Adossé dans l’ombre d’un arbre, tu attends calmement l’arrivée de ton hôte d’exception. Le Raikage en personne t’a pris sous son aile et désire t’enseigner la sensorialité, une offrande noble que tu n’aurais nullement cœur à refuser. Après tout, être devenu membre de l’équipe qu’il a formé, malgré les raisons qu’il puisse avoir derrière, te donne une relation privilégiée avec l’une des personnes les plus influentes et puissantes du Pays. Tu pèses ton poids dans la balance – il est seulement nécessaire que les gens l’apprennent par le biais de tes actes. La participation ouverte et volontaire des Bakushô aux patrouilles aériennes, ainsi que l’investissement massif promis par ton clan dans cette histoire ont sereinement contribués à avancer dans la réalisation des quelques missions qui t’ont été données. C’est la piqure d’adrénaline dont tu avais besoin pour garder ta motivation. Un succès précoce, typique des orgueilleux dans ton genre qui s’enferment plus encore dans une idéologie de la réussite absolue. Voilà ce que tu es.

Soupirant, tu allumes une cigarette de plus – sale habitude finalement, toi qui pensais ne jamais y toucher – pour faire passer le temps. Tu as pris de l’avance, bien évidemment, dans le but de ne pas perdre de temps ou risquer de froisser ton image. Est-ce vraiment rentable ? Tu te le demandes. Le Kadoria a l’air d’être quelqu’un qui préfère les actes aux belles paroles, et les exécutions publiques aux longs jugements. Toi, de ton côté, tu es prêt à t’adapter tel un caméléon pour tes propres intérêts et ceux du village. N’as-tu aucune honte ? Aucun respect ? Le sourire discret qu’affiche ton visage alors que tu tires sur le petit bout de tabac ne fait que signer la profondeur de ces réponses.

Dire qu’en plus de cela, tu as une liste longue comme ton bras de choses à lui demander – est-ce le moment opportun ? Le déroulement de l’entraînement te le dira, tu en est certain. De toute façon, tu es toujours certain de tout – pourquoi changer aujourd’hui ? Ton esprit, chargé entre tes projets, la volonté de ton clan et ton travail avec ce médecin dont tu ne cesses d’être de plus en plus proche. Tu as besoin de respirer. De prendre une pause – un jour ou deux – et de te recentrer sur toi-même. Tu disais vouloir Lui rendre visite au cimetière, l’as-tu seulement fait ou bien as-tu laissé la routine de tes jours heureux te dévorer jusqu’à éloigner la seule que tu ais aimée ?

Brusquement, tu te décolles de l’arbre et adresse un salut de la tête. Il est là.

« Raikage-sama, bonjour ! Puis-je savoir quel est le programme pour aujourd’hui ? «

Le soleil se leva, doucement, mais surement. Les premiers rayons firent leurs apparitions tandis que les plus timides ne se montrèrent pas. Un magnifique ciel bleu se dévoila au-dessus du village de Kumo. Les oiseaux entamèrent leurs chants matinaux. Une petite brise légère accompagna ces quelques rayons de soleil afin d'adoucir le climat. Un rayon déboula par la fenêtre de Manzo ce qui le réveilla. Il ouvrit ses yeux lentement et fut vite aveugler par la puissance de cette lumière solaire. Il se leva alors de son lit et se dirigea vers la salle de bains. Rien de mieux qu'un bon bain pour réveiller les sens encore en léthargie. Après une trentaine de minutes, la tête brune sortit, ne portant qu'une serviette blanche à la taille. Il décida d'ouvrir sa fenêtre pour prendre un peu d'air frais. Posant son cendrier sur la bordure, le Nanadaime dégaina une cigarette de son paquet pour la placer sur ses lèvres. Ne perdant pas de temps, il alluma son outil de relaxation, en scrutant les rues qu'il pouvait apercevoir. Le village était encore endormi et les ruelles étaient assez calmes. On observait simplement quelques commerçants ouvrirent leurs échoppes ainsi que des gardes déjà en patrouille. Terminant rapidement sa cigarette, le Raïkage s'habilla en vitesse et décida de se rendre au palais à pied. Il voulait se mêler un peu à son village qu'il ne faisait que diriger depuis le palais.

Habituellement, le Kadoria n'aurait pas hésité à se téléporter dans son bureau et commencer rapidement le travail, mais pas aujourd'hui. Non. En cette belle matinée, la tête brune parcourir son village comme il le faisait lorsqu'il était Chûnin ou Jônin. C'était un plaisir qu'il a perdu au fil du temps. Partir de chez lui à pied, arpenter les rues de Kumo, prendre une gourmandise chez un marchand et se diriger à la mission qu'il devait accomplir. Il ne prenait plus le temps de faire tout cela, sûrement, car il ne pouvait plus se le permettre, mais aujourd'hui, il le voulait. Il vivait le réveil de Kumo avec les rues et ruelles se remplissant rapidement. Les cafés et autres restaurants ouvrant leur porte avec une odeur alléchante s'y dégageant. Voir les enfants courir au milieu de tout le monde, les shinobis parlant de leur dernier exploit. Tout cela motivait le Nanadaime qui était écrasé par les montagnes de papiers. Avant de se diriger réellement vers le palais, le nécromant fit une halte à ce fameux marchand. Achetant une viennoiserie, le manipulateur de la gravité la dévorait tout en marchant vers son bureau.

Le Nanadaime traversa la porte d'entrée en mangeant son encas. Le personnel du Kage fut surpris, n'étant pas habitué à voir Manzo rentrait par la porte. Ce dernier adressa un simple signe de la main pour saluer tout le monde, ayant la bouche pleine. Un léger sourire était omniprésent sur le visage du nécromancien qui avait réellement apprécié ce moment un peu hors du temps. Il s'était rappelé à lui-même pourquoi il était Kage. Sans perdre de temps, il ouvrit la fenêtre et invoqua un petit oiseau mort. Il expliqua à l'oiseau de se rendre sur le terrain d'entraînement et de le prévenir lorsque Daï arrivera. Les deux hommes avaient prévu une après-midi pour se concentrer sur quelques points de la Sensorialité, don que partagent les deux protagonistes. Le petit oiseau s'envola alors en direction des terrains, laissant seul son invocateur. Ce dernier alluma alors une cigarette avant de plonger, tête la première, dans la paperasse.

Concentré sur un rapport des Monjara, la carte de Manzo s'illumina. Inquiet, il la déplia pour regarder d'où venait le signal. Ce dernier se trouvait sur le terrain d'entraînement, indiquant que le Bakushô était là. Sans perdre de temps, il confia quelques directives à sa secrétaire et se déplaça instantanément sur le sceau que portait l'oiseau. Arrivant de très haut, le Kadoria active un sceau lui permettant de diminuer la gravité terrestre afin de voler. Il remercie son compagnon d'outre-tombe et se dirige vers le Bakushô. Une fois sur place, Daï ne perdit pas de temps à saluer son supérieur et à demander le programme d'aujourd'hui.

« Bonjour Daï. Aujourd’hui comme tu le sais, on va se focaliser sur la sensorialité. Partageant tous les deux des capacités dans ce domaine, cela nous fera une bonne base. J’aimerais, si possible, explorer les deux domaines phares de la sensorialité. Le camouflage et la détection. Tu as donc le choix. Par quoi veux-tu commencer ? »

