Il m'arrive d'envier profondément les clopeurs. Leurs pauses ont plus de sens que les nôtres, nous les gens "sains". Ils sortent de leur bureau pour consommer quelque chose de tangible et de fondamentalement réconfortant. Mais petit un: ça la fout mal de fumer dans un hôpital, même sur le toit, et petit deux: c'est mauvais. Enfin, il paraît. C'est fou, même en temps que pharmacienne et apprentie médecin, j'arrive pas à en être totalement convaincue.

Je n'aurais jamais pensé à tout ça si je n'avais pas rencontré cette patiente. La cinquantaine, mais elle semble proche de la fin. Pendant qu'On' et les autres se battent pour le salut du genre humain à l'Est, moi je reste ici, à diagnostiquer des Leucémies à des Cinquantenaires. Mais la dame a l'air de le prendre avec philosophie. J'imagine que c'est le moins qu'on puisse dire, puisque tout à l'heure, pendant ma visite, elle m'a demandé si elle pouvait aller s'en griller une.


« Je regrette madame, dans votre état c'est pas vraiment souhaitable, lui ai-je alors répondu. Et puis de toute manière c'est pas autorisé ici. »
« Vous n'êtes pas comme les autres, Maïka-san. Vous valez mieux que ces foutues infirmières, vous savez très bien que je n'en suis plus à une cigarette près. Je vous en prie, c'est le seul plaisir qu'il me reste. »

J'ai craqué. Ne me demandez pas pourquoi.
Je l'ai aidée à monter sur le toit de l'hôpital histoire d'être au calme ; même si l'établissement est relativement désert à cause du recrutement massif d'eisen-nin au front, on n'est jamais trop prudent. J'aimerais pas me faire choper à faire fumer une cancéreuse, ça serait pas bon pour mon image.

Il fait bon là-haut, et la vue est belle. Au nord, le palais du Hokage et les têtes sculptées des trois précédents chefs de village veillant sur les citoyens du Feu. Celle de Suguato manque à l'appel... honnêtement, tant mieux.
Au Sud, les quartiers résidentiels, ensoleillés et déserts eux aussi. Le village est vraiment vidé de toute sa substance. Il ne reste qu'une poignée de gens comme moi, et les civils pour faire vivre les commerces.
Je me retourne vers la dame. Elle ne m'a pas dit qui lui a filé ces clopes en douces, mais en tout cas elle les a bien cachées pendant son séjour ici. Des antécédents shinobis, peut-être ?
Non, pas peut-être. Le fait de la voir allumer sa drogue avec une petite flamme katon au bout de l'index m'ôte tout doute à ce sujet.


« Je pensais qu'on interdisait aux patients comme vous d'utiliser leur chakra. »

La dame expire un long nuage de fumée et répond lentement de sa voix grave et rocailleuse.


« Je suis mourante, Maïka-san. Je pense être mieux placée que quiconque pour savoir ce qui est bon pour moi ou pas.
Merci infiniment pour votre aide, c'est gentil. »
« C'est rien... Vous étiez Kunoichi ? »
« Oui. J'étais même ANBU, avant mes problèmes. Et encore avant, j'étais civile... j'ai appris sur le tas. »
« Bienvenue au club », lui fais-je avec un sourire.

Elle s'appelle Morino Katsue. Le nom de son clan ne me dit effectivement pas grand chose.
Je la regarde s'asseoir au bord du toit. Elle n'a peur de rien. C'est une femme forte. Je la rejoins en silence.


« Vous avez de la famille au front en ce moment ? »
« Oui, mon mari et ma fille. Partis venger mon frère... »

Mieux vaut ne pas lui demander davantage de détails. Mais le silence est gênant, il faut que je relance la conversation... ah, pas besoin en fait.


« Vous savez ce qui me manque le plus ? »

J'écarquille les yeux, et hoche la tête de gauche a droite.


« Voler. Planer dans les airs. »

Je souris, mais j'ai mal pour elle. L'action de voler pourrait paraître plus saine que celle de respirer du bitume, mais la seconde nécessite beaucoup moins d'efforts physique que la première.


