On t'a pas loupée ! [Leika]

L’hôpital de Konoha, quelle connerie franchement ! Allez savoir pourquoi, notre Akimichi était énervé aujourd’hui. En réalité, vous pourriez vous douter de la raison : un plat froid qu’il avait mangé le midi ! Franchement, il n’y avait que notre gros goinfre pour s’agacer de si peu, mais un met mal cuit ne pouvait qu’être difficilement toléré pour lui, surtout quand il avait un lourd programme. Et c’était bel et bien le cas aujourd’hui.

Son corps imposant affalé sur le mur principal de l’hôpital, Yûkan dévisageait chaque personne qui entrait ou sortait du bâtiment. Plus que son manque d’amabilité accoutumée, tout laissait à croire qu’il était venu ici pour trouver une personne précisément. Lorsqu’une infirmière vint lui proposer son aide, il se contenta de la rembarrer avec toute sa délicatesse habituelle. Comprenez par là qu’un simple « je t’ai sonné ? » lui suffit.

Ce n’est qu’une fois qu’il vit une jeune femme aux cheveux blancs sortir de la grande bâtisse que le gaillard sembla se réveiller de sa paresse de mauvaise humeur. La voyant descendre de dos, il l’appela d’une voix grasse.

« Hayashi Leika ? »

Lorsque la jeune femme se retourna, il eut la confirmation qu’il attendait. S’il avait pu avoir un portrait d’elle assez bref, ce furent les bandages entourant ses bras qui transformèrent son idée en vérité. D’une impulsion de pied, il se remit droit et commença à marcher vers l’aspirante. Et c’était là tout le sujet de sa visite.

« Et beh, on t’a pas loupée ! Mais même avec ces cicatrices, un gros lard comme moi serait ravi d’avoir une si charmante compagne ! »

Il sembla soudainement se rendre compte que ce qu’il disait pouvait être un peu déplacé, et de son expression du visage, il se ravisa. C’était un aspect étrange de sa personnalité : plutôt conservateur, il n’avait jamais hésité à remballer une grosse partie de ceux qu’on lui avait choisis comme élèves. Mais il conservait un côté poli et courtois envers les femmes, bien que ce dernier restait bien maladroit.

Yûkan ne mit pas trop de temps à trouver dans sa sacoche une boule de riz enlacée dans une large feuille. Il la jeta, sûr qu’à trois ou quatre mètres d’elle, la jeune femme la rattraperait sans difficulté. Il esquissa même un sourire.

« Réflexe ! s’amusa donc-t-il avant de reprendre. Mange t’en auras besoin, on file de l’autre côté du village ! »

Il commença alors à marcher, sans même se demander ce que pourrait penser la dénommée Leika. Après tout, en se mettant à la place de l’aspirante, il y avait de quoi se poser des questions. A peine sortie de l’hôpital, voilà qu’un gros lard qui devait avoir une dizaine d’années de plus se pointait pour l’emmener ailleurs ! Mais si on pouvait reprocher certaines choses à Yûkan, on ne pouvait lui contredire un certain « charme comique », qui inspirait à défaut d’inspirer la sagesse, respirait la confiance…

Cela faisait une semaine que j'étais à l'hôpital suite à mon combat contre Aburame Mizuki. Les médecins avaient tenu à me garder autant de temps en observation, car certaines des blessures plaies dont j'avais écopé durant le combat étaient importantes et s'étaient infectées. De ce fait, je devais avaler chaque jour plusieurs médicaments pour prévenir d'éventuelles déconvenues et j'avais les bras couverts de bandages pour protéger certaines de ces plaies encore suintantes de pus. Bref, tout allait bien dans le meilleur des mondes possible…

Aujourd'hui, je sortais donc du centre médical afin de reprendre une vie… Normale si je pouvais dire. Je portais un petit sac à dos dans lequel je transportais les affaires que Natsuki avait ramenés de chez lui et ou je devais à présent retourner vue que je logeais là-bas.

