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Le jeune Atsushi n’était pas peu fier d’avoir reçu son premier ordre de mission, surtout que celui-ci était orné d’un magnifique "B", et avouez le, ça en jette beaucoup plus de dire "moi, ma première mission, c’était une rang B… on en a bavé !", que "ma première mission était de rang D : on a ramassé les poubelles dans tout le village. C’était super !".

Le Genin fraichement promu avait passé la soirée à se préparer. Le remplissage de son sac, en particulier, avait pris beaucoup de temps. Après de nombreuses hésitations assis devant son sac vide, il avait fini par exhumer un rouleau intitulé "le matériel du ninja", dans lequel se trouvait un paragraphe dédié à l’équipement recommandé en mission. Selon le rouleau, il ne fallait rien de trop lourd, car il faut voyager et parfois se battre avec son sac, mais suffisamment pour ne manquer de rien. Le garçon s’y conforma, tout en se demandant si l’argile faisait partie des choses encombrantes.

Tout de même, ce n’était pas rassurant d’emmener aussi peu de choses…

En plus du paquetage indispensable, Atsushi prit le parti d’emporter des provisions supplémentaires, une seconde couverture (la nuit, il fait froid dans le désert !), une tenue de rechange, de la crème solaire (le jour, il fait chaud dans le désert !), son rouleau de cours "les missions pour les débutants" (qu’il ne lirait sans doute jamais, mais c’était pour la forme), ainsi qu’une une réserve de bandes dessinées (parce que les ninjas ont beau être réputés pour leur patience, quitte à attendre, autant ne pas s’ennuyer !).


L’ordre de mission en lui-même fournissait matière à réfléchir. La première ligne à elle seul présentait déjà un bon un bon nombre d’inconnues. Tout d’abord, il semblait y avoir deux coéquipiers : Kenji, et un certain Nomàrallonge. Ces deux noms ne lui disaient rien, mais l’enfant supposait que si le sien n’était pas inscrit sur la feuille, c’était soit parce qu’il était seulement Genin, soit parce qu’il avait été ajouté en renfort à la dernière minute.
Ensuite, on parlait du "pays de la cendre", et de "partisans". Le pays de la cendre, Atsushi avait regardé sur une carte : c’était… quelque part par la. De toute façon, il ne fallait pas s’y rendre, mais juste aller dans sa direction. Tant mieux d’ailleurs, car "pays de la cendre" n’est pas un nom très attrayant, il y avait peu de chances qu’on distribue un jour des brochures touristiques "allez passer un séjour de rêve d’une semaine au pays de la cendre !", et le Genin espérait ne jamais y mettre les pieds. Quand aux partisans, il n’avait jamais pris la peine de se documenter sur la politique extérieure et supposait qu’il s’agissait d’une bande de brigands ou de petits révolutionnaires quelconques, enfin une bande de types crasseux, passant leur temps à se cacher, et pas très forts. Ce dernier point était capital, car c’est bien plus rassurant de penser que les seuls adversaires que l’on risque d’affronter sont des nazes. A partir de la, la quasi-certitude d’un piège annoncée par l’ordre de mission paraissait presque bénigne.

Le jeune utilisateur de bakuton dut arrêter la ses réflexions, car son oncle, surpris de voir de la lumière à une heure aussi tardive dans la chambre de son neveu, lui rappela que vingt-trois heures était une heure indue pour se mettre au lit quand on était un enfant de huit ans. En dépit de ses protestations (après tout, je suis un ninja confirmé maintenant, non mais oh !!), Atsushi fut bien forcé d’obéir.


Non pas par désir de faire bonne impression, mais à cause d’un mauvais réglage de son réveil, le petit garçon arriva à la sortie du village d’où il devait partir avec son coéquipier avec une petite heure d’avance. Se félicitant d’avoir emporté des occupations, le jeune Shotoku Beiso Keikaku se plongea dans la lecture de ses bandes dessinées, et c’est ainsi que Kenji le retrouva à son arrivée.

