Les Aburame ne faisaient pas partie de ces clans pléthoriques, comme l'étaient ceux des Uchiwa ou des Senjuus en leur temps. Aussi était il extrêmement rare que deux membres du clan se retrouvent associés lors d'une même mission. D'habitude, le Hokage préférait répartir avec parcimonie les membres du clan des Tisserands, afin que chacune de ses équipes puisse profiter de leurs talents de pisteurs hors du commun. Pourtant, une fois n'était pas coutume, le chef de Konoha en avait décidé autrement.

Prévenu à l'aube, Setsu avait du se dépêcher de préparer ses affaires pour se rendre à la tour administrative. Motif, son excellence l'Ombre du Feu réclamait sa présence pour une mission un peu particulière : une mission à l'étranger. Depuis la fin de la guerre, au cours de laquelle le genin avait eu l'occasion de se rendre utile au sein des équipes de reconnaissance, Setsu n'était plus sorti de Konoha, sinon pour des missions de patrouilles de routine aux abords du village. Malgré ses vingt ans et de bons états de service, on ne lui avait pas manifesté d'intérêt outre mesure, et l'on avait employé ses talents pour résoudre de petits délits à l'intérieur du village, déchargeant ainsi un peu les épaules de la police militaire. Setsu ne s'en était jamais plaint, car un Aburame se devait de n'ouvrir la bouche que lorsque cela se révélait indispensable. Or, après avoir étudié la question, il en était parvenu à la conclusion suivante : accomplir des missions loin de son village natal ne lui était pas indispensable.

A la tour Administrative, les Chuunin de garde lui avaient signalé qu'il était déjà attendu par le Hokage en personne, et il ne s'était pas fait prier pour monter dans les étages. Là, on l'avait fait entrer dans le vaste bureau, où le Shodaime l'attendait déjà en compagnie d'une autre personne. Setsu l'avait immédiatement reconnue. Le jeune homme qui patientait devant le bureau se nommait Kaido. Aburame Kaido. Il l'avait vu quelques semaines auparavant, dans le quartier des ateliers où résidait tout le clan aux insectes. Bien que de quatre ans le cadet de Setsu, Kaido avait été promu Chuunin, et les familles du clan Aburame avait donc pris tout le temps nécessaire à le féliciter. Par ailleurs Kaido faisait partie d'une famille bien spécifique du clan Aburame, à la fois reconnue et crainte pour utiliser une variété spéciale de punaises Kikai réputée Toxique. Le Chuunin n'était donc pas vraiment un inconnu pour Setsu, et ce dernier ne devait pas l'être non plus à ses yeux. Mais, trêve de rêvasseries, le Hokage venait de prendre la parole.

Devant elle, le rouleau de Mission estampillé "B Rank". On l'écouta. Des convois civils avaient été attaqués par des essaims d'abeilles tueuses du côté des montagnes du Nord, sur les territoires de Tsuchi no Kuni, et une récompense était promise pour quiconque mettait fin à ses attaques et retrouvait les convois disparus. Caché derrière ses verres teintés, Setsu haussait un sourcil. Voilà qui expliquait pourquoi l'on réunissait deux Aburame sur un seul dossier. Qui de mieux placés qu'eux pour résoudre ce cas épineux placé sous le signe des insectes volants ? La réponse s'imposait d'elle même.
Quand le Hokage eut terminé de donner ses indications, et de formuler ses recommandations habituelles, Setsu et Kaido purent sortir de la tour; direction : Les Grands Remparts.
Située de l'autre côté du village, la grande porte de Konoha par laquelle les ninjas s'échappaient pour accomplir leur mission se dessinait à présent dans la brume matinale. La nuit avait été froide, et les premiers rayons du soleil produisaient une lumière presque fantomatique au dessus des toits du village. Setsu, de son côté, se conditionnait mentalement en observant son supérieur du coin de l'oeil. Avant même de sortir du village, le genin se voyait confrontés à deux paramètres inédits. Le premier était le rang de la mission. Si l'on exceptait ses quelques missions de guerre, il n'avait encore jamais effectué de missions de rang B, et encore moins de missions comportant potentiellement des objectifs de combat. Le deuxième était l'âge de son supérieur. Du haut de ses seize ans, Kaido n'avait probablement pas eu l'occasion de participer à la grande guerre du pays du feu. Bien sûr, lui était Chuunin, mais Setsu ne pouvait s'empêcher de se demander à quel point son coéquipier était réellement préparé pour la mission que l'on leur demandait d'accomplir... De toute façon, on verrait bien. Pour l'heure, briser la glace sembla être la priorité pour Setsu. Si la confiance ne régnait pas encore, autant tenter d'établir un premier contact amical, entre membre d'un même clan, même réputé peu bavard...

-J'ai déjà entendu parler de toi, Kaido-Kun. Tu es le premier des enfant-hôtes* à atteindre le grade Chuunin. C'est une bonne chose pour le clan. A combien de jour de trajet estime tu notre objectif ?

Pas terrible. Mais bon, les Aburame n'avaient jamais été doués pour faire la conversation...

La route avait été longue et éprouvante. A raison de quatre heures de sommeil par nuit, comme l'avait exigé Kaido, la fatigue occasionnée par la marche sur les plateaux rocheux qui bordaient le pays du feu, comme une frontière naturelle avec celui des roches commençait à se faire lourdement ressentir sur l'organisme de Setsu. La raréfaction de l'oxygène faisait tourner la tête, et la dureté du sol montagneux n'aidait pas à faire oublier les courbatures occasionnées par trois jours de marche à un rythme soutenu. Toutefois, pour Setsu, il n'était plus temps de se lamenter intérieurement sur le traitement de choc que le Chuunin lui imposait, car au détour d'un col, la petite ville était apparue en contre bas.
Niché au coeur du méandre d'un fleuve aux eaux sombres, l'endroit semblait pittoresque. Une multitude de petites maisons aux tuiles brunes s'agglutinaient les unes sur les autres, et de ces étranges pâtés de maisons s'élevaient d'immenses panaches de fumée blanche. Dans le ciel rougeâtre du soir, les maisons ressemblaient à autant de marmites fumantes sous leur couvercle. D'ailleurs, des odeurs de nourriture remontaient vers les deux Ninjas, portées par la brise. Les rues étaient illuminées par des essaims de lanternes blanches accrochées partout sur les commerces, au dessus des carrefours et des places. Avec les odeurs, la rumeur et le bruit parvenaient également aux oreilles du Genin et de son supérieur. L'endroit avait l'air paisible et vivant. Difficile d'imaginer que non loin de là des attaques meurtrières se produisaient chaque semaines terrorisant chaque jour un peu plus les populations des environs. Derrière ses lunettes de soleil, bien inutiles en ce début de soirée, Setsu observait le panorama. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas quitté le pays du feu, et bien qu'il n'en montrât rien, au fond de lui, il était plutôt content de participer à cette première mission de Rang B. Né pendant la guerre, il n'avait en réalité jamais envisagé de faire autre chose que de protéger son clan et son village. Mais la vue de ces nouveaux paysages magiques lui insufflaient de nouveaux désirs, de nouveaux rêves, qu'il garderait bien cachés sous son large manteau.

Le cri strident d'un oiseau résonnant dans le canyon le tira soudain de ses pensées. Puisque l'on avait fait tout cette route, ce n'était pas pour s'asseoir sur le bord du chemin et deviser sur la beauté du paysage. La ville était sans doute celle dont avait parlé Kaido-kun, et il allait falloir s'y aventurer pour interroger ces fameux marchands survivants. C'était en tout cas le premier objectif que le Chuunin avait fixé au duo, et Setsu n'avait pas l'intention de se dispenser de l'atteindre.
Le Duo quitta donc le petit sentier de montagne sur lequel il marchait depuis deux bonnes heures, et entreprit de rejoindre la route qui menait à la ville de montagne. La route par la terre semblait d'ailleurs le seul accès. Pour se protéger ou par manque de moyen, aucun pont n'avait été construit pour enjamber le fleuve et permettre aux habitants de partir plus loin au nord autrement qu'en bateau. Cela signifiait également que les marchands survivants avaient forcément emprunté ce passage pour rejoindre la petite ville...

• En ville •

Après un bon quart d'heure de marche supplémentaire, on arriva à l'entrée de la ville. Les portes n'étaient pas gardées. L'endroit ne devait pas être souvent soumis aux tumulte du monde environnement, et à en juger par l'air plutôt bien portant et confiant des quelques habitants qui croisaient désormais le chemin des deux Ninjas, la ville devait sans doute être plutôt prospère. Sans doute sa situation sur le fleuve lui assurait-elle un rôle intéressant dans le commerce de la région, à moins que ce ne fut son charme qui attirât les touristes en recherche de repos au coeur des montagnes, entre les haut plateaux et le fleuve.

Tout à coup un homme percuta Kaido, alors que les deux ninjas s'enfonçaient toujours plus dans les rues de la ville et sa foule habillée de couleurs chatoyantes. L'homme était grand et maigre. Vêtu d'une longue robe violette en soie sauvage, il avait l'air riche, et les bagues en or massif présentes sur presque tous ses doigts confirmèrent la première impression du Genin.

-Vous ne pouvez pas faire attention où vous marchez bon sang ?! s'excalama t-il alors. Saleté de touristes ! Vous croyez que je n'ai pas assez de problèmes comme ça pour qu'en plus vous vous jetiez dans mes jambes ! Allez du balai !

Puis, écartant la foule de ses longs bras minces, il s'éloigna en maugréant. Setsu le suivit un instant du regard surpris par la grossièreté du personnage, avant de se retourner vers Kaido.

-Kaido-kun. Cet homme semble bien le seul à avoir des problèmes ici. Les gens d'ici ont plutôt l'air heureux, non ? Peut être sait-il quelque chose à propos de la raison de notre venue. Et peut être... devrions nous chercher un endroit où dormir également... A moins que tu aies d'autres projets pour moi dans l'immédiat, je pense que je vais aller nous chercher une auberge.

Trouver une auberge ne serait sans doute pas la tâche la plus compliquée dans la ville. D'ailleurs, Setsu appercevait déjà deux enseignes illuminées des lanternes blanches qu'il avait vu depuis le sentier surplombant le villages, où se découpait nettement les caractères des mots Auberges, et Hôtel. Restait à espérer que les prix pour la nuit ne seraient pas trop élevés.

Bien. Malgré son grade de Chuunin et une autorité singulière pour un adolescent de seize ans, Kaido-kun n'en semblait pas moins rester un être humain. Lui aussi désirait se trouver une auberge et aller reposer ses muscles endoloris, laissant à Setsu le soin de retrouver l'homme en colère, et d'en apprendre plus sur lui et peut être même sur ses activités, ou du moins sur la raison de son comportement.
Setsu, comme tout Aburame n'avait jamais été particulièrement empathique avec son environnement. Il comprenait difficilement les émotions de ses congénères, et les partageait encore moins. Si dans le clan Aburame, chaque famille se soudait solidement à la manière d'un essaim d'abeilles dans sa ruche, la communication à l'extérieure de la cellule familiale n'en restait pas moins un point faible. Il était souvent arrivé au genin, lors de sa formation, de commettre quelques impairs en se montrant résolument insensible à la douleur de ses équipiers lorsque ceux-ci apprenaient la disparition de l'une de leurs connaissance. Non pas qu'il fut incapable de comprendre leur douleur, bien au contraire, mais il lui y était presque impossible de faire état publiquement de cette compassion.
Néanmoins, malgré ce handicap relationnel, Setsu n'en restait pas moins un shinobi, constamment aux aguets de la moindre anomalie dans son environnement. Et dans cette ville aux allures joviales, l'énergumène à la robe violette en était une grosse comme le nez au milieu de la figure.

-Très bien, Kaido-kun, nous nous retrouverons plus tard.

Fit donc le genin à son supérieur, en l'affublant encore une fois du suffixe affectif que l'on réservait aux plus jeunes. Probablement la seule fantaisie de langage que Setsu s'autorisait. Puis, ce dernier se mit en route, remontant un peu plus le col de son manteau pour parer au vent léger qui, le soleil se couchant, se faisait de plus en plus frais.

• Centre Ville •

L'homme en robe violette n'avait pas été si difficile à retrouver. Traversant les rues comme un bulldozer, les passants courroucés n'avaient cessé de se retourner en entendant ses cris ou sous l’effet de ses coups de coudes, et Setsu n'avait eu qu'à suivre la rumeur et les mines renfrognées pour retrouver le contact visuel avec sa cible. L'homme marchait toujours d'un bon pas, jouant des coudes pour se frayer un chemin plus rapide dans la foule de badauds sortis prendre l'air, et se dirigeait vers une bâtisse à l'entrée richement décorée. A première vue, un hôtel particulier.
Pour le genin, cela n'était pas vraiment une bonne nouvelle. Si l'homme entrait dans le bâtiment, il ne serait certainement plus en mesure de le suivre. L'endroit devait sans doute disposer de son propre service de réception et de sécurité, et même si Setsu parvenait à passer les portes, on le reconduirait immanquablement à l'extérieur manu militari faute d'invitation. Il allait donc falloir s'inviter discrètement, et qui mieux que de minuscules insectes pour remplir une mission d'infiltration ?

Ainsi, Setsu dispersa une petite poignée de ses précieuses Kikai dont une femelle dans l'air. Leur objectif : se nicher dans les plis de l'homme en violet, afin d'aider Setsu à localiser ce dernier à l'intérieur du bâtiment. Ce dernier, quant à lui, dévia sa route sur la droite afin d'éviter que quelqu'un ne repère la filature qu'il avait entrepris, direction d'une rue adjacente à la bâtisse, où la fréquentation se faisait nettement moindre. A vrai dire, il n'y avait pas un chat. Ou plutôt si, un. Rousse, juchée fièrement sur un couvercle de poubelle, la bête observait l'endroit. Setsu fit un pas en avant vers elle, et elle détala. Voilà qui était un bon point. Un ninja se devait d'être prudent, et un animal isolé représentait toujours une menace potentiel, du moins, c'était ce que l'on lui avait appris. Une simple transformation permettait à un ninja ennemi de se dissimuler sous les traits d'un animal, et un shinobi digne de ce nom se devait de toujours vérifier le naturel du comportement des êtres vivants qui l'entouraient.
Désormais, la rue était belle et bien déserte. Le moment idéal pour se livrer à une petite séance d'escalade à dans l'ombre des fenêtres du bâtiment.

Les Punaises de leur côté avaient réussie leur mission, et Setsu le ressentait. A l'intérieur de son corps, véritable ruche dans laquelle des dizaines de milliers d'insectes grouillaient à la recherche d'un tenketsu où s'alimenter en Chakra, les mâles dominants s'agitaient. La présence de femelle à l'extérieur les rendait fébrile et leur comportement indiquait le chemin à suivre au genin pour se rapprocher de l'homme, comme marqué d'une cible. A en croire ses précieux espions volant, l'homme se trouvait aux deuxième étage de l'immeuble, en compagnie de deux autres personnes. A en juger par les éclats de voix qui provenaient d'une fenêtre entrouverte : un homme âgé, et une femme plus jeune. Setsu, bien caché dans un recoin de la charpente extérieur, colla son oreille aux poutres de bois, afin de capter un maximum de son provenant de l'intérieur de la pièce.

-Vous en avez trop fait ! Criait l'homme à la robe violette. Vous allez tuer mon business ! Dites à vos hommes de mettre un coup de frein, ou nous en sortirons tous les deux perdants !
-Mais calmez vous cher ami, répliqua le vieil homme. Kamizuru-san sait très bien ce qu'elle fait. Nous n'avons rien à craindre, Fuji-san.
-Et je suis la seule à décider de ce que font mes hommes. Coupa alors la femme d'un ton sec. Vous nous avez engagé pour un boulot, et nous le faisons comme bon nous semble. Ce sont les termes du contrat. La mission ne prendra fin que dans six jours, ce qui nous laisse donc encore trois attaques à réaliser. En attendant, Fuji, retournez vous occuper de votre commerce. A moins bien-sûr que vous ne préfériez qu'un regrettable incident ne vienne entacher la réputation de votre société...
-Vous ne pouvez pas ...
-Ah bon ? Rétorqua une nouvelle fois celle que le vieux avait appelée Kamizuru-san.

