Batz


Privé de l'amour d'une mère à la naissance,
Abandonné à se noyer dans le sang,
Supposé mourir sous son corps,
Destiné à pourrir dans un abîme de chagrin,
Né pour mourir comme un gâchis d'air.

Élevé comme un enfant, dénué de foi,
dans un élan de rage
Il sait qu'un destin violent attendra.

Seule la vie par l'épée régné devra
et lui jamais tué ne sera.

La passion du sang... Il y a de ces hommes qui peuvent dire à ceux qui meurent, "lorsque tu verras ton Dieu, dis-lui de me foutre la paix". Batz marchait sur les routes depuis si longtemps qu'il tenait plus de chien errant, du chien fou, que de l'humain. Il quêtait dans le désespoir le plus complet le moyen de sauver Laya, la femme de son ami, qu'il aimait lui aussi. Après la destruction de Kiri, c'est le destin qu'il avait choisit, mais aucun des médecins qu'il rencontrait acceptaient de l'aider. La plupart ne croyaient même pas son histoire et les autres se sentaient dépassés par le problème qu'il leur opposait. La malédiction de Laya et de Snow ne serait pas abolie de si tôt...

Cet homme était marqué tant physiquement que psychologiquement par les années de combats qu'il dû mener sans jamais rechigner. Ce jour-là ne fit pas exception à Kiminari. Le pays de la foudre n'était pour lui encore qu'un passage et s'il aurait pu aller voir son ami, il ne le fit pas, il avait besoin d'être loin de lui pour encore quelque temps. Il était affreusement seul, mais ne s'en plaignait pas, ceux qui le croisaient, lui, cette masse imposante, terrifiante, à l'air belliqueuse, refusait généralement de s'en approcher et c'était encore la meilleure défense contre la peine.
Dans ce village, jour de pluie, et lui contre une maison sous sa cape patientant que cela passe, il regardait le vide de l'unique oeil qu'il lui restait. En principe ces habitudes étaient simples. Avancer, chercher, manger, boire, se battre et continuer d'avancer... Mais la pluie ne cessant pas il décidait de partir de l'avant sous celle-ci en l'ignorant finalement.

Cette pluie battante, celle qui faisait que peu de monde osait s'aventurer dehors, comme-ci l'eau était un malheur, alors qu'autant de gens s'y épanouissaient bien mieux que sous le soleil, il ne paraissait pas la sentir. Il était dans la boue, sous sa cape noir, quand plus à l'avant de lui, un petit garçon sortait d'un magasin en trombe avec de la bouffe à la main. Il venait de dérober seulement du pain à un boulanger qui décidait de le pourchasser avec un bâton pour le corriger et lui reprendre son bien.
L'enfant était très jeune, pas plus de 10 ans, il était mal habillé et aussi très maigre. Dans ses yeux on ne lisait qu'une seule chose, la faim et le désir de survivre. Ce petit malheureusement trop paniqué glissait et tombait dans la boue après avoir dépassé Batz. Le boulanger profitait qu'il fut à terre pour le tabasser, alors qu'il s'accrochait désespérément à ce morceau de pain qui n'était pourtant maintenant même plus mangeable. L'enfant recevait, poussant parfois quelques cris de douleurs, mais il ne pleurait pas, il ne suppliait pas, non, il ne voulait qu'une chose, pouvoir dévorer ce bout de pain, même si pour cela il devait finir couvert de plaie et de bleus.

Batz ne ressentit pas vraiment de pitié pour ce garçon, il n'était pas vraiment impacté par ce qu'il voyait, pourtant il s'arrêtait pour regarder quelques instants et trouvait sur le moment que cet enfant malgré sa situation préservait une certaine dignité. Ensuite l'acharnement du boulanger à le cogner alors qu'il était déjà presque assommé et sanglant jusqu'à rougir l'eau sur la boue, lui fit perdre sa constance. Alors il fit demi-tour et on entendit ses pas lourds comme le crissement de son armure se mouvoir vers cet homme qui tenait le bâton. Hélas pour ce boulanger, Batz n'était pas un négociateur, c'est l'instrument brutale de la guerre et de la mort. De sa naissance à aujourd'hui il n'avait été que cela et élevé pour cela, pas pour penser mais pour agir. Alors quand il brandissait sa gigantesque épée, ce n'était pas pour menacer, c'était pour s'en servir et le boulanger fut trancher en deux sans avoir pu demander clémence. L'enfant reçu le haut du corps sur la gueule. Mais déjà presque évanoui, il ne pouvait vraiment réagir autrement qu'en le poussant sur le côté pour regarder Batz d'en bas. Il ne lui dit rien, et Batz ne lui dit rien non plus. Il se contentait de remettre son épée dans le dos et de s'en retourner vers son chemin... pour avancer.

Il y eut bien quelques personnes pour crier au scandale, mais ils étaient comme des chiens qui aboyaient. Ils le faisaient, mais de loin car ils étaient incapable de mordre alors que Batz lui, non seulement mordait, mais même il dévorait, et c'est bien pour cela que jusque-là un seul homme avait pu l'aimer,... Snow, car l'odeur du sang attire ceux qui aiment la vie, car le sang, c'est ce qui fait couler en l'homme,- la vie.

La nuit n'allait pas tarder à tomber, le ciel était déjà plutôt sombre. Ou bien était-ce la pluie qui rendait ce paysage si triste ? Je voyais à travers les fenêtres des auberges des familles qui mangeaient dans une ambiance chaleureuse, avec une délicate odeur qui s'émanait de chacune de ces maisons. Je poussai un soupir, dire que j'étais obligé de me promener dehors malgré ce froid grelottant avec l'eau de la pluie qui me glaçait jusqu'aux os, tant d'efforts pour accomplir une vulgaire mission de rang C. Au moins, mon manteau noir me protégeait de ce temps pluvieux, je dédiais un grand merci à mère d'avoir pensé à tous ces petits détails pour moi. J'aurais sans doute préféré qu'elle m'épargne cette mission plutôt que de m'encourager à y aller, néanmoins sa tendresse me sauva d'un rhume certain. Si seulement je pouvais rentrer chez moi, dans ma petite maison au sein du quartier des Kadoria dans le village de Kumo, où je n'aurais plus qu'à m'endormir dans mon lit. Cependant, mon devoir de shinobi me forçait à prendre mon mal en patience. Avec le peu qu'il restait de ma motivation, j'accélérai le pas pour vite en finir avec mon travail. Je devais simplement faire le tour de ce petit village afin d'assurer la protection de ses habitants, notamment des vols de marchandises ou des trafics interdits. Il ne s'agissait que de pauvres petits voyous dont le maire voulait s'en débarrasser, bien que jusqu'à présent, je n'avais croisé qu'un seul vieil homme malheureux qui suppliait l'argent depuis son coin de rue. Au moins, je ne pouvais pas me plaindre d'avoir trop de choses à faire, ce calme et cette tranquillité était plutôt reposant. La pluie rendait ces chemins silencieux sans aucun passant, ce qui me permettait de me fondre facilement dans le décor. Levant le regard au ciel, je n'allais pas tarder à rentrer au village des nuages.

Soudain, un cri retentit à travers l'allée. Des personnes courraient à tord et à travers, comme si une catastrophe s'était produite. Mon travail semblait avoir pris une tournure différente. Je me précipitai vers ces hurlements, plus je me rapprochais de la source, plus je me heurtais contre des passants qui fuyaient. Avec bien du mal, je parvins à me dégager du groupe pour voir quelle était la cause de cette agitation. La première chose que je vis était un homme qui paraissait immense. Il était alors le seul personnage présent, je compris très rapidement qu'il était le fauteur de troubles. J'avais beau avoir une lenteur d'esprit, je savais analyser la situation dans ces moments-là. Au vu de ses vêtements sales, il était sans doute un de ces sans-abris qui cherchaient de la nourriture..

" Arrêtez-vous ! Je suis.. "

Lorsque je vis l'énorme sabre qu'il tenait taché de sang, je poussai un cri de surprise. Puis en regardant un peu plus bas le sol, je vis apparaitre un corps découpé en deux qui traînait derrière lui sur cette mare rougeâtre. Cette scène m'arracha un crie de dégout. Je retombai en arrière et m'écroulai à terre. Il avait fait.. ça ?! L'homme, là-bas, son corps.. Je ne pus m'empêcher de me mettre à toussoter et à cracher ma salive ainsi que ce qui regorgeait mon estomac, comme si cet évènement répugnant me traversa le corps. Qui était-ce pour avoir commis une telle atrocité ? Comment avait-il pu faire une telle chose ? Des questions par milliers que j'aurais pu poser, cependant je restais figé au sol, comme terrassé par la peur.

Batz restait impassible sur le moment, regardant avec hauteur ce curieux jeune-homme en face de lui qui était tombé dans la boue. Manier l'épée ne convient pas aux esprit sensible dira Shakespeare dans l'une de ses pièces et la réaction de ce jeune homme devant ce qu'il venait de voir confirmait largement cette hypothèse. Sous la pluie Batz restait pour le moment silencieux, mais plus le jeune regardait la scène plus il paraissait dépassé et il en était étonné. Un shinobi ? Le regardant, et lâchant un petit soupire il lui disait à lui, Uka, et à lui-même en même temps, sans vraiment prendre de forme.

-Sérieusement ? Lève-toi si tu veux me faire face car de là où tu es.