« Je comprends tout à fait. J'ai pas l'affinité pour, mais j'ai un bon ami qui l'a, et il passe beaucoup de temps dans les hauteurs lui aussi... A bien y réfléchir c'est un vrai planeur, dans tous les sens du terme.
Et vous *GASP*

Miko. Sur le toit. Bordel de merde, mais qu'est-ce qu'elle fout là ?! Pourquoi je suis pas senseur comme l'autre naze...
Rien à foutre. Elle a qu'à me cafter si elle veut. Je préfère ressembler à Katsue plutôt qu'à elle et ses allures de bonne sœur.


« Salut.»

Restée à Konoha afin de mieux superviser la chose avec son collègue Sabakyo, l’Aburame avait malgré elle beaucoup de temps libre. Il fallait dire que comparativement à ses compagnons de clan qui devaient constamment rester vigilants et plus important comparé au reste des Konohajins envoyés au front, l’Aburame ne se sentait pas suffisamment dans l’action. Elle avait l’impression d’être extérieure à tous ces problèmes, toutes ces histoires qui se déroulaient partout ailleurs. Un fardeau. Même Iji avait trouvé sa place au chevet du corps inconscient de l’Hokage. Bien sûr elle avait des responsabilités qu’elle devait remplir mais une fois le processus de protection du village lancé, elle n’avait plus tant de chose que ça pour occuper ses journées. Remerciant Clogs la chauve-souris du luthier, Miko lut la dernière des lettres de son camarade et chef de la Racine. Finissant sa lecture sur un sourire mi-figue mi-raisin, on pouvait néanmoins sentir qu’elle n’était pas entièrement satisfaite de la réponse du musicien. Sans compter ses stupides lettres de musique souriantes. Quel âge avait-il ? Même ce petit nécromancien de dix ans devait être plus mature qu’Onpu. D’ailleurs lui aussi était parti au front. En espérant qu’il en reviendrait en un seul morceau contrairement à beaucoup d’autres. Brûlant la lettre, la dame aux insectes décida d’aller rendre visite à la chère et tendre du luthier.

Arrivant à l’Hopital où avait été assignée Maïka en ses qualités de pharmacienne, la Jonin suivit les directions qu’on lui indiquait pour finalement tomber sur une chambre vide, chambre d’une patiente dont devait s’occuper Maïka. Où avait-elle encore disparu… Aussi violente et extravagante qu’était la pharmacienne aux cheveux roses, elle avait le chic pour se la jouer discrète quand la discrétion était de rigueur. Génial. Demandant à une infirmière qui passait à ce moment dans le couloir, l’Aburame se rendit sur le toit du bâtiment, apparemment là où la Haruno s’était rendue.

«Ah. Je te cherchais. »

Débarquant par la porte, la doyenne de la Racine sentit qu’elle avait refroidit l’atmosphère par sa simple arrivée. Elles semblaient en grande discussion toutes les deux. Elle et …

«Excusez-moi je ne me suis pas présentée. Miko, du clan Aburame. »

Ecoutant la fumeuse se présenter, l’Aburame hocha la tête gentiment, toujours peu convaincue par le silence soudain de Maïka. Que complotait-elle ? Elle d’habitude si boute-en-train. C’était louche. Très louche.

«J’ai reçu des nouvelles d’Onpu, Maïka. Leurs troupes sont stationnées à Yu no Kuni. Ils passeront bientôt à l’offensive. Il pense à toi.»

« Onpu ? Qui est-ce Maïka-san? Votre ‘‘bon ami’’ ?»

Devant le clin d’œil aguicheur de cette Morino Katsue chargé de sous-entendus, Miko sourit légèrement, n’hésitant pas à en rajouter une couche l’air de rien afin de déstabiliser d’avantage la pharmacienne. Petite vengeance pour toutes ces fois où elle lui avait reproché l’air de rien tel ou tel comportement. Et puis ce n’était pas totalement faux. Onpu et elle avaient quelque chose. Ils faisaient trop semblant de ne rien voir pour le remarquer voilà tout.

«Oui, son Jules. Enfin en quelque sorte. Ils en sont encore à se tourner autour pour l’instant, mais bon … Sinon,j’ai l’impression d’avoir coupé court à votre conversation… Rien de trop personnel j’espère. »

Se demandant si la plus jeune allait l’attaquer toutes griffes dehors, l’Aburame resta sur ses gardes, un air interrogateur serein sur le visage comme si plus tôt dans ses paroles elle n’avait pas souligné légèrement l’ambiguïté des relations des deux amis de longue date.

Amie Miko, tu vas manger gros. Pas ici, pas maintenant, pas devant les yeux de Katsue, mais la prochaine fois que tu auras le malheur de me croiser, tu vas manger gros.
Étrange, comme les gens les plus matures en apparences, sont parfois ceux qui ont le plus de merde devant les yeux. Mais à quoi bon lui expliquer? A quoi bon leur expliquer à toutes les deux, d'ailleurs. Que ce soit en leur faisant des tartines ou en prononçant les trois ou quatre mots, elles ne sont pas près de comprendre à quel point la situation est complexe entre Onpu et moi. Il n'y a même pas de mot à mettre dessus... et ça tombe bien, car j'ai horreur d'en parler. Je vais me contenter d'un facepalm décoré un air gêné, avec un peu de chance elle restera persuadée qu'elle a raison, et elle passera à autre chose.
Oui, recentre la conversation, trèèès bonne idée. Voilà.

Katsue a ri à ses propos, elle s'apprête à rebondir dessus. La quinquagénaire n'a pas eu la lumineuse idée d'écraser sa cigarette et d'en jeter le mégot dans le vide au moment où soeur Miko a fait son apparition. Elle est grillée, je suis grillée, sa clope est grillée. Que de grillades. Pourtant l'Aburame n'a pas l'air de m'en tenir rigueur... Elle n'a sûrement pas idée de l'enfer médical par lequel l'ancienne ANBU est en train de passer.

« Oh non. Maïka-san était en train d'évoquer un certain « planeur », mais maintenant je pense savoir de qui il s'agit. Ha ha ha. »

Non, Katsue, par pitié, ne vous y mettez pas vous aussi...

« Je disais juste qu'il aimait voler... Je suppose que c'était pas trop personnel. En tout cas Miko, merci d'avoir transféré le message, c'cool. »

« Et comment ça se fait que vous ne vous écrivez pas directement ? De mon temps, avant la création des villages, les jeunes étaient bien moins timides. »

« Vraiment... » réponds-je les dents serrées.

« Oh que oui. On ne faisait pas du tout autant de manières, les choses s'expédiaient de façon bien plus radica - « Et sinon, comment ça marche la technique pour voler ? »

Commence à m'agacer, celle-là. Je l'aimais bien au début, mais si elle continue à être relou comme ça, sa prochaine clope elle se l'enfilera toute seule dans sa chambre, et tant pis si elle se fait choper.

« Je croyais que vous n'aviez pas l'affinité pour ça ? »

« Ouais. Chuis juste curieuse ».

Elle prit une longue gorgée de fumée sans se sentir gênée le moins du monde, et se releva tranquillement.

« A votre avis, Maïka-san ? Comment fonctionne cette technique ? »

« Je l'ignore... naïvement je dirais qu'il s'agit de déployer du vent en continu autour de soi pour rester en lévitation. Mais je me doute que c'est plus complexe. »

« Ha ha ha. En effet, ce n'est pas aussi simple, mais votre vision n'est pas tout à fait fausse. »

Elle se tourna ensuite vers l'Aburame.

« Et vous, Miko-san ? À tout hasard, auriez-vous une idée plus éclairée sur la question ? »

Appréciant le franc-parler de l’autre femme qui différait de celui de Maïka dans le fait qu’il n’était pas autant vulgaire de son langage de charretier, l’Aburame, un demi sourire sur les lèvres, approuvait du chef les dires de cette Katsue. Elle avait tout de même raison. L’expérience et surtout l’expérience des amourettes n’était pas tant que ça poussée de son côté mais elle ne pouvait s’empêcher de remarquer qu’avec feu son mari, les choses avaient été bien plus naturelles. Peut-être leur nature de fidèles représentants du clan Aburame très terre à terre les y avait aidé. Mais bon Maïka semblait également très terre à terre. C’était Onpu le planeur, toujours la tête dans les nuages. Il faudrait qu’elle aide sa comparse un jour où l’autre à le faire redescendre. A deux elles y arriveraient peut-être.