Je n'avais pas hâte de devoir l'affronter, car je savais qu'elle serait les sujets de conversation que nous aborderions. Mon examen genin, dans trois jours, mais aussi la poursuite de mon entraînement. Je n'étais cependant pas bien remise physiquement, mais aussi moralement. Non, de ce dernier côté, c'était même très bas. Je doutais de plus en plus de moi, mais aussi de cette voie que j'avais souhaité emprunter. Les shinobis avaient une vision beaucoup trop différente de la mienne et l'emploi de la violence me semblait beaucoup trop poussé dans certain cas. En bref, je subissais un retour de la médaille plus qu'évident suite à mon combat contre la future hokage. J'avais peur. Je faisais des cauchemars la nuit ou je me sentais dévorer une nouvelle fois par ses insectes.
J'étais à ce point dans mes pensées que je ne remarquais pas cet étrange homme à la sortie de l'hôpital qui m'interpella. Mon visage se redressa et se tourna vers l'individu barbu avec une pointe d'étonnement :

"Oui ?"

Suite à cela, des remarques sur mon état physique. Aussitôt, je rougis bien évidemment et me renfrogne sans vraiment comprendre ce que me veut ce curieux individu :

"Vous êtes ?" Demandais-je alors d'une voix mi agacée, mi-surprise.

Soudain, il fouilla dans sa sacoche et me lança un objet de forme ronde avec un mot qui m'incita à tendre la main et attraper ce quai me semblait être une balle sans trop de difficulté. C'était mou lorsque je la touchais et surprise, je déballais le morceau de papier pour y trouver une boule de riz qui fut également accompagnée d'une boutade de l'homme, qui sans autre forme de discours se retourna et parti dans la direction opposé à celle où je me dirigeais.
J'étais distraite par cette curieuse intervention et mon instinct m'aurait poussé à m'en moquer et rentrer directement chez moi. Mais ma curiosité l'emporta sans soucis sur cet aspect de ma personnalité. Je trottinais jusqu'à l'homme le rattrapant sans trop de difficulté :

"Excusez moi ? Mais qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?"

Il marchait vite pour un homme aussi corpulent.

Elle avait toujours un peu de réflexe. Mais cela était tout aussi logique que le fait qu’elle ne sache absolument rien de celui qui l’avait attendue à la sortie de l’hôpital. Quoi de plus normal, Konoha était un village immense, sans doute l’un des plus grand au monde. Et très peu de Jônins sont au contat d’académiciens, hormis ceux qui font justement partie de ce « département ». Et ce n’était absolument pas le cas de l’Akimichi.

On pouvait alors se demander pourquoi, justement, il était là. Lui qui passait le plus clair de son temps à refuser de prendre sous son aile les élèves qu’on lui envoyait. Pourquoi s’intéresser à une fille qui n’était même pas Genin ? D’autant plus que même sans lire dans son dossier, on pouvait facilement deviner que la dénommée Leika avait atteint ou presque la majorité, un âge assez avancé pour quiconque souhaitait passer Genin.

« T’as pas vu mon physique ? J’suis un Akimichi. Yûkan si tu veux tout savoir, un Jônin. »

L’homme continuait de marcher sans quasiment jamais se retourner. Satisfait et surtout persuadé que la jeune femme le suivait, il ne pensait pas à grand-chose, hormis parfois à son repas gâché du midi. Dire qu’il venait de donner son dernier encas mangeable à la Hayashi. Quelle tristesse pour un homme de son envergure…

« J’suis pas du genre… sociable. On m’envoie souvent des jeunes pour que je les encadre au sein d’une équipe, ce genre de choses, ‘fin je t’apprends rien, c’est de par mon grade dans le village. La plupart du temps, j’ai à faire à des tapettes qui pensent qu’être shinobi c’est se faire une réputation et des couilles en or sans quasiment rien risquer. »

Soudain il s’arrêta. Pour la première fois du trajet, il se retourna et se concentra pleinement sur la jeune femme. Il fit même deux pas vers elle, et la pointa étrangement du doigt, comme souligner quelque-chose chez elle. Un rictus tout aussi spécial apparut sur son visage légèrement ridé.

