Contexte et règles:

Le centre-ville offrait son lot de rencontres et de trouvailles. Un phénomène social que le marionnettiste avait eu tout le loisir d’observer en aidant son père au bar qu’il tenait. Loin d’être le plus réputé, il était néanmoins assez peuplé pour permettre à la famille de Kumonosu d’en entendre sur le village. Un bon moyen de se tenir informé sans bouger de chez soi. Une invention sur laquelle les Saibogu auraient tout intérêt à travailler. Même si ça n’aurait pas la même saveur que de le faire soi-même.

Ce fut après cinq tournées et dix ragots que le jeune homme signifia à ses parents qu’il s’absentait. Il avait aidé le temps d’une heure de grande affluence mais comme la population se calmait, il pouvait s’en retourner à ses occupations personnelles. Mais il n’avait pas réellement pensé à quoi faire lors de son service. Il vagabonda donc dans les rues à la recherche d’une occupation. Les marchands s’affairaient à leurs petits commerces alors que certains clients s’attardaient sur tel étale. Kumonosu quant à lui se dirigea vers une boutique qu’il connaissait bien. Un ancien shinobi à la retraite qui ramassait des pièces un peu partout. Dans un village abritant un clan de techniciens et de marionnettistes aux dispositifs proches, il se faisait son petit business par la revente de matériaux abandonnés ou inutilisés.

Le Genin s’y rendait assez régulièrement pour guetter les bonnes affaires ou les occasions en or. Elles étaient rares car il ne s’agissait pas non plus d’une grande boutique. Son propriétaire était un homme charmant mais légèrement attaqué par l’âge. Il reconnaissait le marionnettiste une fois sur deux mais il le renseignait toujours avec la même sympathie. Ce jour-ci, il salua le jeune homme comme si c’était la première fois. Une réponse polie et un sourire en coin empreint de tristesse. La vieillesse était une étape attendant tout un chacun, avec son lot de misère. Kumonosu n’était pas pressé d’y arriver.

Il arpenta les rayons à la recherche d’une nouveauté. Il y a avait quelques pièces qui n’étaient pas là lors de sa dernière visite mais rien d’intéressant pour lui. Soit la pièce n’était pas exploitable soit elle était obsolète pour les plans de sa marionnette. Il ne tarda donc pas à quitter la petite enseigne. Son regard se porta sur la rue et son lot de monde. La chaleur et la foule faisait mauvais ménage. Il décida donc de prendre de la hauteur pour se poser sur le toit de la boutique. Son toit plat offrait une esplanade de choix pour observer les environs. D’abord assis sur le rebord, il regardait les bâtiments alentours, devinait la position du palais du Kazekage depuis son emplacement actuel. Autant dire qu’il s’ennuyait ferme.

C’est pourquoi il finit par craquer et qu’il sortit ses rouleaux, dont l’un plus imposant que les autres. Il le déplia et fit apparaître sa marionnette. Des autres parchemins apparurent de multiples outils dont il commença à se saisir pour venir bricoler son pantin. Ayant ouvert l’abdomen de l’Araignée, il en triturait certains mécanismes à la recherche d’améliorations ou de réparations à faire. Une entreprise qui l’empêcha dans un premier temps de réaliser la nouvelle présence des lieux.

Description de la marionnette:

Une journée banale à Suna. Chaude, ensoleillée et sablonneuse. Je n'avais rien de particulier à faire aujourd'hui. J'avais déjà lu deux livres depuis ce matin, que j'avais déjà lu 5 ou 6 fois. Un parlait des fourmis, il faisait partie de mes préférés. Et l'autre de la politique. Je n'y comprenais toujours rien, mais peut-être qu'à force de le lire et de le relire j'arriverais à me passionner pour ce sujet.

Je m'étais aussi entraînée au lancer de kunaïs, au sprint et à l'endurance, puis j'avais fini par sortir ma marionnette. Elle commençait à prendre la poussière, enfin, façon de parler puisqu'elle était scellée. Quelques coups de sabre sur des mannequins, briser des noix au vol avec la lame, puis révision des mécanismes. Rien de bien spécial en somme, tout fonctionnait bien.

J'avais donc décidé de me promener en ville, pour éventuellement trouver des choses intéressantes ou des gens intéressants. Mais Suna semblait tourner au ralenti cet après-midi. Le soleil tapait fort, après tout. Je n'aimais pas trop les bains de foule, alors je bifurquais dans des rues plus petites et ombragées.

En passant devant une petite boutique de pièces détachées et autres matériaux en tout genre, un bruit attira mon attention. En levant la tête, je pus m'apercevoir qu'il y avait quelqu'un là-haut, sur le toit. Un marionnettiste sans aucun doute. Je le connaissais de vue, mais on ne s'était jamais adressé la parole.

Il était d'usage d'aller saluer les membres du clan, alors je grimpai sur le toit. Sa marionnette était assez imposante, une sorte d'araignée humanisée par endroits. Le Shinobi avait la tête plongée dans sa marionnette, si bien que je doutais qu'il ait remarqué ma présence. Je commençais alors par écrire un mot sur mon carnet, avant de lui tapoter sur l'épaule. Le léger sursaut m'indiqua qu'effectivement, il ne m'avait pas vue.

Je lui tendais alors le mot :

« Salut, elle est cool ta marionnette ! Tu peux rentrer à l'intérieur ? Je m'appelle Chikamatsu Ruri, on est du même clan. Enchantée. »

Le jeune homme manqua pas de se cogner la tête lorsqu’il eut un brusque sursaut. Non pas à cause d’un mécanisme défectueux mais par un contact extérieur. Il se retourna immédiatement pour faire face à une très jeune fille. Une gamine presque à l’apparence frêle et fragile. Son œil qui n’était pas caché par sa coiffure la dévisagea. Qui était-elle pour se permettre de le déranger ainsi ? Mais alors qu’il allait s’indigner ouvertement, il s’attarda sur la note qu’elle lui montra.

Ne pouvait-elle pas s’exprimer à voix haute ? Une muette ?! Bon il ne serait pas bien vu de s’en prendre à elle pour le coup. Même si ici sur les toits, personne ne viendrait les importuner. Et ce qu’il lut sur le carnet ne lui plaisait guères plus à vrai dire. La partie concernant le « clan » surtout. Son regard se fit un peu plus dur à la lecture de ce mot. Pour autant, il gardait ses manières :

- Tu dois te tromper gamine je n’ai pas de clan. Je me nomme Kumonosu. Tu dois me confondre avec un autre.

Il aurait pu ajouter à cela un mouvement de main visant à balayer sa présence mais ce serait aussi mal vu que de crier après elle. D’autant plus qu’ils n’étaient plus tous seuls. Cette dernière faillit lui faire faire une crise cardiaque également. Une demoiselle à l’allure un peu vagabonde. Il la dévisagea rapidement comme il l’avait fait pour celle qui se prénommait Ruri. Il n’aurait jamais pensé être embêté ainsi dans un tel endroit. Il faut croire qu’il devrait trouver mieux la prochaine fois. Peut-être qu’il aurait plus de chance en plein désert. Il y songerait, même si les grains de sable n’étaient pas l’idéal pour s’occuper des mécanismes internes. C’était un coup à enrayer toute la machinerie qui s’abritait sous ses plaques multiples. Son pantin était sa plus grande fierté et il le bichonnait comme son propre enfant. Un sentiment dont il avait hérité de sa mère marionnettiste également.

Toujours est-il que cela ne lui expliquait la soudaine présence de ces deux jeunes filles. Avait-il fait quelque chose de mal ? Elles ne se pointeraient pas comme ça si c’était le cas. Il les regarda donc à tour de rôle avant de finalement manifester ses interrogations à voix haute :

- Je peux savoir ce que vous faites ici toutes les deux ? J’ai fait quelque chose qui ne fallait pas ?

Il préférait demander au cas où. De plus qu’avec les délégations étrangères qui arrivaient au village en ce moment, il y avait de nombreuses têtes inconnues au bataillon. Celles-ci l’étaient pour lui mais n’indiquaient en rien leurs origines. Tant qu’à faire, autant savoir à qui il avait à faire.

Ce type n'avait vraiment pas l'air agréable. Tout d'abord, il m'avait appelée gamine. Même si j'étais à présent habituée à ce que l'on me prenne pour une enfant, ce n'était pas agréable de l'entendre dire. Mais bon, cela pouvait s'avérer utile dans un combat. Tout le monde a tendance à sous-estimer les enfants.

Mais, encore pire, il prétendait ne pas être un Marionnettiste. Cet homme trafiquait une marionnette faite pour le combat mais n'appartenait pas à mon clan. L'avait-il volée ? S'il se servait d'une marionnette pour combattre, alors il était Marionnettiste. L'art du Kugutsu n'est pas inné, il faut l'apprendre.

« Tu prétends ne pas faire partie des Marionnettistes ? Pourtant, c'est une marionnette de combat que je vois là. Si tu t'en sers, alors tu utilises le Kugutsu, qui t'a forcément été enseigné par un Marionnettiste. »

Une pensée me traversa l'esprit. Peut-être était-il comme Kazushi. Peut-être avait-il renié son clan. Mais ce serait étrange, je pouvais comprendre qu'on puisse vouloir se détacher d'un clan comme les Ketsueki, mais pourquoi vouloir renier les Marionnettistes ? C'est un clan assez libre, où ses membres ne sont pas tous reliés par le sang et où il n'y a pas vraiment d'impératifs.

Cet homme aux cheveux blancs ne m'inspirait soudain plus confiance, sans pour autant avoir l'air agressif. Je portais mon attention sur une autre personne, une jeune fille qui était venue regarder par-dessus l'épaule de l'étrange personnage. Et d'après les paroles de celui-ci, il ne la connaissait pas non plus.

La blonde était complètement absorbée par la marionnette. Elle m'avait de suite semblé agréable et enjouée. C'était en tout cas ce qu'elle m'inspirait, avec son visage parsemé de taches de rousseur et ses vêtements du désert. Je ne l'avais jamais vue elle non plus. Bah, si l'homme ne comptait pas être plus aimable, je pourrais peut-être faire la connaissance de cette fille.

J'attendais qu'elle lève la tête pour lui afficher un grand sourire. J'avais pu voir son expression passer en quelques de secondes de la concentration la plus absolue à un sourire des plus jovial. Oui, finalement, je n'avais peut-être pas fait que des mauvaises rencontres aujourd'hui.

Reluquant avec incompréhension le panneau de la petite fille, Kumonosu leva son sourcil droit après avoir lu ses mots. Il avait du mal à saisir ce qu’elle tentait de lui dire. Sans mauvais jeu de mots.

- Je ne nie pas être un marionnettiste. Je dis juste que je ne suis pas membre de ton « clan ». Je suppose donc que tu es une marionnettiste ?

Son interrogation était néanmoins sincère. Il gardait un faciès calme malgré la situation qui ne le mettait pas à l’aise. Il n’était plus trop le même sans son comptoir pour s’interposer entre l’univers social et sa personne. D’où son appréhension face à ces demoiselles. La muette n’était pas dérangeante en soit, si ce n’est insultante à l’assimiler à un clan. S’il y avait bien quelque chose qu’il haïssait en ce monde, c’était bien l’arrogance des clans. Leur suprématie en faisait des personnes arrogantes s’estimant tout permis. Il ne portait aucun clan dans son cœur. Il n’en détestait pas un en particulier non plus. Ce n’était donc pas contre cette jeune fille. Elle était juste le rouage d’un système qu’il désapprouvait.

L’autre demoiselle en revanche était plus curieuse. A son attitude et ses vêtements, elle ne semblait pas d’ici. L’œil curieux du marionnettiste détailla son faciès angélique et jovial alors qu’elle s’interrogea sur son nœud papillon. Etait-elle sérieuse ?! Non ce n’était pas possible. Il n’avait même pas le temps de répondre qu’elle reportait déjà toute son attention sur le petit bout de femme muette. Kumonosu se prit alors à les observer bien attentivement. Alors que l’hurluberlue s’était extasiée sur le tissu du vêtement de la muette, elle se présenta sous le simple prénom d’Ether en se questionnant sur leur appartenance au village et sur les choses qu’il y avait à faire ici. En guise de première réponse, Kumonosu fouilla une poche et en tira son bandeau frontal qu’il ne portait jamais. Il leva la main pour le mettre en évidence avant de le ranger.

- Tout dépend les activités qui vous passionnent. Le quartier n’est pas réputé comme étant « festif ». Mais on peut y trouver quelques commerces intéressants pour qui sait y prêter l’attention qu’ils méritent.

Les magasins de pièces détachées ou d’herbes médicinales en faisaient un quartier assez intéressant pour bon nombre de shinobis. Beaucoup pouvaient y trouver leur bonheur, même s’il doutait qu’Ether y trouve un quelconque intérêt. Mais peut-être serait-il encore surpris par cet étrange personnage. Et venait les questions sur sa marionnette. Ca s’annonçait compliqué.

- Hum comment dire ? Euh peut-être que…Ruri c’est ça ?, pourrait nous faire une démonstration.

Elle qui se vantait de faire partie d’un clan, elle pourrait fanfaronner de son talent maintenant !