A l’approche de celui-ci, se sentant observé, le ninja finit par lever la tête et dévisagea le nouvel arrivant sans quitter sa moue habituelle. On dit qu’il ne fait pas juger quelqu’un sur sa seule apparence, mais c’était précisément ce qu’Atsushi avait l’habitude de faire à chaque fois qu’il rencontrait quelqu’un. Le ninja en face de lui était clairement un adulte, et un homme, comme le prouvaient sa taille, suffisamment grande du point de vue de l’enfant, et la couleur légèrement grise de sa peau au niveau de son menton et de la moustache. En dehors de ça, ses grands yeux gris contrastaient avec son visage avenant, et le garçon comprenait que le nouveau venu cherche à les cacher avec sa frange blonde.
Il était probablement tombé sur un ninja expérimenté, et pour une mission dangereuse ce n’était pas plus mal. Son égo d’adulte (tout à fait normal d’un point de vue extérieur, mais absolument pas de celui d’Atsushi), ainsi que son grade vraisemblablement supérieur au sien l’inciteraient à surement à prendre les commandes de l’équipe, et l’enfant allait le laisser faire mais sans se laisser écraser, car contrairement à la majorité des femmes de tous âges (qui le traitent habituellement à coup de "Ouuh, qu’il est mignon ! Quel est ton nom mon petit ? Atsushi ? Oooh, comme c’est choupiii !!"), les messieurs préféraient souvent voir leurs cadets actifs et déterminés.

L’enfant rangea posément ses livres dans son sac, composa son expression du visage n°4 "sourire amical" puis déclara :

- Bonjour, je suis Atsushi Shotoku Beiso Keikaku. Tu es mon coéquipier ?

Atsushi fut surpris, mais pas étonné par la réaction du nouveau venu. Ses fréquentations avec les adultes au cours des années l’avaient amené à séparer ceux-ci en deux catégories (en vérité, il en existe bien plus mais il n'a pas encore poussé la réflexion plus loin) : il y avait d’abord les blasés, ceux qui, passée la constatation "oh, je suis avec un enfant", ne poussent pas la réflexion plus loin, et se comportent ensuite comme si de rien était. Si leur compagnie n’était pas des plus passionnantes, ils avaient au moins l’avantage d’être facile à vivre. Les membres de la seconde catégorie, quant à eux, étaient tout simplement trop bien pour s’abaisser au même niveau que les enfants ; ils avaient d’ailleurs tendance à considérer que ceux-ci n’étaient pas tout à fait humains, et que, de ce fait, les règles élémentaires de la politesse ne n’appliquaient pas à eux. Avec un peu de recul, on pourrait les comprendre : après tout, quand on s’est embêté à surmonter les injustices du bas âge, une crise d’adolescence pas toujours facile, la crise de boutons, et les premiers poils, on entend bien compenser et profiter une fois majeur ! Le petit garçon, lui, ne voulait pas être compréhensif ; il était même du genre à garder en mémoire tous les torts qui lui on été fait et, des dizaines d’années plus tard, quand Kenji ne serait plus qu’un vieillard édenté en fauteuil roulant, il viendrait le voir en faisant craquer ses poignets de quinze ans de moins en disant : "alors tu te souviens de moi ? Quand j’étais petit et faible, à notre première rencontre, et que tu ne m’as pas dit bonjour !!".

Puisque son beau sourire n’avait eu aucun effet, le Genin reprit son expression habituelle : n°1 "air vaguement intéressé". Il laissa ensuite le nouveau venu discourir sans laisser paraitre d’émotions, sauf à la toute fin, ou son visage se changea durant quelques secondes à peine en n°16 "à la fois effaré et vexé" quand il comprît qu’en réalité le fameux Nomàrallonge, n’était autre que lui-même ! Après avoir noté dans un coin de sa tête, "pas de bonjour", "un truc comme toi", et "pas plus de chakra qu’une limace morte", qui lui semblaient être les plus vexants, mais aussi de ne pas oublier de passer voir le donneur de missions quand il serait en âge de marcher avec une canne, l’enfant répondit sur le ton de la conversation, comme si de rien était :

- Mes Kunaïs ? Haha, oui, le marchand à réagi un peu comme toi ! Il n’a pas voulu m’en passer, et a menacé de prévenir mes parents,… alors finalement j’ai demandé à mon oncle qui m’a prêté les siens…

Atsushi nota aussi que l’autre s’était présenté comme étant le Kenji de son ordre de mission, avec un nom de grade qui en mettait plein les oreilles : chef de…d’un truc important. A son avis, ça devait être un grade bien, comme Jounin ou Triumvir, enfin un machin comme ça ! Son nom était amusant, ça faisait un peu… nom de technique ; on s’imaginait bien dire : voici ma plus puissante attaque, Nimpô : Raiu no Kenji ! Gwahaha !

En parlant de puissante technique, l’enfant allait devoir montrer la sienne. Il n’avait pas pris la menace de son éventuel coéquipier au sérieux, et s’imaginait que le pire qui pouvait lui arriver c’était de refaire le long chemin pour rentrer chez lui, et de déballer son sac sans s’en être servi, mais il ne tenait justement pas à faire des allers-retours pour rien, surtout que dans ce cas il ne serait probablement pas payé pour le dérangement ! Plongeant la main dans sa sacoche, il en tira une grosse poignée d’argile que sa main gauche engloutit, et sa bouche commença à malaxer la terre. A partir de ce moment, il n’eut plus aucun regard pour son interlocuteur et le laissa emporter par l’extase de la création artistique.


Le petit garçon était très satisfait du résultat. Selon lui, plus une œuvre contenait de particularités et de détails, plus elle était digne d’être appréciée. Dans sa main, la statuette d’argile, de la taille d’un pigeon, représentait un éléphant au corps recouvert de fioritures de style baroque, sauf la trompe qui était parcourue de rayures. L’éléphant avait l’originalité de posséder des pattes de cigogne -pour mieux décoller-, et surtout des oreilles démesurées, qui étaient en réalité des ailes de chauve-souris, elles même recouvertes de gravures semblables à des hiéroglyphes. Totalement inconscient de l’insulte au sens commun de l’esthétisme qu’il venait de faire, et affichant toujours son air mi-amusé, mi-peu concerné, Atsushi déposa sa splendiiide œuvre sur le sol, puis reporta son attention sur le chef Us, et lui dit avec son "visage radieux" (n°2) :

- Ce n’est peut-être pas ma technique la plus dévastatrice, mais c’est ma préférée.

Sur cette déclaration, il composa calmement ses mundras, et la statuette à ses pieds grossit, jusqu'à attendre la taille de… d’un tracteur tondeuse par exemple, ou d’un canot gonflable… enfin de ce que vous voulez, qui soit assez grand pour qu’un petit garçon puisse confortablement s’assoir dessus car c’est ce que fit le notre. Une fois son cavalier installé en tailleur sur son dos, l’éléphant-chauve-souris déplia ses ailes-oreilles, et tendit ses longues pattes d’oiseau qui manquèrent de se tordre sous le poids de l’équipage (ce qui aurait été fort dommage, d’ailleurs, car l’on aurait alors plus pu admirer les magnifiques spirales qui les ornaient, même si avouons-le elles n’étaient pas du tout assorties au reste). Après avoir tangué et menacé de s’écrouler, l’"éléphant" prit son appui sur le sol et décolla. En quelques battements d’aile, le chef-d’œuvre visionnaire s’éleva à plusieurs mètres de hauteur, et Atsushi s’exclama :

- Tu vois, je saute plus haut que toi !

Après avoir fait filer sa monture volante quelques instants dans les airs, parce qu’après tout, s’il s’était embêté à faire une sculpture aussi grosse, c’était aussi pour en profiter, le jeune Shotoku Beiso Keikaku la fit redescendre en piqué. Il hésita à la laisser s’écraser sur le Joun…Chef… enfin gars-super-gradé qui le prenait de haut, ce qui ne lui aurait pas déplu, mais l’homme en question lui avait ordonné de "montrer" sa plus puissante technique, et non pas de « lui envoyer », et un ninja se doit d’obéir à la lettre aux ordres donnés. L’enfant dévia donc légèrement sa trajectoire, et sauta à proximité du sol, juste avant que la statue d’argile ne touche le sable ou il la fit exploser, sans aucun scrupule pour les pauvres villageois qui pouvaient encore dormir ; il eut tout au plus une arrière pensée pour la pauvre rue qui risquait de subir des dégâts, mais à peine, car il ne s’agissait après tout ici que de chakra C1.

Log 64 : Bait

Citation :

Fini ton RP à l'embuscade pour que je manque pas de contenu

Kenji était peut-être un bon commandant –enfin surement, sinon il ne serait pas chef Uaisse…U… enfin chef-, mais il semblait avoir du mal avec les explications. Ou alors, la situation était aussi confuse dans sa tête. En tout cas, il lui avait fait gré de la voix haut perchée qui accompagnait habituellement les explications simplistes pour enfant.
Ainsi donc, Makka était un ennemi. Déjà, c’était une nouvelle puisque jusque la, Atsushi s’imaginait qu’il s’agissait d’un quelconque informateur ! Mais alors, un méchant fort, ou juste un méchant ? Parce que si ce sont ses "amis" qui viennent, et que c’est un méchant fort, ils seront probablement balèzes aussi puisqu’un méchant devient rarement copain avec des nullos. Ou alors par "amis", devait-il comprendre "ses hommes" ? C’était d’un compliqué !
Ensuite, l’enfant n’était pas sur d’avoir saisi la comparaison du garde manger qui roule ; un convoi, ça il pouvait comprendre, mais la il avait l’impression que quelque chose lui échappait.

Toutefois, comme on ne se moque pas de son chef, même quand il raconte n’importe quoi, et que même quand il ne saisissait pas tout ce qu’on lui expliquait il avait l’habitude de faire semblant de comprendre (cette technique lui avait souvent permis d’aller loin, en le faisant passer pour plus intelligent qu’il ne l’était). Il écouta donc tout le discours de son chef en affichant son air n°13 "poli et exagérément intéressé", en hochant régulièrement la tête en en laissant échapper des "mh, mh", pour montrer qu’il était d’accord.

Sur l’invitation de Kenji, le Genin alla s’installer dans un coin pour dormir. Non pas qu’il en ait très envie, et il le montrait franchement ! Qui, et pas seulement un enfant de 8 ans, n’aurait pas été surexcité à la veille de son premier vrai combat ?! Et qui plus est, les enfants lâchés dans la nature ne peuvent s’empêcher de piailler dans tous les sens, surtout quand il faudrait qu’ils se calment. Cependant, la fatigue accumulée au cours de la longue journée passée à courir pour ne pas se laisser distancer par les larges foulées de son compagnon de mission finit par avoir raison de lui, et le garçon se laissa tomber dans ses couvertures comme une souche.



Atsushi se réveilla en sursaut. Zut, quelle heure était-il ?! Avait-il manqué l’heure du réveil ? Et l’autre ne l’avait pas réveillé ? A moins qu’il ait oublié de se lever, lui aussi ? Après avoir, paniqué, tourné la tête dans tous les sens en cherchant précipitamment ses sandales, Atsushi se rendit compte qu’il faisait encore tout sombre autour de lui, et qu’il ne devait pas être plus de deux ou trois heures du matin. Après un soupir de soulagement, et un regard vers Kenji pour voir s’il était bien à sa place, il retourna à ses couvertures et essaya de retrouver le sommeil.



