Mon départ était normalement imminent. Après les évènements qui se sont passés à Nami, j’étais sensé ne rester que peu de temps à Konoha afin de donner toutes les informations que j’avais pu recueillir cette nuit-là. Mon combat contre Rokubi pour expliquer son mode opératoire, l’objectif qu’il avait en venant ici… Et aussi sur la libération de Nibi. J’avais également plusieurs affaires avec le clan à régler. L’unicité des Yôgan était plus importante que jamais, et les laisser à Konoha alors que je serais basé à Nami était bien que trop compliqué. J’avais réuni le conseil pour discuter de la situation et hélas, les choses sont assez mitigées entre ceux qui veulent rester à Konoha, et ceux qui veulent me suivre…

J’étais venu également au village des feuilles pour faire une remise à zéro de mon apprentissage. Mes dons au combat semblent avoir… évolué d’une manière étrange, et je me devais de m’adapter. Perfectionner encore et toujours la maîtrise de la lave, et étendre mon éventail encore plus. Je me devais de regagner les armes que j’avais perdu, ainsi que d’étudier encore et encore l’art des sceaux que Natsuki m’a initié. Ce séjour fut court, mais intense, et je ne devais pas pour autant relâcher pied.

Pourtant, il semblait y avoir un dernier détail à régler, une dernière chose à voir. Alors que je m’apprêtais à partir, les ragots de la ville semblaient se faire plus forts que d’habitude : un nouveau décret fut mis en place par l’ensemble des Daimyô qui regroupent l’alliance du pays du Feu, ou plutôt, la fameuse « Autorité du Feu », comme l’avait appelé notre Hokage. En cherchant un peu, je pus ainsi trouver une de ces annonces, et sa lecture me laissa perplexe. Donner le total contrôle à Mizuki des trois pays ? Il y avait de quoi se poser des questions, même si techniquement, j’aurais alors le « sous-contrôle » de Nami. L’autorité du Feu prendrait alors une forme de gouvernement que le Shûkai, bien étrange… Au final, j’aurais pu laisser couler et me concentrer sur ma tâche. Mais une phrase prononcée lors du grand enterrement revint me hanter à l’instant.

« Et si nous ne pouvons pas compter sur le soutien des autres Nations pour protéger nos vies, qu’importe… Nous ne leur laisserons pas le choix. »

A la réalisation de ce qu’elle sous-entendait par-là, mon pas se hâta sans hésitation en direction du palais de l’Hokage. A quoi pensait-elle, bon sang ?! Nous étions déjà en état d’urgence à trouver une solution pour stopper Kyubi, et elle voulait tenter ce tour de force ?! Il était hors de question que je ne la laisse faire en croyant qu’elle pourrait m’ordonner d’agir en son compte. Peut-être que je ne pourrais l’empêcher, sans doute même… Mais en aucun cas je ne me tairais sur cette idiotie. Déterminé, je pénétrais dans le palais de l’Hokage et passait outre toute personne qui voulait me stopper. Il fallait dire que ce « titre » qu’elle m’avait donné me donnait pas mal de passe-droit au final. Arrivé à destination, sans prendre la peine de m’annoncer, j’ouvris la porte en grand et m’adressa sans arrière-pensée à Mizuki.

« - Nous devons parler. Maintenant. »

Le ton ferme, il était évident pour tous ceux présents que je ne comptais pas partir sans que la discussion ait lieu. Un instant de flottement se passa avant que ceux présent autour (qui m’aient suivi ou présents dans le bureau, à voir avec elle) ne quittèrent les lieux, ne laissant que moi-même, l’Aburame, et sans doute un espion ANBU qui surveillait tout ce qui se dirait, mais qu’importe. Sans perdre un autre instant, je m’approchais de son bureau, point fermé, et posa la question qui m’a fait venir ici.

« - En quoi essayer de conquérir le continent aidera à vaincre les Bijuu ? »

- Aburame-Sama, entendons-nous bien. Mon intérêt est et a toujours été pour que Konoha s’épanouisse et grandisse, et votre tandem avec Aburame-Dono a été d’une aide précieuse pour la pérennité du pays. C’est pourquoi j’entends perpétuer cette alliance entre le gouvernement et le village, et, bien évidemment, perpétrer les valeurs de la nouvelle Autorité.

La voix grave et sombre de Hyô Masaru glaçait la pièce en un rien de temps. Le chef de clan Hyô, à l’annonce combinée de la nouvelle autorité du feu et des bruits de couloir sur la démission d’Aburame Miko, avait entendu s’adjuger une part du gâteau dans tous ces changements. Compétent, intransigeant, fidèle et puissant, il n’en restait pas moins calculateur, intéressé et avide de pouvoirs, et le rendez-vous d’aujourd’hui ne dérogeait pas à la règle.

- Hyô-Sama, entendons-nous bien. Je n’ai aucune légitimité dans la nomination du future Daimyô du pays.
- Mais en tant que leader de l’Autorité, vous…

Il s’interrompit en tournant la tête en même temps que moi lorsque la porte s‘ouvrit à la volée, laissant entrer Yôgan Yusei, visiblement hors de lui.

- Nous devons parler. Maintenant.
- Oui, c’est tellement gentiment demandé. Masaru, vous voulez bien nous excuser ? Nous reprendrons cette discussion plus tard...peut-être.
- Vous voulez que je m’en charge ?
- Non ça va, merci.

Le chef Hyô sortit du bureau en lançant un regard noir au Namikage.

- En quoi essayer de conquérir le continent aidera à vaincre les Bijuu ?

J’arquai un sourcil, légèrement dépitée.

- Assieds-toi.

Je le laissai s’assoir, m’adossant au fond de mon fauteuil, joignant mes mains devant moi, posant mon regard dans celui de Yusei. Je montrai trois doigts à Yusei, correspondant aux trois points que j’allais évoquer.

- Premier point. Je baissai un doigt. A aucun moment je n’ai parlé de conquérir tout le continent. Néanmoins, Yusei, tu admettras que lors de l’attaque de Rokubi, on n’a pas été aidé des pays du nord, pour lesquels on s’est également battu. Je me moque de mourir pour des civils de Kaminari qui n’ont rien demandé si les Kumojins se joignent à nous, parce que c’est également leur job. Que ce soit eux ou le feu Shukai, tu admettras que leur guerre d’égo stupide semble moins importante que la lutte pour la survie du monde, non ? Je t’informe en exclusivité : un sommet devait se tenir avant l’attaque, il se tiendra finalement après. Durant ce sommet, je compte prendre les précautions pour que l’ensemble du Yuukan se joigne à nous s’il y a une prochaine fois, et il y aura au moins une prochaine fois dans un an. On fait quoi, si dans un an, Iwa et Kumo se foutent sur la gueule pendant que Kiri s’en prend à Suna ? Pures spéculations, je l’entends, mais on part une nouvelle fois mourir pour la survie de d’autres qui s’amusent, on perd nos hommes, nos amis, notre famille, pour que d’autres puissent continuer à s’entretuer ? C’est ça, ta vision de ce que doit être Konoha ?

Faisant une tête un peu surprise et étonnée, presque une grimace au fond, faisant tomber mon deuxième doigt.

- Néanmoins, tu as une vision étriquée du monde qui se contente de transférer ce que tu sais et ce que tu vois de Konoha aux autres villages. Repense à comment Suna a agi à Ki, toi qui y était à ce moment-là, et ose me dire que tu peux avoir confiance en des villages qui ont agi comme tels, avec des leaders qui sont parfois corrompus ou juste totalement malsains. Des shinobis ont persécutés des civils des années durant, alors qu’ils étaient censés les protéger. J’ai une vision pacifique de ce qu’est le monde ninja, contrairement à d’autres qui nous voient comme des êtres supérieurs et plus forts. Qu’est-ce qui te dit que ce sera le cas de tous les leaders shinobis, hein ? L’Autorité du Feu sert en effet à ça, tu as vu juste : pour que ma vision de protection des plus faibles soit appliquée partout où je le peux. Et en effet, Yusei, si pour sauver des vies je dois conquérir des pays pour les passer sous l’égide de l’Autorité, je le ferais.

