Assis sur un billot de bois, je regardais mes mains tremblantes, les effets, la nervosité et l’adrénaline s’estampaient tranquillement. Quelques gouttes de sueur perlaient sur ma tempe pour finir dans mon début de barbe de trois jours. Dans l’une de ces mains, je tenais le bandeau de Konoha, il brillait de toute sa splendeur, le symbole du village était parfaitement sculpté sans la moindre trace de défaut, on pouvait ressentir la fierté que les artisans avaient mis sur cet emblème qui représentait tout ce qu’on le pays possédait. Je n’en revenais toujours pas que j’étais maintenant un Genin, malgré que j’étais du rang le plus faible, je sentais toute l’adrénaline me donner des ailes juste à penser à mes futures aventures que j’allais vivre en tant que Shinobi de ce monde.

Le soleil était pratiquement à son apogée et l’heure du repas de midi était presque arrivée, pour cette raison, il restait très peu de personnes sur le terrain d’entraînement, j’avais donc un moment de tranquillité dans cet espace que j’appréciais particulièrement. On y retrouvait de tout, de petits lacs, des forêts, et même des terrains poussiéreux pour les combats rapproché. Je n’étais venu ici que pour me reposer la tête libre et réfléchir à ce que j’allais faire, je réfléchissais souvent à rejoindre une équipe et y mettre mes talents de manipulateur du métal à leur contribution et ainsi progresser vite dans la hiérarchie du village ou progressé seul sur des missions et attendre les opportunités qui allaient s’ouvrir à moi. J’hésitais beaucoup entre les deux, car ce n’est pas une décision qu’on prend la légère.

Après un certain moment, j’étais beaucoup trop déconcentré pour réfléchir a quelque chose d’une gravité pareille et de toute façon, c’était l’heure d’aller manger et ce que je voulais par-dessus tout en ce début d’après-midi ensoleillé était d’aller manger des nouilles chez Ibaki et peut-être même y faire une rencontre fortuite, maintenant que j’avais mon bandeau, je sentais une nouvelle appartenance avec le village. J’empruntai donc un petit sentier, en marchant tranquillement, menant au centre-ville. Je pouvais sentir l’odeur de la cuisine d’Ibaki, j’adorais les subtilités des épices utilisées. Face à la fenêtre qui donnait sur la rue, je mangeais tranquillement ce que j’avais commandé.

Tama partie de mon équipe, il ne me restait ainsi plus que deux élèves seulement. Je devais avouer que son départ annonçait la fin de ma tranquillité au sein du groupe. En effet, même si je donne l’impression de me répéter souvent, les deux jeunes garçons que j’avais pris sous mon aile étaient pour le moins assez distraits et peu concentrés. J’avais renvoyé déjà mes anciens élèves pour moins que ça, mais là, le bureau des administrations m’avait bien fait comprendre que je ne pouvais me permettre de virer des gens comme cela me chantait. Je pouvais les réentendre d’ici, alors que je leur annonçais le départ de la jeune pousse du clan du bois. J’avais pu compter le nombre de postillons sortant de la bouche du responsable administratif me criant dessus (vingt-huit) alors que je lui expliquais que j’avais besoin d’un nouvel élève. Heureusement pour moi, il s’avérait que Konoha avait plusieurs Genins sans supérieur, et ne savait pas vraiment où les affecter. Avec l’absence de l’Hokage en plus, les questions de ce genre étaient plus délicates que jamais à être traitées. Mon arrivée était donc signe de la providence.

Me voilà ainsi en train de sortir du bâtiment et de me balader avec un dossier dans la main afin de mieux l’étudier à la maison. Kinzoku Yamiko, un jeune homme qui semblait appartenir à un clan indépendant particulier, lié à l’affinité du métal. Il n’y avait pas vraiment d’autres données sur cette personne, si ce n’est qu’il semblait être de moins de trois ans mon cadet. Cela allait sans doute créer un contraste avec les jeunes adolescents du groupe, mais bon, il fallait bien devoir adapter la chose. Refermant le dossier, j’observais un peu plus la photo du jeune homme qui était attachée avec. Des longs cheveux roux et des yeux proches du lilas. Quelque chose d’assez reconnaissable donc si je devais le croiser dans la rue.

Levant ainsi la tête, tout en rangeant ce que je tenais en main dans mes vêtements, je fus surpris par la vue qui vient m’interloquer. Passant devant moi, une crinière rousse d’un jeune homme qui semblait se déplacer sans vraiment avoir de direction en tête. Un regard plus détaillé sur le porteur de la chevelure, et je me rendis compte que son visage ne m’était pas inconnu, car je l’avais tout simplement vu sur la photo que j’avais en main. Surprenant, mais ce n’était pas une raison pour le perdre de vue. Gardant un peu de distance, je commençai à le suivre afin de voir vers où il se diriger, histoire d’essayer de cerner le personnage. C’est là que je le vis entrer dans un établissement de restauration. C’était vrai que l’heure du repas était en cours, je ne m’étais pas rendu compte.

Vint alors une question qui commença dans mon esprit : que faire pour le moment ? J’avais le choix entre aller directement le voir pour lui annoncer que j’allais être son chef d’unité, ou alors laisser le temps pour étudier son dossier et voir comment l’aborder… Mais finalement, je suis choisi de presser le temps et d’aller à sa rencontre. Cependant, au lieu de me présenter comme son instructeur, je décidai de retirer le bandeau de la feuille situé sur mon bras et le cacher. Je voulais essayer une approche qui m’aurait permis de découvrir le vrai lui. Entrant donc à l’intérieur du bâtiment, je regardai vite fait la salle pour trouver où s’était assis l’homme. Passant rapidement au comptoir, je commandai le premier repas arrivant à ma vue et lui indiquai discrètement de me servir sur la table du dénommé Yamiko en pointant du doigt. Après quoi, je m’asseyais à la fameuse table, sans demander mon reste ni autorisation, et commençai mon plan d’attaque.

« - Tss… Tu parles d’une ville paumée… »

Une approche des moins orthodoxes, vous me direz. Mais bon, quoi de mieux pour faire sortir le fond des gens en les mettant face à une adversité ? Le but était de faire en sorte de le provoquer pour qu’il me montre de quelle mentalité il était fait. Bien heureusement, un tel jeu d’acteur était plutôt aisé à sortir pour quelqu’un qui pouvait contrôler les émotions de son visage comme moi. Regardant par la fenêtre, simulant un visage agacé, je tapotai de mon doigt la table pour faire croire la situation qui suit.

« - ‘Tain, ils pourraient se dépêcher, j’ai pas que ça à faire… »

Il y avait très peu de personnes dans le restaurant et l’ambiance étaient plutôt paisibles et les clients qu’il y avait ne parlaient pas trop fort. J’étais assis sur une banquette près d’une fenêtre, j’adorais voir les gens marcher lorsque je mangeais, un réflexe depuis que j’étais tout petit. La serveuse arriva près de moi avec ce que j’avais commandé pour le déjeuner, un gros bol de nouille servis avec une assiette de riz et de quelques sushis, mes sushis étaient végétariens, car je ne mangeai pas de poisson, je ne comprenais pas les gens qui pouvait aimer le goût de ce qui provenais des rivières, c’était tellement mauvais et la senteur était encore pire. J’entamais mon plat depuis un moment quand la serveuse revint vers moi et me dit :

- Tout est à votre goût monsieur, dit-elle avec un joli sourire.

- Absolument, compliment au chef de ma part !

Elle repartit avec d’un aplomb de bonne humeur et je continuai à manger tranquillement, jamais je ne me pressais lorsqu’il était l’heure des repas, il fallait prendre son temps pour manger. La cloche de la porte fit un petit son et un autre client venait de rentrer, je ne portai pas particulièrement mon attention sur lui. Soudainement, l’homme qui venait d’entrer s’assoyait face à moi, j’avais beau l’observer, il ne me disait absolument rien. Il fit un commentaire désobligeant sur Konoha, mais cela ne me fâcha pas, j’avais entendu pire et s'il fallait que cela m’atteigne chaque fois qu’on entendait des commentaires de ce genre, je ne saurais pas sorti de l’auberge.

Il semblait plutôt impatient et je ne comprenais toujours pas pourquoi il était assis là, un autre commentaire de sa part sur le fait que c’était long se faire servir la nourriture ou je ne sais quoi que l'homme eût commandé. Je lui lançai un regard rempli de questionnement et lui dis :

- Vous savez, vous pouvez demander la permission avant de s’asseoir à la table de quelqu’un, je voulais manger seul et en paix.

J’étais poli en le vouvoyant, mais ferme, car je devais me montrer implacable, un homme de cette impolitesse se devait de savoir que n’appréciait pas ce genre d’intrusion. Je repris de plus belle et lui lança :

- Et puis, vous êtes dans un restaurant, si vous voulez être servis rapidement, faites-vous vous-même à manger et vous ne serez pas déçu.

Je rajoutai :

- Maintenant que vous êtes là, vous pouvez vous joindre à moi, mais soyez plus patient et courtois.

Mon plan d’action était ainsi commencé. Pour le moment, la réaction était assez attendue. J’avais deviné qu’il allait soit rester impassible face à mon arrivée pour le moins désinvolte, soit me répondre tout d’abord avec un semblant de calme. Il fallait croire qu’il devait au moins exprimer son avis, bon point. Quelqu’un qui faisait en sorte de se retenir dans ses expressions aurait du mal à évacuer le stress. De plus, il avait su y mettre la forme, ce qui lui évitera des ennuis comme les « entraînements » que je donne en réponse au manque de discipline pour les deux autres. Enfin, je ne devais pas le complimenter, mais rester dans mon rôle. Un simple regard empli de fausse véhémence se dirigea vers lui, lui indiquant sans paroles que les siennes m’importaient peu.

Il enchaîna en me laissant tout de même le bénéfice du doute, se disant qu’il voulait bien partager son repas avec moi. Une offre généreuse, mais il allait devoir hélas s’attendre à une répartie moins agréable que précédemment. Laissant la main qui me servait de repose-tête rejoindre l’autre sur la surface de la table, je lâchai un soupir suffisant en le regardant droit dans les yeux, un air plutôt revanchard.

« - Ecoute-moi bien, je fais ce que je veux, si j’en ai envie. Je vais pas me plier au genre de remontrances qu’un rouquin dans ton genre me donnera. »

C’était l’une des rares occasions où ce visage recouvert de cicatrices pouvait s’avérer avantageux. J’entendais souvent les gens faire des réflexions sur ces marques de guerres qui me sont arrivées lors de cette fameuse mission. Elles étaient soit dans le positif, les personnes prétendants que les cicatrices étaient les médailles du guerrier, alors que d’autres semblaient dire que non-content de me durcir, ces dernières m’enlaidissaient à moitié. Moi ? J’en avais que peu à faire. Les choses sont arrivées ainsi, je n’allais pas m’en plaindre.
Bref, veillez m’excuser ce petit aparté, il était temps de revenir à la scène. À savoir si ma petite mise en scène avait réussi ou non, il me fallait laisser sa réaction se faire remarquer. Alors que le jeu du regard se tenait sur notre table, la serveuse arriva, ma commande en main, presque hésitante à nous interrompre. Un simple sur elle que la voilà en train de tendre un plat de nouilles devant moi. Voulant rester dans mon rôle, je renvoyai un juron une fois cette dernière suffisamment éloignée.

« - C’est pas trop tôt, j’ai failli attendre… Si tous les membres de ce village sont aussi lents d’esprits, j’ai peur pour l’avenir du pays du feu. »

J’attrapai en même temps des baguettes afin de commencer à attaquer mon repas. Une dernière touche pour essayer de faire sortir de ses gonds le jeune homme serait un geste assez simple qui avait le don de moi-aussi m’énerver : aspirer les nouilles du repas de la manière la plus bruyante qui soit, tout en omettant bien évidemment pas de critiquer la qualité du repas.

« - Si j’avais su qu’on me servirait la pense des porcs, j’aurais été ailleurs. »

Sans raison, cet homme, s’était attablé avec moi et n’arrêtais pas de se plaindre et d’être impolis, plusieurs personnes se seraient emportées contre lui, mais pas moi. J’étais beaucoup plus patient que certains et il n’avait toujours pas commis de crime qui pouvait nuire à Konoha, mais par précaution, je me devais me souvenir de son visage pour les portraitistes du visage, seulement si cet homme venait à commettre un crime. Je ne devais absolument rien laisser au hasard, tel était ma mission de Shinobi.

Il avait refusé mon offre d’être plus courtois envers moi et commençais à m’attaquer sur mon physique, plus particulièrement ma couleur de cheveux, comme si être roux était synonyme que j’étais inférieur à lui, cela me toucha guère, mais il devenait de plus en plus agressif verbalement. La serveuse déposa son assiette avec hésitation, l’homme en face de moi chialais encore contre le village, il était pire qu’une femme.

- Vous savez, je crois que l’avenir du pays du feu est assuré, avec l’Hokage Miko à la tête, nous ne craignons rien pour l’instant et nous avons une cohorte de fidèles au village près à sacrifier sa vie pour celui-ci, donc non, je vous assure que les lents d’esprit ne sont pas à Konoha, mais bel et bien attablé devant moi.

Je le regardais d’un regard pesant, non par colère, mais pour lui démontrer que je n’avais que faire de ses commentaires négatifs, il mangea son plat et se plaignit aussi sur la cuisine qu’on servait chez Ibaki.

- Il n’est pas trop tard pour quitter, vous savez, je vous paye le repas et quittez l’établissement, allez ou bon vous semble, mais épargnez les gens de votre mauvaise humeur.

Je n’avais plus choix d’être sec, car il n’avait pas compris la première fois et j’espérais que la seconde fois serait la bonne, car j’allais appeler les autorités du village et leur faire part que ce monsieur me harcelait. Pas que je n’aurais pas pu m’en occuper, mais ce n’était pas mon devoir au sein du village.

Je continuai de remuer le couteau dans la plaie, mais il fallait croire que sa résistance mentale était de bien meilleure qualité que ce que je n’aurai pensé. Me connaissant, à ce stade, j’aurais très sans doute attrapé l’interlocuteur qui m’aurait autant manqué de respect par le col et l’aurait raccompagné dehors en le jetant par la fenêtre… Et je suis le plus calme de ma famille, vous ne souhaitez pas énerver mes vieux de la sorte. Cependant, même s’il réussissait à garder son calme, il y avait une chose que je regrettai dans sa réaction. Il ne faisait pas en sorte de me faire plier, mais préférait plutôt me forcer à partir. J’allais ainsi devoir me montrer un peu plus offensant, je me devais de lui montrer quelque chose qui pourrait me laisser voir ce qu’il avait dans le ventre.

« - Aburame Miko… On parle bien de la traitresse qui avait rejoint cette organisation criminelle ? »

Quoi de mieux pour provoquer un Konohajin que de s’en prendre à son Hokage, surtout si ce dernier avait un parcours aussi particulier qu’elle. Je devais bien l’admettre, cette opération qui remonte à plus d’un an maintenant, c’était assez difficile à croire qu’elle deviendrait vraiment l’Hokage qu’elle était aujourd’hui. Les bruits ne s’étaient que très peu ébruité à l’extérieur, et beaucoup pensaient au final qu’elle n’était qu’un agent double, mais le doute était resté longtemps. Enfin, ce doute s’était estompé, sauf dans le cœur de ceux qui ont de la pure mauvaise foi… Le genre de personne que je jouais donc. Je pensais avoir trouvé le bon angle d’attaque, il ne me restait plus qu’à continuer à appuyer dessus pour voir qui il était vraiment.

« - Laisse-moi donc résumer. Vous mettez à votre tête une personne qui n’a pas trouvé mieux que vous trahir, et vous pensez que les gens devraient vous respecter. Hey hey, cette chose est hilarante… »

Je recommençai alors à rire à haute voix, même si cela pouvait se voir que je forçai un peu. Je devais bien montrer du mépris non seulement envers lui, mais aussi envers Konoha, sa patrie. Un shinobi qui n’éprouvait aucune fierté pour son village n’était pas quelqu’un attaché à ce dernier. Je pouvais déjà sentir des visages se tourner vers nous, enfin, vers moi, avec une aura pas des plus amicale. Cependant, je voyais aussi que certains autres m’avaient reconnus, et n’intervenaient pas, plus dans l’incompréhension qu’autre chose. M’enfin, il n’était pas l’heure à l’observation, mais à celle de l’action. Me calmant un peu, je posai mon coude sur la table, utilisant à nouveau ma main comme support, et le regardait à nouveau avec un visage provocateur.

« - Et donc, tu ne dis rien ? Incapable de reconnaître la vérité en face de toi ? Et bien laisse-moi te dire, si tu veux me faire taire ou partir, il faudra me jeter dehors. Tu veux essayer ? »

Il attaquait directement les agissements l’Hokage par son passé, c’était la goûte de trop qui avait fait déborder le vase. Pratiquement toutes les personnes qui étaient dans le restaurant étaient tournées vers nous et regardaient la scène que faisait l’homme aux cicatrices devant moi. Plusieurs d’entre eux rivaient les yeux vers moi guettant la moindre réaction hostile de ma part, pourtant, je n’allais pas le faire, j’étais assez patient pour supporter ces insultes une fois, mais pas deux. En tant que Konohajin, je me devais de respecter le code de conduite qu’on m’imposait ainsi que mes responsabilités.

Je pouvais voir Ibaki s’impatienter au fond de sa cuisine et la jeune serveuse Kimoko effrayée tenant son calepin pour les commandes fermement contre elle. Cet homme avait gâché tout mon repas et ma journée pour une raison qui m’était totalement inconnue. N’en pouvais plus, Ibaki prit un hachoir à viande et allait en direction de l’effronté quand soudainement celui-ci se mit à rire ce qui eut pour effet de stopper son avancée. L’homme qui me faisais face ajouta insulta à l’égard du village et me provoqua de le jeter dehors car il ne sortirait pas par lui-même. Il n’en fallait pas plus pour que je m’emporte.

- VOUS ALLEZ FERMER VOTRE PUTAIN DE GUEULE ! Dis-je en le regardant fixement dans les yeux sans trahir le moindre soupçon de peur.

Je me levai aussitôt et pris le couteau qui m’avait servis plus tôt, je le pointais en direction de la gorge et je lui dis :

- Maintenant, vous faites ce que vous voulez, mais je m’en vais et je vous assure que vais appeler des renforts pour trouble à l’ordre public et vous ferais mettre à l’arrêt.

J’envoyais valser le couteau en faisant exprès de frôler son visage et ce dernier alla se planter dans le mur derrière notre table. Je pris plusieurs Ryos dans ma bourse et je fis tomber sur la table pour payer ma commande et la sienne, et sans plus attendre, je me dirigeais vers la porte avec la ferme intention d’alerter la garde et de rentrer chez moi me calmer. J’espérais que ce dernier ne me suivrait pas et me foutrait la paix enfin.

Petit à petit, je commençai à voir quel genre d’homme il était, ce Yamiko. Je savais que mes méthodes étaient loin d’être les plus conventionnelles, mais elles se montraient efficaces quand il s’agissait de montrer la vraie nature des gens. Ce n’est que quand ils étaient mis en face de l’adversité qu’ils se montraient vraiment. Cette phrase pourrait paraître un peu sombre dite ainsi, mais c’était une triste vérité. Je savais exactement que l’insulte envers le Hokage serait le moment où il se laisserait emporter, ou pour reprendre l’expression favorite de Megumi, il « craquerait son slip ».

Et voilà, c’était fait. Alors que j’étais en train de le provoquer une dernière fois, pour voir s’il était prêt à user de la force pour me faire taire, il se leva brusquement et commença à m’aboyer dessus, me demandant sans nonchalance de me taire. Même moi sur le coup, je fus surpris, faisant que je reculai légèrement sur ma chaise. Je venais de voir le changement d’un jeune homme paisible et restreint à une véritable boule de nerfs en explosion. Une fois cette gueulante passée, je le vis debout, me menaçant avec un couteau de cuisine, avant de me le lancer dessus comme un avertissement.

Surpris, mais sans plus. Un simple mouvement de tête au cas où, et voilà que j’esquivais l’attaque. Le visage neutre, je l’observai faire, alors qu’il commençait à partir après avoir payé pour le repas, menaçant ainsi de faire venir les autorités du village. Là, ça commençait à s’échapper de mon champ de contrôle. J’observai aussi les alentours, et vis le patron s’approcher de moi avec un hachoir, alors que le rouquin se trouvait au pied de la porte. Décidant de mettre un terme à cette supercherie, je soupirai, le visage revenu à mon éternel sérieux, alors que je sortais le dossier de mon manteau. Je parlai ainsi assez fort pour que cela puisse arrêter celui que j’allais appeler « élève ».

« - Kinzoku Yamiko, vingt ans, gradé Genin. Démontrant des capacités liées aux arcanes Ninjutsu, et plus particulièrement un talent pour la maîtrise du métal, le Kinton. »

Je ne levai pas les yeux du dossier dont je tournai les pages, mais je pouvais sentir que j’avais réussi à capter son attention. De plus, les mouvements du bar semblaient avoir changé. L’homme qui était venu me voir pour sans doute me menacer de partir avec son hachoir s’était arrêté, la serveuse restait surprise, mais plus tremblante, et je pouvais entendre à nouveau les voix de ceux que j’avais reconnus, et vice-versa, se marrer plus fort.

« - Putain, Yusei, c’est comme ça que tu fais les présentations maintenant ?
- A titre exceptionnel on va dire… Mademoiselle ?
- Hein… ? Euh, oui ?
- Vous pourriez nous apporter un second service du repas ? C’était bon, mais j’ai encore faim. Oh, et dites au cuistot que Yusei le salue. Ne comprenant pas très bien, elle acquiesça finalement avant de partir. Bon, Yamiko, revient ici, j’ai à te parler. »

Aussi bizarre que cela avait évolué, la situation semblait avoir repris son calme, même si la tension qui s’était installée ne semblait pas vraiment vouloir redescendre. Comprenant bien que l’homme aurait du mal à me reparler de nouveau, je décidais de sortir l’objet qui allait le convaincre afin de le remettre en place sur mon bras : le bandeau de Konoha. Une fois cela fait, je levai mes yeux afin de faire face à Yamiko, le regard neutre.

« - Je suis désolé, nous nous ne sommes pas présentés. Mon nom est Kurokami Yusei, et j’avais besoin de te parler. Prends donc place. »

J’étais en colère et c’était plutôt rare dans mon cas, il m’avait réellement envoyé la goutte pour faire déborder le vase et je n’avais plus le choix que de quitter l’endroit, après m’avoir levé, je me dirigeais vers la porte quand soudainement, j’entendis qu’il énumérait mon nom ainsi que mes capacités. Pendant une fraction de seconde, j’eus la pensée qu’il avait volé les dossiers dans les archives de Konoha, car peu étaient apte à pouvoir y accéder et surtout pour quelqu’un qui détestait Konoha et son Hokage actuel. Je me tournais vers l’homme aux cicatrices quand celui-ci se présenta plus poliment et m’invita à me rasseoir près de lui.

- C’est bien, des gens vous ont reconnus et vous êtes redevenu plus polis, et ce, malgré tout ce que vous avez dit, je vais m’asseoir, mais j’attends de vous des excuses tout de même.

Yusei… Ce nom me disait réellement quelque chose, qui était-il ? Il avait mis son bandeau sur son bras, cela prouvait donc qu’il était un ninja du village à part entière, mais lequel ? Même si j’avais beaucoup de connaissance sur le village, ce nom m’était familier, mais je ne pouvais pas l’identifier. Plus je regardais les cicatrices et plus j’approchais de la réponse et c’est là que j’eus un éclair de souvenir, Kurokami Yusei, chef de l’équipe Ryûtama. Pourquoi un Chûnin viendrait à moi pour insulter le village devant moi… Peut-être qu’il testait ma fidélité au village.

- Pourquoi êtes-vous ici Yusei ? Autre le fait que vous soyez le chef d’une équipe, je ne vois pas de raison pourquoi vous m’avez abordé.

Peut-être allait-il m’inviter à rejoindre son équipe ou qu’il m’envoyait en mission, il y a avait tant de possibilité en jeu, j’allais devoir m’arrêter de me questionner et de lui parler afin qu’il m’explique la situation.

- Je vous écoute avec toute l’attention du monde dis-je avec conviction.

Kimoko, la jeune serveuse et ma peut-être future copine se calma et lui rapporta une autre assiette de ce qu’il avait commandé et je lui fis signe que moi aussi j’allais en reprendre, il n’y avait rien de mieux qu’une discussion devant un bon repas.

Bon, comme je m’y attendais, la discussion qui allait suivre allait être beaucoup plus difficile qu’à la normale. Je me demandai encore pourquoi j’avais choisi d’enclencher la conversation de manière aussi violente ? J’avais agi essentiellement sur un coup de tête, tout simplement parce que je l’avais croisé par hasard dans la rue. Et pour le coup, mon plan d’action était assez peu orthodoxe, mais bon, c’était toujours mieux que de devoir passer par un simple entretien d’embauche où je ne pouvais pas être sûr de ce que l’homme en face de moi disait. Maintenant, il était tendu, mais je devais rétablir immédiatement la situation.

« - Naturellement. Je comprends que mon intervention fût des plus déplorables. J’en suis désolé, et irait également m’expliquer auprès de l’équipe également. »

Ensuite, il me fallait arriver directement au cœur du sujet, à savoir, son affectation au sein de mon équipe. Au vu du visage qui évoluait alors que je me présentais, il semblait que ma réputation me précédait. Il s’adressait à moi directement par mon prénom, il avait donc bel et bien entendu parler de moi, mais est-ce qu’il était au courant que je possédais une équipe ? Rien n’est moins sûr. Ah, je n’ai rien dit, il allait effectivement droit au but. Et bien, pourquoi je me retiendrai plus longtemps ? Mon assiette arrivée, je commençai déjà à prendre une première bouchée avant de répondre à la question.

« - Il est vrai que mon intérêt à vous rencontrer est lié à mon équipe. Pour dire vrai, je ne vous ai vu que par hasard, dans la rue. J’ai plusieurs projets qui demandent mon attention, et donc, je me devais d’accélérer les choses, quitte à passer par des méthodes peu conventionnelles. »

Par « projets », je parlai bien évidemment de mon attention à partir au pays du bois. Ce départ risquait d’être proche, si j’arrivai à rapidement contacter les personnes que je voulais, l’Hokage en priorité. Je ne savais pas réellement si cela serait accepté, vu les responsabilités auxquelles j’étais soumis (Chef d’équipe, membre de l’ANBU…), mais je ne pouvais que compter dessus. Et avant que je ne parte, je tenais à le rencontrer au moins une fois et mettre les choses au clair. Après avoir fini la moitié de mon repas, je posai mes couverts et reposai mes coudes sur la table, la tête sur mes doigts, et lui expliquait la situation.

« - Comme tu t’en doutes, je viens te recruter. La raison pour laquelle j’ai choisi de faire cette « comédie », c’était pour voir qui étais-tu réellement. J’ai dû renvoyer beaucoup d’élèves à cause des mêmes raisons. Le manque de motivation, d’investissement ou de volonté. Et ce genre de chose, tu sembles les avoir. La capacité à résister à la pression, tout en défendant des valeurs. »

Je le laissai quelques temps réfléchir à ce que j’avais déjà dit, mais je n’avais pas fini pour autant.

« - Si tu te montres déterminé, je ferais en sorte que face au genre d’individu que j’ai mis en face de toi, tu pourras effectivement défendre le village, protéger ce qui a de la valeur à tes yeux. Je serais exigeant, mais juste. A toi de voir si cela te suffit. »

Kurokami Yusei était donc vraiment là pour me recruter dans son équipe, me recruter moi et pas un autre shinobi du village, c’était réellement un grand honneur. Il était connu de tous que ceux qui progressaient dans une équipe devenaient de meilleur ninja et combattant que la moyenne et j’avais aujourd’hui cette chance. Certes, je devrais y réfléchir, mais je savais que la réponse au fond de moi était oui, oui, oui et encore oui ! Je me voyais déjà dans un avenir rapprocher effectuer des missions avec mes compagnons et mon sensei et évoluer une relation au sein de l’équipe Ryutama, c’est tout à quoi je rêvais depuis que j’étais tout petit.

Bien sûr que je comprenais que ça n’allait pas toujours être une partie de plaisir, et même si j’allais en souffrir et peut-être mourir, j’acceptais tous les risques, j’avais en moi la flamme des guerriers, ceux qui n’ont peur de rien et comparé aux élèves que Yusei avait recalé, j’étais un élève doué, efficace et très fidèle. J’étais tellement excité que je ne touchais à peine à la deuxième assiette que Kimoko m’avait apportée. "Sachez, que je serais l’élève qui vous écoutera le plus et que même si vous êtes exigeant, je ne céderai jamais. Je vais vous montrer que ma volonté est forte."

Cela devait être ma plus grande qualité à laquelle j’eus droit, ma volonté inébranlable, jamais rien n’allait me faire détourner du droit chemin et rien ne me permettrais de faire du mal à Konoha, sauf si bien sûr, l’Hokage me l’ordonne. Il y avait aussi mon obéissance sans faille, je ne doutais jamais des ordres et j’effectuais ce qu’on me disait sans y déroger, voilà ce que j’étais. Malgré toutes ces qualités, je ne pouvais m’empêcher de penser à une question, qui était mes coéquipiers ? Je ne les connaissais pas du tout et je me demandais franchement s’il était plus vieux, plus fort et, etc.

- Maintenant que je suis avec vous au sein de Ryutama, parlez-moi de mes compagnons ! C’est la première fois que je rejoins quelque chose dans le genre et je me demande sincèrement avec qui je vais passer la majorité de mon temps, alors quelques détail ne serais pas de refus.

Tout le restaurant nous écoutait, même s’il n’était pas retourné vers nous, je pouvais sentir leur oreille indiscrète. Je n’aimais pas être épié, surtout d’une façon aussi indiscrète. "Et si nous allions à l’extérieur, marcher et discuter, nous allons être beaucoup plus à l’aise qu’ici." Je me levai et laissa l’argent nécessaire pour nos deux aditions et un bon pourboire pour son service excellent malgré la situation que nous avais imposé Yusei.

Spoiler:

La connexion semblait s’être faite entre moi et le jeune homme. Nous étions bien loin de la première impression que je lui avais donnée en agissant comme le dernier des rustres, et il semblait avoir remarqué cette différence. Il était beaucoup moins méfiant à mon égard que précédemment, allant même jusqu’à exprimer un enthousiasme certain quant à ma demande. Par contre, il semblait se faire ce que l’on appelait des « films ». Peut-être pensait-il que je l’avais choisi parce qu’il était la perle au beau milieu du sable. Je ne pouvais pas vraiment le lui reprocher, vu comment j’avais présentai la chose, cela pouvait se montrer ainsi. Mais bon, en tout cas, il me répondit très clairement qu’il était prêt à suivre mes ordres, si cela signifiait qu’il pouvait devenir un grand shinobi.

« Bien parlé… »

Un léger rictus s’était dessiné sur mon visage suite à cette annonce. Je ne pouvais m’empêcher d’apprécier la franchise et l’exaltation du jeune homme. Il me rappelait moi à mes débuts, même si, j’étais le premier à le reconnaître, j’étais beaucoup plus lunatique que lui, à avoir des rêves de grandeur qui dépassaient l’entendement. Devenir le héros d’une histoire que j’aurais comté, tel était le rêve auquel j’aspirai jusqu’à il y a trois ans. Mais bon, la vie avait d’autres plans pour moi… Enfin, je n’allais pas me perdre dans ma dépression une nouvelle fois, après tout, je venais de gagner un nouvel élève. Le voilà qu’il voulait en savoir plus sur ses futurs camarades, mais non intéressé par continuer la conversation dans ces lieux. S’il le souhaitait. Terminant ainsi mon second service, je posai l’assiette sur la table, mais mon esprit vif intercepta alors la main du rouquin, m’obligeant ainsi à lui attraper le poignet, et à lui dire d’un regard sévère.

« - … Un élève ne paye jamais pour son maître, compris ? »

Le ton était sec, sans pour autant être autoritaire. J’avais appris les bases de la hiérarchie, et il était hors de question que je laisse quelqu’un comme Yamiko, surtout que j’avais tourmenté auparavant (même s’il s’agissait d’une simple comédie) payer à ma place. Lui aillant ainsi fait comprendre ainsi qu’il ne me devait rien, je lâchai sa main et attrapai mon propre portefeuille afin de déposer de quoi payer nos repas, avant de m’en aller, suivi du Genin. Je commençai ainsi mon exposé sur l’équipe, disant qu’il s’agissait d’une unité formée sur la demande de l’Hokage, mais omettant aussi les circonstances de sa formation (notamment mon affiliation au même moment à l’ANBU). Je lui parlai aussi des nombreux candidats à cette équipe que j’ai recalée, pour les raisons que je lui ai dites précédemment, de quoi lui mettre un peu de pression.

Enfin, je conclus la chose en lui parlant de ses futurs frères d’armes. La première chose que je devais lui préciser, c’est qu’ils étaient bien différents de lui selon plusieurs points. Il y avait notamment la différence d’âge qui jouait beaucoup, sans doute sur l’écart de maturité entre lui et eux… Je lui parlais aussi de leurs capacités, des héritages qu’ils ressuent du fait de leur appartenance à des clans emblématique du village de la feuille. La raison pour cela était évidente : il se devait de connaître ses camarades afin de créer une synergie lors de futures missions de l’équipe. Au bout d’un certain temps, je ne trouvai plus grand-chose à dire, et décidai de terminer cette marche commune afin de le laisser retourner à ses occupations. Je l’informai que sans doute prochainement, il serait amené à rencontrer Yukine et Sôma lors d’une mission, mais qu’hélas, à cause des circonstances que j’avais énoncées plus tôt, cette rencontre s’effectuerait sans moi. D’une simple main sur l’épaule ainsi, j’adoucis mon expression afin de conclure cet « entretien ».[/i]

« - J’espère que cette collaboration sera le début de l’histoire d’un futur grand shinobi. »

Une réplique qui tue plus tard, me voilà déjà parti afin de rentrer chez moi. J’avais plusieurs rapports à terminer, et surtout, des plans et entraînements à préparer pour la nouvelle recrue de l’équipe Ryûtama.

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