Cette fois-ci, l’aube était bien la. La nécessité avait forcé le jeune ninja à se réveiller tôt, non pas parce qu’il aimait être en avance, mais à cause du temps que lui prenaient ses ablutions matinales. En plus des longues minutes consacrées à la coiffure de sa chevelure –sans quoi il ressemblait à un souillon-, il y avait le temps nécessaire au brossage de six rangées de dents, ce qui ajoutait neuf minutes à son temps de toilette quotidien (et si vous vous pensez que c’est de la perte de temps, imaginez un peu ce que c’est que d’avoir des douleurs dentaires, des caries ou des problèmes de gencive à la main !).

L’enfant prit un petit déjeuner copieux. Il savait très bien, puisque ses professeurs le lui avaient appris, qu’il valait mieux manger léger juste avant de combattre, mais puisqu’il avait faim, il avait décrété que les maux de ventre ne concernaient que les autres. Une fois rassasié et toiletté, il prît une grosse poignée d’argile et se mit à préparer le plan qu’il avait imaginé la veille au soir.


Une fois de plus, selon son auteur en tout cas, la sculpture était très réussie. Il s’agissait à première vue d’un simple papillon, bien que celui-ci soit pourvu de deux paires d’ailes –parce que c’est plus classe et que comme ça il volera surement mieux-, et qu’en réalité son corps ressemblait plus à celui d’une chenille. En regardant de près, on pouvait constater que les ailes servaient de support à un amalgame de petites gravures aussi diverses que mal assorties, ou se bousculaient les styles contemporain, gothique, et dorique, constellés ça et la de petits visages affichant diverses expressions allant du rire à la colère, et de larges spirales traversaient le tout. Plus il la regardait, plus Atsushi estimait qu’il avait eu une idée de génie en se servant d’ailes de papillon comme support.

Après quelques mundras, l’horrible animal d’argile grossit jusqu’à atteindre la taille de… d’un cheval sans pattes (par exemple). L’enfant monta dessus, et la chose battit longuement des ailes avant de prendre son envol. Il n’avait pas réellement besoin de monture pour faire ce qu’il allait faire, mais le Genin voulait faire son entrée avec panache. Si jamais on lui reprochait cette grosse dépense de chakra mal justifiée, il prétexterait avoir des ampoules aux pieds.



Shinzo, le chef de la caravane, bailla une nouvelle fois en regardant le désert qui s’étendait à perte de vue autour de lui, puis lança le signal du départ. C’était un homme d’une quarantaine d’année au regard vif –quoique pour le moment son œil était rouge et endormi-, et à la peau marquée par le soleil. Les cicatrices qu’il portait à la joue et aux avant-bras attestaient d’une vie mouvementée, et probablement pas toujours honnête. A l’instar des autres membres de la caravane, il était drapé d’un long vêtement, et sa tête était protégée du soleil par un turban. Son menton était dévoré par une barbe de trois jours, ce qui lui donnait un air de canaille.
Si Shinzo avait accepté la dangereuse mission à laquelle il était en train de participer, ce n’était pas parce qu’il était un fervent défenseur de leur cause, mais parce qu’elle bien payée et que l’escorte était fournie par l’employeur, ce qui lui évitait de dépenser une fortune en ninjas protecteurs. Il en avait d’ailleurs profité pour adjoindre quelques chariots de marchandise supplémentaires qu’il irait revendre pour son propre compte une fois le désert du pays du vent traversé. Il n’était pas certain de ce qu’il transportait, mais ses employeurs l’avaient fortement incité à ne pas s’y intéresser de trop près et de se contenter de faire le voyage lorsqu’il avait voulu faire l’inventaire.
Jusqu’ici, tout s’était déroulé sans accroc, et l’homme était optimiste pour la suite. Ce n’est qu’après une centaine de mètres qu’il remarqua la petite silhouette qui progressait dans sa direction.

