout le temps nécessaire pour méditer avant de parler. Et d'agir.

Il s'avance, rouvre la porte, nous fait signe. Il nous regarde. Je le regarde. Elle me regarde. Je la regarde. Elle hausse les épaules. Bref, on le suit.

Je reconnais assez rapidement le chemin. Maïka, vive comme elle est, a dû s'en douter dés les premiers pas du Godaime. Son visage reste impassible en toutes circonstances, elle m'impressionne. J'essaie de capter son attention télépathique: *C'est une étape nécessaire. Tout devrait bien se passer.* Elle ne répond pas. A-t-elle seulement entendu? Diable, et si Daïki avait les mêmes capacités qu'elle? Posséderait-il une technique brouilleuse de pensée, ou une arcane de cette catégorie?
*Arrête de te stresser, banane. S'il avait des capacités en genjutsu, t'aurais été le premier au courant.*
Bon... voilà qui règle la question. Enfin, qu'entend-elle par là? Me l'aurait-elle fait savoir, ou suppose-t-elle que ma technique de sensorialité est suffisamment avancée pour me permettre de dresser instantanément une liste de toutes les techniques que possède n'importe quel shinobi au premier coup d'oreille? Allons, cessons là ces interrogations superflues, nous voilà arrivés au coffre fort.

Naturellement, ce sombre hall est dument surveillé, mais la présence du Hokage constitue une sorte de laisser-passer universel dans l'enceinte du palais - du village aussi d'ailleurs. Le Renard ne perd pas le nord; aussitôt arrivé devant le coffre dont il est question, il nous fait part de sa méfiance. Maï ne répond pas.

"C'est tout à fait compréhensible." fais-je alors. "Trésorière, je vous en prie..."

*Fous-toi de ma gueule...*, me répond-elle par la pensée en retroussant ses manches.

"Au contraire, Godaime, regardez bien. Il faut que vous sachiez comment l'ouvrir, ça fait partie du deal".

Le fuinjutsu n'a jamais été ni la spécialité de la Haruno ni la mienne. Mais Suguato et moi avions construit ce verrou afin que n'importe quel shinobi connaissant la combinaison puisse y accéder.
Après mon signe de la tête à Maï pour lui certifier que l'endroit n'était pas sur écoute et que personne ne saurait ce qu'il se dirait ici, elle enchaîne les cinq mudras - Dragon, Lapin, Cheval, Tigre et Singe - de façon assez lente pour que Daïki puisse bien les enregistrer. Je décide de lui donner un coup de patte, le moyen mnémotechnique qui tue.

"Ryuu, Usagi, Uma, Tora, Saru. Les initiales font "RUUTS", ce qui sonne un peu comme "roots", les racines. Y'avait pas d'animal commençant par "O" dans cette langue, on a fait comme on a pu."

J'espère qu'il apprécie l'ingéniosité foireuse de ce mot de passe. Maïka pose sa paume dans l'espace vide entre les quatre sceaux sur la porte du coffre; ceux-ci se mettent alors à tourner de façon concentrique, pour finalement se rejoindre et faire coïncider leurs contours autour de sa main. Un petit "clic" s'en suit, et le coffre s'entrouvre. Je m'approche, et tire la large porte, avant de jeter un oeil à l'intérieur. Au dernier moment, j'ai un sursaut d'effroi...

...qui retombe aussitôt. La somme est là. Quelque chose me dit qu'il n'en manque pas un ryô. J'éprouve cependant une petite déception, sans doute due à cette soudaine montée d'adrénaline. Peut-être m'attendais-je à une petite surprise du Yondaime, du style un petit mot dans le coffre. Mais non, il n'y a rien. Rien de plus que le liquide.

Maïka et moi nous tournons alors vers Daiki. Je refourre les mains dans mes poches.

"Nous ne doutons pas de votre légitimité, Hokage-sama, nous avons entièrement confiance dans le choix de Suguato sur ce point. Tout ce dont nous avons besoin, c'est d'un peu de confiance nous aussi."

