« Bonjour soleil ! »

Et de tirer les rideaux de devant la vitre, puis d’entrouvrir la fenêtre pour se faire sécher le visage par une bourrasque imprégnée de sable, la Kunoichi à l’expression gaie reprit bien vite ses traits durs habituels. Rapidement, ce contact bref avec la nature peu florissante de Suna mit fin à sa joie du matin. Pas qu’elle soit une lève-tôt, ou qu’elle apprécie le début de la journée plus que le reste, mais cette journée était une journée à marquer d’une croix sur le calendrier : c’était le premier voyage de Megumi en dehors de Kaze no Kuni. N’étant pas spécialement riche du fait qu’elle était dépensière sur son équipement et n’ayant peu, voire pas du tout de confiance de la part des dirigeants du village, Megumi n’était jamais sortie du pays. En rêves, bien entendu, elle avait cent fois foulée des collines à l’herbe verte lime et aux oiseaux gazouillant avec allégresse, elle avait parcourue des montagnes aux pics acérés et aux nuages voluptueux, et elle avait navigué sur des étendues d’eau s’étendant plus loin encore qu’à perte de vue. Oui, elle se sentait festive de quitter la sécheresse incarnée qu’était Suna. D’autant plus qu’elle restait obstinément bloquée à son rang de Genin depuis quelques temps déjà ; un aperçu du vaste monde des shinobis ne pourrait que lui redonner le moral. Combiné à cela que Megumi partait pour une mission de rang B, rang qu’elle n’avait jamais eu auparavant, ce périple promettait d’être élogieux. Elle pouvait enfin espérer une once de considération de la part des hauts gradés, qui ne la percevaient que comme une « fonce dans le tas », ou pire, comme « chair-à-canon ». Elle n’aimait pas que les gens la pensent si sotte qu’ils disaient qu’elle irait stupidement mourir sur les lignes de front, si guerre il y avait à venir. D’un autre côté, elle planifiait de les tuer tous, alors il est possible que ce ne soit qu’un retour juste des choses. Une attitude négative et effrontée punie par la véhémence des villageois : cela parait équitable.

Megumi était consciente que quelqu’un devait l’accompagner à Tetsu no Kuni afin d’arriver à un accord entre les deux industries minières. Un quelqu’un ou une quelqu’une possédant une bonne expérience, et à qui elle devrait respect et soumission, ce qui était un détail qui la froissait conséquemment. Elle n’avait pas le chic pour les ordres, ni pour prendre avec sérieux des paroles outre que les siennes. Ainsi, la Genin se pointa un peu plus tôt que l’heure écrite sur son parchemin d’ordre de mission, se postant contre l’un des deux immenses murs définissant le seul passage vers le village. Elle scrutait les alentours, les gardes tapis dans l’ombre de la simili-montagne forteresse du village, à regarder au loin toute la journée. Elle eut un regain de son énergie perdue à cause de son pessimisme, car elle irait voir plus loin que les dunes de sable. C’était une perspective attrayante et excitante. Du moins, fut-elle attrayante et excitante, cette perspective, avant que la gradée en question ne débarque et lui commande de la suivre sauvagement. Elle lui avait dit son nom et son prénom, se voulant sage et polie, toutefois cette attitude fut bien vite tassée de son esprit et elle se promettait de l’envoyer balader à la première occasion. Emboitant le pas de Zanshi, Megumi avait l’expression complètement bloquée : elle avait les sourcils froncés, les lèvres serrées, le regard pointant vers le bas et les poings tordus avec force. Le voyage se fit en silence, Megumi bien décidée à ne lui piper aucun mot. Si l’autre rouquine pensait que la Genin allait coopérer simplement à cause de sa position d’autorité face à elle, elle se mettait très profondément un doigt dans l’œil.

Une fois en territoire Tetsunien, Megumi n’eut d’autres choix que d’attendre les directives de sa supérieure. Simplement penser qu’elle lui était supérieure, ne serait-ce que par sa force chakratique, ou par sa panoplie de jutsu, la faisait frémir d’horreur. Elle soupirait bruyamment, extrêmement mécontente. Pourquoi ne pouvait-elle donc pas apprécier ce moment de liberté ? Pourquoi être une telle peste constamment ? Parce qu’elle était Megumi.

« Où allons-nous, Zanshi-sama ? Je ne connais pas la ville malheureusement … »

Délicats, ces mots avaient un tout autre ton une fois hors de sa bouche. Son regard était violent, et elle évitait les prunelles de Zanshi volontairement.