Je regardais Krystal combattre. Elle se débrouillait, franchement, je devais l’admettre. Je m’attendais surtout à une fille maladroite, qui manque, pas d’intelligence, mais de malice. Pourtant, j’avais devant moi un adversaire qui, à défaut d’utiliser le terme cruel, était vicieuse. Mais s fanfaronnade m’étonnais aussi, je voyais une jeune fille souriante, qui parlait beaucoup. C’était dérangeant et j’espérais que ce n’était pas l’emportement dans le combat qui la faisait parler ainsi. Dans l’avenir, ça pouvait devenir une nuisance pour elle. Je me décidais enfin à me lever et me diriger vers le balcon du Raïkage, Onpu sur mes talons. Il s’était remis de l’échange, mais la vérité, c’est que je doutais de lui. Qu’est-ce que ces hommes ont bien pu lui faire ? Ils pouvaient en faire une source d’informations. C’est pourquoi je l’avais mis dans le secret de cette rencontre : ces informations ne seraient connues d’un nombre de personnes tenant sur les doigts de ma main. Un fuite serait facile à identifier.

Au regard inquisiteur et à la remarque moqueuse, je me contentais de sourire en coin. Il me présenta la Habashi et je me contentais de sourire largement, partageant un regard avec la femme, peut-être à sens unique, mais qui me rappelait de bons souvenirs. Une femme étrange, un étrange mélange de soumission et d’idéalisme, à moins que ce ne fut de la fourberie au second degré. Le genre de personne que j’appréciais au final.

- « Les installations sont satisfaisantes, Kenji. C’est du sable aux yeux, pour mettre l’expression dans son contexte. Je vous présente Myakudou On’. C’est lui qui a insisté pour venir, il semblerait que nos seconds se connaissent. On pourrait craindre un complot. »

À ces mots, je ris en frottant mes mains, conscient que la blague était étonnamment possible, mais que Kenji et moi devions avoir une confiance certaine en nos seconds. Une confiance qui pouvait s’avérer fatale à la moindre erreur de notre part. De toute façon, ce n’est pas le sujet de la conversation. À sa question sur le masque blanc, je fis un large sourire en le regardant.

- « Comme vous l’avez dit, Kenji, c’était il y a une semaine. C’est le rôle de Kuroi de vous tenir au courant, je savais qu’il le ferait et que nous en parlerions à haute voix. D’ailleurs, c’est une des raisons de la présence d’On’, il a eu affaire à eux par le passé et pourra vous faire une description de l’homme plus en détails. »

Je désignais mon second, d’un geste vague. Je préférais le laisser parler avant d’entamer tout autre sujet, voir ce qu’il avait à dire et voir ce que je devais dire. L’attitude de Kenji était toujours aussi méprisante devant le moindre de ses subalternes. Il était certainement un bon chef. Si j’avais sacrifié On’, il aurait probablement la même remarque.

- « Pour moi, ce sont des Nukenins. Comme nous tentons de s’opposer à Makka, il faut avoir les yeux braqués sur eux. Alors, je me demandais si vous aviez rencontré des problèmes de la sorte des « Masques Blancs » ou entendu parler d’eux avant ? Je pense que non ? J’imagine que vous n’avez pas d’informations à ce sujet à partager ? »

À ces derniers mots, je souriais en coin. J’avais bien conscience que Kenji avait gagné la guerre, je le savais. Mais ses spectacles publics du dominant m’amusaient et me donnaient envie d’y participer. Ma simple question était un rappel : Suna a certainement gagné la guerre et est avantagée, mais sur le coup des Masques en Blancs, elle n’était pas mieux placée que nous et au contraire, il espérait nos lumières. Je me tournais vers On’, soucieux de l’écouter et voir ce qu’il dirait au Kazekage.

[Edit : Je tiens à m'excuser, Kenji a pris la peine de mettre un ordre de post et j'ai pas vu. Y'a pas d'excuse pour ça. C'est jsute moi qui est fait une connerie. Je sais pas si On' veut poster avant Zanshi. Vraiment désolé.]

J’écoutais Zanshi parler des Nukenins et de la manière de traiter avec eux et je ne pus m’empêcher de sourire. Un Village qui traite avec les Nukenins ? Ça ne me posait pas problème, ça nous offrait au contraire des avantages. Comme pouvoir agir avec eux sans nous faire taxer de le faire uniquement parce que nous étions une Grande Nation. Il me parlait d’avantage, de fierté, d’images, mais est-ce qu’ils oubliaient que eux, plus que quelconque Village, avait été des Nukenins et des assassins, n’hésitant pas à poignarder leurs différents Kazekages, capturer des délégations. Pas étonnant que Kenji soit aussi soucieux de son image. La remarque sur Kuroi m’amusa : personne au monde n’aurait pu prévoir cette négociation. On’ répondit très bien, sans faire remarquer que la décision avait été prise par les gens de Konoha. Il valait mieux ne pas en parler, même si j’en avais envie, sinon, Kenji parlerait de l’importance de prendre ses responsabilités ou Zanshi alors que c’était tout l’inverse en vérité : il était temps que les Konohajins prennent les leurs.

Kenji finit par avouer son manque de connaissance au sujet des Masques Blancs. Je hochais la tête, sans sourire cette fois, non seulement parce que pour une fois, il avouait être en retard, mais aussi parce qu’il avouait volontiers que le problème des Masques Blancs étaient dérangeants. Je les laissais parler, restant silencieux pour une fois et écoutant. La question d’Ame vint sur la table, celle des Kirijins aussi. Quand Kenji posa sa question et On’ y répondit, je me contentais de hausser les épaules et de sourire en coin.

- « À Ame no Kuni, c’était une question de nécessité, Kenji. Pas militaire, c’était un choix… Moral, si on peut le dire. »

Je me doutais que d’entendre ces mots dans ma bouche en surprendrait plus d’un. Je me contentais de sourire en coin plus bêtement, retenant un petit rire. Je me retournais vers On’ qui ne semblait pas aller. Je regardais rapidement autour, avant de froncer les sourcils. Il y avait plusieurs hypothèses et inquiétudes. Je me contentais de m’avancer un peu sur mon banc, pour pouvoir parler et laisser On’ se reprendre ou faire ce qu’il fallait faire.

- « Makka pose problème, c’est un fait. Vous nous demandez de vider nos forces pour la vaincre… Soit, je considère que c’est en accord avec nos termes de reddition. Cependant, je doute que ce soit une bonne idée. Les Masques Blancs, l’An’Tei, Kiri ou Kumo pourraient en profiter largement, c’est exactement leur manière de faire. Ils nous laissent nous occuper d’un problème qui n’est pas encore le leur puisque Makka les ignore, puis ils frappent. Je ne leur en tient pas rigueur, mais il faut s’en prévenir… »

Je jetais un regard en coin vers On’, pour m’assurer qu’il allait bien. Mon ancien élève avait toujours été en contrôle, quand il ne l’était pas, il agissait pour. Cette fois, dans ses traits, je voyais des crispations du visage qui m’indiquait la douleur. Pendant un instant, je me demandais si je ne devrais pas le faire sortir, compte tenu de ce que les Masques Blancs avaient pu faire. C’était la raison de sa présence ici. Je me retournais vers Kenji.

- « Une Alliance avec les 4 Villages Cachés est une chose dangereuse. Trop. J’aimerais rencontrer Kumo, avec votre permission, bien sûr, au sujet des relations que ce Village considèrent avec le nôtre, étant donné notre récente… « affiliation » à Suna, son allié de toujours. Je dois aussi aller voir à Kiri comment ils considèrent notre présence sous votre jouc, vous, des alliés de leur ennemi Kumo. »

En demandant la permission et en disant le mot « affiliation », j’avais eu un ton légèrement ironique. Je savais qu’il y aurait de l’emportement. Aller voir Kumo, avec le changement de Kage, c’était ouvrir la possibilité à une trahison de Konoha. Même chose avec Kiri, mais il fallait admettre qu’en tant que « colonie » de Suna, nous nous retrouvions dans une situation particulière où nous pourrions subir les conséquences des ennemis de Suna. Je pris une courte inspiration avant de continuer.

- « Kiri est belliqueuse, contrairement aux autres Villages, ils cherchent à prouver leur suprématie. Ils n’hésiteront pas à trahir, selon moi, pour le faire. Néanmoins, le Pays de la Cendre est excessivement près de Kiri et de Kumo. Il faut être fixé avant de s’y risquer. Si nous devons nous allier aux autres Villages, je le ferai, mais sachez que c’est un accord qui ne durera que le temps de cette guerre. Je trouve dangereux de vivre dans une telle Alliance et ce sera un avilissement de chacun au fil du temps. »

En reprenant les mots de Kenji, je ne pouvais m’empêcher de me relever et faire des guillemets sur le bord de ma tête. Néanmoins, il n’y avait pas de ton ironique, pas de moquerie, seulement un certain intérêt que mes plus proches collaborateurs auraient pu rapprocher de celle que j’avais dans un laboratoire. Il restait d’autres détails, mais les soudains problèmes de On’ me rendait inquiet et je préférais ne pas trop parler. Si les Masques Blancs écoutaient, ils sauraient que Kiri tenterait de conquérir un territoire neutre. Ils devraient choisir et l’organisation ne devait pas être immense en termes de nombre.