"Convaincu?", conclut Maïka avec le sourire de la victoire.

Apparemment, le chef de la Racine ne s’était pas offusqué de la méfiance dont Daiki venait de faire preuve. Elle pouvait prouver au contraire qu’il prenait les intérêts du village très à cœur tout comme cela pouvait être interprété comme une volonté de garder un certain contrôle sur les informations circulant dans son propre village. Mais le Renard n’avait rien de despotique. Il était donc peu probable de le voir agir ainsi. C’était d’ailleurs pour ça qu’il avait proposé de ne pas regarder par quel moyen les sceaux pouvaient être désactivés pour ouvrir la porte. Afin de prouver sa bonne foi. Mais Maïka insista pour qu’il regarde comment était prévu le processus. Il y avait même un moyen mnémotechnique pour ne pas se tromper dans les signes de main à former avant d’ouvrir le coffre. Un stratagème astucieux. Daiki avait observé la scène de là où il était. Lorsque On’ ouvrit la porte, il avait vu ce qu’il souhaitait. Les billets se voyaient de loin. Il savait ce dont il avait besoin.

Pour celui qui ne connaissait pas la logique du code, c’était très compliqué de percer ce genre de sceaux. Il n’y avait pas trop d’alternative. Suffisait d’être ingénieux. Quoique. Même le plus intelligent des hommes ne pouvait deviner. Mais pour un expert en Fûinjutsu c’était autre chose. Daiki le savait pertinemment pour se débrouiller pour le mieux dans ce domaine. Il entendit Maïka lui demander s’il était convaincu et il lui fallut une simple approbation de la tête pour qu’On’ referme la lourde porte blindée. Il souhaitait repartir afin de discuter plus sérieusement de la situation dans son bureau mais il tenait à régler quelque chose d’abord. Il avait bien entendu la remarque du chef de la Racine sur sa légitimité. Mais malgré ce qu’on pouvait en dire, Daiki n’était pas dupe et il savait qu’il ne ferait pas l’unanimité dans son propre village. Mais ce n’était qu’un détail sans importance par rapport à ce qu’il voulait dire :

Votre système est bien pensé. Simple si on ne s’y connaît pas en Fûinjutsu. Mais bien trop si on s’y connaît. Je fais partie de ces personnes qui usent de sceaux et je tiens à vous alerter que votre système a une lacune. Il me suffirait de réécrire l’un de ses sceaux avec du chakra Katon et ils n’agiraient plus, me donnant ainsi libre accès à ce qui se cache derrière. Si vous êtes d’accord, je pourrais vous proposer des systèmes plus sûrs. En gardant ce modèle de code simple à retenir. Mais sur ce, retournons dans mon bureau pour la suite de cette conversation.

Et sans attendre d’approbation particulière, Daiki se redressa de son mur où il était adossé pour retraverser les couloirs jusqu’à son bureau. Les quelques personnes dont ils croisaient la route devaient se demander ce qu’ils faisaient. Ils étaient néanmoins tenus au silence. Et avec certains de ses techniques, le Renard pouvait s’assurer que cette expression prendrait tout son sens. Mais il avait encore beaucoup à gérer avant d’en venir à ce souci. Il en parlerait certainement plus tard avec ses interlocuteurs qui le suivirent jusqu’au bureau de l’Hokage où chacun reprit sa place. A peine dans son fauteuil que l’Hayashi but une gorgée du verre d’eau posé à côté. Les dernières gouttes vinrent désaltérer sa gorge sèche qu’il racla légèrement pour continuer de parler :

Pardonnez ma méfiance de tout à l’heure mais je me doute que vous la comprenez. Et comme je mettais en cause votre fiabilité, il était juste que j’en fasse de même en n’étant pas témoin de comment vous ouvrez ce coffre. Mais comme ceci est entendu, ne nous étendons pas dessus.

