- Vous comptez le réveiller ?
- C’est nécessaire ?
- Non…
- Alors non. Commencez.

Adossée à un mur gris de cette salle sombre, je regardais le blondinet positionner ses mains sur les tempes du Kumojin, virtuellement mort. En face de lui, un gradé de la section interrogatoire qui allait noter tout ce que le Yamanaka trouverait d’intéressant dans la mémoire du ninja des Nuages : et nul doute que l’on en trouverait. Le chakra sortir des doigts du ninja blond, qui fermait les yeux pour se concentrer.

- Son esprit est un vrai labyrinthe.

D’accord. Merci pour cette remarque pertinente : tu veux que je l’écrive en lettres d’or et que je l’encadre ? Je me doutais que l’on n’avait pas à faire à Jo le Rigolo de Kumo. Ca s’était senti qu’il était plus qu’un aspirant. Je préférai ne pas relever cette intervention, le laissant se concentrer sur un moyen de trouver la sortie de cet esprit apparemment compliqué. Quelques bribes d’informations nous parvinrent : des meurtres – wow, pour un shinobi, quel exploit – des maisons, des voyages… Rien de vraiment intéressant aux premiers abords. La première information intéressante intervint au bout de quelques minutes : l’homme en face de nous était un Gogyou du vent. Kamikaze – si tant est qu’un Kumojin ait assez d’intelligence pour retenir son propre prénom.

Plissant légèrement les yeux, je croisai les bras, tandis que la fouille se poursuivait. Haut gradé de Kumo, mais surtout assassin redoutable. La fouille commençait à être intéressante, quand, sans même frapper, on entra dans la salle d’interrogatoire. Me tournant instinctivement, visage impassible, je dus réprimer une surprise lorsque je vis qu’Aburame Chō se trouvait dans l’encadrement de la porte, calme comme à son habitude mais dans un endroit où elle n’aurait jamais dû se trouver.

- Vous devez stopper l’interrogatoire – si tant est que l’on peut appeler ça un interrogatoire – de cet homme sur le champ.

Arquant un sourcil, je regardai ma grand-mère légèrement interloquée. Elle ne s’occupait absolument jamais des affaires du village, sauf quand ça concernait son clan : pour quelles raisons venaient-elles s’occuper d’un interrogatoire concernant… Un Kumojin ?

- Et pourquoi ?
- Ordre de l’Hokage.

Je ne pus réprimer un rictus, détournant mon regard pour faire un hochement de tête en direction des deux shinobis présents dans la salle. Le Yamanaka enleva ses doigts de la tempe du Kumojin et les deux hommes sortirent de la salle, Kamikaze sur le dos, pour le remettre en lieu sûr. Je me tournai ensuite vers Chō, soupirant légèrement.

- Tu mens très mal, mamie.
- Certaines vérités ne sont pas bonnes à apprendre, Mizuki. Contente toi de ce mensonge.
- Et je fais quoi de ton petit protégé ?
- Relâche-le. Tu comprendras au moment voulu. Crois-moi.

Elle tourna les talons et sortit de la salle, me laissant seule avec un million de questions mais aucun moyen d’y répondre. S’il y a bien quelqu’un à qui j’obéirais aveuglément, c’était elle. Et au fond, je savais que Miko également. Nous avions la certitude qu’ils étaient tous les deux Kumojins et qu’ils n’avaient pas menti sur leur présence ici. Le reste n’était que du bonus… Bonus que Konoha ne pourra obtenir.

************

Le lendemain matin, je me trouvai aux portes du village, les deux Kumojins inconscients au sol. Deux ANBU se trouvaient derrière-moi, pendant que je faisais face à Kamikaze. Je n’aurais eu que peu d’informations, mais je ne comptais pas pour autant le laisser partir sans rien de plus que la perte d’une nuit dans sa vie – et au sens propre, d’ailleurs. Mettant deux doigts sur son front, je déversai mon chakra pour le sortir de l’illusion. Une fois qu’il eut les yeux ouverts, je lui fis un grand sourire.

- Allez, debout, bel endormi. Ca fait un moment que vous dormez maintenant.

Me redressant légèrement, je perdis peu à peu mon sourire chaleureux pour un légèrement plus narquois.

- Il va être temps de rentrer chez vous, Kamikaze.

Spoiler:

Qu’avait-on fait de lui ? Ou plutôt, que faisait-on de lui ? Il ne saurait le dire. Car il se trouvait bloqué dans l’espace-temps de cette zone du non-lieu et du non-être d’où émanait une seule et quasi unique certitude : il était mort. Mort de sa belle mort. Impression, ou plutôt sensation ou savoir concret, qui à chaque instant prenait force dans la réalité inconsciente du Jonin. Il n’était plus. Flottant dans l’éther sans corps, avec sa seule conscience et cette non certitude pour ami, Kamikaze, patiemment, passa le temps. Cette petite voix, toujours étouffée, mais persistante lui indiquait que tout ceci n’était que subterfuge. Comment pouvait-il en être autrement ? Il ne pouvait être mort aussi subitement sans avoir ressenti ne serait que pendant un laps de seconde, la plus infime douleur qui soit. Il avait juste ce sentiment lointain de s’être écrasé au sol juste après cette mort subite. Une lointaine preuve qu’il lui restait en réalité un souffle de vie. Puis le fait que tous ses souvenirs soient encore là bien présents. La mort ressemblait-elle réellement à cela ? On lui avait conté que non. Mais que valent les dires des vivants au sujet de la mort ? Du vent…

Combien de temps in fine avant qu’il n’ouvre l’œil. Comme rappelé à la vie, son premier réflexe fut de mettre la main devant ses yeux afin de se protéger des rayons du soleil. Ceux-ci, pourtant faible, en cette matinée, lui picotaient les yeux. Fort heureusement pour lui, une personne se tenait devant lui. Cheveux couleur du sang, regard plein d’assurance et sourire narquois. L’utilisatrice du genjutsu via le son. Un art dangereux qui avait valu au Jonin une bien malheureuse expérience… Pourtant, des utilisateurs du genjutsu, il en avait vu d'autres. Celle-ci devait être particulièrement adroite en la matière. L’homme s’intéressa au soleil derrière la jeune femme et fit un rapide calcul en faisant appel à ses souvenirs. Lors de son arrivée ici, le soleil donnait encore pleinement de ses rayons. Il était environ 12h. Actuellement, au regard de l’astre solaire, il ne devait être qu’environ 10h… Presque 24h sinon plusieurs journées passées dans cette illusion.

Le ninja fit un mouvement. Son corps était quelque peu enkylosé, mais rien qui ne pouvait l’empêcher de faire les mouvements désirés. Il se sentait un peu groggy, un peu paresseux. L’effet certainement de la « désactivation » de son corps pendant cette période qui n’avait probablement pas dépassé les 24h. Une simple intuition. Une intuition validée à présent par le ressenti général que lui renvoyait son enveloppe charnelle… Il lui fallut quelques secondes pour s’acclimater à ce soleil et prendre connaissance de tout ce qui l’entourait par une subtile prise d’information sensorielle sur les alentours, comme toujours à l’aide du vent. Celui-ci, à nouveau se mit à souffler sur toute la zone parcourant tout le village. L’endroit où se trouvaient le quintet – les trois konohajins et les deux kumojins – était épargné.

Le Jonin s’était relevé, tout de suite après que la jeune femme ait prononcé son nom. La chose ne l’avait guère impacté plus que cela. A l’heure qu’il est, compte tenu du temps passé au cœur de ce village, il va s’en dire que les Yamanka avaient fait leur boulot. Choses contraignante. En temps normal, lorsque que quelqu’un découvre son petit secret, il s’arrange pour l’effacer. Ou si vous voulez, le tuer. A moins qu’il n’en ait guère le choix. Et à en juger par ce sourire de la jeune femme, il avait mille chance d’être parfaitement au courant des grandes lignes de l’existence du Jonin. En s’époussetant, le Kamikaze répondit, sans poser le regard sur son interlocutrice :

_ Kamikaze est mon nom c’est exact. J’imagine que vous avez dû fouiller dans mon esprit… Qui au sein de ce village est au courant ? Et que comptez-vous faire de cette information ?

Hochant légèrement la tête, sourcils froncés, il venait de soutenir le regard de la femme aux cheveux écarlate. Connaître son nom ne l’intéressait nullement. Il savait que tôt ou tard il en apprendrait plus d’elle. Ce n’était qu’une simple formalité. Pour l’heure, il lui fallait être fixé même s’il ne se faisait guère d’illusions sur le fait qu’il serait fiché et que son nom serait renseigné dans les archives konohajines probablement. Dès lors sa couverture serait à l’eau. Elle l’était déjà à 99% d’ailleurs. A partir de là à quoi bon se cacher ?

Spoiler:

Spoiler: