Konoha Gakure no Satô – Temple de Kyubi
An 8 – Eté


De sombres nuages envahissaient depuis quelques jours le vaste ciel qui planait au-dessus du village caché de la feuille, contrastant avec les habitudes ensoleillées dont la population avait l’habitude en cette période estivale. Ces nombreuses masses nuageuses n’étaient malheureusement pas venues seules. Un souffle puissant traversait l’entièreté du village, ainsi que les forêts alentours et une inlassable pluie s’abattait sur Konoha, démotivant quiconque aurait envie de sortir de chez soi.
À vrai dire, la population en venait presque à croire que le temps s’accordait à l’actualité qui entourait le premier village shinobi à avoir vu le jour. En effet, ce que les différentes Nations ont pris pour habitude d’appeler la « Guerre pour l’indépendance » avait éclaté depuis peu. Celle-ci était l’horrible enfant d’accusation de nature géopolitique par le village ninja de l’archipel, Kiri, envers celui de la Feuille. Ce dernier décida donc de s’allier avec Kumo, pendant que dans le même temps, l’accusateur s’alliait à Suna…

C’est alors qu’en toute logique, divers combats démarrèrent ici et là dans le monde, opposant les deux camps dans des affrontements à mort ! Le sang coulait de toute part, la peur emplissaient le cœur de certains, tandis que d’autre n’attendaient que d’en découdre. Ce fut Konoha qui se fit surprendre en premier il y a quelques semaines, par une opération amphibie bien ficelée, faisant de nombreux morts dans les rangs du village de la feuille et des nuages. Leurs cadavres, furent ramenés quelques jours après la fin de l’opération, ajoutant toujours plus de noms à la grande stèle érigée dans le Temple de Kyûbi…
Néanmoins, les résultats de l’initiative militaire de la Brume furent loin de ceux attendus par les assaillants puisqu’elle se termina avec l’emprisonnent du Mizukage en poste ! C’était là, un événement décisif, un tournant majeur dans la suite qu’allait prendre cette absurde guerre mondiale. Car sans chef de guerre, les troupes de Kiri venait de se voir prendre un sacré revers au niveau du moral ! Peut-être que cela allait signer la fin des batailles dans les jours à venir ? En tous les cas, tout le monde avait de bonnes raisons d’espérer voir ce scénario s’écrire…

Malgré la météo catastrophique, un homme avait traversé vents et averses pour arriver jusqu’au Temple du démon renard à neuf queues. Il observait, muet, cette stèle sur laquelle était gravé les noms des ninjas tombés au combat. Les images du jour où tous les corps sans vie, des shinobis tombés dans cette « Opération Amphibie », furent ramenés à Konoha défilaient dans l’esprit de courageux inconnu. Il se souvenait alors des réactions des habitants de son village. Tout le monde scrutait le défilé de ninjas dans l’espoir d’y voir un proche. Certains retrouvaient miraculeusement leurs proches ou amis et montraient des mines de soulagement. Certains s’écroulaient de chagrin sitôt qu’ils tombaient sur le cadavre d’un être cher. Il y avait même vu des mères de famille allaient demander des nouvelles de leur enfant, mais ne recevait qu’un silence mortuaire en guise de réponse, provoquant alors une déchirure dans leur cœur si forte que personne ne pouvait en deviner la souffrance. Les pleurs de tristesse se mêlèrent ensuite à un sentiment de regret lors de la grande cérémonie de funérailles, pendant laquelle d’innombrables cercueils étaient déposés les uns à côté des autres. Ce fut également le cas pour Hayashi Ryuu…

C’est ce jeune adulte de vingt-trois ans qui a décidé de braver la tempête pour se tenir devant ce petit monument de mémoire. Il passait ses doigts sur cette stèle, traversant la gravure d’un nom en particulier. Celui de son frère, Hayashi Daiki. Il faisait partie des victimes de l’opération menée par le Yondaime Mizukage et d’après les témoins de l’affrontement, sa vie aurait été ôté par un shinobi de Suna. Au moins, le fait que son corps ait pu été ramené lui accorda la chance d’être inhumé selon le rite de son clan. Restant tête basse et rangeant ses mains dans les poches, Ryuu demeurait immobile et muet face à la stèle. Seule la pluie battante à l’extérieur venait briser le silence de ce recueillement…

Des rats, les gens. Ou des chats, plutôt, c'est la même chose mais en plus moche. Une petite goutte de pluie et ils sont tous tapis chez eux, à maugréer contre le temps climatique et temporel, la tête enfoui dans un nuage sombre de déprime. Pour le coup, personne ne pouvait leur en vouloir. Avec les rafales de cadavres que le village se ramassait, il y avait de quoi associer le temps à l'actualité. C'était difficile pour tout le monde, y compris pour la gamine de 13 ans qui d'ordinaire était si pleine de vie. Sa maman venait de perdre son frère et elle la voyait malheureuse tous les jours, ce qui lui ruinait le coeur. Le temps, paradoxalement lié aux drames qui continuaient d'arriver, lui permettait d'aller mieux mais pour le coup Akemi avait décidé de se faire sage. Il n'était pas rare qu'un ninja de haut rang la ramène à la maison après l'avoir chopé pour vole de dessert à la boulangerie ou en train de dessiner sur les murs d'une maison, mais en cette période trouble Akemi se tenait à carreaux. Elle restait auprès de sa mère le peu de temps où elle n'était pas à l'entrainement, pour la consoler et lui changer les idées, et peu à peu cette dernière alla mieux.

Mais c'était une période difficile pour tout le monde et elle n'était pas la seule à avoir perdu des proches. Les siens auraient même presque pu paraître dérisoire étant donner qu'en dehors de ses parents, Akemi n'aimait pas vraiment sa famille. Mais ils restaient humains, ils restaient des gens du peuple de Konoha, et c'était toujours douloureux de savoir qu'on ne les reverrait plus jamais. Mais jamais, ô grand jamais elle ne pourrait deviner la peine qui stagnait dans le coeur de Ryuu. Cet ami de la famille qu'elle connaissait, aussi loin qu'elle se souvienne, depuis toujours avait perdu son frère dans la bataille, et depuis il semblait éteint, ravagé par le chagrin. Il ne disait rien, il le montrait rarement, mais pour Akemi qui appréciait ce jeune homme comme un membre à part entière de sa famille proche il n'avait pas été difficile de remarquer cette lueur joyeuse disparaître de son regard.

Son père était partit "travailler", établissant des plans d'attaques et d'autres paperasses administratives que Akemi ne pouvait pas encore bien comprendre, et sa mère en avait profité pour aller voir une amie. Akemi avait tourné en rond dans la maison, entre sa chambre et le salon, cherchant un truc à faire, puis après une demi-heure elle s'était rendue à l'évidence : pluie ou pas, elle était incapable de tenir en place en intérieur. Elle attrapa donc un parapluie au hasard dans le bac et sortit après avoir enfilé ses chaussures. Elle ouvrit son parapluie une fois dehors et remarqua alors seulement qu'il était blanc. Bah, tant mieux. Un peu de "couleur" dans ce paysage si sombre. Glissant une main dans sa poche, elle commença à marcher dans les rues sans trop savoir où aller. La plupart des boutiques étaient fermées, les rues étaient désertes et le peu de gens qu'elle croisait étaient de mauvaise humeur. Et puis soudain elle s'arrêta. Une silhouette était passée non loin d'elle, une silhouette qu'elle aurait reconnu entre toutes. Ryuu aussi bravait la pluie et le vent, même sans aucune protection apparente. Ce crétin allait tomber malade s'il agissait de la sorte. Elle commença à le suivre, sans un mot, ayant un doute sur ce qu'il allait faire. Il était tellement dévasté, qu'aurait-il pu faire d'autre de toute façon ? La gamine le suivit donc jusqu'au temple de Kyubi, s'arrêtant à quelques mètres de l'entrée.

Elle réfléchit quelques secondes, se demandant si sa présence allait le déranger ou si il l'apprécierait. Bah... Au pire il le lui dirait s'il voulait être seul. Ou tout du moins il avait toujours eu l'habitude d'être franc avec elle. Gentil, mais honnête. Elle replia son parapluie et le posa à l'entrée, sans penser au vent qui pourrait peut-être l'emporter, et entra dans le temple. Elle s'approcha en silence de lui, venant se mettre à ses côtés sans un mot. Elle posa les yeux sur l'air abattu de Ryuu puis sur la stèle, et plus précisément sur le nom de Daiki. Elle reposa alors les yeux sur Ryuu... Puis sur la stèle, laissant apparaître un petit sourire doux sur les lèvres. "Ouais je sais, mais y va me faire la tête si je lui dis." commença-t-elle à parler en direction de la stèle, toute seule visiblement. "Tu crois ? Bon d'accord." Elle posa les yeux sur Ryuu. "Daiki dit que t'es moche quand tu tires cette tronche. Et franchement, il a raison !" acquiesça-t-elle d'un mouvement de tête. C'était franchement difficile à 13 ans de savoir quoi dire pour consoler quelqu'un. Mais ce genre de petites réflexions outre-tombes et amicales avaient réussi à consoler un peu sa mère, alors pourquoi pas Ryuu ?

Des bruits de pas résonnaient à travers le vaste Temple du démon renard. Le Hayashi en deuil, la tête toujours baissée et sa courte chevelure noire cachant une partie de son visage, n’y prêta guère attention. À vrai dire, il ne les entendait pas tellement il était plongé dans des souvenirs lointains, dès le moment où il avait frôlé la gravure inscrivant le nom de son frère. Ainsi, il se refaisait le film des années passées en l’espace de quelques secondes, l’envahissant alors d’un sentiment de nostalgie d’une époque innocente et à la fois joyeuse. Après la mort de Senju Yukimura, la petite famille avait pris la décision de retourner vivre dans le domaine des Hayashi et plus d’un an plus tard, la mère de Ryuu était même parvenue à surmonter sa condition de veuve pour se remarier !

La naissance de Daiki ne pouvait alors que redonner une dose de bonheur dans leur vie ! Avec cet heureux événement, c’était un ami permanent que venait de gagner le jeune Ryuu de l’époque ! Un autre enfant avec qui il allait pouvoir rattraper toutes les heures de jeu perdu lorsqu’il vivait chez les Senju et qu’il était considéré comme rien d’autre qu’un bâtard. Et que les heures d’amusement furent nombreuses avec ce jeune frère ! La maladresse de ce dernier était la cause de nombreuses bêtises dans le voisinage ! Heureusement, le cadet gardait le sourire en toute circonstance, probablement parce qu’il imaginant déjà ses prochaines âneries ! Une gaieté contagieuse…
Les années défilèrent et voyaient l’attitude des deux garçons se définirent assez distinctement, le plus grand était calme et peu expressif, tandis que l’autre avait un trop-plein d’énergie assez impressionnant ! Un trait de son caractère qu’il allait s’avérer devenir un avantage quant à la maîtrise des arts ninja ! Ce n’était que la suite logique des choses, avec l’arrivée de Konoha, de voir attribué à Daiki l’honneur de revêtir le bandeau de shinobi du village caché de la feuille !

Soudain, une voix familière vint arracher le Hayashi de ses pensées ! Un petit mouvement de tête vint caractériser sa surprise. Cette voix appartenait à une jeune fille qu’il connaissait bien, Akemi. C’était une adolescente appartenant au clan Hyô et dont il connaissait très bien les parents. Enfin, la vérité étant surtout que son beau-père était un ami proche du paternel de la petite Genin et, qu’ensemble, ils leur arrivaient souvent de se lancer dans de longs débats concernant l’importance prioritaire du clan sur le village ! Et pendant ses longues heures d’affrontements de mots, Daiki et Ryuu continuaient de s’amuser, apportant leur enjouement dans un foyer de plus. Puis un beau jour fut née Akemi ! Le brun avait dix belles années à l’époque. La relation entre les parents ne changeant pas et les saisons passant à une allure surprenante le Hayashi fut naturellement considéré comme un proche. Proche au point de se sentir également en charge de veiller sur la Hyô !

Cette dernière venait de faire mine de s’être adressé à Daiki et de transmettre un message qui serait venu de l’au-delà. Celui dont le chakra était scellé était bien plus âgé que son interlocutrice et savait bien que cette petite manœuvre n’était qu’une tentative de le réconforter. Et ce serait mentir que de dire que cela ne fonctionnait pas du tout ! Cette petite réprimande avait de quoi faire rire celui qui était l’adulte dans cette discussion ! Il releva alors son visage, déposant ses yeux bleus sur la kunoichi. Dans un premier temps, il ne sut que faire hormis lui adresser un simple sourire qui cherchait à lui dire qu’elle ne devait pas s’en faire. Bien sûr, cela n’enlevait rien à la peine silencieuse qu’exprimait Ryuu au même moment, mais une bonne partie venait de lui être arrachée avec ces simples mots ! Allait-elle comprendre la subtilité de ce sourire du haut de ses treize ans ? Peut-être bien. Néanmoins, elle avait raison, ce n’était pas un visage que son frère devait apprécier de voir. Il redirigea son regard vers la stèle et plus précisément sur le nom de son jeune frère disparu.

« Ha ha, tu as raison. S’il en avait le pouvoir, il se joindrait sûrement à toi pour me réprimander d’être aussi triste. C’est juste que… Je n’arrive pas encore à me faire à sa disparition…

Dis, il te manque à toi aussi ? »

Le Hayashi resta muet quelques secondes de plus afin de laisser son interlocutrice répondre. A présent tous deux fixaient la stèle, sans dire un mot. Néanmoins, sentir qu’il avait quelqu’un a côté de lui, pour le soutenir pendant cette période douloureuse, était quelque chose qu’il ne pouvait qu’apprécier. Ryuu devait en profiter pour parler, libérer certains poids de son cœur…

« Tu sais… Il y a quelque chose qui à changer au domaine Hayashi. Comme si toute la vie s’était arrêtée depuis que la troupe de ninjas étaient revenu en compagnie de tous ces morts. Je crois que pour beaucoup, Daiki représentait la relève du clan. En le voyant progresser comme il le faisait, je me m’étais même à l’imaginer devenir chef du clan. Je rêvais même de le voir Hokage un jour !

Malheureusement, cela n’arrivera jamais… Et je ne peux même pas faire quelque chose pour faire honneur à sa mémoire… Tout ça à cause de ce foutu sceau ! »

Bon ben bonne nouvelle, faut croire que les remarques d'outre-tombe marchent pour tout le monde. Akemi n'était vraiment pas sûre que Ryuu allait bien le prendre, mais visiblement si. Il lui avait lancé un regard qui voulait tout dire. Une sorte de reconnaissance mêlée à de la tristesse, ce qu'elle comprenait parfaitement. C'était poignant de le voir comme ça, lui qui avait tellement l'habitude de se montrer si enjoué et souriant. Elle l'avait très peu vu depuis la mort de son frère et ça aussi elle le comprenait. Le temps de l'enterrer, de faire son deuil, il fallait du temps. Elle avait respecté ce moment de calme et de tristesse, mais aujourd'hui en le voyant aller jusqu'ici elle n'avait pas pu se retenir. Il lui manquait trop. Son sourire lui manquait, sa voix lui manquait, leurs petits jeux lui manquait, tout lui manquait, elle voulait revenir vers lui, avant que ça ne soit trop tard, avant qu'il ne se sente trop seul et qu'il déprime ou qu'il fasse une bêtise. C'était pas vraiment le genre de Ryuu de faire des conneries mais personne ne sait ce que la tristesse peut pousser à faire. "Bien sûr qu'il me manque. Il a disparu d'un coup... Il était comme toi, pour moi. Aussi important..." soupira-t-elle. C'était difficile d'y repenser, de revoir tous les bons moments qui n'auraient plus jamais lieu. Mais personne ne pouvait faire revenir les morts, malheureusement.

Daiki resterait gravé dans sa mémoire comme le grand frère. Il était celui de Ryuu mais il avait été un peu celui d'Akemi aussi. Elle connaissait les deux garçons depuis sa naissance, et s'en souvenait aussi loin que ses souvenirs puissent remonter. A l'époque, personne ne savait que les Hyô allaient faire une grosse bêtise, pas même les parents d'Akemi n'avaient l'ombre de l'idée de déserter le village, alors ils étaient entourés d'amis de tout type, et les Hayashi étaient sûrement les plus proches. Du coup depuis toute petite elle avait passé énormément de temps chez eux, et eux chez elle. Elle avait commencé à se contenter de petits rien, de poser ses fesses dans la chambre des garçons et de toucher un peu à tout ce qui lui tombait sous la main ou à ce qu'on voulait bien lui donner, puis en grandissant et après avoir apprit à galoper du haut de ses petites pattes, la maison n'eut plus de secret pour elle, ni les jouets des garçons. Elle s'y sentait comme chez elle, ne prenait parfois plus la peine de frapper avant d'entrer quand elle allait passer l'après-midi avec eux. Et puis une première bataille était arrivée, avec Daiki, et il n'était pas revenu. Enfin si, mais les pieds devant. Plus rien ne serait comme avant, elle le savait, elle en était malheureuse mais le comprenait parfait. Il y allait y avoir un vide et personne ne serait capable de le combler, pas même elle.

Les paroles de Ryuu lui allèrent droit au coeur. Il lui révélait toute la peine qu'il avait sur le coeur, toute sa colère aussi. Les deux étaient étroitement liées de toute façon. Mais que pouvait-elle y faire du haut de ses 13 ans ? Elle n'avait aucun moyen de faire revenir son frère, aucun moyen de le libérer de son sceau, aucune solution à tout ça. Alors elle lui prit la main, tout simplement, la serrant dans la sienne alors qu'elle regardait la pierre tombale devant elle. Elle cherchait les mots, la meilleure façon de s'exprimer. Elle ne voulait pas le blesser, elle ne voulait pas lui mentir non plus ou lui donner de faux espoirs. "Tu as demandé à l'Hokage pour qu'il y fasse quelque chose ? Ou à l'hôpital ? Il doit bien y avoir quelqu'un dans ce village qui sait défaire un sceau, ton père n'était pas spécialiste en Fûinjutsu, ça doit pas être si compliqué que ça..." hypothétisa-t-elle. Elle n'avait que des suppositions en stock, rien de plus. Rien de valable, rien de concret. Mais elle était avec lui et elle était prête à le soutenir. Que pouvait-elle lui dire de plus ? Sans lui lâcher la main, elle tourna la tête pour le regarder, ses yeux bicolores passant sur lui avec toute la douceur possible. Un sourire s'était installé sur ses lèvres, calme et paisible. "Tu veux venir goûter à la maison... ? Maman a fait des Melon Pan. On pourra en apporter un à ton frère si tu veux, il sera content. Et tu pourrais demander à papa pour le sceau... Je suis sûre qu'il serait ravis de t'aider, s'il le peut..." Elle se tourna doucement vers lui. "Je t'aime, d'accord ?" ajouta-t-elle à la manière d'une petite sœur.

Si le Hayashi se montrait habituellement calme et peu avare en sourire, bien que ceux-ci soient légers, ses dernières paroles lui permirent de se décharger d’un rare soupçon de colère chez lui. Une petite libération pour le brun qui avait tant enfoui en lui depuis la mort de son petit-frère. Cependant, c’était là une attitude qu’il cherchait à canaliser au maximum, de peur de voir resurgir un mal qu’il était parvenu à esquiver pendant de longues années. Ceux qui avaient le privilège d’avoir cette énergie spirituelle, que l’on nomme chakra, plus développé que la moyenne, ont peut-être déjà vécu ou être témoin d’un phénomène particulier. Celui-ci pouvait s’avérer dangereux et parfois irréfléchi dans bien des cas. Sous le coup de la colère, un ninja peut avoir tendance à laisser son chakra se libérer de manière explosive et c’est justement ce que Ryuu redoutait. En réalité, le sceau qui lui avait été apposé par son père ne consistait pas en un simple scellement, ça fonction allait bien au-delà de ça…

Une nouvelle fois, il fut retiré de ses mauvaises pensées grâce à la jeune fille qui se tenait à côté de lui. Akemi était venu plonger sa petite main dans la poche de Ryuu pour lui venir arracher la sienne et la tenir fortement. Tout deux regardaient la stèle des héros sans dire un mot pendant quelques instants. Les effets sonores étaient toujours animés par la pluie et les rafales de vent, qui commençaient tout deux à se calmer, à l’extérieur. La tristesse d’il y a quelques instants fut remplacée par un sentiment qui se voulait quelque peu apaisant. Cela pouvait se voir dans les yeux du grand frère qu’était le Hayashi. Regardant droit devant lui, il semblait apercevoir la figure ou même l’esprit de Daiki, son frère. Ce dernier semblait lui renvoyer un sourire. Tout à coup, la jeune Hyô s’adressa à celui qu’elle considérait comme son grand frère. Ses mots visaient à minimiser le problème que représentait la technique Fuuin qui lui marquait le dos et une partie du torse, à chercher une solution à son problème et tout simplement à le rassurer. Le brun tourna son visage en sa direction et lui adressa un nouveau petit sourire avant de lui répondre…

« Tu sais, mon père était un des ninjas qui maîtrisaient le mieux les techniques Fuuin dans le clan Senju. Apparemment, il était très redouté pour ses capacités ! Et celui-là… il semble y avoir mis tout son talent Il ne scelle pas vraiment mon chakra, mais agit plutôt comme une dissuasion. Si j’essaye d’en utiliser, il me provoque de terribles brûlures…

Depuis que Konoha à vu le jour, personne n’a réussi à me l’enlever. Soit la technique est trop puissante, soit ils ne veulent pas me l’enlever à cause du niveau de douleur que cela me provoquerait. Peut-être que je devrais me concentrer uniquement sur le Taijutsu, mais apparemment même dans ce domaine cela nécessite du chakra passé un certain niveau… Mais je crois que moi aussi, j’ai un peu abandonné l’idée de devenir un shinobi.

Je vais peut-être devoir trouver autre chose pour faire honneur à Daiki ! Ou alors attendre que tu deviennes une experte en Fuuinjutsu pour me l’enlever ! Mais vu ton niveau… »

Ryuu tentait de taquiner un peu Akemi, tout en passant un réel message dans ses paroles. Quoi qu’il en soit, cette dernière ne se démonta pas dans un premier temps, mais semblait se calmer rapidement et proposa ensuite avec un innocent sourire au brun de venir chez elle pour y prendre le goûter. Du Melon Pan l’attendait potentiellement à la résidence des Hyô et il savait que c’était la spécialité de la maison. Puis, comme elle lui indiqua, ils pourraient tout deux revenir pour en donner en offrande à Daiki. C’était une bonne idée et cela lui ferait sûrement plaisir !
Cependant, avant qu’il n’ait eu le temps de répondre quoi que ce soit, Akemi le surprit quelque peu en lui adressant des mots d’amour. Un amour qui n’avait rien à voir avec celui que peuvent vivre des adolescents ou les adultes ! Celui-ci se rapprochait plutôt de celui que l’on trouvait au sein d’une famille. C’était pour elle comme une façon de lui dire qu’il n’était pas seul. Muet pendant un instant, sous le coup de la surprise, il lui sourit ensuite et se mit à lui caresser la tête…

« Moi aussi ne t’inquiète pas. Je veillerai toujours sur toi, comme je l’ai fait pendant toutes ces années !

Aller, marchons en direction du village. Je t’accompagnerai jusqu’au domaine des Hyô pour rendre visite à tes parents et prendre le goûter. Puis on reviendra plus tard pour ramener une partie de Melon Pan à Daiki. »

Toujours main dans la main, le petit binôme se dirigea vers la sortie du Temple. Intérieurement, Ryuu tentait de se promettre qu’il allait se ressaisir et trouver la voie qui lui permettrait de faire honneur à la mémoire de son frère. La voie qui lui donnerait enfin un sens à sa vie ! Le pied sur le pas de la porte, il tourna son visage une dernière fois vers la stèle des héros. Il voyait là encore l’esprit de son frère, du moins il l’imaginait. Ce dernier lui faisait un grand sourire, comme il en avait l’habitude, et le saluait de la main pour lui faire un petit au revoir.

*Salut Daiki, on revient tout à l’heure !*