Suna, une ville où bientôt il s'en doutait, il ne serait pas le mieux vu, pourquoi, simplement par les actions de son clan. Il aimerait avoir plus de poigne pour recadrer Kira, mais ce dernier était tout de même son maître et il éprouvait du respect à son égard, même s'il lui arrivait de lui dire franchement ce qu'il pensait de ses actes.
Mais Amano avait besoin de réfléchir avant de lui parler de ce qu'il n'appréciait pas. Peut-être pour trouver les mots ou simplement pour trouver les bons arguments lorsque ce dernier lui prouverait par A plus B que se serait ainsi et pas autrement.

Souriant à l'idée d'avoir une nouvelle fois à heurter les pensées de son maître, le Kawaguchi passa dans les rues de la ville, flânant sans un but précis, sauf peut-être trouver un petit salon de thé pour se poser et réfléchir convenablement.

C'est en arrivant vers le centre ville qu'il aperçu son bonheur et s'approcha de l'entrée. Mais un enfant lui rentra dedans, sans qu'il ne le sente venir, trop absorber par ses pensées. Sous le choc, le platine étendit ses deux bras en avant pour retenir le gamin et éviter qu'il ne se heurte la tête la première sur le sol. Secouant son visage pour retrouver consistance, Amano le dévisagea. Il était vraiment jeune. Souriant, le Kawaguchi l'aida à se relever puis le môme se plaça derrière lui, tirant la langue à un ancien visiblement.

- Petit impertinent. Tu vas me rendre de suite ce que tu as volé.
- Même pas en rêve papy !

Et comme pour appuyer ses mots, l'enfant poussa Amano vers le vieil homme qui l'esquiva comme pour rire avant de retourner à la poursuite de son petit fils. Un rire s'échappa de la gorge du jeune homme qui se mis en tête de les poursuivre alors, renonçant à son petit arrêt thé. Il rattrapa bien vite l'ancien et le dépassa pour venir attraper l'enfant et le serrer contre lui, mais avec douceur.

- Alors mon grand, qu'est-ce que tu as pris à ce vieil homme ?
- Ca !

Fit fièrement le petit garçon en lui montrant un pendentif argenté où brillait une plume semblant être gravée au dos.

- C'est très beau. Mais pourquoi ne veux-tu pas la lui rendre ?
- Parce qu'elle appartient à papa et qu'il m'a dit qu'elle sera à moi quand je serais grand. Mais je suis grand !
- A n'en pas douter. Où es ton papa ?
- Il est en mission, c'est le meilleur des ninja mon papa tu sais m'sieur !
- Oui, j'en suis sûr aussi. Alors fait lui honneur et soit patient. Travail dur, et tu l'auras rapidement, ton précieux pendentif.
- Tu crois ?
- Bien sûr.

Tout sourire, le petit garçon se défit de l'étreinte presque protectrice du platine et couru vers son grand-père en lui remettant le médaillon. Secouant son visage, Amano s'étira et croisa un groupe d'enfants parlant de leur professeur visiblement. Un homme excentrique selon leurs dires. Tiens donc, un nouveau professeur dans l’académie et qui se fait déjà remarqué. Le Kawaguchi devint curieux et se mit à courir de toit en toit pour finalement l'apercevoir au coin d'une rue, du moins, si la description des enfants était véridique, ça ne pouvait être que lui.
Il sauta de son toit au sol, relevant le visage tout sourire devant l'homme qu'il cherchait. En le regardant mieux, un large sourire se planta sur ses lèvres. Il n'était pas observateur, mais un homme comme lui ne s'oubliait pas. Il s'amusa néanmoins à le vouvoyer.

- Excusez-moi, vous êtes bien un professeur de l'académie ?

Il avait l'air fier et sûr de lui, le platine, en observant son vis-à-vis. Il avait quelques questions à lui poser, comment en était-il arrivé là ? Il fallait qu'il l'invite à boire un verre et à lui raconter son histoire.

Rapidement, Amano reprit la parole, à peine une seconde après son arrivée et son interpellation :

- Ca fait un bout, Okita.

La réaction de son camarade fut égal à lui-même. Le temps passait si vite, il en avait aussi de son côté à lui raconter. Depuis ses missions puis ses pérégrinations, Amano avait non seulement changé, dans la mesure où il avait un tout autre but que de trouver son clan, puisque c'était maintenant chose faite, et aussi dans le fait qu'il suivait les ordres parfois douteux de son maître.

- Tu sais, en entendant les jeunes parlés tout à l'heure, je me suis pris à penser qu'il ne pouvait être question que de toi et je suis content de ne pas m'être trompé. Ca me fait plaisir de te revoir, je t'emmène boire un coup pour parler un peu ?

Joignant le geste pour montrer la direction du salon de thé qu'il avait croisé en cherchant à trouver son ami, le platine commença à faire quelques pas.

- Okita enseignant, je me demande bien ce que ça peut donner. Tu te plais au moins ?

Il n'aimait pas se mettre en avant, et même s'il était honoré d'être l'élève de Kira, il savait que ce dernier ne se faisait pas que des amis, de par son naturel en tous les cas. Néanmoins il se doutait que l'efféminé ne se satisferait pas de simple retournement de question. Aussi, en levant ses bras derrière sa propre nuque, il entama :

- Pour ma part, j'ai retrouvé une bonne partie de ceux que je cherchais, mais pas forcément vivant. Je me suis trouvé un un maître aussi, pour mieux me guider sur la maîtrise du Sunaton. Et... je crains un peu cette guerre pour être franc avec toi.

Sans entrer vraiment dans les détails, il attendrait des questions pour voir si Okita était un peu curieux ou non. Lui en revanche l'était à son sujet. Qu'est-ce qui avait poussé un jeune homme comme lui à devenir instructeur. Et... il fallait qu'il lui parle. Après tout, son cadet aurait son âge si sa mémoire ne lui faisait pas défaut.
Continuant de marcher avec l'espoir que son ami le suive, Amano songeait déjà au thé qu'il prendrait, bien chaud et surtout noir. Il adorait les thé noir, mais nature, sans rien pour en gâcher la saveur toute particulière. Peut-être prendrait-il quelques douceurs avec. Il ne faisait pas des missions juste pour le plaisir après tout.

- Ha... c'est moi qui invite !

Lança-t-il pour le motiver un peu plus à le suivre.
Son esprit s'évada en voyant voleter devant lui quelques grains de sable. Une pensée pour son maître qui devait avoir à faire un peu de paperasse, du moins le supposait-il, pour finaliser sa prise de pouvoir, ou quelque chose dans le genre. Peut-être débattait-il avec les anciens ou alors concoctait-il un nouvel entraînement plus douloureux que les précédents. Qu'en savait-il ? Hormis le fait qu'Amano souhaitait plus que tout le rendre fier de lui et l'aider, sans doute le changer un peu, il devait de rendre à l'évidence, pour l'instant, le Genin était trop faible.

Un sourire distrait se posta sur son visage avant qu'il ne se tourne pour voir Okita.

A sa remarque, Amano releva ses yeux et observa les différents humains. Seconde après seconde et parole après parole, son cadet le rassura bien malgré lui. C'était évident qu'il n'en laisserait pas un mourir sans lever le petit doigt pour eux. Il était né pour ça, il n'avait d'yeux que pour ça, être assez fort pour tous les protéger et se battre à leurs côtés pour les aider.
Une petite brise titilla les sens du platine qui clos quelques secondes son regard sous les derniers mots de réconfort de son ami.

- Je crois bien que je comprends.

Mais il avait tant à lui dire. C'était entre autre chose sa raison d'être resté à Suna aujourd'hui. L'entraînement de Kira était strict, mais nécessaire, sa prise de pouvoir avait été rapide, mais la guerre amenait souvent ce genre de changement, il fallait un guide pour un groupe d'individu, un guide qui serait soutenu envers et contre tous par quelques rares personnes de confiance.
Il croyait en lui, même s'il réprouvait certaines de ses paroles et actes. Il faudra bien qu'il trouve le temps de lui dire ou de lui faire comprendre que ce qu'il entreprend parfois est un peu injuste, mais y parvenir sans le brusquer serait...

- Difficile...

S'échappa de ses pensées par ses lèvres...
Ses yeux semblèrent si loin qu'il perçu tout juste les derniers mots d'Okita.

- Ha ! Super... viens alors !

D'un clignement d'oeil, il évacua toutes ses questions et saisit le poignet de son ami pour l'inviter à le suivre dans une petite course légère, avant de rapidement le lâcher pour lui donner la liberté de le suivre comme bon lui semblait.

- Celui-ci est le meilleur du coin... tu verras !

Un sourire comme il en avait souvent, pour oublier et pour faire plaisir, Amano prit place à une table avant de lever ses yeux vers le ciel toujours imperturbable en cette saison.
Comment lui annoncer ? Par quel bout commencer ?
Il lâcha un soupir puis croisa ses mains, coudes posés sur la table, avant de reprendre.

- Je suis bien heureux de te savoir en paix avec toi même... enfin... c'est comme ça que j'ai ressentit tes mots tout à l'heure, par rapport à ton poste. Par contre, je suis navré de te dire que je me ferais éternellement du soucis pour toi.

C'est les yeux clos qu'il parlait, comme pour ne pas subir un quelconque regard désapprobateur. Maintenant qu'il avait entamé les hostilités, il lui faudra bien lui parler de ce petit détail tellement important pour le platine.

- Il faudra que tu me rejoue un morceau un de ces quatre au fait !

Une fois encore, il fuyait. Il était le premier qu'il retrouvait alors, forcément, ça avait une importance trop grande pour lui. Surtout qu'Okita était son cadet.

- Excuse-moi... c'est pas dans mes habitudes de passer du coq à l'âne. Je suis pas du genre à hésiter et encore moi à reculer mais... c'est un peu étrange...

Ses yeux s'ouvrirent alors, brillants. Les mots qu'il tenait tant à lui dire ne voulaient pas sortir pour le moment. Il lui faudra de la patience et peut-être parler un peu de tout et rien avant que ça ne sorte, ou qu'il ne trouve la bonne manière de lui dire.

Amano eu une réaction. A l'exacte opposé de ce qu'il attendait, mais, en l'écoutant attentivement, il reposa ses yeux sur lui et, plus les secondes s’égrainaient, plus il retenait son rire de s'échapper de sa gorge.
Il n'aurait jamais pensé qu'Okita puisse à ce point se méprendre sur lui. Que pouvait-on trouver de beau à un homme après tout ? Il n'y a pas de courbe, il n'y a rien à palper, et il jurerait que les hommes étaient incapables de faire des yeux de biche pour séduire.

La gestuelle de son cadet paracheva le tout, mais le platine le laissa finir avant de relâcher la tension accumulée et laissa son rire éclater. Oui c'est vrai, il pouvait parler librement avec lui. Il était à lui tout seul une bouffée d'air frais et rendait les situations compliquées pour le moins simple et drôle sinon détendue.

Redressant son visage et posant ses mains sur la table, il finit par se calmer et répondre alors pour stopper le quiproquo :

- Ha ! Non désolé, c'est pas du tout où je voulais en venir. J'aime les femmes aussi, et avec de belles formes. C'est plutôt une question familiale en fait.

Laissant un petit temps de pause, Amano se frotta la nuque avant de reprendre, tout en gardant ses yeux dirigés vers son ami.

- J'ai était fourré mon nez dans les papiers du clan Kawaguchi pour en apprendre plus sur ma famille proche... et il se trouve que nous sommes frères.

Sans trop savoir comment Okita prendrait la nouvelle, lui se sentait un peu gêné. Si seulement il avait demandé au tout début des informations sur son clan plutôt que partir tout seul comme un imbécile parcourir l'entièreté du pays du vent et perdre de précieuses années.
Faisant un signe à l'une des serveuses pour prendre commande, après tout, ils n'étaient pas juste là pour s'asseoir, sinon autant squatter un banc, le platine ne savait pas quoi ajouter de plus et attendait avec une anxiété palpable la réaction du plus jeune d'entre eux.

En repensant à son passé, à ses parents, leurs ennemis, la guerre et tout le reste, il se demanda comment il avait pu ne pas savoir avoir un petit frère. Peut-être que ce jour là, leur mère avait décider de protéger leur jeune progéniture en les envoyant à Suna, loin d'eux et de leur guerre intestine à cause d'elle et de son clan, qui, indirectement, avait fini par mêler les Kawaguchi par le biais de leur père.
Laissant son cerveau carburer sur des hypothèses tantôt réalistes tantôt complètement loufoque, Amano avait l'envie de protéger son cadet, plus encore qu'avant en sachant qu'il était son petit frère. Rapprochant ses mains de lui-même, Amano regarda ailleurs.

Amano avait tenté de s'imaginer la réaction de son frère, mais ce qu'il entendit, et par la suite ce qu'il vit le laissa sans voix. Il était incapable de lui dire quoi que se soit ni même de le retenir. Qui pourrait accepter une vérité si abrupte ? Qui pourrait croire que derrière ces années de souffrances solitaire il y avait une famille qui l'avait aimé et avait cherché à le protéger ?
Chacun de ses mots furent comme des lames acérées plantées dans son cœur qu'on ne pourrait plus jamais ôter. Lui qui pouvait garder un certain contrôle de soit se sentait complètement désemparé. Il eu beaucoup de mal à déglutir et plus encore en le voyant partir, s'éclipser au loin.

Inconsciemment, son bras gauche s'était tendu devant lui, comme pour vouloir le retenir, le rattraper, mais rien ne voulait bouger plus, il restait ainsi à table, observant maintenant l'argent qu'il avait déposer puisque sa silhouette avait disparue.

Ses lèvres remuèrent mais aucun son ne voulu en sortir non plus. Son corps représentait bien la douleur de son esprit, et pourtant un éclair traversa ses yeux et il inspira une grande bouffée d'air. Il avait oublié de respirer !

Son bras tendu se relâcha et la main se serra en poing qui vint frapper la table à en faire se retourner toutes les personnes présentes dans le salon de thé. A son tour, il posa de quoi honorer la commande tout en buvant une gorgée du thé. Sa gorge était sèche et ses yeux tout autant.
Amano n'avait pas le droit de pleurer pour ça. C'était son frère, quoi que ce dernier en pense, quelque soit sa réaction, ça ne changera pas les faits, ni ce que voulait Amano. Retrouver sa famille proche s'il y en avait encore en vie. Il venait d'apprendre qu'Okita en faisait partit, alors, même s'il n'en voulait pas, Amano le surveillerait, le protégerait d'une manière ou d'une autre.

Se levant comme au ralentit, le platine manqua à plusieurs reprise de bousculer des passants jusqu'à ce qu'il s’appuie contre un mur dans une ruelle moins fréquentée. Sa tête bourdonnait encore mais il avait son esprit un peu plus clair. Il savait comment y remédier. Grimpant sur un toit, il sauta de l'un à l'autre jusqu'au terrain d'entraînement, désert à cette heure et après avoir inspiré profondément lâcha un cri qui aurait pu raisonner dans tout Suna. Il avait besoin d'évacuer, et ce cri de rage lui avait soulagé les pensées. Maintenant, il fallait calmer son corps et quoi de mieux que de s'entraîner. Il couru, frappa, sauta, puis il s'allongea face vers le ciel qu'il observa.

Posant son avant bras droit contre son front, Amano calma sa respiration.

- Tu es mon frère de sang, et ça veut dire quelque chose, quoi tu en penses... Même si on ne se revoit pas directement, je te promet de toujours veiller sur toi, d'une manière ou d'une autre. Je ne t'ai pas cherché tout ce temps pour baisser les bras si facilement.

On pourrait le prendre pour un fou à parler ainsi tout seul, mais c'était son exutoire.

Se relevant d'un bon, le fils du sable décida de trouver son maître pour lui poser quelques questions. Il devait savoir, lui, le maître des Kawaguchi et son propre maître, ce qu'il s'était passé pour que son frère, Okita, agisse ainsi en le repoussant.
Ils étaient amis bien avant ça, du moins, Amano l'avait cru, et le professeur savait qu'Amano était un Kawaguchi, alors pourquoi maintenant ?

C'était décidé, la plupart du temps, c'était Kira qui lui tombait dessus à l'improviste, cette fois, se serait lui qui viendrait à sa rencontre. Il s'aventura alors dans le désert, son territoire, celui de tous les habitants du pays du vent et, le regard porté droit sur l'horizon, se promit de trouver une personne digne de confiance pour lui donner régulièrement des nouvelles de son frère. Quelqu'un qui n'était pas un membre de leur clan, quelqu'un qui aurait une vision nouvelle de la situation.

Amano ne tirait définitivement pas un trait sur son petit frère.