« Tout à fait d’accord…»

Mais avant qu’elle ne puisse en caser d’avantage, l’éclair rose avait débarqué, brusquant la kunoichi plus âgée. Une réaction si spontanée… Et pourtant elle n’essayait même pas de diffamer ses propos. Bah qu’elle ne s’inquiète donc pas, le plan pour rapprocher les deux tourtereaux perdus commençait à se former tant bien que mal. Et tout le monde y gagnerait. Certes le nain blondinet et elle-même tiendraient la chandelle aux réunions, mais Maïka serait plus posée dans sa réflexion et Onpu plus virulent. Si seulement ils pouvaient vraiment s’influencer l’un l’autre…

Voler ? Oui Onpu volait c’était vrai/ Ainsi donc elles parlaient au sens propre du terme. Comment il faisait ? Elle n’avait jamais assisté réellement à ses séances d’entraînement. Chacun son intimité tout de même. Mais d’après ce qu’elle avait compris de la tournure des évènements, il se propulsait et se diriger dans les airs. Comment ? Il ne fallait pas trop lui en poser, ce que fit malheureusement son ainée alors que la plus jeune elle séchait. Affichant une mine réfléchie, la Jonin pointa son index devant elle, index sur lequel avait grimpé l’un de ses insectes, alors qu’elle avait commencé à parler.

« Une idée plus éclairée que celle de Maïka ? Pour moi aussi il fallait déployer du chakra futon autour de soi, ou tout du moins c’estpour moi la manière dont vole notre bon ami Onpu.»

Petite pause pour qu’elles comprennent toutes deux que ce morceau de phrase était adressé à la plus jeune des trois, l’insecte s’envola sur son ordre, l’amenant à traiter la deuxième partie de son raisonnement.

«Cependant à mon avis il ne s’agit pas de le faire sortir n’importe comment. Je me suis déjà intéressé à la manière que mes insectes avaient de voler. Je pense qu’ils utilisent les courants, les flux d’air et s’en servent pour avancer, en mouvant bien sûr leurs ailes, mais je pense que ce qui leur permet de rester sans attache, comme notre planeur, c’est ce phénomène de portance, cet air qui s’engouffre dans leurs ailes, qui les soulève, qui les porte. Après comment ils se déplacent… Une inclinaison, qu’en sais-je. Non j’avoue que sur ce sujet je sèche quelque peu. Nous montreriez-vous Katsue-san ?»

Après tout, changer un peu le sujet de conversation ne ferait pas de mal à Maïka. Non pas qu’elle voulait la ménager, mais parfois mieux valait que l’idée germe d’elle-même sans y être contrainte.

Et bien entendu, il faut qu'elle fasse son intéressante, qu'elle exhibe ses insectes, "et ils volent comme ça", et tralalala... Au moins comme ça, on zappe le sujet d'Onpu, c'est pas plus mal.
Même si elle m'énerve, il faut avouer que son analyse va plus loin que la mienne. En même temps, j'ai un peu répondu sans réfléchir; la vérité, c'est que je m'en fiche un peu, de comment ça marche. Le principal, c'est que les deux vieilles soient tombées dans le panneau.

Sous son gros nez qui donne à sa silhouette des airs d'oiseaux des îles, Katsue esquisse un sourire.

« Je ne pense pas que ça soit une très bonne idée, on m'a prescrit du repos. »

Je sens dans sa voix un zeste d'auto-persuasion. Sans aucun doute, elle crève d'envie de faire une démonstration, mais les risques seraient bien trop grands. Ou alors, elle n'a juste pas envie de donner davantage de substance à l'image « bad girl » d'elle même qu'elle est en train de donner à Miko. Dans tous les cas, je n'ai aucun conseil à lui donner.

« Mais j'ai une meilleure idée. Votre vision des choses est plutôt encourageante ; l'élément du vent est vôtre, je me trompe ? »

Elle penche la tête, sa question n'en est pas vraiment une.

« Avant de nous intéresser aux déplacements ou même à la portance, il y a une étape essentielle à la technique en ce qu'elle permet son lancement : l'envol. C'est probablement l'étape la plus tendue et la plus dangereuse, et il y a de nombreuses approches... Pour certains, il suffit de déployer une quantité de vent suffisante pour se propulser, mais c'est de loin la méthode la plus chakraphage. D'autres se jettent dans le vide, à la façon des hirondelles, et ceux qui échouent en font les frais.

Moi, je me contentais d'une course d'élan. »

Elle mima un petit bonhomme qui courait avec ses deux doigts.

« Gauche, droite-gauche, et hop ! Au moment précis du décollage, l'adrénaline provoque naturellement un flux de chakra qui, bien canalisé, peut être converti en impulsion fûton pour vous lancer en l'air. A défaut de vous faire voler, cela permet déjà de faire des bonds gigantesques.

Quant à la suite... Je peux bien vous le montrer, je suppose. »

Là je la retrouve. Katsue, la vieille bad-ass.
Elle forme le mudra du dragon, pourtant pas le plus adapté au fûton. Quelques secondes plus tard, elle dirige ses paumes vers le sol clair du toit de l'hôpital. Rien ne se passe pendant un instant... puis une vague d'air chaud se soulève brusquement autour de nous, me faisant manger mes cheveux. Ceux de Miko ont du lui donner des airs de monstre poilu sous l'effet du souffle, mais j'ai rien pu voir à cause des miens dans la tronche. Diable.

« Vous comprendrez qu'il est plus facile d'être soulevé et porté par de l'air chaud. Pas besoin de katon pour ça, il suffit de brasser un peu de chakra pour rendre le vent plus énergétique. Au début, il s'agit d'émettre des impulsions de façon régulière, puis avec le temps on prend l'habitude de le faire en continu. Pour le reste, c'est assez naturel, vous verrez. »

« Vous verrrez » ? Elle semble considérer comme acquis que Miko va s'y essayer. Ha ! Je demande à voir ça.

Soufflant une mèche de cheveux qui était restée dans sa bouche, l’Aburame regarda dubitative leur ainée qui l’incitait d’un geste de la main à s’avancer pour tester la piste de décollage qu’elle pensait avoir aménagé en balayant la saleté et les feuilles mortes qui s’y trouvaient. Se tournant à moitié vers Maïka, la brune s’aperçut que les deux femmes attendaient son passage à l’acte. Si la chose ne l’avait pas intrigué, nul doute qu’elle serait déjà partie tellement elle n’aimait pas se savoir observée dans un domaine qu’elle ne maitrisait pas. La théorie lui allait très bien, elle pourrait essayer chez elle … Mais en même temps qui mieux que Katsue était vraiment en mesure de l’aider ? Elle ne voyait qu’On’ et celui-ci était d’un trop occupé, et de deux bien trop niais pour qu’elle accepte de se faire enseigner quelque chose par le bonhomme.

« Bon … Eh bien d’accord. »

S’avançant alors que Katsue reculait pour admirer l’entrée de l’Aburame sur sa superbe piste, Miko regrettait déjà son choix.

« En planant vous dites ? ... Je pense que je vais m’en passer pour une première fois. Bon … »

S’approchant du rebord, elle jaugea avec quelle violence elle atterrirait sur le sol si elle se décidait à tenter d’imiter On’. Mauvaise idée. En voulant bien faire elle risquerait de se sauver de la chute au dernier moment ce qui risquait d’être problématique … S’écartant, elle se mit dos au rebord, composant quelques mudras censés canaliser son chakra en direction de ses pieds. Sentant la vague d’énergie s’accumuler, l’Aburame prit son élan. Au pire elle faisait de grands pas, c’était ce qu’avait dit Katsue ?

S’élançant à grande foulée, la Jonin s’efforçait de poser le pied bien à plat à chaque fois, se préparant aux rebonds … qui ne venaient pas. Malgré tous ses efforts, l’aller jusqu’à l’autre bout du bâtiment n’avait rien donné. Pourtant chakra, concentration tout y était. La preuve, son front commençait s’humecter.

« Alors ? »

Préférant se tourner solennellement vers Katsue sachant très bien que Maïka devait être en train de pouffer comme pas possible, elle ne se sentit pas pour autant mieux.

« On … On en est loin mais ça va venir. »

Tu parles. Elle retenait à peine son fou rire. Mettant ses lunettes de soleil sur le nez pour garder sa dignité lors de sa prochaine tentative, Miko se prépara à nouveau à faire une autre traversée. Elle n’était pas aidée. Pourtant elle avait tout bien fait ! Et mine de rien elle avait vraiment eu l’impression de sauter un peu plus haut que d’habitude… Ou comment se rassurer.

3-2-1 … Et c’était reparti. Grandes enjambées, concentration de chakra. Un, deux, toujours rien. Elle avait déjà parcouru la moitié du terrain quand sa jambe droite s’emballa, fusant, propulsée en avant. Son roulé boulé se termina bien vite, fort heureusement juste au bord du bâtiment, avec plus de peur que de mal.

« C'est bon, c'est bon. Presque. »

Se démêlant tant bien que mal les cheveux, l’Aburame se fit une queue de cheval en deux secondes – négligence bonjour- et se prépara à nouveau. Ça venait tout seul tu parles. C’était plutôt physique mine de rien. Un nouveau sprint et elle était partie, sa première foulée ne donna aucun résultat, mais la deuxième puis surtout la troisième était plus productive. Elle s’était élevée de cinq mètres à la fin dans un équilibre instable mais tout de même, elle avait commencé à mettre en pratique les conseils de la plus âgée des trois.

« Bon … Je … Erm … Je pense que je vais m’arrêter là pour la phase décollage je continuerai toute seule de mon côté je pense. »

Pour ne pas me ridiculiser.

« Et … Une fois en l’air, pour planer, juste un peu d’air chaud, enfin … des impulsions ? J’avoue ne pas être très partante pour sauter encore et encore du haut du toit où je risque de ne pas avoir assez de temps pour amortir la chute si les choses tournent mal ... »

Ce qui serait parfait ce serait de partir d’encore plus haut.

« Mais … Je ne veux pas continuer à vous déranger et puis je suis sûre que Maïka a encore plein de travail à l’Hôpital … Surtout qu'elle l'a sûrement compris, il faut qu’elle s’occupe de … »

« Laisse, je vais te lancer en l’air t’en fais pas. »

Attendrissant spectacle que celui de deux doyennes s'échangeant savoirs et savoir-faire. Renoncer à le prolonger serait un crime... Et pourtant, malgré son allure squelettique et l'armée de puces colonisant son organisme, Miko fait là preuve d'un des défaut les plus humains de tous : la procrastination. Travailler le décollage de son côté ?

Hors de question. Je vais lui en coller un de décollage moi, tu vas voir.
Wait... Ne nous emportons pas, si je l'abîme ça pourrait se retourner contre moi, à court et long terme. Notre luthier risque de mal le prendre. Et d'une certaine façon, l'hirondelle doit sortir de son nid toute seule pour apprendre à voler.

…

Depuis quand je fais des métaphores vaseuses dans le genre ? C'est bon pour On', ces conneries-là.
Y'a pas à chipoter. Approchons-nous discrètement.

« Laisse, je vais te lancer en l’air t’en fais pas. »

« Je suppose qu'on est quitte elle est moi, maintenant. »

« … je ne critique pas le côté farce, mais niveau pédagogie y'aurait quand même à dire. »

« Elle s'en remettra. »

« Bon, reprenons notre conversation. »

« … la pause est finie, je vous ramène dans votre chambre. Pas envie de me faire choper. »

« Vous êtes une drôle de personne, Maïka-san. Prête à lancer ses collègues dans le vide, et incapable de se lancer elle-même avec les garçons. »

« Je ne le dirais qu'une fois, alors ouvrez bien vos oreilles.
Onpu. Est. Mon. Ex. »

