aAprès avoir travaillé chacun de notre côté, moi à Kawa no Kuni et Raito au village, interogggeant un prisonnier, nous avions dû attendre assez longtemps avant de repartir à la recherche du soi-disant fantôme. Cela faisait déjà plusieurs mois que nous travaillions là-dessus et nous avancions lentement, mais sûrement. Cette fois-ci, pas d'indication imprécise voire incorrecte, deux sources totalement différentes nous avaient indiqué le même endroit. Nous n'avions jamais été aussi proche de réussir et nous ne pouvions donc pas perdre de temps avant de nous rendre à cet endroit. Je partis donc avec Raito et Karyuudo en direction de l'extrême nord du continent. La ville de Mozuku était au bord de la frontière Nord du pays de la foudre. Principalement composée de pêcheur, cette ville avait l'avantage de ne recevoir que très peu de visiteur tout en possédant une population assez importante. Il était possibile que le fantôme ne se trouvait pas là-bas, mais ce qui était sûr, c'était qu'il y était passé très récemment et qu'il y était resté plusieurs semaines.

Il nous fallut deux jours pour atteindre la ville, nous avions voyagé rapidement sans trop forcer non plus, le but n'était pas d'arriver exténué. Nous avions passé tout le voyage à nous préparer, nous avions passé trop de temps à faire des recherches pour tout faire échouer à cause d'une erreur évitable. Nous devions entrer dans la ville et nous rendre à l'adresse que nous possédions sans se fare repérer. Rien ne laissait penser qu'il pouvait nous attendre, mais c'était un risque que nous en pouvions pas non plus prendre. De plus, son comportement et ses déplacements de ses derniers mois indiquaient clairement qu'il essayait de rester le plus discret possible, même si cela ne voulait pas forcément dire qu'il savait que Raito et moi le traquions.

Nous restâmes postés sur une branche d'arbre, observant la ville de l'extérieur, pendant plusieurs minutes. Si notre vie n'était pas en danger, je considérais cette mission comme un challenge important et je ne pouvais pas tolérer un échec. Pour Raito, c'était légèrement différent, je sentais bien que cette mission était bien plus importante, son organisation lui mettait une grande pression et un échec semblait pouvoir avoir des conséquences néfastes pour lui. Je n'en savais toujours pas beaucoup sur cette organisation, mais je savais que si elle s'était occupée de lui, elle n'avait pas une bonne influence. Cependant, ce n'était pas ma priorité, je faisais confiance à Raito pour gérer cela seul pour le moment.

- Bon, tu es sûr de vouloir y aller directement sans observer la ville pendant un temps ?

- Oui, comme je l'ai déjà dit, il y a deux possibilités, soit il n'est pas là et dans ce cas il faut le pourchasser le plus vite possible, soit il est là et nous devons nous en assurer. Je sais qu'il ne nous attaquera pas, ce n'est pas le but de la mission. Évidement, il pourrait prendre la fuite en me voyant, c'est pour ça que je vous fais confiance pour le traquer avec Karyuudo.

- Très bien, dans ce cas, nous resterons camouflés au dessus de la ville. S'il est à l'adresse, il ne nous échappera pas.

- Vous comptez sur moi à nouveau, c'est vraiment une habitude !

- Bon, si tout est prêt, j'y vais.

Je suivis alors Raito des yeux, partant vers la ville. Je sautai alors de la branche pour atterrir sur le dos de Karyuudo. La capture allait commencer.

M’étant impossible d’utiliser mes capacités sensorielles à leur vrai potentiel tout en camouflant ma présence et celle de Karyuudo, je devais faire confiance à lui et Raito pour retrouver notre cible. Notre position aérienne nous donnait un avantage certain, mais si notre adversaire venait à le découvrir, cet avantage aurait pu se retourner contre nous. Je suivais donc Raito des yeux, qui s’approchait discrètement du lieu où devait être notre proie.

Une fois arrivé devant la porte d’entrée du bâtiment se trouvant à l’adresse que nous avions récupérée, Raito ouvrit la porte avec discrétion, mais ce ne fut pas suffisant. Comme s’il s’attendait à notre arrivée, l’homme à l’intérieur sortit immédiatement par la fenêtre à vive allure. Bien que sa vitesse de réaction fut impressionnante, sa fuite était prévue dans notre plan et tout ce passait correctement pour le moment. Évidement, le voir ouvrir la porte à Raito pour que celui-ci le plonge immédiatement dans une illusion aurait été bien plus simple.

Maintenant, c’était à Karyuudo et moi de jouer. Puisqu’il fuyait et que nous avions déjà repéré sa trace, il nous était inutile de nous presser à le débusquer, je préférais éviter tout combat à l’intérieur de la ville. Nous le suivions donc à travers les rues, attendant le bon moment avant d’attaquer.

L’homme qui courait à travers les rues à toute allure sautait d’un seul coup sur le toit d’un bâtiment assez haut avant de reprendre sa course sans s’interrompre. Une fois arrivé au bord du bâtiment, il prit un grand élan avant de se retourner et de sauter dans ma direction. Son comportement avait changé en l’espace d’une seconde, passant d’un fuyard apeuré à un prédateur ayant trouvé sa proie. C’était vraiment impressionnant, réussir à me repérer ainsi et à effectuer un saut aussi rapide et haut étaient bien difficiles. Cependant, il ne devait pas réellement comprendre à qui il avait affaire. Dans les airs, nous étions le plus grand prédateur qui fût.

Annulant notre camouflage qui semblait désormais bien inutile, je concentrai mon chakra dans le corps de Karyuudo, lui permettant de réagir avec suffisament de rapidité pour esquiver le saut de la proie. Puis d’un battement d’aile puissant, il changea sa direction pour nous faire foncer vers l’ennemi. À une vitesse dépassant les limites humaines, nous filâmes vers lui, mais alors que j’allais lui découper les jambes, l’empêchant de fuir à nouveau, il se retourna à nouveau à temps. Effectuant des mundras à une vitesse hallucinante, il se mit alors à cracher une énorme boule de feu dans ma direction.

Immédiatement, je coupai l’afflux de chakra dans le corps de mon compagnon avant de me mettre debout sur son dos. En me servant de lui comme appui pour sautai en l’air, je nous permis à tous les deux d’esquiver l’attaque, le faisant piquer vers le sol et me propulsant au-dessus. Je n’avais pas eu besoin de le prévenir, il avait compris immédiatement en sentant que je me levais.

Cependant, si nous avions évité son attaque, je restai toujours en mauvais posture, planant ainsi en l’air à plusieurs dizaines de mètres du sol. Ce fut à ce moment-là que je vis Raito, en contrebas. Après quelques mundras de sa part, toute la lumière du Soleil disparut progressivement jusqu’à laisser une zone dans le noir total. Heureusement, Karyuudo était capable de me repérer sans sa vision et j’étais en mesure de repérer notre cible.

Tandis que je m’efforçais de retomber sur le dos de Karyuudo, l’obscurité ambiante diminua petit à petit. Je savais que c’était volontaire de la part de Raito. Il avait réussi à capturer notre cible, mais j’ignorais encore comment. Tout cela se passa très vite et malgré le fait que je pouvais détecter tout le chakra de la zone, j’étais incapable d’expliquer ce qu’il venait de se passer. Je connaissais déjà la technique ayant permit à plonger la zone dans l’obscurité, mais je ne voyais pas comment il s’en était servi pour arrêter l’ennemi qui était bien supérieur à lui au combat.

Le rejoignant avec Karyuudo, je descendis avant de vérifier les liens de notre nouveau prisonnier. Il n’était pas vraiment inconscient, mais il ne bougeait presque pas, comme s’il était plongé dans une réflexion intense. Il s’agissait à l’évidence d’une technique de genjutsu, mais je me demandais bien comment il avait réussi à l’atteindre avec.

- C’est du bon travail ! Mais je ne suis pas contre quelques explications…

- Lorsque j’ai plongé la zone dans le noir, j’ai volontairement laissé une parcelle de lumière entre lui et moi. Naturellement, il n’a pas pu résister à y jeter un oeil et il est devenu à la merci de mon Genjutsu. Du coup, je lui ai envoyé mon plus puissant, histoire d’être sûr que ce soit terminé. Au final, il n’était pas si fort que ce que je l’imaginais.

- Détrompes-toi, c’est toi qui as fait preuve de talent, il a été capable de percer mon camouflage et de réagir à chacune de mes attaques à temps. Il doit avoir le niveau d’un jonin.

- On n’aura pas eu le temps de combattre au final.

Je m’approchai alors du prisonnier, une rapide vérification de son chakra me permit de m’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un simple henge destiné à nous tromper. Je sortis alors ma photo de lui qui nous avait, entre autres choses, permit de le retrouver. Comparant son visage et la photo, je n’avais désormais plus aucun doute, il s’agissait bien de l’homme que nous recherchions.

- Il ne risque pas de reprendre ses esprits, il ne faudrait pas mieux le tuer pour le voyage retour ?

- Il n’y aura pas de voyage retour pour lui et aucun besoin de le tuer. Nous avons réussi notre mission, je vais le libérer, je ferais mon rapport et on passera à autre chose.

Je m’arrêtai d’un coup, si je savais que nous ne travaillions pas pour Kumo, je pensais au moins qu’on faisait quelque chose d’utile, car cela faisait un bon moment que cette chasse à l’homme n’avait plus rien d’amusant.

- Tu veux dire qu’on a fait tout cela, uniquement pour un test, mais pour qui au juste ?

J’étais en colère, non pas contre Raito, qui avait l’air de trouver la situation tout à fait normal, mais contre ses supérieurs, quels qu’ils fussent.

- Je t’avais prévenu que tout ceci n’avait pas d’objectif que de savoir si nous étions capables de travailler en équipe.

- Ça, j’ai compris, mais j’ai besoin de plus d’explication, tu as risqué ta vie pour réussir, c’était dans quel objectif ?

Raito me regardait bizarrement, s’il comprenait les mots que j’employais, il n’avait pas l’air de comprendre ce que je voulais lui demander.

- On m’a donné un ordre et j’ai obéi, comme d’habitude.

- Mais pourquoi ?! Tu ne dois pas te contenter de suivre les ordres, ceux qui te les donnent ne sont pas forcément mieux placés que toi pour prendre une décision.

Si j’avais bien remarqué depuis le temps que Raito avait un caractère assez particulier, c’était la première fois que je me rendais compte qu’il suivait ces ordres aveuglément sans y réfléchir.

- Tu ne comprends pas Otoke, je ne suis pas aux commandes, ce n’est pas à moi de prendre les décisions, la désobéissance, c’est le chaos et le chaos, c’est le désespoir.

Tandis que j’écoutai ses paroles, je me rendis compte qu’il me fallait régler ce problème au plus vite. Je ne savais pas ce qu’il avait subi pour en arriver là, mais d’un coup, j’avais des envies de meurtres.

Encore une fois, je subissais les conséquences de mes décisions motivées par ma recherche de l’amusement. En acceptant de suivre Raito sans même me renseigner sur ceux qui le contrôlait, je nous avais mis tous les deux dans une situation que je n’appréciais pas. Il me fallait agir au plus vite pour régler ce problème.

- Dis-moi Raito, on t’a donné l’ordre de faire équipe avec moi, c’est bien ça ?

Le jeune garçon qui ne semblait toujours pas comprendre ma réaction me regarda d’un air interrogateur, il avait comprit que j’avais un idée en tête.

- Effectivement et je le ferais jusqu’à ce que ce que tu me jettes ou que je reçoive un autre ordre de mes supérieurs.

C’était bien ce que je pensais, il ne prenait jamais en considération ses propres envies dans ses décisions, je l’avais déjà remarqué avant, mais je n’imaginais pas que cela puisse être à ce point.

- Donc, imaginons que je refuse de t’abandonner, mais que je décide de faire des recherches sur ton organisation pour t’en sortir. Si tu suis les ordres que tu as reçu, tu seras forcé de m’aider, non ?

- Pas exactement, étant donné que ma mission ne prévoie pas ce genre de situation, je serais libre d’agir comme bon me semble.

C’était déjà un début si j’arrivais à le faire agir par lui-même en non au nom de son organisation. Il me fallait maintenant savoir s’il avait envie d’en sortir ou si j’étais vraiment entrain de me mêler d’une histoire qui ne me concernait que peu. Cependant, un élément me restait en travers de la gorge, je n’en avais jamais parlé avec Raito, mais je n’oubliais pas qu’il m’avait dit que cela faisait un moment que son organisation s’intéressait à moi.

- Dans ce cas, arrêtons de parler au conditionnel. Je vais enquêter sur ton organisation à partir d’aujourd’hui même, si tu commençais par m’en parler un peu que je gagne du temps.

- Je n’ai pas le droit de parler de l’Institut, je …

Interrompant immédiatement Raito au milieu de sa phrase, je n’en croyais pas mes oreilles.

- Attends, tu viens de parler de l’Institut ou d’un institut, comment tu peux être au courant de ce groupe ?

Raito et moi se rendirent alors compte en même temps d’une chose différente. Tandis qu’il venait de comprendre que j’avais déjà croisé le chemin de l’Institut, je me comprenais enfin, que cette fameuse organisation dont il faisait partie n’était autre que celle de Jinto, celle qui m’avait capturé, ainsi que Karyuudo pour mener des expériences à notre égard.

Si j’étais énervé depuis le début de cette conversation, j’avais atteint un autre niveau et même si je l’appréciais et que j’avais confiance en Raito, il avait intérêt à m’en dire plus s’il ne voulait pas que je le tue immédiatement.

- Tu as donc déjà rencontré l’Institut, on ne m’avait pas prévenu, c’est quand même une sacrée coïncidence.

D’un coup de pied, j’envoyai Raito valser à une dizaine de mètres, s’écrasant violemment contre un mur. Au même moment, Karyuudo s’approcha de moi, mais je lui demandai de s’écarter d’un geste de la main.

- Tu te moques de moi ?! Une coïncidence ? Quand tu te fais kidnapper et que plusieurs années après, tu te rends compte que les responsables n’ont eu de cesse de te surveiller et de te contrôler, tu appelles ça une coïncidence ?!

Sans être un fin analyste, j’arrivai aisément à lire le doute sur le visage du jeune Dentô qui se relevait avec peine. Après tout, il était également une marionnette de l’organisation, il n’avait sûrement aucune idée des raisons de ses actes.

- Maintenant, je n’ai plus le choix, je vais devoir tuer tous les responsables, je sais qu’ils ne me lâcheront jamais sinon.

Je sortis alors ma mon arme que je pointai dans sa direction.

- Toi par contre, tu as un choix à faire, je suis désolé de t’imposer la trahison, mais je n’y peux rien. Soit tu décides de me lâcher, auquel cas, tu ferais mieux d’utiliser ton Genjutsu immédiatement, soit tu m’aides à faire payer ceux qui le méritent.

- Pourquoi ? Pourquoi tu souhaites aller dans cette voie ? Pour la vengeance ? Pour être en sécurité ? Si tu tues les responsables, d’autres prendront leur place. Si tu détruits l’organisation, une autre prendra sa place, le monde est ainsi fait.

- Et alors ? Je préfère vivre en combattant chaque jours des gens dans leur genre, mais si c’est sans espoir, plutôt que de me rabaisser à accepter leur existence. Évidement, je souhaite me venger et me protéger d’eux, mais ce ne sont pas les seules raisons qui me poussent à agir ainsi. Tu crois honnêtement que j’aurais fait tous ces efforts dans cette mission uniquement pour m’amuser ?

- Que veux-tu dire par là ?

- J’ai déjà rencontré plusieurs personnes de l’Institut avec toi et je sais que tu es attaché à certains d’entre eux. Maintenant, pose toi une question, ces responsables, à qui tu obéis aveuglément, est-ce qu’ils sont intéressés par toi pour ce que tu es ou ce que tu peux devenir ou uniquement par rapport à ce que tu peux leur apporter. Je suis sûr qu’ils arrivent toujours à se trouver des excuses, ils ont dû te dire que travailler avec moi allait t’aider à t’améliorer et devenir plus fort. La vérité, c’était que pour eux, ton utilité se limitait à ma surveillance. Après, tu te dis peut-être que c’est déjà ça, que sans eux, tu n’aurais personne, mais c’est faux. Si je veux t’aider, ce n’est pas parce que tu me seras utile, c’est parce que je sais que tu es capable de grande choses.

Le jeu de comédien de Raito avait des limites, s’il était capable de paraître joyeux en toutes circonstances, il ne trompait actuellement plus personne. Je remettais en doute tout ce à quoi il croyait. Je savais que j’avais raison et plus important, il le savait aussi.

- Tu n’arriveras jamais à rien si tu te contentes d’obéir, ou si, tu deviendras le meilleur des larbins. C’est vraiment ce que tu as envie ?

- Et c’est quoi ton alternative ? Je t’aide à tuer les miens, les seuls qui se soient jamais occupé de moi, les seuls qui s’inquiètent lorsque l’un de mes retours de mission met plus de temps que prévu, et après ? Je me retrouve tout seul, sans repère, sans objectif. L’Institut, c’est toute ma vie.

S’il semblait toujours opposé à mes projets, il était clairement en progression dans son avis. Ses arguments n’étaient pas mauvais, mais ils n’étaient que des excuses pour ne pas avoir à le faire.

- Tu veux une alternative, rejoins Kumo. Tu vas me dire que tu en fais déjà partie, mais tu sais très bien que ce n’est pas le cas. C’est quand la dernière fois que tu es parti en mission ? En plus, le nom que tu portes te permets de retrouver un cadre familial. Tu ne m’as jamais parlé de ta famille, alors je ne peux pas en parler, mais tu as un clan, ça peut t’aider si tu le souhaites. Et puis, je suis là aussi, je pourrais t’aider également.

Je ne pouvais pas prétendre être ami avec Raito, c’était un peu trop m’avancer, je ne connaissais rien lui et il ne s’était jamais ouvert à moi. Cependant, je m’étais attaché à lui, je savais que son potentiel dépassait largement le mien et il le gâchait en travaillant pour des esclavagistes.

Rangeant mon arme, je m’approchai de lui. Arrivant à ses côtés, je me rendis compte que des larmes coulaient le long de ses joues, son combat intérieur était visible et c’était un peu touchant. Je lui tendis alors la main.

- Je t’en prie, laisse moi t’aider, ne me force pas à te considérer comme un ennemi.

Sans un mot, il saisit ma main, je le tirai alors vers moi, le relevant. Je n’avais pas été de main morte en le frappant, mais il en avait sûrement besoin.