En ces temps obscurs où l’animosité entre les grandes puissances n’avait jamais été aussi exacerbée, chaque nation faisait preuve d’une grande cautèle à l’égare des autres gouvernements, craignant qu’ils ne fomentent à leur encontre quelque conspiration. Pour ces raisons, les autorités de Kiri, possédant l’hégémonie du pays de l’Eau, avaient enjoint un détachement de ses troupes d’effectuer des patrouilles au sein des territoires placés sous leur égide diplomatique et militaire, afin de s’assurer de l’absence de présences étrangères en son fief.

Le secteur assigné à Masayuki Seigen était la forêt noire, ceignant les pourtours du Village caché de la Brume. Conformément aux sommations intimées par sa hiérarchie, l’Opalin bondissait d’arbres en arbres, scrutant de son regard fureteur les alentours, cherchant à débusquer tout ce qui serait susceptible d’être une menace. Nonobstant sa cadence demeurant soutenue et son aisance de mouvement, le Shinobi commençait à montrer des signes de fatigue. Harassé par une course interminable, son métabolisme ne suivait plus, il était grands temps qu’il s’accorde un moment de relâche. Le Genin mit pieds à terre et s’adossa contre une arborescence sans nul doute séculaire, dont la magnificence n’avait d’égal que sa robustesse. Il cala à la commissure de ses lèvres une cigarette, roulée par ses propres soins, qu’il alluma par l’ignition d’une allumette. La prime inhalation était toujours la plus délectable, celle qui assouvissait le manque et qui emplissait les poumons de cette volupté addictive. Seigen sortit aussi un livre de sa poche. Cette œuvre littéraire relatait les tribulations d’un combattant vertueux qui s’évertuait à instaurer en ce bas monde un semblant de justice. De par sa lame rédemptrice, il transperçait les vils scélérats se dressant sur sa route. Cet ouvrage transcendant avait fait naître quelques utopiques aspiration chez notre protagoniste. Émoustillé par la lecture de cette fantastique odyssée, le Palladium nourrissait les fugaces desseins, d’un jour, s’élever au rang d’Épéiste de la Brume. C’était la nouvelle lubie, sans nul doute passagère, dont il était emprunt. Y parviendrait-il ? Probablement pas. En dépit de la formidable lame qu’il détient, le Spadassin n’était doté d’aucune habilité notable en matière de Kenjutsu. En vérité, si le destin ne lui avait pas été favorable en lui octroyant cette arme, il serait un déchet. Bien que belliqueux, il n’était pas un combattant talentueux. D’ailleurs, le fait qu’il soit toujours cloîtré au rang de Genin à seize ans en était la parfaite preuve.
Un bruissement l’extirpa de ses songes. Il ne vit qu’une silhouette indistincte. Avec célérité, l’Opalin se redressa et d’un prompt mouvement, il dégaina sa lame. Désinvolte, il plaça le plat de son katana sur son épaule droite. Une pose plutôt cavalière au vu de la situation potentiellement périlleuse, outrecuidance qui pourrait lui coûter la vie, s’il s’avérait que la source du bruit perçu était un shinobi ennemi. Impavide, il tonna :

« Halte-là. »

Il ignorait tout des forces en présence, autant dont il ne savait rien de la manière dont les choses allaient évoluer. Quoiqu’il en soit, il se tenait là, épée hors du fourreau, une expression d’animosité planant sur son faciès délicat. Peu importe de qui il s’agissait, si le quidam lui en donnait le prétexte, il en découdrait sans l’once d’une vacillation.