Il le lui disait naturellement, pas comme une menace mais comme un fait, comme s'il savait qu'il ne risquait absolument rien alors qu'il avait pourtant un Shinobi devant lui. C'était souvent le problème avec Batz, peu importe ce qui se trouvait sur son chemin, s'il fallait passer, il passait, et tant pis pour les conséquences. C'est d'ailleurs ce qu'il se produisait, il sortait son épée de nouveau et malgré la distance qui les séparait, sa pointe atteignait déjà presque le jeune homme en face de lui. Il lui portait un regard sanglant, un signe de défis qui voulait simplement dire "si tu veux m'arrêter essaye pour voir". Mais ne voyant pas de réaction sur le coup, il rengainait comme si de rien n'était et continua son chemin. Chacun de ses pas lourds écrasant la boue. Sauf que le jeune garçon qui avait mérité son pain à force de coups l'interpellait en boitant.

-Attendez monsieur !

Batz se retournait encore en soupirant pour le regarder et là encore, c'est de son unique oeil qu'il stipulait "qu'est ce que tu me veux ?" Alors le garçon, sanglotant et en difficulté passait au-dessus de sa propre peur et tentait ainsi de simplement lui exprimer sa gratitude.
-Merci beaucoup... Vous en voulez ?

Il lui tendait son pain plein de boue et trempé, cela aurait pu émouvoir bien des personnes, mais pas Batz qui hélas, restait glacial devant le geste et répondit simplement "non" avant de se retourner de nouveau. Mais alors qu'il continuait de marcher, ignorant complètement le shinobi et le jeune-garçon, il laissait quand même échapper derrière ce simple conseil.
-Si tu veux survivre apprend à le faire seul et n'attend pas un miracle.

Cette voix était brute et sonnait comme le grognement d'une bête insoumise à sa destiné, aux hommes en général d'ailleurs. Il tournait le dos au shinobi, ce qui n'était franchement pas prudent et pourtant la peur semblait ne pas avoir d'emprise sur lui, comme si tout ce qu'il avait vu ou vécu avait forgé le coeur de la folie elle-même, un homme qui pourchassait tant de monstres qu'il finit par en devenir un lui-même.
Alors le petit garçon baissait la tête tristement, comprenant que Batz ne serait pas encore celui qui prendrait réellement soin de lui. Pourquoi l'aurait-il fait ? Vivre avec cet homme c'était comme accepter de voyager à côté d'un démon, une bête qui avait pour destin la complaisance du malheur. Batz le savait, et malgré son apparence, jamais il n'accepterait d'imposer ça à quelqu'un qui serait incapable de le supporter. C'était sa façon de protéger autrui, en les éloignant de lui-même pour leur éviter la contagion de l'horreur.
Il continuait donc sa route, jusqu'à sortit du village, et atteindre un petit bois où, commençant à sentir la fatigue, il allait finalement passer la nuit contre un arbre, loin de tout tumulte.

L'observer silencieusement, c'était tout ce que je pouvais faire. Dans son regard se lisait clairement le passé de cet homme, il baignait dans ce sang qui m'apparaissait pourtant comme une horreur. Comment vous voulez que je réagisse face à ça si ce n'était que vomir par terre ? Cet homme faisait bien plus d'une tête que moi, rien que sa carrure gonflée de muscles était mon triple ou encore mon quadruple. Une force surhumaine il avait, cela m'avait l'air bien plus d'une stupide blague qu'autre chose. Je refusais de risquer ma vie à l'affronter juste pour accomplir une vulgaire mission de rang C. Mon corps me désobéissait, il restait figé peu importe combien de fois je lui ordonnais de se relever. Tout ce qu'il faisait c'était trembler comme une poule mouillée. Lui faire face ?

" Oy... Blaguez pas.. Comment.. voulez-vous que je lui fasse face ? " Murmurais-je tellement bas que personne ne pouvait m'entendre.

Malgré mon incompétence, je savais garder mon regard figé sur lui si jamais il viendrait sur moi. Ne jamais le dévier, toujours observer l'ennemi devant soi. Mon état actuelle était encore plus minable et pitoyable qu'un enfant d'à peine 10 ans. Ce dernier affronta sa peur et se releva avec bien des efforts. Tandis que moi, je ne faisais qu'observer ce qui semblait être une scène paranoïaque. L'enfant l'avait remercié, il avait remercié ce tueur qui venait de faire un véritable meurtre ! J'avais bien envie de lui crier "tu es fous !" mais j'avais l'impression qu'un geste de plus et je me briserais en deux. Il avait perdu la raison ce gamin, je n'avais aucune envie de le sauver, pas un imbécile ayant perdu la tête. Mon devoir de shinobi ne consistait pas en cela. À vrai dire ma seule envie à ce moment là était de m'enfuir en courant. Il y avait une différence entre le courage et la folie, et c'était là ma limite. Finalement, sans que je ne puisse rien faire l'homme s'éloigna, sans même me jeter un regard de plus. Il avait le dos tourné, j'avais toutes les ouvertures du monde pour l'attaquer. Alors quoi ? En réalité, il était tellement puissant qu'il n'avait même plus à craindre de se faire attaquer par derrière, car sa force écraserait n'importe quel lâche qui oserait l'attaquer par surprise. Une fois qu'il fut suffisamment éloigné, il me fallut encore quelques instants avant de m'en remettre.. Je respirais de nouveau, avec la police locale qui ne ramenait son cul que maintenant..

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Suite à cet évènement, j'eus le droit à un accueil chaleureux dans une pièce chauffée. Je pus retirer ma cape et ma veste trempée pour me prendre une couverture et me réconforter auprès du feu avec un chocolat chaud. Il s'agissait sans doute d'une belle récompense, néanmoins j'aurais largement préféré rentrer chez moi à l'heure actuelle. Cependant, au vu de la tournure de ma mission, il semblerait que je n'allais pas pouvoir repartir avant un bon moment. Je soupira profondément. Malgré le fait que je sois un shinobi je ne restait pas moins un humain et tout comme n'importe qui d'autre, je supportais mal la vue du sang. Ils disaient m'épargner la séance chez le psychologue malgré cette scène atroce que j'avais vu, sous prétexte que j'étais supposé y être habitué. Je n'avais rien contre, néanmoins de quoi avait-on l'air à leurs yeux ? De grosses brutes épaisses qui aiment s'entretuer ? Habitué au meurtre et à l'assassinat ? J'avais gardé mon calme, mais je ressentais une envie de leur montrer mon poing dans leur figure. Je me rapprochai du téléphone tout près de moi, puis je me mit à composer le numéro du village des nuages. Je refusais de continuer un travail aussi dangereux que celui-là, qui n'était clairement pas de rang C.

" Bonsoir.. Je souhaiterais avoir le bureau administratif de Kumo. Je voudrais lui transmettre mon rapport de mission dans l'immédiat, dite lui que c'est pressant.. Oui. Kadoria Uka, chunin du Village, actuellement en mission, de rang C... Je tenais à vous informer de ma situation. Ma mission n'excède pas le rang C, je dois simplement maintenir l'ordre dans un petit village composé de quelques voyous et délinquants. Cependant un homme bien étrange est apparu aujourd'hui, il trancha en deux un simple civil.. ! Je demanderais à ce que.. Oui, il ne portait aucun bandeau, aucune insigne de village.. QUOI ?

J'allais devoir m'en charger ? Et puis quoi encore ?! On voulait me jeter comme de la chair à canon ? Je commençais à paniquer et depuis de le départ même, néanmoins je tentais de garder un semblant de calme lorsque je parlais.

Je demande à abandonner ma mission, je souhaiterais que ce soit un shinobi plus compétent que moi qui prenne la relève. Pardon ? ... "

D'un geste brusque et soudain je raccrochai le téléphone. Ces imbéciles voulaient que je m'en charge en considérant que ma mission ait subi une évolution et qu'elle devenait à présent de rang B. Et quand cet homme me tuera prochainement, la mission deviendra de rang A, mais il sera déjà trop tard comme je serais mort ! Être chunin signifiait avoir d'avantage de responsabilité mais aussi de devoirs.. Si seulement j'aurais su, j'aurais tout fait pour échouer à mon examen chunin. Et maintenant que faire ? Je n'avais plus qu'à mener la garde toute une nuit, jusqu'à l'aube où je partirais à sa recherche..

" Ma mission ici est à présent terminée.. Étant donné toutes les patrouilles que j'ai effectué sur les environs, laissez moi vous annoncer que vous ne craignez plus rien. L'homme s'est sans nul doute dirigé vers le prochain village, étant donné qu'il n'y a plus aucune trace de lui ici. Expliquais-je calmement au maire.

- Et vous êtes sûr de ce que vous avancez jeunot ? Des patrouilles ? À toi tout seul, tu ne risques pas de trouver grands choses.. À voir tes petits bras faiblards je dirais même que tu n'as rien foutu.. Tss. J'avais pourtant beaucoup de respect envers vous, les shinobis.. Mais là, vous avez laissé s'échapper un tueur ! En plus il s'agissait du seul boulanger de la rue qui est mort !.. Pauvre homme.. "

Ainsi il continuait de se plaindre. Je pouvais comprendre sa peine de perdre l'un de leurs villageois, néanmoins, ce n'était pas une raison pour venir rejeter la faute sur mon dos. J'étais sur place, j'ai ressentis la peur, et je n'ai rien pu faire, voilà simplement les faits.. Je ne pouvais pas nier mes faiblesses, mais j'avais une sainte horreur à ce que l'on vienne me remuer le couteau dans la plaie, surtout lorsque l'on ne faisait pas mieux. J'aurais bien voulu remettre un peu à sa place, ce vieux qui parlait décidément trop, mais j'avais appris à me retenir de tout comportement déplacé. Je fis redescendre mon compagnon qui volait dans le ciel, pour qu'il vienne se présenter au maire. L'aigle dont la carrure était bien plus grande qu'un simple animal, fit taire immédiatement notre interlocuteur. Le regard ébahi du chef de village parcourait le long de la silhouette de l'oiseau avant de se décider à nous croire. Je n'avais effectivement pas de grands bras, patrouiller les alentours de tout ce village m'étais impossible, mais avec l'aide de mes amis, c'était bien plus simple. Je lui souris gentiment, pour pouvoir clore notre discussion sur une belle fin.

" Je vous présente.. un ami à moi qui m'a aidé dans ma recherche. Je peux vous assurer que rien n'aurait pu lui échapper, il a tout vérifié au moindre détail près. À présent, plus aucun tueur ne se trouve dans votre village ! Vous pouvez dormir en paix.. Puis la mission que vous aviez demandé ne dépassait pas le rang C, elle consistait à éloigner les voyous et c'est ce que j'ai fais. Mon travail ici est fini, cette histoire de tueur ne vous concerne plus.. Bien, dans ce cas je vous laisse, aurevoir. "

Et ne jamais dire "à la prochaine" car j'espérais bien ne plus jamais revenir dans ce village perdu. Puis ce travail de rang B me pesait déjà sur les épaules, je préférais ne pas trop m'attarder par là pour des futilités. La présence de mon invocation suffisait largement à le convaincre. Afin de me montrer hautain et lui faire regretter ses paroles de "jeunot", je pris place sur le dos de l'animal. Sans vaciller, je laisser la lumière du soleil venir éblouir mes yeux. Je me tenais droit, pour laisser une image de moi comme celle d'un héros dans les contes d'enfance. Puis aussitôt, le grand animal prit son envole, et comme un prince je repartais vers les nuages.

" Arrête, veux-tu ? Tu n'as tout sauf l'effet classe que tu veux te donner de toi..

Mon partenaire était souvent déçu de mes compétences, même un peu trop je dirais. Il savait que je n'étais pas plus fort qu'un oisillon, c'était sans doute la raison qui le poussait à se moquer de moi à chaque occasion. Le plus honteux, éterait que je ne pouvais même pas me défendre. Si je me le mettais à dos contre moi, il ne suffirait que de quelques instants pour que mon invocation me déchiquète en petits morceaux.. Il m'arrivait de me demander pourquoi, j'avais choisis la spécialité du Kuchiyose. J'espérais à l'époque, être servi comme un roi par des animaux capables, ayant même une réserve de chakra et qui feraient toutes mes missions à ma place. Néanmoins, parfois j'avais l'impression que c'était moi qui travaillais pour eux..

- Merci de tes encouragements, l'ami. Tu m'en vois ravi, figure toi..

- ... Arrête ton cinéma tu veux ? Tu flippes à l'idée de rechercher ce mec d'hier soir, hein ? Suffit de voir ton visage pâle pour comprendre que tu n'es qu'une mauviette, Uka. La honte de ton clan je dirais presque.. Également une honte d'être mon invocateur..

- Tu veux continuer longtemps ? Si tu le veux bien, j'aimerais que l'on passe aux discutions sérieuses.. À vrai dire, je préfèrerais finir cette mission au plus vite et rentrer chez moi.. Alors dis-moi ce que tu as découvert concernant notre cible..

- En volant, je vois bien plus de choses que toi qui est au ras du sol.. 0.1.. C'est le pourcentage de chances que tu puisses rentrer chez toi. Encore, je n'ai pas dis que tu rentrerais vivant.. Peut-être que si tu fuis, tu devrais pouvoir survivre.. Mh.. L'homme, selon tes descriptions, est tout sauf un civil. Je ne sais pas toi, mais je n'ai jamais vu de civil brandir une arme pour découper en deux un autre. Si j'ai à parier, je dirais qu'il est un shinobi, nukenin étant donné qu'il n'avait aucune insigne de village sur lui. Notre destination est Yukomura, je pense qu'il devrait s'y trouver. Ce n'est qu'une supposition hein !

- Oui.. Trève de bavardage, nous arrivons. Repose moi au sol.

Lorsque je posais les pieds à terre, j'étais soulagé. Je réussissais à cacher mon vertige, mais c'était parfois difficile surtout à la vitesse à laquelle il volais. Je lui demandais poliment de disparaitre pour ne pas attirer l'œil. Je préférais faire le peu de chemin qui me séparait du village à pied, afin de me tenir discret. J'avais pour ordre d'éliminer, ou du moins capturer cet homme qui avait tué le boulanger. Je l'avais rencontré une fois, je savais que les attaques de front ne fonctionneront pas, ce qui ne me laissait plus que la possibilité de le prendre par l'arrière. Ce n'était pas très beaux les attaques surprises, mais c'était actuellement ma seule option..

Batz

Batz finissait paisiblement son repas dans le silence le plus complet et il était tellement sans intérêt pour ce que l'on pouvait bien dire autour de lui que finalement, les personnes présente dans la petite auberge finirent par ne plus s'en soucier. Lorsqu'il terminait, il se levait pour se saisir de son épée contre le mur et se la replacée dans le dos avant de se rendre directement au comptoir. Il attendit alors patiemment que le tenancier de l'auberge vint à remarquer que quelqu'un l'attendait en glissant sa tête au-delà de la porte de sa cuisine. Il accourait tout de suite vers Batz, tout bedonnant pour lui demander de quoi il s'agissait.

-Vous souhaitez quelque chose ? Demandait-il aimablement.
-Payer. Répondit Batz simplement.
-Ô, heuu, ça été bon ?
-C'était très bien.
-Ça vous fera donc...

Mais Batz jetait une bourse sur le comptoir ce qui coupait le tenancier.
-Gardez la monnaie ; Finissait-il

Batz sans plus en dire, pas un même un au revoir... Lorsqu'il prit la porte, il savait qu'il avait encore bien du temps à tuer avant d'aller pouvoir rencontrer le médecin que la jeune fille lui avait indiqué. Malheureusement, il n'avait nul part où aller et cette pluie n'en finissait pas. Il fit quelque pas dans la rue, comme s'il se baladait, à son passage on pouvait aisément imager une sorte de chien errant qui ne qui se trouvait être trop fier pour quémander de la nourriture. Comme une sorte de bête battu par ses maîtres et qui n'aurait plus le moindre but. Pourtant il en avait un de but, trouver coûte que coûte un homme capable de soigner Laya, sinon capable de comprendre la nature du mal qui l'avait rendu ainsi. Cela faisait déjà longtemps qu'il traînait de village en village avec cet espoir qui ne le quittait jamais. Il était obsédé par cela, il ne vivait plus que, pour cela. Parfois, il fatiguait, mais se reprenait toujours à s'encourager de nouveau seul. Que faisait son ami pendant ce temps ? Il ne le savait pas lui-même, si ce n'était qu'il travaillait maintenant pour un village pour suivre une autre voix. Sauver aussi Laya, mais pas de la même façon.

Il ne fut que peu de temps prit dans ses pensées, car le destin mettait à nouveau sur sa route le jeune garçon qu'il avait rencontré quelques jours plus tôt, en plein milieu d'une rue large, peu habité et sale de boue, le shinobi atterrissait sur un énorme aigle devant lui. La bête était magnifique, elle paraissait d'ailleurs bien plus confiante et combative que celui qu'elle portait. Batz pensait alors que le shinobi l'avait suivit, car le hasard ne pouvait pas le conduire deux fois de suite sur sa route de cette façon. Il en était agacé et comprit par là, du moins en déduisit, qu'il voulait cette fois en découdre pour de bon. Il aurait pu demander les raisons, il aurait pu fuir ou simplement lui expliquer son histoire. Cela aurait peut-être adoucis le jeune-homme face à lui. Mais Batz n'était pas un diplomate, c'était un esprit belliqueux qui n'avait été éduqué que dans un but, se battre, et c'est comme ça qu'il communiquait la plupart du temps, jusqu'à ce que ce qui le côtoyait tentait enfin de le comprendre, ce qui était rare.

Batz s'emparait alors de son casque et le mit sur sa tête, signe qu'il se préparait à l'affrontement. Il le fit calmement, sans se poser de question, avec ce casque sur la tête on ne voyait quasiment plus son visage, il ressemblait encore plus à chien fou, une bête sanguinaire que jamais. Pourtant il était silencieux, presque trop paisible malgré la présence de l'aigle qui viendrait sans doute en aide au jeune garçon cette fois. Pour finir il se saisissait de l'épée, énorme, qui sonnait d'un métal lourd et puissant quand il la dégageait de son dos en frottant à l'armure. Il fit un grand mouvement vers l'avant, dégageant un vent si puissant qu'il en écartait les gouttes de pluies autour de lui pendant quelques secondes. La pointe désignait l'aigle et le shinobi juché dessus. Ce n'est qu'à ce moment qu'il s'adressait à lui, on ne pouvait plus voir son visage, mais le ton sous le heaume laissait parfaitement entendre que l'homme qui ne craignait pas le peur était tout à fait sérieux.

-Si tu es prêt à te battre c'est que tu es prêt à mourir. Face à la mort on ne triche pas. Viens je t'attends.

