Il c’était écoulé quelques jours depuis la nouvelle et les changements. J’avais donné des directives bien précises à Iji au sujet du Laboratoire. Chaque synthèse, chaque analyse et chaque appareil avait été neutralisées selon un protocole bien précis. Il fallait ensuite nettoyer les appareils de fond en comble et les envoyer en différentes pièces dans les différents départements de l’Hôpital de manière à passer inaperçu. Un montage pour les analyses dans la section qui couvrait le Laboratoire, des pièces pour la synthèse dans celle pour la production des médicaments et antidotes, les tables d’autopsie dans la partie appropriée. Après plus de 48 heures à m’occuper du chaos provoqué par le changement brutal, j’avais pu m’éclipser. Au lieu d’aller me reposer, j’avais pris un stimulant pour rejeter le sommeil et j’avais relevé les manches pour terminer avec Iji. Les manches de chemise remontées, les deux pieds dans les cuves, nous avons frotté.

En sortant, je savais que les gens se poseraient des questions sur mes heures d’absence, mais je ne pensais pas que le phénomène allait prendre cette ampleur. J’avais dû repousser les questions et me contenter de répondre aux leurs. Après quelques heures de cette méthode, on avait fait fi de mon absence pour s’occuper de leurs soucis. Après presque 12 heures, j’étais épuisé par ma veille de près de 36 heures. Cependant, j’attendais, dans le bureau enfin silencieux. Nikkou était partout sur les murs, dans le mobilier. Pour chasser ce sentiment, je sortis ma pipe et l’alluma, dessinant sur un bout de formulaire maintenant inutile des molécules. C’était simple et déjà vu, mais ça me détendait. En vérité, j’attendais que On’ réponde à l’appel des hommes qui le cherchaient.

Il se faisait assez tard pour que, malgré l’été, le ciel s’assombrissent et prennent une teinte orange tendant vers le sombre. Ma pipe s’était éteinte depuis longtemps, je mâchouillais le bout pour goûter le tabac sucré. Je la rallumais alors qu’on cogna à ma porte. Je me contentais de lâcher un « Entrez » nonchalant, plus préoccupé par le fait de bien allumer le tabac dans le fourneau que par la présence de l’individu. Quand on ouvrit la porte, je vis On’ dans l’embrasure. Je me contentais de sourire bêtement en lui faisant signe d’entrer.

- « Alors… Tu n’es pas trop occupé ? Parce que je m’apprête à te rendre ta liberté. »

En disant cela, la porte se referma derrière lui. L’air de la pièce était légèrement opaque à cause de la fumée. Je me contentais de me lever et d’ouvrir la fenêtre pour laisser s’échapper la pollution. Légèrement entrouverte, on pouvait voir la fumer s’engouffrer dans l’ouverture à cause de la lumière des lampes à l’huile et du soleil couchant. Je me retournais vers lui, prêt à répondre à ses questions, sans lui proposer de s’assoir.

La sculpture ne verrait jamais le jour. On avait toujours préparé des masses informes de pierre pour rapidement effectuer l’image de l’Hokage à venir. Avec Suna, les changements dans l’administration du Village et ma volonté de m’y refuser, je doutais fortement que mon visage difforme se retrouve parmi les Hokages du passé. Miyu : le visage était dur et fermé, contrastant avec la douceur de ses traits. Nami : le visage long, mais incroyablement plus féminin, presque invitant. Nikkou : avec beaucoup plus de défauts qui le rendaient plus réel, il ne parvenait pas à avoir l’air sévère, on aurait qu’il était vivant. Aux commentaires sur la fumée, je ne pus m’empêcher de rire. Je me contentais de lever les sourcils, ma pipe dans ma main, écartant les bras.

- « Il fumait ? Je ne savais pas. Sinon, pour te la liberté, tu te l’es enlevé toi-même, d’où ma générosité de te la rendre. »

Je regardais On’ faire un rapide tour du bureau. Nikkou était très classique, moi je me contenterais de changer tout cela. Il n’y aurait rien du magnifique bois, des étagères ou du tapis. Il y aurait le parquet, probablement usé par les années, des tablettes de métal contre le mur et de simple table le long des murs. Si j’avais de la chance, j’aurais quelques appareils pour mes travaux. Qui sait ? Peut-être réussirais-je un jour à amener une bombonne de propane pour un brûleur.

- « Responsable ? Ne te méprends pas, j’étais juste un peu occupé. Il reste une chose cependant, Hokage est un excellent poste d’observation et j’aimes observer. »

Je me contentais de sourire largement, avant de me retourner et déposer la pipe fumante sur le rebord de la fenêtre. Déjà, l’air était moins lourd de l’odeur du tabac. J’eus un léger balancement involontaire du corps en faisant le tour du bureau. Je posais mon fessier sur celui-ci, toujours debout, à observer On’ avant de me décider à parler.

- « Tu te souviens lorsque Kaya t’as frapper la tête contre un comptoir et t’as laissé ramassé ? Tu as tout simplement ramassé, sans rien dire, je me demande encore si c’était l’hébétement du choc. »

En disant cela, je souriais en coin. Kaya, cette ancienne élève, je m’en étais débarrassé en séparant l’équipe. Elle était devenu si sans intérêt que je ne savais même plus ce qu’elle était devenue. Ce souvenir me rappela l’époque de Nyuuwa et, étrangement, l’idée de retourner à ma maison vide me serra un bref instant les tripes. Je pris une inspiration avant de parler.

- « La RACINE est dissoute. Vous n’existez plus officiellement. En fait, On’, tu en es le chef. Mais comprend moi bien, je ne parle pas d’un gérant, mais d’un chef. Tu décideras ce que tu veux en faire, quand tu veux le faire, comment tu veux le faire, tu décides si tu m’avertis ou pas. Il n’y a que deux conditions. L’expérience m’a appris que tu étais doué, capable d’assumer, d’apprendre de tes erreurs et que tu reconnais la valeur de Konoha, ni plus, ni moins. »

Je le fixais en souriant bêtement, à la manière des vendeurs, beaucoup trop largement pour être honnête. Mes cicatrices donnaient toujours un aspect maladroit ou exagéré à mes expressions, au fil des années, en jouer était devenu aussi naturel que mon visage d’origine. Un air de débile profond pourrait dire certains, mais, en attendant, malgré les années de ces avis, je ne m’intéressais pas plus aux vrais imbéciles.

Onpu avait compris rapidement. Je hochais la tête en l’écoutant. L’effort de chimie me fit sourire en hochant la tête. Électron de valence, c’était bien le terme approprié. La liberté de déformer et de se placer où l’on veut. Parfois, de polymériser la chose. J’eus un haussement de sourcils face à ses inquiétudes, signifiant que j’y avais bien pensé moi aussi. Je me contentais de hocher la tête. Je me contentais de lever un doigt, l’index, et de rester silencieux pendant quelques secondes.

- « D’où ma condition… Tu seras le chef, mais il n’y en aura pas de prochain sans mon accord. Tu pourras certainement me soumettre des noms, mais ce sera moins qui aura le dernier mot. Vous serez dans une position de liberté totale ou presque, à la limite, vous pourriez œuvrer contre un Hokage. Mais il est hors de question que je laisse faire pour des raisons personnelles. Je ne vais pas financer une garde privée, la personne qui en veut une n’a qu’à payer d’elle-même. »

Je laissais retomber ma main. Je le laissais rapidement prendre conscience des limites qu’imposait ma condition. Si la RACINE ne se trouvait avec aucun candidat pour mener l’expérience après le départ d’On’, ce serait la dissolution pure et simple, car il serait le plus apte à décider de qui n’allait pas profiter de la situation, le plus apte à décider s’il fournit les listes, mais surtout à ne pas gaffer.

- « De toute façon, le Conseil était déjà une mafia. La paix était pour eux une manière de faire engranger plus d’argent. La paix signifiait pour eux la perpétuité économique. Tu n’as jamais trouvé étrange que les membres du Conseil soient des membres de familles importantes qui, pour la plupart, ont tous un secteur important dans le marché ? On ne peut pas gérer un Village Caché comme une plateforme économique. »

Je souris en lui faisant un clin d’œil, avant de simplement me redresser et faire le tour du bureau. Je regardais un peu les rapports qui devraient disparaître bientôt. Les missions ne seraient plus gérer uniquement pour l’argent, mais à des fins utiles. Certainement que nous devrions continuer à protéger nos intérêts, pour de l’argent ou je ne sais quoi encore, mais ce serait des outils à nos buts, pas des fins en eux-mêmes.

- « L’autre raison… C’est Suna. Je vais tenir mon accord avec Kenji. Ils ont gagné, nous avons perdu, nous sommes quasiment une dépendance de Suna et la mort de Makka nous sera bénéfique. Mais il ne faut pas qu’il est une main mise sur Konoha plus que nécessaire, d’où l’importance de garder un électron de valence en dehors de leur verre de Petri. Alors si tu acceptes, je te conseille d’y penser, ensuite, il va me falloir des noms de ceux que tu gardes et gérer la question « budget ». »

Je le regardais une dernière fois, un léger mouvement involontaire du corps vers l’arrière me donna un air étrangement incertain quand je posais le bout des doigts sur le bureau. Le reste allait se faire dans les jours suivants, je lui donnerais quelques tuyaux sur les méthodes de camouflages « administratifs ». Il y aurait une baisse majeure des effectifs dans la RACINE, plus ténu, mais plus libre.

[Grosso modo, le reste se fera HRP. On ne va pas entrer dans les détails. Si tu veux des conseils pour le InRP budget, on fera ça autrement. Pour les effectifs, considère que tous ceux qui sont non joueurs sont virés et dans l’ANBU.]