Puis, ce fut le silence, un long moment. Setsu toujours caché faisait de son mieux pour retenir sa respiration. Les évènements venaient de prendre une tournure quelque peu inattendue. Bien que pour l'instant aucune preuve ne soit formellement établie, ce que le Aburame venait d'entendre semblait en tout point rejoindre la mission que le Hokage leur avait donné quatre jour plus tôt. Si l'on parlait bien des mêmes faits, alors ce Fuji-San devenait le principal responsable de ces attaques, et cette Kamizuru-san, en devenait l'auteure. Pour une raison ou pour une autre, Fuji semblait avoir payé la femme pour qu'elle réalise un certain nombre d'attaque, sans doute sur les convois. Peut être pour effrayer la concurrence ? Le motif se tenait. Le négociant avait payé une équipe de Ninja pour attaquer ses rivaux commerciaux dans le but de les ruiner, et auquel cas, le zèle de l’exécuteur menaçait désormais son propre réseau de client. A moins, et l'idée devenait nettement plus machiavélique, que Fuji-san ait fait attaquer lui même ses propres convois dans le but de se donner une raison d'augmenter ses prix de vente en raison des risques encourus par ses propres caravanes ? Possible, mais tordu.

De toute façon il était temps pour le genin de décamper. Les trois personnes en présences se donnaient des gages pour l'avenir et s'échangeaient un bonsoir tendu signe de la fin de la discussion. Setsu, se laissa donc tomber sans bruit dans la rue toujours déserte, et reprit son chemin, vers Kaido-kun.

• A l'Auberge •

Retrouver les insectes du Chuunin n'avait, comme celui-ci l'avait prédit, pas été chose difficile. Kaido avait choisi une auberge correcte, relativement bon marché. La chambre n'était pas immense mais assez spacieuse pour deux, et lorsque Setsu y entra, le Chuunin dormait déjà à poings fermés. C'est que l'on a besoin de sommeil, à cet âge là...
Le Lendemain en revanche, Kaido-Kun ne se fit pas prier pour se lever. le Chuunin avait l'air frais et dispos, prêt à entendre les informations glanées par son binôme.

-Kaido-kun. Commença donc Setsu, qui enfilait déjà ses sandales après avoir solidement attachés les bandages autour de ses chevilles et de ses mollets. J'ai pu récupérer quelques informations intéressantes hier soir. Il semblerait que les attaques ne soient pas l'objet de simples ninja pillards. Hier, après avoir suivi l'homme comme vous me l'avez demandé, j'ai entendu une discussion qu'il tenait avec une dénommée "Kamizuru". Il est possible que cet homme, un certain Fuji-san, ait lui même engagé Kamizuru et ses hommes pour attaquer les convois. Mais je n'ai pas pu apprendre dans quel but, même si je soupçonne une affaire de guerre commerciale. Trois autres attaques seraient prévus pour les six prochains jours. Si nous trouvons la base opérationnelle de ces ninjas, cela devrait nous permettre d'élucider le mystère. A moins que tu ne préfères aller interroger ce Fuji-san toi même ?

Impardonnable. Pour un Aburame, la bévue commise par Setsu était impardonnable. Trop concentré sur ses punaise, le Genin n'avait même pas remarqué qu'une abeille l'avait suivi. Pourtant, au moment où il avait compris, que les attaques avaient été causées par des ninjas, il aurait du immédiatement faire le lien entre les deux éléments. Mais non, il était purement et simplement passé outre. Setsu comprenait à présent ce que l'on attendait d'un Ninja lors d'une mission de rang B. Discipline et attention de tous les instants, rapidité d'esprit. Il avait pensé au chat, il avait pensé à la lumière et aux ombres, à la sécurisation de son périmètre, et pourtant, il avait négligé la raison de sa venue au pays de la terre : les abeilles. L'erreur était impardonnable. Mais plus le temps de se lamenter sur son sort. Kaido avait ordonné la dispersion, et un essaim compact d'abeilles se précipitait déjà vers la fenêtre de la chambre. En moins d'une seconde, Setsu fut dehors, laissant le Chuunin s'occuper des assaillants comme prévu. Sa nouvelle mission : Retrouver rapidement ce Fuji-san et lui faire cracher le morceau quant aux motifs de ces attaques à son rôle dans tout cela.

Aussi, après s'être dégagé du pétrin par le toit, Setsu replongea dans la foule qui emplissait les rues en ce beau matin hivernal. A propos de foule, la multitude d'individus présents dans les rues n'allait pas faciliter la recherche de Fuji-san. L'homme avait probablement changé de vêtements, et rien ne garantissait qu'il se trouvait toujours dans la petite ville. A moins que ...
Setsu venait de se souvenir des mots de l'homme la veille au soir. Fuji-san avait parlé de business, ce qui voulait dire que d'autres personnes le connaissaient ici, des employés peut êtres, ou d'autres commerçants. Aussi le Aburame se dirigea rapidement vers le quartier des marchands, en suivant, comme tout bon touriste, les panneaux indicateurs.
Le Quartier commerçant de la petite ville était un endroit agréable. Les boutiques étaient décorées de tentures multicolores, d'enseignes lumineuses, et leur propriétaires saluaient les chalands un peu perdus dans la profusion de marchandise, avec un air jovial. Tout était fait pour pousser à l'achat, et à en juger par la mine réjouie des marchands, les affaires marchaient plutôt bien. Le Konohajin sortit de sa besace un petit parchemin. Il s'agissait d'un parchemin concernant les notes explosives, mais ça personne n'avait besoin de le savoir pour ce que Setsu avait en tête.
Il s'était approché d'une boutique, et y était entré sans dire bonjour, comme il faisait tout le temps. Il montra le parchemin fermé au commerçant et dit :

-Je cherche un certain Monsieur Fuji. Un message important à lui transmettre.
-Bonjour jeune homme. Répondit le commerçant, bien plus courtois que son interlocuteur ninja, la boutique de Fuji-san se trouve à cinq-cent mètres plus loin sur la rue. Tu ne peux pas la louper, c'est la plus grande des environs et l'enseigne "Les Soies Fuji" est la plus grosse de toute la rue. Mais je crois qu'il est fermé aujourd'hui.
-Merci monsieur. Aurevoir. se contenta de répondre sobrement le Aburame en sortant de la boutique, reprenant sa route vers "les Soies Fuji".

Aussi étrange que cela pouvait paraître, cette mission de Rang B renvoyait au Aburame une sorte de reflet de son propre clan. Des manipulateurs d'insectes associés à des tisserands, la même formule qui à des dizaines de kilomètres au sud avait donné naissance aux familles dont descendait désormais le Genin. Cela avait quelque chose d'assez.. dérangeant.
Enfin, il arriva devant "Les Soies Fuji". Et en effet, le magasin était fermé. Qu'à cela ne tienne, si le Genin ne pouvait pas passer par la porte, il passerait par la fenêtre, et après avoir contourné le bâtiment, ce fut exactement ce qu'il fit. Il crocheta cette dernière à l'aide d'un Senbon, et pénétra dans la bâtisse.
Il y avait pour des dizaines milliers de ryos en rouleau de soie à l'intérieur de la boutique. L'endroit on était rempli. Des rouges, des verts des jaunes, des brodés, des en soie sauvage, des grands comme des petits, et pour Setsu le lieu était familier. L'atelier de sa famille à Konoha ressemblait sensiblement à cet endroit, rempli de rouleau d'étoffes multicolore, à la différence qu'il n'y en avait pas autant. Mais alors qu'il observait son environnement à la recherche d'une commode, ou d'un placard où le marchand aurait pu dissimuler des documents, un bruit à l'étage attira son attention, puis un autre. Le Genin n'était pas seul. Aussi, il libéra lentement ses punaises par les manches de son manteau, et leur ordonna de se rendre à l'étage en rampant sur les murs pour éviter le bourdonnement produit par leurs battement d'ailes. En même temps, Setsu affectait de prendre les escaliers avec une infinie précaution.

-Q-qui êtes vous ?! s'écria l'homme à l'étage, en découvrant dans l'encadrement de la porte.
-Si j'étais vous, je me calmerais, répondit Setsu qui observait Fuji agenouillé devant une table basse en bois précieux en train de faire ses comptes. Les Kikai n'apprécient que très modérément l'agitation.
L'homme retint alors un hurlement de panique. Sous ses jambes, partout autour de ses pieds, une masse grouillante de petites bêtes noires aux reflets violets rampait et enveloppait ce qu'elle trouvait à leur portée. Fuji-san se retrouvait immobilisé par la masse d'insectes qui se répandait à ses pieds. Et plus il bougeait, plus ils grimpaient haut sur son corps.
-Bien. Maintenant que vous êtes plus calme, passons à mes questions. Premièrement, qui sont les Kamizuru ?

Le marchand regarda autour de lui à la recherche d'une main secourable, mais il se résigna bien vite, désespérément seul dans sa boutique, les jambes noyées sous un marais d'insecte.
-Un clan de ninja, qui opère depuis les forêts de l'autre côté du fleuve. Leur spécialité est l'utilisation des abeilles tueuses dans le combat.

-Très bien. Pourquoi les avez vous recruté ?

L'homme écarquilla les yeux.

-Ce n'est pas moi ! C'est Yamaru-sama ! Il leur a dit qu'ils les paieraient si ils attaquaient les convois des tisserands des villes voisines ! Tout ceci était son idée !
-Qui est Yamaru-Sama ? poursuivit Setsu de sa voix monocorde.
[color=darkblue]-C'est le chef de la guilde des tisserands de la ville. C'est un vieil homme sans scrupules, moi je ne suis qu'une petite main, c'est lui qui a tout organisé !
-D'accord. Pourquoi avez vous donc accepté de faire partie de la combine, et plus important pourquoi attaquer les convois des villes voisines ?
-On ne refuse rien à Yamaru-sama mon garçon, fit Fuji, en baissant les yeux. Il avait l'air bien moins autoritaire que lors de leurs premières rencontre en centre ville. Yamaru-sama contrôle un bon nombre de petits criminels dans cette ville alors, soit on fait ce qu'il dit, soit ... il nous arrive quelques incidents fâcheux, si tu vois ce que je veux dire. Quant au pourquoi, eh bien je dois bien reconnaître que cette idée paraissait plutôt bonne. Eliminer la concurrence des villes voisines permettait aux tisserands d'ici de pouvoir se partager le monopole de la vente de tissu dans tout le quart est du pays des roches, et peut être même dans une partie du nord-ouest du pays du feu. Une fois les marchands de soie voisin éliminés, une entente sur les prix était prévue, et nous aurions prospéré tranquillement. Mais les Kamizuru ont outrepassé leur mission. Ils étaient censé attaquer les convois et les empêcher d'atteindre leur destination, pas tuer tout leurs occupants...
-Très bien. Votre coopération sera prise en compte lorsque nous aurons mis un terme à cette histoire. En attendant, je crois que vous allez devoir rester là.

Termina le Genin en s'approchant du marchand, toujours captif des insectes. Il sortit de sa sacoche un filin qu'il noua solidement autour des poignets et des chevilles du marchand, avant de le bâillonner avec l'une de ses chutes de tissus.

-Je reviendrai lorsque nous aurons mis un terme à ces attaques. En attendant, profitez de votre temps libre pour méditer.

Mais alors qu'il s'apprêtait à sortir par là où il était entré, un deuxième chakra se fit sentir. Juste celui de Kaido. Le Chuunin s'en était sorti et rejoignait Setsu, il allait donc être temps de mettre au point une stratégie pour mener cette mission à bien une bonne fois pour toute, une fois que Setsu aurait communiqué les nouvelles informations concernant le vieux Yamaru, le clan Kamizuru et les motifs des attaques à son supérieur. Ce qu'il fit dès qu'il se retrouva enfin seul avec lui, au rez-de-chaussé de la grande échoppe.

Jutsus Utilisés:

S'enfuir par la terre était exactement ce à quoi avait pensé Aburame Setsu, et il fut surpris que son camarade y ait également pensé. Pourtant, il n'y avait pas vraiment de quoi. Doton était une affinité plutôt répandue au sein du clan et nombre de Aburame, pendant la guerre avaient recourru avec succès à Dochu Eigyo, la technique d'assimilation au sol pour se dissimuler des cibles qu'ils espionnaient. C'était donc tout naturellement qu'Aburame Sekai, le père de Setsu avait enseigné ce jutsu à son fils au cas où. Et le cas où était arrivé. Setsu hocha donc la tête affirmativement pour confirmer qu'il disposait également de sa porte de sortie, et forma les sceaux de terres.

-Doton : Dochu Eigyoo.

Et en quelques secondes à peine les deux Konohajin avaient disparus dans le sol rocheux sur lequel était construit le magasin. Si les Kamizuru parvenaient jusqu'ici, ils auraient sans doute bien du plaisir à chercher dans quelle directions leur proies s'étaient échappées.

Dochu Eigyo était l'une de ces techniques qui valaient la peine d'être vécues. En combinant l'affinité Doton à son flux de Chakra, le Ninja se glissait littéralement dans le sol et acquérait la capacité de s'y mouvoir comme s'il ne s'était agi que d'une étendue huileuse. Bien sûr, la densité des minéraux et la pression exercée par eux sur l'organisme rendaient compliqué un parcours (surtout rapide) sur de longues distances, et pour cette raison, la technique était principalement utilisée pour des embuscade ou de simples observations. Mais avec un peu de pratique, l'on pouvait aisément parcourir une centaine de mètre sans ressentir de contrecoup trop important. Le tout était de ne pas perdre ses repères géographique, afin de conserver son cap. De temps à autres, l'on retrouvait un malheureux en fâcheuse posture, coincé dans le tronc d'un arbre ou incapable de refaire surface à travers un plancher trop solide, faute d'avoir bien calculé son itinéraire.

Lorsque Setsu ressortit de terre, il se trouvait comme prévu deux rues plus loin. S'extirpant comme par enchantement du sol de pierre dans un recoin ombrageux, il rejoignit rapidement les abords de la ville, prenant soin de disperser deux clones illusoires sur son chemin, afin de brouiller les pistes. Puisque Kaido-kun et lui même étaient désormais sur surveillance, il allait falloir jouer de cette situation de fait pour reprendre l'avantage...
Ce fut donc sur la petite route de montagne au sud de la ville, celle par laquelle les deux shinobi de Konoha étaient arrivé, que Setsu retrouva Kaido, arrivé au point de rendez vous le premier. L'endroit présentait un avantage : Aucune fleur n'y poussait, et son éloignement du brouhaha ambiant de la bourgade rendait tout bourdonnement parfaitement audible. En d'autre termes, aucune abeille ne passerait inaperçue entre les cailloux bien secs du chemin. Et à ce propos, une idée venait de germer dans la tête du Genin. Une idée née du souvenir de l'abeille dans la chambre d'hôtel.

-Kaido-kun. Commença t-il donc en vérifiant une nouvelle fois que personne ne l'avait suivi. Bien que le rapport de force ne joue pas en notre faveur, je pense que nous disposons tout de même d'un avantage de taille. A priori, l'ennemi ignore tout de nos techniques, et plus précisément de notre capacité à influer sur les insectes. En d'autres termes, leurs abeilles sont d'une certaine façon nos meilleures alliées, alors que l'inverse n'est pas vrai concernant les Kikkai. Si ils utilisent leurs abeilles comme informatrices, cela signifie que ces mêmes abeilles retournent toujours à un moment donné à leur ruche. Nous n'aurons qu'à faire suivre leurs abeilles par nos punaises pour découvrir l'emplacement de la ruche. Voilà pour la localisation. Reste le problème de la diversion. Comme nous sommes clairement en infériorité numérique, la meilleure diversion ne serait sans doute pas une attaque frontale ou une embuscade à proximité de leur camp. Je pense que nous avons une chance de détourner l'attention d'une bonne partie de la garde rapprochée de leur chef en utilisant l'une de leur connaissance. En l’occurrence Fuji-san. L'idée serait d'utiliser une technique de transformation, pour laisser penser à la garde que Fuji-san en personne vient demander des comptes. Alors trois options possible. Soit après notre départ, des Kamizuru ont effectivement retrouvé Fuji à sa boutique et l'ont détaché. Auquel cas, ils croiront que sa visite est lié à ses inquiétudes. Soit, ils ne l'ont pas libéré, et la surprise viendra du fait qu'il se présente en personne à leur repère, après sa "rude journée". Soit personne n'est venu et ils ne savent rien de son emploi du temps de la journée, et nous nous retrouvons dans le premier cas de figure. Reste la possibilité qu'ils l'aient détaché et emmené avec eux, auquel cas il sera déjà sur les lieux lorsque le faux Fuju arrivera, ce qui est peu probable. Fuji est trop peureux pour oser désobéir à Yamaru, qui doit certainement le tenir à l'oeil. Ce qui nous laisse un taux de réussite globalement supérieur à 75%. Cette diversion combiné à un Bunshin no Jutsu devrait les déstabiliser suffisamment longtemps pour que tu aies le temps de mettre la main sur leur chef et le capturer, qui reste la partie la plus compliquée dans l'éxecution du plan. Néanmoins Kaido-kun, si le plan fonctionne comme prévu, il y a fort à parier que ces Genin ne risqueront pas leur peau si leur chef est incapable de les commander. Ils y auraient bien plus à perdre qu'à gagner. Risquer de diminuer leur avantage principal qu'est le surnombre face à un ou plusieurs ninjas plus forts que leur leader serait un chois stratégique désastreux, et même des pillards dans leur genre doivent le savoir.

Tel était donc le plan de bataille imaginé par Setsu. Peut être avait-il outrepassé son rôle de Genin, et sans doute son cadet de Chuunin aurait des précisions à y apporter, mais en attendant, l'idée générale lui paraissait plutôt bonne. Du moins en prenant en compte tous les paramètres à sa disposition, c'était le meilleur plan qu'il était parvenu à échafauder. Et quelle que soit la décision de Kaidô-kun, il faudrait l’exécuter à la nuit tombée, car la prochaine attaque de convoi était sans aucun doute pour la journée du lendemain.

Le plan s'était déroulé sans encombre jusqu'à ce que Kaido décide de pulvériser le mur de la petite baraque en bois avec une note explosive, alors que Setsu se trouvait encore dedans. La surprise, combiné à l'onde de choc avait perturbé le Chakra du Genin et l'avaient ainsi contraint à reprendre son apparence habituelle. L'effet de surprise dont les deux Konohajin pouvaient encore bénéficier était donc ruiné. D'ici peu de temps, ceux qui n'étaient encore que des Genins innofensifs, bernés par le Henge no Justsu de Setsu ne tarderaient pas à rappliquer pour aider leur chef. Le combat devrait donc rapide, la seule chance pour les ninja de Konoha de remporter ce deux-contre-un.

Setsu se débarassa donc des débris de bois qui avaient volés jusqu'à lui et forma un sceau de terre, alors qu'il faisait glisser son pied droit sur le sol terreux pour dégager un maximum de poussière dans les airs.

-Doton : Hokori no Jutsu.

Une légère secousse fit vaciller ce qu'il restait de la bicoque, et l'atmosphère déjà saturée de la fumée causée par la note explosive s'alourdit encore plus avec le dégagement de poussière que venait de produire la technique de Setsu. Hokori no Jutsu était une technique d'apparence inoffensive. En impulsant du chakra combiné à l'affinité Doton directement dans un sol terreux, le Genin produisait un nuage de poussière plus ou moins dense autour de lui et de ses compagnons. La technique était à double tranchant : La densité de la poussière diminuait le champ de vision de l'adversaire comme celui de l'utilisateur, et rendait compliqué l'utilisation précise des techniques à distance. Mais pas pour tout le monde. En effet, Les Aburame n'utilisaient pas leur vue comme sens premier pour le combat. L'ouie était de loin leur meilleur atout, et de toute façon, les punaises Kikkai ailes, se souciaient bien peu de la qualité de l'air dans lequel elles volaient en direction de leur cible. Et à propos de Kikkai, Setsu exécutait son deuxième mouvement. Les mains tendues vers les pieds de la Kunoichi , il déversa un torrent d'insectes dans cette direction. Les punaises, rampant dans les débris ne tardèrent pas à attendre les pieds de l'adversaire, et à se répandre tout autour en une masse informe et visqueuse.

*Je la tiens !*

S'exclama intérieurement le Genin, peinant à distinguer précisément les contours de sa cible. Tout ce qu'il pouvait sentir était le bourdonnement de ses punaises, se ruant sur les tenketsu de la Kamizuru pour en extraire le Chakra.
Mais sa joie fut de courte durée, car dans un hurlement rageur, la Jônin se dégagea de l'Emprise de la technique, reculant de plusieurs mètres d'un bon spectaculaire. Au même moment, Setsu entendit un pas lourd derrière lui. Le Genin de la garde rapprochée, resté jusqu'à présent en retrait s'était précipité dans le nuage de poussière. A peine le temps de se retourner pour Setsu qu'un coup de pied lui arrivait en plein visage. Paré de justesse. Le Konohajin sortit un Kunai de sa main libre pour riposter et trancha son adversaire au niveau du torse. Mais à son grand désaroi, sa cible se révéla n'être qu'un débris de bois causé par l'explosion. Une technique de substitution, qui mettait le Aburame dans un fâcheuse posture. Kikkai Ryuusa n'était pas assez puissant pour retenir la Jounin, et ce deuxième opposant avait à nouveau disparu dans les ombres de la bicoque. Si l'on ajoutait à cela le temps qui tournait, et le reste du campement qui se rapprochait, les choses empiraient de secondes en secondes. Setsu lâcha donc quelques clones illusoire autour de lui. Si le Genin attaquait à nouveau au contact, il aurait désormais seulement 20% de chance de tomber sur le bon, ce qui était largement suffisant pour riposter une nouvelle fois, maintenant que ses punaises, ayant failli à leur mission revenaient se nicher à l'intérieur de ses manches.

La meilleure option devenait donc...

*Dochu Egyo !*

Dochu Egyo. La Technique d'assimilation au sol. Dans cet espace confiné, c'était encore elle qui lui donnait le meilleur avantage. Même sans utiliser de Kikkai, la Jounin était aisément repérable grâce au son de ses pas sur le sol. Un atout de taille, qui poussa Setsu à changer ses habitudes... pour attaquer au contact. Une fois qu'il eut raisonnablement estimé la position de la cible, il sortit ses deux mains du sol. Bingo.
Le Genin empoigna fermement la cheville droite, puis la gauche de la Kamizuru, alors qu'une nouvelle fois les petites bêtes rampantes sortaient des ses manches, pour s'attaquer aux points de Chakra de son ennemie. Cette fois-ci, elle ne partirait pas, et si Kaido était encore en état de faire quelque chose, il ne louperait pas la chance d'en finir que lui offrait Setsu.

Jutsus Utilisés:

Kikkai : 1. Abeilles : 0. Le Match était terminé et les visiteurs venaient de l'emporter à l'extérieur et avec des joueurs en moins, si l'on pouvait dire. Autour de la petite grange éventrée, les Genin faisaient grise-mine en observant le corps tuméfié de leur leader. Setsu lui même n'était pas très emballé par le fait de rester trop près de ce corps qui de loin ressemblait plus à un tas de viande gonflé qu'à un être humain. Les punaises toxiques de la famille de Kaido étaient vraiment des armes redoutables. Mais il n'y avait plus lieu de s'inquiéter, puisque les insectes disparaissaient peu à peu du champ de bataille. Le bon moment pour déguerpir avec le paquet, avant qu'un Genin plus belliqueux que les autre ne décide de sortir de sa résignation pour s'en prendre aux Konohajin.
Quelques dizaines de minutes plus tard, Kaido et Setsu franchissaient de nouveau le fleuve qui séparait la paisible bourgade de la forêt, et filaient droit "les Soies Fuji". La ville s'éveillait tout juste, mais le magasin était déjà grand ouvert, et Fuji-san s'affairait dans une arrière salle en attendant ses premiers clients lorsque les Aburame firent irruption dans son magasin.
-Fuji-san. Vous allez devoir reporter votre ouverture d'une heure ou deux. Fit Setsu sans même un bonjour, alors qu'à côté de lui, Kaido déposait sur le plancher une Reine Kamizuru ligotée avec des filins. Vous venez avec nous.
Le Marchand se retourna brusquement, l'air terrorisé. Les grosses bagues de ses doigts s'entrechoquaient tellement ses mains tremblaient. Et pour cause : La Kamizuru n'avait toujours pas retrouvé forme humaine, et son visage boursouflé était lacéré de griffures. Un spectacle bien peu ordinaire pour un marchand d'étoffe dans une ville de provinces, plus habitué aux joies de la société bourgeoise qu'à la réalité crue du monde Ninja. Pour autant, le marchand ne fit pas d'esclandre. Setsu eut même l'impression un bref instant, qu'il était heureux de se faire enfin pincer, et d'entrainer dans sa chute le dénommé Yamaru...
Les locaux des services de sécurité se trouvaient en bordure de la ville, côté est. Lorsque les deux Konohajins arrivèrent, ils furent reçu par un lieutenant bedonnant serré dans un uniforme un peu trop petit. L'air inquisiteur, le regard vif il n'avait pourtant pas l'air d'un crétin comme il en pullulait dans ce genre d'endroits reculé. Il prit la peine de saluer Fuji qu'il connaissait de visu comme tout un chacun dans cette ville, et invita la petite troupe à passer dans un bureau pour expliquer la raison de la venue. Et ce fut le grand déballage.
Fuji-san à la fois effrayé et soulagé raconta absolument tout ce qu'il savait sur les pratiques odieuses de Yamaru-sama, et cita même des noms d'autres marchands d'étoffes impliqués dans l'histoire. Il pleura, couina, chouina, se moucha copieusement, s'auto-flagella en estimant entre deux sanglots que ce qui lui arrivait était bien mérité, et que jamais plus au grand jamais il ne se laisserait influencer dans ce genre de combine, tout en s'excusant une bonne quinzaine de fois pour les vies perdues dans cette regrettable histoire.
Si Setsu s'était attendu à des aveux, le lieutenant quant à lui resta interloqué. De toute sa carrière, il n'avait jamais vu de crapule se répandre en révélation et en excuses comme venait de le faire cet honorable marchand. Aussi, plutôt que de répondre à ce dernier directement (et il voyait bien qu'il n'était de toute façon plus en état de parler), il reporta son attention vers les Ninjas.

-Alors c'est vous qui avez capturé la responsable de ces attaques. On m'avait informé qu'un groupement de commerçants de la région avait réuni les fonds pour payer une intervention de la part de Konoha, mais je ne pensais pas que le travail serait fait si rapidement. La région vous doit une fière chandelle, et j'envoie immédiatement une escouade chercher Yamaru-sama à son domicile. Soyez assuré qu'il sera jugé conformément aux lois de la ville, de même que ses acolytes. Et je peux vous assurer qu'ils n'ont pas fini de regretter ce qu'ils ont fait ! Nous ne sommes pas une grande ville, mais notre justice fonctionne correctement, soyez sans crainte.

-Ce n'est plus notre problème, lieutenant. Lui répondit Setsu avant de rajouter : "Même si il est appréciable que ces criminels soient mis hors d'état de nuire...", se rendant compte qu'il s'était peut être montré un peu trop cassant.

Mais le fait était que le sort réservé aux coupables n'était effectivement plus leur problème. La mission était terminée et réussi, leur prochain objectif se limitait uniquement à retourner à Konoha sans encombre, et à toucher la prime promise pour l'accomplissement de la mission. Les gens qui n'en faisaient pas partie avaient souvent du mal à comprendre le pragmatisme du monde Ninja. Il leur était difficile de comprendre qu'un Ninja n'agissait pas pour le bien commun ou pour changer le monde. Il se contentait simplement d'accomplir la tâche que l'on lui confiait à un moment donné. De simples exécutants, que certains qualifiaient même de simples exécuteurs. Chacun était libre d'avoir son point de vue.
En attendant, il était grand temps pour les deux Aburame de revenir à leur village. Une nouvelle mission devait sans doute déjà les attendre de pied ferme dans le bureau du Hokage, et en ce qui concernait Setsu, la douceur du climat du pays du feu commençait à lui manquer...

[Fin de la Mission]