- « Tant qu’à savoir comment tuer Makka…J’aimerais avoir un minimum d’informations. Ne pas nous en parler ne fait qu’éveiller la méfiance. Sachez, Kenji, que jusqu’à maintenant, j’ai tenu parole et que Makka est une cible prioritaire, même si je me lance dans ce combat avec moins de… moi-même. »

C’était vrai. Je ne m’opposais pas spécialement aux organisations Nukenin, mais Makka visait tout simplement la destruction. Normalement, je ne m’en serais pas préoccupé, au contraire, j’aurais observé la réaction du monde et me serait assuré ma survie. Cependant, mon titre d’Hokage exigeait que je prenne quelques positions, comme si elles étaient les miennes. Makka devenait une question de survie, pas jsute une nuisance, et, en tant que tel, il fallait s’en débarrasser. Mais pour le moment, l'endroit ne se prêtait pas aux détails.

La réponse ne tarda pas à venir. L’attention du Kazekage semblait aller en diminuant, il gardait un œil et une oreille dans la rencontre, mais manifestait son désintérêt. Avec cet homme, ce Kazekage, il était difficile d’évaluer le regard qu’il portait sur les autres. Il semblait avoir un désintérêt pour tous ce qui touchait à autre chose de Makka. C’était pour moi une attitude dérangeante, même si je riais de ma propre irritation à ce propos. J’ignorais toujours si Kenji était un homme sage ou un obsédé traumatisé. Néanmoins, la question sur Kumo sembla attira son attention. Il sembla juger bon de préciser la situation. Comme lui, je savais que Kumo avait changé, un changement de dirigeant est un changement jusque dans les os pour un Village.

Lui aussi était persuadé que les forces de Makka se disperseraient. C’était possible et probable. Pourtant, je doutais que nous ne verrions pas ces troupes resurgir avec d’autres groupes Nukenins. Le commentaire sur ma concentration m’arracha un sourire. Je me penchais, légèrement, vers l’avant, arrachant mon dos au dossier de quelques centimètres.

- « Si nous en sommes à la franchise jusqu’à faire des paris sur la chute de Konoha, je tiens à être franc aussi. L’accord pour la neutralisation de Makka n’est pas uniquement une question d’accord, c’est un service que Konoha se rend à lui-même, si ça peut vous rassurez, Kazekage. De plus, si ma concentration vous inquiète, rassurez-vous à nouveau. »

Je me retournais, alors que j’allais continuer, sourire beaucoup trop large pour être honnête. Mais comme Kenji, On’ venait d’attirer mon attention. Je fronçais les sourcils en comprenant rapidement sur quel organe se situait son problème. Alors que Kenji tendait déjà la main vers lui, j’étais en pleine observation scientifique. Il s’écoula moins de une seconde. Quand je vis On’ se lever précipitamment, je me relevais à moitié sur ma chaise, les mains s’arrêtant dans un mûdras à moitié fini. Il sembla se calmer, assez pour que je m’assois de nouveau et dépose mes mains dans une autre position. Les spectateurs voisins les plus attentifs jetaient des regards curieux vers nous.

Je laissais mon second s’expliquer et s’éloigner rapidement. La dénommée Zanshi ne tarda pas à se lever, sans donner de véritable explication sur son départ sinon l’envie. Je me tournais lentement vers Kenji, un peu interloqué par l’étrange situation. L’un et l’autre, sans nos seconds, nous retrouvions seuls. Je me contentais de laisser le silence se faire avant de sourire lentement. On dirait que, finalement, Kenji faisait beaucoup de poudre aux yeux avec la perfection respectueuse de ses troupes. La seule différence avec sa situation, c’est que jamais je n’avais eu la volonté de montrer cette image. Je pointais vaguement le combat en cours

- « Je pense que ce combat a été remporté par Konoha. »

Le ton était moqueur, mais aussi ironique. Aucun des deux ne se faisait d’illusion : les vainqueurs de cette Examen le faisaient par orgueil. Que Suna les remporte tous ou Konoha, la situation resterait la même. Les applaudissements fusèrent rapidement. Nous devions attendre que tout cela se calme avant de reprendre la parole de manière à entendre l'autre. Il s’écoula presque une minute avant que nous ne puissions parler.

- « Il va falloir parler de ce que vous prévoyez sur la méthode technique pour Makka. D'ailleurs, si vous préférez un endroit plus intime... De plus, le Daimyô va commencer à vouloir réagir au sujet de Konoha… J’ignore comment vous voudrez procéder, mais, de mon côté, même sans votre domination officielle, l’accord tient toujours. »

Je me contentais de hocher la tête, avec un léger balancement du corps. Je jetais un regard vers lui, d’abord court et en coin, avant de le fixer, peut-être un peu trop sérieusement comparativement à l’ambiance presque joueuse depuis le début de cette rencontre.

- « Je n’ai pas vraiment de raison personnelle de détester Makka, contrairement à vous. Normalement, j’aurais ignoré ce genre de femme, mais elle fait partie de l’équation. La responsabilité d’un Kage est d’accepter le calcul. Elle fait simplement l’erreur d’oublier qu’elle est une partie de l’équation. Je me demande seulement… Avec votre haine à son encontre, est-ce que vous réalisez que vous en faites partis aussi ou, comme elle, vous avez des œillères ? Au fond, rien ne justifie notre position, sinon la volonté de la faire valoir. Je vais rencontrer Kumo. Si possible, j’aimerais qu’un Konohajin vous accompagne à Kiri. Les Masques Blancs demandent des réponses que Konoha, en même temps que vous, pourront obtenir. Nous ferons d’une pierre deux coups. »

Je pris une inspiration puis regarda l’arène maintenant vide. La voix, contrairement aux restes de la discussion, n'était pas pleine de sous-entendues et de pics plus ou moins subtils typiques de la politique. Probablement que Kenji maugréait mentalement quelques insultes, encore une fois, des mots méprisants, peut-être contenait-il sa rage en croyant que je lui manquais de respect. Je me tournais de nouveau vers lui, l’instant sérieux, presque inappropriés, voir intime, venait de se terminer avec un sourire d’apparence. Après tout, il y avait une galerie à épater.

Son nom sonna comme un claquement de fouet à mes oreilles. Je passais rapidement la langue sur mes lèvres. Il en avait assez de ce petit jeu. Je me tournais vers le centre de la Ruche, cessant de lui faire face. Je regardais autant lui que la fin des préparations. Le commentaire sur le Daimyo m’arracha un sourire en coin qui accompagna mon hochement de tête. Il ne comprenait pas sa situation. Il oubliait que l’alliance de nos Villages aurait pu se terminer par son sang sur le tapis du bureau de Nikkou, mais que nous lui avions proposés cet accord par soucis à l’encontre de Makka. Il oubliait aussi que peu importe les dégâts qu’il ferait à Konoha, le territoire resterait intenable pour lui et que le Daimyo pourrait faire voler en éclat l’utilité de cette alliance. S’il savait à quel point il m’arrangerait en s’en mêlant.

- « Dans ce cas, Kazekage, je serai silencieux comme un tombe au sujet de mes « plaintes ». »

L’utilisation du mot « tombe » m’amusa alors que je passais la langue sur mes lèvres en les pinçant. J’espérais que mon sourire passerait pour crisper ou pincé plutôt que véritablement amusé par ce jeu de mots ridicules. Il parlait de plaintes ? Si le Daimyo venait, ce n’est pas Konoha qui en souffrirait le plus, mais bien Suna et, accessoirement, les troupes du Seigneur du Feu. Rien qui ne concerne les Shinobis de Konoha. Rien qui ne me concerne moi. Je tiens mes accords, mais c’est le Conseil qui doit rendre des comptes au Daimyo… Mais quel Conseil. Je fis rapidement taire mes quelques réflexions pour m’adresser à lui.

- « Je vous ferai mon rapport sur Kumo. Je ferai un rapport utile à Suna. »

Ces mots étaient accompagnés d’un hochement de tête, sans sourire, avec sérieux. Ce point faisait partie de notre accord en quelque sorte, même s’il avait fait voler en éclat les maigres excuses du Kazekage. À son commentaire sur les « où il pouvait aller », je me contentais de le fixer en penchant la tête de côté, puis le regarder partir. Je me retournais vers l’arène. Je n’avais pas beaucoup plus d’éléments sur les actions de Suna au sujet de Makka, mais j’en avais largement sur d’autres points. Finalement, cette rencontre avait été plus profitable que prévue. Je me relevais, alors que la foule s’excitait pour le prochain match. Le Kazekage avait tout de l’homme que je pensais voir en lui. Mes théories étaient fondées. Il y avait fort à faire : rencontrer Kuroi, Onpu, Kenzaku, Aku, le nouveau Raïkage, préparer les Konohajins pour Kiri, le Temple, le Clan Sabakyô. Il allait falloir entrer dans la deuxième phase de l’expérience.

[Parce que j’aime clôturer.]