L'hôpital. Cet endroit où j'allais devoir prendre un abonnement pour les mois à venir tant j'étais suivie de près pour cette grossesse peu commune. Mon lien avec la nature aurait préféré que celle ci se déroule au plus près de cette dernière plutôt que de manière médicalisée mais cette surveillance était également rassurante.
Je ne savais pas comment imaginer la suite et je ne m'étais jamais posé la question de cette situation, pensant de toute façon que cette facette ne me serait pas accessible étant donné que la plupart des gogyou n'était pas en mesure de créer la vie et avant de rencontrer Ether je pensais même cela impossible. Pourtant...

C'était donc une nouvelle inattendue qui me remplissait de joie en même temps que d'angoisses. Si les futures mères étaient déjà stressées à l'idée de la suite des événements c'était encore pire pour moi qui n'avait aucune idée dans quoi je mettais les pieds... Est-ce que ça se passerait « normalement » ? Est-ce que cela durerait neuf mois, plus ou encore moins ? Les choses évolueraient-elles plus vite ou plus lentement ? Et ce bébé serait-il lui aussi un petit élémentaire capable de tuer son père ou encore son médecin accoucheur comme cela avait été mon cas à ma naissance ? Existait-il réellement un moyen de savoir que le bébé serait un gogyou ou non ? Si le petit village de Kawa no kuni où j'étais née n'en avait pas été capable, j'espérais que cela serait différent pour le grand hôpital emplit de connaissances qu'avait Konoha. Rien ne garantissait que ce soit le cas : les gogyou étaient plutôt rares et comme je venais de le souligner les grossesses l'étaient tout autant donc... Qui sait. Peut-être que j'étais la première Gogyou enceinte depuis la création de Konoha...

Pour le coup ce suivi ne me dérangeait donc pas et j'étais même prête a remplir leurs connaissances s'ils voulaient étudier le phénomène a travers divers examens tant que cela ne nuisait pas a ce bébé certes survenu un peu tôt mais presque miraculeux.

Il y avait encore deux semaines, j'étais venue pour un simple diagnostique et une potentielle prise de calmant pour cesser ce stress qui me vrillait l'estomac et que je mettais sur le comptes des récents événements pour finalement apprendre une tout autre nouvelle.
Aujourd'hui j'avais rendez vous avec un médecin qui suivrait l'évolution et que je reverrais chaque mois voir peut être plus régulièrement si les choses évoluaient plus rapidement : c'était ce que l'on m'avait expliqué.

Patientant dans la salle d'attente, je ne savais pas vraiment à quoi me préparer et il y avait tellement de questions qui me trituraient le crâne que je ne savais plus où donner de la tête.
Après plusieurs minutes, le docteur énonçait mon nom et je me levais pour le suivre jusque dans son cabinet après l'avoir salué puis m'y installais. Il serait sans doute surpris de voir dans ses notes que j'entamais le deuxième mois et que pourtant un début de ventre arrondi était notable... Pour ce que j'en savais c'était davantage aux alentours du troisième mois surtout pour un premier... Était-ce due à mon corps élémentaire qui s'adaptait plus facilement ou bien l'embryon qui évoluait bien plus rapidement ? J’espérais que ce médecin aimait jouer les détectives car des mystères non élucidés il y en avait pleins...

Spoiler:

Ascension. Il n’y avait d’autres termes pour décrire ce qui arrivait progressivement à Rin au sein de l’hôpital, et si la situation n’était pas des plus déplaisantes – après tout, c’était là tout l’estime trouvé à ses connaissances et à la méticulosité de ses soins – il ne pouvait se résoudre à considérer qu’il méritait un tel ornement. De médecin urgentiste revenu afin de faire de la prévention et de la santé publique initialement, il a été embarqué presque contre son gré dans un jeu de pouvoir, mais qu’importe – la réputation de ses connaissances, alimentées par ses voyages internationaux, l’ont fait accéder à un statut original de « consultant expert ». S’il n’avait guère cessé son activité d’urgentiste et les gardes qui en découlaient, aujourd’hui il servait plus de référence locale. Tous les cas considérés « à part », nécessitant des connaissances plus transversales ou plus poussées dans certains domaines, surtout lorsqu’il y en avait pour le Chakra et ses spécificités : ils terminaient inexorablement en face de lui dans son cabinet. C’était certainement lié qu’il était Médecin Chakratique à l’origine, n’ayant choisi d’exercer dans les urgences qu’ultérieurement afin de rester dans le dynamisme et la transversalité.

Il soupira calmement, saluant son patient et appelant la suivante. Elle était justement l’un de ces « cas » si spéciaux qu’on lui avait adressé pour expertise, suivi également. L’Akimichi lui adressa un maigre sourire avant de l’inviter à s’asseoir en face de lui. Une Gogoyou enceinte – ce n’était pas ce qu’il était le plus coutume de voir à travers le monde, et s’il ne voulait guère s’avancer… C’était certainement la première qu’il lui était permis de croiser pour en assurer le suivi. Note à soi-même : Se renseigner sur ce qui est connu des grossesses chez les Gogyou.

« Bonjour Yell-san. Akimichi Rin, je serais le médecin en charge du suivi de votre grossesse. Mes collègues m’ont tenu informé de la situation en vous adressant à moi, et j’ose espérer qu’ils en ont fait de même vis-à-vis de vous ? »

Le médecin fouilla rapidement son bureau pour en sortir son petit carnet et, composant quelques mudras, activa les quelques sceaux qui l’ornent. Grâce à ceci, ses notes ne seraient pas lisibles à n’importe qui pour la conservation du secret médical, et une copie serait créée chez lui, viendrait-il à perdre ses réflexions.

« Comment vous sentez-vous aujourd’hui ? Hmmm… J’imagine que vous avez de nombreuses questions, alors je vous laisse commencer d’accord ? »

Il vérifia rapidement l’ensemble des informations qui lui ont été transmises – elle avait un ventre très… Proéminent compte tenu du terme de sa grossesse. Ne voulant guère l’inquiéter d’avantage il passa sa remarque en silence, prenant cependant soin de la noter. Note à soi-même : Vérifier l’impact du Chakra sur l’enfant. Vérifier la croissance de l’enfant. Rechercher le Diabète gestationnel même si absence de facteurs de risque. Une à une, les différentes problématiques que soulevaient cette grossesse se heurtaient au sein de son esprit, faisant grandir l’intérêt ainsi que l’inquiétude vis-à-vis de celle-ci. Ce ne serait pas une tâche facile de toute évidence, et il était on ne peut plus prêt à relever le défi.

Installée face à lui, le médecin se présentait tout en me demandant si ses collègues m'avaient informé de la situation, ce à quoi je lui répondais par un hochement de tête.

« Enchantée, Docteur. Oui, on m'a expliqué que j'aurais un suivi régulier compte tenu du cas particulier que je représente et à vrai dire, j'en suis plutôt ravie...»

Lui avouais-je dans un sourire teinté d'angoisse.
Il tira un petit carnet pour prendre des notes et commençait à me questionner tout me laissant poser les miennes qu'il devinait nombreuses.
En aurait-il pour autant les réponses ? Rien n'était moins sûr...

« Eh bien... ça va... Hormis le stress auquel je fais face dans cette situation. Je suis heureuse, vraiment ravie par cette nouvelle, mais je dois bien avouer que l'évolution de tout cela me fait un peu peur... »

L'une de mes mains s'était posée naturellement sur mon ventre comme un maigre rempart protecteur pour ce petit souffle de vie grandissant.

« Ce n'est pas la crainte de devenir mère que je ressens mais bien celle sur comment vont se passer les choses. Je... perçois son existence. J'imagine que toutes les futures mères ressentent ce genre de choses mais il s'agit plus d'un lien particulier, lié à ma nature, comme connecté à ce bébé. C'est... particulier et difficile à expliquer. »

C'était étrange mais ce n'était en rien dérangeant.

« Vous n'êtes sans doute pas sans savoir que les naissances de Gogyou sont en générales meurtrières... Je ne sais pas s'il en sera un ou non et je crains donc le jour J. Je me demande si mon chakra ne lui cause pas de tord et je me pose des questions sur ma forme élémentaire, inévitablement, que je n'utilise d'ailleurs plus depuis l'annonce par peur de lui faire du mal. »

Je déglutissais. La simple idée d'être responsable d'un tel malheur me vrillait l'estomac.

« En plus d'être Kunoichi, je suis enseignante à l'Académie et je continue mon poste sans problème pour le moment. J'aimerais poursuivre mon implication le plus longtemps possible même si j'ai énormément diminuée mes entraînements et n'use plus de mes capacités d'élémentaires. »

Mais ma nature faisait partie intégrante de moi et je n'étais pas à l'abri d'un réflexe à l'utiliser.

« Pensez-vous qu'il serait judicieux de bloquer mon chakra durant les prochains mois ? »

Je ne voulais prendre aucun risque.

« Je n'ai pas non plus le besoin de manger même si je le fais par habitude et j'essaye de m'y tenir quotidiennement pour le bébé mais je n'ai aucune idée de la quantité que je dois prendre pour lui suffire... Même si mon corps semble me le réclamer de temps à autre comme pour m'y guider. »

C'était pour le moment tout ce qui me venait à l'esprit comme questionnement. Je le laissais donc répondre tout en rivant mon regard sur lui, en attente de réponses ou a défaut, d'éclaircissement puisque je concevais tout à fait que ma situation n'était pas réellement transposable à une autre...

Silencieux et les yeux rivés sur la jeune femme, Rin l’écoutait soigneusement vider son sac de toutes ces craintes qui semblaient la ronger. Il y avait le particulier d’une consultation entre patient et médecin ou le premier pouvait littéralement tout dire au dernier, sous couvert de secret, d’écoute et de conseils : une spécificité supplémentaire du métier qui obligeait parfois, au prix de cette confiance devant régner entre deux, de garder pour soi des choses… complexes. Toujours est-il que de sa main, Rin notait ses pensées et suggestions vis-à-vis des questions de la jeune femme, ne sachant que trop quelles réponses lui apporter. Pour être un cas rare, elle l’était – il ne comptait point lui mentir – mais il n’allait pas refuser pour autant de la suivre.

« Je ne vous cache pas que votre grossesse soumet énormément de questions déjà au sein du milieu médical, et nombreuses sont celles qui rejoignent les vôtres. Il n’y a hélas que trop peu de cas documentés qui puissent aboutir à une base de connaissances suffisamment fiable et reproductible pour que je puisse baser mes réponses dessus, car ce serait vous mentir que de vous assurer de choses pour le mieux incertaines. »

Il soupira calmement, continuant à caresser presque son carnet de sa main, symbole après symbole apparaissant dans la plus belle des harmonies.

« Néanmoins. Vous êtes un Gogyou d’eau et votre enfant, lors de son développement, vit au sein de vous dans ce qui s’appelle le Liquide Amniotique. Si ce n’est pas exactement ce qu’on peut appeler de l’eau, il n’en reste pas moins que c’est un milieu liquidien qui doit réagir naturellement avec votre affinité, et expose donc votre enfant à votre Chakra. »

Note à soi-même : Relire les quelques traités sur l’origine des pouvoirs des Gogyous et leur exploitation.
Note à soi-même : Comprendre la nature unissant Chakra et Affinité chez les Gogyous.
Note à soi-même : Rechercher cas assimilables.

« Si cette partie ne fait aucun doute, il faut cependant que l’on sache comment cette exposition retenti sur lui – et si je comprends votre désir de continuer à vous impliquer dans l’enseignement à l’Académie, j’aimerai cependant vous hospitaliser. Ce ne sera pas une hospitalisation longue – quelques jours tout au plus – mais elle permettrait de faire l’intégralité des examens et bilans nécessaires pour que vous puissiez ressortir sereine avec une prise en charge adaptée. De même pour les apports alimentaires, nous pourrons juger et établir un profil personnalisé pour vous, car les effets du Chakra sont tellement vastes sur le développement fœtal que je ne peux vous donner de chiffre immuable – pour vous donner un exemple, imaginez-vous être membre du clan Akimichi… »

Oui… C’était certainement la chose la plus sage à faire. Rien que sur les formes déjà trop marquées de la jeune femme, cela permettrait d’évaluer s’il s’agit d’une croissance trop importante au niveau fœtal ou d’un Hydramnios, voire d’une association des deux. A un terme si précoce, une macrosomie pourrait être fatale et porter de lourdes conséquences pour le petit être qui ne demandait qu’à naître – s’il n’osait pas l’évoquer haut et fort pour ne point inquiéter la jeune future mère, Rin envisageait déjà un éventuel déclenchement précoce pour éviter un retentissement trop néfaste sur l’un comme sur l’autre.

« Bien sûr, vous n’êtes pas obligée de venir directement à l’hôpital – un scénario où l’on scelle partiellement votre Chakra pendant quelques jours, le temps que vous vous rendiez disponible, est envisageable. Un blocage entier risquerait d’exposer l’enfant à un manque de celui-ci qui pourrait également être néfaste, compte-tenu de la difficulté à estimer la quantité de Chakra à laquelle il est exposé actuellement. »

Une possibilité qu’il n’avait pas même envie d’envisager, et qu’il était trop sage pour provoquer de façon intentionnelle. Réduire ne serait-ce que de moitié la quantité de Chakra de la jeune femme… Ce serait suffisant.

« Quant à l’usage de vos capacités élémentaires… Je pourrais vous en dire plus avec les résultats du bilan complet que j’aimerai réaliser. Et quant aux risques liés à l’accouchement… Ne vous inquiétez pas. Je connais des médecins qui auraient choisi de faire courir des risques importants à vous et votre enfant pour connaître la nature de ses pouvoirs et anticiper en fonction de cette dernière. Mais je ne suis pas de ces derniers, et plusieurs solutions se profilent déjà selon moi pour cette étape – cependant, je vous propose que l’on se concentre initialement sur le déroulement de la grossesse avant de penser à son terme. Qu’en dites-vous ? »

Il soupira silencieusement à la fin de ses tirades, espérant avoir apporté le soutien et les informations que désiraient la jeune femme sans avoir provoqué d’inquiétudes supplémentaires. Dire que les quelques travaux de sa jeunesse, quand il se considérait encore stupide, auraient probablement une utilité dans les mois à venir… L’Akimichi cligna des yeux à deux reprises, gardant sa concentration pleinement sur sa patiente. S’il n’osait lui en faire la promesse ouvertement, il se le promit à soi-même avec la force de sa conviction : Tout se passera bien. Il ferait tout pour qu’il en soit ainsi.

Sans grande surprise, le médecin m'avouait que bon nombres des questions que je me posais étaient communes à celles de l'hôpital. Aucune vraie documentation n'existait sur le sujet quant aux éventuels cas similaires... Ils étaient peu ou pas connus même si je savais qu'il était possible pour deux Gogyou d'avoir un enfant sans certaines complications puisque les informations que j'avais concernait ceux d'un clan nomade vivant dans le désert, bien loin de toute institution médicale. Mais cela était encore différent puisque je supposais que leur nature commune apportait un certain équilibre pour la venue au monde d'un enfant sans autre difficulté.
Quand était-il pour un mariage « hybride » ? Aucune idée. Je ne connaissais pas de personnes ayant vécues une situation semblable. Après tout, mes parents étaient de simples civils bien loin de se douter qu'ils engendreraient une vie de chakra pur liée à un élément. La naissance des Gogyou semblaient bien trop aléatoire pour constituer une base de donnée pertinente même s'il existait sans doute un dénominateur commun qui échappait pour l'heure aux yeux du monde.

Je n'étais donc pas déçue ou davantage angoissée de ne pas avoir de réponses concrètes puisque je m'y attendais. Toutefois, son explication sur mon corps aqueux proche du liquide amniotique dans lequel le bébé évoluait arrivait à me rassurer. C'était finalement plutôt une chance que mon élément soit l'eau plutôt que les autres...
Quant au fait qu'il était exposé au chakra... Je n'avais jamais vu jusqu'ici une menace là dedans, prenant pour exemple les autres kunoichi enceintes mais il n'avait pas tord : il n'était pas impossible que mon corps différent expose davantage le petit à mon chakra et que cela lui nuise d'une certaine manière. Est-ce que cette exposition prolongée ferait de lui aussi un Gogyou ou cette facette était déjà prédéterminée lors de la conception ? Encore une question qui resterait sans réponse.

La suite de la conversation me nouait cependant la gorge même si je comprenais sa décision. L'hospitalisation permettrait un suivi plus approfondi à travers divers examens et pourtant même si elle ne durait que quelques jours, je ne pouvais pas m'empêcher de penser à mes responsabilités envers le village et le fait que je ne voulais pas l'abandonner ou le mettre à l'écart. Pourtant, il en allait potentiellement de la santé de ce bébé miracle et je savais que Kihran en penserait la même chose que moi : cela valait mieux. Je hochais donc à la tête à ses paroles, comprenant parfaitement ce choix et ne voulant pas risquer le pire.

« Il me faudra simplement le temps d'en informer mes supérieurs et de m'organiser à cette absence pour concevoir cette hospitalisation : d'ici une journée ou deux tout au plus. Sera-t-il donc possible de sceller partiellement mon chakra jusque là ? »

Cela me ferait sans doute bizarre mais ce n'était pas comme m'en priver complètement. Bien que faiblement, je serais toujours en mesure de l'utiliser en cas de problème.
Pour le reste, j'en saurais plus une fois le bilan d'examen réalisé. Même si je n'en doutais pas connaissant la loyauté des Konohajins, c'était toujours bon à entendre qu'il ne choisirait pas de me faire prendre des risques inutiles à moi ou au bébé pour simplement se faire une idée du potentiel danger du jour J s'il venait à être aussi un Gogyou. Rassurant d'un côté donc mais aussi affreusement angoissant. Kihran étant médecin il voudrait sans doute participer d'une certaine manière et je ne voulais pas qu'il coure le moindre risque, pas plus que ce médecin affecté à mon suivi ou a quiconque à cause de la potentielle nature élémentaire incontrôlable de notre enfant capable de tuer toute présente dans la pièce.
Toutefois, l'Akimichi semblait avoir déjà quelques pistes pour ce fameux instant de ce qu'il m'en disait et proposait de laisser ça de côté pour le moment fin de se concentrer sur l'avant naissance ce à qui j'acquiesçais d'un signe de tête.

« Cela me va. L'important est de faire en sorte que tout se passe bien pour lui. »

Déclarais-je tout en posant une main protectrice sur mon ventre, le regard emplit d'autant de détermination.

« J'accepterais tout ce qui sera nécessaire à son bon développement et sa bonne santé, cela même si je dois personnellement en souffrir tant qu'il n'en est pas affecté. »

Peu importait le prix à payer si cela le garantissait. Je voulais qu'il le comprenne et qu'il agisse en conséquence s'il avait des moyens de le permettre. Ma conviction sur le sujet était tout aussi flamboyante que celle que je vouais à la protection de ma nation : indéfectible...

Rin soupira délicatement avant d’adresser un regard à la jeune femme. Un ou deux jours ? Elle aurait pu attendre le début de la semaine suivante même, à deux mois de développement une bonne partie de l’organogenèse était déjà réalisée donc l’urgence quelque peu moindre, même s’il ne pouvait que comprendre la quantité d’inquiétudes qu’elle exprimait et l’envie d’être rassurée le plus vite possible. D’un geste simple, il nota sur sa feuille de réserver une chambre d’hospitalisation d’ici là afin qu’elle puisse venir sereinement, et anticiper la totalité des examens pour que cette période ne se résume pas à une éternelle attente de disponibilité de matériel ou de médecin.

« Pas de problème, je vous réserve une chambre d’emblée et je prévois tous les examens au plus vite pour écouter le séjour au maximum. Quant à votre Chakra, je profiterai de vous examiner pour le sceller d’accord ? Ce ne sera pas un sceau extrêmement puissant, donc si besoin il y a pour urgence absolue, vous pourrez le briser avec une décharge de Chakra suffisante – il sera cependant suffisant pour réduire l’exposition potentielle de l’enfant au vôtre. »

Il avait étudié quelque peu le sceau utilisé sur le Kazekage lors de la purification de ce dernier et normalement, compte tenu des résultats de ses entraînements personnels, il était allègrement capable d’obtenir un niveau de scellement suffisant pour diminuer les risques pour l’enfant sans arriver à une déplétion totale – combien même espérait-il que le reste de la grossesse pourrait se passer sans scellement chakratique et que tout se déroulerait pour le mieux… Mais ça, il n’y avait que les examens complémentaires nécessaires qui pourraient le lui montrer.

Il soupira une fois de plus cependant lorsqu’elle termina par répondre à ses tirades, et plus même : il secoua délicatement la tête tout en adressant un réel sourire attentionné à sa nouvelle patiente.

« Pour que tout se passe bien pour vous et votre enfant, d’accord ? Je ne compte sacrifier ni l’un ni l’autre et je ferais mon possible pour que le vécu et le déroulement de la grossesse soient les meilleurs pour vous et votre enfant. Même si je comprends votre désir de le protéger avant tout… »

Il jeta un léger regard à la main de la jeune femme, posé si maternellement sur son ventre comme pour établir une barrière supplémentaire entre l’enfant et le monde…

« Il faut que vous sachiez qu’il aura besoin de vous à sa naissance. De votre amour, de votre soutien, de votre présence, de… Alors j’aimerai que nous nous mettions d’accord sur ça – il n’est pas le plus important dans cette histoire. Vous êtes tous les deux les plus importants. Du coup, il faudra essayer de vous ménager et de ne pas trop forcer, d’accord ? A la moindre question… Au moindre doute… Attendez deux secondes. »

Ouvrant un tiroir de son bureau, il sorti deux petits calepins qu’il posa côte à côte avant de composer quelques mudras et finalement plaquer ses mains sur eux. Délicatement, il en poussa un vers la jeune femme, ornée d’un sceau semblable à celui qui se trouvait sur son carnet de note personnel. Sans hésiter, il lui tendit un stylo.

« Si vous écrivez quoi que ce soit dans ce calepin, ce sera retranscrit dans le mien – et inversement. C’est une petite astuce de Fuinjutsu que j’ai mise en place pour communiquer avec quelques amis, mais je pense que ce sera non seulement rassurant mais aussi utile que vous puissiez me joindre sans le moindre problème. Essayez, vous verrez. »

Penchant légèrement sa tête du le côté, il lui adressa un sourire de plus en attendant qu’elle fasse ce qu’il lui avait demandé. Note à soi-même : Prévoir bilan immunologique, chakratique et sanguin complet pour l’hospitalisation. Demander aide médecin senseur pour développement fœtal.

« Juste une dernière question avant que je ne vous examine, même si elle peut sembler quelque peu déplacée… Connaissez-vous d’autres Gogyou qui ont donné naissance à des enfants ? Il me semble qu’il est inscrit dans votre dossier que vos parents sont civils, mais je me suis dit que peut-être… Enfin ce n’est pas grave si vous ne connaissez personne, mais le cas échéant je pourrais essayer de me renseigner un peu si vous le voulez. »

Toutes les dispositions que prenait le médecin concernant mon hospitalisation future étaient rassurantes : tout comme le fait de savoir que le sceau scellant mon chakra serait facilement brisable. L'idée de me retrouver complètement désarmée face à un ennemi et devoir me replier pour laisser le soin de la défense du village à mes camarades ne me plaisait pas vraiment. J'avais beau devoir me ménager comme il le soulignait ou comme me le rappelait chaque jour Kihran, me retrouver sur le banc de touche était assez difficile... Au moins je pouvais toujours enseignée... pour le moment.

L'Akimichi semblait, quant à lui, beaucoup plus confiant sur le bon déroulement des choses que moi, allant même jusqu'à affirmer que je ne devais pas considérer la vie du bébé comme plus importante que la mienne et qu'il ferait en sorte de nous la garantir à tous les deux : des paroles qui m'étirèrent un semblant de sourire. S'il avait le moyen de le faire tant mieux, sinon je voulais qu'il se concentre sur le bébé. Il aurait beau avoir besoin de moi il lui resterait son père dans le pire des cas. Comment pourrais-je me considérer Kunoichi si je n'étais même pas prête à me sacrifier pour mon propre bébé ?

Mes angoisses s'estompaient peu à peu grâce au médecin qui me confiait un calepin avec lequel je pourrais le contacter quand bon me semblait à la moindre interrogation. Je ne comptais pas en abuser, il avait bien d'autres patients que moi à sa charge, mais c'était apaisant d'avoir cette possibilité : même s'il ne pourrait sans doute pas répondre à la moitié des questions, se les posant lui même.

Puisqu'il me demandait de faire un test, je prenais le stylo qu'il me tendait et inscrivait dans le mien la première chose qui me passait par la tête à savoir : Merci
Merci pour ça, pour accepter cette prise en charge potentiellement dangereuse pour lui même, pour ses conseils et ses réponses...

Le message était en effet bel et bien visible dans sa version à lui, signe que cela fonctionnait réellement et qu'il n'avait pas cherché à me susciter un effet placebo contre mon angoisse.
Refermant le calepin, satisfaite, je l'écoutais toujours avec attention et me mettais a réfléchir un instant avant de lui répondre.

« Eh bien... Je n'en connais pas personnellement mais je sais qu'une petite tribu nomade du désert est presque entièrement constituée de Gogyou. Ils ont sûrement dû donner naissances mais je n'ai aucune information à ce sujet et vu la situation entre nos deux pays... il ne s'agit pas vraiment d'une piste de recherche exploitable... »

Non, en effet...

Le médecin regardait fixement sa patiente, peinant même à cacher son propre soulagement à chaque trait de son visage qui finissait par se détendre devant ses réponses et hypothèses – lorsqu’elle finit par lui adresser un sourire, il ne put guère que lui répondre par un sourire également. C’était bien l’un des rares qu’il avait réussi à obtenir durant la totalité de l’entretien, et puisse-t-il être porteur de quelconques bonnes résolutions et modifications de mentalité qui apporterait bien à elle et son enfant. C’était peut-être niais à dire, certainement même – pourquoi pas un peu ridicule non plus – mais Rin espérait vraiment que tout se déroulerait pour le mieux dans cette grossesse. Outre tout le mystère scientifique on ne peut plus intéressant et passionnant qui l’entourait, c’était avant tout la naissance d’un nouveau membre du village et des changements fondamentaux dans la vie d’au moins deux autres membres qui se trouvait devant lui. Un événement toujours attendrissant, toujours plaisant et l’établissement de nouveaux liens, de nouvelles relations, qui dureraient et seraient fortes comme les racines soutenant les arbres de Hi. Oui, il voulait que tout se passe bien. Du fond du cœur. Et il s’en donnerait les moyens. Lorsque l’écriture fine de la jeune apparu sur son calepin, pour un simple mot qui portait en lui tant d’espoirs et de croyances déposées dans le médecin… Il ne voulait pas y faillir. Ni maintenant, ni plus tard, ni jamais.

« Hmm. Ca risque d’être plus que compliqué en effet… Je vais chercher de mon côté et contacter quelques connaissances à travers le continent pour voir si elles auraient plus à me dire, mais en attendant… »

Il se leva et d’un pas calme, alla jusqu’à la table d’examen, composant quelques sceaux de stockage pour obtenir le matériel nécessaire pour la convertir en table gynécologique.

« Installez-vous, d’accord ? »

Une fois sa patiente installée et mise en condition par soi-même, Rin commença à chercher le matériel nécessaire pour l’examen afin de voir s’il n’y avait aucune complication chez la mère initialement, cette dernière étant face à lui, palpable, auscultable et inspectable. Pas à pas, il regarda les différents organes, pris une tension – le plus sain pour ce débrouillage serait encore de considérer le tout comme une grossesse normale, et aviser une fois les examens complémentaires réalisés. C’était le plus qu’il pouvait faire.

« Ne vous inquiétez pas, ça ne sera pas douloureux d’accord ? Si jamais ça l’est, vous me le dite et j’arrête tout de suite, promis. »

Casuellement, il maintenait la conversation, annonçant çà et là au fil de celle-ci qu’il ne trouvait rien de particulièrement anormal ou inquiétant. Une fois cette partie finie, cependant, il se releva brièvement et composa quelques mudras avant de poser précautionneusement sa main sur le ventre de la jeune mère.

« C’est la partie un peu plus désagréable, je vais faire circuler de faible quantité de mon chakra en vous pour voir s’il détecte et quelque chose et examiner l’enfant, d’accord ? »

Sur un hochement de tête, le sceau s’étendit sur le corps de la jeune femme, progressivement, récoltant quantité d’informations alarmante. Il était adapté à l’examen des personnes en état normal et les modifications physiologiques de la grossesse en tant que telles étaient considérées pathologiques par ce dernier, n’en relevant que des connaissances du médecin pour faire la part des choses.

« Hmmm… La croissance de votre enfant est normale, il semblerait juste que vous ayez un sac amniotique plus important, certainement une réaction à votre Chakra. C’est extrêmement rassurant, mais je préfère tout de même sceller votre chakra. Ce n’est qu’un examen de débrouillage et il permet de voir les grands problèmes seulement, pour plus précis nous verrons durant l’hospitalisation. »

Composant à nouveau quelques mudras, il inspira profondément et apposa ses deux mains cette fois sur le ventre de sa patiente. L’enfant se trouvant ici, il fallait que le sceau soit le plus puissant à cet endroit, alors que généralement l’inhibition se faisait plutôt au niveau du cœur pour diminuer de façon plus conséquente la totalité des flux. Ici, il était important de réguler en un point défini. Au fur et à mesure, le sceau commençait à se dessiner, allant jusqu’à recouvrir la moitié de l’abdomen. De ce qu’il avait estimé lors de son sceau diagnostic, plus serait délétère.

« Ca devrait être bon… Comment vous sentez-vous ? »

Le déroulement des choses et les examens a prévoir étant fixés, nous pouvions passer a ce que je redoutais le plus : l'auscultation. Non pas que j'avais peur d'une quelconque douleur mais plutôt du diagnostique qui serait établi. C'était donc un peu stressée que je m'installais sur la table laissant le médecin vérifier ce qui lui fallait.

Je hochais simplement de la tête à ses dires, l'écoutant attentivement et me rassurant petit à petit en entendant qu'il n'y avait rien d'anormal alors qu'il faisait circuler son chakra a travers moi pour s'assurer que c'était bel et bien le cas concernant aussi le bébé. Cette sensation était particulièrement étrange... ma nature tout entière en était bouleversée : je percevais très nettement cette impression de chakra étranger qui n'en était pas une. Tous mes sens étaient en alerte face à cette intrusion complètement humaine contrairement à mon essence élémentaire. Malgré tout, je respirais un grand coup pour chasser cette anxiété naissante et laisser faire le médecin sans me braquer : ce qui lui rendrait la tâche difficile. C'était pour notre bien et j'espérais que ce petit être grandissant le comprendrait aussi, peu importe sa propre nature. Une réaction de sa part à ce stade était-il possible ? Je n'en avais pas la moindre idée mais je ne tenais pas à le découvrir...

La suite était un véritable soulagement. Bien sûr qu'il ne pouvait s'appuyer que sur un examen inadapté à ma condition et qu'il ne pouvait pas en retirer toutes les informations qu'il le devrait avec exactitude mais ce premier bilan me faisait reposer ma tête contre la table d’auscultation dans un soupir, évacuant mes craintes les plus ancrées, alors que jusqu'ici mon regard était rivé sur l'Akimichi. Ce ventre plus arrondi qu'il ne devrait l'être à ce stade n'était en fait qu'un surplus de liquide possiblement provoqué en réaction à mon chakra d'élémentaire d'eau et non une croissance plus rapide que la moyenne.

Finalement, le sceau était apposé pour sceller mon chakra en partie afin d'en préserver le bébé. Là encore c'était assez étrange... J'avais l'impression de retrouver cette plus faible réserve que j'avais encore étant genin. Sans parler du fait de voir cette énorme inscription prendre forme sur mon ventre, comme un nouveau tatouage mais non désiré et en plus moche. Je n'en avais cependant rien à faire de son esthétique ou de la place qu'il pouvait prendre sur mon corps si cela garantissait la sécurité de ce petit être. Peut-être d'ailleurs qu'il me serait retiré prochainement si les examens ne décelaient aucun danger et dans le cas contraire, je ferais avec sans grand problème.

« Je vais bien. C'est une sensation particulière mais je m'y habituerais. »

Lui répondais-je dans un fin sourire. Aucun signe à l'horizon d'un quelconque effet secondaire.

Je me redressais après la fin de l'examen, continuant d'écouter ses conseils et ses consignes, attentive, pour ne pas passer à côté de la moindre information.

« Je vous remercie encore une fois pour... accepter ce suivi particulier qui, j'en suis consciente, pourrait vous coûter beaucoup. »

Le risque zéro n'existait malheureusement pas dans ces circonstances ce qui rendait la tâche de trouver du personnel médical voulant bien s'en occuper assez compliqué et compréhensible... Ce soutien semblait inespéré mais nous parlions ici de Konoha.

Il lui adressa un maigre sourire, content de voir enfin l’assurance s’afficher sur le visage de sa patiente. Il était nécessaire qu’elle conserve le meilleur état thymique possible durant le déroulement de celle-ci, et une inquiétude excessive et injustifiée n’était en rien facteur de bon pronostic. Il y avait… Enormément de complications possibles en soit, qu’importe la nature des Chakras ou les Hérédités des gens. Les infections, les troubles hormonaux, les troubles psychiatriques, les troubles vasculaires… Dans la masse de toute ceci, quelle était l’importance du Chakra Gogyou, et plus encore – quelles étaient ses interactions avec les autres risques ; c’était tant de question qu’il était impératif de se poser et la programmation, au fur et à mesure qu’il remplissait la petite feuille, gonflait jusqu’à des volumes édifiants.

« Ne vous inquiétez pas pour moi, honnêtement. On ne dirait peut-être pas comme ça, mais j’ai plus d’un tour dans mon sac. Vous demeurez les deux principales préoccupations dans cette histoire, je ne suis là qu’en tant que rôle de soutien d’accord ? »

Il lui adressa un sourire gentillet, comme pour signer qu’il avait plus de ruse qu’il n’en laissait paraître – même s’il n’y avait guère trop d’astuce dans ses actions, seulement du savoir livresque et un bagage d’expérience qui savait être on ne peut plus pesant. Sortant un carnet supplémentaire de l’un de ses tiroirs, il y inscrit quelques mots à l’adresse d’une proche amie travaillant en gynécologie et obstétrique afin qu’elle lui prépare une copie des recommandations classiques en regard d’une grossesse qui n’étaient en rien diminuées compte-tenu du contexte.

« Très bien, nous avons fini pour aujourd’hui je pense. J’ai seulement demandé à une collègue de me vous faire parvenir les brochures classiques de recommandations durant une grossesse à suivre à la maison, parce que Shinobi ou non vous n’y faites pas abstraction. C’est surtout des conseils sur l’alimentation, les choses à éviter, les principaux signes généraux qui doivent vous faire consulter à l’hôpital… Je pourrais vous les expliciter une à une, néanmoins la brochure est bien rédigée et vous savez comment me contacter si jamais vous ne comprenez pas quelque chose. Surtout que vous devez certainement être fatiguée avec l’ensemble des informations que je vous ai déjà transmise, donc autant que vous puissiez la lire au calme chez vous. »

Sur ces quelques mots, il se leva et raccompagna la jeune femme à la porte, déterminé plus que jamais à convertir la totalité des données et informations qu’il lui serait possible d’obtenir en applications utiles pour cette dernière. Il ne voulait pas de désastre. Il ne voulait pas de risques inutiles. Déjà une infinité de possibilité en fonction de ses hypothèses qui seraient infirmées ou affirmées bourgeonnait dans son esprit, et rien que ceci suffisait à lui redonner la confiance en soi nécessaire. Il ferait plus que tout son possible. Il remuerait ciel et terre. C’est quelque peu perdu dans ses pensées que Rin arriva jusqu’au seuil de la porte, l’ouvrant pour la Chûnin.

« Ah, et pardonnez mon impolitesse. Félicitations à vous et au Papa de votre enfant. Je suis certain que ce sera un fantastique Shinobi plein de ressources et de surprises. Au revoir, Yell-san. »