HRP:

Kibo demandait à me voir aujourd'hui. Ou plutôt devrais-je l'appeler Matsuno Yamuro maintenant ? Il me faudrait un certain temps pour me faire à ce changement quand je savais pertinemment que Kibo avait été le premier gradé du village de Suna à s'intéresser à moi. Cela remontait déjà pas mal quand on y pensait.

Alors qu'hier il avait pris ses nouvelles fonctions, après son discours j'étais allé jouer les professeurs et conteur d'histoires venues d'ailleurs pour occuper les jeunes pousses Yamada et leur changer les idées pendant que les plus vieux travaillaient. Etant en situation de handicap, et vu mon intellect et mes connaissances, cette maigre compensation avait été toute logique. Au moins je faisais quelque chose. Comme quoi, lire des livres à longueur de temps servait bien à quelque chose. La littérature était l'un des domaines qui pouvait vous ouvrir sur le monde et vous instruire par le simple fait de parcourir des lignes écrites par une main érudite. C'était de la transmission au même titre qu'un enseignement prodigué par un professeur.

Pour me diriger jusqu'aux ruines du palais du conseil souverain je n'avais pas voulu m'embêter à marcher en béquilles... Ma solution avait été d'invoquer ma kuchiyose Zotoyoshi, une éléphante blanche aux longs sourcils qui n'était autre que la « compagne » de Zoroganju le bagarreur. Celle-ci m'avait prise sur son dos après s'être mise au plus près du sol pour que je puisse me positionner convenablement. J'avouais quand même avoir eu besoin aussi de l'aide d'un copain Yamada... Quant à mes béquilles, elle les tenait avec sa trompe. Lorsque que enfin j'arrivais à pas d'éléphantes à destination, je descendis non sans galérer et en faisant gaffe de ne pas forcer sur ma jambe dans le plâtre. Mais j'y arrivais quand même.

« Merci Zotoyoshi ! »

Elle me répondit dans un clignement de cils gracieux.

« Mais c'est normal Tetsui. Je t'attends ici. »

D'une voix timide et fluette. Comme son caractère. J'aimais bien Zotoyoshi pour sa gentillesse qui contrastait avec la force de caractère de Zoroganju, que j'aimais bien aussi ! En faites j'appréciais vraiment de plus en plus ces éléphants ninjas. Je lui avais donc dis que oui et que c'était sympa, après qu'elle m'ait rendu mes béquilles alors que je m'appuyais sur elle pour rester debout. Maintenant apte à marcher grâce à celles ci je me dirigeais jusqu'au bureau provisoire du Kazekage, le Nanadaime. Le bruit des béquilles sur le sol résonna dans la pièce quand il me demanda comment je me sentais.

« Hum... trois pour cent mieux qu'hier ? On fait aller. Et toi ? »

Il me désigna la chaise et je parvins à aller m'y asseoir sans aide. Je préférais faire les choses par moi-même, ça avait toujours été. Mon côté fier et peu enclin à demander l'aide d'autrui pour de si petites choses. Pendant ce temps il poursuivait, m'expliquant le pourquoi de la convocation. Je pris deux trois secondes avant de parler pour répondre. J'étais sûr de moi pour avoir déjà songé à la question.

« Je ne sais pas si on peut parler d'attentes particulières. Mais je serai là pour Suna coûte que coûte, je ne faillirai pas et j'agirai pour le bien des nôtres, dans le but de préserver cette Grande Maison et par extension notre pays. »

Un temps, qu'il assimile et ne perde rien.

« Tu sais peut-être que j'ai déjà eu ma période de rébellion contre les instances qui nous dirigeaient quand j'étais à l'académie. Après tout, personne n'ignore que le Sosie du Rokudaime avait redoublé deux années en loupant volontairement son examen de genin. Tout ça parce que je prenais pour responsable Suna d'avoir envoyé à la mort ma mère. Maintenant j'ai fais du chemin et je sais qu'il y a des réalités. »

Je poursuivais.

« Je te l'ai déjà dis, j'ai maintenant à cœur de devenir le shinobi le plus intègre qui soit et sur lequel Suna pourra toujours compter grâce à toi, mais aussi grâce aux autres. Je ne cautionne toujours pas les agissements sombres et douteux et encore moins la manipulation ou les abus de pouvoir. Comme je l'ai dis à Ema : je pense que Suna a besoin de gens simples et avec peu de prétentions. Moi je n'ai aucune prétention si ce n'est celle d'agir pour le mieux et de la manière la plus respectable qui soit. »

Aucun désir à obtenir du pouvoir et à devenir le nombril du monde, et encore moins à assouvir de quelconques désirs capricieux.

« Maintenant que je suis chûnin, je ferai au mieux. En espérant que ceux qui vont donner les ordres en fassent de même et fassent preuve de respect et d'honnêteté. C'est tout ce que je demande. Si non, je ferai avec, comme toujours. »

Je me tus car je pensais en avoir assez dis et me réfugiais dans un visage nonchalant du sérieux de cette convocation. En faites, j'étais parti sur mes idées en ne sachant pas vraiment ce qu'il attendait que je lui dise. Il pouvait en prendre compte quelque soit ce qu'il pensait. J'étais aussi son élève et il valait mieux qu'il n'ait pas une fausse image de moi.

« Quelles sont tes attentes alors ? »

Yamuro sensei ne me fit pas attendre plus longtemps avant de me dire ce qu'il avait en tête. Enfin il y allait quand même progressivement, son ton était clair. Ce qu'il voulait c'est que je m'investisse d'avantage, ce qui signifiait encore plus que maintenant. Je hochais la tête en guise d'affirmation, je comprenais ce qu'il voulait dire par là. Ma volonté allait déjà dans ce sens, depuis les récents événements, il ne manquait plus que les actes pour montrer ma dévotion au village. Il fallait dire aussi que ma promotion au rang de chûnin était récente de quelques jours et que depuis les attentats et mon coma je n'avais pas pu agir en tant que tel. Ema, elle, prenait bien plus d'avance en se rendant utile là où elle pouvait à la reconstruction du village. Cela m'ennuyait d'être ralenti par mes blessures... Pourtant le médecin avait été très clair : aucun abus physique pendant un mois. Il me restait une quinzaine de jours à tenir.

Le Kazekage, je préférais dire sensei, poursuivait dans ce sens : je n'étais plus un genin mais je n'avais encore rien accompli. Quant à lui, il allait me prendre sous son aile comme promis pour faire de moi un ninja redoutable et respecté. Au fond, c'était tout ce que je voulais pour égaler les autres et leur tenir tête, ainsi qu'à nos ennemis d'aujourd'hui. Pour cela, il voulait aussi que je prenne un peu plus de responsabilités de mon côté. Hum très bien, j'écoutais mais je ne voyais toujours pas où il voulait en venir. Jusque là je n'y voyais que le parcours normal d'un chûnin en pleine progression.

C'est alors que je l'entendis me faire part de son souhait de faire de moi son futur bras droit et conseiller. Euh, ça voulait dire comme lui avec Kioshi ? Eh ben... je n'y aurais même jamais pensé pour dire vrai. Qu'on me le propose était cool, et ça montrait la confiance qu'il avait déjà en moi, mais jamais je ne me serais vu à un tel poste à l'avenir. J'aurais même préféré l'éviter pour me préserver. Sauf que si lui en avait besoin, et si le village en avait besoin, je le ferais.
Comme je le pensais aussi, il me confirmait que je n'en avais pas encore la carrure ni l'expérience : je devais donc tout faire pour que ce soit le cas. C'était plus fort que moi je détournais le regard en soufflant très légèrement devant tant de pression et de responsabilités. Au contraire ce n'était pas pour signifier que cela m'ennuyait, mais plutôt que je ne m'y attendais pas du tout.

« Ah oui... » m'étonnais-je calmement.

Je relevais la tête pour le regarder.

« Si c'est là ce que tu veux, alors je vais y travailler de ce pas. Et ce serait un honneur de devenir ton Bras droit par la suite. »

L'ironie du sort voulait que je sois actuellement en béquilles.

« Quand tu parles de responsabilités, tu veux dire mener des équipes dans des missions par exemple ? Gérer des affaires à Suna ? »

Simple question pour en savoir un peu plus. Car c'était bien large. Et j'avais une petite idée à soumettre, du fait que j'étais encore en convalescence et que tout travail physique soit impossible.

« Il me reste disons quinze jours pour me soigner complètement, je ne pourrais pas par hasard les passer à tes côtés en tant qu'assistant, simple stagiaire observateur, ou pour t'aider dans la paperasse administrative par exemple ? Ce serait un moyen de commencer à apprendre des choses sur la gestion du village. Autant faire marcher ma tête utilement plutôt que rester à ne rien faire n'est-ce pas ? »

Qu'allait-il me dire de tout ça ? Mon intention était louable. Et j'étais grandement rassuré qu'il ne m'ait pas nommé « Bras droit » dès aujourd'hui ! Chaque chose en son temps comme on dit, je n'aimais pas les changements trop radicaux. Surtout que beaucoup étaient survenus dans mon entourage récemment.

J'écoutais la première réponse de mon sensei, présentement Kazekage, qui me présentait plusieurs manières de prendre des responsabilités. Ah oui ça. Ben en l'écoutant il n'y en avait aucune à laquelle je n'avais jamais pensé. C'était logique, mais j'avais posé la question pour vérifier simplement.
Mener une équipe, il faudrait que j'apprenne à me faire respecter et que je gagne en leadership. Après... c'était sur le terrain et dans la pratique qu'on apprenait. Il faudra que j'y passe un de ces quatre, et sûrement très prochainement.
Les missions de haut rang, Kibo nous en avait proposé une si je me souvenais bien, on l'attendait toujours. Mais oui, complètement d'accord.
Elaborer des projets pour développer le village ou Kaze no Kuni était un aspect qui me plaisait beaucoup. En faites, s'il n'y avait que moi j'étais partant pour tout ce pouvait apporter de bonnes choses. Et il est vrai que j'avais sûrement plusieurs idées en tête qui n'attendaient que les moyens pour prendre vie.

« Je vois, c'était juste pour vérifier. »

Quant à ma requête de l'accompagner pour en apprendre déjà un peu plus, cela ne le dérangeait pas. Cependant il y aurait des moments où je devrais le laisser, et certaines choses que je ne pourrais pas voir. Sûrement pour des raisons de confidentialité. Il est vrai qu'on ne mettait pas un chunin au courant d'une affaire importante juste pour le fun. On le faisait d'ordinaire quand la mission était pour lui.

« Pas de soucis. Je peux très bien passer quelques moments avec toi, sans que ce soit les quinze jours entiers ! Et puis j'y pense, mais il se peut qu' Ogami ait besoin de moi aussi, j'ai reçu une convocation de sa part. »

Je marquais une pause :

« En faites, le but serait surtout d'avoir un aperçu des journées d'un Kazekage. De cette manière je pourrais analyser ce qu'il en est pour me préparer le jour où je serai à tes côtés, ou voir si certaines choses pourront être améliorées à l'avenir. »

J'avais l'esprit vif et logique, je n'y pouvais rien.

« Et tant que je ne me suis pas remis, mener une équipe et partir en mission n'est pas possible. »

Là encore, je n'y pouvais rien. Attendre, attendre. Attendre en étant actif oui !