Le soleil décline lentement dans le ciel tandis que j’erre sans but dans les rues animé du village caché de la feuille. Soupirant à tout va mon regard se déplace de commerce en commerce. Je ne cherche rien de particulier, en fait je viens tout juste de m’enfuir de chez moi. Donc actuellement je me demande que faire. Rentrer ? Non. Il vaudrait mieux que je me pose quelque part où je pourrais passer la nuit tranquillement. Je ne veux personne autour de moi, de préférence si je suis seule c’est parfait. J’ai vécus 18 ans dans une famille que j’ai toujours considérée comme ma famille biologique. Et aujourd’hui sur un coup de tête mon frère me sort que j’ai été adoptée à ma naissance ? Mais pourquoi ais-je enduré toute ces souffrances alors ? Je me suis accrochée à l’espoir que j’étais leur fille, que j’étais un membre à part de cette famille. C’est la seule raison pour laquelle j’ai laissé ma « mère » me frapper sans jamais rien dire et ma sœur se moquer de moi. Mais les faits sont là. Je ne suis pas obligée de le croire, certes, mais en même temps cela paraît tellement logique. Pourquoi ma mère me détesterais tant que ça sinon ? Et pourquoi aurait-elle tant chouchouté ma sœur ? Intérieurement je me sens totalement perdue et abandonnée. Des larmes de frustration et de désespoir coulent le long de mes joues. Alors que je suis totalement perdue dans un quartier que je connais absolument pas des hommes m’accostent, le sourire aux lèvres.

« Hé petite ! T’as l’air de drôlement déprimer ! Viens donc t’amuser avec nous, on va te remonter le moral tu vas voir. »

Levant vers eux un regard vide d’énergie je n’essaye même pas de réfléchir avant d’accepter la proposition. J’ai besoin de me détendre et de me changer les idées et ces hommes ont l’air tout à fait capable de me divertir. Serrant mon sac à doc contenants mon kit de survie je les suis dans un bar. Nous nous asseyons autour d’une table et ils me payent à boire. Bien sûr pas de la grenadine hein, de l’alcool ! Une fille pas alcoolisée ce n’est pas amusant, ça ne fait pas tout ce qu’on lui demande. Je me laisse servir et bois avec eux. A mon grand étonnement ils ne me posent aucune question autre que mon nom et mon âge. Si, ils me demandent aussi si je suis une ninja. Mais ils ne me demandent rien d’autre, rien de réellement personnel. Je porte un chemisier blanc actuellement fermé jusqu’en haut dont j’ai remonté les manches. Il fait plutôt frais cette nuit mais je ne suis pas frileuse et j’aime bien le froid. Je n’ai que ça en haut, en bas je porte une jupe fendue sur le côté. Lorsque je suis partie de chez moi je me suis changée, me mettant dans la tête que cette fugue avait pour but qu’on ne puisse pas me retrouver. Je ne m’étais pas maquillée, jugeant que de tels habits étaient suffisants. Je me mets à boire un verre, puis deux, puis trois. Je commence à avoir chaud et ouvre les premiers boutons de mon chemisier. Ces hommes commencent eux aussi à être plutôt bourrés et racontent un peu n’importe quoi. Je ne sais même plus comment j’en suis arrivée là mais pour l’instant le rire est revenu est mes larmes sont parties, n’est ce pas ce que je cherchais ? Mais alors que je n’ai plus réellement conscience de ce que je fais une personne que je connais entre dans mon champ de vision. Je suis certes un peu saoul mais mes yeux s’écarquillent lorsque je le reconnais.

« Shingen-kun… ? »

J’avais peur d’avoir confondu cet homme avec mon nouvel ami, Shingen, mais lorsqu’il tourna la tête le doute qui imprégnait mon esprit se dissipa. Néanmoins je restais dans un petit flou du fait de ma dose d’alcool par litre de sang. Je dois avouer que sur ce coup-là je n’avais pas vraiment fait attention à ma consommation et m’étais laissée aller. En même temps on venait tout juste de m’apprendre que j’étais adoptée et qu’en plus de ça je n’avais jamais été désirée ! C’était contre leur grès que mes parents m’avaient élevé jusque-là. Je n’étais vraiment qu’une bonne à rien. A cette pensée je me permets de descendre un autre verre d’alcool sous le regard plutôt impressionné de mes compagnons de beuverie. Alors que je continue de boire jusqu’à ce que ma vision se trouble je remarque que Shingen-kun s’est approché de moi. Je lève mes yeux bleus à demis fermés vers lui. Il semble irrité de me voir dans un tel état. Il s’était rapproché très près, comme s’il avait peur que je me casse la figure. Cette attention me faire rire, il faut dire qu’actuellement je n’ai plus toute ma tête. Il me propose de me ramener chez moi. Ces deux mots me font tiquer. Mais où est-ce, chez moi ? Ma tristesse a fait place à de la colère et une montée d’orgueil. Si j’ai été adoptée, à quoi bon continuer d’endurer de telles souffrances ? Je ramène mon sac vers moi avant de poser de l’argent sur la table pour payer mes boissons et me tourne vers Shingen, l’air irritée.

« Si tel est ton souhait je m’en vais donc de ce bar, mais je ne rentrerais pas chez moi. Et puis après tout, où suis-je chez moi ? Certainement pas dans ce grand domaine Nara bâti sur du mensonge et de l’égoïsme ! »

Déçue et au bord des larmes je prends mon sac contenant quelques affaires et me dirige vers la sortie. Les deux hommes qui m’avaient incité à boire me rattrapent néanmoins assez vite. Ils me demandent où je compte aller. Je grogne, leur demandant poliment de me laisser passer s’ils veulent vraiment rester debout. Ils rient et l’un me soulève, me perchant sur son épaule. Ils me disent que la soirée ne fait que commencer, qu’il serait trop bête que je parte maintenant ! Je me débats mais étant réellement saoul je ne peux pas faire grand-chose. Je soupire et me laisse aller à l’évanouissement. Ou peut-être me suis-je simplement endormie ? J’ai tellement bu que je ne me souviens même plus du nombre de verre que j’ai laissé s’empiler devant moi. Je me demande ce que Shingen va bien pouvoir faire, il va sans-doute me laisser et s’en aller, après tout on n’est qu’amis. Et ce depuis peu de temps.

Mon coma ne dura pas longtemps, je m’éveillais une heure plus tard. La tête lourde et l’estomac un peu retournée j’essaye de me redresser. J’observe le décor autour de moi. Je ne suis pas dans ma résidence, mais j’ai visiblement quitté le bar. Où suis-je donc tombée ? Quelque peu effrayé j’ose appeler mon ami d’une petite voix :

« S…Shingen-kun… ? »


[J'ai fait un peu avancer, dit moi si je suis allée trop vite ^^]