Juste un peu de temps pour lui, pour remettre de l'ordre dans ses idées.
C'est pour cette raison cette fois-ci qu'il déambulait dans les rues de la capitale, observant distraitement les enfants courir, les parents crier, les grands-parents sourire. Le soleil ne tarderait pas à atteindre son zénith, d'ici une heure tout au plus. La chaleur étouffante du désert l'empêcherait de trop penser et le détendrait.
Passant son index et son majeur droit sur le tissu couvrant son œil droit, son regard tomba sur le sol et il serra les dents. Quelle faiblesse ! Quelle honte ! Comment pouvait-il prétendre sauver les siens maintenant ? Une blessure qui ne vous tue pas vous rend plus fort, certes, mais elle laisse des traces bien profonde et il n'est pas toujours aisé de se redresser.

Avançant au plus profond des rues commerçantes, il vit un attroupement atypique d'hommes hurlant des mots qu'il ne parvenait pas à percevoir de là où il se trouvait. Mais à mesure qu'il se rapprochait, la foule s'amassait et l'empêchait de trouver le fin mot de l'histoire.
Il n'avait pas envie de chercher les ennuis, il ne voulait bousculer personne pas plus qu'il ne voulait faire une démonstration de la puissance du sable des Kawaguchi. Pourtant, rester à ne rien faire équivaudrait à renoncer à son âme, à qui il était tout au fond de lui même si... même s'il lui avait promis de changer et de ne plus jamais considérer les autres, qu'ils lui étaient tous inférieur et qu'il ne faudrait se soucier que de sa seule personne, ou de la gloire de son clan. Mais n'était-ce pas en faisant des prouesses pour sauver les faibles qu'on devient fort et qu'on s'attire respect et sympathie ?

Appuyant faiblement sur le bandage de son œil, Amano sauta sur un toit et se mit accroupi, penché vers l'avant pour mieux comprendre. L'attroupement était colossale, et il avait du mal à comprendre ce qu'il se passait en son centre, pourtant, on dirait bien qu'une frêle silhouette s'y trouvait et que les hommes tout autour étaient près à en découdre avec les poings.
Soufflant d'exaspération, l'enfant du sable leva sa main, près à intervenir mais il se ravisa. La jeune femme, car c'en était une, ne semblait pas avoir réellement besoin d'aide. Ils pouvaient la battre, qu'il sentait qu'elle se relèverait et leur ferait face. C'est alors curieux qu'il se plaça sur un autre toit, bien plus proche, pour mieux observer la scène.

Il manqua de tomber lors de son dernier saut. Il avait mal évalué la distance, il n'avait pas encore pris ses marques. Il faudrait remédier à son problème physique, d'une manière ou d'une autre, trouver un moyen de lui rendre sa vue, même si elle ne serait pas parfaite. Il savait protéger ce qu'il ne voyait pas, son corps était rompu à l'exercice, mais il ne savait pas encore jauger les distances, et ça lui valait de se louper souvent.

Observant et écoutant les mots, il entendit surtout des commentaires sur ce qu'elle était : une suceuse de sang ? Levant un sourcil, Amano chercha dans sa petite tête de quel clan elle pouvait bien appartenir pour qu'ils osent dire ça d'elle. Son regard leur déplaisait tant que ça ? Pourtant, les yeux de feu étaient tout ce qu'il y avait de plus intense. Il aimait les défier, il aimait les apprivoiser, il aimait les écouter.

Ca avait trop duré, les quelques secondes qui s'étaient écoulées depuis son changement de position, depuis les mots qu'il avait entendu, n'avait que trop duré. Il leva du sable sous les pieds d'un homme qui tomba et fit un bel enchaînement. Un bon nombre des agresseurs et spectateurs furent les fesses par terre en un rien de temps et Amano se montra dans le sillage qu'ils laissèrent.

- Vous n'avez vraiment rien d'autre à faire qu'embêter une jeune femme ?

Il regarda les hommes à ses pieds, sans se soucier de ceux qu'auraient pu corriger la jeune femme. Son œil brillait. A tout moment, il pouvait céder et laisser le sang lui dicter ses gestes. Ca n'aurait rien de bon, pour lui, pour son clan, mais il était tellement retourné qu'il n'en fallait que peu pour que ça se produise.

