Sous le couvert de la nuit, je cours à travers les rues du village sous la couverture de mon sans-visage, méconnaissable. Une fois de plus, je me suis énervée. Une fois de plus j’ai tout envoyer paître… La rage que je ressens en ce moment précis vis-à-vis d’Otoke est tellement à des lieux de… J’inspire calmement, cherchant à me calmer. Il n’y a rien de bon quand je laisse le peu d’émotions que j’ai prendre le dessus, et ce soir en particulier je me sens tout bonnement submergée. Parler. Je ressens le besoin de parler. De boire aussi. Qu’importe les conséquences. Qu’importe… Tout. J’ai seulement besoin de retrouver un peu de la liberté que j’avais avant d’avouer mes sentiments à ce… Ce connard. En maintenant ma respiration à un rythme régulier, je me retiens presque d’aller faire un tour des bars de la ville. C’est un soulagement qui ne sera que temporaire et imprécis. Tellement loin de ce que je recherche actuellement.

Est-ce que cela fait de moi une faible ? Certainement. Une idiote ? Bien plus encore. Doublée d’une connasse de surcroit, c’est certainement ce que se dit Otoke. C’est sa faute, après tout, non ? De me tenir à l’écart. De choisir de faire sa vie de son côté comme si tout ça n’était… Rien. Je secoue la tête pour me libérer de ses pensées abjectes. Il n’y a rien de bon à me prendre la tête comme ça. De toute façon, je ne m’attendais à rien en particulier à le fréquenter, j’ai finie avec un enfant que j’ai dû éliminer et me voilà maintenant. Putain de merde. Une conne magnifique. Je me suis laissée berner comme la pire des débutantes par sa… Je roule des yeux au ciel sans m’arrêter dans ma ballade. Qui aller voir ? Shigeru et Daï doivent être occupés dans leur coin ou en train de dormir, et ils m’ont déjà trop aidé sur ce coup. Il ne manquerait plus qu’ils comprennent de façon trop importante l’effet sur mon moral qu’a eue cette intervention. Je ne peux pas.

Brutalement, je tape du pied contre le sol et m’arrête. Il est hors de question que j’aille voir Raito, même si cela m’amuserait fortement – et des gens que j’estime dans ce village il ne reste soudainement plus grand monde, à part mon équipe. Et à devoir faire le choix entre les trois… Tadashi m’enverra chier comme ce n’est pas permis compte tenu du hasardeux de nos relations depuis notre premier entraînement, et KuKI… Je doute qu’elle soit capable de faire quoi que ce soit d’utile dans cette situation. Elle est un peu particulière, conne sans être vraiment méchante. Putain quoi – même eux je m’y suis un peu attachée. A forcer de vouloir jouer à la gentille.

Mes pas me guident presque seuls chez Ikumo. Cela fait longtemps que nous n’avons pas eu l’occasion de parler, tous les deux. Dire que le petit con est certainement l’une des personnes les plus versée dans mes humeurs et folies dans le village. Il faudrait peut-être que je garde un œil rapproché sur lui ? Soupirant calmement, je cogne à sa porte.

Sans la moindre hésitation, je lui adresse un grand sourire et me permets d’entrer chez lui. Ce n’est pas comme si c’était la première fois que je le faisais, même si c’est étonnant que je ne sois pas en train de me moquer de lui alors qu’il dort. Enfin, c’est peut-être mieux ainsi, vu que je venue surtout pour discuter. Il a l’air d’un débile profond avec son verre et son gobelet, mais je n’en tiens pas compte et me jette sur son canapé pour m’y assoir, dégageant rapidement les bouquins qu’il a laissé dessus. C’est… Serein chez lui. Je ne risque pas de tomber sur un immense aigle ou finir dans le nid ce dernier, ni voir des choses que je ne devrais pas. Sa vie est bien chiante entre l’équipe et l’hôpital, et c’est tant mieux. Il ne manquerait plus qu’il s’amuse plus que moi pour me mettre en rogne et justifier le fait de lui casser la gueule en deux. Il a beau avoir été promue, je reste plus forte que lui. Plus puissante. Plus expérimentée. Et ce dans bien des domaines. Dommage qu’il n’y ait pas de falaise cette fois-ci.

« Tu me sers un thé ? »

Malgré le manque cruel de savoir-vivre dont je fais part, il n’y a ni le venin habituel, ni la sécheresse usuelle dans ma voix. C’est plus un mélange de quelque chose de joyeux sans trop l’être, un peu détaché à l’image de Shigeru. Non, définitivement ce soir je n’ai pas la tête à faire le moindre effort de mensonge. Il faudra se contenter de la vraie Hak. Celle que j’ai refoulée depuis tant d’années. Celle dont j’ignore même où elle se trouve. Est-elle un mélange de toutes ces facettes que je me suis créée ? Est-elle autre chose ? Au fur et à mesure que la journée avance, la seule chose qui grandit, en plus de ma frustration, est le mal de crâne horrible que je connais. D’un bref regard, je le fixe et lui adresse un sourire niais.

« Tu comptes rester debout toute la soirée à attendre que les choses se passent ou alors tu vas nous faire ce thé chacun et t’installer pour qu’on discute un peu ? Je ne suis quand même pas venue évaluer l’état du ménage chez toi après la dernière fois… »

Ah. La dernière fois. C’était amusant. On s’entrainait un peu. On s’insultait un peu. On a fini par mettre le feu à la maison, ivres morts. Dire qu’il se disait si fort. Si résistant à l’alcool. Je ne suis pas un exemple à suivre dans ce domaine, mais il s’est montré être une simple petite pute, incapable même d’utiliser son ninjutsu suiton pour éteindre un accident une fois quelques verres dans le nez. Je n’étais peut-être pas mieux, mais au final… L’essentiel est que c’était l’une des rares soirées où il m’a été donné de rire. Sincèrement. Si seulement j’arrivais à me changer les idées ce soir également – ça me ferait le plus grand bien.

Je lui adresse un grand sourire – bien loin du regard assassin que j’aurais plutôt eu tendance à faire devant sa remarque. Il est vraiment stupide comme pas possible ce garçon, et il est certainement grand temps que je remettre quelques pendules à l’heure avant qu’il n’aille s’imaginer trop de choses, entre mes sourires et mon calme inhabituel.

« C’est pourtant évident non ? Pas la peine de t’emporter sur tes grands chevaux, je mène la danse de toute façon… J’ai toujours mené la danse. »

Doucement, je plante mon regard dans le sien alors que je commence à siroter mon thé. Je ne fais que dire la vérité, après tout. Qu’importe mon interlocuteur. Qu’importe ma discussion. Qu’importe tout de toute façon. Entre mes talents pour discerner les mensonges et ceux pour mentir, je suis tout bonnement capable de retourner n’importe quel bla bla inutile en quelque chose qui me plaît, pour peu que j’en ai l’envie. Ou que les discussions merdiques soient nécessaires pour une raison ou une autre. Là, il n’y a rien de tout ça. Je ne cherche qu’à être au calme. Qu’à… Je ne sais pas. Arrêter de toujours diriger ? Perdre le contrôle, ne serait-ce qu’un moment. Voir ce que ça fait d’être la petite merde qui se fait mener là où on veut bien l’emmener plutôt que d’être le guide. Est-ce trop demander pour quelqu’un comme moi ? Certainement.

« Au final, j’ai tenu ma promesse, non ? Je dois même avouer avoir été un peu déçue – pas même un grain de ma folie n’est entré en toi alors que tu as cette amélioration de tes capacités que je t’ai promise. Enfin, c’était jusqu’à la dernière fois ça : visiblement, il suffit de te faire boire pour que la réalité vienne à la surface. N’est-ce pas ? »

Légèrement enjouée, je reprends une gorgée de thé et me lève calmement pour éviter d’en renverser. Il a eu suffisamment de ménage à faire la dernière fois, et je ne suis pas venue pour remuer cette histoire dans la plaie… Pas de trop en tout cas.

« Où est-ce déjà, la trace de notre feu de la dernière fois ? On pourrait peut-être recommencer ? »

D’un geste de la tête, je pointe l’armoire où je sais qu’il tient de l’alcool. A moins qu’il n’ait décidé de déplacer ses bouteilles depuis la dernière fois, mais j’ose admettre qu’il n’est quand même pas con au point de ne pas comprendre l’allusion que je fais. Vu à quel point je tiens ce dernier, ce ne sera guère un exploit de perdre le contrôle, qu’importe ce qui arrivera derrière. J’ai la sensation que c’est ce dont j’ai besoin.

Malgré le peu d’attention que je lui porte, je lui adresse un amer rictus lorsqu’il me dit que mes limites sont devenues les siennes. Visiblement, malgré le temps passé, il n’est absolument pas devenu moins stupide. Je dirais même plus – il a certainement régressé dans sa petite cervelle de merde pour en arriver jusque-là dans ses idées même. Alors qu’il continue à me parler en s’offusquant de ma proposition, j’ouvre l’armoire où je sais qu’il range sa bouteille – a-t-il le droit d’en avoir à son âge même ? – et l’ouvrant d’un geste agile, j’en prends une petite gorgée. Je ne tiens pas l’alcool, de toute façon. Le voilà qui monte sur ses grands chevaux avec des interdictions qui fanent en l’espace d’une phrase : et ça se dit capable de me tenir tête ?

« Tu cèdes bien vite… »

Calmement, je m’approche de lui et m’affale à nouveau dans le canapé, la bouteille fièrement entre mes bras et sourire provocateur aux lèvres.

« Tes expressions sont merdiques et absolument pas convaincantes. Tu le sais, pourtant, que je détecte ce genre de choses. Alors arrête de faire le con veux-tu ? Quant à mes limites… »

Sereine, je reprends une gorgée d’alcool directement au goulot avant de lui tendre la bouteille. Qu’estce qu’on s’emmerde avec un thé quand même.

« Tu sais bien que je n’en ai pas. Alors cesse de raconter de la merde. »

Un sourire de plus et je me sens déjà plus légère. L’alcool ne fait pas encore son effet – et même moi je ne suis pas assez conne pour sombrer sur deux gorgées de Sake. Seule ma gorge brûle dans son petit espace merdique alors que je réfléchi à comment cette soirée pourrait bien évoluer. Finalement, me confier sur mes problèmes avec Otoke ne me plait plus tant que ça, et vu les prouesses intellectuelles dont il a fait preuve, je préfère ne pas risquer ce genre d’approche débile qui ne risque que de finir en problèmes supplémentaires. Il y a, tout au plus, ce petit jeu que j’essaye de faire dernièrement – plutôt un jouet même. Une astuce bien utile pour obtenir ce que je veux des gens – je ne vais pas me priver de l’utiliser sur lui-même sans rien vouloir. Il a toujours été un cobaye intéressant. Con, mais intéressant. Comme quoi être incapable de gérer ses émotions en tant que puceau a du bon.

« Dis-moi… Honnêtement. »

Je lui adresse un regard noir, comme pour signer qu’il risque d’y passer au moindre mensonge.

« Tu penses quoi de moi en tant que chef d’équipe ? Je veux dire… Enfin je sais ce que vous pensez de moi. Mais plus de détails. Des choses à changer peut-être ? A améliorer ? Tu as tes cinq minutes, profites-en ou demeure en silence à jamais. »

Lui apprendre ? Et puis quoi d’autre. C’est quelque chose que trop de gens convoitent, cette capacité. Comme si le monde ne faisait que réaliser maintenant que savoir quand un connard vous ment donne un avantage considérable dans la vie de tous les jours ainsi qu’en mission. Je ne sais même pas pourquoi je m’étonne de voir ce village d’idiots me prouver chaque jour que l’on peut être encore plus débile que la veille. Ce sera quoi demain ? Les gens vont se rendre compte qu’avoir un médecin au sein d’une équipe est d’une utilité fulgurante et vont s’arracher les apprentis de Shigeru ? J’ai presque envie d’en rire amèrement. Je lui adresse un sourire amical.

« Si tu veux tant l’apprendre que ça… Je pense que ça peut s’arranger. Néanmoins, si Dai a eu la délicatesse de faire savoir à une bonne partie du village que je suis capable de lire dans les mensonges des gens… Le fait que je sache mentir tout aussi facilement que trouver les mensonges et lire dans les émotions des gens sont des choses inconnues du commun des villageois. »

Rapidement, je réduis la distance qui nous sépare et avance mon visage vers lui, le regard noir et menaçant.

« Ma vie deviendrait très ennuyante si cela venait à se savoir… Et la tienne particulièrement désagréable. »

Si je ne peux plus m’amuser à manipuler les gens pour les voir courir droit dans le mur, persuadé que par je ne sais quelle magie ils passeront à travers… Je serai rapidement réduite à devoir les jeter dans les murs par la force – et il va sans dire que ce petit con sera ma première victime. Rapidement après cette intervention et ce savant mensonge – encore que, il est certainement la personne la plus méritante pour apprendre ceci de ma part, comme je ne peux lui enseigner rien d’autre – je m’installe dans le canapé et l’interroge enfin sur ce qu’il pense de moi. Une légère vague de chaleur commence à s’installer en moi alors qu’il répond, signant que l’alcool commence à se mélanger à mon sang. Je lui adresse un petit sourire à la fin de sa petite tirade. Si seulement il savait.

« C’est difficile de se tromper quand on te demande ton propre avis - à moins d’être totalement débile. Mais oui, si je considérais avoir fini avec vous trois je vous aurais déjà laisser vous débrouiller – si je vous garde c’est que vous m’amusez encore. De là à dire que j’ai prévue des choses par contre… Je pensais que tu avais remarqué que j’y allais au jour le jour ? »

Une légère déception de ma part alors que je le fixe sereinement, attendant une réaction de sa part. Ou qu’il prenne une gorgée d’alcool. Ou les deux. Ou qu’il fasse quelque chose. Putain. On va s’ennuyer à ce rythme. Et si je… Rapidement, je reprends une troisième gorgée d’alcool et lui tend la bouteille, m’assurant que nos mains s’effleurent au passage. C’est parti désormais sur la tentative de mon nouveau jeu. L’illusion la plus fourbe que j’ai réussie à mettre en place. L’exploitation parfaite de mes capacités de lecture humain – l’amplification des sentiments des gens. Ne serait-ce que la moindre petite once d’affection à mon égard qu’il puisse avoir, ce contact sera suffisant pour l’augmenter délicatement. Jusqu’où ? Je l’ignore.

Spoiler:

Des objectifs ? A quoi bon ? Avec une bande d’idiots aussi insubordonnés qu’incapables quand ils le veulent, le risque de prévoir des choses à l’avance est simplement de se retrouver dans une situation d’échec permanent. Ne rien exiger. Ne rien anticiper. Je me contente allègrement de les voir s’enfoncer dans leurs merdes à sourire en les fixant jusqu’à ce que le point ne devienne critique et nécessite mon intervention. Qu’importe ma façon de le présenter ou le regarder d’ailleurs – je ne fais que saisir les opportunités qui se présentent. La seule chose vraie, à la limite, est que même dans leurs enfantillages je sais plus ou moins à quoi m’attendre désormais, et je connais leurs capacités au combat. C’est juste plus confortable de les avoir eux qu’une banque de débile que je devrais découvrir à chaque fois.

Alors que je lui tends la bouteille, je lis la brève confusion dans son regard, son expression faciale – m’arrachant presque un sourire. Décidément, les quelques bonnes gorgées que j’ai prises sont suffisantes à me faire ressentir un début d’alcoolisation, et c’est tant mieux. Au moins, je ne pense plus à l’autre connard qui a décidé de faire sa vie de son côté en me… Je secoue brièvement la tête pour me débarrasser de ces pensées, seulement pour voir la détermination traverser ce petit idiot quand il balance la bouteille dans un coin de la pièce, la brisant. Sans la moindre hésitation, j’affiche une moue prononcée et me lève vers lui quand il annonce que c’en est fini pour ce soir. Je ne fais que commencer, et il le saura bien assez vite. Rapidement, je m’approche de lui à l’image d’une prédatrice avant de le maîtriser physiquement par le biais de ma force.

« Qui penses-tu être devenu pour décider de ce genre de choses ? »

D’une prise rapidement de corps à corps, je l’oblige à se lever, m’affale dans le canapé à sa place et attire son corps vers le miens, l’orientant de sorte à ce qu’il soit allongé sur mes genoux, la tête enfoncée dans le canapé et les fesses directement sous mon ventre. Devant l’inefficacité de mon petit jeu avant, je retente une fois de plus d’influer sur ses émotions. C’est amusant, en réalité, de me dire que n’importe ce qu’il cherche à entreprendre, j’aurais toujours l’avantage en force physique brute. Ce n’est qu’une…

« Fillette. Tu te fais maîtriser physiquement par une femme ivre. Franchement… »

Regardant son corps se tortiller dans mon emprise, je souris presque sadiquement avant de soulever une main et lui donner une petite fessée – telle une mère qui viendrait chercher vindicte chez son enfant. Et l’espace d’un instant seulement. L’espace d’une fraction de secondes… Ma gorge se serre à l’idée que je pourrais être en train de faire ça à mon propre enfant dans quelques temps si je n’avais pas demandé l’aide de Shigeru ce soir-là. Mais non. Je ne vais pas me replonger dans ce genre d’histoire. Sans la moindre hésitation, j’en assène une deuxième, un peu plus forte, comme pour libérer mon esprit de ce démon qui le hante.

« Une fillette vraiment désagréable d’ailleurs. Tu te plaignais d’avoir eu du ménage à faire et tu fais ça après ?! »

Une troisième, plus délicate, dans la foulée. J’ai l’impression d’être une débile finie à m’amuser à donner des fessées à un subalterne, mais c’est une façon bien plus douce de le remettre à sa place que de lui briser un os ou deux, non ?

Je cache à peine ma surprise à le voir fuir si facilement de mon étreinte. Suis-je si alcoolisée que ça pour qu’un petit merdeux de son espèce se libère avec une telle facilité ? Amusée, je le regarde en croisant mes jambes, bien déterminée à lui opposer toute la résistance possible. Je ne suis absolument pas venue ici pour jouer à la grande, et s’il pense m’avoir avec ses petits subterfuges de pute sous-payée, il peut se l’enfoncer droit dans le cul car je n’en ai strictement rien à faire. Un combat ? Je reste de marbre face à cette proposition et décide, dans un lourd soupire, de me lever pour le rejoindre à la porte de sa maison – juste le temps qu’il se prépare. Qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir combattre avec moi ? Suis-je une sorte d’icone divine intouchable qui inspire je ne sais quoi en eux et les pousse tous systématiquement à chercher l’affront ? A remettre en cause ma position ? A me détruire ? Je sors la première, aguicheuse, et à peine dehors j’éclate doucement de rire, le son cristallin de ma voix faisant écho contre le ciel nocturne du village.

« Pour qui te prends-tu, gamin ? Tu n’es même pas… Non. Vous n’êtes même pas, tous les trois, capables de comprendre pourquoi vous avez perdu la dernière fois… Ça te prive de tout mérite car tu es celui qui est resté debout. »

Je le toise de mon regard dédaigneux, lui montrant clairement qu’il n’y a aucune plaisanterie dans les mots que j’avance. Non mais, pour qui se prend-il honnêtement ? Dire que je voulais m’amuser, cet excès soudain de confiance en soi de sa part m’agace au plus haut point et me motive à arrêter tout petit jeu – même si l’alcool prend rapidement le dessus sur moi, une fois de plus.

« De toute façon, dans cet état, je ne suis pas certaine de pouvoir m’arrêter avant de te tuer. »

Le ton est à moitié à la plaisanterie et à moitié au sérieux, un équilibre rare dans le chaos de mon esprit – et pour cause, à peine ces quelques mots prononcés je me penche vers lui et attrape ses lèvres avec les miennes. J’ai décidément beaucoup trop bu, mais de ma main gauche je l’attrape et l’oblige à continuer dans le baiser, le poussant calmement à travers le seuil de sa porte à nouveau chez lui. Hi hi hi. Il ne s’y attendait pas à celle-là, je suis sûre – et déjà de mon pied je claque la porte de son appartement, nous laissant tous les deux dans le noir et la solitude partagée de deux corps.

HRP: