Calmement, tu avances dans les couloirs de l’académie, léger sourire aux lèvres. Tous ces aspirants qui s’affairent, qui s’entraînent, qui cherchent à progresser – c’est le futur du pays que tu aimes. Tu veux leur assurer ce qu’il y a de mieux pour eux, et dans ce but tu choisi judicieusement tes sacrifices. Ils ont beau chercher, la peur et le doute n’existent pas dans ton regard. Devant ces enfants, c’est même une tendresse douloureuse qui s’affiche. Tu n’as jamais eu l’occasion d’en avoir un. C’était l’un de vos rêves, ensemble, et tu as fait une croix dessus lorsqu’elle est morte. Tu n’en trouveras jamais une deuxième comme celle-là – non, tu te mens à toi-même. Tu ne cherches même pas à en trouver une autre. Tu as l’impression qu’on a volé la moitié de toi, qu’on te l’a arrachée à vives dents sans que tu ne puisses réagir. Pourquoi donc coller des morceaux qui ne seront jamais congruents ? Ce chagrin, c’est ce que tu veux éviter à ton village. Parmi tout ce qui existe dans ce monde, c’est ta patrie qui correspond le mieux aux formes que son corps a laissé : pour cause, c’était son rêve. Calmement, tu soupires en souriant alors que deux garçonnets manquent de te renverser.

Tu ne penses même pas où tu dois aller – tu le sais. Comme tant d’autres bâtiments, tu as utilisé tes muscles pour construire cette école. Elle est comme l’une de ces mains que tu caches avec tes jolis gants blancs – dans le creux de ta main. Chaque couloir, chaque artère, chaque pièce : tu es tellement sûr de tout connaître que tu ignores que ton arrogance te perds déjà. Un pas. Un pas. Encore un pas. Ce couloir ne ressemble en rien à ceux que tu as construits. La réalisation te frappe, le temps a continué à avancer alors que tu restais sur tes projets. Il t’est impossible seul d’être omniscient, et cette réalisation te fait terriblement mal au cœur. Tu n’es qu’un homme comme les autres, après tout – rien chez toi ne te rend supérieur. Fermant les yeux, tu te concentres un instant pour trouver ton chemin et, de ton même pas assuré presque hautain, tu fends les couloirs de l’école à la recherche de ton interlocuteur.

C’est pour ça que tu es là. C’est pour ça que ce cher médecin t’a obtenu un rendez-vous. Tu ne peux pas tout savoir. Tu ne peux pas tout faire. Tu as besoin d’alliés. D’amis. D’un soutien tellement important que toutes les personnes voulant s’opposer à toi doivent chercher à détruire les murailles d’un monde, comme creuser jusqu’au centre de la terre. Tu ne veux pas de laids. Pas de beau. Pas de dentelle non plus. De l’efficace – c’est la seule chose qui t’intéresse, et c’est avec cette même conviction que, regard neutre et puissant, tu frappes à la porte du Moine. Alors qu’il t’invite à l’intérieur – il t’attend – tu lui adresses un sourire sincère.

« Ministre-Sama, c’est un honneur. Bakushô Dai, je suis la personne que le Conseiller Enko-San vous adresse. »

Respect, politesse mais en rien faiblesse. Tu viens avec la force de ta conviction et la détermination de tes projets. Aujourd’hui, une fois de plus, c’est des idées que tu opposeras.

HRP: