Mais quel pays de merde ! Il pleut tout le temps, au point qu'on est l'impression qu'il n'y a pas de saisons dans cette satané région. Il faudrait lui trouver un surnom à cette nation d'Âme no Kuni... Hum... MIzupluie ? Aversekuni ? AH nan je sais, Normandie, à mon avis c'est le meilleur surnom que l'on puisse donner à une région qui voit de la flotte trois-cent-soixante jours par ans. Enfin toujours est-il que je n'avais pas grand chose à y faire, on m'avait conseillé de m'y rendre en m'annonçant qu'il y avait de beaux petit coins à visiter. J'ai envie de dire ouais, effectivement c'est pas non plus moche moche moche mais y'a pas de quoi pousser mémé dans les orties non plus hein. Bon comme j'en aie marre de patauger dans la gadoue, je me décide à passer les portes d'une auberge. Comme d'habitude dans ce genre d'endroit, ça pue la virilité, ça pue les gros muscles, ça pue la sueur se dégageant de ces gros gladiateurs huilés qui se coursent généralement dans une arène pour savoir qui sera l'actif et qui sera le passif. Je fixais ces hommes et chacun d'entre eux fuyait mon regard. J'étais peut être rentré dans un bar de grosse tarlouze enfaîte. MAIS QUE VOIS-JE, il y a une autre demoiselle assise au bar devant moi, c'est un miracle. Je précise d'avance que je ne suis pas homosexuelle, au risque de faire fantasmer tout les hommes de ce buibui à clodos. Je m'approche donc de la jeune femme, sans me presser, puis je prends place à côté d'elle et tout en affichant un grand sourire je lui lance.
⇨ Salut poulette, ça te dérange qu'on piaille un peu, j'aime pas boire seule et ces mâles qui puent la sueur me rende malade.
Alors niveau d'approche, zéro pointé, niveau démarrage de conversation, zéro pointé, au moins d'après quelques anciennes conquêtes j'avais du charme, seul petit détail, sur les femmes, le charme féminin ça vaut de la merde, donc du coup pas certain que ça allait suffire cette fois-ci. C'était une jolie donzelle, elle possède de magnifique cheveux d'émeraude, autant dire que ça faisait voyager, était-elle native de Taki ? Bah ouais elle a les cheveux vert, Taki c'est le pays de l'herbe, forcément y'a une corrélation entre les deux. Ouais j'sais je suis une génie on me le dit souvent, Ahahaha. Pour le moment je restais meublée dans un silence profond, je savais cependant que je devais en sortir vite pour ne pas paraître ennuyante envers mon interlocutrice. Que pouvais-je faire, ah oui me présenter déjà ça serait pas mal, un bon début même. Je reprenais donc la parole d'un ton plutôt assuré.
⇨ Je me nomme Monzaemon Kiku, marionnettiste et j'ai vingt deux ans, vlà pour la biographie, et toi en version courte ça donne quoi ma belle ? T'as une tête à t'appeler Germaine, j'suis sûre !
J'avais peut être exagérée sur la fin mais bon après tout, un peu d'humour ne faisait de mal à personne, donc après mes paroles je riais de bon coeur de ma propre débilité, c'était un trait de mon caractère, je faisais l'idiote, mais je ne l'étais pas. Je paraissais forte, mais je ne l'étais pas. Comme beaucoup de monde je cachais ma nature craintive et mes complexes derrière une carapace d'absurdité et de folie. Bien entendue ça n'était pas perceptible au premier abord mais lorsque l'on savait passer outre on se rendait compte de l'être encore fragile qui se trouvait derrière. Afin de ne pas perdre le fil de la discussion j'allais m'exclamer encore une dernière fois à son attention.
⇨ Sinon toi pourquoi es-tu venue à Âme, mon on m'a dit que c'était un bel endroit à visiter, et comme je fais le tour du monde pour me former... Enfin assez parlé de moi je t'écoute.
I feel good ! Posée les deux coudes sur le bois du bar, la tête entre les mains, à bavasser tranquillement avec le patron de l’auberge. Il faisait pas trop mauvais aujourd’hui, même plutôt beau pour un pays où il pleut à verse H24. Certes, y’avait pas de soleil. Certes, il pleuviotait encore. Certes. M’enfin quoi, c’tait pas la tempête et il fallait savoir se satisfaire de ce qu’on avait. Y’a qu’les gamin(e)s pourri(e)s gâté(e)s pour s’plaindre quand ça trempe un peu leurs habits ou leur chignon. Chez moi, qu’il vente ou qu’il pleuve, t’étais dehors et tu travaillais. C’est ça la vraie vie ! Ça forge le caractère – le sale et mauvais caractère, ouaip ! C’pour ça que j’me suis taillée, j’étais trop devenue une rebelle qui faisait des bêtises et ça chauffait trop avec papa. Non, j’bacon. Mes raisons sont tout de même un poil plus profondes, plus réfléchies… Et j’dis pas ça uniquement pour me justifier ! Bref. J’étais donc assise devant ce comptoir, sirotant tranquillement un cola. C’bon les colas, c’plein de sucre et de bonnes choses pour les demoiselles comme moi qui se dépensent – sans arrière-pensées, s’il-vous-plait. M’enfin, cette boisson-là ressemblait plus à de l’eau légèrement sucrée qu’à un vrai cola. Mais, comme on parle de dépenser, j’étais un peu dans le genre sdf/saf – « sans argent fixe », pour les imbéciles qui pensent que ça veut dire « sans amis fixes » – donc j’avais pas trop les moyens de chipoter sur la qualité, d’autant que le patron de l’auberge était bien sympatoch’. Au point que ça faisait une petite semaine que je trainais là, dans une sorte d’attente désespérée.
Ce que j’attendais ? Surement pas sa demande en mariage, hein. Plutôt, de trouver un plan, un projet, un truc qui claque et qui me sorte de l’ennui. En trois ou quatre ans que j’avais quitté ma maison, je n’avais pas encore eu trop d’idée de ce que j’allais devenir. Et j’avais presque honte de me voir ainsi, me faisant la réflexion que si j’étais restée, malgré tout ce qui pouvait me révulser, j’aurais au moins servis à protéger mes petits frères et sœurs. Enfin, j’avais désiré me foutre dans cette merde après tout, alors je ne pouvais qu’endurer et me fermer ma gueule. Dans deux jours j’aurais un taff et je quitterais cet endroit misérable. J’aimerais bien retourner sur Kaze, un peu plus au Sud cette fois. Les rumeurs disaient qu’il s’y passait des choses assez cools ces derniers temps. Il fallait que je vois ça de mes propres yeux. Il fallait aussi que j’écrive une lettre à mes p’tits bouts de choux du Nord. Et que je ramène un paquet de cigarette à mon voisin de chambre. Mais osef de lui, en fait. Je saisis mon verre et bus une gorgée. Je faillais surtout m’étrangler en entendant à ma gauche le p’tit bout de femme qui venait d’arriver s’écrier comme si j’étais sa super pote ou j’sais pas quoi. POULETTE ? MAIS T’AS VU TA GUEULE, FEMELLE ? Je déglutis tant bien que mal, et la fixai l’air interdit. Je poussai alors tout doucement mon verre de cola sur l’autre côté – le droit, pour ceux qui suivent pas –, avec une attention toute particulière, presque fausse, en écoutant ce qu’elle continuait de déballer. Oui, c’est une tentative de fuite. J’essaie de me décaler d’une place sur la droite. Et alors ? J’vais quand même pas taper la pauvrette…. Le patron parut soudainement amusé de me voir réagir ainsi et s’exclama gaiement :
« Tu viens de réveiller el demonio del norte ! »
MAIS TAGGLE TOI AUSSI ! L’autre qui trouve ça drôle… Pfff. Du coup, trop occupée à lancer un regard de killer au gros gars qui s’éloignait avec un rire gras, je laissais échapper ma chance de lui rabaisser le caquet et de me bouger de place. Fuck, v’là qu’elle se laissait pas démonter et se présentait même. Ouais, ouais, ouais. Genre ça peut exister quelqu’un qui s’appelle Kiku. Que quelqu’un soit surnommé Kiko, j’veux bien. C’est même un surnom complètement classe et kiffant et… Juste Wow ! *-* C’un surnom pour une belle rousse qui Rp comme une déesse. Mais Kiku. Excusez-moi ! Après ouais, tu peux faire genre de me troller sur mon prénom aussi. Mais même Germaine ça passe mieux que Kiku, femme. Et en plus, j’m’appelle pas Germaine, bitch ! J’ai une tête à m’appeler… Monica Bellucci. Même si, personnellement, j’crois que j’aurais un peu plus de goût pour mon mec. Avec un long soupir, bien prononcé, je relevai la tête, ramenai mon verre contre moi et lâchai.
« On est pas tous des ploucs comme toi à porter le nom d’un leurre de pêche… » Oui, j’suis en colère. Tu m’appelles ma belle, t’as l’impression d’être vieille du haut de tes vingt-deux ans mais t’es encore qu’une gamine. J’suis sure que tu savais même pas qu’un Kiku c’était un inchiku pour la pêche ! AH AH AH. Je suis éblouissante de culture. « Kitako, pour ma part. J’ai mangé ma première pomme à deux ans, et j’ai appris à me servir d’un gun à trois. »
Fallait pas qu’elle rage, mais perso j’allais pas lui faire ma bio’ version courte, comme elle disait. Le « marionnettiste » ne m’échappait cependant pas. Fallait pas qu’elle rage, mais perso j’allais pas lui faire ma bio’ version courte, comme elle disait. Le « marionnettiste » ne m’échappait cependant pas. Presque le même âge. J'aurais pu avoir la même chance. Sauf que, pour une raison qui m'échappait, la chance n'était donnée qu'aux petites sans manières qui croyaient que parce qu'elles rigolaient ça allait passer crème. Je crevais de devenir marionnettiste. J’avais eu le meilleur de tous les professeurs – en même temps, j’connaissais pas d’autre prof que lui. Sauf que j’tais condamnée à faire la clocharde dans un pays qui n’était même pas le mien. Nouvelle gorgée de cola. C’qui est cool avec le cola, c’que… Bon, ok, j’me tais. Mais je kiffe le colaaaaa ! Ça me rend tellement plus zen. En y réfléchissant bien, j’étais même prête à passer l’éponge sur son entrée désastreuse et à faire un effort pour lui faire la conversation comme elle semblait le désirer. J’lui ferais même la bise à son départ, si quelqu’un m’offre un deuxième cola. Quoique j’lui ferais quand même la bise, juste pour déguster ce moment d’extrême victoire. Le même que vous avez après avoir éradiqué un moustique en pleine nuit, parce qu’il n’arrêtait pas de zzzzzité à côté d’votre oreille. Tapant du plat de la main sur le comptoir, je me mis à rire. C’était pas pour le moustique, mais plutôt parce que je me rendais compte que je pouvais vraiment faire la pute des fois. C’est dingue cette propension que j’avais à remballer les gens et à venir vers eux après. Comme un test : selon la gueule que t’affiches, j’te cause ou pas. Le blem c’était quand je tombais sur quelqu’un qui avait VRAIMENT de la répartie. Dans le genre pince-sans-rire, bien trippant. Alors là. C’était le must. Un moment d’intense jouissance, m’voyez.
« Ok, on va parler un peu. J’viens de Kaze Nord, Ame est à côté, c’normal que je passe par là. Je suis sur un taff, surtout. Mais dis-moi, la p’tite globe-trotter, pour être mario’ tu dois bien venir de Kaze toi aussi… Tu te tiens un peu au courant de c'qui se passe dans ton pays ? Oh, et... Tu les as sur toi ? » Tes marionnettes, banane. Y’a que ça qui m’intéresse pour l’instant. Hé, hé.
OUAOUW comme elle est chelou c'te nana. L'autre elle parle tantôt dans ma langue tantôt dans une autre à se demander d'où elle est sortie. Nan parce que sérieux, c'pas possible qu'une chose comme le vienne de Kaze no Kuni. Nan là bas y'a du sable, des jolies filles, des personnes intelligentes... Enfin en tout cas j'ai jamais entendu parlé d'une monstruosité aux cheveux vert qui parlent plusieurs dialectes anciens au point qu'on se demande si elle récite une incantation ou si elle est entrain de pondre un cake sur place. Faut quand même avouer que ça porte à confusion « ELLE DEMON NI HAUT D'ELLE NORD THE» ? Avouez que y'a comme un soucis. Enfin j'avais entendu qu'ils avaient construit un hôpital psychiatrique dans le désert il y a peu, c'était quoi son nom déjà ? Le pavillon vert ? Le trèfle rouge ? Ah non c'est papillon blanc c'est ça ! Elle était peut être pensionnaire là bas si ça se trouve, peut être est-ce une malade qui s'est échappée, tout est possible avec une déséquilibrée comme elle. Enfin pour le moment essayons de comprendre ce qu'elle souhaite, peut être qu'en dialoguant un petit peu avec cet être je parviendrai à comprendre des bribes de ce qu'elle raconte. Alors là elle me sort un baratin comme quoi j'suis une plouc où j'sais pas quoi, elle doit avoir un demi-cerveau cette nana c'est pas possible. Je suis sûre elle serait même capable de s'égarer dans les forêts qu'elle dessine. Bon après petite séquence de Biographie toussa toussa, et c'est à ce moment là que je me suis fais la réflexion suivante.
⇄ Oh PUTAING, j'en tiens une bonne là ! ( Pensée )
Je n'allais pas l'interrompre, elle devait déjà avoir du mal à formuler une phrase et je ne suis pas le genre de fille à manquer de respect à autrui enfin pas pour n'importe quoi en vérité. Elle continua en me donnant son nom qui franchement ne cassait pas trois pattes à un canard hein, il était important de le signaler. Enfin elle commença par me dire qu'elle venait du pays du vent, ce qui venait étayer mon hypothèse selon laquelle elle faisait bien partie de cet hôpital psychiatrique dans le désert. D'un coup elle me parle de globe-trotter puis de Marionnettisme qu'elle a abrégée en mario, bizarrement moi j'ai pensé à un plombier en salopette bleu avec une casquette rouge et des moustaches noires, allez savoir pourquoi, j'avais des moment d'égarement passagers, ça pouvait arriver de tant à autre indépendamment de ma volonté bien entendu. Puis elle me demande si je me tiens au courant de ce qui se passe dans ma région natale j'allais donc de ce pas lui répondre.
⇨ Oui oui j'ai entendu parler de cet hôpital pour les gens de ta condition qui vient d'ouvrir, les papillons blancs ça s'appelle. Mais ne t'inquiète pas hein, je ne suis absolument pas une personne discriminante hein, j'accepte tes défauts, même s'ils sont gros. Alors comment ça se passe pour toi ? Ce n'est pas trop dure de passer pour un légume à chaque fois que tu tentes d'effectuer une action qui demande un quotient intellectuel d'un môme de six ans ? Han et puis ça doit être beau la vie avec ta vision des choses, je suis sûre que dès qu'un oiseau pète, ça doit être un festival pour vous et dès qu'il chie vous devez allumer un cierge, peut être que vous vous peignez même pour l'occasion !
Ah toute la naïveté que je pouvais faire preuve des fois, j'espérai ne pas lui provoquer de douloureux souvenirs, enfin quant bien même elle ne pourrait sans doute pas s'en rappeler pendant très longtemps, l'intelligence va de pair avec la mémoire, si elle est conne comme une chaise, elle doit pas être capable de se rappeler quelque chose s'étant passé il y a plus de deux jours ! C'était quoi la suite déjà ? Ah oui, elle souhaitait que je lui montre mes marionnettes. Etant une monzaemon, il s'agissait de mes plus beaux trésors, alors je me demandais ce que j'allais pouvoir lui demander en contrepartie, soudain une idée me vint. Si elle était capable de faire ce que j'allais lui demander, alors je ferais ce qu'elle demande, c'était comme ça dans le monde des shinobis, du moins j'imagine puisque je n'étais qu'une vulgaire apprentie pour le moment. Je m'exclamais donc à nouveau.
⇨ J'te montre mes marionnettes si tu me montres tes seins. Enfin bon moi à la limite ta paire de nibard j'menfou, mais j'suis sûre que les gros dégueulasses de la table du fond seraient heureux de découvrir des atouts si opulents.
Ouais je sais, ce n'était pas très catholique de demander ça à une jeune femme amis après tout elle souhaitait voir ce qu'il y a de plus importants à mes yeux, elle devait bien montrer qu'elle mérite de voir mes oeuvres, c'est donnant-donnant. Je fixais la jeune femme de mes prunelles blanches. Alors qu'allait elle décidée ?
On avait demandé de la répartie bien placée, je rappelle ! Pas une grande gueule qui bavait ses mots plus qu’elle ne les prononçait. Serait-ce un peu de rage de ma part ? J’atteignais le fond du verre, d’un autre côté. La zen attitude que j’avais semblé montrer sur la fin de mon discours était en train de s’émietter aussi vite qu’elle était apparue. Non mais franchement, j’voulais bien être cool mais là… Là… C’pas possible. J’ai casé deux mots tranquilles, et elle me sort un délire du type Nirvāna. C’ma critique sur son blaze qui la met dans c’t’état ? Remarque, c’fort possible, dieu sait que les gentilles jeunettes sont fragiles de nos jours. Ça fait un peu vieillot ce que je dis là, mais j'assume. Ou alors c'était mon attitude globale, cette cola-cool attitude qui l'impressionnait trop alors elle cherchait un moyen de se faire remarquer, de trouver la même classe. Abandonne miss, c'pas le genre de truc qui se trouve dans un paquet Frosties ou qu'on peut s'acheter avec des miles. T'as la classe ou tu l'as pas. Bon j'avoue que ma propre classe est passablement limitée parfois... M'enfin. Je mordillai distraitement le bout de la paille qu'on m'avait donné - "parce que ça fait Tropiques et vacances", d'après le puant du bar.
Alors comme ça j'étais une folle pour cette gamine ? Ma foi, on m'avait faite pire que ça comme insulte, dans le fond. Mais sa façon de l'exprimer était plus que dégradant. Du pur foutage de gueule, aussi fin que du gros sel. Un peu comme une bûcherone... J'prenais donc joyeusement tout dans la figure ; si à l'intérieur ça rageait, dehors je n'abordais qu'un petit sourire. Certes un peu crispé, le sourire. Fallait dire qu'elle avait pris une direction qui n'annonçait rien de bon pour sa petite tête : je n'appréciais pas que l'on parle du QI d'un gamin en me comparant à lui. Ouais, j'avais pas reçu d'autre éducation que celle de deux parents paysans. Ouais, je souffrais parfois d'un large complexe d'infériorité. Ouais, j'allais lui casser les côtes si elle continuait dans cette voie. La force est la parole des faibles ? Mais j'suis faible ! Face à la lâcheté d'une p'tite salope, on l'est tous. Sincèrement, à l'écouter, j'avais plus l'impression que la folle de nous deux, c'était elle. Cet établissement là, l'hôpital, elle ne s'en était pas échappé ? J'haussai un sourcil, l'esprit ailleurs. Ça serait tellement logique. Un élan de compassion - ou de pure pitié, j'sais pas - me saisit. Pauvre petite. Je n'oubliais par ailleurs pas quel créature désagréable elle était. Aussi, il me vint l'idée de me prendre au jeu. On verrait bien où ça nous mènerait, et avec un peu de chance, la vérité surgirait au grand jour. Si mon inquiétude était correcte, je m'engageais à la ramener vivante à l'hosto. Et si je me trompais... Je m'engageais à la dégommer sur place. Quelques gaillards pourraient même me donner un coup de main parce que tout le monde sait que les hommes n'aiment pas les grandes pipelettes comme elle. Le son de sa voix criante les soulerait bien vite, ah ah.
« Oui, tu as raison... T'es assez forte en fait, pour deviner la vraie personnalité des gens. Mais je doute que tu comprennes. Personne ne comprends jamais ce qui se passe autour de nous. Une belle vie ? Si tu savais, il faut sans cesse se redescendre à la hauteur de l'esprit humain. Faire plaisir à des gens idiots en répondant comme des gamins. Mais ça va, regarde. Nous survivons. Même si nous sommes plus heureux libres, et c'est pourquoi nous évitons ces genres d'hôpitaux. »
Je n'avais absolument aucune idée de ce qu'il fallait dire pour se faire passer pour une VRAIE folle. Alors je balançais comme ça tout ce qui me passait par la tête, tout en conservant un grand sérieux. J'ai une conception étrange de la folie, en vrai. Mais bon. Comme je savais faire preuve d'une grande autodérision - presque autant que de vantardise - il ne m'était pas difficile de m'imaginer en débile mentale et d'admettre mon rôle. Des fausses personnalités j'allais en revêtir plusieurs dans le futur - le futur du passé, ouh ça devient dur ! -, comme par exemple à Kumo où pour quelques heures je serais une trans' ou encore à Suna où pour quelques personnes je deviendrais une veritable professionnelle du marché sexuel. Passons, ceci n'est pas encore arrivé à l'heure où je parle. Avec subtilité je tentais de me rapprocher de mon objectif.
« Enfin, j'ai dis que tu ne comprenais pas... Mais j'ai tord, je crois. C'est vrai, on a plein de points communs. Ce n'est pas pour rien que tu as su déceler la vérité en moi ! Et tu connais bien l'établissement... Que t'ont-ils fait réellement ? »
Accouche bébé. Dis-moi que t'es sortie de cet endroit pourri ! Bon, la jeunette fit rapidement dévier la conversation sur un point auquel j'avais tenu. Ses marionnettes. Mais dites-moi, elle n'a pas fini de nous étonner la donzelle ! LA SALOOOOOOOOPE. C'était quoi son blem ? Des jouets contre une paire de sein ? PERVERSE AVEC ÇA ! Hum... Genre c'pas pour toi que tu veux que j'montre. GENRE tu sors l'excuse des vieux pabows du fond de la salle. Ah ah ah. Excuse refusée. Trop pourrie.
« Euh, t'sais c'pas une honte de vouloir regarder mes seins, tu peux assumer que t'es curieuse et lâcher ces pauvre gars qu'étaient tranquilles. » Ayant dit ceci, je jetai un coup d'oeil vers ses bagages et rigolai avec légèreté. Approchant une main, je fis mine de vouloir tirer son col pour y regarder dedans. « C'est vrai qu'après tout tu manques un peu de volume. Complexe de taille ; classique chez les petites pucelles. De toute façon, ils les ont tous déjà vu. »
J'fais la folle, j'peux aussi faire la pute. On m'arrête pas moi, madame ! Une actrice parfaite ! Cet échange m'avait un peu calmée. J'restais tout de même très tendue, la rage de m'être faite salement traitée encore présente. Mais j'éprouvais une certaine satisfaction, forcée de constater que je m'en étais relativement bien sortie.
