Et le silence fut. Regardant Kibo s’incliner devant elle, Miko ne perdit pas son calme ou son sérieux, se contentant de continuer à fixer le Kazekage. Ou plutôt ancien Kazekage. Pleinement saisie par l’ironie de la situation, elle garda toute remarque pour elle. Le Matsuno avait probablement saisi par lui-même l’incongruité de cette rencontre par rapport aux deux dernières. Restant silencieuse une dizaine de secondes de plus, l’Aburame finit par bouger enfin, faisant craquer son auriculaire, le bruit lugubre retentissant dans l’atmosphère pesante dans laquelle ils baignaient.

Merci, vous pouvez attendre dehors.

Les gardes saluèrent et disparurent. Ne restait plus que l’Aburame, le Matsuno et un chat allongé non loin, qui semblait grandement intéressé par leur échange. Il était clair que celui-ci n’avait pas l’intention de partir.

Kazekage.

Saluant succinctement de la tête le Nanadaime, l’Aburame se tut à nouveau alors que le serveur rentrait dans la pièce pour leur apporter à chacun le verre de whisky qu’elle avait précommandé et qu’il déposa devant eux, avant de leur donner à tous deux la carte des menus.

Ne vous en faites pas pour le repas, comparé à la rançon que Satochi m’a fait payer malgré moi pour vous récupérer, ce n’est pas cela qui va me ruiner, je vous rassure.

Pas de faux sourire. Portant le verre à ses lèvres, elle en but une gorgée. Kibo avait été faible et cette faiblesse avait amené à la mort de ceux qu’elle avait juré de protéger.

Dites-moi Kibo, avant de m’exposer les raisons de votre demande de me rencontrer… Comment avons-nous fait pour en arriver là ? Vous, moi … Suna, Konoha … Kaze, Hi ? Comment tout cela a commencé ? Est-ce réellement fini ?

Rien ne serait jamais fini. Le mal était fait, et l’avenir bien que résolu s’annonçait incertain. Détrôné, qui sait ce qu’il adviendrait de Kibo et de sa famille. Elle était toutefois curieuse de l’origine de tout cela, et qui de mieux placé que le principal concerné pour lui expliquer pourquoi il avait voulu la tuer.

Oh. Sa répartie concernant l’argent avait été immédiate. Satochi avait probablement déjà fait son travail. Et visiblement Kibo ne rechignait pas. Un premier pas comme qui dirait. Le serveur venant leur demander ce qu’ils prendraient, Miko passa commande après avoir rapidement jeté un coup d’œil au menu, évitant toute les spécialités étranges dont raffolait le Nara propriétaire de l’établissement. Kibo s’accorda à elle pour le choix des repas et le serveur repartit.

Oh.

Prenant une gorgée d’alcool, l’Aburame prit son temps avant de continuer.

Les seules lumières vraiment ? Et votre propre rapprochement au Shukai et à l’Empereur ? N’en est-ce pas non plus ? J’avoue que j’aurais personnellement préféré que vous vous en preniez à lui je pense. Mais bon, celui qui a fait ça, a dû estimer que le Shukai avait déjà suffisamment d’ennemis sans pour autant vous rajouter à la liste. Vos parents hein ? L’étaient-ils au final ?

Les entrées arrivèrent. Laissant à Kibo le choix de décrire narrativement ce qui se trouvait dans leur assiette (rien de dégoûtant ou à base d’insectes, merci), l’Aburame lui souhaita bon appétit et goûta à petites bouchées son entrée, reprenant où elle en était une fois sa bouchée avalée.

Nos liens personnels sont peut-être comme vous dites plus forts. Cependant au niveau de nos institutions, les relations sont quelques peu à la déroute. Tsukiko avec qui nous nous entendions grandement, a finalement préféré délaisser son poste de Daimyo ; quant à vous … Eh bien … Rien ne dit que vous redeviendrez Kazekage, je suppose que vous en avez conscience.

Nouvelle bouchée avant de reprendre.

Konoha vous est peut-être venu en aide, mais les Sunajins risquent de ne pas vous accepter. Premièrement pour vos dérives passées, deuxièmement car il y a un nouveau commandement à Suna et troisièmement car ils penseront que vous serez à notre botte, redevable, manipulé ou autre. Après tout, si vous avez été contrôlé dans un sens, vous pourriez l’être dans l’autre. J’espère toutefois qu’ils vous examineront plus en profondeur à votre retour pour se rendre compte que vous n’êtes pas influencé d’une quelconque façon …

Gorgée pour se laver le gosier. Kibo ne buvait plus beaucoup…

Se retenant d’afficher un petit sourire à la mine écœurée du garçon et à sa question , l’Aburame lui répondit avec le plus grand calme.

Probablement vous ferez-vous plus au goût lorsque vous aurez des poils au menton. Mais ne vous forcez pas à boire si cela vous dérange, mon but n’était pas de vous rendre malade. Commandez quelque chose de plus doux. Ils doivent probablement avoir toutes sortes de jus.

Vrai, elle aurait eu des idées plus variées et palpitantes de lui tordre les boyaux si tel avait été son but. Écoutant le discours du Matsuno alors que les plats arrivaient, elle remercia de la tête le serveur et entama son plat en souhaitant un bon appétit à l’ancien Kazekage.

Ah oui. J’oubliais qu’on vous avait écarté de toutes ces intrigues politiques récemment. Tsukiko était en effet à Konoha, à vrai dire nous complotions pour vous évincer. Kioshi votre ancien sensei a même eu l’occasion de la rencontrer alors qu’il venait secourir son oncle emprisonné en menaçant de tuer de nombreux civils de Hi no Kuni encore et encore. Aux dernières nouvelles il rentrait à Suna, ils doivent donc être au courant pour l’ancienne Daimyo qui ne l’a jamais suivi, s’évanouissant à la place Kyûbi ne sait où et manquant à l’occasion à l’accord que nous avions conclu pour vous renverser… Cependant, même si cela m’a plutôt déplu, je peux comprendre au vu de ces derniers mois le dégoût pour toute ces situations auxquelles sa position de Daimyô la mettait aux premières loges. Elle reviendra éventuellement quand elle se sentira de nouveau d’attaque à affronter la dure réalité de notre quotidien.

Prenant une cuillère de la soupe miso, l’Aburame continua après un petit silence.

Je ne vous savais pas si proche de l’Empereur pour qu’il comprenne instantanément que vous n’étiez pas vous-même s’il avait été la cible, alors que les vôtres n’avaient visiblement pas compris qu’il y avait anguille sous roche dans ce cas-ci. Si je peux me permettre, à quel point être vous proches … et surtout… pourquoi ? La paix que vous prônez … serait-ce celle revendiquée par le Shukaï ?

Nouvelle cuillère avant d’ajouter rapidement.

Oh et qu’auriez-vous à me dire sur cet Ogami ? Les retours que j’ai eu sur ce garçon n’ont pas été hautement flatteurs, mais Mizuki vous en parlera mieux que moi si ce n’est déjà fait.

Continuant à manger lentement, elle laissa à Kibo l’occasion d’enfin répondre à toutes ses questions.