Plusieurs semaines s’étaient écoulé depuis mon bref passage au Kyomu. Passage durant lequel j’avais pu faire la rencontrer d’une partie des pointures qui en faisaient partie. Les moindres doutes que j’avais pu nourrir quant à leur effectifs et leur capacité à agir avaient eu tôt fait d’être balayé par ce que j’y avais vu. Cette organisation rivalisait presque en puissance avec les grands villages et ils ne tarderaient pas bien longtemps à obtenir ce qu’il leur manquait. Leur chef, Saibogu Red, nourrissait une détermination sans faille. Détermination que je comprenais parfaitement puisque moi j’avais moi aussi de grandes ambitions qu’il ne restait maintenant plus à concrétiser.

Dans le cadre de notre alliance et mon nouveau rôle au sein du village et du Kyomu, j’avais été affecté à une mission avec la jeune femme répondant au surnom de white dont j’avais pu faire la rencontre à la Mégalopole. Atypique et étrange furent les deux premiers mots qui m’apparurent lorsque je pensais à elle. Une chose brisée, qui n’attendait qu’à être reconstruit par la propagande du Kyomu, la parfaite prise pour une organisation militaire qui saurait faire d’elle le parfait soldat, obéissant, fort et sans craintes. Notre rendez-vous avait dans la ville proche du gisement de toutes les attentions : un gisement de pierres précieuses qui une fois exploité ferait grandement les affaires de l’organisation. Nous avions été dépêchés pour sécuriser le secteur et dans le même temps superviser la construction de la mine. Les informations concernant la relation entre le pays et l’organisation me manquait et je devrai donc me reposer sur ma coéquipière pour me briefer sur le sujet, mais étant donné son statut criminel elles ne devaient pas être au beau fixe.

Revenant tout juste de mission avec l’un de nos genins je pris le strict minimum et mis en route – au pas de course – vers les ports de l’est. Le temps me manquait et je devais arriver sur les lieux au plus vite pour remplir ma mission et revenir. Avec pour simple bagage un sac à dos comprenant le nécessaire de toilette et pour me changer, je courais sur les routes du pays de la foudre, observant le soleil descendre peu à peu dans le ciel et laisser sa place à la lune dans une danse que les deux astres maniaient avec perfection. J’arrivai dans la ville portuaire de Naga en début de soirée et demanda aussitôt à un navire militaire de m’amener à Haï. L’homme ne semblaient content de l’ordre qu’il venait de recevoir par une telle heure mais n’eut d’autres choix que de s’exécuter de m’amener à bon port. Arrivé dans la nuit, je parvins finalement sur les lieux – une petite ville proche du gisement – à la levée du jour, passablement exténué par la nuit blanche que je venais de passer. Je me rendis directement à l’adresse donné en annexe de la missive. Arrivé devant la porte en bois de la bâtisse, je frappai deux fois et attendit que l’on ne vienne m’ouvrir.

Une jeune femme au teint pâle et à la crinière blanche m’ouvrit la porte. Son visage, marqué par les piercings et le maquillage voyant, ne montrait aucune émotion. Seuls ses yeux, d’un bleu nuit envoutant, dénotait avec le reste du tableau. Les cicatrices qu’elle portait sur le côté droit de son cou et de sa joue, ainsi que la brulure qui s’étendant du côté gauche de son cou jusqu’à sa seconde joue allaient de pair avec l’attitude froide et frigide qu’elle adoptait. Déjà lors de notre première rencontre White m’avait donné l’impression d’être une coquille vide, impression qui se renforçait davantage à chacune de nos rencontres.

Légèrement vêtu, elle portait un débardeur clair et un pantalon foncé qui courait jusqu’à ses pieds. Laissant apparaître bien plus de peau qu’il n’en faudrait pour échauffer plus d’un homme. Je n’étais cependant pas intéressé par le charnel, trop concentré sur mon objectif qui accaparait déjà toute mon attention et mon énergie. Plus je la regardai, plus j’avais l’impression de voir une jeune punk droguée sous l’emprise d’une autre personne. Tout cela ne me disait rien qui vaille mais fouiller dans les affaires du Kyomu m’était impossible, je devais me montrer patient. White s’inclina légèrement en signe de respect et je fis de même en réponse.

« Bonjour White, je suis également enchanté de vous revoir. »

Répondis-je simplement. En réalité je n’éprouvais aucune joie ou satisfaction à revoir cette jeune femme. Chacune de nos rencontres me faisait me poser plus de question sur les méthodes d’embrigadement du Kyomu. Son état me faisait penser à une personne en pleine dépression. Tous les membres de l’organisation que j’avais pu rencontrer jusqu’alors m’avait pourtant paru plutôt heureux ou enjoué. Je soupçonnais donc que mon interlocutrice ait dû subir de grandes épreuves dans sa vie qu’elle n’avait pas su surmonter. Elle ne perdit pas de temps en bavardages inutiles et alla droit au but. Elle postulait que les hommes du Daimyo tenterait de reprendre le contrôle de la zone. Nous avions donc pour mission d’empêcher que l’organisation ne perde son influence sur une potentielle source de revenu. Dans le but de couper l’herbe sous les pieds de l’autorité, la Saibogu avait envoyé ses hommes prendre le contrôle de la zone et commencer les travaux d’aménagement. Nous n’étions donc pas les premiers arrivés. Notre mission se concentrerait donc sur la sécurisation de la zone et l’aide que nous pourrions potentiellement apporter aux équipes déjà présentes. Ema me montra sur la carte l’étendue de la mine ainsi que les points dont nous devions assurer la défense. En apparence simple, je sentais que cette mission – d’une importance capitale pour l’organisation – nous donnerait du fil à retordre.

Je pris quelques instants pour réfléchir et analyser la carte. Nous étions cernés au nord par la montagne et au sud par la mer. Les fronts d’attaques possibles se trouvaient donc à l’est et à l’ouest. Me frottant le menton, je vis qu’un passage dans les montagnes était néanmoins tracé.

« Les quatre points que tu viens d’indiquer nous permettent des attaques par la côte. Mais qu’en est-il de ce passage dans les montagnes ? Lui disais-je tout en lui montrant. On pourrait relever ces deux points d’observations – les deux les plus au nord – sur le sommet qui les bordent, ainsi on aurait une meilleure vue sur les plages. »

Le passage, bien qu’il soit trop étroit pour faire passer une armée permettait à une escouade de tenter une attaque par surprise. Les soldats pouvaient en effet passer un par un et se regrouper une fois sortit, à l’abri derrière les rochers.

« J’aimerai réunir les ouvriers pour qu’ils m’expliquent comment ils comptent s’y prendre. Je ne connais pas les méthodes de forages et de constructions d’une mine, mais je peux néanmoins leur être utile avec mon Kekkei Genkai. »

Le bois était naturellement utilisé pour les poutrelles soutenant les galeries étant donné son abondance, sa robustesse et son faible coup. Mais je pourrai consolider les points névralgiques de la mine grâce à mon métal, lui assurant ainsi une durée de vie bien plus grande. Les mineurs y gagneraient eux aussi en sécurité et en qualité de travail, bien que je me doutasse que le Kyomu n’en avait que faire. J’accrochai mon regard et pris un ton solennel.

« Qu’en penses-tu White ? »

« Je te laisse t'occuper des ouvriers. Je pense qu'ils connaissent leur boulot, mais si tu veux y ajouter ta toucher personnelle, je t'en prie. Je préfère me concentrer sur la sécurité de la zone. »

« Je n’ai aucun doute sur le fait que les ouvriers connaissent mieux le travail que moi, je cherche à savoir si je peux leur être utile. Mais je vais directement voir ça avec eux pendant que tu t’occupes des derniers détails, je vous rejoindrais ensuite pour surveiller la zone. Je pense moi aussi que si une attaque doit se profiler, elle se fera plus tard. Nous attaquer par surprise sans connaître nos systèmes de défenses et les troupes à notre disposition serait idiot. Si des personnes cherchent à nous nuire, ils vont surement nous observer pendant quelques temps avant de se décider à agir. » »

Pour la confection d’une défense, un bon stratège devait tout autant se mettre dans la position des défenseurs que celle des assaillants. Aucune défense ne pouvait être parfaite et tout système avait forcément une faille mais l’on pouvait justement jouer sur cette faille pour tendre un piège à notre ennemi. Tout en observant la carte, je tentais de me mettre à la place de nos adversaires et de déjouer la stratégie que je venais de proposer. Les deux postes d’observations placés en hauteur et plus au centre permettait à la fois de déjouer toute attaque par la mer, mais également de réagir rapidement à une attaque par le sentier venant des montagnes. Les forêts donnaient cependant l’avantage à nos ennemis, leur offrant la possibilité d’attaques surprises avec des petits groupes d’hommes. Ainsi, si je devais attaquer cette place, je me servirais d’une petite troupe de soldat envoyé d’un côté en préparant des pièges pour faire croire à un plus grand nombre d’hommes. Puis, une fois que l’ennemi aurait dégarnis les autres postes d’observations pour répondre à l’offensive, j’attaquerai de l’autre côté. Enfin, je confierai à la mission à une petite escouade de profiter de la cohue générale pour s’infiltrer jusqu’à la mine et faire exploser l’entrée, ce qui tuerai les mineurs et condamnerai dans un même temps la mine et ferait perdre un temps considérable à l’organisation.

Ema prit la carte avec elle et s’en alla patrouiller et je me dirigeai vers le camp où se trouvait les mineurs pour discuter avec eux. Arrivé sur les lieux, j’attendis que le chef du groupe ne vienne à ma rencontre.

« B’jour, j’suis le chef du groupe de mineur, Hayato. Vous faîtes partis des Shinobis chargés d’notre protection ? »

« Bonjour, je suis un Shinobi de l’organisation. Je maîtrise le métal et je voulais donc vous proposer mon « aide », pour consolider la mine ou pour autre chose. »

« Mmh, j’vous r’mercie mais ça ne sera pas utile. Le bois est bien mieux pour supporter les galeries que le métal, plus résistant à la pression et plus léger. Mais j’retiens vot’ proposition. »

J’acquiesçai les dires de mon interlocuteur puis parti en direction des postes d’observations en vue de les déplacer plus hauts. Quelques heures plus tard, alors que les mineurs avaient commencé leur excavation je rejoignis White sur son perchoir. La forêt était calme, à peine perturbé par une légère brise venant caresser les feuilles. Le ciel était clairsemé, parcouru ci et là par des nuages grisâtres, résidus de l'activité volcanique du reste de l'île. J'éprouvais un grand plaisir à me retrouver ainsi prêt de la mer, où le climat maritime contrastait avec celui des terres. Puisque l’action se faisait attendre – et ce n’était pas pour me déplaire – je décidai d’engager la discussion avec l’énigmatique jeune femme.

« Je pense que si attaque il y a, ce ne sera pas pour aujourd’hui. Cela fait la deuxième fois que nous nous rencontrons. Depuis quand servez-vous dans les rangs de l’organisation ? »