Une entrevue risquée

On était en pleine journée, alors il n’était pas question pour Akane de faire un quelconque entrainement sur le terrain dans le village. Pourquoi vous parlez de cela ? Simplement par ce qu’en cette belle journée ensoleillée avec seulement quelques nuages, elle trainait du côté du terrain d’entrainement. Elle ne pouvait pas sortir du village officiellement, alors s’entrainer discrètement était assez compliqué. Elle ne se permettait pas en tant que Gogyou d’aller montrer ses talents à qui voulait bien la regarder. Elle préférait pour sa survie de rester discrète sur le sujet. Pour le moment, elle restait à marcher tranquillement ne faisant rien de réellement concret à regarder ceux de l’académie s’entrainer.

La jeune shinobi venait tout juste d’en sortir après tout. Elle n’avait fait que des misions banales et sans grand intérêt. Certes, elle maitrisait une technique que des débutants n’utilisent pas, mais elle se sentait encore si faible avec son rang de genin. Elle poursuivit son chemin machinalement un peu dans ses pensées, alors qu’elle vit un terrain d’entrainement occupé par une seule personne que personne ne semblait observer. Est-ce que cela était si inintéressant que cela ? Ca n’avait pas l’air pourtant, elle ne savait pas trop ce que cette personne ne faisant, mais en tout cas, elle la reconnut. C’était le détecteur de mensonge de Kumo, cette Hak dont tout le monde disait qu’elle était dangereuse. Etait-ce pour cela qu’elle était seule ? Elle n’était pas du genre à croire les rumeurs, mais davantage à se baser sur des faits et ce qu’elle ressentait. Elle avait eu de plutôt bonnes premières impressions ce soir-là lorsque la revenante tentait d’entrer dans le village. Elle ne savait pas tellement ce qu’elle était devenue d’ailleurs.

Akane avança jusqu’au bord du terrain et elle se posa contre un rocher non loin de-là pour regarder Hak faire ses mouvements. Elle se demandait bien à quoi elle pouvait bien s’entrainer, elle était plutôt du genre curieuse. Elle soupira doucement en patientant, mais visiblement, quelque chose la travaillait depuis un moment. Elle attendit patiemment que Hak avait fini avant de venir l’accoster. Ce n’était pas comme si elle était pressée après tout. Elle était en évidence, posée sur son rocher en tailleur, Hak viendrait si elle voudrait.

La jeune fille était habillée dans sa tenue habituelle noire avec des lacets rouges. Ce n’était pas tellement résistant au coup, ou encore très joli, mais c’était assez pratique et cela lui permettait de pouvoir se cacher. Son long col remontait sur la moitié de son visage, qui était la plus part du temps sans expression avec son regard glacé. Elle avait des yeux absents en se remémorant entre cette nuit où elle l’avait rencontré la première fois. Elle se caressa doucement son menton ne regardant pas ce que Hak faisait. Malgré tout ce que l’on pouvait dire ou craindre de la part de Hak, elle n’avait pas peur de la rencontrer. Elle n’était pas vraiment une menteuse, et elle ferait tout pour son village. Bien qu’elle ne soit qu’une genin, ce n’était pas ce genre de choses qui l’arrêtait, et sans doute que Hak l’avait deviné depuis cette nuit-là. Elle l’avait invité à venir la revoir pour apprendre à interroger quelqu’un, mais ce n’était pas que pour cela que la jeune fille était sur ce terrain d’entrainement. Elle avait de nombreuses questions, dont certaines accessible uniquement à cette femme.

Les yeux fermés, je m’étire calmement dans ma routine quotidienne avant de commencer mes quelques mouvements d’échauffement. Il n’y a rien de pire que de sentir progressivement pourrir et le calme environnant au village me donne pratiquement la notice. Le silence avant la Tempête d’après Shigeru. Comme si j’allais croire en ce ramassis de merde. La vérité, selon moi, c’est que nous essayons d’avoir le beau rôle dans cette guerre. Attendre d’être attaqué pour répondre, comme c’est encore le cas pour mon trio à Kusa. Tout pour se faire passer pour les plus idiotes des victimes qui se retrouvent obligées à se défendre. A croire qu’on a un intérêt particulier à le faire alors que, honnêment, on pourrait seulement débarquer au milieu de l’empire et massacrer tout le monde. N’importe lequel de leurs idiots qui tomberaient entre mes griffes ou celles de Raito serait là à cracher toutes les informations que nous pourrions vouloir avoir sans aucune retenue et avec le sourire. Soupirant calmement j’enchaîne une série de coups de pieds dans l’un des mannequins de mon terrain d’entraînement, frappant encore et encore avec toute la hargne de mon corps jusqu’à sentir le bois craquer sous mon pied et la tête de ce dernier partir à quelques mètres de là.

Génial, encore une partie de ce matériel merdique que je casse. Inspirant profondément, j’essaye d’en faire fit et continuer de frapper la pauvre chose avec acharnement, m’imaginant à chaque coup enfoncer mon pied dans la gorge d’un adversaire avec une force suffisante pour qu’il le sente dans son cul. Un coup. Un coup. Un coup. Encore un coup. La fatigue ne me connait pas. Les crampes non plus. Il n’y a rien de toute façon. Rien que des idiots – et en particulier la petite pétasse assise non loin. Akane – elle aura pris du temps pour me retrouver et venir enfin me chercher, et j’espère sincèrement qu’elle a muri dans le bon sens. Avec la quantité de débiles autour de moi dans ce village, une de plus ne me sert strictement à rien – sinon pouvoir avoir un mannequin qui résiste un peu.

Calmement, je soupire en arrêtant mon jeu de jambes magique et me tourne vers elle, lui adressant une salutation de la main et un sourire chaleureux. Mensonge de plus. Comme si elle pouvait s’en douter. Comme si elle pouvait passer outre moi. Petite pute. Elle dansera en accord avec ma musique, ou ne dansera pas du tout. Et ces pensées de vilaine fille me donnent presque des frissons de plaisir. Sera-t-elle aussi frigide avec moi qu’avec Yui ? Aussi têtue ? Ou bien se brisera-t-elle comme du verre bon marché que je pourrais écraser à répétition jusqu’à ce qu’il ne reste que poussière ? A force de mentir et jouer la gentille depuis le temps, les gens en viennent à m’apprécier, inconscients.

« Il t’en aura fallu des jours pour me trouver. Pourtant je suis presque toujours là… Et ce n’est pas comme si le village avait du mal à savoir où je suis. »

Remarque purement stupide, j’ai allègrement la possibilité de piéger ces cons dans mes illusions si l’envie me prend. C’est juste beaucoup trop barbant pendant l’entraînement, et je me complais de voir les gamins m’observer – combien même j’ai l’impression d’être la pire des connes à sentir leurs regards sur moi.

Akane regarda alors Hak dans son entraînement toujours avec son visage neutre, ferme tandis que ses yeux restaient de glace face à ce qu'elle voyait. Elle ne pipait mot de commentaires alors que Hak massacrait à coup de pied un pauvre mannequin innocent jusqu'à le démembrer totalement. Elle vit bien dans les coups de la charmante demoiselle une certaine rage, une haine qui devait s'exprimer. Sans doute que pour une arme, car après tout un ninja était simplement une arme qui seigneur envoyait combattre, attendre que le combat ne vienne était pire que le combat lui-même. Le shinobi se préparait à combattre jour après jour, alors combattre, blesser et tuer était ce qu'il attendait. La Gogyou n'était pas pleine d'illusion du combat juste, propre et loyal. Elle savait qu'elle devait être plus forte que l'adversaire, plus rusé que lui et vaincre pour que la cause qu'elle défendait avance au détriment de celle de son adversaire. C'était ainsi, mais contrairement à Hak, elle n'avait aucune haine. Chaque jour de plus qu'elle vivait était comme un petit miracle, elle voulait en remercier Kumo pour cela, et elle était prête à se salir les mains pour cela, mais elle ne vivrait pas dans la haine. Malgré qu'elle n'exprimait rien, elle ressentait parfaitement les choses. Elle était qu'une gamine commençant à peine à sortir de l'adolescence.

Akane était toujours en tailleur au-dessus de son rocher en équilibre avec les mains sur ses cuisses. Elle espérait ne pas déranger dans son entraînement Hak, et c'était pour cette raison entre autre qu’Akane préférait s'entraîner seule et en toute discrétion. Elle commençait à comprendre pourquoi les gens avaient peur ou se méfiaient de Hak. Derrière ces gentils sourires, une grande haine ou colère sommeillaient. Cela lui faisait penser à son frère d'adoption, Eiko, qui quelque part avait le même souci. Elle savait partiellement pourquoi son frère était ainsi, mais Hak ? Sans doute que cela ne la regardait pas tellement après tout, jusqu’au moment où elle risquerait sa vie à s’opposer à sa rage. Elle devrait sans doute le faire si Hak dépasse le cadre de la mission ou des intérêts de Kumo. Heureusement, elle n’était pas capable dans lire dans les pensées de Hak, car elle serait sans doute blessée de la façon dont la traite Hak dans sa tête.