« T'ENTENDS ÇA MANDIBULE ? C'EST MON EX !!! ÇA T'EN BOUCHE UN COIN, HEIN ? »

Poussant un cri surpris alors qu’elle se faisait propulser dans les airs, l’Aburame au bord de la crise cardiaque regardait en contrebas le sol s’éloigner de plus en plus. Ce point rose. Maïka. Cette fille était un monstre. Que lui avait dit Katsue déjà ? Du vent. Oui oui du vent, c’était logique. Agiter du vent, déjà cette réflexion était un peu plus creusée. Des impulsions régulières voilà c’était ce qu’elle lui avait concrètement conseillé en phase de vol. Enfin phase de vol … Elle entamait déjà la phase de chute. Et si elle ne réagissait pas elle expérimenterait un tout autre type de phase. Regroupant son chakra et reprenant son sang-froid, l’Aburame tendit ses bras en direction du sol alors qu’en contrebas Maïka et Katsue arrêtaient de la fixer. Levant une légère brise, l’Aburame se fit déportée sur le côté, ralentissant ainsi sa chute mais ne la stoppant pas pour autant.

Encore. Encore. L’air autour d’elle était constamment brassé à intervalle régulier et chose incroyable, elle commençait à avoir le coup de main. Non … Haussant un sourcil de surprise, elle perdit son équilibre et glissa sur quelques mètres de dénivelé en virant d’une dizaine de mètres. Bon. Pas de déconcentration. Glissant un regard en direction de l’hôpital, l’Aburame dans une position peu stable observait les deux autres femmes quitter le toit. Se redressant tant bien que mal, elle décida alors de tenter quelque chose : regagner de la hauteur. Il suffisait qu’elle regroupe son chakra pour créer une bouffée sous elle et …

Réitérant l’expérience au fur et à mesure de son ascension, Miko tout sourire contemplait le village en contrebas. Elle commençait à maîtriser le truc. Elle volait. Enfin, pas vraiment. S’exerçant à planer comme elle avait vu faire On’ à maintes reprises afin d’économiser son chakra, l’Aburame aussi joyeuse qu’une gamine commençait à faire des ronds dans le ciel, ses manœuvres un peu gauches lui permettant de virer malgré tout même si le dénivelé était à chaque fois proportionnel au raté du virage.

Mais elle avait beau s’amuser comme une petite folle, pour une première fois elle pouvait sans aucun doute s’arrêter là. Rabattant les bras le long de son corps, la Jonin se laissa tomber en piquet avant de rattraper la chose par une petite impulsion futon sous elle. Elle avait beaucoup trop de vitesse mais quel plaisir de sentir le vent s’engouffrer dans ses cheveux. Pas étonnant que le luthier soit si doux rêveur, c’était si simple d’oublier tous ses problèmes là-haut.

Elle s’était beaucoup trop éloignée de l’hôpital mais il fallait voir le bon côté des choses, même si elle avait survolé les remparts du village, premièrement elle ne s’était pas faite abattre en plein vol et deuxièmement elle apercevait en contrebas les terrains d’entraînements. Une piste d’atterrissage parfaite pour un premier essai. Piquant à nouveau, le sol se rapprocha à grande vitesse. Il suffisait juste de redresser un peu avant la fin et de se faire un petit cousin d’air avant l’arrivée. Ça n’avait pas l’air si dur.

* * * * *

«Il fallait que ça tombe sur toi hein. »

Laissant la Haruno lui mettre l'atèle à son bras gauche, l’Aburame fronçait les sourcils. La pharmacienne avait sûrement insisté pour la prendre en charge et pouvoir impunément afficher son petit sourire satisfait alors qu’elle aidait sa collègue de la Racine à garder en mémoire qu’elle n’était pas si douée que ce qu’elle pensait en n’y allant pas de main morte sur les soins. Mais si elle voulait être mesquine, elle aussi pouvait l’être. Entre le moment où elle était revenue à l’hôpital et le moment où la pharmacienne l’avait pris en charge, elle avait dû patienter un petit moment en salle d’attente, le bras en écharpe. Et une conversation entre deux infirmières l’avait particulièrement intéressée.

«Et donc toi et On’ … Aïe ! »

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