Il aurait pu s’épargner ces mots en gros. Mais il aimait que les choses soient dites clairement. Sinon on instaure de suite un système malsain et plutôt pervers en soit qui ne mène à rien de bon. L’un ne dit rien mais l’autre pense y voir un message précis avec une connotation et une certaine action à avoir en conséquence etc. non rien de tout cela chez l’Hayashi. Pour lui, simplicité et honnêteté rimaient avec efficacité. D’ailleurs ça rime vraiment en fait ! Enfin bref ! Il reprit la parole à nouveau :

Ce que vous m’apprenez là est plutôt conséquent à digérer. Mais je vois bien là l’intérêt que Suguato y a vu. Il a toujours eu des idées étonnantes. Etonnantes mais brillantes. D’ailleurs qu’entendiez-vous tout à l’heure par des « héritages » qui devraient perdurer ? Je peux vous assurer mon silence et ma fidélité, notamment par le biais d’un sceau qui m’empêcherait de dévoiler ce que je viens d’apprendre, mais j’aimerais qu’en échange nous jouions carte sur table.

Il avait ôté son air sérieux pour ne pas paraître pour l’homme qui s’impose et exige quelque chose. C’était en tout cas à moitié vrai. Il exigeait des explications sans pour autant les ordonner à tout prix sous peines d’emprisonnement. Mais par ce biais, il pouvait voir à qui il pouvait se fier dans ce village. Si ces invités lui répondaient sans détour, ils avaient confiance en lui et il saurait en faire de même. Dans le cas contraire, il s’en tiendrait là, les remercierait de leur visite et les congédierait dans le cas où ils n’avaient rien de plus à ajouter. L’essentiel de cette rencontre et de la relation qu’il aurait avec ces jeunes gens se jouait maintenant l’air de rien. Qu’allaient-ils faire ? L’impatience de la réponse le gagnait.

Et hop! Dans la poche le Godaime. Quoiqu'au final, il n'a encore rien dit sur le montant des subventions... Entre lui et On', le courant a l'air de pas trop mal passer pour le moment, c'est le principal.

Il fait donc dans le fuinjutsu. J'ai tellement jamais rien compris aux sceaux, doit falloir être sacrément tordu pour ça. Ça serait bien qu'il soit aussi doué que Suguato dans le domaine; le fait qu'il nous ai proposé un nouveau système de verrou est plutôt bon signe. "Ouais, pourquoi pas", avait répondu Onpu à sa proposition après quelques secondes de réflexions les yeux en l'air. Pour le coup, j'approuve également. C'est plutôt honnête de la part du Godaime.

De retour, le lumineux bureau de l'Hokage contraste avec les ténèbres de la salle du coffre fort, je suis comme aveuglée. Devant la vitre, notre nouvel élu se rassoit, et nous demande des détails. La relation de confiance à laquelle s'attendait Onpu se construit lentement, mais il reste quelques pierres angulaires à poser: Daiki soulève un sujet sensible.

Je regarde le luthier. D'un côté, c'est lui qui a parlé de ça tout à l'heure, c'est sa merde, il la gère. Je suis même pas sûre de savoir ce qu'il voulait dire par là... mais s'il se débrouille comme un pied, il va bien falloir que je l'aide.
A l'entente de la question, il sourit d'un air mi-malin mi-nostalgique, en se passant la main dans ses cheveux fins.

"C'est également mon souhait. Pas besoin de sceau de silence ou je ne sais quoi; nous étions préparés à courir le risque de vous faire confiance bien avant d'entrer dans votre bureau.
Je vais vous répondre.


(Pour l'ambiance)


Les "héritages" dont il est question n'ont rien de secret, mais ils n'en restent pas moins fragiles. Si vous étiez là quand Nikkou a cédé son poste, vous n'êtes pas sans savoir que la première chose que Suguato a fait après sa nomination a été de dissoudre le conseil du village. Même après tout ce temps il n'y a toujours aucun moyen de savoir ce qui a pu motiver son choix, mais le fait est que les résultats ont été au rendez-vous: les villageois se sont pris en main, ils ont arrêté de laisser une poignée de personnalités importantes du village décider à leur place.

Vous êtes un Hayashi; certains nostalgiques de l'ancien système - minoritaires - n'attendaient que la démission ou la mort de Suguato, pour voir quelqu'un comme vous se hisser à son poste et reconstruire le conseil d'antan. Ce que je veux vous faire comprendre, c'est qu'il serait fondamentalement nocif pour le village de faire ainsi.
Pourquoi?"

Il marque un temps, se déplace vers un mur de la pièce, s'accroupit et passe ses doigts sur le sol. Ha... je vois où il veut en venir. Le parquet était plus sombre et semblait moins solide à cet endroit là, et juste à côté on peut distinguer le reste d'une fissure dans la cloison.

"La pilule a été difficile à avaler pour les villageois, et il y a eu des effets secondaires. Au sol et dans ce mur, vous pouvez voir les cicatrices d'un combat ayant eu lieu ici même: deux ANBU ayant tenté d'assassiner Suguato. L'un d'eux était Hyô, son encre est encore imprégnée dans le parquet. C'est aussi pour cette raison que les vitres de votre bureau sont aussi neuves; Il y a eu des travaux récents ici.

Suguato s'est battu pour que le village soit gouverné par les villageois, et il a dû rompre avec certains codes et certaines traditions pour y parvenir; les choses ont enfin fini par se tasser. Reconstruire le conseil reviendrait à réduire ses efforts à néant, ce serait à la fois un retour en arrière et un effroyable gâchis.

Désolé d'insister là-dessus, mais je sais que vous avez été absent du village pendant cette période."

Ce sujet le tient décidément vraiment à cœur. Le fait que les villageois aient choisi de la garder en vie lors de l'échange de prisonniers du connard au masque blanc... c'est sûrement ça qui l'a rendu aussi reconnaissant envers le Yondaime pour avoir "libéré" les villageois de leur torpeur.
Il y avait autre chose.

"Sachez aussi que le Yondaime donnait une place particulière à l'hôpital et à la recherche scientifique dans le village, en particulier depuis l'arrivée des Sabakyôs. Ceux-ci ont accepté de se rallier à Konoha parce qu'il leur a promis de les aider à prendre en main leurs dons héréditaires, et faire en sorte que ça ne tourne pas à l'eau de boudin comme ça s'est passé à Ame il y a des années. De ce côté-là, on peut déjà dire qu'il a fait le plus gros du travail, mais il faudrait que vous montriez aux Sabakyôs que vous serez là pour eux vous aussi."

Ce n'était pas moi la plus au courant de cette histoire, mais j'avais peur qu'On' oublie d'en parler. Il approuve de la tête ce que je viens de dire, puis soupire un coup, et s'avance vers la vitre, regardant dehors comme Daiki l'avait fait un peu plus tôt avant de descendre.

"Voilà, Daiki. Cartes sur table. Je voulais vous en parler un peu plus tard, mais puisque c'était votre souhait... vous savez tout.

Comme on vous l'a dit, continue-t-il en se tournant vers le Godaime, c'est vous le Kage, vous avez carte blanche. Nous voulions juste vous briefer là-dessus afin que vous ayez toutes les clés en main pour orienter votre propre projet politique. La Racine même, telle qu'elle est actuellement, est un héritage du mandat de Suguato; il est donc normal que nous cherchions à faire en sorte que les autres soient préservés également. C'est notre devoir."

Je n'ai rien à ajouter. Comme au marcassin agité avec Sabakyô Shiro, le luthier a préféré jouer la franchise. Le ptit renardeau a l'air d'être friand de ça aussi; intervenir ne ferait que ralentir les choses, ou les rendre plus ambiguës. Reste à espérer que Daiki ne va pas faire son connard et qu'il respectera le gros du travail de Suguato. Autrement, nous devrons peut-être prendre des mesures pour limiter les dégâts... En toute logique, on ne devrait pas en arriver là. Pas vrai, On'? T'as beau être un boulet et manquer de self-confiance, tu trouves toujours des compromis.

L’aide que venait de proposer Daiki pour le système de sceaux du coffre semblait convenir à ses deux interlocuteurs. On’ avait accepté sans rechigner et l’Hayashi ajouta donc cette tâche à la liste de choses qu’il devait faire. Et apparemment, On’ semble faire assez confiance à Daiki pour lui répondre franchement sans passer par le biais d’un sceau de silence. Ce lien de confiance doit être entretenu le plus longuement possible au vu de ce que le Godaime apprend. S’il se mettait ces deux personnes à dos, il aurait quelques difficultés. Mais au moins pour le moment, il aurait le droit à des réponses claires. Il était prêt à collaborer et travailler avec eux mais si c’était pour le prendre de haut et lui cacher des choses, il préférait prendre le risque de les avoir à dos. Il savait se montrer doux et compréhensif ainsi qu’à l’écoute des membres de la Feuille. Mais pour peu qu’on le prenne pour un idiot et il se braquerait sans chercher aucune forme de compassion.

Et le jeune garçon lui raconta ce qu’il entendait par les héritages de Suguato. Il lui expliqua tout en détail. Restant assez fourni en détails mais adoptant l’essentiel dans ses propos qui faisait comprendre rapidement la situation dans son ensemble sans omettre une zone d’ombre. Il lui expliqua la dissolution du Conseil, question sur laquelle l’Hayashi avait un avis tout tranché et décidé. Il lui exprima notamment la peur qu’avait certains de voir arriver un membre de son clan débarquer pour prendre le pouvoir. Suguato avait en effet instauré une rupture avec les régimes précédents. Mais au final, le village ne s’en était pas plus mal porté. Bien au contraire. Mais certains pensaient que l’arrivée de Daiki provoquerait un retour à l’ancien régime. Une situation que le jeune homme prit soin d’expliquer à son supérieur.

Maïka apporta un élément nouveau en précisant qu’une section de l’hôpital tournait en partie pour aider les Sabakyô à maîtriser leurs dons. Une promesse faite par le Yondaime à ces derniers lorsqu’ils avaient entrepris la conquête d’Ame. Daiki nota cet élément plus tard en attendant la suite. Il se doutait que l’entretien n’était pas fini et il avait raison. On’ continua à prononcer quelques mots et à lui adresser ce dernier discours pour lui dire qu’il avait joué cartes sur table avec lui. Il avait tous les éléments en main pour décider et choisir de l’avenir du village maintenant. C’est ce qu’on venait de lui dire. Il s’était maintenant reculé dans son fauteuil alors que la conversation avait laissé place au silence pour le moment. La parole lui revenait et il réfléchissait encore à tout ce qu’il venait d’apprendre. Il regarda ses deux interlocuteurs tour à tour, s’attardant un instant sur chacun d’eux avant de fixer les motifs de l’écorce dans son bureau. Il soupira puis se releva pour poser ses mains sur la table face à lui et croiser ses doigts.

Pour avoir été un proche de Nikkou du temps où il était Kage, je sais mieux que quiconque à quel point le Conseil a été néfaste dans toute cette histoire. Suguato a bien fait de mettre fin à cette mascarade même si j’avoue ne pas soupçonner un instant l’effet que cela aurait pu avoir sur les villageois. Mais si cela a été bénéfique à Konoha tant mieux.

Il se leva pour se placer face à la fenêtre à nouveau.

Que les gens ne se méprennent pas sur mes intentions. Mon clan a souvent été affilié aux anciennes traditions mais ce n’est pas une raison pour faire régresser le village alors qu’il arrive à se développer. Ma filiation me rattache à une ancienne famille de la Feuille mais je ne compte pas conduire le village dans l’ombre. Le Conseil restera à la place qu’il mérite même si je dois pour cela faire face au mécontentement des gens.

Il revint s’asseoir.

J’aimerais également que vous me communiquiez si possible le signalement d’un Sabakyô représentant du clan afin que j’ai un entretien avec lui. Quant à la Racine, faites-moi parvenir un dossier avec ce dont vous avez besoin. Sauf si vous avez les informations là sur vous et nous pourrions en discuter maintenant. Sinon je ne vois pas grand-chose à rajouter. Et vous de votre côté ?

L'échange touche à sa fin. Les paroles du Godaime sont autant de soulagements rafraîchissants qu'il y avait eu d'inquiétudes préoccupantes lors de sa nomination. Les choses se mettront en place de manière symbiotique et respectueuse entre lui et nous, ainsi qu'entre lui et les konohajins. Le fait de le savoir proche de Nikkou me rassure également... Suguato n'aura pas confié les rennes du village à un Tyran. Ou alors, c'est un Tyran extrêmement subtil.

Maïka a pourtant un regard inquiet vers moi quand il parle de dossier. Elle hausse un sourcil, comme pour dire "il a pas l'air d'avoir bien compris...". Je m'apprête à répondre, mais trop tard, elle me devance. Comme d'hab.

"En fait on avait pour principe de ne jamais rien coucher sur le papier, par soucis de discrétion. La Racine est officiellement inexistante, on préfère prendre des pincettes avec ça..."

Hoplà, on arrête! T'es en train de le perdre, Maï. Tu permets que je te coupe?

"...on fera un effort pour vous concocter un dossier, histoire de lancer la machine proprement et de ne pas vous perdre dés le début. Nous y mettrons tous les détails nécessaires à une organisation optimale et une communication fluide entre vous et nous. "Burn after reading", c'est tout ce qu'on vous demandera."

Hé, ne me regarde pas comme ça l'amie! C'est bien mieux ainsi. Un Hokage avec les idées claires est un hokage confiant, et un hokage confiant est un hokage qui nous donnera beaucoup par la suite. En particulier, des sous: j'ose espérer que ce raisonnement t'es accessible...
Et puis, c'est pas une paperasse qui va changer grand chose, du moment qu'on lui donne en main propre. Ça fait pas crédible de chipoter sur un détail pareil, alors qu'on parle à voix haute dans son bureau depuis tout à l'heure... bon ok, j'écoute en permanence les environs pour être certain qu'il n'y a pas d'oreilles dans les murs, mais quand même.

"Rien d'autre à ajouter pour nous. Je vous mettrai en contact avec Sabakyô Lamara, elle réside au village si je ne m'abuse. C'est elle que Suguato a convaincu, après que nous ayons libéré son peuple des géoles d'Ame."

Il y a bien d'autres choses dont il faudrait que je lui parle. Les autres projets de la Racine, à savoir l'espionnage de Kumo et de Kiri dans l'optique d'une assurance anti-trahison (même si avec la fin de la guerre c'est un peu terminé), mais aussi les projets à venir, notamment concernant Suna et Raiu no Kenji. Enfin, pour ça il faudrait déjà qu'on se mette d'accord entre Racineux... Il faut aussi que je lui dise un mot à propose du Gobi. Les infos que Nikkou m'a données remontent à quelques mois, mais c'est toujours bon à savoir.
Ça sera pas pour cette fois. Je commence à reculer vers la porte.

"Merci pour votre accueil, votre temps et votre compréhension, Hokage. Vous avez du pain sur la planche, et pour tout vous dire nous aussi. Nous reviendrons vers vous bien assez tôt."

J'accompagne ma sortie avec un sourire confiant à Daiki. Maïka me suit, et n'attend pas que la porte soit fermée derrière nous pour me parler par télépathie.

*Mâcher le travail au Godaime, ça va pas accélérer les choses, tu sais...*

*Effectivement. Mais dans une situation de changement comme celle-ci, mieux vaut privilégier la qualité des nouvelles fondations, quitte à ralentir le rythme.*

*On a pourtant du pain sur la planche, tu l'as dit toi-même.*

*L'un n'empêche pas l'autre. Contacte Iji, d'ailleurs. Faut qu'on se fasse une réunion, tous les 4.*

Nous sommes désormais au rez-de chaussée, tout près de la sortie du palais. C'est désert, on peut de nouveau élever la voix.

"Iji me demande si c'est bon pour demain 16 heures."

"Ah... non, c'est pas bon. J'enterre mes deux apprenties demain aprèm."

Silence gênant.

"Tu viendras?"

"Promis."

Bon il semblerait que l’Hayashi ait fait une bourde. Et il s’en rendait compte qu’après avoir parlé. Mais bon heureusement qu’On’ était là pour rattraper le coup. Maïka commençait déjà à lui expliquer son erreur mais le chef de la Racine apporta un peu de tempérance dans ce qu’elle disait. Il essayerait d’amener une sorte de dossier avec les informations demandées par le Godaime. La seule règle était de détruire toutes les informations compromettantes ensuite. En clair tout le dossier qui lui serait fourni devrait être détruit après qu’il en ait pris connaissance. Daiki approuva de la tête sans dire un mot. Il aurait dû se douter qu’une telle organisation ne s’encombrait pas de papier. Ça passait pour cette fois mais à l’avenir il devrait y penser.

Les deux shinobis commencèrent donc à prendre congé. La jeune fille ne disait plus rien mais le Myakudou ne se priva pas de commenter son départ alors qu’ils se dirigeaient vers la porte. Il lui précisa qu’il le mettrait en contact avec la représentante des Sabakyô. Parfait. Ils passèrent donc le seuil de la porte en expliquant qu’ils le laissaient à ses occupations qui s’avéraient nombreuses. Et il voyait juste le gamin ! Daiki n’en avait pas fini avec ses tâches. C’est ça en même temps d’être Kage. Il les salua donc une dernière fois alors qu’ils ouvraient la porte :

Nous nous reverrons rapidement je pense. Merci à vous de votre temps et de votre rapport détaillé de la situation.

Une fois la porte fermée, il se leva pour se mettre à la fenêtre et les regarder partir. Il les vit dehors en train de papoter. Il aurait aimé savoir ce qui pouvait se dire sur lui. un sourire orna son visage. S’il savait ce qu’on pensait de lui tiens ! Il en apprendrait de belles tiens. Il y a fort à parier qu’il n’y a que peu de gens ravis de le voir où il est. Les sceptiques se comptaient en plus grand nombre et les sans avis également. Il allait devoir faire ses preuves. Alors qu’il observait les deux jeunes gens s’éloigner, il pensait à tout ce qui venait de se dire. Suguato avait réalisé un travail impressionnant sur l’ensemble du village. Arriver après un tel personnage n’était pas évident. Il y avait comme une sorte de pression pour l’Hayashi.

Tant de réformes et de décisions importantes qui avaient permis au village de se lever petit à petit pour briller dans la lumière. La Feuille ne captait pas encore tous les rayons ça c’était une évidence. Mais avec un travail acharné et bien pensé, le Renard pourrait servir son pays et être considéré lui aussi comme un sauveur. Suguato avait réalisé de grandes choses et le flambeau était dans ses mains maintenant. Le tout était de savoir conserver la flamme et surtout de ne pas en abuser pour ne pas se brûler. Car le feu prendrait vite à ce poste. Le moindre faux pas le précipiterait dans l’oubli. Alors que ces pensées lui traversaient l’esprit, il reprit place à son bureau, appela son assistante pour qu’elle lui amène de quoi boire. Du verre d’eau qu’elle amena, il prit un fond pour y diluer une poudre de sa composition. Un médicament pour les maux de crânes. Il en avait quelques-uns depuis ce matin et cela le tiraillait un peu en fin de journée. Il avala sa mixture avec une grimace et se replongea dans les dossiers tandis que le soleil commençait à disparaître à l’horizon.