Face au Daimyo, il était temps que je prenne la parole. J'avais demandé une entrevue avec lui afin de discuter de plusieurs sujets. Le plus important se trouvait être la diplomatie avec Hi no Kuni, ces derniers avaient demandé des céréales et la technologie Saibogu. J'avais souhaité discuter de cela les autorités de la capitale ; étant un Régent et un militaire, il m'avait été bien difficile de dire amen à toutes les demandes. J'appréciais partitionner les pouvoirs et ne pas être maître de toutes choses. Les choses s'étant calmées, il était maintenant possible de discuter avec le Daimyo de ce sujet. J'étais en quelque sorte navré de ne pas avoir face à moi mon maître mais l'ancien Chambellan se trouvait être un homme d'expérience, diplomate et je pouvais être sûr que nos relations seraient bonnes. Une entente entre la capitale et son organisation militaire était à mes yeux impérative.

«  Mes salutations Sakyuu no Kazunori, je suis ravi de vous revoir. Comme annoncé j'ai souhaité vous rencontrer afin de discuter de plusieurs sujets. Le premier étant le résultat des négociations avec des représentants de Hi no Kuni afin d'assurer une paix entre nos deux nations. »

Des négociations mouvementées d'ailleurs, j'avais fait face à un démon déguisée en femme. Ses arguments ne tenaient pas toujours la route et pourtant elle n'en démordait pas, c'était en quelque sorte admirable.

« Cela n'a pas été évident mais soit ; Ils veulent que le contrat technologique entre nos deux pays soit rétablis. L'ancienne Daimyo avait apparemment fait la promesse de délivrer le train. Rétablir ce contrat doit être fait, je crois même que c'était une clause de ce dernier. Concernant le train il faut par contre convoquer plusieurs parties. Les Kawaguchi, les Toshiro et donc vous, représentant du pays. Étant concerné, je pense que c'est bien plus compliqué que mon interlocutrice l'a laissé entendre. Cette technologie a beau être maîtrisée, il y a toute une expertise logistique et technique qui ne peut être transmise si facilement. Le déploiement du réseau ferroviaire sera très coûteux en temps comme en argent. Il faut que le pays soit prêt à débloquer les fonds nécessaire et aussi discuter des droits dont disposent ceux étant à l'initiative de ce projet. Je me permets d'approfondir ces derniers points, étant moi même le représentant de mon clan. »

En plus de cela, j'étais aussi le représentant de mon village. Je pouvais donc allier les deux rôles afin de faire avancer le débat. Concernant les Kawaguchi par contre, le Daimyo allait devoir composer avec Tali. Cette femme s'était hissée à la tête de son clan suite au départ de Kawaguchi Kira. Elle était féroce et un peu amère. Quant au Daimyo lui, il était plus réfléchi, diplomate et à l'écoute... deux personnes bien différentes qui allaient avoir du mal à se mettre d'accord. Je participerai à ce débat et tenterai donc de l'aiguiller afin que nous profitions tous des conclusions.

«  De plus Aburame Mizuki a demandé des livraisons hebdomadaires de céréales... Vous avez bien entendu. Une marque précise d'ailleurs, ils en ont apparemment besoin. De ce côté là, je pense qu'avec les ressources dont nous disposons à Ki no Kuni, il ne nous sera pas difficile d'accéder à cette requête. »

Je marquai une pause de quelques secondes avant de reprendre la parole.

«  Le tout a été rédigé sur un parchemin, vous pourrez y trouver les requêtes ainsi que les signatures. Nous nous sommes en quelque sorte engagés avec ces signatures mais concernant les détails, nous devons les régler ensemble. »

Dis-je en lui tendant celui-ci.

Spoiler:

Une entrevue de la plus haute importance allait se dérouler au sein du Palais du nouveau Daimyo qu'était Sakyuu no Kazunori. Il avait assisté Dame Tsukiko dans toutes ces décisions en sa qualité de chambellan et depuis peu c'était à son tour de reprendre le flambeau qu'il avait empêché de s'éteindre.
Le vieil homme attendait l'arrivée du Toshiro. Lorsque ce dernier se présenta a lui, il se leva de son bureau et en fit le tour pour venir respectueusement serrer la main du désormais Kazekage avant de reprendre place sur son siège.

Il était question d'un sujet dont l'homme avait à cœur de parler et d'entendre les retours : les négociations auprès de Hi no Kuni. Le vénérable écouta patiemment le discours du Kazekage sur les demandes formulées de la part des deux partis et parcouru d'un regard attentif le parchemin sur lequel était retranscrit les requêtes de chacun. Il arqua néanmoins un sourcil de surprise qu'il contenait malgré tout en entendant le souhait des céréales issues de Kaze no kuni.

« Les négociations semblent avoir été quelque peu mouvementées. »

Proféra-t-il en réajustant ses lunettes et en lissant sa barbe avant de s'exprimer à son tour sur la situation d'un ton calme et posé.

« En consultant le parchemin, je constate que la demande du Pays du Feu n'évoque aucunement une demande de financement pour l'élaboration de leur propre trafic ferroviaire. Il y est fait mention d'envoyer l'un de nos hommes Saibogu sur place pour qu'il leur partage le savoir faire de construction du train ou qu'il les aide à son élaboration. Sauf votre respect, Toshiro-dono, votre clan a effectivement participé financièrement tout comme les Kawaguchi mais cela pour le réseau présent à Kaze no kuni. Vos clans n'auront pas a investir dans le projet pour Hi no Kuni, pas plus que Kaze si tel est votre crainte. »

Kazunori avisa le Kazekage d'un regard chaleureux et bienveillant, ne cherchant aucunement à contredire ses propos mais à les réorienter vers la question véritable.

« Si des changements doivent être opérés sur le réseau de Kaze alors, bien entendu, vos clans seront tenus informés et entendus. Dans le cadre des négociations il est ici question du propre réseau personnel ferroviaire que veut construire Hi no Kuni : je suis convaincu qu'ils mesurent l'ampleur du déploiement de ressources que cela leur demandera. »

L'homme doutait que le Pays du Feu veuille rallier le réseau existant de Kaze au leur. Après une paix si fragilisée cela n'aurait aucun sens. La guerre n'avait pas eu lieu d'être aux yeux du vieil homme comme pour bons nombre, il était inutile de faire demeurer le conflit.

Le parchemin mentionnait Satoshi comme chargé du projet : un Saibogu que l'on ne présentait plus.

« Satoshi-dono étant lui même retenu sur divers projets, je pensais y envoyer son bras droit dénommé Saïx. Il reste un homme de science ayant toujours assisté Satoshi-dono et donc un Saibogu respectable en qui nous pouvons avoir confiance pour traiter avec le Pays du Feu et mener à bien ce projet. Qu'en pensez-vous ? »

Bien que Kazunori possédait un pouvoir décisionnel bien plus important que le Kazekage en tant que dirigeant de la nation, il avait a cœur de maintenir une cohésion certaine et solide entre l'entité qu'il représentait pour son pays et celle du Toshiro.

« Concernant la demande de... céréales, nos échanges de marchandises seront bien entendus rétabli avec la cessation de guerre. »

Le vieil homme avait lui même dû mal a croire de ce dont il parlait et ne pensait aucunement devoir espérer raviver la paix avec notamment une cargaison hebdomadaire de céréales un jour. Néanmoins, il n'était pas homme a juger les aspirations de chacun. 

« Une crainte ? Non je n'ai aucune craintes puisque que je sais que nous n'allons pas financer ce projet. Vous avez donc très bien lu ce parchemin, comme je l'ai fait moi même. Je disais juste qu'il n'était pas aisé de déployer un telle chose et que le pays du Feu allait devoir débourser une grande somme et être patient afin de voir achever ce projet. Si vous pensez qu'ils mesurent l'ampleur de ce que représente le train, vous vous trompez. Il n'y a aucun antécédents et ils sont de par ce fait, inexpérimentés en la matière. Un seul Saibogu ne suffira pas, cela va bien au-delà de ce qu'ils peuvent imaginer et donc nous devons nous préparer à cela, tout simplement. »

Je me demandais si le vieil homme avait été absent, s'il n'avait pas entendu une voix, Sakyuu No Kazunori semblait un peu trop optimiste mais en même temps, il n'était pas au fait de tout ce qu'avait demandé le train comme investissement. J'avais passé un accord avec l'ancienne Daimyo et nous nous étions engagés dans ce veste projet. Nous avions du beaucoup travailler afin d'ériger le réseau ferroviaire. Le savoir pouvait se transmettre en effet mais cela était bien difficile avec des non-initiés.

«  Concernant le choix du Saibogu, je pense que Saïx peut répondre à nos attentes mais à mes yeux ça ne suffira pas. Dans l'idéal, il devra être accompagné d'une équipe compétente dans plusieurs domaines comme la logistique, la finance, l’ingénierie. Expliquer comment construire une locomotive ou un réseau ferroviaire digne de ce nom ne suffirait point ; Ils ne sauraient quoi en faire. L'envoyer seul ne ferait pas grandement avancer cette affaire si vous voulez mon avis. Et il en va de notre réputation que de montrer que notre technologie est performante, ça pourrait nous ouvrir des portes. »

Mon interlocuteur était connu pour être diplomate et me parlait d'un ton chaleureux, j’espérais ne pas le froisser puisque ce n'était pas mon intention. Concernant la livraison de céréales, il était d'accord pour accéder à la deuxième requête. J'espérais ne pas les décevoir avec la qualité de nos céréales.

« Et pour les céréales, faites attention à la marque, ça me semble super important. »

Le vénérable écoutait avec attention les réponses du Toshiro. Il voulait être certain que le jeune Kazekage occulte ses craintes concernant la partie financière des négociations. Il n'était question « que » du savoir faire des locomotives à dispenser à partir duquel Hi créerait son propre réseau pour l'heure indépendant de celui de Kaze.

« Il est vrai que Hi ne dispose pas de nos Saibogu et que le projet ne sera sans doute pas aisé à mettre en place par leurs propres moyens mais ils possèdent également des ingénieurs qui je pense sauront comprendre les plans et mode opératoire pour façonner leur train dispenser par nos experts sur place. Si cela n'était pas le cas et que Hi revenait sur sa demande pour l'étendre à la main d’œuvre et plus seulement sur le savoir faire nous aviserons à ce moment là sur le réajustement des modalités. »

Cette demande n'était pas exclue puisque comme le soulignait le Toshiro, Kaze ne connaissait pas les moyens a disposition de Hi pour se lancer dans ce projet d'envergure. Toutefois, même si cela n'était pas a oublier, il était pour l'heure primordiale de faire cesser cette guerre qui n'avait que trop durée, engendrée des pertes - relative à cette dernière - et qui ne comportait pas le moindre sens : c'était du moins la manière de voir les choses de Sakyuu no Kazunori. Il ne supporterait pas l'idée de voir son peuple continuer d'en subir les frais. Après tout, ce conflit n'était là qu'avec pour seule cause la folie haineuse de l'ancienne Ombre du Vent n'étant plus maître de ses propres actes et décisions. Dame Tsukiko avait veillé a ce que le pays du Feu et celui du Vent prospèrent à travers une alliance que lui même voulait pérenne.

« Saïx, en tant que bras droit de Satoshi-dono est, je le pense, tout a fait capable de répondre aux attentes de Hi sur différents domaines de compétences mais j'entends et comprends votre souhait d'envoyer une équipe d'experts sur place pour faire démonstration de nos performances en la matière. Nous enverrons donc plusieurs experts à Hi pour accompagner Saïx afin de dispenser au mieux le savoir faire de la locomotive et de son réseau. »

Le vénérable ne se départit pas de son sourire bienveillant en s'adressant au nouveau Kazekage. La prise de poste avait été soudaine pour l'un comme pour l'autre et il espérait bien conserver une bonne relation auprès du dirigeant du village militaire de son pays pour en garantir la prospérité.

« Bien. Je prends note de vos requêtes et je m'entretiendrais avec le Seigneur du Feu pour finaliser les négociations. Je vous en tiendrais bien évidemment au courant. »