Le changement d’horizon pour notre héros lorsqu’il sortit de la Montagne Bleue fut si flagrante en cette saison qu’il ne souhaite plus que retourner à l’intérieur et poursuivre son entraînement, ne serais-ce peut-être que s’y installer définitivement si un jour on le lui permet. Avec une température modérée et maintenu à un stade semblable à l’été, c’est l’endroit idéal pour les personnes sensibles au froid crucial de l’hiver – malgré qu’il ne fasse que cinq degré Celsius dans le négatif. Le Yuuki faisait partie de la catégorie de ceux qui préférait la Montagne Bleue, endroit légendaire pour toutes personnes hors du village de la brume, pour son calme jalousé et sa verdure à perte de vue. Cependant, malgré le fait que cet illustre lieu soit ouvert à tous les Shinobis de Kiri, peut s’y aventure sous prétexte que seul l’élite y accède ; les Épéistes en majorité. Il est vrai que le siège de cette unité spécial inspirant la crainte et le respect se situe au milieu de la flore cachée sous le village, mais il est rare de réellement rencontrer un Épéiste à proprement parler. Pour Setsuna, il ne pouvait pas mieux rêver pour endroit où passer un moment de solitude.

Passant par le typhon où un escalier y avait été monté, il sortit du temple pour apercevoir avec une certaine surprise que les nimbus s’étaient dispersés pour laisser place aux cieux céruléens au-dessus de la tête des citoyens de Kirigakure. La position de l’astre solaire indiqua au Lutin sous métamorphose qu’il se situait présentement en milieu d’après-midi. Car oui, seul petit problème lorsque nous nous gambadons à l’intérieur de la Montagne Bleue : ceux qui n’ont pas de montre ou autre objet pouvant indiquer l’heure à l’extérieur perdent facilement leurs sens temporels. Et pour l’adolescent à la crinière argentine encapuchonné sous un manteau de cuir fin ténébreux, cela est sans doute le cas depuis hier dans la soirée. Voulant retourner dans son logement, le Lutin Martyr effectua deux pas avant que son regard hétérochromique soit attiré par une petite boule de poil à ses pieds. Un petit chaton au pelage noir. Petit fait tout à fait marrant, seules ses oreilles contrastaient avec son allure puisqu’ils sont d’un blanc pur telle la neige.

Se pliant les genoux, il flatta le menton de l’animal et celui-ci commença à ronronner. Mignon, pensa notre protagoniste. Or, il ne pouvait pas se permettre d’apporter avec lui ce minet chez lui, il mourrait tout simplement de faim ou d’abandon. Quoi que, il devait admettre que ce chat avait quelque chose d’attachant. La petite bête fit quelques pas vers l’arrière avant de pousser un miaulement, puis deux, puis plusieurs fois de suite.

• Qu’est-ce que tu veux ?

Serait-il fou de la part d’un homme de croire que les animaux normaux, autre que les bêtes d’invocations qui sont ma foi, au même niveau d’intelligence que les humains, comprennent le langage de la race humaine d’une manière ou d’une autre ? Peut-être, sait-on jamais. Néanmoins, à la question du Sabreur Noir, l’animal fit un tour sur lui-même avant de commencer à se diriger dans la direction opposé en courant. Il s’arrêta au bout de quelques mètres avant de miauler à nouveau à l’intention du garçon scarifié. Setsuna se releva et marcha vers le chat et celui-ci reprit sa course de plus belle. Un fin sourire à peine perceptible se dessina sur les lippes du Martyr. Amusant, comme situation, pensa-t-il sur un ton bien enjoué. À son tour, il courra derrière le chaton.

Nul ne sait ce que souhaitait le chat. Une partie de chat et la sourie ? Ou bien une course ? Peut-être n’étais-ce aussi qu’un appel à le suivre, qui sommes-nous pour prétendre connaître de fond en comble l’esprit des bêtes ? Tant bien que mal, l’animal évita dans sa course tous les passants dans la rue alors que c’est notre personnage au regard de jade et sang qui longeait les personnes présentent avec l’agilité d’un félin. Passant même au-dessus de quelques échoppes, il gardait à l’œil le petit animal qui stoppait de temps à autre pour observer si l’humain qui le pourchasse le suit toujours. Et il entra dans une ruelle déserte, se fondant dans l’horizon verdâtre et grisé à la fin de ce corridor. Reprenant un rythme de marche, le Yuuki traversa le passage.

Dans ses souvenirs, il ne se souvenait pas d’être atterrit ici. C’est probablement la première fois qu’il visite un tel endroit du village de la brume depuis sa création. Mais il semble que quelqu’un y a déjà fait connaissance du lieu avant que l’épéiste eut la chance de savourer le petit panorama. Une jeune femme à la chevelure argentée soyeuse, tout comme celle de notre protagoniste. Des perles écarlates ornaient son visage et un teint lunaire parsemait sa peau. « Elle est belle », furent les mots qui chatouillait les lèvres de l’androgyne avant que celui-ci se rende compte de son erreur et de chasser cette pensée de son esprit. La malheureuse avait atterrit par un quelconque moyen dans le ruisseau gelé et par ce fait, s’était toute mouillée. Malgré la chaleur de cette journée en cette saison, le risque de pneumonie est grand. Se dirigeant par automatisme vers la pauvre princesse en détresse, Setsuna détacha son manteau de cuir, l’ôta et le présenta à la jeune femme accroupit sur l’herbe sous l’air frissonnant et l’eau glacial.

• Enfilez-ça... et frottez vos différentes parties du corps pour rester au chaud

Normalement, il aurait été plus approprié de dire à la personne d'enlever tous ses vêtements pour éviter d'attraper froid... Mais il ne trouva pas le courage de dire ça à une femme en conservant un faciès impassible. N’avez-vous pas oublié que Setsuna est en réalité quelqu’un qui n’a aucune habilité avec les mots lorsqu’il s’agit de socialiser ? N’importe qui pourrait le deviner en le voyant agir. Or, il avait laissé tomber son timbre ferme et glacial pour un ton neutre, léger penchant vers l’empathie et la rassurance. Ses perles de couleurs différentes se posèrent vers le duo d’animal qui jouait à côté de nos deux personnages.

• Vous ferez mieux de rentrer et de changer de vêtement rapidement. Malgré que la température soit plus chaude que d’habitude en cette saison, le risque de tomber malade est énorme… Et je doute que vous vouliez faire de l’hypothermie.

Ouais, parce que pour notre héros qui se gambade en veste sans manche dans les plaines du pays de la neige en pleine de tempête, il trouvait le moyen de dire qu’une journée ensoleillée de l’Hiver est une journée « chaude ».

Une belle adolescente à la longue chevelure opaline en détresse, frissonne sous l’air glacial de la saison la plus froide du cycle universel. Comment diable a-t-elle tombée dans l’eau si tous les Shinobis peuvent léviter sur les surfaces liquides ? Du moins, si elle possède une quelconque capacité dans le domaine du Ninjutsu. Une aspirante, une civile ? Le petit doigt du garçon scarifié par la faute de la déesse des flammes préférait plutôt le choix qu’elle soit une kunoichi en quelque sorte expérimentée. Étais-ce la faute de ce petit minet, similaire à une exception près au chaton qu’il a rencontré en sortant du temple qui conduit jusqu’à la Montagne Bleue ? En voyant cette énorme faille au milieu de cette rivière gelée, il ne pouvait assurer la cause exacte du pourquoi elle a été faire un tour sur une si mince couche de glace. Mais qu’importe au final, il faut plutôt s’assurer que cette jeune femme ne tombe malade et l’emmener au plus vite dans un endroit chaud et sec avant qu’elle fasse face au pire. Setsuna s’inquiète pour autrui, vous dites ? Simple question de principe et de galanterie, c’est un devoir d’homme et aller à l’encontre de ces règles est synonyme de dire que le garçon concerné n’est pas un vrai mâle. Ou plutôt, c’est le narrateur qui pense ainsi. M’ouais, faut pas croire à ces conneries lorsqu’il s’agit du Yuuki.

