Je me dirigeais impatiemment en direction de l’hôpital. Cela ne faisait pas bien longtemps que j’avais accueilli la nouvelle invitée de Kumo en son sein et personne n’avait encore eu l’occasion de discuter avec elle depuis son arrivée. Suite à mon initiative d’intervenir aux portes du village, j’avais été choisi pour intervenir à nouveau pour l’interroger à son réveil. J’avais donc été bien logiquement l’un des premiers à avoir été prévenu que son réveil était imminent. Si elle portait toujours un sceau bloquant son chakra et que le personnel de l’hôpital était entrainé pour réagir dans ce genre de situation, il restait préférable pour tout le monde que je fus présent au moment où elle allait ouvrir les yeux.

Si sa présence et les soins médicaux qui lui avaient été donnés avaient été autorisé par les autorités du village, il restait encore à définir ce que nous allions faire d’elle par la suite. Je n’étais pas vraiment la personne que l’on appelait habituellement pour ce genre de mission, mais je devais bien avouer que dans ce cas là, cela m’arrangeait bien. J’étais toujours aussi curieux de rencontrer personnellement un membre du clan Inuzuka. Si ma curiosité risquait probablement d’altérer mon avis personnel sur la décision à prendre, cela n’importait peu puisque mon travail n’était que d’obtenir des informations pour permettre au Raikage de prendre la décision qu’il désirait.

Arrivant dans l’hôpital, je me dirigeai immédiatement vers la chambre qu’elle occupait. Devant sa porte, je fus interrompu par l’eiseinin qui s’occupait d’elle.

- Dôbutsu Otoke, je vous attendais. Elle n’est pas encore réveillée, mais cela ne saurait tarder, son état est redevenu stable. Vous pouvez aller vous asseoir là bas, je vous appellerai quand cela arrivera.

- Merci bien, mais ce n’est pas la peine, je vais attendre à l’intérieur, autant ne pas prendre de risque.

- C’est comme vous voulez…

J’entrai alors dans la pièce avant de m’assoir sur un chaise destinée aux visiteurs. Ma patience allait devoir tenir encore un petit peu.

Au bout d’un peu plus d’une heure, je fus sorti de mes pensées lorsque j’entendis une légère perturbation venant de l’étrangère. Elle se réveillait enfin. Lui laissant un peu le temps d’émerger et reprendre conscience de ce qui l’entourait avant de l’interroger, j’en profitai pour sortir de ma sacoche la copie du rapport avec les informations qui la concernaient.

- Bonjour à vous, je suis Otoke, jonin de Kumo. Vous êtes à l’hôpital de notre village, vous vous souvenez pourquoi ?

Spoiler:

Dans le flou le plus total et sans aucuns souvenirs valables entre son arrivée dans cette pièce et ce qui s'était passé plutôt dans la journée, ou qu'importait la durée; elle se réveilla. Il faisait jour, la lumière de l'extérieur donnait à cette pièce une éclatante et aveuglante lueur. Après quelques minutes à retrouver une vision à peu prés correcte, et son odorat naturellement surdéveloppé perçut une odeur inhabituelle. Un genre d'odeur, un croisement entre la poule et le hiboux. Un animal qu'elle n'avait peut-être jamais croisé auparavant. Elle se redressa très légèrement juste pour avoir dans son champ de vision l'origine de cette... effluve.

Un ninja arborant les symboles de Kumo, elle était donc à Kumo, ou ailleurs en fait... Elle se souvenait maintenant. Kaminari, l'auberge, le reste. Sauf l'entre deux, comme d'habitude. Le noir total comme après une violente cuite.

Lorsqu'il vit la jeune femme réveiller, le ninja lui adressa la parole. Lui demandant si elle se souvenait de quoi que ce soit. La réponse serait simple et rapide.

"Non pas vraiment..."

Dit-elle assez faiblement. Elle ressentait cette douleur qui transperçait son corps, de son dos jusque ses côtes et se doutait du coup, du moins elle l'imaginait; de ce qui avait pu se passer. Elle savait pertinemment qu'elle s'était transformée malgré qu'aucunes des conditions d'ordinaire requises ne fussent réunies. Et si tel était le cas, alors il y eut surement affrontement. Voire massacre.

Elle soupira.

"Et je n'ai rien à vous apprendre sur Konoha.."

Comme ça c'était fait. Il pouvait ne pas la croire, cela ne changerait rien à la situation autant dans le fond que dans la forme. Puisqu'elle ne savait absolument rien de son village d'attache.

"J'ai tué l'un des vôtres ?"

Ajoutait-elle avec une certaine lassitude dans la voix.

"Ce genre de choses arrive..."

Il était évident que j’aurais bien préféré que l’Inuzuka fut capable de répondre à mes questions, mais elle affirmait n’en être pas capable. Lorsqu’elle ajouta peu après qu’elle n’avait pas non plus l’intention de divulguer des informations sur Konoha, je compris qu’elle n’était pas des plus coopératives. Cependant, je m’y attendais un peu, les relations entre Kumo et Konoha étaient tendues depuis un moment. Elle demanda ensuite si elle avait tué un Kumojin, continuant ainsi de jouer la carte de l’amnésie. C’était évidement une défense un peu facile et qui ne jouait pas vraiment en sa faveur, mais compte tenu de la situation, ce n’était pas impossible non plus.

- Je ne sais pas si vous avez l’un des nôtres, mais ce n’est pas pour ça qu’on est là. Des Shinobi Kumojins vous ont amenée ici pour vous faire obtenir des soins. Votre état était mauvais et vous devez votre guérison au personnel de l’hôpital.

Je me levai alors de ma chaise avant de rejoindre la porte d’entrée de la chambre. Je fis alors un signe à un médecin pour les prévenir de son réveil.

- Cependant, je ne suis pas non plus ici pour vous parler de dette, mon travail n’est que de mettre cette histoire au clair. Pourriez-vous tout d’abord me renseigner sur votre identité et ce qui vous a amené dans notre pays.

Je me doutais qu’elle n’allait pas m’apprendre grand chose à ce sujet, mais c’était déjà intéressant de confirmer les dires de Snow et d’Akane et de vérifier que notre invitée fait preuve d’un minimum de coopération.

- J’ai également cru comprendre que le loup qui est arrivé avec vous est important à vos yeux. En prévision de cela, nous avons pris des mesures particulières à son sujet. Vous comprendrez assurément que nous ne pouvions pas le laisser libre de ses mouvements dans l’enceinte du village.

Si ma formulation laissait planer le doute sur la nature des mesures en question, je n’avais aucunement l’intention de le menacer pour obtenir d’elle des informations. Pour l’instant, je faisais surtout attention à ses réactions pour essayer de la cerner rapidement.

- Mais bon, nous verrons ça plus tard. Pouvez-vous également me dire quelle est la nature de vos liens avec Konoha ?

S’ils m’avaient affirmé qu’elle était Konohajin et que celle-ci s’était elle-même directement défendu d’avoir des informations à leur sujet, il n’en restait pas moins qu’elle s’était faite attaqué par eux. C’était un sujet probablement complexe, mais il était important d’en savoir plus avant de pouvoir prendre une décision à son sujet.

Même si ça n'en avait pas vraiment la forme, cette discussion ressemblait à m'y méprendre, à un interrogatoire. Ceci-dit je ne pouvais pas lui jeter la pierre, il ne faisait que son travail et la situation qui nous avait menée tous les deux dans cette pièce était assez sombre. En effet avec les minutes et mes idées qui devenaient de plus en plus claires, je parvenais à me souvenir de certains détails, notamment ceux précédents ce que je nommais "le trou noir". C'était un affrontement avec des Konohajin qui m'aurait mené ici. Je devais avouer que cela me paraissait... impossible. Néanmoins je me souvenais parfaitement de la plaque métallique. Alors, que penser ? Je ne comprenais pas.

Néanmoins j'avais bien compris ma situation. Et que l'on m'ait soigné me paraissait assez logique dans le fond. N'était ce pas le rôle premier d'un médecin, d'un docteur ou un soigneur ? Soigner les individus quel que soit leur bord, enfin, leur camp. Enfin, je n'allais pas débattre là dessus. Je n'étais pas du genre à me plaindre ou remettre en cause ce que pouvaient dire les gens, en général. Comme il s'en rendrait compte, je n'avais pas grand chose à cacher. L'avantage de ne pas savoir grand chose pourrait on dire. Néanmoins, les questions qu'il me posait ne portaient pas sur mes "connaissances", un point positif pour lui. Puis, me ménager, dans un premier temps, semblait être le plus judicieux à faire.

"Je comprends parfaitement ces mesures. Mais je vous rassure, je n'ai aucune attention belliqueuse à votre encontre. Au contraire plutôt, j'ai accepté d'aider l'un de vos hommes en conduisant sa famille à Kaminari, même si je savais que votre pays n'était pas l'endroit idéal pour un Konohajin. Enfin, dans les grandes lignes..."

Je supposais qu'il aurait davantage d'informations en lisant le rapport de Snow ou Akana, laquelle semblait être l'archétype -plus que Snow- du Kumojin par excellence. Patriotique, aveugle. Enfin, il avait le loisir de me demander des précisions s'il le souhaitait. Il n'y avait rien à dissimuler ou d'inavouable concernant ce mois passé entre Hi et Kaminari no Kuni.

"Je m'appelle Inuzuka Reiichi, j'ai vingt six an et suis jônin de Konoha. Mes liens avec le village ? Je ne sais pas trop... Y a ma famille là bas, enfin mes parents. Sans ça... Je ne connais pas grand chose du village. J'ai passé plus de temps en dehors qu'à l'intérieur du village... Je suis sans importance pour Konoha... visiblement."

Je fus légèrement rassuré lorsque je me rendis compte que Reiichi ne restait pas sur son refus de discuter. Après tout, je n’étais pas vraiment là pour confirmer les dires des Kumojins qui l’avaient ramenée, mais plus pour vérifier si elle représentait un danger pour le village. Je savais aussi qu’obtenir des informations sur Konoha aurait été une bonne chose, mais heureusement, ce n’était pas mission. De plus, notre invitée ne semblait pas avoir envie de divulguer la moindre information les concernant. Elle se rendait tout de même compte de la délicatesse de sa situation, même si elle persistait à me répondre qu’elle n’avait pas vraiment de liens avec Konoha.

C’était possible en soit, si je ne savais pas comment fonctionner le village de la feuille, je pouvais comprendre qu’on puisse être shinobi sans avoir réellement d’attache avec son village. Évidement, je ne pouvais pas non plus me permettre de la croire sur parole. Son excuse pour ne rien dire, même si elle pouvait être crédible, était un peu facile compte tenu de sa situation. Après même si ce qu’elle me racontait était entièrement vrai, cela ne changeait pas le fait qu’il était fort peu probable qu’un Jonin pouvait n’avoir aucune information utile à donner.

- Excusez moi si ma question vous semble étrange, mais parmi vos camarades Konohajins, connaissez vous certains qui seraient tentés de mettre fin à vos jours ?

La thèse d’un conflit personnel restait logique, même si elle avait attaquée par un groupe. Il était également possible que cette mission qu’elle faisait n’avait pas été autorisée par le village et que celui-ci avait envoyé une escouade pour la ramener. Les choses auraient pu dégénérer rapidement, surtout avec un élément aussi indépendant et puissant.

- Vous ne semblez pas vous en souvenir, mais les rapports des personnes qui vous ont emmenée ici font mention d’une attaque de Konoha à votre égard. J’aurais tendance à penser qu’ils vous traquent en raison d’une désertion de votre part, mais ce n’est pas logique, vous n’auriez jamais accepté cette mission si vous étiez traqué par les vôtres.

Je ne m’attendais pas à avoir d’autres explications. Ce qui était sûr, c’était que Reiichi n’allait pas retourner à Konoha tant que nous n’avions pas éclairci cette affaire. Un shinobi aussi puissant envoyé en mission jusque dans notre pays qui se retrouvait attaqué par les siens pour finalement se faire soigner chez nous. C’était forcément suspect et la dernière chose que nous voulions, c’était un Konohajin nous espionnant de l’intérieur.

Sa nouvelle question souleva en moi une interrogation à laquelle jamais par le passé je n'aurais pu un instant penser. Que des Konohajins, des personnes pour lesquelles j'avais tant sacrifié, puissent m'en vouloir d'une quelconque façon me semblait irrationnel. Je ne leur avais rien fait, au contraire même. C'était tout bonnement impossible, il n'y avait aucune raison. Puis la suite de la conversation me laissa un peu plus perplexe encore.

Je me frottai le crâne comme pour favoriser quelques réminiscences en corrélation avec les faits qu’énonçait le Kumojin et me souvins subitement. Cela me revenait par bribe, et même si tout restait encore très flou, l'éclat lumineux reflété par le bandeau Konohajin ensanglanté se gravait dans mon esprit. Serait il donc possible que tout ceci soit possible ? L'aurait on ainsi attaqué pour... Il l'avait dit, c'était illogique, inconcevable. Et pourtant, ces quelques souvenirs, ce rapport; semblait indiquer l'inverse.

Je me souvenais des mots qu'avaient prononcés l'un des assaillants de l'auberge. Ils s'étaient trompés de cible. Et soudainement je réalisai que cette attaque ne visait pas "Laya", mais moi même; personne d'autre. Tout s'expliquait, ou presque. Le déploiement de force, la violence de l'attaque et son état. La seule question demeurant était : pourquoi ? La réponse serait son prochain but, mais jusque là, elle ne savait pas si elle pouvait encore faire confiance à ses... "compatriotes". Sans doute difficilement.

"Je me souviens. En partie oui. Je me souviens des bandeaux... Ils n'étaient pas là pour "Laya", mais pour moi..."

Je fixai l'homme se tenant encore dans la pièce, attendant mes réponses et leurs informations que je laissai échapper au compte gouttes. J'arrivais à comprendre son probable scepticisme. Moi aussi, dans une situation pareille, je serai très perplexe.

"Si Konoha a vraiment lancé cette attaque, ils enverront quelqu'un assez tôt aux portes de vôtre village pour me récupérer... Et, vous me livrerez; pour éviter d'envenimer la situation. C'est sans doute la meilleure décision que pourra prendre votre Raïkage."

Je marquai une courte pause, pensant aux éventualités qui se présentaient à moi, et sans doute à eux. Il n'était évidemment pas question de rester dans ce village, nous avions déjà bien assez fait. Ce fut donc l'air pensive que me vient cette suggestion.

"Ou alors, vous pourriez me laisser partir, afin que je règle cette affaire sans vous impliquer davantage. Ce n'est pas comme si personne ne connaissait l'intérieur de vos murs... Tout les villages sont les mêmes..."

Ajoutais-je à mi-voix, à moitié plongée dans ma réflexion que je laissais s'exprimer, inconsciemment.

Je remarquai sans difficulté que Reiichi fut troublée par mes paroles. Si ces dires étaient véridiques, tout ceci était parfaitement normal, cela allait tout du moins dans le sens de ses déclarations. Il était également évident que si mes doutes étaient fondés et qu’il s’agissait réellement d’une espionne, alors elle m’aurait probablement répondu exactement la même chose. Ce qui n’allait pas dans ce sens pourtant était quand elle proposa de la rendre à Konoha ou bien de la laisser partir pour régler cela par elle-même. Dans les deux cas, elle devait partir du pays et ne pourrait plus réellement nous nuire.

Ce qui était sûr pour moi, c’était que nous devions en savoir plus sur cette histoire et ne pas laisser un tel incident se passer sans que nous savoir de quoi il s’agissait. La meilleure solution qui me venait à l’idée pour obtenir les informations voulues était de garder Reiichi avec nous le temps d’en savoir plus.

- Vous semblez être bien soucieuse du bien-être des nôtres… Je ne dispose pas suffisament d’information pour juger cette situation comme il le faudrait, mais il est évident que si le village de Konoha est à votre poursuite, vous relâcher dans la nature ne résoudrait pas cette affaire. De plus, je doute que le Raikage tolérerait qu’on vous cède à Konoha pour ces raisons sans en savoir plus.

La décision finale ne me revenait pas et ce n’était même pas mon rôle d’avoir ce genre de conversation avec elle, mais si elle désirait vraiment partir du village, je savais que Kumo ne s’y opposerait pas. C’était pourquoi il était important de la convaincre de coopérer avec nous.

- Je ne dis pas que vous êtes captive en ces lieux. Je veux juste proposer l’aide de Kumo, si vous n’avez rien à vous reprocher, cela vous serez assurément bénéfique. Des Kumojins ont été impliqués dans cette histoire et pour cela, nous ne pouvons pas tolérer de l’ignorer.

Cette proposition n’était pas non plus une preuve de confiance, loin de là. Même si elle m’intriguait, mon idée n’était absolument pas pour un objectif personnel. Son aide risquait d’être nécessaire.

- Réfléchissez bien, l’aide de Kumo risque de vous être bien utile. Vous pourriez voir cela comme un asile politique le temps d’y voir un peu plus clair.

J'écoutais avec la plus grande attention tout ce que pouvait me dire le Kumojin. Cela relevait d'une certaine logique qui ne m'était pas vraiment familière. En fait, même si dans le fond j'avais aidé un Kumojin à réaliser une mission que lui même n'aurait pas pu mener à bien; je ne comprenais pas pourquoi "ils" voudraient m'apporter leur aide. M'avoir soigné était déjà une bonne contrepartie à tout ce qui s'était produit. La raison qui incitait donc ce ninja à me faire pencher pour sa solution plutôt que pour la mienne m'échappait complètement. J'avais l'impression que leurs motivations, en dehors que des Kumojin soient impliqués plutôt indirectement dans cette affaire, reposaient davantage sur un aspect humain que purement politique ou militaire.

A Konoha, un ninja étranger venant d'un village plus ou moins hostile aurait certes bénéficié de soins -je supposais- et serait sans doute passé par la case prison. Car les intérêts et les pensées de ses "supérieurs" étaient bien moins nobles que ceux des shinobi de Kaminari, et ça, j'en avais l'intime conviction. Se servir d'une personne comme contrepoids, comme monnaie d'échange ou de chantage était assez répandu sur les terres de Hi no Kuni, malheureusement. Puis, dans le fond toujours, étais-je d'une si grande valeur pour le village de la feuille ? J'en étais certes une kunoichi, Inuzuka et juunin; mais... Ils ne me connaissaient que très vaguement, au travers de rapports de missions, de fiches d'informations, de dires et rumeurs.

La liberté que l'on m'avait accordé et dont j'avais largement usé faisait sans doute de moi, dans le fond, la moins Konohajin des Konohajin. Ôh je n'avais pas d'idées de traîtrise, ni de nuire à qui que ce soit en venant à Kaminari pour une mission qui m'était apparue comme providentielle; mais les choses arrivant suffirent à me faire douter. Le doute, c'était vraiment le maître mot de ma situation et le synonyme correspondant le plus à mon état d'esprit. Mais que voulez vous... lorsqu'on est habituée à vivre dans la forêt, parmi les loups et toutes sortes d'autres animaux... Il ne pouvait surement en être autrement, dans le fond... Je soupirai longuement le temps d'arrêter ma décision. Il n'avait pas tort, pour une raison ou une autre.

"Vous avez surement raison... Puis, c'est pas comme si j'étais en état d'aller très loin. Je suppose que je pourrais... profiter... enfin, bénéficier de vos grâces... enfin, celles de Kadoria Manzo le temps au moins de récupérer."

Trouver les bons mots, rester courtoise... m'était un exercice assez difficile. La diplomatie n'était mon domaine d'expertise, néanmoins j'étais inconsciemment plutôt fière de moi. Comme quoi je pouvais me tenir afin d'entretenir une relation amitieuse, si elle n'était pas de confiance. Une chose dont pour le moment il n'était bien évidemment pas question, même si j'avais tendance à faire confiance aux personnes aussi facilement qu'aux animaux, ce qui était en soit une erreur. Laquelle, et le pire d'ailleurs, je me connaissais; et que je ne parvenais pas à corriger. Néanmoins, la réciprocité des choses faisant, une personne qui ne me prêtait aucune forme de confiance ne pouvait s'attendre à mieux de ma part.

Et malheureusement, je sentais, ou plutôt ressentais ce genre de chose. Comme une forme de gêne; un sentiment qui imprégnait mon cœur et le comprimait jusqu'à ce qu'il disparaisse avec l'absence de la personne concernée. Enfin, à cet instant j'avais déjà bien assez à faire avec la douleur qui transperçait mon thorax pour en plus avoir à me soucier d'une éventuelle forme de confiance...

"Et le temps que je comprenne la cause de tout ceci... Et, votre pays n'est pas aussi... déplaisant que ça, pour le moment."

Elle se tût un instant et revint soudainement sur une autre sujet tout aussi, voire plus, important à ses yeux.

"Raki, le loup, est très docile; il ne ferait pas de mal à une mouche sans mon ordre. J'espère que vous le traitez correctement."

Dit-elle sur un ton plus affirmé et nettement moins conciliant en gardant ses yeux ambrés fixés sur "Otoke"

Lorsque l’on m’avait demandé de m’occuper du cas de l’Inuzuka sans me donner vraiment de précisions, j’avais parfaitement compris que la seule chose que l’on attendait de moi était d’obtenir sa déposition et le plus d’information possible. Je savais très bien que ma curiosité avait influencé mon avis et ma décision, j’avais décidé de sortir de mes prérogatives en lui proposant, sans autorisation préalable, de séjourner à Kumo, mais ce n’était pas pour autant que j’avais l’intention de dévier de ma tâche. Après tout, mes supérieurs devaient bien s’être rendu compte depuis le temps que je finissais toujours par faire ce dont j’avais envie.

- Si cela vous convient, il faudra encore une autorisation d’en haut, mais c’est peu probable qu’on remette en doute ma décision. En attendant, je vous souhaite officiellement la bienvenue au village Kumo !

J’avais été un peu brutal au début de notre conversation alors qu’elle venait tout juste d’émerger, cela était compréhensible vu que cela faisait partie de mon métier, mais ce n’était pas une raison pour se rattraper.

- Concernant Raki, il a été confié à Snow qui s’est proposé pour s’en occuper. En attendant de trouver une solution adaptée, il ne pourra pas être laissé en liberté dans le village aussi calme qu’il puisse être.

Si c’était la première fois que je rencontrais un membre de son clan, il était évident que leur compagnon avait une importance équivalente à celle des Dôbutsu. Considérer son loup comme un vulgaire animal de compagnie était heureusement une erreur que je n’étais pas prêt de commettre. Évidement, je savais très bien que garder Reiichi à Kumo était dangereux. Elle pouvait très bien être une espionne, traquée par Konoha ou même une criminelle. Pour cette raison, il était nécessaire de garder les précautions habituelles la concernant.

- Concernant votre séjour à Kumo, vous allez devoir suivre des consignes strictes de sécurité. Votre liberté à l’intérieur du village sera grandement réduite pour un temps. Vous serez d’abord assignée à résidence, avec Raki. Si tout se passe bien, vous serez alors autorisé à vous déplacer librement et le sceau qui bloque votre chakra sera enlevé. Enfin, tout vous sera expliqué en temps et en heure.

Je me doutais bien que tout cela n’allait pas lui plaire, mais c’était nécessaire d’appliquer le protocole si on voulait que cette coopération fonctionne.

- Si vous voulez voir Raki d’ici votre sortie de l’hôpital, cela ne devrait pas être trop problématique de lui accorder quelques visites. En attendant, vous devriez vous reposer, vous risquez d’avoir d’autres visites d’ici peu.

Je rangeai alors mes fiches et après avoir salué Reiichi, je sortis pour aller directement faire mon rapport. La suite risquait fort d’être intéressante.