Juste un repas...

Je marchais tranquillement au milieu du petit chemin de terre qui traversait Konoha pour retourner dans le quartier Hayashi, après la journée d'entraînement que m'avait fait subir le manieur d'ombre. Je me sentais épuisée, vidée de mon énergie, mais une bonne douche devrait être suffisante pour me revigorer corps et esprit, afin de pouvoir rejoindre celui qui était désormais mon sensei, pour le repas auquel il m'avait convié.
J'arrivais finalement devant la maison de mes parents et je faisais attention de poser mes chaussures boueuses dans le jardin avant de gravir le mur de plante qui me permettait d'accéder à la fenêtre de ma chambre. J'avais toujours conservé cette fâcheuse habitude d'agir en voleuse pour rentrer chez moi. Sans doute, une façon d'éviter les perpétuelles remontrances de ma mère ? Allez savoir, toujours étant qu'une fois dans ma chambre, je me déshabillais en hâte, jetant mes vêtements trempant de sueur dans un panier à linge dans ma chambre avant d'aller dans la salle de bains pour prendre une douche.

Je restais un long moment sous le jet de l'eau et à n'en pas douter, cela eut exactement les effets que j'espérais. Lorsque je ressortais, je me sentais fraîche, mais surtout en pleine forte. Toute ma fatigue semblait s'être magiquement envolé. Je pouvais donc aller me rhabiller, choisissant une tenue légère, un chemisier et un pantalon en coton. Je coiffais soigneusement mes cheveux en une queue-de-cheval haute avant de finalement, partir de la maison.

Cependant, même si j'étais un peu borderline sur certain point, il y en avait d'autre sur lequel je ne faisais jamais l'impasse. Je m'arrêtais dons dans une boulangerie sur le chemin, pour y acheter un gâteau pour le dessert. C'était la moindre des choses et je me voyais mal ramener un bouquet de fleurs à un homme. Un peu trop facile pour une Hayashi et sans vraiment d'intérêt.

J'avais finalement mon gâteau dans les mains et dans l'autre, le papier de mon entraînement ou se trouvait son adresse. Le seul souci, c'est que je ne connaissais pas cette rue. Konoha était un grand village et je n'avais malgré tout, pas la prétention de pouvoir en connaître toutes les rues, aussi, il me fallut plusieurs fois demander mon chemin avant d'arriver devant une maison qui semblait être la sienne. Timidement, je frappais trois coups à la porte d'entrée en espérant qu'il veuille bien me répondre.

Ne vivant pas au même endroit, Natsuki et Leika se séparèrent à la sortie du terrain d'entrainement qu'ils avaient occupé. La jeune femme regagna son domicile, mais le Nara tatoué lui fit un gros détour de son côté. Quelques courses étaient nécessaires, autant pour le repas de ce soir que pour ceux de la semaine à venir. Le vieux système s'était remit en place de lui-même maintenant que Natsuki avait retrouvé plaisir dans la cuisine maison, et avait retrouvé toute sa superbe une fois les plats tout préparés virés des placards où ils débordaient.

Lesdites courses, même si bien organisées, prirent un peu plus de temps que prévu. Non pas parce que Natsuki n'avait pas sa liste avec lui – il n'en avait pas besoin, car mémorisait par cœur tout ce qui était nécessaire – mais car comme lui, des centaines de ménages attendaient les heures plus tardives du soir pour faire leurs emplettes, et profiter ainsi des réductions de dernière minute. Des promotions qui se jouaient à la seconde près parfois, et qui nécessitait des réflexes aiguisées pour espérer s'en sortir entier. Les magasins du soir étaient des jungles, et les vieilles dames s'y trouvant les prédateurs au sommet de la chaine alimentaire. Natsuki, ayant beaucoup appris auprès de sa Tante Lulu, pouvait se vanter de se sortir régulièrement de ces confrontations avec seulement des griffures.

Ce n'est donc qu'après un moment étonnement bien synchronisé qu'il arriva devant chez lui avec ses deux sacs de courses pendu aux bras, alors qu'une jeune femme attendait à porte. Elle n'avait pas l'air de patienter depuis longtemps – et le cas échéant, cela se changeait pas grand chose pour lui.

« Eh bien, l'on ne peut pas dire que tu as trainé. » lança-t-il en arrivant dans le dos de Leika. « La journée t'a affamé à ce point ? »

Ce n'est que lorsqu'elle se retourna qu'il remarqua le gâteau qu'elle tenait entre ses mains.

« Oh, charmante attention. Viens entre. » l'invita-t-il en lui déverrouillant la porte.

Cette dernière donnait sur un large couloir commençant par un paillasson et un box pour y ranger ses chaussures d'un côté, et une série de chaussons d'intérieur à enfiler de l'autre.

« Prend la pointure qu'il te faut. » indiqua Natsuki, en sous-entendant l'obligation tacite de se déchausser.

En traversant le couloir jusqu'à la cuisine, Leika pu découvrir en partie une maison bien ordonnée et d'une propreté rigoureuse. Quelques photographies encadrées sur les murs ou posées sur un meuble révélaient des moments de vie de la famille à laquelle appartenait Natsuki. Qu'il soit dessus entouré de ses parents ou seul, toutes celles où il apparaissait étaient marquées par un grand sourire, signe d'une enfance heureuse malgré la Grande Guerre des Shinobi qui sévissait à l'époque. Et quel que soit l'âge qu'il avait l'air d'avoir sur les photos, ses tatouages semblaient avoir toujours été là.

« Installe toi où tu veux. Je range les courses et je commence de suite à préparer le repas. »

La cuisine était relativement spacieuse. D'un côté se tenait le nécessaire aux tâches ménagères du lieu – placards, cuisinière, évier, réfrigérateur – et de l'autre une table faisant l'angle de la pièce. Une banquette couvrait deux côtés de la table, quatre chaises s'occupant de la moitié restante. Et justement, sur ladite banquette attendait un homme d'une trentaine d'années coiffé d'un sombrero qui cachait ses yeux, les jambes croisées et un bras négligemment jeté derrière le dossier. Il n'avait pas bougé d'un cil lors de l'arrivée de Leika, et Natsuki ne lui avait pas porté la moindre importance non plus.

« Alors Leika, qu'est-ce que t'as inspiré cette première journée d'entrainement ? Tu te sens capable de vivre cela au quotidien pendant quelques temps ? »

Des bruits de pas se firent entendre derrière moi et avant même que je n'ai le temps de me retourner, Natsuki se trouvait à mes côtés sur le pas de la porte de sa propre maison, les bras chargés de sac contenant sans aucun doute moult victuaille. Je me retournais donc pour lui faire face et mes joues s'empourprèrent lorsqu'il me fit une remarque sur mon apparente faim. Remarque que je m'empressais de démentir :

"Non, non ce n'est pas ça ! Mais je ne voulais pas vous faire patienter non plus !"

Ce n'était que la plus pure vérité après tout. Je me grattais doucement la joue alors qu'il remarquait le gâteau entre mes mains et je rougissais d'avantage en déclarant :

"Ce n'est rien ... Juste normal ! Vous m'invitez à manger, je peux au moins emporter le dessert ! J'espère que vous aimez les abricots ..."

Il tourna une clé dans la serrure de sa maison et ouvrit la porte, m'invitant à rentrer. Délicatement, je le suivais dans ses manœuvres, un peu gênée de me retrouver dans son intimité. J'ôtais mes chaussures tout comme lui à l'entrée et je m'empressais de glisser mes pieds nus dans des chaussons qui se trouvaient à l'entrée. Puis, je le suivais au travers d'un couloir jusqu'à ce que nous arrivions dans la cuisine. C'était sans aucun doute le lieu de vie principal du jeune homme à en juger par les nombreux cadres présents aux murs. Je ne faisais aucune remarque sur ses derniers, mais je ne pouvais m'empêcher de les observer d'un œil curieux.

Le Nara lui s'affairait déjà en cuisine et lorsqu'il me demanda de m'installer, je demandais alors d'une voix empressée :

"Souhaitez-vous que je vous apporte une aide quelconque ?"

J'observais la cuisine d'un regard circulaire et s'est alors que mes yeux tombèrent sur l'homme qui occupait une partie de la banquette. Un sursaut de frayeur me traversa alors et je ne savais pas quoi faire, n'y vraiment quoi dire. Qui était-il ? Pourquoi Natsuki ne me le présentait pas ? Timidement, je lui lançais alors un :

"Bonsoir monsieur ..."

Juste avant que Natsuki ne me demande ce que cette journée m'avait inspiré ce que j'en pensais vis-à-vis de mon avenir. Je lui répondis alors d'un air absent, l'attention toujours portée sur cet étrange homme :

"Oui, oui ... C'était pas mal, je dois dire ..."

« Oui Leika, tu pourrais commencer par cesser de me vouvoyer, cela m'aiderait beaucoup. Je sais que je suis connu pour voir rouge lorsque l'on me tutoie avec insistance quand la situation ne s'y prête pas, mais en tant qu'étudiante, c'est différent. J'attends du respect de mes disciples, mais aussi de la cohésion et des liens, choses qui ne peuvent se construire en plaçant des barrières au travers. C'est pour cela que j'apprécierai grandement que tu t'adresses à moi avec un '' tu ''… sans oublier qu'avant de devenir éventuellement un ami, je reste avant tout ton mentor. Si tu préfères toutefois que nous en restions au vouvoient, eh bien je ne te forcerai pas la main. »

Entre deux placards et un sac de farine, il entendit Leika saluer. L'avait-il vexé au point qu'elle prenne congé de la sorte ? Mais alors qu'il se retournait, il vit qu'elle s'adressait en réalité à Zo qui faisait depuis longtemps partie des meubles pour le Nara tatoué. Il se fendit d'un sourire.

« Il ne te répondra pas, il est mort. » annonça-t-il hors du bleu, comme si ce n'était qu'un détail. « C'est l'un des Furyou de seconde génération que j'ai tué à Suna, pendant l'examen Chûnin. Je le gardais ici en attendant de le remettre à Miko, mais comme elle est très occupée et n'a pas de temps à consacrer à des Rp annexes de seconde zone - comme celui où je devais lui faire don de ce trophée pour l'équipe de recherche médicale -, je l'ai fait traiter pour éviter qu'il ne se décompose, et depuis il traine ici. Je le déplace de temps en temps pour qu'il y ai l'air d'avoir un peu de vie dans la maison. Mes parents sont rarement là, du coup cela fait très vide ici. »

Natsuki retira le sombrero de la tête de Zo, ce qui révéla une dense moustache tracée au feutre.

« Cela dit, je peux comprendre que sa présence peut perturber. Donne moi un instant, je vais le ranger ailleurs. »

Il le souleva sans effort, et disparu dans une autre pièce avant de revenir sans son mannequin.

« De quoi parlions-nous déjà ? Ah oui, de ta première journée d'entrainement. '' C'était pas mal ? '' C'est tout ce que cela t'a inspiré, alors que tu étais à ramasser à la petite cuillère moins de deux heures plus tôt ? Nous allons bien rire avec la suite dans ce cas. »

Remontant ses manches, Natsuki enfila une fine paire de lunettes, puis se lava les mains avant de s'affairer à la cuisine. Tout ses ingrédients et ustensile à porté de main, il commença par découper avec un geste expert toute une famille de légumes, avant de les plonger dans une marmite. La sauce qui les attendait au fond assurait la cuisson sur la gazinière, et ne tarda guère à répandre sa douce odeur dans la pièce. Le temps de mijotage fut mit à profit par le Nara tatoué qui enchaina avec la suite. Une carcasse de poulet découvrit alors à quelle vitesse il était possible d'être dépecée, désossée et découpée sous les doigts de Natsuki et son couteau, lequel semblait d'ailleurs par ses dimensions bien plus à sa place dans les mains d'un tueur à gage qu'un cuisinier.

« Mais assez parlé carrière pour aujourd'hui, gardons cela pour les prochains jours. Tu sais cuisiner un peu ? » demanda-t-il sans se détourner de son plan de travail.

Un ananas, longtemps l'emblème du clan Nara avant que les moqueries ne poussent ledit clan à en changer, se retrouva tranché net d'un mouvement fluide. Son cœur ainsi révélé, Natsuki y traça de nombreuses lamelles dans le sens de la longueur qu'il transforma ensuite en cubes. La chair du fruit ne tarda pas à rejoindre celle du gallinacé dans la marmite, dont le feu doux continuait d’aromatiser la cuisine. Dans le sommet de deux épaisses carottes, Natsuki tailla avec finesse deux roses, en référence au clan Hayashi. Elles furent les seules à éviter la cuisson, le reste de la carotte épluchée et découpée finissant avec la garniture et la viande. Il n'y avait plus qu'à faire chauffer le riz.

« Comme je te l'avais dit, j'ai remarqué que tu as une impressionnante condition physique, et ce n'est pas le genre qui se forge juste en buvant, fumant, et faisant la fête. J'en déduis que tu pratiques un sport ? »

Quelques minutes s'étaient à peine écoulées depuis que j'avais pénétré dans la vaste demeure du Natsuki et déjà, une petite remontrance brisa l'espace entre les deux lèvres du Natsuki. Le vouvoiement. Cela paraissait l'incommoder que je le vouvoie, mais j'avais été éduqué de cette façon. Le tutoyer allait être difficile. Le rouge me monta doucement aux joues alors que je baissais les yeux :

"Excusez … Excuse-moi … Ce n'est pas facile pour moi de tutoyer un ainé qui plus est mon enseignant !"

Pas facile du tout en effet. Je n'étais pas sûre de tenir la distance sur cette forme de discours, mais je pouvais au moins essayer de m'y employer.

Il se tourna ensuite vers l'étrange poupée qui se trouvait là, me révélant alors qu'il s'agissait d'un cadavre.

"Un …"

J'eus immédiatement un mouvement de recul à l'idée qu'un mort se trouve dans cette maison pour meubler l'espace, combler le vide. Natsuki était décidément quelqu'un de surprenant. Peut-être un peu trop pour moi. Il s'empressa d'ailleurs de débarrasser la pièce du macchabée, l'emportant dans une autre pièce à mon plus grand soulagement.

Le futur bras droit de l'hokage revint alors dans la pièce avec sans aucun doute, l'intention de poursuivre le débriefe de notre entraînement. À ramasser à la petite cuillère ? Je fis immédiatement la moue face à cette remarque, mes joues se gonflant et mes yeux lançant un regard équivoque :

"Je trouve pourtant que je m'en suis plutôt bien remis pour une personne à ramasser à la petite cuillère." Répliquais-je du tac au tac à sa remarque.

Je prenais finalement une chaise que nous disposerons dans la pièce pour les besoins du scénario, afin de m'installer proche du plan de travail où il était en train de s'affairer. C'était quand même beaucoup plus agréable pour communiquer ensemble. En plus, je n'avais aucune envie de m'asseoir sur le banc ou reposait quelques secondes auparavant un mort. Je l'observais alors s'affairer en cuisine. Il semblait visiblement s'y connaître pas mal. En même temps, c'était plutôt normal de la part de quelqu'un qui tenait un restaurant non ? Cela occupa mon attention durant les minutes qui suivirent et aucune parole ne fut prononcée jusqu'à ce que finalement, le pauvre poulet qui venait de subir un traitement de faveur éveille une question de la part du Natsuki. Est-ce que je savais cuisiner ? Je me débrouille pour mettre de l'eau sur le feu afin de faire des pâtes et j’aime bien écosser les petits poids ou encore faire des gâteaux. De la à dire que j'étais une experte ? Je préférais répondre de façon humble :

"Un petit peu …"

Cela me semblait parfait comme réponse, ainsi, j'évitais qu'il me demande de lui répéter par cœur la recette du homard thermidor ou du ragoût surprise que les lecteurs avisés reconnaitrons comme étant des mets de choix pour les sims de nos cités. Mais nous abordions déjà un point qui me semblait ma foi, beaucoup plus intéressant. Ma condition physique. Ainsi donc il avait semble t'il décelait un certain potentiel en moi ? Voilà qui était flatteur, je lui répondis avec une moue un peu gênée :

"J'aime bien courir quand je suis énervée… Et vous devez vous... Tu te doutes que je suis souvent énervée… Je fais le tour de Konoha tous les soirs depuis quelques années déjà. Parfois, plusieurs fois, ça dépend de ma motivation et de mon état moral…"

Tout ça c'était une façon plus ou moins évidente de lui faire comprendre que je courrais beaucoup plus que de raison. J'étais, sans aucun doute, capable d'enchaîner un marathon bien que cela ne m'ai jamais traversé l'esprit. Je soupirais, perdue dans mes pensées avant de soudainement poser mon coude sur la table et ma tête dans la main. Je le regardais et lui demandais :

"Et vo... toi ? C'est quoi tes passes temps ?"

« Je vois. » répondit simplement Natsuki.

Il acheva de laisser cuir le riz ainsi que sa préparation, et s'installa à table avec son invitée. C'était beaucoup plus agréable pour mener une discussion que d'adresser ses paroles à un dos ou une carcasse de poulet.

« Je jouais de la guitare jadis. L'on m'en avait offert une quand j'étais bien plus jeune, mais elle est très vite devenu un ornement ramasse poussière bien plus qu'un instrument. J'aspirai à devenir ninja, pas musicien. Et dans le monde où nous vivions à l'époque – dans lequel nous vivons encore d'ailleurs -, il valait mieux savoir manier le sabre que la corde instrumentale. C'est pourquoi j'ai très vite délaissé ma guitare, pour me concentrer sur ma carrière de shinobi. Certains bien sûr savent faire de leur instrument une arme redoutable, à l'image de l'un de nos anciens Hokage, le très renommé Onpu Myakudou, et peuvent associer la passion à l'efficacité, mais ce n'est pas mon cas. De fait, je ne jouais plus que très occasionnellement, quelque chose comme une à deux fois par an, les jours de pluie où je ne pouvais pas faire grand chose d'autre. »

Quelque chose dans son sourire et son haussement d'épaule signifiaient que ce n'était pas plus grave que cela à ses yeux.

« Avec beaucoup plus de pratique, j'ai aussi la cuisine en passe-temps, si l'on peut la nommer ainsi. Je cuisine depuis que je suis tout petit, sous la tutelle de la tante de tous les jeunes Nara, Lulu. Elle s'occupe depuis des années de faire le gardiennage des enfants du clan lorsque les parents ne peuvent pas le faire, que ce soit pour des raisons professionnelles, ou pour offrir un peu de tranquillité à un couple qui en a besoin. Et laisse-moi te dire que lorsque tu t'occupes d'une vingtaine de marmots en même temps, tu apprends très vite à les mettre au pas. Dès que j'ai été en âge de tenir un couteau, elle m'en a mit un entre les mains, et m'a mit à contribution de cette petite communauté dont elle était à la tête. »

Il réprima la naissance d'un rire.

« J'ai beaucoup apprit avec elle, et j'y ai prit goût – dans tous les sens du terme. Ce qui me plait là-dedans, ce n'est pas simplement le fait de faire à manger. Pour cela, faire cuir une boite de haricots et retourner deux steak dans une poêle, cela suffit. Je cherche à faire bien plus avec mes plats : le véritable attrait que je trouve dans tout cela est celui de faire partager quelque chose à travers mes préparations. Véhiculer une émotion ou transmettre un ressenti à celui qui le goûte. Il ne s'agit donc pas juste de servir une assiette avec quelque chose de bon dedans. Et c'est une façon de faire dans laquelle je trouve autant d'intérêt que de plaisir, que ce soit dans l'essai, l'échec ou la réussite. »

Se levant pour retourner du côté de son plan de cuisine, il poursuivit tout de même.

« Cela ne reste toutefois qu'au titre du privé que je pratique, et je ne m'exerce guère plus qu'au moment de préparer mes repas – même si je passe plus de temps que la moyenne pour élaborer le plat en question. »

Il commença à préparer le couvert sur la table, assurant la distribution pour deux, avant de se saisir les assiettes pour les remplir. Le plat fumant fut ainsi servit devant Leika, son morceau de carotte taillé en forme de rose trônant au milieu de l'assiette de riz saucé au poulet à l'ananas. L'odeur à elle seule savait mettre le consommateur en appétit.

« C'est l'un des premiers plats élaborés que j'ai réalisé par moi-même. L'on pourrait presque parler de signature, depuis le temps que je le prépare. J'espère qu'il te plaira. »

Il tira une bouteille d'eau et de jus de fruits du réfrigérateur, puis s'installa définitivement à table pour profiter du repas, en restant sur le sujet précédent.

« Beaucoup de shinobi-joueurs n'ont pas de hobby : ils se contentent de s'entrainer lorsqu'ils ne travaillent pas. Et j'avoue ne pas trouver cela très sain, de ne vivre que pour sa carrière. Tout être pensant a besoin de moments récréatifs pour s'aérer l'esprit, ou d'un hobby pour se changer les idées. Une partie des membres de mon clan travaille à la ferme cervidée par exemple, où des cerfs en semi-liberté y sont étudiés de la même manière que les biches y sont trais ou soignées. »

Pause mâchage de nourriture, car il était impolie de parler la bouche pleine, et il avait faim.

« Enfin, le passe-temps qui m'en monopolise le plus maintenant, c'est ce restaurant dont je m'occupe, Le Septième Ciel. Enfin, je dis restaurant, mais il ne sera pas que cela. La partie restauration n'est qu'un début, et je suis déjà en train de préparer la suite. Je dois juste lui laisser un peu de temps, car comme tu t'en doutes, les investissements coûtent une fortune, aussi il m'est d'abord nécessaire de rentabiliser le rez-de-chaussé avant de concrétiser autre chose. Tu n'es pas trop déçue d'ailleurs d'avoir manqué le job de serveuse ? » questionna-t-il.

Ils n'avaient jamais abordé la question tous les deux, tant il était évident pour les deux parties que Reiji avait tiré une croix sur la candidature de la jeune femme, cette dernière étant en prison le jour où elle aurait dû se présenter pour son premier jour de travail.

La conversation se poursuit sans que je ne prononce beaucoup de parole. Je suis une auditrice très attentive dans le cas présent et je ne dis rien jusqu'à ce qu'il me dépose devant les yeux, un plat fumant d'une bonne odeur sucrée. Le jeune homme m'a raconté une partie de son histoire et je dois avouer être un peu intimidée par cette dernière. Le Natsuki ne me semblait pas un homme qui aimait se livrer facillement. J'ai presque l'impression que c'est un honneur qu'il me fait et j'ai bien du mal à comprendre pourquoi, mais je me sens à la fois flattée et gênée par autant de confiance. Le repas débute et je suis d'autant plus gênée devant la présentation soignée de son assiette. Je ne suis pas capable de faire des choses aussi jolie, loin de là. Le rouge me monte aux joues et je murmures un petit :

"Merci ..."

Avant d'attraper la carotte joliment sculptée avec le bout de ma fourchette pour l'emmener à ma bouche. On pourrait penser que je sois affamée, mais je me contente de picorer quelques morceaux de légumes et poulets que je portes délicatement à ma bouche sans dire grand chose. Le plat en lui même est vraiment excellent et j'ai du mal à dire vraiment ce que je ressens à mon sensei. Je me contente juste de finir mon assiette avec la plus grande rigueur malgré une certaine lenteur.

J'ai toujours été lente pour manger. Allez savoir pourquoi. Là ou certains mange sur le pouce en deux minutes, moi il me faut au moins quinze minutes pour manger la même quantité de victuaille. Difficile à exprimer, mais je ne veux pas non plus inquiéter mon hôte alors je finis par m'exprimer quand à la qualité de sa nourriture :

"C'est très bon, vraiment très bon !"

Je lui souris en disant cela, mais je ne vais pas plus loin dans ce que je ressens. Il ne me l'a pas demandé après tout. D'ailleurs, la conversation s'oriente déjà vers un tout autre sujet. son restaurant. cela semble visiblement être un projet très important pour lui. Je ne peux que comprendre ce qu'il veut dire par là, malgré tout je continue à manger en silence jusqu'à ce que finalement, il m'en pose une toute autre. Ce fameux job de serveuse ou j'ai lamentablement échouée. Je prends tout mon temps pour m'essuyer la bouche en avant de poser ma fourchette sur la table tout en baissant le regard un peu honteuse :

"Si ... Un peu ... Mais je comprends la réaction de Reiji, c'est normal, je .. J'aurais fait pareil si j'avais été à sa place ..."

Oui, j'aurais sans doute fait la même chose, mais c'était juste de l'histoire ancienne à présent. Je devais penser à autre chose et pourquoi pas, à trouver un autre boulot ? C'était une plutôt bonne idée ça. Je me remis à picorer doucement le riz de mon assiette avant de finalement finir le tout au bout d'un long moment :

"Excuse moi ... Je suis un peu lente pour manger !"

C'était un euphémisme bien entendu, mais j'étais habituée à cela :

"Je peux t'aider à débarrasser ?"

Je ne pouvais pas rester sans rien faire non plus à le regarder me servir comme n'importe quel servant. Sans même attendre, je pris mon assiette et mes couverts et me diriger vers la cuisine pour les déposer dans lévier que je commençais à remplir d'eau :

"Je vais faire la vaisselle ! Donne moi tes couverts et ton assiette s'il te plait !"

Natsuki avait déposé ses lunettes sur le côté pour le repas, qui se déroulait non sans un certain silence : la discussion se tenait presque à sens unique. L'essentiel était raconté par le Nara tatoué, tandis que Leika répondait par de courtes phrases aux questions lorsqu'elles s'y prêtaient. Il afficha alors un fin sourire sur la dernière remarque.

« Je m'inquiète moins que tu manges lentement que du fait que tu n'es pas très loquace ce soir. Mais depuis les quelques mois où l'on se connait, j'ai remarqué que tu n'es pas très volubile de nature. Tu gardes énormément de poids sur tes épaules, que tu essaies de supporter au mieux, avec plus ou moins de succès. La plupart du temps, ce sont les larmes qui te permettent d'évacuer l'excédent lorsque tu arrives au point de rupture. »

Leika insistant pour débarrasser la table et laver la vaisselle, il lui tendit son assiette.

« Ce que je te dis n'est pas une invitation à la confession, mais un rappel. Tu es dans une équipe shinobi désormais, alors si tu as besoin de parler, ou de quoi que ce soit d'autre, n'hésite pas à venir me trouver, et je verrai ce que je peux faire. »

Natsuki se leva de table, et tapota l'épaule de son étudiante dans un geste rassurant avant de préparer les assiettes à dessert.

« Certains combats se mènent en solitaire, d'autres non. J'ai affronté seul mon cancer pendant plus de cinq ans avant de réaliser que je n'arriverai à rien si je ne me faisais pas aider, aussi je sais de quoi je parle. »

Il déposa le gâteau qu'avait apporté Leika sur la table, et en découpa deux parts au huitième qu'il disposa devant leurs places respectives avant de rejoindre son étudiante à l'évier, un torchon entre les mains pour essuyer la vaisselle.

« Quand tu auras terminé, je te propose que nous goûtions le dessert que tu as amené avec toi. Il reste des tranches d'ananas frais aussi, si tu en veux. »

A nouveau installés, il en profita pour lui transmettre ce qu'il avait vu en ville, tout à l'heure.

« Tu cherches toujours un travail pour louer un appartement, j'imagine ? J'ai vu en revenant des courses qu'une boulangerie au centre-ville recherchait quelqu'un à mi-temps. Cela te permettrait d'avoir une petite source de revenu, et encore du temps à consacrer à la liste que je t'ai donné pour te préparer à l'examen. Je te donnerai l'adresse si cela t'intéresse. »

Le repas prenait des allures thérapeutiques? Natsuki semblait vouloir jouer les psychologues avec moi. Je ne pouvais pas vraiment m'empêcher de rougir face à ce qu'il disait. C'était vrai. Je gardais énormément de choses en moi. Presque tout en fait. J'avais toujours eut du mal à me confier à quelqu'un car je ne parvenais pas à faire confiances aux gens. Trop de trahisons dans mon entourage. Les gens avaient beaucoup trop profités des malheurs qui avaient bercés ma petite enfance pour me faire souffrir. En refermant ses portes, je m'étais formés un cocon solide, mais douloureux pour moi même. Etais-je si facile à percer à jour pour que Natsuki arrive à décrypter aussi facilement mes émotions ? Mon ressenti ? Ma personnalité ? Je posais son assiette sur la mienne avant de me diriger vers l'évier et allumer l'eau chaude. Un peu de liquide vaisselle sur une éponge, j'entreprenais ma tâche avec minutie, non sans pour autant garder une oreille attentive à tout ce qui se passait. Finalement, je finis par prendre la parole :

"C'est gentil à toi de te souciez autant de moi et de mon bien être ... Ça ne sera pas forcément facile pour moi car en général je suis habituée à me débrouiller tout seule ..."

C'était la vérité. Mon quotidien. Depuis toute petite déjà, je m'étais toujours débrouillée seule. Quand j'étais triste, quand je me faisais mal et bien d'autre encore. Maman travailler beaucoup et mon frère n'était pas constamment là et la disparition de mon père était un sujet tabou pour nous. Mais confidences pour confidences :

"Cancer ? Vous êtes malades ?"

Il n'en avait pas l'air en tout cas. Dans ma précipitation pour lui répondre, j'avais cependant reprit mon vouvoiement. Une vieille habitude qui me serait décidément dure à perdre. Mais j'avais encore du mal à réaliser ce qu'il venait de dire. Etais-ce juste une façon de me montrer que l'on ne pouvait pas toujours s'en sortir seul ou la pure vérité ? Aucune idée en tout cas, mais pour l'heure je finissais de déposer les couverts secs sur le rebords du plan de travail avant d'aller me réinstaller à la table pour y manger un morceau de tarte. La bouche à moitié pleine, Natsuki me parla alors d'une offre d'emploi qu'il semblait avoir vue en ville. Je m'empressais d'approuver d'un vif hochement de tête :

"Oui, je cherche toujours un petit boulot ! J'espère pouvoir rapidement aménagé dans mon propre appartement, mais sans source de revenue fixe, ce n'est pas trop possible pour le moment ! En tout cas merci pour le conseil, j'irais voir ça dès demain."

Intérieurement, je croisais les doigts pour que cela soit vrai et que le boulanger accepte de m'engager. J'avais de plus en plus besoin à la fois de mon indépendance, mais aussi de m'éloigner du cocon familial ou l'ambiance était de plus en plus tendue jours après jours. Je croquais dans le morceau de tarte inconsciemment, réfléchissant à tout cela avant finalement de me rendre compte de mon impolitesse à imposer un silence aussi pesant à mon hôte.

"Excuse moi !"

J'avais rougis et je m'empresser de lancer un autre sujet pour éviter un nouveau blanc :

"Tu as toujours voulu être shinobi toi ? Ou on t'a poussé dans cette vocation de force ?"

Le sujet était sans doute futile. Surtout vue ou il en était rendu à présent. Mais c'était toujours un bon point malgré tout d'en savoir plus sur lui. Au moins, je m'intéressais un peu à sa personne et à son histoire.

Leika sembla surprise que Natsuki lui parla de son '' cancer ''. En elle-même, c'était pourtant une pathologie plutôt courante. Un sourire amusé sur les lèvres, il commença à lisser quelques unes de ses mèches.

« Oui. Enfin, je l'étais. Pendant près d'une dizaine d'années. C'est entre autre ce qui a causé la perte de l'éclat de ma belle crinière céruléenne, devenue aujourd'hui ce ramassis de cheveux bleu terne peu attrayant. »

Sans dire qu'il était vraiment guéri à ce jour, il pouvait au moins affirmer en son âme et conscience qu'il allait mieux. Et rien que cela, cela ouvrait des perspectives depuis trop longtemps fermées dans sa vie.

La discussion allant et venant, il se posa à un moment sur les motivations qui avaient poussé Natsuki à devenir shinobi. Une question qui lui fit tapoter pendant quelques secondes la table avec sa cuillère, le temps de réfléchir à la réponse.

« Je ne me souviens pas que l'on m’ait demandé mon avis quand j'ai commencé à être entrainé pour devenir ninja. » avoua-t-il après réflexion. « C'est un peu le lot de beaucoup d'enfants de shinobi quelque part, surtout d'enfants de ninja claniques en fait. Lorsque l'on descend d'une illustre Famille, l'on se doit de lui faire honneur, et de porter autant les attentes de ses parents que de son clan. La carrière de ninja s'impose presque d'elle-même en ces circonstances, à moins que l'on montre une réelle inaptitude dans le domaine. Dès que l'on est en âge de marcher seul, l'on nous met une arme entre les mains, et l'on nous prépare pour notre futur carrière, autant physiquement que mentalement. Et lorsque l'on devient assez mûr pour réfléchir par nous-même et comprendre, c'est déjà un peu trop tard : l'on est dans le système, formaté. Cela dit, dans mon cas, je ne m'en plaints pas. Je suis content de ce que je fais, même si ce n'est pas évident tous les jours. Et puis, dans le contexte de ma prime jeunesse, avec la Grande Guerre des ninja, il valait mieux savoir se défendre. »

Son menton tenu entre son index et son pouce, Natsuki ria sous cape en se souvenant de ses jeunes années comme shinobi.

« Je ne crois pas t'avoir déjà demandé ce que tu comptais faire avec la force et le pouvoir d'un shinobi. Non pas que tu ais besoin d'un diplôme pour devenir puissante, cela dit. Si je te le demande, c'est parce que ta question m'a rappelé de vieux souvenirs : ma propre motivation à mes débuts. J'étais comme beaucoup de gamins, je voulais devenir fort pour protéger. Protéger ma vie, mais aussi celles des autres, qui n'ont pas la force de le faire eux-même. Je savais déjà que c'était un chemin irréalisable, que l'on ne peut pas '' sauver le monde entier.'' Mais je trouvais motivant de tout faire pour tenter d'effleurer cet objectif ne serait-ce que du bout des doigts, même sans jamais y parvenir, car j'aurai déjà fait beaucoup rien qu'en essayant. Maintenant que j'ai acquit de l'expérience, je suis davantage terre à terre, et je vois le monde un peu différemment. »

Il marqua un tant de pause pour se désaltérer.

