Les roulettes des chariots sur le lino dans le couloir, le son des draps manipulés par les doigts agiles des infirmières... pas besoin d'ouvrir les yeux, Onpu savait où il était.

Ébloui par la blancheur de la chambre d'hôpital dans laquelle il s'éveillait péniblement, ses mains se déplacèrent naturellement vers son visage maculé de cicatrices pour jauger le désastre. L'une d'entre elles s'était rouverte et lui procurait une vive douleur.

Il remarqua la présence de Maïka, adossée près de la porte.

- Ça fait... longtemps que je suis là ?

- Un peu plus de deux heures, répondit-elle sèchement en regardant ailleurs.

Tant mieux, se dit-il. Cela faisait ça de moins à rattraper.
Avait-on encore perturbé sa mémoire ? Il avait du mal à se rappeler des instants précédant son inconscience.

- Qui m'a amené là ?

- Seitô.

- Ah... ça me revient maintenant.

Le contexte était devenu clair dans son esprit, mais le bref affrontement qui l'avait mis dans cet état ne lui revenait que par bribes. Il se souvint avoir été projeté contre un arbre, d'un assaut au kunai.

- On essayait juste de...

- Je sais. Il nous a raconté.

L'espace d'un instant, il s'imagina ce que le personnel avait du penser en le voyant arriver à l'hôpital dans les bras de Seitô. Une tentative d'assassinat, peut-être ? Ils n'étaient pas loin de la réalité.

- Ne le prends pas mal, mais je pense que tu devrais continuer ta rééducation auprès de quelqu'un de plus fiable.

- Ha, et c'est qui qu'avait raison?

- Quand tu m'en avais parlé il n'avait jamais été question de te mettre en danger de mort dés le premier jour.

Il soupira.

- Je sais... sur le moment j'étais convaincu. Il m'avait parlé de neuropsycho, prétextant qu'en mettant mon corps en situation ça permettrait de régénérer ma mémoire musculaire.

- Eh ben, ça a l'air d'avoir marché du tonnerre ! S'exclama-t-elle mi figue mi raisin.

On' dut admettre qu'elle avait raison. Non seulement il n'avait pas été capable d'échapper au Sabakyô, mais aucun souvenir ne lui était revenu.
En l'attaquant ainsi, Seitô avait cherché à reproduire un combat passé que l'on lui avait raconté. Il ignorait sans doute que ce n'était pas son adversaire mais bel et bien Onpu lui-même qui s'était gravé ses cicatrices.

- Natsuki nous a invité à manger, sinon. Dés que tu sera sur pied, il faudra lui répondre.

- Euh... c'est noté.

Natsuki, Natsuki... ah oui, l'intendant tatoué cancéreux de la Racine.
Diable, que c'était le bazar dans cette tête...

Aku

Il m’énerve. Franchement. Il est toujours occupé, et jamais là pour moi. C’est nul, moi aussi je veux un peu le voir quoi. Que se passe-t-il ? Il y a que depuis la dernière fois, où j’ai du quitté Konoha, je n’ai plus revu On’. Ouais, ça fait tant de temps que ça. Ce qui veut dire que je ne l’ai plus vu depuis… presque quatre ans. Ouaip, rien que ça. C’est simple, j’avais douze ans la dernière fois… et maintenant, j’en avais presque seize. Qu’est-ce que le temps passe vite… mais l’envie de le revoir devenait de plus en plus forte.

Depuis mon retour, je n’ai pas eu une seule fois l’occasion de le revoir. Tout d’abord, il était de voyage pour la réunion des Kage, puis il a disparu… et maintenant, il était enfin de retour, mais apparemment très occupé. Je n’ai jamais pu le voir encore. Sauf que cette fois, je comptais bien lui faire une surprise digne de ce nom !

Eh oui, j’avais enfin trouvé l’occasion pour le rencontrer. Il paraît qu’il était à l’hôpital pour quelques temps, dans la chambre 38. Pourquoi ? Comment ? Je n’en avais aucune idée. Je savais juste que ses jours n’étaient absolument pas en danger. C’est le principal…

Arrivé près de la porte de la chambre, j’entendis des voix familières, dont une qui semblait bien dominer la discussion. Maïka… elle était là aussi. Le pauvre. Pas simple de se reposer avec elle. C’est que malgré tout, elle fait peur sa copine. Enfin, c’était sûrement plus depuis le temps… tant que je n’ai pas raté leur mariage, ça me va. Pour rien au monde je ne souhaiterais rater ça.

Curieux, j’écoutais la discussion, accolé au mur, à l’extérieur de la chambre. Curieux… toujours. Et dans leur discussion, il y avait des mots qui ressortaient… et qui m’interpellèrent. Rééducation… ? Mémoire musculaire ? Bon sang, mais de quoi ils parlent ?

Inspirant légèrement… je fis mon entrée. Fracassante, comme à mon habitude, faisant bien claquer la porte sur le mur.

Enfin, je te tiens !

C’était le cas de le dire ! Depuis le temps que je n’attends que ça !

Bonjour Maïka, ça faisait longtemps, ravi de te revoir ! J’suis venu pour voir le grand malade dans son lit d’hôpital. Je peux ?

Toujours être poli avec Maïka. C’était la base de la survie. Elle fait bien plus peur que le Hokage lui-même… Néanmoins, sans attendre sa réponse, je m'avançais...

Suite à ça, je me retournais vers lui. Il était un peu amoché en effet. C’est cette “rééducation” qui se serait mal passée… ? Je ne comprenais pas trop, ce qu’il se passait, mais… j’étais content de le revoir. Un peu ému même… les larmes me montèrent bien assez vite à l’oeil. Et… vous connaissez la suite j’imagine.

… Tu… Tu m’as trop manqué… !!

Et voilà que je m’effondre sur lui, en pleurant. Ce n’est pas l’âge qui me changera… oh ça, non. Même vieux crouton, je restais le même.

Bien entendu, j’ai fait attention à ne pas me jeter complètement sur lui… il était blessé quand même, je devais faire attention. Néanmoins, il était là. Mon plus grand idole était de retour…

J’ai tellement de choses à te raconter en plus !

Oh ça, oui. Je pourrais passer la nuit à lui raconter ce qu'il s'est passé durant ces quatre dernières années, et tout lui expliquer. Et lui aussi j'imagine ! Ce n'est pas comme s'il était juste passé Hokage le filou, dans mon dos en plus !