Mon ton était plus dur et déterminé. L’Autorité avait été créée pour servir une cause de protection des plus faibles, pour que le monde shinobis serve réellement à défendre le monde civil, comme il est censé l’être, et pour éviter que d’autres massacres se perpétuent. Je baissai enfin mon dernier doigt, arquant de nouveau un sourcil, prenant l’air étonné.

- Et ces conquêtes suivront d’ailleurs le modèle déjà établi que Satochi et toi allez expérimenter de plein pied à Ame et à Nami. Si ces conquêtes sont si mal et si mauvaises, Yusei, pourquoi te prêtes-tu au jeu ? Pourquoi deviens-tu l’Ombre des Vagues ? Est-ce que tu trouves que Hi maltraite Nami, que Konoha terrorise Umi ? Tu te sens oppressé, Yusei ? Si oui, je réitère ma question : pourquoi es-tu Namikage ? Si non, je t’en pose une nouvelle : en quoi est-ce mal que d’autres pays rejoignent l’Autorité ?

Comme je pouvais m’y attendre, la discussion avec Mizuki n’allait pas du tout me plaire. La jeune femme avait beau reprendre beaucoup de préceptes de sa tante, sa politique actuelle pouvait se montrer très dangereuse, bien trop à mon goût. Là où elle voyait une façon d’unir les peuples… J’y voyais plutôt un moyen aux autres camps de créer un ennemi commun. A peine avais-je donc pénétré son bureau que j’avais l’impression de revenir à l’école, avec ce professeur qui fait office d’être de conscience omniscience que l’on devait suivre aveuglément, se pensant comme vrai en voulant démontrer des faits. Mais là où elle pensait démontrer son évidence… Elle oubliait beaucoup le facteur le plus important de tous : l’homme est loin de vouloir se laisser gouverner si facilement.

« - Vous semblez avoir beaucoup réfléchis sur le sujet… Mais le problème est que vous assumez beaucoup trop des choses et du comment elles pourraient être perçues par votre entourage. »

Fermant les yeux un instant pour réfléchir, je prenais un à un les points qu’elle venait de « démontrer » à l’instant, et ensuite, allait répondre de manière posée. Après tout, elle avait été suffisamment civile pour ne pas me jeter à la porte, pourquoi lui répondre avec le ton d’un chien galeux ?

« - Il est vrai que la guerre qui opposa les nations du nord était plus qu’inutile à mes yeux, et que des conflits pourraient venir à l’avenir, sur ce point, nous sommes d’accord… Mais même dans le règne animal, les bêtes savent qu’une trêve peut exister à l’approche d’une menace encore plus grande. Et ce que vous proposez de faire est de devenir cette menace. Vous me direz que les Bijuus sont bien plus dangereux, cela j’admets. Mais qu’en sera-t-il si jamais nous arrivions à nous débarrasser de Kyubi et des autres ? L’ensemble des Nations voudra alors faire en sorte de se débarrasser de cette fameuse force qui se présente comme supérieure. Ma vision de Konoha importe peu, mais dans ce cas précis… Est-ce que l’image d’une nation « trop dangereuse pour exister » est ce que vous voulez que nos ennemis retiennent ? »

Explication bancale ? Peut-être, je n’étais pas venu avec un vrai argumentaire sous la main après tout. Mais pour moi, c’était clair comme de l’eau de roche : forcer les autres nations à nous suivre finirait par nous tomber dessus à un moment. On pourrait argumenter sur les cas de Nami et Ame, certes, mais j’y reviendrais plus tard.

« - Vous vous trompez cependant sur ce second point : j’ai appris depuis bien longtemps que donner ma confiance aux autres nations ne nous amènerait pas à grand-chose. Mais comme vous le dites, j’étais présent. J’étais présent quand Suna a voulu forcer mon clan à rejoindre leur combat, qu’ils étaient des guerriers aguerris ou de simples porteurs du don sans combativité. Alors dites-moi, en quoi vous serez différente ? Comment comptez-vous convaincre « pacifiquement » les civils de nous rejoindre, ces personnes tant attachées à leur pays. Tout le monde n’aime pas Konoha, ninja comme civil, et des révoltes sont sûres d’arrivées. A ce moment-là, allez-vous laisser le peuple s’exprimer et causer un chaos dans le pays ? Ou allez-vous vous comporter comme Yamuro ou Kurama et imposer vos choix par la force en éliminant les « parasites » ? »

La tension dans l’air se faisait de plus en plus dure, j’en étais consciente. Elle aurait beau se défendre qu’elle le faisait pour la bonne cause, qu’elle était différente… Mais en aucun cas elle ne le serait. Quand on impose ses choix par la force, sans laisser la moindre possibilité de contestation, on ne devenait qu’une chose : un dictateur.

« - Pourquoi je suis devenu Namikage ? Pour exactement ces raisons que vous semblez défendre : protéger le peuple. Jours après jours, je m’entraîne, de plus en plus dur, non pas pour devenir un éradicateur qui représenterait une force d’oppression… Mais un gardien, un protecteur qui ne se dresse seulement quand il y a un mal à affronter. Ame et Nami étaient sous le joug de dirigeants qui oppressaient leur peuple. Les civils mourraient à petit feu et avaient besoin d’être sauvés. Pensez-vous vraiment que les peuples de Mizu, Kaminari, Kaze, Tsuchi et tout autre pays sous l’égide d’une de ces grandes nations shinobis sont dans une telle situation pour justifier une annexion comme pour la Pluie ou les Vagues ? »

Un simple regard vers l’Hokage et je pouvais deviner qu’elle était comme moi fatiguée de cette discussion. A moins que ce soit une illusion que je me faisais en voulant ignorer mon propre essoufflement. Lâchant donc un soupire face à ce débat déjà bien houleux, je décidai d’en aller au fait.

« - Vous voulez savoir pourquoi l’Empire du Shûkai a été la cible de tant d’attaques, tant de Kumo que de terroristes ? C’est tout simplement parce qu’elle s’est crue de droit d’imposer au monde sa vision des choses, qu’elle était la seule vraie. Je ne sais pas de quoi il s’agissait, et je m’en moque… Comme sans doute toute personne extérieure aux pays de l’Autorité du Feu dans notre situation. »

Si ceux connaissant Mizuki et les raisons de ses actes pourraient défendre sa cause, il n’en est rien d’un point de vue extérieur. Et se présenter comme une nation voulant tout contrôler n’allait pas arranger les choses.

« - Konoha se doit d’être respectée et non crainte. C’est là où ma vision diverge de la vôtre. »

- Je t’arrête tout de suite : tu pars du postulat que je veux annexer tous les pays du monde pour les mettre sous la coupe de l’Autorité du Feu, et c’est faux. Tu pars du principe que je veux imposer une idéologie à tout le Yuukan, et ce n’est pas tout à fait exact.

A vrai dire, je ne comprenais pas ses réticences – et la conversation m’étonnait plus qu’elle ne m’agaçait. Yusei était quelqu’un d’intelligent – d’impulsif, mais d’intelligent, et l’entendre débiter de faux arguments sous compréhension erronée d’un décret et d’un discours.

- En fait, mon propos se résume simplement : qu’est-ce qui te fait tiquer maintenant alors que ce qui change, c’est le régime des pays déjà conquis – et dans lesquels, au demeurant, il n’y a pas de tyrannie ou de dictature supplémentaire, hein, et pour qui ça se passe très bien – et notre volonté de protéger les peuples de la bêtise des autres shinobis et de la fureur des démons. Là où Hi avait un potentiel avantage, avant, en annexant Nami et Ame et en leur promettant « sécurité », la chose est toute autre et les trois pays sont sur le même pied d’égalité : ils oeuvrent désormais ensemble pour un monde meilleur. Réponds-moi honnêtement : si un village caché ou un gouvernement laissait ses civils mourir par la fureur d’un démon sous prétexte qu’ils devaient protéger un bout de terre, tu ne jugerais pas que c’est de la maltraitance ? Le but d’un état, d’une nation, n’est-il pas de protéger ceux qui sont en son sein ?

La philosophie que je défendais était claire : le monde shinobi existait pour protéger le monde civil. Rien d’infamant, rien d’idéologique, rien de religieux.

- Encore une fois, si tu es encore à Konoha, c’est que tu reconnais toi-même que les valeurs prônées sont les bonnes. Je réitère ma question, à laquelle tu n’as pas répondu : dans l’optique où un pays refuse de faire face aux démons pour une raison ou une autre, où un pays maltraite ses habitants en ne donnant pas tout ce qu’ils peuvent pour leur protection : qu’est-ce qu’il y a de mal à leur dire qu’ils gardent le contrôle de leur pays – car, et j’en suis désolée, Nami et Ame sont sous le contrôle de Daimyôs indépendants n’ayant rien à voir avec Hi ou Konoha – s’ils respectent ces quelques principes qui rendront le monde meilleur ? Tu vois l’Autorité du Feu comme un Empire où l’être suprême essaierait de conquérir la gloire paralytique, comme ce fut le cas de Kakeshuou ; je t’affirme que l’Autorité du Feu est une institution qui garantit à tous la protection et sécurité, sans les obliger autre que faire ce pourquoi ils sont devenus des shinobis : protéger. C’est mal, ça ? D’ailleurs, et je me répète peut-être, si un pays se comporte bien avec ses civils, on n’a rien à y faire. Et loin de moi l’objectif de devenir une espèce d’arbitre morale qui déciderait si un pays a le droit de garder son leadership ou non, hein : je te parle, encore une fois, que du bien-être des civils. Parce qu’à mes yeux, un Kazejin ne vaut pas foncièrement moins qu’un Hijin ; et pourtant, si Suna se comporte de façon égoïste, de façon puérile et de façon irresponsable, des millions de civils seront dans l’insécurité, dans la peur, dans la pauvreté, voire dans la mort. Et qui s’occupe de tous ces gens si Suna ne le fait pas ? C’est exactement ce qu’il s’est passé pour Nami, Yusei, à la différence près que j’assume vouloir protéger le Yuukan, là où les opérations précédentes étaient faites sous couvert d’opportunisme.

Nami et Ame, bien que les situations étaient différentes, ont tous deux connus les annexions de Hi, et tous deux en sont sortis grandis économiquement, militairement, politiquement et démographiquement ; personne ne se plaignait du statut des deux pays et, pourtant, ils n’étaient que des annexions, là où l’Autorité du Feu les fait devenir des parties intégrantes, tout en conservant leurs lois, leurs règles, leurs coutumes, s’ils sont dans le sens des valeurs prônées par l’Autorité.

- Et quelle crainte j’inspire, woaw, moi qui nomme Namikage un mec qui m’a totalement désobéi ! Tu veux d’ailleurs savoir pourquoi toi, Yôgan Yusei, a été nommé ? Parce que, justement, tu es capable de penser par toi-même en ayant à l’esprit que ce que tu fais, tu le fais pour le plus grand bien, pour la protection des plus faibles, pour ce que tu penses être juste. Tu es l’incarnation même de ce que je défends et de ce que je prône pour l’Autorité, Yusei : que chacun puisse faire ses propres choix en sachant qu’il vit en sécurité et que des gens dont c’est le métier le protège des démons et des autres, et pas que ces gens le persécutent. Toi plus que quiconque, ayant expérimenté la politique que je mets en œuvre, devrait savoir qu’aucune idéologie ne sera imposée, mais que c’est une assurance de liberté et de sécurité qui est proposée. Et, encore une fois, uniquement aux pays incapables de le faire eux-mêmes.

« - Au risque de vous décevoir, Mizuki-sama, je ne restes pas à Konoha pour de si grandes valeurs. J’y reste parce que malgré mes origines éloignées, malgré les conflits qui ont pu se dérouler ici, tant en interne qu’avec d’autres nations… Konoha reste mon foyer. Et bien que je ne sois pas pour me lancer dans une chasse des opposants au village de la feuille… Je n’hésiterais pas à tuer ceux que je considère comme « Menace » qui croiseraient ma route, inconnus comme anciens alliés... »

Les personnes les plus difficiles avec qui débattre ne sont pas celles qui sont complètement campées sur leur position et ne veulent pas changer d’avis, mais plutôt celle qui avancent leurs arguments sous la forme de vérité universelle. Et je venais d’entrer dans cette boucle dangereuse. Mizuki présentait effectivement les choses de manière pacifique en annonçant une égalité des nations, mais de ce que je voyais, cela ne concernait surtout le cas de Nami, Ame, ou bien des pays qui n’ont aucun rattachement réel à l’un des cinq grands pays de l’ordre mondial. Et puis, je relevai une incohérence également.

« - « Aburame Mizuki, cheffe de l’Autorité, obtient par la même l’autorité nécessaire pour appliquer sur les terres de l’Autorité du Feu les lois et les préceptes de cette dernière. » C’est l’un des articles concernant le décret qui a été distribué dans Konoha, et je suppose, les autres pays alliés au Feu. Ce qui voudrait dire que bien que les dirigeants restent à la tête de leur contrée pour appliquer leur forme de gouvernement… Vous leur restez au-dessus, et vous donnez donc le droit de dire si tel ou telle personne agit bonnement ou non pour le peuple. Ai-je tort ? »

Aussi étrange que cela pourrait être, ma question n’était pas sous le ton de la rhétorique, mais belle et bien une question simple qui fit son apparition par rapport à ses dires. D’un certains point de vue, il était bien en effet que les trois pays allaient sur un pied d’égalité. Mais il aurait fallu laisser dans ce cas la forme d’un Triumvirat ou chacun pourrait donner son avis sans l’imposer aux autres, et dans le pire des cas, soumettre un vote. Mais dans cette configuration, Mizuki restait au-dessus d’eux sur le plan militaire. Et à savoir si la question de passer au niveau économique ou politique allait arriver ou non.

« - Et puis, comme je l’ai dit, tout aussi pacifique et idéaliste que votre approche soit, ma plus grande crainte réside dans le regard du monde extérieur. Je veux bien comprendre que vous proposiez soutien aux nations voisines aux nôtres en échange de leur aide face aux Bijuus, Jiseyama ou les autres ennemis… Mais qu’en penserez les autres nations de leur côté ? Que penserait l’ancien ordre du Shûkai si jamais nous abordions cette question auprès des anciens pays le composant, ou même les pays alliés à Kaminari ou Kaze ? Je ne dis pas que Konoha est faible au point de se blesser au premier coup de bâton d’un de ces groupes… Mais s’ils nous affrontent sur tous les fronts, même nous ne pourrions pas tenir. »

De ce qu’elle a pu me dire, le conseil des Kage serait le moment où l’Autorité du Feu ferait son annonce mondiale. De ce fait, cela allait soit permettre de désamorcer la bombe immédiatement… Soit d’allumer la mèche plus tôt que prévu. Et connaissant le ton que pouvait prendre Mizuki quand elle estimait avoir l’ascendant sur ses interlocuteurs… Je ne mettrais pas ma main à couper que les autres nations le prendraient bien.

« - A vouloir aider tout le monde, nous n’arriverons plus à protéger ceux que nous avons déjà derrière nous. Je peux comprendre que vouloir aider les civils des autres nations est une noble cause, mais nous n’avons pas de ressources illimitées. Envoyer tous nos hommes aux quatre coins du monde, si j’en crois votre envie de reproduire l’idée d’Umi et Amashi, ne fera que nous affaiblir quand Kyubi réapparaîtra. Faisons déjà en sorte d’assurer notre propre survie, Mizuki-sama. Nous avons les compétences, les informations. Nous avons même en nos mains un exemple de sceau qui a réussi à enfermer Nibi pendant des années, concentrons nos efforts sur son étude afin de sceller à jamais ces abominations ! Mais je vous en pris, évitons de nous mettre le reste du monde à dos parce qu’ils sont trop cons pour comprendre ! »

Il m’arrivait que très, si ce n’est trop, souvent où je me retiens d’exprimer le fond de ma pensée sans filtre. Oui, je croyais les autres peuples trop peu érudits pour comprendre la gravité de la situation, trop avides de pouvoir et emplis d’amour propre pour accepter une alliance. Alors tant pis, il nous fallait assurer notre survie, celle de notre peuple, avant tout. J'espérais que cette fois, j'arrivai à lui faire entendre... Mais quand j'y pense, j'aurais du m'attendre à ce qu'elle ait encore quelque chose à redire.