Pour une obscure raison, j'atterris à Kiri. Moi qui étais tranquillement allongé, je me retrouve soudainement au village. Étant un peu surpris, mes yeux sortent de leurs orbites tandis que j'analyse la situation et essaie tant bien que mal de comprendre où je me trouve, précisément. À priori, je suis au centre-ville, pas très loin du palais. Si je me trouve actuellement ici, c'est que quelqu'un m'a invoqué, et la seule personne capable d'une telle prouesse, c'est Michiki. Je devine donc qui est derrière tout cela. Cependant une zone d'ombre reste à éclaircir, pourquoi m'a-t-il appelé et pourquoi ici ? Si la première question ne trouve pas encore de réponse sûre et absolue, j'ai en revanche une théorie en ce qui concerne la seconde interrogation. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, c'est ici même que le Shinda a apposé sur moi son sceau. C'est donc peut-être pour cela que je suis ici et non ailleurs. À croire que le système de sceaux crée par l'actuel chef du Misuto n'est pas encore au point. Ce dernier m'avait pourtant assuré qu'il pourrait m'invoquer où il le désirait … M'enfin. C'est la vie je suppose. Toujours est-il que je dois vite m'informer de la situation. Car il ne fait aucun doute qu'il y a une raison à cet appel soudain. Histoire de vous donner une base auquelle vous référez, dites-vous bien que l'on ne m'a même pas appelé lors de la conquête de Yuki … C'est dire si la situation à l'époque était tendue néanmoins, à aucun moment le pays n'a requis mon aide. Bref, j'ai un mauvais pressentiment. Kira, Nikkou … Ils sont nombreux les shinobis que j'ai rencontré au cours de mon voyage et tous avaient cette même sensation de malaise. Comme si quelque chose se tramait dans l'ombre. Et bien voilà, je crois que quelque chose s'est passé et que ça a un rapport avec ce « mauvais pressentiment » général.

Le pas hâtif, je me rends au palais. S'il y a un endroit à Kiri où il faut aller pour se tenir au courant, c'est bien là-bas. Pour cause, un grand nombre de fonctionnaires sont réunis à cet endroit et tous gèrent des dossiers importants du village. Après quelques minutes de marche, voire de course par moment, j'arrive au centre névralgique de Kiri. Très vite, on m'explique la situation. Étant donnée la complexité de cette dernière, je ne saurai vous expliquer en détail de quoi il en retourne mais pour faire simple, il y a une attaque, des prisonniers qui s'échappent, un bordel monstre. En définitive, plein de choses bien marrantes se sont passées en mon absence. Et comme je suis un cadre du village, je me dois de bosser pour remettre les choses en ordres. Ainsi, c'est selon toute logique que les hautes instances m'envoient faire un tour aux longs tunnels du village. Là-bas je vais devoir faire ce que je fais de mieux, c'est-à-dire taper des gens. Oui, vous noterez qu'on sait appliquer le principe de réalité à Kiri. Pour preuve, on envoie qui pour chasser des prisonniers ? On envoie bibi. Les dirigeants des opérations auraient très bien pu me demander d'aller enquêter mais non ; inutile : c'est Shinichi ! Autant l'envoyer faire le sale boulot, il aime ça et c'est l'un de seuls truc qu'il fait « proprement » ! Ah ah. Enfin bref, passons.

Arrivé devant les longs tunnels, je m'arrête et sors mon sabre. Peur moi ? Non, pas du tout. Disons juste que je préfère prendre mes précautions. Je ne sais pas vous mais moi, je sens bien arriver l'embrouille par ici. Il semble en effet peu probable que les prisonniers se rendent et se laissent gentiment capturer par ma sainte personne. Nul doute même qu'ils feront preuve d'une violence inouïe pour retrouver leur bien le plus précieux : la liberté. Ceci étant, je préfère être bien armé. Au passage, notons que je ne fais aucun bruit. En temps normal, j'aurais bien gueulé quelque chose comme : « YOUHOU LES GARS, J'ARRIVE POUR VOS RENVOYER DANS VOS GEÔLES » néanmoins cette fois-ci j'évite. Je ne sais rien de ces prisonniers, si ça se trouve ils sont – très ? – dangereux et nombreux. Ce serait donc idiot et inconscient de ma part de les prévenir de ma présence. Adoptant donc un comportement plus sobre digne d'un chasseur ou d'un homme d'action, je tourne machinalement la tête de droite à gauche. Je regarde, j'analyse et je me lance !

En continuant d’avancer, je m’aperçois que plusieurs parchemins explosifs sont disposés sur les parois d’un des grands tunnels du village… Je ne suis pas une lumière mais je devine tout de suite que ça sent le roussi. A tous les coups un fêlé du bocal va sortir du fin fond du tréfonds de la soixante quatorzième dimension pour tout faire sauter. Quelques secondes passent et comme prévu un ex taulard sort d’on ne sait trop où. Cependant, contrairement à ce que j’avais supposé précédemment, il ne vient pas faire « tout sauter ». Les intentions de cet homme sont toutes autres. Celui-ci désire simplement s’en aller d’ici. Au passage, on notera que ce gueux ne cause pas très bien. En effet il a, je cite, dis : « Si tu me laisses sortir de c'tunnel, j'fais tout exploser, pigé ?! » Encore une fois je ne prétends pas être un génie néanmoins je suppose qu’il s’est gouré dans sa déclaration. Non, parce que s’il croit que je vais le laisser sortir pour qu’ensuite il fasse tout péter, il se fourre le doigt dans l’œil. Sous pression, j’hésite. Il n’a pas l’air de blaguer et je sais l’importance qu’ont ces tunnels pour notre nation. Ce sont eux qui lient Kiri au reste du monde et si réparations il doit y avoir, ces dernières sont onéreuses, bien trop onéreuses pour être envisageables à court terme. Economiquement, la destruction de ce lieu serait un drame. L’état serait obligé d’hausser les charges, les impôts et croyez-moi, j’ai tout sauf envie de raquer. L’argent c’est important.

Mes cellules grises tournent à plein régime quand soudainement, je vois le prisonnier se retourner et courir. Euh ? Sérieux ? Il me tourne le dos ? … Effaré devant une telle stupidité, je fronce les sourcils. Est-ce un piège ou bien ? … Je n’en sais trop rien mais dans tous les cas, je compte bien profiter de cette grossière erreur. Non mais je vous jure ; tourner le dos à un ennemi… D’où il sort celui-là ? Cela-dit, je ne dois pas adopter une démarche trop cavalière. De ce fait, les charges, les attaques frontales, les boosts de vitesse – même ultime – sont à oublier ! Je ne suis pas encore assez fou pour procéder de la sorte et j’ai bien conscience qu’en deux-trois mouvements, il peut activer ses sceaux et faire péter cet endroit. Par contre, je peux peut-être le tuer en un coup à distance avec mon sabre ? … Non. Là encore, c’est trop risqué. J’ai de quoi lui faire mal en très peu de temps, c’est sûr. Mais je ne suis pas à l’abri d’un imprévu. Un pas de travers, un tremblement suffirait à me faire rater mon attaque. Agissons donc autrement. Au lieu de nous concentrer sur le taulard, prêtons attentions aux tunnels. Je vais les protéger, faire en sorte que rien ne puissent leur arriver puis une fois ceci fait : BASTON.

Profitant du champ de vision restreint de celui qui sera bientôt mon adversaire – car rassurez-vous, je ne compte pas le laisser se faire la peau –, je croque le pouce de ma main gauche puis claque ma dextre ensanglantée au sol. Vous l’avez devinez, il s’agit là d’une invocation. Mais pas de n’importe laquelle, il s’agit d’Andreï ! Ou plutôt du bide de ce dernier. Les parois des routes sous-terraines gagnent désormais une sorte de « seconde peau ». Il peut ainsi tenter de faire sauter les lieux si ça lui chante, ça ne servira pas à grand-chose. L’estomac du géant Andreï fait office de protection, du moins je l’espère. Afin de ne pas en rester là, je fais mouvoir des parois d’estomac à grande vitesse afin de bloquer les mains, la tête et les jambes du fugitif. Je ne sais pas si je suis assez rapide pour l’empêcher d’activer ses sceaux, je ne sais pas si tout fonctionne comme prévu mais je tente. Advienne que pourra. Et pis … Si cela ne fonctionne pas, on peut toujours prier pour que l’estomac d’Andreï protège les tunnels, ou en tout cas empêche des éboulements de grandes ampleurs.

Spoiler:

Le glandu s’est retourné et j’en ai profité, si bien que j’ai pu invoquer mon camarade Andreï – ou du moins son bide – pour bloquer l’énergumène et protéger par la même occasion l’installation du village, c’est-à-dire le tunnel. Au final, je dois avouer que mon plan a plutôt bien fonctionné. L’homme ne peut plus bouger du fait de la gêne occasionnée par les parois muqueuses et le tunnel est indemne : j’appelle ça faire d’une pierre deux coups, ah ah. Au passage, je suis quelque peu déçu par l’ampleur des explosions. Il faut dire que je m’attendais à bien plus que ça. Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous mais moi quand on me menace de faire tout sauter je m’attends vraiment à quelque chose de spectaculaire… Comme quoi je suis un peu naïf et aurais mieux fait de pondérer les risques plus prudemment. Je me disais bien que ce gonz’ ne paraissait pas si violent … Enfin ! Dans tous les cas, le tunnel n’est plus menacé et c’est l’essentiel. Cependant je ne dois pas me reposer sur mes lauriers. En effet, bien qu’il n’y ait plus de grande menace qui pèse sur mes épaules – il a usé sa carte maîtresse et a fait péter ses parchemins alors bon, je n’ai plus rien à perdre –, je ne dois pas lui laisser le temps de se défaire de ses liens et de s’en aller. Qui sait ce qu’il peut encore faire malgré tout.

Ayant toujours mon sabre en main je compte bien profiter de son incapacité à se mouvoir et de la surprise qu’il a eu en ne voyant rien s’écrouler pour lui porter le coup fatal. C’est donc tel un rapace prêt à fondre sur sa proie que je me rue vers l’ex prisonnier. Ma vitesse est telle que le gredin est normalement surpris. Si tout fonctionne selon mon plan, mon adversaire est censé voir une sorte d’illusion d’optique. Effectivement il doit, selon toute logique, avoir la sensation de se faire transpercer par ma personne, ce qui n’est bien entendu pas le cas puisqu’au dernier moment, j’aurai légèrement modifié ma trajectoire ce qui m’aura permis de me retrouver derrière lui. A noter que tout cela n’est pas perceptible par un œil humain lambda. Seul un shinobi aux grands talents et avec une certaine réactivité – ou des dons de senseur – peut deviner la supercherie. Ne le dites à personne mais j’espère farouchement que mon opposant ne possède aucune des qualités citées précédemment. Et tout compte fait, quand bien même il les aurait, je doute qu’il puisse faire grand-chose étant donné que ma cible est immobilisée par mon invocation.

Ses chances de survie semblent infimes néanmoins je ne lui fais aucun cadeau. Je vais le plus vite possible et dès lors que je serai derrière lui – en supposant que j’y arrive et que tout se passe comme convenu –, je frapperai le plus fort possible entre les lombaires, là où ça fait mal ! De quoi mettre KO cet énergumène et lui donner un bon mal de dos pour un temps par la même occasion. Evidemment, tout cela n’est qu’hypothèse. Si ça se trouve, le principal intéressé est doué de talents shinobi et va réussir à se faire la malle en usant d’une technique de très haut rang. Qui sait ; peut-être va-t-il utiliser une armure ? Ou alors, il se peut qu’il ait un camarade qui vienne l’aider in-extremis ? Je n’en sais trop rien. Je dois avouer qu’il y a là tellement de possibilités que toutes les prendre en compte m’est impossible. Bien que je sois dans mon propre pays, je suis en quelque sorte en territoire inconnu. Cela-dit, si vous voulez mon avis, évitons de trop paniquer. Advienne que pourra comme on dit chez moi !

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