Empoignant le long manteau de cuir obscur de notre protagoniste, la jeune fille au regard écarlate se montra coopérative et l’enfila pour se protéger de la légère brise qui souffle sur la région. Elle sembla prendre un temps pour juger le second Épéiste de la tête au pied. La frêle adolescente répondit qu’elle ne souhaitait pas quitter ce magnifique endroit, de peur de le perdre à jamais. Elle ajouta également que le soleil commença à se frayer un chemin entre les nombreux nimbus matinaux qui parsemaient le ciel, et ce n’est pas faux. Le regard vairon du natif du pays de la neige se posa vers la voûte céleste, constatant que les rayons de l’astre solaire se présentaient peu à peu comme l’avait dit son interlocutrice. Ce qui étonnait un peu notre protagoniste, c’est que la jeune fille, bien qu’elle soit légèrement plus âgée que lui, préfère rester sur place et risquer une pneumonie ou autre. Les rayons de la géante boule de feu, maître de notre système solaire, ne sont pas ce qui la sauvera d’une maladie, c’est un fait dont est certain l’Épéiste Noir.

En guise de remerciement, la kunoici présenta au Lutin sous métamorphose une part de gâteau qu’elle grignotait un peu plus tôt, en spécifiant que la nourriture n’était en aucun cas empoisonnée. À ces mots, notre héros tiqua. Il y a un tas de raisons de comprendre que si quelqu’un parle de poison alors que celui-ci ne s’y attend pas, alors il y a une chance que la personne y a ajouté, en effet, un produit nuisible à la santé, voire mortel. Enfin, cela se produit uniquement dans les films, donc nous allons stopper tout de suite la paranoïa. Puis, elle déclina enfin son identité : Kaguya Kairi. Pour l’androgyne, côtoyer de la sorte un membre de la communauté des manipulateurs des os est une première. Il avait vu à l’œuvre ces humains qui peuvent rivaliser avec les sabreurs grâce à un Taijutsu hors du commun, une ou deux fois en mission. Maintenant qu’il y pensait, détenir une chevelure blafarde est un point commun chez cette famille. Cela amenait notre adolescent à la scarification incarnate à penser qu’il pouvait bel et bien posséder une génétique Kaguya lointaine.

Les paroles de la dénommée Kairi interrompirent la réflexion, quoiqu’inutile, de notre héros aux perles hétérochromiques. Elle parla des deux chatons qui prenaient plaisir à se mordiller entre eux-mêmes, relevant la réalité que les animaux n’ont effectivement pas grand-chose à se soucier. Les propos de la manipulatrice des ossements pouvaient laisser planer le doute qu’elle avait beaucoup sur la conscience. À vue de son comportement et de son regard envieux, elle doit sous-entendre qu’elle a beaucoup de problème. Aux yeux de notre personnage, les deux minets représentaient en quelque sorte du Ying et le Yang : l’un blanc et l’autre noir. Puis, en puisant un peu plus loin dans son imagination, il vit une image frappante : lui-même et Asuna. Il ferma les paupières un instant avant de détourner le regard en direction de la pauvre demoiselle en détresse face à lui.

• Merci, dit-il en prenant soigneusement la part de gâteau que lui avait offert la belle adolescente, ne pouvant refuser un cadeau de remerciement. Je me nomme Yuuki Setsuna, Jônin du village. Loin de là l’intention de briser vos rêves charmeurs, mais cet endroit paisible se situe en réalité proche des aqueducs : ce qui signifie, en d’autres mots, que sous la glace se trouve l’eau sale des égouts où les habitants de Kiri ont déféqués.

Si nos deux protagonistes reniflaient un bon coup, ils pouvaient bien distinguer que l’odeur qui chatouille leurs narines est loin d’être agréable. Qui plus est, cet odorat s’est imprégné dans les vêtements de la Kaguya. Un fin sourire moqueur effleura les lippes de notre héros à la crinière argentée alors qu’il se releva et tendit la main à la dite Kairi, il reprit la parole à l’intention de la jeune femme.

• Souhaitez-vous que je vous raccompagne à votre domicile ?

Ouais, parce qu’elle est mieux de prendre une douche et d’ici les plus brefs délais. Et non, aucune arrière-pensée, je vous pris.