Tu ressens une certaine fierté qu’il t’est impossible de modérer devant l’approche de l’Ombre de la Foudre vis-à-vis de toi. C’est… Tu es un idiot qui se sent gonfler, prêt à se pavaner comme le plus orgueilleux des paons. Toi. Toi. Toi. Seulement toi. Personne d’autres. Que ce soit pour les liens de ton sang ou pour la détermination de ton feu – toi. C’est tout ce que tu es capable de retenir, refusant de chercher plus loin les sens cachés éventuels. Toi. C’est un échelon de plus que tu gravis, avec ta sérénité et ton calme politiquement correctes qui couvres la joie candide – presque enfantine – que tu ressens. Pourquoi es-tu de la sorte ? Tu ne te poses pas ce genre de questions vulgaires qui ne font que parasiter ton esprit. La réussite, tu l’admets, ne vient qu’aux gens qui font les efforts nécessaires pour l’obtenir : la sueur de ton front est la preuve que fais partie de ces derniers. Les cadeaux, les offrandes, la chance, c’est juste tant de choses auxquelles tu ne crois pas. Les opportunités se présentent à tout le monde et seuls les meilleurs savent les saisir. C’est ton seul facteur déterminant.

Ecoutant calmement la proposition du Raikage, tu restes pensif un court instant. Vous aborderez les deux – il a été clair là-dessus. S’agit-il seulement de ta préférence que tu dois indiquer, ou bien trouveras-tu un sens caché à la question, portant ton esprit vers de nouveau horizons ? Peut-il même y avoir quelque chose de camouflé dans un tel choix ? Peu importe comment tu cherches à interpréter la chose, tu as l’impression qu’il n’y a rien de plus. Se camoufler ou détecter les ennemis – être traître ou défenseur ? Non. Cela parait stupide. Pourtant… Tu hésites un court instant avant de regagner en prestance en réajustant l’appui de ton corps sur tes deux jambes. Tu n’es pas là pour montrer ce côté trop pensant et cherchant à être trop parfait, trop lisse, de ta personnalité. Lance-toi, pauvre idiot !

« Hmmm… Je préfère commencer par la détection je pense. Selon quelle modalité ? »

Tu es conscient qu’il est plus compliqué de détecter que de se cacher, possédant au moins cette base de la spécialité. C’est une partie bien plus subtile et compliquée, bien que tu puisses passer outre en détonnant une zone entière d’un coup – aucune cachette ne permet de se protéger correctement de tes explosifs. Cette sauvagerie, l’odeur du sang : quelques souvenirs de ton enfance lorsque tu étais limité à ta capacité primaire pour lutter au plein milieu d’une guerre. L’époque était tellement différente et pourtant tu as l’impression que rien n’a fondamentalement changé – sinon que ce ne sont plus tes concitoyens qu’il t’est donné de combattre. Non. Vous avez à combattre l’Empire. Et te revoilà à penser aux opportunités qui sont offertes : c’en est là une belle de faire tes preuves sur le champ de combat, de porter fièrement l’étendard de ta patrie. Lorsque Kumo vaincra – car tu n’en doutes pas – tu désires être dans les récompensés. Tu es comme ça, après tout. C’est un champ tellement vaste qui s’ouvre devant vous – et te voilà à attendre, comme un gentil petit chien en laisse, sa réponse. Qu’importe l’honneur. Qu’importe la force. Il serait peut-être mieux pour toi que tu le tiennes informer de l’évolution des relations au sein de ton clan alors que vous n’êtes qu’au début ? Inspirant profondément, tu te lances faisait foi à ton impulsion.

« Par ailleurs, nous avons récemment eu une réunion au sein du clan… Ce n’était pas la plus évidente des réunions, surtout que nombre m’y considère encore comme paria pour avoir épousé une Kadoria. Néanmoins, je tenais à vous informer que j’ai été mis à l’épreuve par mon sang. Si je réussi à prouver mes capacités de chef et répondre à leurs exigences… J’en deviendrais le nouveau dirigeant. »

Voilà, c’est dit. Comment réagira-t-il à cette nouvelle, lui qui n’a pas manqué d’éloges à ton égard dans ce domaine ? Tu es bien curieux de le savoir – pour nombreuses de tes tâches, c’est de son aval que tu as besoin, mais tu ne t’avances pas d’office sur ce terrain tortueux. Faire savoir à un partenaire qu’il possède l’intégralité du jeu dans sa main n’est jamais sage, et l’école de la vie te l’a bien enseigné.

Attendant une réponse du Bakushô, le Kadoria passa le temps comme il pouvait. Tirant une cigarette de son paquet, il l'alluma et prit une grande bouffée. Relâchant la fumée par sa bouche, il regardait attentivement ce fameux Daï. Ce dernier était resté globalement discret, mais il n'avait pas chômé. Ses manières et sa façon de parler rappelaient à la tête brune un certain Monjara Shinji. Ce côté diplomate et bienfaiteur de Kumo était la facette la plus visible de cet homme et l'Ombre de Kumo aimerait bien savoir ce qu'il se cache derrière ce masque. Même s'il a arpenté les terres du Yuukan pendant plus de dix ans, rencontrons un nombre exorbitant de personnes, Manzo n'est pas réellement doué pour lire ses semblables. Ce n'était clairement pas son domaine de prédilection et il n'avait pas honte de l'avouer. Cela ne l'empêchait pas d'être curieux pour autant. Le manipulateur de la gravité laissait son esprit divaguait en imaginant une rencontre entre le Prêteur de Kumo et Anauma. Peut-être que son Edo Tensei lui apprendrait quelques informations. Après tout, rien de mieux qu'un homme qui s'est caché au grand jour depuis des années pour percer le masque de quelqu'un.

Enfin, revenons à nos moutons. Hésitant quelques secondes, le choix avait été fait. La détection sera le premier sujet abordé. La réponse du manipulateur de l'argile envoya le nécromant dans un souvenir lointain. Un souvenir presque oublié du Raïkage. C'était il y a quelques années, à Taki no Kuni quand l'Alliance des Pays neutres n'existait pas. Un informateur l'avait envoyé là-bas pour trouver une piste intéressante sur la Brigade Fantôme qui avait menacé Kumo pendant un long moment. Même si Taki semblait très éloignée de Kaminari, si l'information était là, cela importait peu au Nanadaime. Sur place, il s'était rendu à un bar qui se trouvait être un repère de partisan du Genei Ryodan. Un piège bien ambitieux, qui s'était retourné contre eux, car dans cette taverne, il y avait une cliente qui était simplement venue boire. Suite au dérangement, Manzo avait simplement admiré la scène en tant que spectateur. La jeune femme était une shinobi et les malfrats ont tenu quelques secondes, tout au plus. De là, les deux protagonistes avaient tout l'alcool du monde et ils s'en sont donnés à cœur joie. Des bouteilles et des bouteilles filèrent dans les gorges des deux shinobis, racontant leur exploit les plus fous. La tête brune ne se souvient de quasiment rien après cela. Un bon vieux trou noir. Le comble pour un Kadoria.

Le réveil fut brutal pour notre protagoniste. Il était tout en haut d'une montagne, ses vêtements en lambeaux et un mal de tête surpuissant. Prenant quelques minutes pour souffler, il entama, par la suite, une descente en allégeant son poids pour léviter. Cependant, il remarqua, au loin dans la montagne, un homme assit en tailleur sur une pierre, près d'une maison de fortune. Le Nanadaime entama son vol dans sa direction. Une fois à son niveau, il entama la discussion, mais le vieil homme ne répondit pas. Il ne fit aucun mouvement d'ailleurs. Aucune réaction. On pouvait simplement entendre le souffle de sa respiration. Intrigué, le nécromant resta devant lui pendant plusieurs heures. Au bout de presque une journée, le sage ouvrit les yeux en saluant la patience de l'homme et l'invita dans sa demeure. Les deux hommes discutèrent et Manzo apprit que cet homme était un ancien shinobi qui s'était exilé, loin du monde. Les deux discutèrent longuement et après quelques jours, le sage voulait alors transmettre son savoir. Le processus prit des mois et des mois, car le manipulateur de la gravité n'avait aucune connaissance dans le domaine de la sensorialité. Lorsque sa formation s'acheva, le nécromancien remercia du fond du cœur cet homme dont le calme et la sagesse semblaient infinis. Repensant à toute cette histoire, le Raïkage esquissa un sourire discret. Il avait complètement oublié cette histoire et il ne comprenait pas pourquoi. Après tout, c'est une bien belle histoire quand même !

Secouant légèrement sa tête pour se concentrer, il répondit à la question du Bakushô.

« Le sage qui m'a enseigné beaucoup de choses sur la sensorialité disait toujours qu'un shinobi cachera avant tout ce qu'il est et sa puissance, mais pas son odeur et sous cet angle-là que nous allons nous entraîner. Détecter des formes de vies, selon l'odeur qu'elle dégage. C'est l'une des meilleures détections qu'un homme sans capacités innées peut obtenir. L'odorat est un sens puissant qui peut être très utile lors d'un affrontement contre quelqu'un expert dans le camouflage. »

Le Kadoria termina sa tirade en écrasant sa cigarette et en relevant la tête pour écouter les propos du Bakushô. Ce dernier avait récemment assisté à une réunion de clan complexe de par le fait que Daï est toujours mal vu par certains à cause de son mariage avec une Kadoria. Il ajouta qu'il avait, cependant, relever une épreuve et qu'il avait réussi à prouver sa valeur. Il termina en indiquant qu'il serait le nouveau dirigeant du clan. Sans attendre, la tête brune tira une nouvelle cigarette et répondit.

« Voilà une excellente une nouvelle ! Je te félicite Daï. À mes yeux, tu étais le seul Bakushô en droit de convoiter ce titre. Après le fiasco que représente Bakushô Yoh, tu vas devoir reconstruire, peu à peu, ce qu'a détruit ton prédécesseur. Je te souhaite du courage et j'espère qu'avec toi à la tête de ton clan, nos deux familles pourront enfin se considérer comme des alliés et non comme des rivaux. »

Tirant longuement sur sa cigarette, le Kadoria reprit avec une voix plus grave et de la fumée s’échappant de sa bouche à chaque parole.

« Bien. Tu as déjà une base solide dans le domaine de la sensorialité donc cet entraînement devrait te poser que très peu de soucis. Nous allons commencer doucement par un exercice de mise en condition. Tu vas devoir te concentrer pour faire abstraction de tous tes nombreux sens pour n'en laisser qu'un seul éveillé, l'odorat. Je vais me placer à différentes distances de toi pour que tu essayes, sans utiliser de chakra, de repérer mon odeur. Pour faciliter cela, tu peux te concentrer sur l'odeur de tabac. Bien, commençons. »

Le Raïkage prit une bouffée et se plaça assez loin du Bakushô. Quand celui-ci était prêt, il avança lentement vers lui. Son but était d’évaluer l’odorat de base qu’avait cet homme. Après tout, par un procédé mystérieux, ce Bakushô Daï a, peut-être, le flair d’un Inuzuka…

L’odorat. Tu souris calmement à cette proposition du Raikage. Il est vrai que ce n’est pas une chose que les gens ont tendance à camoufler de principe, ne serait-ce que devant la difficulté de le faire – toi-même, à dire vrai, tu n’aurais jamais envisagé cette possibilité même si ce n’est qu’on t’en parle maintenant. Tel un animal, retrouver les gens à l’odeur de leur corps – de la sueur qui perle le long de leur front dans le feu du combat, de ce petite quelque chose si spécifique à tout le monde qui pousse les gens à sentir. Un instant, alors que tu écoutes soigneusement les explications du Kadoria, tu te dis qu’il serait terrifiant d’avoir en face de soi une personne n’ayant aucune odeur. Inhumain. Une abomination qui mettrait en exergue les sens à la recherche désespérée de quelque chose pour s’y accrocher. L’odorat est une partie intégrante de notre mémoire après-tout.

Derrière, te voilà comme une enfant à t’empêcher de rougir devant les avances de l’Ombre de la Foudre concernant tes capacités à prendre en charge ton clan. Tu es terre-à-terre. Tu sais mieux que quiconque que tu seras parfait dans ce rôle, petit orgueilleux. Pourtant, avoir quelqu’un d’extérieur qui te le confirme en t’accordant ces douces paroles, cela a l’effet d’un baume sur les plaies de ton cœur. Tu sais qu’il faudra parler avec lui des points les plus sensibles de tes objectifs – tu espères seulement qu’il saura se montrer compréhensif de tes besoins et t’apportera un soutien conséquent. Ce ne serait qu’un pas de plus vers la réalisation de la paix entre vos familles, bien que si peu ne justifiera jamais aux yeux des tiens ces quelques dix ans de conflits. Réparer les préjudices de Bakushô Yoh sur ton nom de famille. Oui. Si tu devais résumer l’intégralité des tâches qui t’ont été confiées, elles peuvent se résumer en cette phrase. Cet homme est une plaie qu’il faudra gérer.

« Très bien. »

Tu acceptes sans la moindre hésitation l’exercice du Raikage. Il est vrai que, tout comme toi, ce dernier est un fumeur. L’odeur du tabac, en mission particulièrement, est une réelle plaie car elle révèle les positions de façon aisée. Pourtant, vous êtes tous deux dans ce péché mignon. Qu’importe. Alors qu’il s’éloigne, tu fermes les yeux – l’objectif d’office n’est guère de maîtriser la technique, seulement de s’entraîner à améliorer son odorat. Il n’y a rien de plus simple pour quelqu’un débutant dans ce domaine que de se concentrer sur ce dernier et en oublier ses autres sens – la vue demeurant le plus simple car sur seule fermeture des yeux. Tu n’irais pas jusqu’à te faire l’affront de bloquer tes oreilles avec tes mains, si peu efficace cela soit-il. Non. Tu te contenteras de rester comme tu es à le chercher. Ne pas utiliser de Chakra. Soit. Tu ne penses qu’à ton nez. A ton odorat.

Ce n’est pas une chose aisée pour toi – à force de participer à tes explosions, tu satures tes récepteurs olfactifs de l’odeur de soufre et d’argile. Tu sais que tes capacités sont tout au plus moyennes dans ce domaine, alors tu acceptes à presque contrecœur de falsifier l’épreuve en accord avec ce qui t’a été dit. Ouvrant les yeux, tu inspires profondément l’air aux alentours, cherchant à ressentir n’importe quoi qui sorte de l’ordinaire. Un petit quelque chose qui se détache. Quoi que ce soit. Rien. Rien. Rien. Le vide absolu. Le silence dans la nuit noire. Pas même le peu de tabac du Kadoria. Tu ne perçois rien. T’arrêtant un instant, tu continues à te concentrer sur ton nez et inspire fortement une fois de plus alors qu’il s’avance progressivement vers toi. Toujours rien. Rien et rien. Il a beau avancé, il a démarré à une telle distance de toi que tu es incapable de le sentir. Tu le vois. Tu l’entends, même si ce n’est qu’à peine, alors…

Une légère brise se lève et chatouille tes narines avec l’odeur du tabac refroidissant du Raikage, mais tu n’en tiens pas compte. C’est le vent après tout. Pourtant, tes capacités shinobi de sensoriel combinées à ta détermination ne lâches pas. Discrètement d’abord, tu souris à ton interlocuteur – si ce n’était que le léger souffle précédent qui était responsable de cette odeur, elle sera déjà devenue fade. Pourtant, elle ne fait qu’augmenter progressivement alors que tu entends et vois déjà parfaitement l’Ombre.

« Ce n’est toujours pas très net, mais je commence à percevoir l’odeur de votre Tabac. Si le souffle du vent m’a laissé le sentir au début, j’en garde trace et parvient à la sentir, encore et encore. De plus en plus fort. Même si… Le résultat est loin d’être flagrant. »