« Mais voilà qu’en fouillant un truc pour le boulot, je tombe sur le dossier d’une jeune fille qui se retrouve à l’hôpital couverte de blessures… alors qu’elle n’est qu’une aspirante. Comprends-moi bien, tu t’es prise plus sur la gueule que trois quarts des Genins que j’ai pu voir cette dernière année. »

Lorsqu'il me désigna son physique comme réponse à ma question. Je restais de marbre, continuant à trottiner à ses côtés pour suivre son pas. Un Akimichi ? Je savais que c'était un clan du village au même titre que le mien était celui des Hayashi mais je n'étais pas du genre à mettre des noms sur le visage des gens juste en fonction de leur physique. Je baissais les yeux, puis lorsqu'il prononça son grade. Je me stoppais presque dans ma marche, avant de la reprendre. C'était un pair à Natsuki de ce fait. Que pouvait-il bien me vouloir ? Je n'en savais fichtrement rien. Dans ma main, je serrais toujours la boulette de riz, mais à aucun moment, je n'avais porté cette dernière à mes lèvres.

L'homme continuait de marcher toujours aussi vite, me déblatérant un flot de paroles continue sur ce qu'il faisait avec des genins qui semblaient pour le moins difficile, puis rapidement, il revint sur mon cas et sur mon état de santé actuel. Ce coup-ci, je me stoppais net dans ma course. Me figeant sur place et tremblant même légèrement. Je ne prononçais pas beaucoup de paroles, mais ces dernières étaient empruntes d'un timbre de voix qui laissé clairement présager que je ne ferais pas un pas de plus avant de savoir ce que me voulait cet homme. C'est d'ailleurs la question que je lui posais :

"Que me voulez-vous ? Et où m'emmenez-vous ?"

Mon regard émeraude s'était posé sur son visage ravagé par les années qui étaient passées. Il n'était pas tout jeune à n'en pas douter, mais sans doute plus âgé que les trois-quarts des shinobis qui peuplaient cette ville, preuve d'une certaine maîtrise et d'un certain savoir faire dans l'art qui devait pratiquer quotidiennement. Seulement voilà, je n'arrivais pas à comprendre ou il voulait en venir.

Elle était inquiète. Yûkan ne cacha pas sa déception de ne même pas l’avoir un tantinet amusée. Mais peut-être l’avait-il au moins intriguée. Sa tête bascula sur le côté, comme pour afficher un scepticisme presque trop original pour l’Akimichi qu’il était. Il fallait avouer que son clan n’était bien souvent vu comme une troupe de balourds qui frappaient plus qu’ils ne réfléchissaient. Et c’était bien souvent vrai. Mais là, Yûkan semblait bel et bien avoir poussé une certaine réflexion.

« J’espérais que tu me dirais pourquoi t’es pas encore une Genin, m’enfin… »

Il s’écarta alors de deux pas latéraux et se mit de profil. Son bras épais vint se lever pour montrer ce qu’il y avait au bout de l’allée qu’ils avaient emprunté. Une sorte de terrain vague, avec quelques arbres et quelques rochers. D’une voix rauque, le Jônin reprit la parole.

« Je vais t’entraîner. »

S’il aurait bien voulu éviter les questions de ce genre et se concentrer sur les faits, il ne put néanmoins que rester à sa place, se doutant que la jeune femme ne se déplacerait pas sans qu’il donne un minimum de justifications. Il retira de derrière sa ceinture un marteau d’une taille moyenne qu’il montra fièrement à la jeune Leika.

« J’sais que t’as Nara Natsuki comme senseï, et même si j’ai jamais pu piffrer ces génies, il a mon respect. Mais je suis sûr qu’il te le dirait lui-même : on a toujours quelque-chose à apprendre et ce de n’importe qui. »

Il refit face à l’aspirante et marcha tout droit devant elle. A peine deux ou trois mètres les séparaient désormais. Ne manquant pas de constater que la boule de riz était toujours dans sa main, il esquissa un sourire sous sa moustache rousse.

« J’sais pas pourquoi t’es toujours aspirante à ton âge, et au final j’m’en carre un peu. Mais moi, le premier à rembarrer les pleurnicheurs, je refuse de voir gaillarde qui s’en prend plein la gueule ne pas être soutenue. Tu m’suis ? »

Ses sourcils se haussèrent d’une façon assez expressive. Il n’y avait plus qu’à attendre la réponse de l’intéressée.

Pour réponses à ses questions, je levais mes bras pour montrer mes bandages en répondant :

"Vous pensez vraiment que je peux m'entraîner ? Ou même que j'en ai envie ?"

Je m'étais légèrement renfrognée sur moi-même en entendant ses paroles et mon visage montra clairement que je n'étais pas des plus à l'aise vis-à-vis de la proposition du Jonin. Mon regard semblait apeuré, car je n'avais toujours pas pris de décision quant à mon souhait de devenir vraiment une shinobi. Une question du balourd me faisant face résonna cependant dans mon esprit. Pourquoi n'était-je pas encore genin ?

"Je ne suis pas encore prête…"

C'était la seule réponse que je pouvais lui donner. Physiquement, j'avais fait beaucoup de progrès. Moralement, je n'avais toujours pas ce petit truc qui ferait de moi une bonne combattante. J'étais rebelle et j'avais encore ma conscience pour moi. Hors, ce que j'avais vu il y a de cela une semaine et surtout ce que l'on m'avait infligé m'avait plongée dans une réflexion des plus profondes.

Cependant, il avait raison sur un point, Natsuki m'aurait dit exactement ce qu'il venait de me dire. Toutes personnes à quelque chose à nous apprendre. Civil ou militaire. Jeune ou vieux. Je baissais le regard et regardé une nouvelle fois la boulette de riz. Je la glissais finalement dans la poche de ma tunique tout en retirant mon sac à dos de mes épaules, le portant désormais entre mes deux bras serrés contre ma poitrine. Je m'avançais alors vers le terrain vague qu'il m'avait désigné. Légèrement tremblotante, mais malgré tout déterminé.

Oui, j'avais pris un coup au moral lors de ce combat. Oui, j'avais très peur. Mais le meilleur moyen de combattre une peur, c'est encore de l'affronter.

Je posais mon sac au pied d'un arbre et tapé le sol de la pointe de ma chaussure avant de me mordre outrageusement la lèvre inférieure en observant le terrain vague où il m'avait emmené. Je connaissais cet endroit de vue, mais je n'y étais jamais vraiment venue, préférant le contourner lorsque je faisais mon jogging. Mon regard se posa une nouvelle fois sur l'homme qui m'avait attendu à la sortie de l'hôpital :

"Je vous écoute ?"

Yûkan n’était pas le balourd idiot qu’il pouvait sembler être. Plus malin que la plupart des gens de son clan, il n’en restait pas moins maladroit dans sa façon de communiquer. Et il en était de même dans celle de jauger les gens à qui il s’adressait. Alors lorsqu’il entendit ce que l’Hayashi avait à répondre, il douta qu’elle veuille le suivre. Mais finalement, il lui sembla avoir fait mouche. Et après avoir replacé son sac à dos, elle poursuivit sa marche, pour le plus grand plaisir du balourd. Ensemble, ils mangèrent rapidement le reste de la distance qui les séparaient du terrain d’entraînement.

Ils posèrent leurs affaires. Leika avait à juste titre posé les siennes sous un arbre, que l’Akimichi choisit également pour poser les siennes. Et il fit de même avec son marteau, qui s’écrasa au sol, laissant présager qu’il faisait bien son poids. L’Akimichi se tourna vers l’aspirante.

« J’suis pas psychiatre ou spécialement intelligent, alors tes soucis tu les gardes pour toi, pigé ? Moi, je vais partir du principe que tu veux être une kunoïchi, ou que le dois. Le reste, j’le laisse à Natsuki. »

C’était clair, concis et dit. Yûkan ne voulait avoir en face de lui qu’une jeune femme qui allait se donner pour être une Genin, rien de plus ni rien de moi. Ensemble, ils allaient travailler sur de nombreux points. Mais la volonté ou la psychologie seraient exclues de cette liste.

Ses bras musclés vinrent fouiller derrière sa ceinture. Il en sortit quelques shurikens et kunaïs qu’il déposa aux pieds de l’aspirante, sans d’ailleurs chercher à savoir si elle en avait sur elle. Il pointa son index vers un arbre qui était à une trentaine de mètres environ de leur position. De là, ses consignes furent prévisibles.

« Montre-moi tes bases. Tu vises le centre du tronc avec un ou deux kunaïs, puis avec un ou deux shurikens. Et tu me diras avec lequel des deux tu te sens le plus à l’aise. »

Sur quoi il s’écarta pour laisser la jeune femme faire son exercice. On commençait par du très basique, mais encore une fois, l’Akimichi semblait inspirer la confiance et savoir où aller.

Ce bonhomme était des plus étrange et après sa dernière remontrance, je restais immobile, curieuse devant son attitude plutôt extravagante à mon égard jusqu'à ce qu'il fouille dans sa ceinture pour jeter à mes pieds tout un attirail métallique. Intriguée, je jetais un regard vers le sol pour y distinguer différents objets que je n'eus pas grand mal à identifier. Des Kunais et des étoiles shinobis, des shurikens en d'autres termes. Je restais interdite, car je ne comprenais pas vraiment ce qu'il attendait de moi, aussi, je restais immobile jusqu'à ce qu'il me cite des instructions précises.

Juste un lancé d'armes. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas touché ce genre de projectiles. J'étais un peu stressée pour le coup, mais je soufflais un grand coup avant de m'accroupir pour ramasser deux kunaïs. Je restais un moment à les observer. Dessinant le fuselage de l'arme d'une main attentive, je saisissais finalement ce dernier par la poignée avant de glisser un doigts dans la hanse circulaire pour le faire tourner autour de mon index.
Les souvenirs me revenaient rapidement en mémoire. J'avais déjà fait ça par le passé. Il a très longtemps, mais pourtant, je m'en souvenais comme-ci c'était hier.

Mon geste fut légèrement maladroit alors que je faisais tourner l'arme entre mes mains avant de la lancer en direction du tronc d'arbre. Elle se planta dans l'écorce. Chance où avais-je finalement gardé un peu de ce que mon paternel m'avait enseigné. Je n'en avais aucune idée, mais je renouvelais l'opération avec victoire, le deuxième Kunaï se planta à coté du premier et un soupir de soulagement traversa mes lèvres alors que je dardais un œil inquiet en direction des shurikens. Ça, je ne connaissais pas. Je ne savais même pas les utiliser. Je les saisi donc avec précaution et les fait rouler entre mes mains. C'est tranchant. Sans doute plus qu'un simple Kunaï, mais ça me semble aussi plus difficile à manier. Je ne sais pas trop comment m'y prendre pour les saisir sans me faire mal. Je fais preuve d'une grande maladresse quand je le saisis et le lance à la façon d'une pierre avec laquelle on essaye de faire un ricoché. Le tir est lent et inexact. Il tombe au pied du tronc et je n'avais pas besoin d'essai supplémentaire pour affirmer :

"Je pense que je préfère les Kunaïs !"

Pas bien dur à deviner en même temps. Et maintenant ? Quelle sera la suite de cet entraînement ?

Ce fut dans un silence qui lui était presque inhabituel que notre balourd regarda la jeune femme effectuer ses lancers. Si les deux kunaïs avaient touché leur cible, ce ne fut pas pareil pour le shuriken, qui se posa difficilement par terre. Effectivement, elle préférait les kunaïs, mais ce ne fut pas de ça que l’Akimichi lui parla en premier. Non, il sembla étrangement agacé.

« J’pense effectivement comme toi, mais je t’avais demandé de lancer deux shurikens. Si tu respectes même pas des consignes enfantines comme celle-là, on va pas être potes ma belle ! »

Son agacement ne dura pas. Il sortit de sa sacoche de shinobi un autre kunaï. Rapidement, il le fit tournoyer de par son doigt et s’amusa quelques secondes avant d’en reprendre le manche. Son regard se posa sur le corps encore bandé de l’aspirante. Le kunaï était bien en avant.

« Un kunaï possède une pointe claire, de fait il est plus facile à lancer. Et de plus, il peut être utilisé au corps-à-corps. Mais c’est pas une raison pour délaisser les shurikens, bien au contraire. »

Celui qu’on surnommait étrangement le Brave sortit alors un autre shuriken et plaça le kunaï dans sa main gauche. D’un geste rapide, même pour l’Akimichi qu’il était, son bras fit un mouvement suivi par son poignet. Le shuriken partit vers la gauche avant d’aller se planter suite à un effet pareil à un arc de cercle dans le tronc. Il reporta son attention sur Leika.

« Il est plus facile de lancer des shurikens et de leur donner des effets. De plus, tu peux en lancer plusieurs sans trop perdre en précision ou en rapidité. Puis bon, inutile de te dire qu’il vaut mieux savoir manier les deux car en mission, l’ennemi te prêtera pas des kunaïs s’il ne te reste que des shurikens. »

Il se caressa l’une des tresses de sa barbe rousse, et sembla avoir un déclic. Assurément, il s’était rappelé de quelque-chose.

« Ca me rappelle de ce bon vieux Jarabo ! Il disait qu’il fallait toujours lancer ses projectiles avec son instinct, ah, il soupira. Quel con ! Ma p’tite Leika, écoute-moi bien, le lancer de shurikens et de kunaïs, ça marche que d’une façon : l’habitude. Alors entraîne-toi, jusqu’à ce que tu veuilles arrêter. Pendant c’temps, j’vais aller me chercher un truc à bouffer… »

Spoiler:

Il était assez difficile pour moi d'observer cet homme après la remontrance qu'il me fit. A quoi bon me demander vers lequel allait ma préférence si c'était au final pour me démontrer que les deux avaient leurs utilités. Une moue boudeuse se dessina sur mon visage bien que je reste attentive à ses conseils. Après les remontrances cependant, les explications ne tardèrent pas à arriver et je tournais ainsi un visage intéressé devant ses explications et démonstrations.

Cela étant, je comprenais particulièrement l'intérêt des deux armes en question mais je n'étais pas vraiment sûre d'arriver à les manipuler aussi bien l'une que l'autre. Je ne dis rien jusqu'à ce que finalement, il se retire pour quelques temps, me laissant avec un tas de munitions en me donnant l'instruction de m'entraîner avec.

Forcément, ma première pensée se dirigea vers les couteaux ninjas. J'en attrapais quelques uns que je me mis à lancer vers le tronc d'arbre, sans grande conviction, essayant d'atteindre un point précis sur ce dernier.

Je réalisais ainsi l'exercice qu'il m'avait confié mais j'avouais ne pas y mettre vraiment d'entrain. J'aurais préféré quelques choses de plus "exotique", de plus entrainant pour pimenter un peu cet exercice. Peut être un parcours d'obstacles ? En général, j'aimais beaucoup cela. Je finis bien vite pas épuiser le stock de kunaïs et irrémédiablement mon attention se reporta sur les étoiles du ninja. Mon regard vacilla, mais force de constater qu'il fallait parfois affronter ces difficultés, j'allais les ramasser, prenant ce coup ci mon temps pour analyser la structure de la petite arme. La façon dont-elles étaient forgées permettaient de leur imprégner un mouvement rotatif assez important. Je soupirais et observant le tronc d'arbre en face de moi, je trouvais cela d'un intérêt désuet de lancer les projectiles la dessus. Il valait mieux que je trouve une cible un peu plus attrayante, sans pour autant attendre le retour de le l'Akimichi, je commençais à explorer plus en détail le terrain vague pour tenter de trouver une cible beaucoup plus originale et surtout approprié à un entrainement. Une cible mouvante, cela pourrait parfaitement convenir mais encore fallait-il la découvrir. Mon regard se porta sur un vieil édifice abandonné dans un coin du terrain. Sans avoir vraiment réfléchit, je me dirigeais alors vers ce dernier dans l'espoir d'y trouver ce que je souhaitais.

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