Encore. Encore une fois Hakai avait du se réveiller couverte de sueur, tremblante alors que les images des horreurs commise par son alter égo lui revenait sans cesse en tête. Elle haïssait ça, du plus profond de son être. Comment pourrait-elle accepter d’être la marionnette d’un monstre assoiffée de sang ? Alors que la lune éclairait froidement la chambre de la jeune femme, elle tendit la main pour trouver sa boite de pilule. Si tant est qu’elle puisse appeler sa drogue ainsi. Elle n’était pas fière d’être une droguée alors qu’elle n’avait même pas atteint le quart de siècle, mais c’était le seul moyen qu’elle avait trouvé pour fuir Aka. La seule façon de la faire taire, durant quelques heures. Alors que ses doigts se refermèrent sur la boite, elle pâlit un peu plus que ce qu’elle était déjà, devenant littéralement livide. Vide. Elle connaissait le poids de chaque cachet. Et là, elle savait qu’elle n’avait pu rien. Au vue de l’heure tardive, elle doutait de trouver un quelconque revendeur dans le coin, ce qui la fit trembler de peur. Elle pouvait déjà sentir l’aura poisseuse de l’entité qu’elle abritait se rependre en elle tel un cancer.

Incapable de bouger, restant presque figée, proche de la tétanie, elle l’entendit. Bien trop proche, bien trop réelle à son goût. Aucun doute, elle n’aurait pas de répits avant le lendemain, le tout étant de trouver rapidement quelqu’un qui puisse lui fournir le précieux remède pour qu’elle puisse tenir. Elle refusait de succomber une fois de plus à la soif. De se laisser aller dans un accès de rage et de tuer pour se délecter du sang encore chaud coulant de la plait fraîche. Un rire, sinistre, amusé, retentit dans son crâne. Elle était là. Aucun doute. Alors ses propres bras, comme mu par une volonté propre, se refermèrent sur elle, l’enserrant d’une étreinte presque douloureuse.

*Alors… On à oublié de prendre son petit joujou pour me faire dormir ? Dommage… Tu pensais que j’allais sagement rester et me laisser faire ? Tu le pensais vraiment petite gourde ? Depuis le temps, tu devrais le savoir… Tu ne m’arrêteras jamais !*

La peur ce lut sur le visage encore enfantin de la jeune femme. Oui, elle savait. Elle savait pertinemment de quoi était capable Aka. Nul doute là-dessus. C’est pour cela qu’elle refusait de perdre face à elle. A quoi bon être et vivre si c’était pour ce faire posséder par une créature venue des entrailles des enfers. ? Déglutissant avec difficulté, la jeune femme fit de son mieux pour forcer son corps à lui obéir. Elle refusait de perdre, étant prête à tout pour éviter un carnage de plus. Faisant fit des provocations aussi blessantes que réelle de sa moitié d’âme, Hakai réussit à faire bouger sa jambe. Une petite victoire qui lui rendit l’espoir de trouver un moyen de faire taire cette folle. Forçant de plus belle, elle put enfin se mettre debout, desserrant par la même occasion l’étreinte que l’autre lui infligeait. Bataillant pour garder le contrôle sur son corps, elle ouvrit la porte et sortit de son petit sanctuaire. Se retrouvant dans le long couloir du manoir, elle cherchant rapidement un moyen de l’empêcher de faire du mal à des innocents.

*Trouves-moi un seul être vivant qui est sincèrement innocent. Un seul. Mais tu sais aussi bien que moi que personne n’est innocent. Personne en se bas monde n’est un exemple à suivre. On commet tous des erreurs, on subit tous la tentation des vices qui font de nous des humains… Alors pourquoi les protéger ? Laisses-toi aller Hakai… tu ne peux rien contre moi, contre ce que tu es…*

Non. Elle refusait de croire en ça. Certes, personne n’était parfait, mais nombre de sunajin vivait de façon correcte sans être obligé de tuer pour vivre…. Les enfants, les commerçants… Alors elle vit quelque chose, s’apparentant à un plan. Et elle fonça, sans laisser le temps au parasite de pouvoir faire quoi que se soit pour l’en empêcher. Prenant un élan plus que conséquent, elle fonça en courant, tête la première dans le mur. Lorsque celui-ci entra en collision avec la pierre, une douleur lui vrilla le crâne et elle sentit son corps chuter avant d’atterrir lourdement sur le sol. Puis tout devint noir…

***

Elle avait mal. Elle regrettait de s’être fracasser le crâne durant la nuit. D’ailleurs, elle avait reprit conscience il y avait peu de temps et malgré tout, elle était dehors, sous le soleil de plomb de Kaze no kuni. Fronçant les yeux, ayant du mal avec la lumière plus qu’éclatante, la jeune Ketsueki avançait dans le dédalle de ruelle qui constituait la ville de Suna. Elle cherchait son revendeur, mais il n’était pas aux emplacements habituel, sans doute avait-il eut des problèmes. Elle souhaitait le trouver au plus vite, sentant la pression revenir. Mais c’est à croire que le monde refusait qu’elle reste un minimum saine d’esprit. Au détour d’une rue, la malheureuse bouscula un homme, sans le faire exprès, il en va de soit. Alors qu’elle s’apprêtait à s’en excuser, elle capta son regard et il croisa le sien. Alors la haine apparut subitement dans ses yeux azur qui la fixaient comme si elle était la faute de tout es mots de ce monde. Nul doute qu’il avait comprit d’où elle venait, qui elle était. Alors qu’il ouvrit la bouche, le venin des paroles s’en échappa, tandis que ses acolytes vinrent l’acculer contre un mur, l’encerclant pour l’empêcher de fuir. Super. Il ne manquait plus que ça…

-Je… S’il vous plaît… Je suis pressée… Pouvez-vous me laisser passer ? Je suis encore désolée de vous avoir bousculé…

Mais rien n’y fit. Ils restèrent là, riant, l’insultant, certain se montrant menaçant. Nul doute qu’ils refusaient de la laisser partir. Plus les secondent passèrent et moins elle les entendait, les battements rapide de son cœur résonnant au creux de son oreille. Boum. Ca recommençait. Elle joignit ses mains contre sa poitrine, se penchant un peu en avant, laissant sa crinière ébène créer un rideau entre elle et ses agresseurs. Sous ses cheveux ; son regard fixait le sol, pupilles écarquillées par la peur. Non… Elle ne voulait pas. S’ils continuaient elle… Elle…

*Tu comptes te laisser faire marcher sur les pieds comme ça encore longtemps ? Tu n’as pas honte d’être un tel fardeau ? Une telle erreur pour les tiens ? Tu n’as même pas été capable de les suivre, de faire ton choix. Laisses moi faire.*

Boum. Elle n’en pouvait plus, ses mains se serrèrent un peu plus, allant jusqu’à faire couler son propre sang lorsque les ongles creusèrent sa peau de porcelaine. Elle avait peur, elle avait mal et elle perdait lentement pied. Elle voulait fuir, ne jamais être née Ketsueki. Mais on choisit ses amis, pas sa famille. Elle avait comprit ça très tôt. Une voix l’interpella et elle eut le malheur de relever la tête. Le caillou l’atteignit pille sur la blessure faite la nuit dernière. Celle-là même qui l’avait mise hors d’état de nuire durant quelques heures. Qui n’avait pas encore guérit, juste arrêtée de saigner. Si le choc lui arracha un petit gémissement de douleur, au grand plaisir des hommes présents, elle pu sentir son sang se remettre à couler paresseusement le long de son visage. Les rires de ses assaillants résonnèrent de plus en plus au creux de ses oreilles, comme un écho lointain. Il lui suffisait de céder, de la laisser les protéger pour que le calvaire finisse… Si seulement elle… Alors qu’elle allait abandonner, elle vit les hommes l’entourant s’écrouler sur le sol, le sable se mouvant sous eux. Si ses yeux restèrent écarquiller ce coup ci, c’était du à la surprise et non à la peur. Une voix retentit et les mots qu’elle entendit coupèrent court à l’arriver d’Aka. Quelqu’un venait la défendre, sans se soucier de qui elle était où d’où elle venait. Sans passer son chemin comme tant d’autre avant parce qu’elle venait d’un clan traître. Ce geste, aussi petit soit-il, fit venir les larmes aux yeux de la jeune femme aux yeux carmin. Oui, tout le monde n’était pas pourrit jusqu’à la moelle en ce bas monde. Essuyant rapidement ses larmes, pour ne pas être vu à pleurer, elle se redressa timidement, reconnaissante.

-Je… Merci monsieur… je… Sincèrement…

S’approchant du jeune homme pour lui faire face, elle vit un homme se relevant derrière lui, prêt à ce venger. Elle voulut le prévenir mais son corps agit avant elle et poussa son sauveur, remarquant trop tard son œil blessé. Elle se prit le coup, qui lui arracha une plainte. Elle allait se retrouver avec un magnifique bleu sur la joue. Mais elle refusait de faire du mal à quiconque. Entrevoyant une issus, elle prit la main du blondinet qui lui était venu en aide et se partie en courant, l’entraînant malgré lui dans son sillage. Hors de question qu’il est des soucis à cause d’elle. Hakai courut un bon moment, sans le lâcher, s’éloignant un maximum des bas quartiers pour aller dans un endroit plus animé. Une fois certaine qu’ils n’étaient pas suivit, elle le libéra de sa poigne, posant ses mains sur les genoux en reprenant son souffle.

-Ca…. Ca va ?

Il faillit avancer et leur marcher dessus, leur montrer qui il était, leur montrer et leur apprendre le respect, il voulait les entendre crier comme il les avait entendu rire mais, lorsque son regard se posa sur la jeune femme, lorsque les yeux carmins tombèrent dans le sien d'un bleu presque absent, et lorsque la brillance de la larme se fit voir, son sang ne fit qu'un tour et son esprit se calma. Voir une femme pleurer, qu'importe les circonstances, était une chose inacceptable.
Les yeux rougit par les perles salées, elle le remercia. Mais Amano n'était pas intervenu réellement pour ça, il pensait trouver des opposants, taire sa soif de violence, taire sa faiblesse en s'attaquant à ceux qui ne pouvaient rien faire contre lui, se donner le sentiment d'être puissant, d’exister et de servir à quelque chose.

La laissant venir à elle lentement, le blond garda un visage impassible au possible et alors qu'il s'apprêtait à lui tendre la main pour l'inviter à s'éloigner, elle le poussa. C'est à ce moment qu'il vit un peu tard en tournant le visage vers l'ombre au sol, l'action d'un homme rancunier. Tendant ses bras en arrière pour se relever d'un bon après sa légère chute, du à la surprise, le manieur de sable secoua son visage. Non, il n'allait pas gratuitement tuer ou mettre au bord de la mort ces hommes quand bien même ils le méritaient.
A peine de nouveau stable sur ses pieds, Amano sentit une main dans la sienne le tenir vigoureusement et son bras se tendre. Ses pieds suivirent, sans se poser de question, sans chercher à comprendre ce qui poussait la jeune femme à fuir ainsi les autres. Elle avait l'air affolé, presque, avec une envie d'éviter les affrontements impressionnante.
A sa suite, il observa la direction qu'ils prenaient et quand enfin la belle brune se stoppa tout en se penchant pour reprendre son souffle, le Kawaguchi l'observa distraitement.

Pourquoi diable ces hommes l'avaient ils acculée contre un mur et avaient été si véhément avec elle. En y repensant, il associa enfin le nom du clan aux mots et aux yeux, mais ça n'expliquait rien. On pouvait ne pas aimer telle ou telle clan de par sa réputation, mais qu'en était-il des personnes en elles-même ? Chacun individu était unique.

Passant une main dans ses cheveux pour les replacer brièvement, il se tourna un instant et écouta. Rien ne semblait anormal, personne ne semblait venir vers eux pour en finir avec cette histoire. A la question qu'elle lui posa, un sourire discret apparu une seconde sur son visage avant qu'il ne réponde d'une façon assez chaleureuse.

- Tout va bien pour moi, et vous ? Vous saignez un peu.

Amano ne pouvait pas être désagréable avec une dame, sauf si celle-ci l'invectivait ou le frappait. C'était sa nature profonde, il avait du mordant et du répondant, et même s'il laissait ses instincts plus libre que jamais, il savait encore se contenir. Son défis de toute une vie : rester maître de ses actions.

S'approchant de la Ketsueki, le blond passa une main dans la sacoche qu'il avait constamment attaché dans son dos à sa ceinture et en tira une petite bande de tissu saine.

- Laissez-moi voir ça...

Demanda-t-il doucement en désignant d'un signe de tête le sang sur son visage avant de reprendre.

- Je m'appelle Amano... Kawaguchi Amano. Dites-moi, que vous voulez ces hommes ?

Comment pouvait-on en vouloir à une femme, aussi vile soit-elle, aussi diabolique puisse-t-elle être ? Les femmes étaient des créatures sulfureuses et diablement désirables. Il était inconcevable de les blesser gratuitement, ou pour des choses inutiles.

Se remémorant l'attroupement, le fils du désert essaya de chercher un lien entre ce que devait être la jeune femme aux yeux de feu et leur animosité. Mais rien ne lui vint en tête. Certes, les tensions qu'il y avait n'était pas pour rassurer tout le monde et apaiser les a priori des uns et des autres, mais était une raison pour agir ainsi ?
La situation déplaisait au blond. Qu'avait-il a gagner lui dans toute cette histoire ? Traîner avec une personne qui n'était pas de son clan, encore une fois, la sauver peut-être ? N'était-ce pas ce qu'il venait de faire à l'instant ? Il avait bien usé du sable pour venir en aide à un clan qui n'était pas le sien, à un clan que son maître et chef haïssait comme tous les autres clans du pays du vent.
Mieux valait pour lui qu'il ne soit pas vue avec cette jeune femme par des hommes Kawaguchi qui passeraient par là. Il aurait encore à répondre de lui et il en avait plus qu'assez ces derniers temps. Devenir un paria n'était pas non plus prévu, et n'était pas une chose qu'il désirait. Amano voulait être un pilier, et pour cela, il avait besoin de faire le point sur lui et toutes les choses qui tournaient autour de lui.
Cette femme était une petite distraction sur le chemin qui le mènerait vers son destin, il en était persuadé, ou alors était-ce pour lui rappeler qui il était réellement et ne pas le laisser sombrer dans l'horreur du sang et de la solitude ?

Inspirant lentement malgré lui, l'enfant du sable regarda l'agitation quotidienne autour d'eux avant de se mordre la langue.
Devait-il ? Pouvait-il ?
Kira...

- Puis-je vous aider d'une quelconque manière ?

Son sourire se redessina doucement sur son visage et adoucit considérablement ses traits. Il ressentait enfin la chaleur du Soleil étouffant de Suna.

Il en était hors de question. Elle ne le laisserait ^pas être blessé par sa faute, surtout pas après lui être venu en aide comme ça. Alors elle courait, l’entraînant presque de force à sa suite. Fuir, encore. Toujours. Mais quoi faire d’autre ? Si elle ne fuyait pas, elle se ferait engloutir par cette garce qui vivait comme un parasite en elle. Une fois loin de l’agitation créée, elle reprit son souffle en le relâchant. Elle n’avait pas couru ainsi depuis bien longtemps. Plus d’un an. Depuis que son clan avait trahis Suna. Depuis qu’elle avait refusé de partir avec eux, de vivre sa vie plutôt que de devenir une meurtrière, une femme vivant dans le sang. S’inquiétant sur sa santé, elle le questionna, pour être certaine que tout allait bien. Il lui assura qu’il était en pleine forme et lui demanda la même chose, signalant qu’elle saignait un peu.

Le regardant, elle le vit sourire, chose qui l’étonna un ^peu plus. Un homme qui se montrait engageant avec elle, qui ne cherchait ni à la fuir, ni à la tuer ou la blesser. Quelqu’un qui agissait comme si elle était une femme lambda, ne venait pas d’un clan que tout le monde haïssait. Elle eut chaud au cœur, presque étonnée que cela puisse se passer ainsi. Il attendait sa réponse, s’approchant un peu d’elle avec une bande de tissu propre dans la main, sans doute dans l’idée de la soigner. Elle recula un peu trop vivement, la terreur illuminant ses traits pendant une fraction de seconde avant qu’elle ne se reprenne. S’il avait voulu lui faire lui mal, il se serait joins aux autres plutôt que de chercher à la sortir de là… Du moins, elle l’espérait… Baissant à nouveau la tête, comme cherchant à s’excuser, elle ouvrit la bouche.

-Je… Oui, tout va bien… C’est juste une plaie qui c’est rouverte… Merci…

Elle commençait à croire qu’elle ne savait rien d’autre que merci. Soupirant un peu, elle tendit la main en avant pour lu prendre la bande et l’enrouler dans un geste expert, autour de son crâne blessé. Elle l’avait empêché de la toucher, sans doute car elle avait peur de céder à ses pulsions, de le tuer, de perdre face à elle. Hors de question qu’elle ne prenne se risque. Surtout pas quand elle était ainsi en manque. Il lui fallait sa drogue, au plus vite. Elle regarda la rue rapidement et elle le vit. Là, plus haut, contre un mur à gauche. Son cœur s’emballa et elle se mordit la lèvre. Elle en avait besoin. La jeune brune tenta de sourire mais les sueurs froides qu’elle ressentait depuis quelques temps déjà augmentaient et elle put sentir une perle rouler le long de sa tempe. Vite. Elle en avait besoin vite…. Mais il ne semblait pas décidé à la laisser seule, sans doute inquiet… Ou cherchant à recevoir une quelconque récompense pour son geste. Qui du coup n’aurait plus rien de désintéressé. Ce qui en soit ne choquerait nullement la jeune Ketsueki. N’était-ce pas ainsi que tournait le monde dans lequel elle évoluait depuis sa venue au monde ? Kawaguchi… Les manipulateurs de sable. Elle retint un soupir malpolie et esquissa un sourire de circonstance.

-Ketsueki Hakai… Ils… Rien de plus que de tenter de me faire payer la trahison des miens. Je ne leur reproche pas, je comprends même leur point de vu. Ne vous inquiétez pas pour ça et je vous remercie encore une fois.

Destruction Sanglante. Il y avait mieux comme nom pour inspirer la confiance. Mais elle ne l’avait pas choisit, alors elle vivait avec, sans honte. Sauf peut être de son nom de famille. Son clan était sans aucun doute le plus diabolique à ses yeux. M4enfin, à quoi bon ressasser tout cela, elle en avait conscience mais n’était en rien une combattante. Médecin, voilà se qu’elle rêvait de venir. Rien d’autre, et encore moins une tueuse sanglante. Alors qu’un petit silence s’installait entre eux, la jeune femme quitta des yeux le beau blond pour reporter son regard au loin derrière lui, là où se trouvait son revendeur. Alors qu’elle le regardait, un ricanement sinistre retentit de plus belle en elle. L’apaisement causé par Amano avait été de courte durée. Elle déglutit de travers, à cause de la surprise. Elle pensait avoir plus de temps que ça, pour ne par perdre ses moyens devant tout le monde, là où il y aurait des morts…

*Tsh tsh tsh… Hakai… Pauvre petite. Tu pensais sérieusement me faire taire comme ça? Voyons ma chérie, tu sais pourtant que je suis plus forte. Que si tu ne fait rien, je prendrais le contrôle totale, nos place permuteront définitivement et je finirait pas t’étouffer, te tuer et être libre…*

Le soleil brûlant de Suna tapait encore plus fort que d’ordinaire. Sans doute car ses sens étaient à fleurs de peau, faute au manque. Alors que les sueurs froides croissaient, la faisant presque dégouliner, de léger tremblement s’ajoutèrent à son calvaire. Elle était en pleine crise de manque. Une droguée, c’est tout ce qu’elle était. Il fallait qu’elle avance, qu’elle le laisse là et qu’elle aille prendre sa dose. Oui, sa dose… Elle en avait besoin, et vite. De toute façon, il n’en avait que faire d’elle, il allait lui, faire du mal, il allait la blesser, la briser. Oui, elle connaissait ce type d’homme. Il l’aidait pour obtenir quelque chose en échange. Alors qu’il lui demanda ce qu’il pouvait faire pour elle, elle lui jeta un regard noir. Elle n’était pas dans son état normal et subissait une saute d’humeur.

-Casses-toi putain ! Tu ne comprends pas que tu me gave? J’en ai rien à foutre de ton aide le borgne !!!

*Oui, c’est ça! Laisse-toi aller… Ne le laisser pas faire, tue-le. Vas-y Hakai !!!*

Son regard vacilla quelques instant, virant au carmin sombre, à la couleur du sang, Presque noir. Mais non, elle ne pouvait pas faire ça. Une part d’elle était encore là, consciente que tout ça n’était pas la vraie elle. Alors qu’elle avait avancé en l’injuriant presque, elle recula précipitamment, ses iris reprenant cette belle couleur carmin claire. Elle avait peur. Son corps tremblait, suait et son esprit oscillait entre elle et Aka. Elle avait les larmes aux yeux, mais elle refusait de se mettre à pleurer maintenant. Elle baissa la tête, se refermant sur elle, ne voulant pas le blesser.

-Je… Je… Non, vous ne pouvez rien… Je suis désolée… Je… Au revoir!

AAlors qu’Aka riait dans son crâne, rependant son ombre poisseuse partout en elle, Hakai partie en courant, bousculant le jeune blond au passage et alla droit vers son revendeur. Là elle s’arrêta, le regarda, tremblante, mal en point. Il comprit et n’hésita pas à gonfler le prix. Après tout, elle serait prête à n’importe quel sacrifice pour avoir sa dose non ? Une fois l’affaire conclue, dans un coin plus discret qu’en plein milieux de la rue, il la laissa là et s’en alla. La jeune femme regarda ce qu’elle avait en main, comme si elle hésitait. Puis elle prit une gélule et la glissa entre ses lèvres, versant une larme. Elle haïssait faire ça, dépendre de ça… Une fois le cachet avalé, elle s’adossa, ou se laissa choir contre le mur. Elle glissa les autres dans sa poche et glissa jusqu’au sol. Là, elle enfouit son visage dans ses genoux et fondit en larmes, silencieuse. Pourquoi avait-il fallut qu’elle vive… ?

Abandonne-la, suis ta voie.
Amano l'observa à chacun de ses gestes et, au delà d'être surpris lorsqu'elle recula quand il lui avait tendu la main pour lui tendre la bande de tissu, il comprenait. Comment quelqu'un qui avait subit un pareil traitement de la part d'hommes pouvait se sentir en sécurité en face de l'un d'entre eux, quand bien même ce dernier avait été sa porte de sortie ? Et pourtant elle vint attraper le tissu, se rapprochant de lui malgré elle mais sans lui autoriser plus. Quelque chose la troublait, le blond le voyait bien, mais il ne pouvait pas deviner si elle ne lui disait pas ce qui n'allait pas.

Retourne à tes occupations, oublie-la.
Serrant les dents tout en l'écoutant lui dire que ce n'était trois fois rien, sa blessure, Amano l'observa nouer avec dextérité la bande autour de sa tête et son sourire ne tari pas. Alors qu'elle venait de lui dire tout cela, ses yeux passèrent d'un endroit à un autre et, bien qu'il en vienne à se présenter, qu'à se tour elle le fit, il remarquait son impatience. Ne voulait-elle donc pas plus le voir que cela ? Et lui, n'avait-il pas son mot à dire alors que c'était elle qui l'avait traîner à sa suite ?

Tue-la... Enterre-la.
Son œil ne fit qu'un tour, sans qu'il ne cherche pour autant à trouver ce qu'elle désirait si ardemment au point de se détacher royalement de la conversation et de sa présence. Merci, une fois encore. Ca devenait presque un mot pour mettre fin à leur conversation et ça a eu le don d'agacer indirectement Amano qui malgré lui souriait. Cependant, il ne resta pas et à la place un regard curieux se porta sur son visage.
Elle venait de lui hurler dessus, elle qui lui avait paru presque timide, presque effacée pour rester une personne normale dans une ville banale. Hors, elle était tout sauf banale, elle était Hakai, et rien que cela faisait d'elle une personne extraordinaire. C'est amusé qu'il resta là sans répliquer. A quoi bon ?

Libère-la.
Un changement infime dans son attitude et son regard, comme si elle se battait contre elle-même, comme si elle refusait quelque chose de profondément douloureux à ses yeux. Mais de nouveau elle fut réservée et recula avant de s'enfuir en courant. Son contact contre son bras et le léger déséquilibre qui s'en suivit le fit se tourner vers elle. Pensait-il, après l'avoir vu agir ainsi, qu'il allait la laisser seule ?

Achève-la.
Passant une main sur son œil perdu et le tissu qui le recouvrait, Amano inspira doucement et sauta sur les toits des bâtiments pour ne pas la perdre de vue. Il la regarda acheter quelque chose à un vendeur à la sauvette, puis se laisser aller contre un mur, lentement. Bien que ces temps-ci sa soif de combat était plus pressente que sa soif d'aider son prochain, quelque chose l'attira vers cette jeune femme, comme une abeille par le miel.
Devait-il la rejoindre au sol ou la faire venir à lui lentement sans qu'elle ne le sente ? Il agita ses mains et lentement le sable sous les pieds de la brune se souleva sans une oscillation pour ne pas qu'elle se sente soulever, la laissant pleurer silencieusement la tête dans ses jambes.
Le fils du désert s'assit sur le toit du bâtiment où il se trouvait et amena Hakai à ses côtés, la déposant délicatement sur ce même toit.

Ne cherche pas à la comprendre.
Il posa son œil d'un bleu délavé sur elle quelque seconde en silence avant de prendre la parole.

- Le soleil est vraiment étouffant à cette heure, vous ne trouvez pas Hakai ? Que diriez-vous de venir boire un thé dans l'un des salons de thé du coin ? Sauf si vous n'aimez pas ça, bien sûr.

Son ton, comme son sourire et son regard, était amical et invitait presque à la confiance. Avant qu'elle ne puisse avoir le temps de répondre ou ne relève les yeux vers lui, il continua.

- Après, si ma présence vous est déplaisante je comprendrais, et je vous laisserais tranquille. Je n'aimerais juste pas qu'ils reviennent vous importuner.

Brise-la une bonne fois pour toute.
Ses pensées le tirèrent un long frisson glacial le long de son échine. Cette petite voix était celle de son père, il le sentait, comme il l'avait aidé, il était capable de le faire tomber. A lui de trouver sa voie, à lui de savoir ce qu'il voulait et de se détacher du passer une bonne fois pour toute. Mais malgré tout, il souriait envers la brune aux yeux de lave. Qu'il aimerait la voir détendu par rapport à tout à l'heure et la savoir en sécurité. Et même si l'un de son clan le voyait, peu lui importait finalement, il irait répondre de ses actes devant son maître et lui expliquerait que c'était sa façon de se faire connaître comme Kawaguchi.

Abandonne. Tu n'es qu'un moins que rien.
Relevant son visage vers le ciel d'un bleu parfait de Suna, appréciant la lourdeur du soleil contre sa peau, il étira ses bras vers le ciel tout en étendant son dos.

Elle avait réagit, pas comme il l'aurait cru au premier abord, mais elle avait réagit au moins, confirmant au blond qu'elle n'était pas complètement dans un autre univers. Il l'avait fait pour la tenir ici après tout et malgré ce qu'il voulait bien dire, pour la protéger.
Incapable de renier ses réelles envies, il n'en restait pas moins qu'il tentait de paraître différent, de se montrer un peu plus distant. Mais les femmes, Amano était incapable de ne pas se laisser distraire, de les laisser dans l'embarras quitte à prendre des risques pour lui-même. Il laissa un sourire se former lentement sur son visage, un comme ceux qu'il tentait d'oublier, agréable.

Son regard de feu le fit voyager, différemment de lorsqu'il croisait celui de Tali, de Kazushi ou Kuzushi ou encore bien de son maître. Elle avait cette force mais aussi une grande détresse en elle, sans pour autant avoir complètement abandonné.

A mesure que les secondes passaient depuis ses mots il voyait ses expressions changer et devenir aussi mignonnes qu'enfantines. Prenant patience pour laisser le temps faire son œuvre et comprendre où elle en était, le fils du sable ne la quitta pas de son œil bleu, ayant lentement effacé son sourire pour présenter un visage calme et bienveillant.
Petit à petit, il la voyait tenter de réfléchir et de parler jusqu'à ce que les mots passent enfin la fine barrière qu'étaient les lèvres de la belle brune. Avec attention il l'écouta lui expliquer où elle travaillait, ce qu'elle voulait et ce que son cerveau voulait. C'est du moins la traduction qu'il en fit et lorsqu'elle mentionna vouloir sentir ses cheveux, il lui décocha un de ces sourires qui valait tout l'or du monde avant de se relever.

- Mes cheveux ne sentent pas le citron, désolée Hakai... En revanche je veux bien vous offrir une glace à l'eau au citron, je connais un bon vendeur pas très loin et nous pourrons la déguster à l'ombre.

Son œil brilla, finalement amusé par l'attitude de la jeune femme qu'il avait envie de découvrir, sous toutes ses facettes. Au lieu de lui tendre galamment la main pour l'aider à se lever, il fit se lever le sable sous elle, lentement, comme il l'avait fait pour la monter sur le toit avec lui et en faisant attention à ses réactions.

- Si mademoiselle veut bien rester tranquillement assise, je me ferais une joie de la conduire jusqu'au vendeur de glace.

Au cas où elle bougerait et perdrait l'équilibre, il se tenait prêt à la réceptionner pour éviter qu'elle ne se fracasse le crâne sur le sol.
D'aussi loin qu'il se souvienne, même avec sa femme il n'était pas aussi délicat. Son sourire resta accroché à ses lèvres. C'était comme prendre soin d'une enfant et il aimait ça.