Il serrait alors les dents, comme ces chiens qui montrent les crocs un peu avant de lancer comme des démons sur leur proie. Car à ce moment, le jeune ne l'imaginait peut-être pas, mais Batz tenait plus du chien fou que de l'être humain, il ne se sentait pas chassé, il était le chasseur et la petite chose sur le dos de l'animal qui lui faisait face était sa pitance. Tel était l'instinct de l'être humain soumit perpétuellement durant son existence à l'obligation de se battre pour survivre, ce n'était pas une affaire de bien ou de mal, d'honneur ou de honte, pas même d'aimer le sang. C'était l'instinct de survie, tout simplement, qui exalté à l'extrême transformait les hommes les plus saint de naissance en guerrier sanguinaire.

Allez savoir comment me suis-je retrouvé dans cette situation.. À vrai dire, j'avais prévu de me la jouer en tant que ninja, avec beaucoup de discrétion et de classe, afin de lancer une attaque surprise en plein dans le dos de ma cible. Malheureusement, j'avais très mal calculé mon atterrissage. Je me retrouvais de nouveau face au géant en armure noire qui semblait prêt à de démonter en plusieurs pièces de puzzle. J'hésitais à dire s'il s'agissait de ma nature malchanceuse, ou s'il s'agissait de mon incapacité à prévoir mon arrivée. Une chose était sûre, je n'étais absolument pas en sécurité et j'étais à deux doigts de me faire dessus. Cette carrure immense que je voyais pour la seconde fois, ce regard si ténébreux qu'il était difficile de voir à travers, je me retrouvais de nouveau face à ce démon. C'était bien moi qui le cherchais, mais le voir porter son casque me faisait croire qu'il m'attendait. Arrivais-je au bon moment pour me faire tuer ? Pourtant cette fois-ci, je ne tombai plus en arrière, je me tenais sur mes deux jambes. Ou plutôt, mes deux jambes me portaient immobilisé par la peur. Je n'allais tout de même pas me mettre à trembler alors que j'étais supposé être le chasseur et non la cible. Je devais me comporter en tant que tel, les sourcils froncés avec un léger sourire hésitant au coin de la lèvre.

" Y-Y-Y-Yoh ! C-Comme on se retrouve ! M'exclamais-je avec un enthousiasme tellement réel qu'il paraissait faussé.

J'étais bon comédien, alors que dans mon fort intérieur je n'avais que la seule envie de crier mère à haute voix, avant de m'enfuir en courant tel un lâche. Mon devoir misérable de shinobi m'obligeait à le combattre, même si je dirais que si le combat débutait, cela n'aurait l'air en rien d'un duel. Ce dernier se préparait en attrapant ce sabre qui avait servi d'arme de crime. Il ne demandait même pas pourquoi, il n'attendait même pas, il savait ce dont pourquoi j'étais venu. Il comptait sérieusement se battre ?

L'ami, reste à mes côtés finalement.. Chuchotais-je au grand aigle à mes côtés, sans quitter du regard mon assassin.

- Loppette. Me répondit-il.

Au moins, ses paroles m'encourageaient beaucoup. J'étais même très heureux lorsqu'il disait cela, bien plus que ce que vous ne le croyez. S'il pouvait encore se rire de ma sale tête, c'était une preuve qu'il ne tremblait et qu'il était en forme pour le combat. Je me reposais entièrement sur lui et ses capacités supérieures aux miennes. En vérité, même si le grand oiseau ne montrait pas une once de crainte dans son regard perçant, il restait sur ses gardes avec prudence.

S'agirait-il d'un heureux hasard, monsieur.. le tueur ? Disais-je en m'adressant à l'homme face à moi, toujours ce sourire tremblant au coin de lèvre. Le destin nous réuni de nouveau en une si belle journée. Vous rappelez-vous de cette nuit pluvieuse, celle lors de notre rencontre ? Cette nuit là, vous aviez commis un acte regrettable.. Vous souvenez-vous encore de moi ? Je viens prendre la note que vous me deviez, je suis..

- Si tu es prêt à te battre c'est que tu es prêt à mourir. Face à la mort on ne triche pas. Viens je t'attends. Me coupait-il.

Je vois, ainsi il était prêt à mourir ? C'était ce que j'avais cru comprendre de ses paroles, car face à la mort, il ne pouvait tricher. En réalité, qu'importait ma mission, s'il se mettait à me supplier à genoux je l'aurais volontiers épargné, mh. Enfaite, j'aurais même été prêt à le supplier pour qu'il me demande de l'épargner. J'aurais bien voulu le consoler de sa maladie, lui disant qu'un médecin saurait le soigner convenablement. Relaxe mec, on peut toujours devenir pote même si t'as les mains tachées de sang, tu sais ! Ce n'est pas parce que toi t'es rouge pourpre et moi blanc neige que nous sommes si différent, en soi, on est tous pareil ! Mais dans la situation actuelle, il ne m'était plus permis ce genre d'âneries, il m'était impossible de faire marche arrière, surtout lorsque mon adversaire me pointait son épée gigantesque devant le nez.. Je laissais le silence s'écouler, avant de relever mon visage pour lui faire face avec un sourire pour me montrer prêt.

" Je suis prêt à mourir dés l'instant même où je me suis engagé sur les champs de bataille ! Hurlais-je haut et fort. Puis, un léger rire me prit. On ne triche pas face à la mort, on triche pour obtenir la victoire, car la vie triche avec la mort. " Et la victoire je l'aurais coûte que coûte, car je ne comptais pas mourrir.

Aussitôt, je pris mon envole sur le dos de mon aigle qui dés l'instant même prit de l'altitude afin de se mettre hors de portée du grand sabre. Dans quelle situation m'étais-je mis encore ? Je devais analyser ses mouvements, avant de me lancer à l'assaut. Le mieux serait que je puisse le battre rapidement avant que je ne perde de mon endurance, et sinon, je pouvais d'ores et déjà songer à comment prendre la fuite sans laisser un bras ou une jambe derrière.

Batz

Le discours du jeune garçon n'avait en réalité ni queue ni tête pour Batz. Il ne se rappelait déjà plus le coup du boulanger et du petit garçon d'ailleurs, juste quelque chose de vague. S'il avait dû un jour devoir se rappeler de tous les hommes qu'il avait tranché en deux... Pourtant, ce jeune-homme lui disait quelque, mais il ne se rappelait pas encore bien quoi. Toujours est-il qu'il semblait plus téméraire que courageux, à moins que ce soit l'inverse...

Batz demeurait immobile, fixement tourné vers son adversaire qui discutait à la fois avec lui et son oiseau de compagnie. Mais plus il l'entendait parler, plus il avait de sérieux doute sur l'égalité des forces en présence. Ce pauvre garçon à ses yeux avait l'air de rêver de se trouver ailleurs, alors qu'il ne bougeait pas et qu'il gardait le sabre tourné vers lui, intérieurement, sa colère tombait, sa hargne avec elle. Le jeune garçon dit néanmoins quelque chose qui troubla Batz, la vie triche avec la mort. Cela le frappait intérieurement avec une telle virulence que s'il n'avait pas porté son casque, on aurait vu ses yeux s'écarquiller. Il se rappelait soudain bien des choses, de son passé en autre, des questions qui n'avaient jamais eu de réponse, et qui avec cette simple rhétorique lui en soulevait encore beaucoup d'autres. Il ne restait pas moins concentré sur son combat qu'en le garçon prenait s'en envole. Batz relevait la tête à la hauteur qu'il atteignait.

Était-ce de la fuite ? Non c'était autre chose, les Shinobis savaient fuir pour sauver leur peau, mais là le garçon restait simplement à grande distance. Batz reposait une seconde l'épée sur l'épaule pour l'observer. Il se parlait à cet instant comme à lui-même, pour donner du corps à ses propres pensées.

-Il n'a sans doute jamais vu de samouraï celui-la... Il me ferait presque de la peine. Tel est niqué qui croyait niquer.

Batz avait une femme à sauver... C'était son obsession et personne ne pourrait l'en empêcher, quitte à tuer tout ce qui passerait devant, tout ce qui l'en empêcherait, y comprit ce garçon dans les airs. Il prit alors un puissant sur ses pieds, il serrait à nouveau les dents, comme s'il concentrait quelque chose en lui et plaçait sa lame à sa taille avant de faire un tour sur lui-même, se servant de l'un de ses pieds comme pivot. La gigantesque épée frappait alors le vide, en direction du garçon et de son oiseau au loin tandis qu'un puissant cris suivait la manœuvre. Le cris était plus celui d'un animal que d'un homme d'ailleurs tant il était grave et rugissant. Pourquoi frapper le vide ? Parce que le samouraï avait une capacité rare, celle de trancher à distance, avec l'éloignement cependant l'impact serait beaucoup moins franche, mais cela rappelait à ce garçon que se coller à la hauteur en croyant que cela suffirait, serait en réalité inutile.

L'eau tout autour de Batz était propulsé hors de son contour, preuve de la puissance que son aura dégageait, et l'on vit alors cette aura tranchante décollée du sol, de son épée, pour monter vers le garçon et son oiseau en pourfendant tout sur son passage, l'eau, le vent, le vide. Elle était visible et esquivable, mais rapide, sans la grande distance qui les séparait, certainement ne l'aurait-il pas vu.

Batz n'attendait ensuite qu'une seule chose, qu'il agisse, qu'il commette une erreur, pour le mettre au sol et le mettre hors d'état de combattre. Il y avait le médecin qui attendait pensait-il. Pas le temps de faire dans la dentelle. À peine la tranche fut-elle envoyé qu'il reposait le sabre sur l'épaule pour observer donc et se permettait même un commentaire. Le même que précédemment, mais cette fois, c'est en souriant qu'il le dit.

-Tel est niqué qui croyait niquer. On va voir comment tu l’emmanches celle-la petit homme.

L'instant même où je pris mon envole, je donnais sans doute une belle image de moi-même, tel un héros qui s'envole vers les cieux pour abattre son adversaire. Néanmoins, malgré la belle apparence que je donnais de moi-même, intérieurement, je n'avais qu'une seule envie, celle de me cacher dans un trou profond pour ne plus jamais en ressortir. "On ne triche pas face à la mort, car la vie triche avec la mort." Quel genre de conneries avais-je encore pu sortir sous les effets de la peur ? Ces paroles m'étaient venues instinctivement, sans doute parce qu'elles rimaient entre-elles. Mais si on les lisait, elles n'avaient aucun sens. Depuis quand la vie triche avec la mort ? Si c'était le cas, j'aurais mieux fait de dire "Je triche avec la mort, tout comme la vie triche avec lui." Malheureusement, je ne pouvais plus réaspirer les paroles prononcées, il me restait juste à prier pour que personne ne m'ait entendu. Cependant, j'avais bien élevé la voix haut et fort pour faire mon fier, il était impensable que mon adversaire ne m'ait pas entendu. Je pouvais seulement espérer qu'il ne s'aperçoive pas de l'incohérence dans mes paroles. Il fallut également que mon ami rebondisse sur mes erreurs pour les entourer en gras. Ce dernier ne pouvait s'empêcher de se moquer de moi, il refusait de louper ne serait-ce qu'une seule occasion pour m'enterrer encore plus bas que là où je ne l'étais déjà.

" Bien dis gamin ! Il s'agira sans doute des plus belles paroles de ta vie, haha !

Parfois je ressentais une envie de le frapper, mais lorsqu'il avait raison comme cette fois là, je ne pouvais que me taire. Même mon kuchiyose qui était supposé me servir était plus fort que moi. Surtout que ce n'était pas l'une des premières bêtises que je sortais, j'en avais dis bien d'autres de paroles idiotes et dénuées de sens. Je comprenais très bien ce qu'il voulait me dire, il m'expliquait clairement que notre adversaire était puissant et que ces âneries risquaient fortement d'être mes dernières paroles.

- Merci, mais un jour, ne dis rien et fais moi juste oublier ta présence. Si notre ennemi est si fort, pourquoi ne reprendrais-tu pas ton sérieux et n'arrêterais-tu pas tes plaisanteries sans goût ? Pff..

- Huhuhu.. Mais je suis sérieux Uka. Enfaite non, tes paroles sont vraiment lamentables, mais ton courage est tout à fait admirable. Je te félicite, juste pour cette fois-ci. "

Pardon ? Pourrais-tu répéter ? Redis-le encore une fois ? Mais aucun mot ne sorti de ma bouche tellement que j'étais surpris. Il venait de me complimenter sans idées cachées derrières ? Si dans un sens c'était réjouissant, dans un autre j'étais inquiet pour lui. S'il voulait me dire des mots doux pour me rassurer, c'était malheureusement raté. Je préfèrerais encore qu'il se moque de moi comme il en avait l'habitude, je serais beaucoup moins stressé. Au lieu de cela, ses paroles ressemblaient à un mauvais présage, comme les croassement tout dégoutants des corbeaux. Pendant quelques courts instants, j'avais le regard sur l'ennemi mais l'esprit ailleurs. Malgré tous les efforts que je faisais, je restais très maladroit et inconscient sur un champs de bataille. J'étais hors de sa porté, il ne pouvait m'atteindre, et trancher dans le vide ne l'aidera pas plus. Mais il s'agissait de là d'une grave erreur de ma part. Depuis le regard perçant de l'aigle, il voyait bien que l'homme préparait quelque chose. Même s'il n'avait pas put entendre ses dernières paroles qu'il avait prononcé, il le voyait sourire ce qui ne présageait rien de bon. Si la technique était invisible, il ressentait le tranchant de l'air se rapprocher à grande vitesse. Je m'en suis rendu compte trop tard, lorsque je lui hurlais de s'éloigner et vite, la lame était juste à côté. Mais au dernier instant, l'animal n'eut aucun réflexe de s'écarter, mais bien au contraire il resta immobile dans le ciel et forma un sceau sur sa poitrine pour absorber de justesse cette attaque invisible. C'était cependant un peu tard, quelques unes de ses plumes tombèrent doucement au sol, mais aucun de nous deux n'était blessé. Intérieurement je respirais une grande bouffée d'air.

" OY ! Gamin perds pas de vue ton adversaire ! Regardes mes plumes ? La faute à qui hein ? Espèce d'imbécile ! "

Il se plaignait toujours, mais je lui en devais vraiment une cette fois-ci. Ce n'était sans doute pas pour moi, il m'aurait volontiers laissé crever, mais j'étais sur son dos, or il devait bien sauver son plumage.. Néanmoins quelle était cette étrange attaque ? Nous nous mîmes à voler en cercle dans le ciel toujours plus haut. Le but étant éviter une nouvelle attaque, mais cette fois-ci j'étais prêt à me défendre par moi-même, bien encré sur mes gardes. Il était hors de question que je ne dissipe mon attention ailleurs encore une fois. L'aigle semblait perplexe, son regard perçant ne quittait plus sa cible.

" Ce n'est pas du chakra que je ressens dans le sceau, mais quelque chose d'autre encore. Je dirais de l'aura.. Cet homme est un samurai, mais que fait-il ici ?

- Samurai.. Oy ! Monsieur le samurai, que faites-vous ici ? Pour quel village travaillez-vous ? Non, vous ne faites parti d'aucun village, n'est-ce pas ? Dans ce cas, qu'est ce qui vous a amené jusqu'ici ? Qu'est-ce qui vous a poussé jusque-là, jusqu'à tuer un pauvre malheureux ? Êtes-vous un simple déserteur qui voyage entre le vent ? Mensonge, n'est-ce pas ? " Demandais-je d'un air calme, même si en réalité ce n'était que du bluff.

Si je ne pouvais pas le battre, je devais essayer de tirer au moins un minimum d'informations de lui pour ne pas rentrer les mains vides au village. J'aurais préféré discuter autour d'une bonne tasse de thé, mais ce n'était plus vraiment possible. Il n'avait pas l'air très coopérant avec ce casque tout noir, je devais d'abord lui montrer qui était le plus fort pour qu'il accepte de me supplier à genoux de le laisser vivre, mh.. Il était aussi très probable que les rôles s'inversent. Néanmoins, si mon adversaire mise sa vie lors d'un combat, j'avais pour devoir d'en faire de même. C'était un minimum de respect que je lui devais. Alors je commençais à former des mudras, pour ma prochaine offensive, ou plutôt défensive selon ses réactions ou ma réaction.

Batz

Batz appréciait le vol de sa lame vers l'oiseau qui portait le jeune-homme et laissait passer un sourire tandis qu'il voyait celui-ci parvenir à l'esquiver de justesse, y laissant quelques plumes au passage. "Hé hé", laissait-il échapper devant cela. Il rabattait son épée sur l'épaule à ce moment, en se demandant si cela suffirait à éloigner le jeune-homme définitivement cette fois. Il ne pouvait pour le moment que rester à observer, car la distance ne lui permettait pas de faire mieux ou d'entendre la conversation que le shinobi avait avec sa créature. Batz perdait en effet déjà de cet entrain sanglant qui le caractérisait, l'adversaire qui lui faisait face ressortait si peu de violence, qu'il n'éprouvait plus l'envie de lui faire couler son sang, il se contenterait de se défendre et de le tuer s'il persistait, du moins, c'est ce que Batz imaginait.

Il voyait ensuite cet oiseau faire des cercles dans le ciel au-dessus de lui, comme une sorte de formation qui serait capable d'esquiver une prochaine attaque. Batz considérait cela assez malin, de là où il était sa technique ne pourrait l'atteindre, du moins, pas aussi simplement que la première. Mais était-ce réellement nécessaire ? Batz en doutait, et son casque, lorsque le jeune garçon entamait une conversation, cela sonnait pour Batz plutôt comme une négociation ou une temporisation. Le samouraï restait sur ses gardes bien sûr, et il se disait que si le jeune garçon avait commencé par cela, ce début de combat aurait pu être évité. Déjà, il avait comprit Batz était un samouraï, était-ce seulement par l'épée ? Cette déduction serait assez peu probable vu que beaucoup de shinobi utilisait des sabres, de même qu'avec la technique utilisée, cela ne suffisait encore à cette conclusion. La projection de vent était en effet elle aussi souvent utilisée par les Shinobis, cela ne pouvait donc être que de la sensorialité qui venait soit de lui soit de l'animal qui le portait et Batz prit bien note de cela. La série de question suivait, et le ton qu'employait le jeune garçon suggérait à Batz qu'il était peut-être moins dangereux qu'il ne voulait le paraître, alors, malgré lui et son instinct qui le lui suggérait, il se laissait aller à un risque. Il retirait son casque pour dévoiler son visage à nouveau. Il ne souriait pas, mais montrait un visage moins agressif tandis qu'il avait le sabre dans une main et le casque dans l'autre. Sa voix se fit grave et roque naturellement, parce qu'elle devait porter jusqu'à la hauteur du jeune garçon.

-Je ne suis pas déserteur, je n'ai pas de village et je n'en ai jamais eu. L'homme que j'ai tué tabassait le petit garçon parce qu'il avait volé du pain. Et personne en ce monde n'a le droit de battre un enfant parce qu'il a faim. Je suis ici pour trouver un médecin capable de soigner quelqu'un que j'aime beaucoup. Mais toi ! Redescend et viens me parler à ma hauteur. Si c'est parler que tu souhaites je ne te boufferais pas. Mais je te préviens je suis sur mes gardes pas de coup fourré.

Après un si long voyage en solitaire, ce fut la première qu'une personne tentait réellement un dialogique avec Batz sans attendre quelque chose de lui ou pour vouloir le tuer, en tout cas lorsqu'il s'agissait de Shinobis. De même qu'il était fatigué et devant l'innocence qui émanait de ce jeune garçon, il avait maintenant du mal à se résigner à le tuer. Ce n'était pour lui à ce moment qu'un test, sans qu'il ne connaisse d'avance le résultat, mais qui sait, jamais un shinobi n'avait pu donner son avis à Batz sur la maladie de Laya, alors peut-être que celui pourrait le faire. Ce revirement soudain de situation aurait pu paraître étonnant, mais alors que Batz regardait vers les hauteurs, sans perdre son faciès méfiant et sanglant, intérieurement, sans qu'il ne puisse s'expliquer pourquoi, quelque chose lui ordonnait de ne pas en venir au sang avec ce jeune garçon, une simple voix innocente, le simple fait que quelqu'un s'intéresse à lui peut-être, sans attendre de retour, comme une protection ou autre chose.. Parfois il y a des choses qui ne s'expliquent pas c'est comme ça, il faut juste en profiter. Et si le jeune garçon comptait profiter de cette occasion pour reprendre l'offensive, alors il réveillerait la bête primitive que pouvait être le samouraï noir, mais cela, il le savait sans doute déjà.

Ainsi il était un déserteur depuis le jour de sa naissance. N'était-ce pas triste ? De venir au monde, mais de n'avoir aucune maison où rentrer, aucun foyer où se sentir chez-sois. En quelque sorte, il attirait la peine lorsqu'il énonçait la cruelle vérité avec tant de légèreté. Mais qu'est-ce que je m'imaginais là ? De la pitié pour cet assassin qui n'avait pas hésité un instant à tuer un pauvre homme ? Ce monde n'était que désert et chaos, je n'avais pas à me questionner sur les raisons fondamentales de l'homme. Qu'il s'agissait à cause de son environnement, ou simplement de sa faiblesse d'esprit qui l'a poussé à devenir quelqu'un de si dangereux ne me concernait pas. Peut-être que s'il était né dans une autre période les choses seraient différentes, mais ce n'était qu'une idée fantaisiste. La seule réalité était qu'il avait tué un homme, ce qui faisait de lui un assassin, ce qui m'obligeait moi de le poursuivre afin d'exécuter mes devoirs en tant que shinobi. La façon dont il me présentait les évènements différait totalement de la manière dont je voyais les choses, pour moi il avait juste tué un innocent. Alors que pour lui, il avait sauvé un innocent. Peut-être que finalement derrière cette armure de brute épaisse se trouvait un cour noble ? Naïf, qui me permettrait de le ramener au village pour me débarrasser de cette mission sans avoir à le combattre ? Finalement la situation n'était pas si catastrophique, j'hésitais encore un peu à m'éloigner de mon kuchiyose qui représentait mon seul moyen de survie, mais si mon adversaire avait accepté de relever son masque, je me devais d'en faire de même.

" Reposes moi.. Et tiens-toi prêt, si ce dernier tente de faire quoique ce soit, viens me rechercher. Au moindre signal que je pourrais te faire, n'hésites pas à faire tomber une pluie de kunais avec des parchemins explosifs sur lui, même si je suis encore sur les lieux.. Je saurais me débrouiller, ne t'en fais pas. Chuchotais-je à l'aigle.

- Ho ? T'es sûr de toi ? La dernière fois que tu m'avais demandé un truc pareil, j'ai pris ton clin d'œil pour un signal et je t'avais bombardé de parchemins explosif comme demandé, et tu n'avais pas vraiment réussi à t'en sortir.. Ou du moins très mal et tu t'es toi-même retrouvé K.O.. Demandait le volatil tout en riant.

- Ntch.. Tu es obligé de me le rappeler ?.. Finalement, laisses tomber la pluie d'explosion et viens juste me chercher, ça fera aussi l'affaire.. Répondis-je d'un air énervé.

Cet animal faisait tout pour m'énerver, même dans les pires moments. Cette fois-là, il avait pris un plaisir à tout me lancer en pleine figure alors qu'il savait parfaitement que le clin d'œil était destiné à mon interlocuteur..

- Oké, on descend ! "

D'un battement d'ailes, il redescendit au sol à grande vitesse.Une fois que j'avais les deux pieds au sol, il recula un peu pour que je puisse me rapprocher de l'homme tout en gardant mes distances. Cet homme cherchait un médecin, voilà une information fort intéressante. Il aurait donc une maladie incurable ? C'était comme s'il se jetait dans la gueule du loup. Avec un peu de chance je pourrais lui faire avaler deux ou trois petits mensonges qui pourraient le convaincre de venir au village avec moi. À partir de ce moment là, j'aurais atteint mon objectif en livrant aux forces de sécurité ce déserteur. Après, ce que je craignais était que je ne parvienne pas, ni moi ou un autre collègue à le maîtriser et qu'il ne fasse trop de dégâts une fois dans l'enceinte de Kumo. Pour l'instant, je devais cerner ses objectifs et tenter d'en apprendre d'avantages. Il s'agissait de la meilleur façon pour moi actuellement d'éviter le combat. Je me pris un air décontracté afin de cacher toute angoisse, puis, je me mis dans la peau de mon personnage pour jouer le jeu.

" Parce vous aimez manger de la chair humaine ? Demandais-je en plaisantant pour détendre l'ambiance — en espérant qu'il s'agissait vraiment une plaisanterie. Je ne ferais aucun coup en traitre en espérant que vous en fassiez de même. Il est vrai que nous les shinobis aimons les armes, mais uniquement dans les règles du combat, n'est-ce pas pareil pour vous, Samurai-san ? Vous disez que "personne dans ce monde n'a le droit de battre un enfant qui a faim", c'est votre point de vue et je ne m'y opposerais pas. Mais dans ce cas, aurait-on a le droit de tuer un homme qui travaille dur pour gagner sa vie afin de pouvoir manger ? Chacun voit les choses de manières différentes, et c'est doute ainsi que les conflits éclatent alors qu'ils ne devraient pas avoir lieu.. Terminais-je par un haussement d'épaule.

En réalité, je m'en fichais vraiment pas mal de qui meurt et pourquoi, ou si quelqu'un avait le droit ou n'avait pas le droit, ça ne me concernait pas plus que si une explosion avait lieu à Konoha. Tout ce qui m'intéressait était la survie de ma petite personne, et le maintient de mon paisible quotidien. Je n'étais pas celui qui écrivait les droits de l'homme, alors faites comme bon vous semble tant que ça ne m'atteignait pas. Néanmoins, si il était capable de sortir une telle phrase, il pouvait être en mesure de comprendre les miennes. Ou du moins, si on suivait sa logique, un homme qui battait un autre pour reprendre sa nourriture avait le droit à la vie également, n'est-ce pas ? Je cherchais avant tout à l'amadouer derrière ces belles paroles — si elles étaient vraiment belles, j'en avais le doute en m'imaginant le sourire moqueur de l'aigle derrière moi.

Le monde de paix n'existera pas, pas tant que des hommes tels vous ou moi existeront. Nous étions tout juste entrain de nous battre, c'est un bon exemple. Même si derrière nos actes, nous avons chacun notre objectif.. Pourquoi cherchez vous un médecin ? Cette personne, quelle maladie a t-elle ? Où se trouve t-elle ? En apprenant à connaître votre objectif peut-être pourrais-je vous aider ?"

Batz

Batz patientait, l'épée sur l'épaule et le casque à la main sous cette pluie battante, il patientait pour que le shinobi qui le poursuivait prenne une décision, il avait l'air de discuter avec son oiseau pendant quelque instants, ce que laissait entendre à Batz qu'il hésitait à moins qu'il ne prévoyait un plan à mettre en oeuvre. Il ne savait pas vraiment pour le moment, et se contentait de se tenir prêt au cas où le jeune-homme entreprendrait la moindre fourberie. Le guerrier noir était sincère, il souhaitait discuter pour une fois plutôt que de tâter de l'épée, et il savait que s'il faisait trop de grabuge, cela pourrait causer des problèmes à Snow qui se trouvait déjà depuis quelque temps à Kumo. Malgré tout, il commençait à s'impatienter, la conversation que le shinobi entretenait avec sa monture commençait à lui paraître longue. De là où il se trouvait, il avait surtout l'impression que le shinobi se disputait avec son invocation, mais il ne pouvait jurer de rien... Quand enfin, il entendit le cri de celui-ci pour signe d'approbation. Il acceptait de discuter plutôt que de frapper, la nouvelle était bonne, et Batz en souriait, ce sourire avait ce côté malsain malgré lui, alors qu'il ne cachait de misérable, c'était hélas le visage de Batz qui lui faisait défaut dans ces moments-là.

Il laissait enfin le garçonnet s'approcher, bondissant de sa monture jusque devant lui, il avait l'air d'éprouver des difficultés à paraître à l'aise, mais Batz n'en tenait aucune rigueur, à tel point que pour preuve de bonne foi, il rengainait l'épée dans le dos pour n'avoir plus que son casque en main. Batz restait assez haut, il toisait l'enfant malgré lui, non pas l'aura qu'il dégageait, mais simplement parce qu'il était plus grand, et quand l'enfant tentait sa blague sur le cannibalisme, Batz ne pouvait s'empêcher de lâcher un petit sourire qui ne laissait pas entendre s'il s'agissait d'une plaisanterie ou non.

-Uniquement en cas de disette tu n'as rien à craindre.

S'en suivait un discours qui avait le ton de l'enfant qui s'essayait maladroitement à la psychologie et la philosophie, mais semblait pourtant à Batz bien plus profond qu'il ne se laissait paraître. Les considérations du shinobi se laissaient sans interruption dans le silence de Batz qui se figurait plus intéressé qu'il ne l'aurait cru parce qu'il disait. Ce genre de discours, de dialogue, il l'avait eut déjà de nombreuses fois, et bien que froissant le regard de temps à autres à certains mots, il n'était pas entièrement en désaccord avec lui. Le seul problème était qu'il semblait poser des questions aux quelles il faisait déjà les réponses. Le visage de Batz se durcissait donc, froissant les arcades, comme s'il analysait plus intérieurement la tirade bucolique d'un enfant qui avait trop de maturité pour son âge, tout en se perdant sur des considérations idéalistes certainement enfournées de force dans sa caboche avant même la connaissance de l'usage des armes. C'est alors qu'avant qu'il ne reprenne, Batz le coupait de sa voix grave, et roque, perçant de son unique oeil qui le fixait en travers son regard innocent.

-Je suis né avec une épée, je ne connais ça, on ne m'a jamais donné le choix d'aimer ou non les armes. Je suis une arme alors j'agis comme une arme. L'enfance se protège, l'homme que j'ai tué brandissait un bâton pour frapper, s'il était prêt à frapper un enfant désarmé avec il devait être prêt à être tué par un homme qui avait une épée pour le calmer.

L'enfant reprenait, et ce qu'il ajoutait laissait Batz dubitatif. Pourtant il n'allait pas se renfrogner pour autant, maintenant qu'ils en étaient tous les deux au soliloque il n'allait pas y mettre fin d'un coup d'épée pour une simple divergence d'opinion. De plus, cela résonnait d'une certaine manière dans Batz, tout ce qu'il disait, comme si, l'enfant sans le savoir avait à peu près tapé juste, sinon très proche des sujets qui savait assagir la bête que pouvait être Batz. Alors quand le guerrier en armure répondait, c'était cette fois avec plus de docilité, quoi que lorsqu'il évoquait les raisons et les motivations de sa présence, les images qui défilaient dans son esprit, souvenirs impérissables dont il aurait pourtant hardiment désiré se délester lui soulevèrent un instant les tripes et sa mâchoire s'en crispait. Ce n'était pas tant la faute du shinobi, et il ne le lui reprocherait pas, c'était seulement comme ça et il n'y pouvait rien.

-Ce n'est pas parce que des hommes comme toi et moi existons que le monde ne sera jamais en paix, mais parce que le conflit a une raison que nous ignorons et dont nous ne pouvons nous soustraire, tous autant que nous sommes. Tout est confrontation, nous ne sommes que les instruments d'un jeu qui nous dépasse toi et moi et tout ceux qui portent les armes. Si tu cherches la paix, mon pauvre garçon, tu es voué à l'échec... J'ai besoin d'un médecin pour sauver une femme. Elle a été emporté dans un trou, durant la destruction de Kiri. Je ne crois pas que tu y comprendrais quelque chose, mais sait-on jamais si tu connais quelqu'un. Elle est tombée dans un endroit d'où viennent les démons et les esprits et elle seule ainsi que son mari savent ce qu'ils y ont vu. Elle en est ressortit...

Mais il ne pouvait terminé...

-Elle n'est simplement plus elle-même. C'est son esprit et pas seulement son corps qu'il faut soigner.

Suite à mes paroles qui se révélèrent quelque peu maladroites malgré la bonne forme que j'essayais de leur donner, mon interlocuteur afficha un étrange sourire qui me fit froid dans le dos. Je sentis pendant quelques instants des frissons me monter le long de ma colonne vertébrale jusqu'au cou, me rendant encore plus tendu que je ne pouvais l'être déjà. Il devait s'amuser à m'effrayer autant, il lui suffisait de faire un seul mouvement avec son sabre rien que pour le mettre au dessus son épaule, pour que je m'apprête à m'enfuir en courant sur le dos de mon aigle. À plusieurs reprises de la conversation, je fis quelques pas en arrière instinctivement pour rester sur mes gardes derrière ce sourire charmeur sur mon visage. Je finissais pas me convaincre moi-même que mon interlocuteur ne pouvait pas être bien dangereux. Ce sourire pouvait avoir l'air malsain, sombre, psychopathe et totalement fou comme il avait fait preuve d'aucune pitié en tranchant en deux un pauvre civile, mais peut-être que ce n'était qu'un simple masque pour cacher le visage d'un voyageur solitaire. C'était sans doute une piètre image que j'inventais de ma propre imagination, néanmoins je m'efforçais à y croire, comme pour tenter de me rassurer moi-même — allez mec, si tu ne sais pas sourire ce n'est pas bien grave, je peux t'apprendre, hein ! Hahaha.. Je suis aussi très bon blagueur, si tu veux des cours sur la comédie, reviens me voir quand tu veux ! Quoique..

" Je vois, uniquement en cas de disette. Enfin, c'est tout à fait naturel pour un homme de manger pour sa survie. " Disais-je avec un petit soupire naturel pour accompagner le ton calme de ma voix.

Il existait sans doute des petites variations et tremblements dans mes paroles, mais je préférais juste faire semblant de ne pas m'en apercevoir. En même temps que je parlais, je voyais des petits froncements naître sur son visage qui me faisaient comprendre que nous partageons pas la même longueur d'onde. Ce qui me fit sentir légèrement mal à l'aise, souvent la raison pour laquelle je préfère boire un verre avec des potes qui ont les mêmes idéaux que moi ou qui pensent pareil. Une légère perle de sueur découla le long de mon front sans vraiment que je m'en rende compte, témoignant de mon état intérieurement. Ses paroles me firent regretter les miennes, dans quel dialogue me suis-je engagé encore une fois ? Je pensais jusqu'à maintenant que les enfants n'ayant jamais eut le choix sur leur avenir étaient de pauvres créatures qui finiront leur vie misérablement, mais à travers cette pensée, je n'avais jamais cherché à comprendre ni même à aller plus loin. À présent, je me rendais à quel point ces machines de combat crées par l'homme pouvaient effrayantes. Devais-je m'excuser et lui donner une tape dans l'épaule tout en lui disant que tout ira bien, un peu d'huile et tous les dysfonctionnements seront réparés — blague nulle.

Sans même m'en rendre compte de mes erreurs de jugement, aussi bien sur nos différentes opinions ou bien ses pensées intérieures, je poursuivais mon monologue sans savoir m'arrêter. Je le voyais faire une sale figure, peut-être aussi effrayante que lorsqu'il avait essayé de faire un doux sourire. Je commençais à comprendre la personne qu'il était réellement. Si moi j'avais du mal à maîtriser mon corps pour le combat, à le rendre souple pour faire mille et une girouette, ce dernier avait du mal à sourire aussi naturellement que la plupart des personnes. Peut-être qu'il voulait prendre un air plus sincère, mais à cause de peut-être certaines douleurs dans la mâchoire avait-il des difficultés ? Sans doute qu'il n'était pas très doué pour contrôler les expressions sur son visage, et chaque fois il affichait une très mauvaise figure encore plus effrayante que celle des clowns de mon enfance. Je continuais malgré tout à montrer un léger sourire que je m'efforçais à conserver. Non, je ne le narguais pas, je voulais juste rendre l'atmosphère la plus agréable possible malgré mes craintes ou les différences qui nous séparent. Je voulais juste éviter de déboucher sur un véritable combat à mort, car malgré tout, ce n'était pas forcément plaisant de mourir lorsque l'on appréciait pas la douleur. Intérieurement, je pouvais inspirer profondément ne sachant plus quoi répondre. Le convaincre de me suivre jusqu'au village ? Au vue de son air, il y avait plus de chances qu'il pète une crise pour tout détruire, et je serais le premier à me faire arracher la tête pour lui avoir menti. Qui dans notre village serait un médecin des esprits ? On a peut-être un moine ou deux du temple de Hachibi, ou encore un vieux moine qui traîne dans l'Académie, mais aucun chaman qui n'existe. Avant même que je ne puisse reprendre la parole, mon aigle juste à mes côtés me coupa dans mon élan.

" Oy, cette femme ne s'est pas plutôt fait dévorer son âme par les démons ? Tout ce que vous dites sur la confrontation, la motivation des combats et toutes vos stupidités ne m'intéressent pas. Mais l'histoire que tu me racontes là m'a l'air bien plus intrigante.. Disait le grand aigle avec quelques rires. Je connais plutôt bien Kiri, ce village avec tous ses assassins de la brume comme on les appelle.. L'évènement dont tu me parles, je suis au courant également ou du moins j'en ai entendu les rumeurs. Les démons, les esprits, tout ce qui ne devraient pas être de ce monde n'apportent souvent rien de bon en refaisant surface, je dirais même qu'ils puent avec l'odeur de mort qui flotte autour d'eux. Ce que tu cherches n'es pas un médecin, cela ne sera pas suffisant pour ressusciter une âme morte ou disparue. Tu cherches au mauvais endroit par ailleurs, car ici il n'existe personne pour t'aider dans ta quête, à moins peut-être un nécromant.. Dis-moi, que représente cette femme à présent misérable suite à ce drame pour toi ? Elle a déjà un mari, tu n'as rien que tu puisses faire pour elle. Elle ne devrait même plus d'intéresser, si comme tu le dis, elle n'est plus elle-même mais bientôt un cadavre. Elle te fait plus de peines qu'autre chose actuellement, si tu l'oublies un poids te sera enlevé. Hu hu.. D'ailleurs, qu'en est-il de ce mari ? S'il a tout vu ce soir-là, ne devrait-il pas être plus en mesure de la sauver ? "

Je ne pu m'empêcher de rester bouche bé face à ce qu'il venait de dire là. Il venait d'une manière ou d'une autre de toucher des cordes sensibles et encore plus franchement que moi je ne l'ai fait, il était même à deux doigts de la provocation.

" Par ailleurs, ce n'est pas parce que toi tu tentes d'en sauver un autre que cela te donnes le droit de prendre la vie à autrui. J'ai une sainte horreur des petits hommes comme toi, qui se croit permit à tout avec seulement des excuses. M'en veux pas, j'admire cette force, mais à mes yeux, elle m'a l'air bien inutile à s'en prendre à plus faibles que soit. Tu es peux-être prêt à mourir, toi. Si ton misérable précepteur de merde incapable t'a éduqué d'une si mauvaise manière, mais sache que certains n'ont simplement pas le choix. Enfin, je ne sais pas pour ce boulanger, peut-être as-tu bien fait de le punir ? Mais pardonner est aussi une preuve que ce n'est juste de l'insensé, comme cela m'en a l'air là maintenant. "

Batz

Chargé du cauchemar, son cœur s'étiolait
Victime du passé, le regard arraché par le bas
L'enfer était sa demeure, les moutons y paissaient
Et son souvenir y demeurait, par regard, à ce bâtard
Le verbe de Uka le portait au mal et à la folie,
il se rappelait ses erreurs, sa bêtise et ses envies.

Ainsi le souvenir, Il n'est pas de plus grande douleur que de se souvenir des temps heureux dans la misère. C'est ce qui, par malheur aux hommes, les rattachent le plus à la terre.
Mais la vérité subjuguait l'ignorance, laissant le silence et la glace pour formuler l'indifférence. Le cœur de la belle qu'il avait convoité, femme d'autrui, fruit interdit, il la perdit dans les tréfonds d'un abîme, et son cœur avec elle y fut perdu. Car de l'adultère il s'était rendu coupable, et par cela, ne pouvait se résoudre à pourfendre le véritable responsable. Snow le mari offensé, mais aussi le mari bafoué et marqué, ami de ces jours, unique personnalité aimante, portant en sein le sang du sacrifice, pour Batz, qui n'avait aucun droit de vengeance.

Et si son âme fut dévorée par les démons, n'en était-il pas lui-même un, sombre démon, celui qui avait chevauché l'enfer à coup d'éperon, qui avait tranché le mal et franchis L'Achéron. Souviens toi de cette nuit Batz, c’est la promesse de l’infini. C’est une promesse qui vient récompenser le courage de ceux qui ont affrontés seuls tant d’années. C’est la preuve de la confiance entre deux êtres qui est le fondement même de l’amour. C’est un effort de volonté pour oublier et s’affranchir des peines du passé. C’est un serment qui lie deux âmes à l’exclusion de toute autre. C’est le symbole d’un risque assumé et la reconnaissance des défis à venir. Car à deux on est toujours plus fort, comme un équipage soudé pour surmonter les tempêtes du destin. L’amour sera toujours la raison d’être des humains et la force qui guide leur vie. Le plus important ce n’est pas cette cérémonie, elle ne sert qu’à montrer aux yeux du monde des sentiments déjà existants et des promesses déjà sellées au plus profond du cœur des mariés. Ainsi, à toi l'amant, Lorsque ta vue veut pénétrer trop loin dans les ténèbres, il advient qu'en imaginant tu t'égares. Et Là où les ressources de l'esprit s'unissent au mal vouloir et à la force, on ne peut trouver aucun recours.

Entendu de son malheur face au grand aigle qui se prophétisait lui-même en conseil sage, le guerrier noir s'afaissait sur lui-même, écroulé sous la vérité et le poids des maux infernaux.
Ses yeux dolents ont plaint mon cœur;
ils ont subi la souffrance des pleurs
et restent vaincus à jamais.
Pour désormais épancher la douleur
qui par degrés le conduit à la mort,
Sa voix devra crier son deuil.
Et puisqu’il se souvient que de sa Dame
j'aimais à vous parler, dames courtoises,
au temps qu'elle vivait,
à nulle autre ne parlerait
qu'à dame de cœur noble,
et dans les pleurs la chanterai,
car elle s'en est allée au ciel soudain,
laissant Amour en peine auprès de moi.

Complainte maladive, de l'homme qui jamais n'abandonne, et qui toujours l'épée à la main se bat. Il était celui qui repousse la mort, comme Orphée qui tire sa belle du Tartare. Mais l'aigle le fit douter, prendre conscience de la gravité. La belle Laya était peut-être perdue, jamais ne renaîtrait, son esprit était restée dans les tréfonds, et Batz se vouait à une quête sans cheminement, sans fin. Et le jugement du mortel, sur celui qui ne peut mourir, punit par la conscience et la culture de ceux qui pensent. Il redressa le regard téméraire, sur cet oiseau versatile, à timbre et verbe furieux et confiant. Parole sage mais ignorante, le guerrier noir gonflait au torse et au cœur.

-Et je suppose que tu es assez sage pour décider de ce qui est bien ou mal, juste ou injuste, triste ou heureux. Ta foi est aussi creuse que des convictions, si je grattais un peu, ce serait plat. Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'espoir que je ne peux pas en créer. Ce n'est pas parce qu'elle a un mari que je ne peux pas l'aider. Ce n'est pas parce que tu es shinobi que je ne peux pas te tuer. Et ce n'est pas parce que tu es arrogant que je dois te tuer. Mon volonté s'oppose ou s'accorde à la tienne, et c'est pareil pour tout, si tu avais vu ce que j'avais vu, tu ne penserais pas moins, et tu ne penserais pas plus. Crois-moi. Et si je ne peux ressusciter une âme morte, alors je lui en ferais une nouvelle !

Le chaos, est la forme d'ordre de la vie, le chaos est l'ordre, le paradoxe du monde, l'antagonisme du paradis et de l'enfer est ainsi, que la vérité se fait au verbe et aux actes, sans que les êtres qui n'ont pas de pouvoirs ou de force y puissent quelque chose.

" Stupide humain ! Te crois pas fort, 'spèce de faible ! Créé-toi tes stupides illusions de paix, mais ce monde n'est de toute façon qu'un enchaînement de désastre sur désastre — un désastre causé par l'homme, à savoir, vous-même. C'ptêt parce que je n'ai pas vu ce que toi tu as vu et c'est bien pour ça qu'il faut des gens comme moi pour te le rappeler ! Sinon, on court droit à notre perte si tous étaient comme toi, à charcuter tout ce qu'il voit et à brandir son sabre aussi férocement ! "

Je restais muet face à leur discussion, n'osant pas prononcer un mot au risque de diriger tous les regards sur moi. Étrangement, mon cher ami avait un don pour la parole bien plus convaincante que la mienne. Pourtant, il fallait mettre à terme à ce conflit, car j'étais là pour me battre en tant que shinobi, pour accomplir une mission et risquer misérablement ma vie. Cependant, l'écart de force était bien trop évidente, je n'avais aucune chance. À présent que j'avais quelques informations sur mon adversaire, il valait mieux pour moi rentrer, me rouler dans la terre et chuter d'un arbre pour feindre m'être battu avec dignité au point de revenir blessé. D'un ton beaucoup plus calme, sans doute parce que l'aigle avait parlé à ma place, je lui prononçais mes dernières paroles — ok, un peu de sérieux pour finir, sinon je perdais toute crédibilité et pour de bon.

" Mes excuses d'interrompre votre belle discussion, mais je pense qu'il est temps d'en conclure. Je ne vais pas me battre, je n'ai pas la force pour gagner, ni même suffisamment pour oser tenir tête face un homme tel que toi, je vais donc repartir. Cependant, ni moi, ni mon aigle, n'allons retirer ce que nous avions dis. Je méprise ta personne, je hais ceux qui tuent sans ressentir la moindre peine. Te crois pas malheureux, si tu souffres tant que ça, va avaler ta propre lame, mais ne prend pas la vie des autres. "

Puis, je me retournai affichant le dos face à mon ennemi.

" Je suis pleins d'ouvertures, ce ne sont pas les occasions qui t'en ont manqué. Alors, par simple respect, je te remercie de m'avoir épargné. Au revoir. "

Puis d'un coup d'ailes, il s'envola sur le dos de son compagnon.

HRP: