Aujourd'hui, je suis cloitré chez moi. Un petit pavillon dans le domaine Hyûga. Ce n'est pas très grand, et ce n'est pas foncièrement très bien rangé. Il fut un temps où c'était une remise de jardinage, et certains outils d'époque trainent encore. On a pas tous la chance d'être né dans la branche principale. Nous autres, de la Soke, devons parfois nous satisfaire d'avoir un peu moins que d'autres à notre disposition.

J'active le Byagukan.

Des veines perlent autours de mes yeux, et je constate que personne ne semble m'observer aux alentours. C'est une bonne chose, mais ce n'est pas suffisant pour ce que j'ai en tête. Je m'approche des murs de mon pavillon et je pose ma main dessus. Je prends une grosse respiration et je réfléchis aux différentes sensations que j'ai ressenties dans mes différents entrainements du kinjutsu. Mon Chakra se déverse dans le mur et se répand dans la structure du pavillon. L'effort est conséquent et je tombe un genoux à terre. Mais j'ai un sourire aux lèvres.

Je désire faire des expériences sur mon kinjutsu, en finaliser l'achèvement. Mais je ne veux pas que cela fuite à l'extérieur de ce pavillon. J'ai vérifié avec mon Byakugan que personne ne m'épiait, certes, mais certains sont capables de voir de loin, voir peut-être d'outre-passer ma portée. Des cousins. Ou des hauts responsables du clan avec un Byakugan plus mature que le mien. D'où ma seconde mesure. Voyez-vous, c'est une faiblesse rarement discuté mais le Byakugan ne permet pas de voir derrière du chakra. Cela peut sembler être une banale limitation, en réalité un adversaire intelligent peut en tirer profit assez facilement. Connaissant ce point faible, j'ai fait ce qu'il y avait de mieux à faire, j'ai saturé de chakra les murs de mon pavillon. Aucun Hyûga ne peut plus observer ce que je fais à l'intérieur. Le souci, c'est que je ne vois plus ce qui se passe à l'extérieur non plus. Mais comme mes travaux ne concernent que le chakra, cela ne devrait pas me poser problème. C'est un rideau efficace pour ce que je veux faire.

Mon Byakugan toujours activé, je lance un regard aux murs du pavillon. Le chakra n'y circule quasiment plus. Il y est stocké, et se disperse petit à petit dans le sol. Je pense avoir plusieurs heures devant moi. Bien. Ma méthodologie pour saturer le mur était brutale. Je suis certain de pouvoir faire mieux. Je pose ma main sur le sol et j'y injecte des petites doses de chakra. De manière naturelle, j'observe une attirance vers le bas. Comment contrer cet effet ? Le mieux serait de fixer le chakra, ou à défaut... d'essayer de le faire monter ? La différence entre la force de recul et force d'avancement permettrait une stagnation de l'ensemble. Le problème étant, comment contrôler un chakra déjà injecté ? Cela s'apparente à du ninjutsu, ce que je ne maitrise pas. Cela dit... en fait je pourrais faire en sorte que le chakra sache quoi faire. De manière basique. Par exemple, le tourbillon du Hakke est un tourbillon. Le chakra est envoyé de sorte à tourbillonner. Et si j'envoie le chakra de sorte à remonter... cela contrecarre l'effet de descente et stabiliserait le tout. Eureka !

Certes, la théorie est une chose, la pratique en est une autre. Ce mouvement est contre-naturelle à mes techniques. Mes premiers essais ne donnent rien. Des erreurs. Des retours de flammes. Ma main picote très sensiblement à un moment, je crois que je me suis repris mon propre chakra mais qu'il agit contre mon organisme. Finalement, je pars sur une approche basée sur le tourbillon du Hakke, sauf que je diminue sa capacité de rotation progressivement. Dans l'idée, le chakra ferait un demi-tour et donc garde son orientation vers le haut. C'est une question de timing, car si la rotation s'arrête trop tard, l'angle est trop important et la dérive se fait sur les côtés. Si elle s'arrête trop tôt, le souci est identique. Après plusieurs essais, j'arrive à mes fins. C'est là où le Byakugan est un excellent outil de travail. Il me fourni un feedback constant et fantastique sur le monde qui m'entoure. Je peux voir la complexité de mes opérations à un niveau presque élémentaire. Quel présent est ce Byakugan. Sans cet outil, je doute que quiconque n'arrive à manipuler cette technique. Cela demande une précision extraordinaire, un timing parfait, un feedback constant et une anticipation du matériau.

L'anticipation du matériau, je ne l'ai pas encore, mais je décide à me diversifier. Je teste des objets stationnaires. Pour garder l'impulsion à l'intérieur des objets sphériques le mieux est de garder le tourbillon. Quand il s'agit d'un objet aux formes plus particulière, l'impulsion doit être plus plate. Quand je désire simplement traverser l'objet, l'impulsion doit prendre en compte son effet de dispersion - généralement une dérive dans un sens. Je saisis une chaine. Là, c'est plus compliqué. Une ligne droite implique des pertes dans les mailles. Je dois programmer des mouvements sinusoïdaux. Rotation dans un sens, puis dans l'autre mais toujours dans une direction donnée. J'ai un sourire tandis que je me rappelle de mon entrainement avec Ryokai. Oui, c'était pour ça que ça ne marchait pas aussi facilement.

Je continue de changer d'objets, de formes, de matières. J'essaie même avec un râteau, c'est vous dire ! Les combinaisons et les possibilités sont infinies et n'ont de limite que ma propre imagination. Je prends des notes dans un carnet - ans un langage codé, quand même, pas question que cela tombe dans les mains de n'importe qui - et j'ai un sourire aux lèvres. Je me découvre une fibre scientifique là-dedans. Le chakra est une énergie fantastique qu'on réduit un peu trop facilement à du carburant. C'est bien plus que cela. C'est presque un élément vivant. Il réagit si bien à ce qu'on lui demande, c'est presque mécanique mais en même temps... je me demande s'il n'y a pas plus que de la mécanique. Je me demande s'il n'y a pas des sentiments dans ce chakra. Si lui aussi est capable de sentience. Je hausse les épaules. Il est trop tôt pour le dire.

Le chakra dans les murs s'est fortement dissipé. Je commence à distinguer en-dehors de mon pavillon. Je décide d'arrêter mes expériences. Je tombe littéralement de fatigue - ah oui tiens, j'ai gardé activé mon Byakugan pendant une très longue période - sur le sol et je dors du sommeil du juste.