Lorsque la jeune shinobi remarqua que Hak se tourna dans sa direction et interrompait son entrainement, elle se leva de son rocher pour se dirigeant tranquillement dans sa direction. Elle ne sembla pas réagir à son salut de loin, et ce ne fut qu’à quelques mètres d’Hak qu’elle s’inclina largement sans la quitter du regard, Hak était d’un grade supérieur après tout. Elle trouvait que le sourire chaleureux qu’elle affichait sonnait faux dans ce qu’elle avait vu à sa façon de frapper, mais peut-être qu’elle l’appréciait d’une certaine façon ? Elle ne savait pas trop, mais si elle était là, ce n’était pas pour gagner une amie ou un appuis, mais par ce qu’elle était intéressée par de multiples sujets à son propos, et qu’apparemment, Hak était curieuse de sa personne. Elle avait sans doute marqué des points lors de la nuit où cette Yui avait tenté de revenir.

« Salutation dame Senritsu, c’est un plaisir de vous revoir dans des circonstances sans doute plus agréable. »

Dit alors Akane de sa voix froide et monocorde habituelle. Elle se releva lentement alors qu’elle était encore dans sa posture désinvolte tranquillement toute droite avec les bras de chaque côté de son corps comme la nuit avec Yui.

« Je suis vraiment désolée, j’ai fait plusieurs entrainements plus ou moins solitaires, mais je dois bien vous avouez que votre invitation à vous retrouver m’a intrigué. Je n’aime pas trop dépendre des autres, même si je suis au service du village qui me donne tant. »

Akane croisa les bras dans son dos en reprenant rapidement la parole toujours dans la même posture et façon de parler.

« C’était bien la première fois que je tentais d’interroger quelqu’un, mais certains détails étaient troublant, mais si vous dites que cette Yui est une personne de confiance, alors tant mieux. J’espère un jour tenter de rentrer dans les services des renseignements, mais ma spécialité serait davantage la discrétion et la récupération d’informations. J’imagine qu’interroger des personnes et trouver la meilleure façon de l’amadouer ou de l’impressionner serait également une de mes tâches. J’imagine ue je n’ai pas l’air très impressionnante pour le moment, et dire que je suis une genin n’est pas à mon avantage également. Vous auriez peut-être des conseils ? »

Akane n’avait pas réalisé que Hak avait deviné le problème à propos de son nom de famille. Elle se protégeait comme elle pouvait après tout, elle se sentait toujours avec une menace de mort au-dessus de sa tête, mais cela faisait neuve années qu’elle aurait dû mourir, alors de ce côté-là, elle était satisfaite.

Je m’empêche calmement de grimacer devant l’appellation – déjà équivalente à celle de la dernière fois – de « Dame Senritsu ». Si j’avais envie d’être une bourgeoise pour être appelée de la sorte, je serais assise avec la connasse de vieille du clan de Dai à boire du thé et manger de petits gâteaux en réfléchissant à quel nouveau balai je pourrais bien m’acheter pour me l’enfoncer dans le cul et être coincée plus encore. Si je préfère me suer à l’entraînement dernièrement, il y a bien une raison non ? Toujours est-il que je lui réponds par un maigre sourire à ses salutations, consciente pour avoir vu la fraction de seconde affichée sur son visage stoïque que quelque chose la dérange dans mon comportement. A-t-elle des regrets pour le mannequin peut-être ? Vu comme ils sont tous les inexpressifs, ça pourrait potentiellement être son frère. Et puis, les circonstances sont-elles réellement plus agréables ? Tout au plus, elles sont plus ennuyantes selon moi.

« Tu n’es pas obligée de faire preuve d’autant de respect vis-à-vis de moi. Si je respecte mes supérieurs, je mets tous les autres sur un pied d’égalité avec moi. Tu peux allègrement te contenter de me tutoyer. »

Penchant légèrement la tête sur la gauche, je ferme les yeux dans un petit sourire avant de reprendre une posture plus normale pour la suite de la conversation. Putain que c’est chiant. Moi qui espérais quelque part qu’elle joue à la vierge soporifique, je me rends rapidement compte qu’elle n’est que ça – si peu d’émotions, si peu d’intonation, si peu de quoi que ce soit avec quoi jouer. Elle me ressemble, dans les jours où je décide de laisser mes mensonges à leur stricte minimum – ou bien lorsqu’il faut réellement être sérieux, mais il ne s’agit chez moi que d’un stratagème qui me permet de me cacher sagement. Pas d’être chiante à ce point. Suivant son récit avec une attention soigneusement feinte, je me demande comment est-il possible de vivre en ayant si peu de quoi que ce soit en soi. Comme une poupée gonflable, j’ai l’impression qu’il n’y a que de l’air en elle et qu’elle attend sagement de se faire remplir. Une débile de plus à rajouter à ma liste des débiles qui habitent cet endroit. Elle est certainement sortie de l’académie récemment pour déblatérer autant de connerie et avoir une telle candeur du monde – dommage pour elle, c’est entre mes griffes qu’elle se trouve maintenant.

« C’est… Idiot de ne pas dépendre des autres. Si nous sommes organisés en équipe au sein du village, c’est bien pour travailler en groupe : une personne seule ne pourra jamais tout faire. N’as-tu jamais regardé le monde de cette façon ? Les anciens enseignent aux plus jeunes. Les unités spéciales coopèrent entre elles. Tout est fait pour que la totalité du village s’articule sur l’effort commun. On ne vous apprend pas ça à l’académie ? »

Je soupire délicatement, mon ton restant entre l’amical et l’amusé – bien loin de l’aigreur des reproches que je lui fais. Si elle veut vraiment mourir jeune, je peux lui arranger ça en l’espace d’un rien de temps.

« Si tu comptes rejoindre les Renseignements, n’attends pas. Même si tes capacités ne sont pas à leur maximum, cela te permettra au moins de rentrer dans les fils du métier. Voir comment les choses s’y passent et où tu peux être la plus utile. J’ai dit que je t’apprendrai à mener un interrogatoire et je compte bien le faire… Ne serait-ce que pour éviter d’être appelée à chaque étranger venant au village. »

Je lui adresse un petit sourire, marquant fortement ma tentative de plaisanterie.

« Mais sans pratique sur le terrain, ça ne te servira à rien. »

D’un geste rapide, je replace l’une des mèches de mes cheveux avant de m’assoir par terre en tailleur, lui intimant du regard de faire pareil sans aucune hostilité. Il ne manquerait plus qu’elle prenne peur de moi.

« Et on va commencer par cette dernière. Tu dois me faire dire ce que j’ai mangé hier soir au diner. Ce sont tes mots contre les miens. Rien d’autre. »

Si Dai et Manzo ont eu la délicate attention de faire savoir mes capacités à trouver les mensonges dans tout le village, je suis bien gré au premier et à Shigeru d’avoir gardé pour eux mes capacités à mentir tout aussi efficaces. Déjà qu’il est compliqué que je m’amuse à débusquer les mensonges et que je dois me contenter de comprendre les réactions des gens, si en plus il m’était impossible de leur mentir comme bon me semble... Je finirais par devenir sénile.

Akane était quelqu’un de respectueux surtout envers ses supérieurs, et il fallait bien avouer qu’à part des novices de l’académie, elle n’avait que des supérieurs finalement. Elle était bien consciente qu’elle n’était qu’une débutante, elle commençait à peine à entrevoir ce que pouvait être la vie d’une shinobi. En tant que femme, elle avait eu une formation supplémentaire à l’académie par rapport aux hommes, afin de mieux utiliser ses avantages féminins. Elle savait fort bien jouer la comédie, même si ce n’était pas sa tasse de thé. Elle remarqua le léger temps de flottement de Hak quand elle l’appela dame Senritsu. Elle ne savait pas trop comment appeler les personnes qui l’entouraient après tout. Elle n’était pas très habituée aux relations avec les autres tant elle était souvent solitaire. Elle regarda ce sourire léger qu’Hak affichait avec une certaine difficulté pensa sentir Akane.

« Vous êtes ma supérieur, une personne de valeur au sein du village caché de Kumo, sans compter que vous vouliez m’apprendre des choses. Cela fait beaucoup de raison d’avoir du respect pour une personne comme vous. »

Dit La jeune fille en continuant de la vouvoyez pour le moment sans changer de ton ni de regard. Elle regarda alors le mannequin à terre un bref instant sans changer de visage, avant de revenir dans les yeux de Hak sans hésitation. Elle essayait d’analyser quel genre de personne pouvait être Hak, mais elle était bien loin de tout savoir.

« Je dois beaucoup au village de Kumo, alors j’essaie de faire les choses bien, de me rendre utile le plus possible le temps que je resterai sur cette terre. »

Précisa alors Akane sans donner ses raisons, mais peut-être que cela n’intéressait en rien Hak de toute façon. Elle avait beau être vierge, jeune et innocente pour le moment, après tout ses mains n’étaient pas recouvertes de sang, elle n’était pas dupe. Elle savait qu’être ninja, c’était être une arme au service de son seigneur. Quelque part, la façade qu’elle affichait devant tout le monde était un mensonge, une duperie afin de ne rien montrer, d’être moins vulnérable. Elle connaissait la règle numéro vingt-cinq du parfait ninja, ne montrer aucune émotion, ne pas pleurer, faire son travail. Elle ressentait bien des choses, elle était une boule de nerfs, mais c’était uniquement lorsqu’elle était seule. Elle ne savait pas trop jusqu'à quel point elle pouvait faire confiance en les personnes de Kumo, jusqu'à aujourd'hui, elle était toujours en vie et cela faisait un certain nombre d'années, mais était-elle vivante uniquement pour ses pouvoirs ? Sans doute, comme les nukenins qui l’avaient enlevé, elle était utilisée, mais à Kumo, elle n’était pas torturée et elle se sentait libre. Elle voulait se battre pour ce village, lui rendre ce qu'elle avait reçu, mais si un jour elle devenait une gêne, est-ce que le village de Kumo ne tenterait pas de la tuer ? Elle n’avait pas encore la réponse à cette question, alors elle n’avait pas nécessairement pleine confiance en les personnes de son propre village. Voilà pourquoi elle ne montrait aucune émotion.

« Vous dites que nous sommes organisés en équipe au sein du village, par ce que vous êtes quelqu'un d'expérimenter, mais personnellement, je ne fais partie d'aucune équipe. Je suis sortie de l’académie depuis peu, et j’imagine qu’il me serait difficile de juger quoi que ce soit sur la vie d’une kunoïshi, mais J’espère être assez efficace individuellement pour me rendre utile. Je ne veux pas être un poids pour personne durant une mission, je veux être capable de me débrouiller seule, mais je suis consciente que l’on est un groupe, un village. On n’est jamais vraiment seule dans la vie de toute façon. J’ai beau ne jamais avoir connu mon père et avoir perdu ma mère étant jeune, je vis chez une famille à Kumo depuis que je suis petite. J'ai un frère d'adoption, on va dire, sans doute que je comprendrais mieux avec un guide à plein temps. »

Expliqua alors Akane à Hak qui semblait lui faire un reproche sur sa façon de penser.

« Peut-être que vous avez raison, je devrais peut-être essayer. Je voulais être sure d'avoir les capacités pour récupérer des informations avant d'essayer, mais cela sera peut-être la meilleure des formations finalement. D'habitude, je préfère m'entrainer seule, je préfère, c'est ... mieux. »

Akane sourit légèrement en entendant Hak dire qu’elle préférait éviter d’être appelée à chaque moment qu’un étranger se pointait au village. Elle voyait fort bien à quoi elle faisait allusion. Par habitude, elle gomma quelques secondes plus tard ce sourire qui déformait légèrement son visage neutre et sans expression.

« Dans ce genre de cas, j’imagine que participer à de véritables interrogatoires serait une bonne chose. Je pourrais être présente la prochaine fois que vous opérez, vous ferez la méchante, je ferais la gentille. J’imagine que l’on voit rapidement que je ne suis pas très effrayante et peu expérimenté au combat. »

La jeune ninja n’avait guère peur d’Hak, elle s’assit en taille face à elle en hochant la tête lentement. Elle avait une mission simple, et sans doute que l’exercice actuel était de voir le cheminement, la tactique employée. Si elle devait identifier ce qu’elle avait mangé hier, il fallait déjà éliminer certaines catégories. Elle ne pensait pas être capable d’impressionner une personne comme Hak, mais elle pourrait peut-être la manipuler. Il fallait se montrer rusée, montrée ses capacités. Elle passa alors sa main dans ses longs cheveux en détachant sa queue-de-cheval. Ses longs cheveux lui descendaient jusqu'au bas du dos, sa coiffure était simple et sans chichi. Elle releva lentement son visage en affichant un sourire et commença à parler sur un ton de voix enjouée, voire de bonne copine, très loin de ce qu’elle avait montré jusqu’alors.

« Moi perso, j’aime bien faire la cuisine surtout pour un garçon mignon, mais malheureusement, je suis vraiment trop pas douée. Alors ne dis rien hein, mais je ramène de la bouffe du resto du coin et je dis que c'est moi qui l'aie fait. Je ne sais pas toi, mais je préfère aller au resto, c’est plus simple. Un bon ramen, du poisson ou des sushis par exemple, il n’y a rien de mieux, tu n’es pas d’accord ? »

Demanda alors Akane en tutoyant, sur un ton enjoué jouant à l’adolescente stupide et guillerette. C’était une tromperie éhontée évidemment, elle ne pensait pas tromper Hak très longtemps, surtout qu’elle l’avait vu et entendu parler précédemment, mais c’était le but de l’exercice après tout. Il n'y avait pas que la torture, l'intimidation pour avoir des informations, la manipulation et la comédie pouvaient être efficaces également, surtout lorsque l'on ne pouvait pas massacrer quelqu'un en quelques secondes.

Je soupire calmement en entendant la réponse de la petite pute concernant mon vouvoiement. C’est tout de même sidérant que l’on arrive à forger de telles machines profondément conne – et si je suis la première à afficher zèle et respect devant un supérieur car je sais que c’est une nécessité, il me parait tout de même excessif de le faire alors que même ils indiquent le contraire. Désobéir, ce n’est pas une marque d’irrespect plus importante qu’un simple tutoiement ? Toujours est-il que je ne reviens pas sur ses propos et la laisse continuer – après tout, négocier avec des idiots n’apporte que rarement des succès et je me contente de les manipuler. D’un geste las des épaules, je les hausse puis je continue d’écouter sa conversation…

Quand elle part sue sa tirade concernant l’utilise au village, son histoire d’orpheline, sa solitude et tout le reste, je demeure de marbre. Une petite conne, ça ne fait que confirmer mes pensées. A quoi s’attend-elle ? Que je m’arrache une larme, que je la regarde avec des yeux compatissants peut-être ? Nous sommes un village militaire où même les enfants sont entrainés à être des assassins. La mort est une partie de notre quotidien – la plus amusante d’ailleurs – et il faut s’y faire. Il n’y a pas d’autre solution, il faut seulement l’épouser et l’apprécier, admettre que nous ne sommes pas faits pour mourir de vieillesse. Et heureusement – une vie ennuyante à planter des pommes de terre ou du maïs ne m’aurait guère fait plaisir, je ne le sais que trop bien. Déjà que je trouve ennuyante la vie au niveau du village quand il n’y a personne pour s’amuser et que je me rabats sur de pauvre Genin stupides qui n’ont rien fait à personne sinon être stupides… Je lui adresse un petit sourire et prend part à ma réponse. Sa réponse est erronée sur tant de point que je ne pose même pas la question de son appartenance au village. Décidément il n’y a qu’ici qu’on fait de tels débiles profonds.

« Si tu t’entraînes seule et toujours seule, comment sauras-tu que tu peux être utile en équipe ? Je ne te dis pas qu’il faut rester immobile au combat et attendre que les autres fassent le travail à ta place. Loin de là même. Cependant en tant que cheffe d’équipe, je ne sais que trop bien à quel point il est important de connaître l’exacte étendue de ses camarades au combat. De savoir en quoi on peut compter sur eux et en quoi non. De connaître leurs limites. Tu n’as peut-être pas d’équipe, mais ce n’est pas une raison. Tu ne seras pas toujours affiliée à ton équipe pour les missions et il faut que tu sois capable d’interagir avec les gens si tu veux réussir. Il n’y a rien de pire qu’un idiot qui pense pouvoir tout faire tout seul qu’il faut chercher à arrêter en permanence pour qu’il n’expose pas les autres au danger. »

Brève pause, légère inspiration.

« Quand aux Renseignements… Comment pourras-tu être sûre d’avoir les bonnes capacités si tu ne vas pas voir de toi-même lesquelles sont demandées ? Rejoins-les maintenant et apprends avec eux. Ce sera plus efficace. »

Je prends peut-être trop à cœur mon rôle de la gentille du village ? Si cette petite idiote a envie d’aller sur le champ de bataille, combattre et mourir jeune car totalement conne et irresponsable, c’est son problème. Je ne suis pas là pour faire de la charité, et je me considère comme déjà suffisamment sympathique d’enseigner deux trois choses aux Genins du village pour les aider dans ce contexte de guerre. A force de fréquenter Shigeru et Dai, ils ont déteint sur moi c’est certain – mais c’est une juste occasion de pouvoir en frapper un ou deux en toute impunité. Je ne vais pas me plaindre, ça distrait.

« La méchante et la gentille ? Ce n’est utile pour déstabiliser les gens et leur faire perdre leurs repères durant un bref instant avant qu’ils ne comprennent qui est qui dans ce genre de petit jeu. C’est une méthode louable, mais que je déconseille personnellement. Jouer tout son succès sur une combine qui, si elle ne marche pas, condamne le reste de l’interrogatoire… »

Je m’installe calmement et attend qu’elle commence à m’interroger, uniquement pour grincer des dents à la fin de son discours. C’est quoi cette merde pas possible ? Tout bonnement sidérant. Au sens propre du terme. J’ai envie de me lever et de lui vomir dessus pour transmettre avec fidélité la sensation qui me traverse le corps devant sa tentative désespérée. Le seul avantage, c’est qu’il est simple d’apprendre quelque chose à quelqu’un qui ignore tout. Plus c’est débile, plus ça rentre.

« L’objectif est de mener un interrogatoire, pas une discussion de salon de thé. Tu oublies que je connais le contexte de ta personnalité et la change brutalement – c’est une condamnation à l’échec dans une situation réelle car ton interlocuteur comprendra obligatoirement que tu cherches à obtenir quelque chose en particulier. Recommence. »

Akane ne se voyait pas du tout tutoyer quelqu'un comme Hak, c'était tout bonnement impossible. Elle se sentait bien trop faible pour le faire, et elle ne pensait pas être irrespectueuse en le faisant. Elle remarqua tout de même le haussement d'épaules lorsqu'elle poursuivit son vouvoiement et visiblement, Hak n'appréciait pas la manœuvre. Peut-Être devait-elle faire un effort à ce propos.

La jeune fille n'avait exposé que rapidement sa situation pour se mettre dans la situation. Certes, cela n'expliquait pas tout bien entendu, mais cela apportait des informations. Vu qu'elles ne se connaissaient en rien, sans doute que cela était de trop ou du moins, cela ne touchait en rien Hak la voyant comme ignorer ce fait.

« Je suis consciente n'être qu'une arme parmi tant d'autres, cela n'est pas la question. Je ferai ma part du travail de mon mieux. »

Commenta alors Akane à haute voix. Elle n'avait pas peur de mourir vu qu'elle estimait que si elle était en vie c'était un miracle et qu'elle le devait à son village. Elle tuerait sans hésitation même si ses mains n'étaient pas si teintées de rouge. Elle avait déjà tué étant enfant, mais c'était uniquement sous le coup de la colère. Elle était consciente d'avoir beaucoup à apprendre, elle ne faisait que commencer à arpenter une voie sombre et violente.

« Sans doute qu'en créant mes techniques propres à moi-même, je n'ai pensé qu'à moi et qu'elles ne sont pas assez adaptées au combat de groupe en effet. J'imagine qu'il faut une certaine synergie pour réussir un combat, être capable de réagir et de s'adapter aux autres sans les gêner, mais je n'ai jamais fait cela. Comment pourrai-je apprendre à connaître les limites des autres Kumojins ? Combattre ensemble dans des entraînements ? La guerre approche, et je vois bien que vous vous dites que je ne serai guère utile à penser de la sorte. Je devrais me dévoiler à mes camarades de guerre, sans doute n'est-ce pas trop dangereux, mais je ne tiens pas trop à montrer ce que je sais faire. »

Akane ne souhaitait pas démontrer qu'elle était une Gogyou, mais c'était certain qu'elle devrait se dévoiler à un moment où un autre. Elle espérait bien avoir assez de science tactique pour aider dans un combat quel qu'il soit.

« Dès que je serai certaine de mes techniques actuelles, j'irais proposer mon nom pour l'épreuve d'entrée. J'imagine que si je suis l'entraînement adéquat avant la guerre, je pourrais servir aux renseignements entre autres.Vous y êtes également ? »

C'était d'une telle évidence pour Akane qu'Hak fasse partie de cet ordre à la vue de ses capacités d'interrogatoire. Elle hocha la tête lentement en écoutant Hak parler du style usé de la gentille et du méchant. Sans doute, était-ce trop évident pour quelqu'un d'expérimenter comme Hak, cela ne fonctionnerait bien trop peu longtemps. Elle ne s'imaginait pas devoir tromper et faire avouer quelqu'un comme Hak, c'était bien trop compliqué. C'était un duel d'esprit, mais elle avait une longue expérience dans ce domaine. Elle savait que Hak savait lorsque l'on mentait ou non, elle devait alors servir une vérité en permanence.

« Je pensais que vous joueriez quelqu'un d'autre où vous-même, il est évident que devant quelqu'un qui me connaît, cela ne fonctionne pas. »

Dit alors Akane en reprenant son visage ferme et son regard de glace. Elle ne pensait pas réussir à l'intimider avec sa force ou ses techniques, elle savait qu'elle n'était qu'une genin et Hak bien plus forte. Elle devait réussir à la surprendre, la déstabiliser et mener la discussion. Elle ne devait pas lui donner une once de pause, le problème avec son idée, c'était le manque de subtilité. Elle soupira légèrement en relevant les yeux vers le ciel. Après un bref moment, elle se leva de son caillou pour être davantage en hauteur, être psychologiquement plus avantagé qu’assit où elle pourrait être vulnérable.
« Très bien, si tu préfères que je te tutoie, très bien, mais cela n'aidera pas. On doute de tes activités de la dernière nuit. Si tu ne réponds pas justement, cela pourrait avoir de graves conséquences par la suite, car je saurais si tu as mentit, ce qui te desservira. Après tout, je ne sais pas qui pourrait t'interroger par la suite. Cela pourrait alors se passer autrement qu’une entrevue sympathique entre toi et moi. »

Se lança alors Akane, qui avait fait en sorte que ce qu’elle venait de dire n’était en rien un mensonge. Le on au sujet de des activités nocturnes était plutôt elle, elle ne savait pas ce qu'elle avait fait la nuit précédente, c'était donc vrai. Qu’elle sache la vérité par la suite était possible si elle enquêtait sur ce que dirait Hak, elle saurait qu’elle avait menti, ce qui pourrait avoir des conséquences avec ce qu’elle trouvait. Quelqu’un d’autre pourrait alors l’interroger, et ce serait obligatoirement un supérieur.

[B]« Où étais-tu hier soir vers les dix neuves heures ? »[/b,

Akane se refusait pour le moment de tenter de l’impressionner par la force ou par sa capacité de clan, cela viendra peut-être plus tard, c’était une carte à courte portée dans le temps et qui fermerait la discussion nécessairement.

Je commence progressivement à être désemparée par l’entêtement stupide de la petite conne quant au travail en équipe, mais que puis-je y faire ? Je ne fais qu’essayer de lui quelques bons conseils et d’être sympathique, si elle n’est pas à même de le comprendre ou de l’accepter rien ne pourra la sauver – certainement pas moi en plein combat en tout cas. Comme si je n’avais que ça à faire de m’efforcer à garder les gens en vie. Il y a déjà mes deux équipes. Souriant délicatement, je lui accorde une dernière réponse avant de continuer sur d’autres sujets.

« Si tu brides tes capacités pour un simple secret… Tu ne mérites même pas d’aller sur le champ de bataille. Ce ne sont pas des combats pour un pot de fleur que l’on va faire, mais pour nos pays, nos villages – pour ce en quoi nous sommes supposées croire. Aucune limite et aucun manque de sérieux en combat n’échappera à l’adversaire. Et la moindre restriction supplémentaire que l’on s’impose peut couter la vie, sinon pire. »

Ce n’est pourtant pas compliqué à comprendre non ? Même moi qui déteste user à la fois de mon Genjutsu et de mon Taijutsu au sein d’un combat pour ne pas trop le faciliter, je ne sais que trop bien qu’à la guerre je n’aurais pas le moindre scrupule de déchainer la totalité de ma puissance. Me contenter de me brider pour que ce village ne voit pas le danger que je représente réellement si je venais à le trahir n’est qu’un stratagème de plus pour moi afin de m’amuser et de garder un niveau de distraction suffisant – mais cela ne vaudra jamais le plaisir de pouvoir fracasser, un à un, les os d’une pauvre personne totalement immobilisée et prise dans mes illusions. Voir la souffrance dans son regard. Le sang quitter son corps. La sentir se tortiller à demander pitié au moment même où j’enfoncerai ma lame dans son orbite pour lui arracher un œil et garder un souvenir. Rien qu’à imaginer la beauté de la folie brute que je pourrais libérer dans un combat où la beauté et l’art n’auront que faire sinon victoire, je pourrais être là à tressaillir et frissonner – bien que je me contente d’un vague sourire distant, comme adressé à personne, devant la petite pute.

« Tu es bien renseignée. J’ai été l’un des premiers membres à la création de l’unité, consciente que les capacités que j’avais déjà étaient les plus utiles là-bas. Toi, tu n’as pas cette limite – qu’importe où tu iras, tu auras le loisir de te développer pour coller au mieux avec ton unité. C’est pour ça qu’il est important de le faire précocement. »

Tant qu’elle accepte d’y aller, cela me va. Vu la quantité de débiles profonds perchés sur des plateaux inatteignables et se complaisant dans leur rang et leurs succès passés, sans aucun choix fait pour progresser actuellement, un peu de sang jeune fera du bien. Du sang malléable. Manipulable même. Être aux Renseignements, c’est savoir. Avant les autres. Plus que les autres. Mieux que les autres. Avoir des informations de première main. Choisir lesquelles on distribue à nos amis. Le Pouvoir. Ou au moins une forme chimérique et vicieuse de celui-ci qui ne me convient que trop bien.

Calmement, je la laisse reprendre son interrogatoire, faisait un effort presque surhumain de ne pas chercher lorsqu’elle ment ou dit la vérité. Je suis certainement l’une des personnes les plus compliquées à interroger dans ce village car le bluff ne fonctionne pas sur moi, et c’est un handicap presque extrême que de se retrouver confronter face à moi. Pourtant, même sans mentir, il y a largement moyen de trouver la vérité – et désormais, elle commence enfin à s’y prendre de la bonne façon. Une légère menace. Un peu de sécheresse. Un peu de baume. Une question précise sans être fermée et l’indication claire de ce qui doit être donné pour que l’interrogatoire finisse. C’est une méthode honnête que je ne peux que valider, mais il reste encore à savoir ce qu’elle en fera. Choisissant de ne pas soutenir son regard, je me gratte délicatement la nuque, pensive.

« Hier soir… Hmmm. J’étais chez moi, seule. Puis-je savoir de quoi on me suspecte exactement ? »

Feignant l’incapacité à mentir correctement, je rentre maladroitement dans le personnage que je commence à jouer. Bien sûr, je pourrais me comporter comme quelqu’un de diamétralement opposé ou différent de moi, mais à quoi cela me servirait-il de me priver du dernier jouet que je possède en révélant si ouvertement mes capacités à mentir ? Un bon menteur est un menteur qui sait faire semblant de mentir mal, ce que je fais en ce moment précis. J’espère qu’elle ne s’imaginait pas que ce serait trop facile, car je compte bien l’obliger à utiliser ses dernières idées et derniers recours avant de lui expliquer ce qui va et ne va pas dans sa méthode, prenant calmement des notes dans mon esprit pour ne rien perdre.

« Je ne vais pas me limiter si la guerre se déclare, je préfère uniquement être prudente au maximum. Je prendrais un grand risque, mais il le faudra bien, je suis consciente que je ne pourrais être comme vous un pivot important de la réussite de cette guerre. »

Akane était tout de même étonnée que Hak ne cherchait pas à en apprendre davantage sur ces capacités spéciales, peut-être s’en fichait-elle complètement ? Elle ne savait pas tellement si ce n’était que pour qu’elle se découvre d’elle-même peut-être. Elle avait tendance après ces dix ans à parcourir le village de Kumo, qu’elle pouvait avoir confiance en ces futurs camarades. Les paroles d’Hak étaient dures pour la jeune genin, elle ne méritait pas d’aller sur le champ de bataille. Certes, c’était la guerre, une guerre pour la survie de notre nation. Elle serra légèrement les mains un bref instant, cela lui importait beaucoup. Elle fut tout de même étonnée de la manière dont Hak parla des valeurs que l’on était sensées partagées. Cela voulait-il dire qu’elle n’en pensait pas un mot ou qu’elle parlait des autres ou même d’elle ?

« Pire que la vie ? »

Demanda la ninja, alors qu’Akane écouta par la suite Hak parler de ce qu’elle avait supposé. Elle n’était au courant que de quelques rumeurs, sinon, elle n’avait fait qu’analyser ce que l’on lui donnait.

« Je vois ce que vous voulez dire Hak, je pourrais aller n’importe où, développer des techniques de guerre, une politicienne ? Non, ce sera les renseignements et sous votre gouverne s’il le faut. J’irais me présenter aux épreuves rapidement. »

Akane était surtout du genre à se remettre en question, à faire ce qu’il fallait. Elle se sentait dépositaire d’une dette, et elle ferait tout ce qu’il faut pour Kumo qui était sa nouvelle maison. Elle avait faim, elle avait une volonté de feu pour avancer. Si elle dérangerait les petits vieux se complaisant dans leur médiocrité, alors c’était tant mieux. Elle était une arme faite d’argile, encore du fer à forger alors qu’elle était informe. Hak pourrait sans doute la forger, car elle était plutôt bien placé pour, et qu’Akane était volontaire. Elle était là pour cela après tout ce matin-là. Si elle appartenait aux renseignements, elle était consciente qu’elle devrait devenir une tombe, ne rien dire et apprendre tout ce qu’il y avait à apprendre. Elle était plus d’une banalité de gentillesse et de bienveillance à l’égard de ses compagnons qu’autre chose. Elle ne cherchait pas à leur faire du mal, mais elle était prête à tuer son propre frère d’adoption si jamais on lui donnait l’ordre.

« C’est moi qui pose les questions, vous saurez ce que l’on vous reproche au moment opportun, mais si vous n’avez rien fait, vous n’avez pas à vous inquiéter. Vous étiez donc seule chez-vous, personne ne peut donc faire serment de vos activités, ce n’est pas très bon pour vous vous savez ? »

Réagit alors très rapidement la shinobi à la petite phrase d’Hak. Elle ne voulait pas laisser Hak mener la discussion, c’était à elle de donner le rythme, la menacer suffisamment pour la recadrer, mais sans trop la brusquer sinon elle se refermerait comme une huitre. Elle ne voulait pas non plus lui dire ce que l’on lui reprochait car c’était évident qu’Hak devinerait par son pouvoir qu’elle mentait. Elle ne savait pas du tout si Hak utilisait son pouvoir, alors dans le risque, elle serait prudente de ne pas mentir. Elle dirigeait les soupçons et l’apparent questionnement à propos des activités, alors qu’elle ne souhaitait uniquement savoir ce qu’Hak avait mangé. C’était le jeu après tout.

Akane remarqua alors le manque de regard d’Hak dans le sien, elle semblait craindre l’interrogatoire, elle n’était pas sereine, du moins, c’était le rôle qu’elle prenait. Il y avait bien quelque chose à trouver, et si ce n’était pas la nourriture ingérée la nuit précédente, tout ce qu’elle pourrait apprendre était bien. Elle avait une mission certes, mais elle irait plus loin si cela s’avérait nécessaire.

« Ecoutez, plus vite vous répondrez, plus vite on n’en parlera plus, d’accord ? Maintenant dites-moi simplement une fois arrivée chez-vous, qu’avez-vous fait exactement minute par minute. Nous allons bien voir si cela colle avec ce que nous savons déjà. Je saurai si vous mentez, je préfère être clair et ce ne sera pas très bon pour vous. »

Akane mettait un peu de baume en glissant ses deux mains sur les épaules d’Hak étant douces et fermes à la fois. Elle gardait un regard sur son visage, le sien toujours sûre d’elle et de glace. Elle souhaitait prendre l’ascendant sur cette personne, mais lui laissant une marge de manœuvre pour la laisser parler d’elle-même. C’était la meilleure façon selon elle d’avoir l’information que l’on voulait. Un peu de menace également, cela ne faisait pas de mal.

« Donc vous êtes rentré chez vous, et après ? Où êtes-vous allé ? »

Je souris avec une légère amertume. Un pilier important, moi ? Dire que c’en est arrivé jusque-là de ma réputation dans ce village de merdeux. Il ne manquerait plus qu’on m’apprenne qu’ils ont subitement tous décidés de se reposer sur moi et mes capacités pour faire tout le travail et qu’ils vont tous se contenter de rester en tant que petits spectateurs stupides et heureux de ne rien faire et se pavaner dans la victoire. Car je ne compte pas perdre.

« Nous aurons tous l’occasion de faire nos preuves pendant cette guerre. Il ne sert à rien de me mettre sur un piédestal, il faut essayer de s’y placer soi-même avec ses agissements. »

Je lui adresse un léger clin d’œil à la fin de ma réponse, lisant allègrement dans ses quelques expressions et réactions. Honnêtement, je me demande ce qu’elle s’imagine à alterner étonnement, frustration et étonnement – jusqu’à ce qu’elle me réponde en me demandant ce qui peut être pire que la mort. Je pourrais lui faire toute une tirade sur le fait qu’une vie ennuyante à mourir vaut moins que la mort elle-même et que la rage du combat et l’odeur du sang se versant partout est la meilleure chose qui puisse être, mais quel intérêt ?

« Tu l’as dit toi-même non ? Nous sommes des armes. Notre vie n’est important que pour nous et nos quelques proches – pour le village nous ne sommes que des statistiques de décédés. C’est une approche logique – ils ne peuvent pleurer chaque mort séparément. Par contre, si nous échouons… C’est les civils qui subiront. Nous sommes là pour protéger le pays. Être à la fois son épée et son bouclier. Notre défaite… C’est bien plus que la vie de quelques Ninjas. »

Si ces mots viennent de Dai, presque à la lettre, je ne sais que trop bien à quel point je sais être convaincante en les prononçant, laissant planer la légère nostalgie à la fin qui laisse supposer que je crois éperdument en chacune de mes paroles. Quelque part, c’est peut-être vrai ? Quand je pense à toutes ces vies innocentes qui pourraient tomber si l’on venait à échouer à des moments cruciaux. Quand je me dis que ce ne serait même pas entièrement de ma faute ! J’enrage à laisser le hasard prendre les morts hors de ma collecte.

J’acquiesce de la tête lorsqu’elle me parle de rejoindre les Renseignements au plus vite. Qu’à cela ne tienne si elle veut être sous ma gouverne – elle aura au moins l’assurance de progresser dans ma direction. Si ce n’est pas forcément la bonne, c’est certainement la plus aboutie et la plus valorisante. Et j’y trouve mon intérêt, à l’évidence – ils sont tous trop idiots pour le voir, c’est tout.

Calmement, je la laisse conduire son interrogatoire, étant plutôt étonnée par la fluidité dont elle fait preuve quand elle y met un peu de cœur. L’alternance entre la menace et la douceur, la gentillesse et la méchanceté – l’équilibre est le bon, même si elle met un peu trop l’accent sur la menace, oubliant probablement sa position de Genin et l’allure de son corps. Personne ne se laisserait intimider physiquement par ça, mais je joue le jeu de mon côté uniquement pour lui montrer les défauts et erreurs qu’elle fait de son côté.

« Alors… Ce que j’ai fait exactement en rentrant chez moi hier soir ? Hmmm. J’ai commencé par prendre une douche, je me suis beaucoup entraînée donc c’était légitime, j’étais presque collante à force d’avoir sué donc vous comprenez – ça s’imposait en première étape. Ensuite, je suis allée récupérer le courrier pour me poser calmement dans mon sofa et le lire. Depuis que la maladie a emporté ma mère je m’occupe de tout à la maison comme je vis seule, donc vérifier qu’il n’y ait rien d’important ou urgent ou d’ordre de mission est tout de même primordial car personne ne le fera à ma place. Puis j’ai commencé à faire à manger mais suite à un petit accident j’en ai fait brûler une partie, donc j’ai dû ouvrir la fenêtre et attendre que la fumée se dégage pour y voir quelque chose ! Vous pouvez aller demander à mes voisins, il y en avait vraiment beaucoup. Finalement je me suis résolue à faire quelque chose de plus simple et une fois que j’ai mangé, je suis allée me détendre dans mon lit avec un livre pour finalement m’endormir et venir m’entraîner de bonne heure aujourd’hui. Cela vous suffit ? »

C’était une évidence pour Akane qu’Hak était important pour le village. Elle était forte, elle en avait la conviction, alors elle devait être une des pièces maitresse pour le village. Chacun avait sa chance de prouver sa valeur dans cette guerre, c’était un message plutôt gentil et plein d’espoir.

« Je n’agis pas pour le village pour une médaille ou une tape dans le dos, je ferais ce qu’il faut par ce qu’il le faut, peu importe quoi. Je ne cherche pas la reconnaissance de mes ainées, je veux simplement défendre la cause qui est la mienne maintenant. »

Dit alors la jeune fille en plissant les yeux légèrement. Elle hocha la tête lentement en entendant dire d’Hak que nous étions des armes. C’était ce qu’elle pensait en tout cas. Elle n’avait pas grand monde de proche, à part sa mère adoptive et son frère d’adoption. Elle était seule pour le moment et ne cherchait pas à se faire d’amis. Elle baissa son regard en réalisant ce qu’Hak venait de dire loin de penser que ce n’était pas ses mots. Cependant, ce qu’elle disait avait une forte impression de vérité. S’ils perdaient la guerre, les gens de Kumo en pâtiront. Elle soupira légèrement et hocha la tête sans rien dire. Elle sentait son sang bouillonner, elle devait être bien plus forte que maintenant. Elle ne pouvait se contenter de rester les bras croisés.

Tant qu’elle aidait Kumo à sa manière, Akane se fichait pas mal d’aider Hak ou une autre personne. Elle était une arme pour servir, elle ne devrait plus être en vie, alors c’était sa manière de remercier. Elle était consciente de paraitre trop faible, elle avait l’apparence d’une gamine, c’était peut-être cela son problème ? Un masque pour cacher son visage serait sans doute une bonne idée. Elle se concentra alors bien vite sur les dires d’Hak quant à l’interrogatoire qu’elle menait. Hak semblait être calme en répondant sans sourciller malgré ce qu’elle lui avait dit. Elle trouvait sans doute cela un peu trop facile, mais ce n’était qu’un exercice après tout.

« Une douche oui très bien, et ensuite ? Le courrier dites-vous ? Combien de lettre avez-vous eu ? Je suis navrée pour votre mère, mais cela n’est pas la question. Vous agissez en étant adulte, c’est ce que l’on demande à tout le monde. »

Dit alors Akane pour casser l’entrain que ce donnait Hak en parlant et essayant de virer vers d’autres sujets. Elle avait beau avoir perdu sa mère assassinée, elle ne sembla pas sourciller un seul instant en entendant Hak parler de la même chose. C’était peut-être un sujet sensible, mais elle avait fini de la pleurer depuis le temps. Sa mère était toujours quelque part présente malgré tout.

« Vous avez fait à manger, mais vous avez brûlé votre nourriture ? Vous avez donc tout jeté non ? On ne va pas manger quelque chose de brûler. Vos voisins ont peut-être vu la fumée qui sait ? Vers quelle heure votre cuisine loupée ? J’imagine que vous avez évité de faire quelque chose à cuir vu votre échec, avez-vous eu besoin de couper pour votre soupe de légumes ? »

Akane tentait de lancer une idée en l’air afin de voir ce qui allait retomber. Elle croisa alors les bras en posant une dernière question.

« Quel livre avez-vous lu ? Et vers quelle heure vous vous êtes couché ? C’est bien tout ce que vous avez fait, vous êtes certaine ? »

Devant l’amas nouveau de questions sous lesquelles elle me fait tout bonnement couler, je me relève et signe d’un geste de la main que le petit jeu est terminé. Il y a eu du bon chez la petite conne – et certainement, il y a de quoi faire quelque chose de potable – mais également du mauvais et c’est tout bonnement affligeant d’arriver jusque-là, même si je suis la première à admettre que le jeu était loin d’être simple, pour elle comme pour moi. Elle, car elle devait m’arracher une information tout bonnement inutile, et moi, car je devais feindre de ne pas jouer parfaitement mon rôle et protéger une information dont je n’avais clairement rien à battre. C’est définitivement la dernière fois que je travaille sur ce genre d’exemples stupides, la prochaine fois il faudra faire quelque chose de plus cohérent pour que l’on ne soit pas tous les deux aussi en difficulté. Souriant sereinement, je me prépare au petit résumé de ce qui était.

« Compte tenu de l’information qu’il fallait obtenir et de son manque de pertinence, l’exercice n’était pas simple. Pourtant, tu t’es assez bien débrouillée jusque-là. Tu as le bon équilibre entre sympathie et antipathie, mais tu reposes trop sur le fait de rendre ton corps menaçant. Si tu n’as pas la force ou la position nécessaire pour le faire, la personne le comprendra ou le ressentira à un moment ou à un autre – et à ce moment précis tout ce que tu feras deviendra stérile. »

M’étirant légèrement, je croise son regard en affichant un sérieux inébranlable dans mon visage, comme pour signer mes mots avec mes actes.

« C’est le plus compliqué au sujet de la méthode que tu as choisie – la moindre erreur fait tout basculer et tout se joue sur le fait de la commettre ou non. Exactement comme avec l’histoire du gentil et du méchant. Cependant, tu n’as vraiment pas été mauvaise et je le pense quand je le dis. L’utilisation du contact physique pour chercher à me déstabiliser et te redonner un peu de confiance en toi est une idée excellente, tant que tu n’en abuses pas elle risque de faire des merveilles. »

Une fois de plus, j’appuis mes propos en lui donnant deux petits coup de paume sur l’épaule, comme pour l’encourager. Au final, il y a tellement plus con et bourru dans ce village qu’elle quand il s’agit de poser des questions que je ne peux lui en vouloir, ne serait-ce que parce qu’elle a forcément été inspirée par ces derniers. Pauvre enfant, sujet à la corruption de la connerie ambiante qui semble se répandre comme une peste à laquelle je dois trouver l’origine et l’arrêter.

« Ensuite, tes premières questions étaient correctes, précises mais sans plus, me laissant de quoi parler sans me permettre de trop m’étendre. Quand tu as demandé de me décrire ma soirée, par contre, tu es restée beaucoup trop ouverte et non structurée, j’ai pu dire ce que je voulais et avancer ce que je voulais en ignorant d’autres faits, et dans le flot d’information il est simple de confondre la logique pour la manipuler à sa guise. Et derrière, forcément, pour retombe sur tes pieds tu as été obligée de me poser énormément de questions afin d’obtenir des faits un peu plus aboutis et pouvoir les exploiter. En les fermant trop, tu me permets également de répondre de façon trop concise et m’éviter le loisir de faire une erreur. »

Calmement, je fais craquer quelques phalanges pour me détendre. Enseigner le Taijutsu et frapper sur les gens est quand même extrêmement plus plaisant que de faire de la discussion basique et tourner autour du pot pour un apprentissage d’autre chose. Si seulement elle me donnait un prétexte pour la… Un frisson prend mon corps rapidement et je grimace ouvertement. Un idiot a appelé mon prénom à plusieurs reprises dans le village – une discussion qui semble bien passionnante entre… Cela doit certainement être Shigeru. Je vais lui faire la peau dès que l’entrevue ici sera finie.

« Désolé, il semblerait que je force un peu sur l’entraînement et cela se répercute par des crampes bien douloureuses. Je devrais peut-être prendre un jour de pause… Toujours est-il, que penses-tu de ta première leçon ? »

Akane fut presque rassurée que le jeu s'arrêta, car ce qu'elle avait prévu par la suite pouvait s'avérer davantage dangereux pour elle que pour Hak finalement. Heureusement, le jeu était fini, cela voulait dire qu'elle avait été bonne ou mauvaise ? Elle ne jugeait pas des informations qu'elle devait récupérer, c'était une mission comme une autre après tout. Qui sait ce que l'on lui demandera par la suite, est-ce que toutes les missions seront intelligente ? Elle en doutait fortement. Elle avait essayé de partir sur quelque chose de bien plus important comme recherche d'informations afin d'avoir une information banale. C'était certain que les dernières questions qu'elle avait posées avaient été assez étranges en y réfléchissant.

« Cela veut dire que j'ai réussi l'épreuve ?   »

Demanda alors Akane avec un léger sourire. C'était un petit peu plus qu'un jeu, mais c'était tout de même important. Elle était consciente que tout se basait sur elle, mais un interrogatoire était un duel mental entre deux personnes après tout. Elle le voyait ainsi en tout cas.

« C'est pour cela que je me suis basée sur une hypothétique menace d'un supérieur.    »

Expliqua alors la jeune ninja à son supérieur comme une excuse d'un échec.

« Quelle autre méthode précaunisez vous ?    »

Demanda Akane sérieusement en gardant le contact visuel avec Hak. Elle hocha la tête lentement alors qu'elle entendait Hak lui faire des compliments. Était-ce par gentillesse, ou le pensait elle vraiment ? Quoi qu'il en soit, cela faisait rudement plaisir. Elle sourit doucement au coin de sa bouche alors qu'elle sentit les petites attentions sur son épaule.

« J'avais pensé qu'en restant vague pour décrire la soirée, je ne révélerais pas ce que je cherche. Car à ce moment là, la personne saurait quoi défendre et ce que je sais, ce que je veux. Mais en effet, j'étais consciente que je devais poser nombre de questions pour avoir la réponse, sinon, vous étiez quelqu'un d'assez coopératif, cela ne sera pas forcément le cas dans une réelle situation. »

Akane regarda un bref instant Hak faire craquer ses mains, sans doute est-ce que c'était plus amusant de frapper un mannequin. Cependant, elle n'était pas faite pour l'enseignement du corps à corps, c'était évident. Elle ressentit en tout cas pendant un court instant un désir meurtrier de la part de Hak, mais ce fut si bref, qu'elle se demanda si elle avait vu juste. Finalement, c'était peut être une bonne idée de ne pas l'avoir menacer physiquement. Elle reprit son visage ferme et inexpressif en observant Hak grimacer comme si elle luttait contre elle-même ou que Hak cherchait à mieux cacher une nature profonde.

« Vous ? Vous êtes fatiguée ?    »

Akane n'était guère dupe, c'était une excuse pour autre chose. Elle aurait pu le garder pour elle, mais elle ne voulait pas cacher qu'elle savait à Hak. Vu comment elle était en train de massacrer le mannequin tout à l'heure, ce n'était pas très crédible. Elle s'inclina légèrement par politesse.

« Je te remercies du temps que tu m'as consacré Hak. C'est un entraînement intéressant, que l'on ne voit pas à l'académie en tout cas. Devrais je porter un masque pour cacher mon visage durant les missions ? Cela me rendra plus impressionnante ?    »

Des excuses. Toujours des excuses et des solutions. Si je n’en ai que faire, je serais hypocrite de critiquer la petite conne d’en avoir – après tout, j’ai une série entière de mensonges plausibles pour couvrir mes arrières si jamais quoi que ce soit à mon égard devait être découvert, et je serais la dernière à me gêner pour les utiliser. Avant tout, la sécurité. C’est la base de toute intrigante, et je n’y fais pas exception – même si avoir la position de l’oracle sacré déterminant vérité et mensonge dans le village baume largement ce rôle. Personne n’est réellement capable de dire où se trouve la vérité chez moi, et c’est un arrangement qui me convient parfaitement – car le jour où c’est moi qu’il faudra attaquer avec ce genre de méthodes, je ne pourrais être utilisée. Un mal pour un bien.

« Il n’y a pas vraiment de gagnant, je ne t’ai pas épuisée jusqu’aux larmes et tu n’as pas arraché l’information, non ? »

Je lui adresse un petit sourire, comme un défi – comme la promesse que nous nous amuserons encore de la sorte une fois ou deux. Après tout, je compte bien lui prouver mes points et ce n’est pas en ne faisant rien sinon rester debout comme deux grosses idiotes à se fixer à la recherche de l’hypothétique âme sœur qui n’existe pas dans l’autre que nous allons progresser, elle comme moi.

« La seule bonne méthode est une méthode qui fonctionne en connaissance de tes qualités et défauts. Je ne peux ni ne vais la trouver à ta placer, mais laisse-moi te donner un exemple – je me contente de poser des questions dont la réponse, soit-elle vérité ou mensonge, me fait avancer. C’est inhérent à mon aptitude à distinguer mensonge de vérité. A toi de te forger ta propre identité dans le métier ; si nous utilisons tous la même méthode une personne capable de passer entre les mailles d’un filet passera à travers tous les filets. »

C’est pourtant évident non ? Je n’ai jamais prétendu pouvoir lui donner toutes les réponses ni toutes les méthodes qui existent – si elle n’apprend pas par elle-même et se contente d’être ravie qu’on lui apporte tout sur un plat d’argent… Ni moi ni le village nous n’aurons que faire d’une débile profonde heureuse de sa débilité inhérente. Rapidement, je remarque son sourire et me complet dans la satisfaction de voir mon petit contact physique porter l’effet escompté avant qu’elle ne continue de parler. Comme si tout le monde exprimait le besoin systématique de combler le moindre silence par une vague de mots inutiles. Pour quelqu’un vivant dans le son comme moi, ne pas avoir droit au silence est tout de même bien ironique.

« C’est dépendant des méthodes. Il m’arrive parfois de demander directement si quelqu’un est, oui ou non, le coupable. Autant dire que c’est une méthode fracassante pour savoir sur quel terrain je me dirige. Et ne t’attend surtout pas à toujours être confrontée à des gens opposants ou réticents. Les plus intelligents et plus fourbes – mes préférés – sont ceux qui prétendent coopérer alors qu’ils ne font que t’entraver plus encore. »

Et je suis exactement de ce genre si je le veux. C’est bien beau de vivre selon toutes les lois de ce village, toutes ces règles, toutes ces laisses qui m’attachent – aucune pourtant ne peut réellement me bâillonner. Je suis la parole. Le mensonge. La vérité. La conscience de l’un et de l’autre. Sont-ils seulement conscients de la pétasse totalement folle qu’ils ont placé sur ce podium ? J’ai presque hâte de voir leurs réactions le jour où ils se rendront compte, où ils comprendront… Rapidement, je me retrouve arrachée à mes pensées par les réactions de la jeune fille à mon petit frisson et mon comportement – aurait-elle vu quelque chose ? Je dois vraiment fatiguer pour ne plus être capable de mentir autant que je le veux. Me reprenant rapidement, je lui adresse un sourire béat et la conforte dans mon histoire.

« Je ne suis qu’une Shinobi comme tant d’autres – la fatigue, nous la connaissons tous. Et il est grand temps pour moi de prendre quelques jours de repos, au calme dans ma maison. »

Une fois de plus, je lui adresse un sourire chaleureux à ses remerciements. Je devrais peut-être demander à devenir directrice de l’académie, au point où j’en suis. Tous les incapables se retrouvent entre mes griffes de toute façon, pourquoi ne pas les prendre à la source et les façonner ? Idée stupide de la journée validée.

« Cela dépend des missions. Les interrogatoires sur le terrain sont souvent rapides, vont directement au but et terminent par l’absence de témoins donc… Moi, j’aime me dire que la dernière chose que verront ces gens est un visage souriant. »

Et surtout, le mien. Que je les hante encore, dans la mort, dans la souffrance, dans leurs peines – partout. Qu’ils sachent que leur mort n’est pas un accident. Que ce n’est qu’une volonté supérieure de ma part. Qu’ils ont vendu. Qu’ils ont rendu. Le tout seulement pour croiser leur fin plus vite. Je ne suis pas une âme charitable. Et certainement pas le genre de personne à faire dans le détail et la compassion. Bande de connards.

« Non pas encore en effet, ce n’est qu’un exercice, un jeu.    »

Akane sentait bien avec le petit sourire de défie d’Hak, que ça serait sans doute le prochain exercice. Elle devrait résister à un interrogatoire, ce qui risquerait d’être très difficile, mais il était évident qu’elle devrait réussir à ne pas donner d’informations à l’ennemi. Avoir Hak comme partenaire d’entrainement était gage d’un certain niveau. Si elle était capable de résister à son influence, elle le pourrait sans doute contre d’autre. Elle ne savait pas trop si le grand amour existait ou non, sans doute était-elle un peu trop emplie par de grands idéaux. Elle n’avait que dix-sept ans après tout.

« Peu importe la méthode j’imagine, tant que cela fonctionne. Je comprends oui, il y a plusieurs chemins pour arriver au même et bon résultat. Il est difficile de pouvoir se juger soi-même, je ne sais pas trop quelles seraient mes qualités et défauts. Sans doute que dans le cadre d’un vrai combat ou je risque ma vie, je serais plus à même de répondre à cette question.    »

La kunoïshi hocha la tête lentement en écoutant la façon de faire d’Hak.

« Chacun doit trouver son propre style, mais je ne peux faire comme toi, je n’ai pas un tel instinct. Je travaillais surtout personnellement sur la relève d’informations que ce soit chez l’ennemi ou être capable de relever la position des ennemis, connaitre leur force et faiblesse, mais je ne suis pas encore au point. On pourrait ainsi imaginer d’autre possibilité avec des futures nouvelles capacités. »

Dit alors très clairement Akane en pensant presque à haute voix. Elle ne voyait pas tellement le problème de parler de ses idées à Hak, elles étaient censées être dans le même camp. Elle était quelqu’un de très tactique, qui aimait à se projeter afin d’en faire divers plans d’attaque. Elle écouta religieusement Hak parler sur les différentes personnes que l’on pouvait rencontrer dans la vie. C’était peut-être des banalités, mais n’en avait-elle pas dit d’autres également ? Elle avait plus tendance à suivre les règles et les ordres, mais elle n’avait jamais été véritablement confrontée à un dilemme mettant en balance sa loyauté et sa moralité. Elle n’était personne, et sans doute que personne ne savait si on pouvait lui faire confiance. Elle était peut-être encore considéré comme une étrangère, allez-savoir ?

« Comme tant d’autres ? Je ne crois pas non, sinon tu ne seras pas lassée d’être appelée à tout moment. Quand on atteint un certain niveau, on est jamais comme tout le monde j’imagine. Reste juste à savoir jusqu’à quel niveau tu es capable d’aller ou as-tu atteint ton potentiel ?   »

Lança alors comme idée en l’air Akane. Elle n’avait pas la réponse à cette question, seul son instructeur le pourrait sans doute. L’absence de témoins, elle parlait bien de tuer la personne ou simplement en tête à tête ? Elle ne savait pas trop, mais elle ne savait pas si elle voulait avoir ce genre de réponse. Un visage souriant, oui, c’était sans doute plus agréable, mais la douleur restait la même peu importe le visage que l’on arborait. Elle ne dit rien et se contenta alors de s’incliner légèrement sans la quitter des yeux.

« Je te souhaites de te reposer pleinement afin d’être d’attaquer. Je te remercie pour cet entrainement, ce fut formateur.    »

Puis alors Akane se retira du terrain d’entrainement en osant lui tourner le dos.

Impertinente, la petite conne ne perd pas son temps et enchaîna les réponses, encore et encore, comme incapable de comprendre la rhétorique ou encore le moment où il est nécessaire de se taire. Si elle refuse d’apprendre ne serait-ce que cette base simple, cela lui jouera des tours dans son futur, mais qu’elle apprenne cette leçon seule. Je ne suis pas là pour donner à cette bande de débiles toutes les clefs de leur réussite, seulement l’essentiel pour assurer qu’ils puissent se débrouiller. Ils n’ont pas besoin de plus, et lorsque le jour viendra… Ils seront un défi un peu plus intéressant que de devoir lutter contre des copies conformes de moi-même. Les renseignements. Les interrogatoires. C’est la première fois que je forme quelqu’un dans ce domaine qui m’est si cher et précieux, et si je ne doute guère que cette fille doit avoir un semblant de potentiel, je vois aisément à travers les failles de son jeu et les différences qui nous séparent. Tant qu’elle s’en rend compte, elle pourra aller de l’avant.

Le futur. Le futur. Le futur. Elle et ses futures capacités. Elle et son futur. Elle ne parle que de ça, comme si elle s’attendait à pouvoir se coucher et patienter jusqu’à ce qu’il vienne de lui-même sans le fournir le moindre effort. Une lacune de plus dans ce qu’elle est, et un frein suivant à son développement. C’est au présent qu’il faut le faire. Se dépasser. Continuer à avancer. Rencontrer des obstacles et les détruire avec sa propre force. Rire au nez du destin et des malheurs qu’il apporte. Se consolider en eux et tuer. Tuer. Tuer. Encore et toujours. Mettre sa vie en jeu et ôter celle des autres. Ce n’est pas si compliqué pourtant – je suis sûre que la pétasse, ainsi que les quelques autres qui commencent à graviter autour de moi comme si j’étais une putain de Kadoria, comprendront bien vite ce principe. Si ce n’est moi, la guerre le leur expliquera certainement.

Je lui adresse un sourire quelque peu niais, volontairement exagéré dans cet aspect pour montrer le ridicule de sa question. La limite de mon potentiel sera atteinte quand je vais mourir. Pas avant, pas après. En tout cas, j’y aspire sincèrement. Et jusqu’où je suis capable d’aller ? Quelle connerie supplémentaire putain. C’est pourtant évident que je peux aller où je veux. La seule limite qui se pose, c’est moi-même, et je ne compte pas spécialement m’y tenir. Mentir, coucher, tuer, violer – qu’importe tant que cela me distrait. Je ne recherche rien d’autre de toute façon que de sortir de cette routine maladive qui commence à s’installer depuis quelques temps dans ma vie, m’engouffrant comme la dépression dévorait Shigeru. Putain. Il faut que je frappe quelque chose. Quelqu’un. N’importe.

Sur un dernier sourire que je fais croire sincère, je lui adresse un au revoir également avant de quitter le terrain également pour retrouver ce médecin de merde. Il saura certainement y faire quelque chose – même moi je sens que mon comportement perd le contrôle stoïque que j’étais capable de me donner. Merde…

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Une entrevue risquée

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