Tout en descendant la dune sur le dos de son "Papinille" qui survolait le sable à un mètre du sol, Atsushi se souvint des deux choses qu’il avait oubliées avant de partir. La première, c’était de prendre un chapeau : parce que décidément, on avait beau être tôt le matin, le soleil cognait déjà comme il n’était pas permis ! Ensuite, à force de vouloir faire celui qui comprenait devant son chef, la veille, il avait oublié de lui demander si les gens qui conduisaient les chariots -enfin le garde-manger roulant -étaient eux aussi des méchants, ou si au contraire il fallait les épargner. Dans le doute, il allait supposer que s’ils fournissaient de la nourriture aux "méchants" partisans, c’est qu’ils ne devaient pas eux-mêmes être très nets. Et s’il se trompait, qu’importe, il dirait que ce n’était pas sa faute et ça passerait tout seul !


Lorsqu’il put enfin distinguer précisément le nouveau venu, Shinzo fronça les sourcils : que faisait un enfant tout seul, en plein désert, à les kilomètres de l’endroit habité le plus proche, et surtout perché sur de dos d’un monstre volant et bariolé de couleur blanc-beige ? Il jeta un regard interrogateur au ninja à côté de lui, mais celui-ci ne daigna pas lui répondre, aussi le chef de la caravane prit-il sur lui de lancer la discussion avec le nouveau venu. Alors qu’il tournait encore sa langue dans sa bouche (toujours sept fois avant de parler), le visage du gamin s’éclaira d’un large sourire (n°20 "grand sourire pour avoir l’air méchant"), et celui-ci déclara d’une petite voix fluette qui se voulait autoritaire :

- Ha-ha-ha, je suis Atsushi le brigand, la terreur des dunes, et j’attaque votre garde mang… euh, votre convoi ! Ha-ha-ha !

La modestie n’était pas sa plus grande qualité, et il était très content de son rire. Pour prouver que, contrairement aux apparences, il ne plaisantait pas, le Genin plongea sa main dans la sacoche à argile qu’il tenait accrochée à son côté, avala une poignée de terre, laissa l’inspiration l’envahir, et tira quelques instants plus tard ce qui semblait être un mouton, mais de la taille d’une hirondelle, et avec la laine tondue en motifs de pneus de voiture, ainsi que des ailes de papillon semblables à celles de sa monture, mais recouvertes de motifs représentant vaguement un soleil stylisé entouré de formes de fleurs de vagues, et de palmiers. S’ils n’avaient pas été surpris, les spectateurs auraient sans doute été choqués par autant de mauvais goût.


De l’autre côté de la dune d’en face, Shô et Yoshifumi, deux des ninjas embusqués autour de la caravane afin de la surveiller sans se faire remarquer, rongeaient leur frein en observant la scène. Pourquoi les chariots ralentissaient-ils ? C’était le problème d’avoir laissé le commandement de la caravane à un civil, ils l’avaient pourtant bien dit à leur chef avant de partir ! Et cet abruti de Norimaru (leur camarade ninja qui accompagnait le convoi ; les absents ont toujours tort !), pourquoi ne les faisait-il pas repartir ? Et puis qu’attendait-il pour éjecter le gamin hors de leur route ?!


La nouvelle sculpture, baptisée "Moupillon", quitta la paume le la main munie d’une bouche et fila à grande vitesse en direction du chariot de tête. Selon le plan d’Atsushi, si celui-ci s’arrêtait, les autres seraient obligés de faire de même. En plus de cela, il était très content de pouvoir jouer avec ses bombes en prenant des civils pour cible.
Alors que la statuette explosive était toute proche, le ninja escorteur à côté de Shinzo se leva, et, avec une rapidité et une puissance qui surprenait de la part quelqu’un que le physique banal désignait pourtant comme simple personnage secondaire destiné à servir de faire valoir au héros, décocha deux shurikens. Le premier transperça le pauvre Moupillon, qui s’écrasa lamentablement sur le sol. Le second parcourut une plus grande distance, et vînt de ficher dans l’aile de l’œuvre d’art qui servait de monture à Atsushi, qui se déchira sous le choc. La sculpture volante tenta de se maintenir en l’air à l’aire de ses trois ailes restantes, mais déséquilibrée, elle descendit en chandelle et finit par heurter le sable, projetant le gamin à terre.

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Log 67 : Bitten Bait

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