« Tout n'a pas complètement changé cela dit. Une partie de ces objectifs sont restés, et ont contribué à la création de Matsudaï, dont la devise est de servir de bouclier aux plus faibles, le temps qu'ils acquièrent la force de se défendre eux-même. Tu fais partie de ces jeunes graines Leika, et en tant que mentor, je ferai mon possible pour que tu écloses un jour. »

Disant cela, il avait mécaniquement passé la main sur son propre avant-bras couvert de tatouages.

« Mais pour cela, il faudra que tu crois en toi, et en ce que tu fais, car je ne serai jamais qu'une lanterne : je ne peux qu'éclairer ta route, et je ne marcherai pas à ta place. »

Son chemin, ses décisions et leurs conséquences n'appartenaient qu'à elle.

Le senin me raconta alors comment lui-même avait reçu cette vocation de Shinobi. Visiblement, il n'avait pas été forcé dans cette voie, mais plus amené là-dedans de façon anodine comme beaucoup d'enfant shinobi. C'était une règle que je connaissais bien puisque moi-même, j'y avais goûté.

Mon regard se planta dans les striures de la table alors que j'avouais :

"Je me souviens encore, lorsque j'étais petite, des entraînements que je faisais avec mon père et mon frère. Presque tous les jours. Comme vous le dites, j'étais alors formaté pour devenir shinobi. Tout à un peu basculé le jour où il a disparu et ou ma mère à refusé de nous voir disparaitre de la même façon à notre tour."

Je soupirais en repensant cela, tout en laissant mon regard se poser sur un autre point de la cuisine du Nara avant de poursuivre :

"Je me demande si les choses seraient vraiment différentes aujourd'hui, si j'avais suivi comme vous, cette voie de shinobi plus tôt. Serais-je une grande kunoïchi aujourd'hui ? Où peut être serais-je morte dans une mission quelconque ? C'est vrai qu'avec l'âge, il est d'autant plus dur de se faire une raison à pratiquer ce métier, car on a conscience du danger… Ce qui est moins le cas quand on est jeune…"

Je me voyais bien là. Plus jeune, j'étais téméraire, extravertie. Je n'avais peur de rien. J'avais pris une voie différente désormais. Certes, je conservais cette intrépidité acquise au cours des années, mais elle ne concernait pas les disciplines couramment utilisées par les shinobis. Ces dernières, au contraire, elles m'effrayaient car j'avais pleinement conscience de mon incapacité à rivaliser avec qui que ce soit autant dans le maniement d'armes que dans les disciplines de manipulation du chakra. Inconsciemment, j'avais commencé à trifouiller le reste de ma tarte avec ma fourchette, formant ainsi, une bouillie informe qui n'avait strictement plus rien d'appétissant. Cela m'avait cependant permis de m'occuper les mains pendant que je réfléchissais à ce que me demandait mon professeur :

"Lorsque nous étions à Nami no Kuni… Ou plutôt en arrivant là-bas. Ce n'était qu'une sorte de punition pour moi. Mais lorsque nous avons été confrontés à ce monstre… Je me suis rendu compte que j'étais incapable de faire quoi que ce soit pour me protéger, si ce n'est fuir. Hors, je suis suffisamment mûre maintenant, pour comprendre que si une telle situation se reproduisait et si tu n'étais pas là toi, ou quelqu'un d'autre, pour me protéger, je ne pourrais rien faire et je vais y perdre la vie…"

Je souriais timidement :

"C'est un peu bête et égoïste, mais j'aimerais être capable de survivre face à ce genre de situation, et cela, même avec mes faibles capacités."

Cela correspondait tout à fait à la devise de notre équipe que Natsuki me donna d'ailleurs quelques secondes plus tard. Cette fois-ci, je lui souriais avec sincérité et sans aucune honte. Approuvant alors les paroles qui suivirent d'un vif hochement de tête :

"Je vais essayer de continuer à avancer sous ta tutelle alors !"

Ces paroles étaient rassurantes, et cela, depuis notre première rencontre. J'avais beaucoup changé depuis le temps ou j'avais clairement dit que je n'avais rien à faire dans cette équipe. J'espérais que cela continuerait ainsi.
Mon regard se porta soudain sur l'horloge accrochée à l'un des murs. Elle indiquait qu'il était déjà une heure assez tardive. Je rougis en déclarant :

"Je suis désolée, je n'avais pas vu l'heure ! Je vais devoir y aller Natsuki !"

C'était peut-être abrupt de ma part, mais il fallait vraiment que je rentre. Je le remerciais alors pour le repas avant de me sauver dès que toutes les politesses furent faites.

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