Coup de pouce

Hiko et Mikami passèrent les portes de la voie illusionnée en effectuant les contrôles de routine. Ils allaient profiter de l'espace qu'offrait l'immensité du désert pour s'entraîner. Du moins, dans les faits. Le Yorurai ne parla pas beaucoup alors qu'il les conduisait vers un point d'eau repéré quelques jours plus tôt tandis qu'il était parti en vadrouille. Ce petit bout d'oasis, en plus de leur donner un peu d'eau, leur garantissait un environnement isolé et surtout assez éloigné de Sunagakure. Plus que deux précautions qui valent mieux qu'une, il ne pouvait avoir confiance en toutes les entités de ce village et ce qu'elles contrôlaient, sans parler des mains dans lesquelles certaines informations pourraient tomber...

Triplant finalement les précautions, il prit quelques secondes supplémentaires pour s'appliquer à étendre une bulle isolante autour des shûkaijins. Ce fut un peu long, mais il ne resta néanmoins pas insatisfait de sa technique. De l'extérieur, on n'entendait ni leurs voix, ni le clapotis des vagues. Ce qui devait sûrement paraître troublant, devenant un point à améliorer rapidement...

- Je suppose que tu as du remarqué qu'à Suna, la technologie Saibogu s'est immiscé un peu partout... Je crois ton histoire de rébellion. Mais je crois aussi que le niveau de sécurité au village est à son maximum, et là je ne t'apprends rien. Je pense qu'il y a de fortes chances que les terrains d'entrainement soient aussi surveillés. Ils accueillent des shinobi venant du monde entier, ça ne m'étonnerait pas qu'ils puissent avoir des yeux partout et y compris dissimulés n'importe où. Au moins ici, nous pouvons être sûrs d'être à l'abri d'oreilles indiscrètes.

Ce n'était que des suppositions, mais de son point de vue il y avait bien trop de chances pour que dans le contexte actuel, leur conversation puisse atteindre une mauvaise personne pour que ça ne leur retombe sur le coin de la figure au moment crucial. S'asseyant grâce au kinobori à la surface de l'eau pour profiter de la fraîcheur qu'elle dégageait, l'amnésique reprit le fil là où ils l'avaient laissé... à commencer par les deux points qui lui tenaient le plus à cœur.

- Désolé de m'être emporté tout à l'heure... je manque de sommeil en ce moment. Mais passons. Tu veux vraiment savoir ce que j'en pense ? On risque la guerre civile. Il faudra veiller à ne jamais l'oublier ou elle va s'abattre sur ce que nous voulons protéger, et nous en serons responsable.

Relâchant son souffle, versant son chakra le long de son dos, il se laissa tomber en arrière au creux des quelques vaguelettes qui venaient d'être repoussées. Les yeux tournés vers le ciel et les cheveux baignant dans l'eau tiède il réfléchissait à la question. Est-ce que ce risque devait constituer un frein à toute idée de résistance et ainsi l'étouffer ? ... Sûrement pas, il pourrait même les aider à manœuvrer s'ils tournaient autour avec habileté sans jamais glisser pour y plonger.

- L'empereur a trop de pouvoirs. Qui sait, peut-être lui permettront-ils de porter le shûkai jusqu'à un horizon meilleur ? Mais il y a bien trop de shinobi de valeurs à Shozaichi pour que ses seuls choix dictent notre marche à tous. Je ne sais pas comment tu vois la chose, mais s'il s'agit d'aller provoquer le Kamui sur son terrain et l'empêcher d'avoir la main mise sur tout ce qu'il se passe chez nous je suis déjà des vôtres. Voyons où il veut aller, et obligeons-le à tourner la tête de tous les côtés. Le provoquer permettrait de faire ressortir sa vraie nature...

Ce ne serait pas les moyens qui manqueraient et sûrement détermineraient-ils la plupart des conséquences et effets pervers. Restait à voir les facultés que les deux garçons auraient à les gérer. Curieux de voir sous quel angle Hiko avait envisagé la question, Mikami était silencieux. Les yeux perdus dans l'azur il entrevoyait différents chemins, quantité d'obstacles et de pièges, de risque. Des lianes solides ou fébrilement suspendues entre deux branches, des routes qui pourraient provoquer toutes sortes d'éboulement, des feuillages coupant qui pourraient facilement leur échapper ou pire, être récupérées pour qu'on ne les retourne contre eux.

La technique avait été maîtrisée, l’enfant avait réussi à choper le coup de main en expulsant du chakra de type Raiton de son corps. Le but était de pouvoir repousser des adversaires qui s’aventuraient trop près du jeune garçon. Une technique des plus utiles mais que l’enfant n’avait pas pu développer tout seul, c’est donc pourquoi il avait demandé l’aide son ami, et partenaire, le Yorurai, Mikami.

Et ce petit entraînement avait porté ses fruits car désormais, le jeune Sairyo avait quasiment maîtrisé la technique. Un peu de persévérance et d’entraînement et il la maîtriserait jusqu’au bout des ongles comme on dit. Mais, alors qu’il s’attendait à ce que la partie la plus intéressante de leur rencontre soit l’entraînement, il était loin de se douter que son ami soit aussi réceptif à l’idée qu’il lui avait souffler à l’oreille. Une conversation des plus intéressantes avait alors débuté sur l’un des terrains d’entraînement de Suna. Mikami avait alors eu la bonne idée de ne pas aller trop dans le détail et de stopper le garçon aux cheveux blancs dans ses propos. Hiko n’avait pas réalisé, mais il se pourrait en effet qu’il soit espionné sur ces terres peuplées de potentiels ennemis.

***

Les voici maintenant dans une partie du désert relativement agréable, au bord d’une petite étendue d’eau formée par la force de la Nature. La Nature était impressionnante car elle réussissait à former des climats et environnements que même la main de l’Homme peinait à reproduire. Et c’était dans ce coin paradisiaque que s’étaient rendus les deux amis, prêts à avoir une discussion qui s’avèrerait des plus intéressantes et peut être des plus rentables pour le jeune garçon.

Mikami expliqua la raison de leur départ, et Hiko ne put qu’hocher la tête en guise d’approbation. Mikami était plus âgé que lui, et sûrement plus expérimenté, c’était ce qui lui avait sûrement donné l’idée de se mettre un peu à l’écart pour pouvoir discuter de choses importantes. Mikami révéla alors au jeune garçon ce qu’il pensait de la Rébellion et des actes de cette dernière. Hiko se tût en écoutant son ami, il voulait le laisser finir avant même de pouvoir lui expliquer en quoi consistaient réellement leurs intentions pour la suite… Une fois qu’ils auraient quitté Suna.

« Je comprends ce que tu veux dire… Mais sache que l’Empereur n’est pas celui qu’il prétend être. Il se présente comme un sauveur mais au final réfléchis… Qui est le seul à avoir profité de l’attaque des Serviteurs ? Qui a ordonné l’assassinat des Daimyos de tous les pays de l’Empire une fois qu’il s’est autoproclamé ? »

L’enfant marqua une pause, sa détermination se lisait dans ses yeux et même sans le vouloir, il faisait passer un message à son ami. Reprenant son souffle, il continua de regarder son ami tout en continuant son accusation envers le Samui qu’il détestait tant.

« Et je suis d’accord qu’il ne faut pas l’attaquer de front sinon nous ne vaudrons pas plus que lui… La révolte doit venir du peuple, c’est au peuple de faire en sorte que Samui Kakeshuou soit destitué. »

L’enfant était déterminé, la même volonté l’abritait avec Fuusho… Et sûrement Mikami. Et maintenant que ce dernier était dans la confidence, il était temps pour lui de savoir quel serait le prochain mouvement que feraient les membres de la Rébellion. Enfin, seulement certains membres de la Rébellion, car c’était une mission à haut risque qui se devait d’être réalisée avec une très petite unité… Hiko en ferait partie, il ne restait plus qu’à désigner le reste de l’équipe.

Mikami pourrait être intéressé, mais une chose était sûre, qu’il vienne ou pas, l’enfant partirait accomplir la mission qu’il s’était lui-même donné. Il irait affaiblir l’Empereur, car il était temps que ce dernier descende de son pied d’estale.

« Et le prochain mouvement… Sera de destituer Samui Aokiji de son poste de Gouverneur ! »

Un regard déterminé, des mots soigneusement choisis… Hiko était déterminé, et rien ne le ferait changer d’avis !

- Aokiji-san ?

Mikami resta perplexe un moment. Il pouvait tout à fait comprendre le choix d'Hiko, il visait Tori. L'ancien fief du vil Samiharu Kanki, d'un peuple qui souffrait de la démagogie et de l'emprise de son état bien avant que l'empire ne voit le jour. Si l'Alliance leur avait peut-être permis une bouffée d'air, chaque citoyen de cet ancien système se retrouvait dorénavant bien plus éloigné du centre de décision, chacun déconnecté des réalités de l'autre. En soit, le Faisan Bleu ne leur avait rien apporté, et en mal y compris. Le pays des oiseaux prospérait sur les ruines d'une organisation dont les rouages étaient viciés bien avant la nouvelle constitution. L'inactivité de leur nouveau gouverneur leur laissait le champs libre pour s'améliorer d'eux-mêmes comme de se laisser plus sombrer dans les failles nébuleuses ouvertes par le chemin catastrophique menée par le feu daimyo, un homme capable de se servir des faiblesses de ses homologues pour placer une équipe shûkaijin face à leurs semblables engagés pour le défaire, dans le seul but d'apprécier le spectacle ; car le prétexte de l'évaluation tombait en ruine tant le contexte aurait put être tout autre.

- Tu ne sais pas le respect que j'ai pour lui. C'est un homme droit, qui m'a recommandé pour vous accompagner ici en plus de m'avoir appris à maîtriser le fûton. C'est grâce à ça que j'ai pu parvenir à maîtriser le son. Autrement dit, nous ne serions pas là tous les deux sans lui.

Si le Yorurai savait séparer ses convictions de ses sentiments personnels, sa relation avec son homologue Samui restait un facteur non-négligeable, pour lui comme pour tous ceux qui à l'avenir regarderaient l'évolution de la contrée qu'il avait dirigée. Ses objectifs qu'il disait libertaires ne pouvaient faire de lui un ingrat.

- Je saisis le cheminement de ton choix. En plus d'avoir procédé par élimination, sa passivité au poste de gouverneur fait de son pays un trou baillant dans l'empire. Est-ce un mal ? Au moins il n'opère d'aucune emprise sur les habitants. Mais je t'avoue que je suis séduit par l'idée de leur donner une nouvelle impulsion, un vent de fraîcheur après l'air maussade qu'a installé Kanki.

Sans s'en rendre compte, l'amnésique venait de se projeter dans l'avenir du pays des oiseaux, alors que Hiko lui avait seulement parlé de destitution.

- Il y a des choses qu'il ne faut pas oublier. Tu es allé dans son école de Ninjutsu ? Il en a vraiment fait quelque chose de bien. Aokiji est un bon shinobi. Si nous devons le faire tomber de son poste, je n'accepterai en aucun cas qu'on le déshonore.

De la même manière qu'il séparait ses sentiments personnels et ses convictions, le jeune homme séparait le rôle du ninja et du politique. Deux tâches différentes qui pourraient, pourquoi pas, s'entremêler. Au même titre que chaque acteur finalement. C'était cette relation de domination contre laquelle il luttait, et personne ne serait à l'abri. Parvenu, héritier, shinobi. Ils devenaient tyran en tirant sur les reines. Euh... rennes.

- Si vous l'acceptez, toi et le groupe de rebelles déjà en place, ça va bien sûr compliquer les choses. L'occasion de redoubler de finesse donc... Dis-moi plutôt ce que tu comptes laisser après ça.

Hiko hocha la tête lorsque son ami répéta le nom de la prochaine cible visée par les membres de la Rébellion. Il s’attendait à un peu de résistance de la part de son ami car il savait que les deux avaient des liens. Aokiji, avant l’avènement de l’Empereur, était une personne qu’Hiko appréciait particulièrement. Ils s’étaient retrouvés dans de nombreuses situations ensembles, et le Samui avait même sauvé la vie du petit garçon lorsque ce dernier était parti arrêter Arekushi, son défunt senseï. Mais il ne fallait pas croire que la décision de choisir Samui Aokiji comme cible avait été prise à la légère, bien au contraire.

« Je comprends très bien ce que tu veux dire. Cependant, ce n’est pas une décision qui a été prise de façon unilatérale. Nous avons pesé le pour et le contre et je vais donc t’expliquer les choix qui nous ont amené à penser à Aokiji comme première personne à être destituée au sein de l’Empire du Viok’. »

L’enfant parlait calmement, il s’était préparé à ce genre de réaction de la part de son interlocuteur et c’est pourquoi il préférait exposer ses raisons de manière posée, et surtout de manière méthodique.

« Tout d’abord il y a Oterashi Yanosa… Cet homme est beaucoup trop puissant pour qu’on l’affronte directement. Nous avons évalué nos pertes et notre risque de victoire face à cet adversaire serait trop minime. Ensuite, Samui Yuki. Bien que lui enlever son pouvoir affaiblirait grandement l’Empereur, elle semble encore être à un autre niveau que le nôtre. Ne reste donc plus que Hoheinheim Van et Samui Aokiji… »

Le jeune Sairyo marqua alors une pause, ce fut le choix le plus difficile qu’ils aient eu à faire lors du choix de leur prochaine cible. Il regarda alors Mikami avec une certaine intensité dans son regard, comme pour lui faire passer le message de façon plus directe.

« Je… Continue à croire personnellement que Van s’est fourvoyé en s’associant de la sorte à l’Empereur et qu’il reviendra un jour ou l’autre sur ses positions… Du moins je l’espère. De plus, Aokiji faisant partie de la famille proche du Kamui, ce serait un coup d’autant plus valorisant pour le peuple et la Rébellion que de le faire tomber ! »

Ses raisons avaient été exposées, et il fallait désormais que le Yorurai les comprenne s’il souhaitait participer à la prochaine étape de leur plan. Mais ce dernier ne se contentait pas d’écouter, il était aussi force de propositions. Une qualité qu’appréciait particulièrement l’enfant aux cheveux de neige qui aimait le franc-parler de son ami. De plus, ses paroles furent pertinentes pour une fois et il souleva un point qui avait aussi été relevé par la Rébellion. Il ne fallait pas détruire tout le système, seulement affaiblir l’Empereur en préservant l’intégrité du peuple et en leur redonnant un souffle d’espoir.

Hiko resta silencieusement quelques instants. Il savait qu’il devrait soigneusement choisir ses mots pour répondre à son ami et préféra prendre son temps afin d’avoir une réflexion complète avant de lui répondre. Car une fois Aokiji destitué, s’ils y arrivaient, il y aurait forcément un après. Et c’est à ce moment là qu’Hiko n’avait que trop peu pensé.

« Le but n’est en aucun cas de le déshonorer. Nous allons faire pression sur lui pour qu’il quitte son poste en annonçant publiquement qu’il n’est plus d’accord avec la politique Tyrannique menée par l’Empereur. Nos têtes pensantes sont en train de préparer un discours qu’il devra lire devant son peuple une fois que l’on aura réussi… Et s’il refuse, alors nous n’aurons pas le choix que d’utiliser la force pour faire pression. »

Des paroles crues dans la bouche d’un enfant avec un visage d’ange. Hiko avait bien changé, il avait ouvert les yeux sur la véritable nature des gens qui l’entouraient, quitte à en prendre une partie de son innocence.

« Je tiens à te rassurer, Aokiji sera le seul visé. Le peuple n’aura aucune séquelle et si tout se passe bien, la Rébellion n’aura même pas à revendiquer la démission du Samui. C’est pourquoi j’ai besoin de toi… Je souhaite que tu m’accompagnes jusque dans les quartiers d’Aokiji à Tori. La discrétion sera le maître mot lors de cette mission impossible… Mais avant même de t’en dire plus, j’aurai besoin de quelque chose… »

Fixant Mikami dans les yeux, une flamme venait d’apparaître dans les yeux de l’enfant qui était sur le point de faire une requête à Mikami, une requête qui changerait peut-être le cours de la conversation…

« Il me faut ta parole que tu me soutiendras… Jusqu’au bout. »

Alors Mikami, feras-tu cette promesse à ton ami ?

Mikami laissa la silencieuse étendue de sable parler à sa place alors qu'Hiko lui expliquait son raisonnement, le pouce et l'index glissant le long du menton. Yuki, Yanosa, Van, Aokiji. Tout le monde y trouvait sa place et chacun avait une cible dessinée sur le dossier. Si c'était sûrement ces sièges que visait le jeune garçon, son aîné s'alignait sur son point de vue. Mais ce dernier comptait faire quelques distinctions entre les occupants, ce que n'avait pas l'air de faire le premier si ce n'était par ordre de priorité et d'accessibilité. Quoi que, il avait mis un bémol sur le Hoheinheim... Ses critères semblaient tirer racine en leur allégeance au Kamui. Alors si les choix des deux shinobi se suivaient déjà tout juste parallèlement pour ce qui concernait le gouverneur de Tori, il valait mieux que l'un comme l'autre connaisse clairement les motivations de leur homologue.

- Donc si je te suis... tous les seigneurs de guerre et gouverneur sont susceptibles de se voir un jour frappé par la rébellion. Pourquoi ? Qu'est-ce qui fait que vous les désigniez comme vos ennemis, ou membre de l'empire à part entière ?

Si ils étaient dans leur collimateur pour leur proximité avec Kakeshuou, le jeune blond était un des mieux placés pour comprendre l'aisance que procurait cette couverture. Au-delà de ça, peut être que la principale divergence entre les deux shûkaijins prenait ses sources en la façon dont la tyrannie avait été établie. Si le premier avait l'air de se baser sur la façon dont avait été pris le pouvoir, le brun n'avait absolument pas rechigné pour tourner sa lame contre des seigneurs féodaux face auxquels ils n'avaient connus que de mauvaises expériences. Eux aussi étaient tyranniques, à leur manière... Pour autant le Yorurai ne pouvait se contenter de laisser un empire militaire en héritage à ces gens qui n'avaient eu le temps d'entrevoir le moindre espoir en apprenant la destitution de leurs seigneurs féodaux. Quand bien même ces shinobis qu'ils étaient prétendaient apporter des solutions ; pour ne pas partager le même monde que ceux qu'ils dirigeaient, ils n'avaient pas le moindre droit de régner.

Le Sairyo annonça ensuite l'ébauche de leur plan. En effet, si le shûkai voyait un gouverneur, tout aussi bien membre du clan Samui et ancien élève de l'empereur renier la politique de ce dernier, ce serait son autorité suprême qui en prendrait un sacré coup. En soit, c'était aussi une vaste opération de contre-propagande. Ou de promotion pour des idéaux différents... Même si un nouveau gouverneur tout aussi fidèle à son empereur venait à être désigné, n'en resterait pas moins ce pas de côté trébuchant que toute personne de l'empire n'aurait pu louper.

Puis il remit en question le soutien qu'il pourrait lui apporter, en fixant une limite à la fois chronologique et caractéristique qui laissait toute place aux surprises. "Jusqu'au bout" était un critère indéterminé qui trouvait difficilement sa place dans un contrat de cette ampleur, si ce n'est entre deux minuscules lignes sur une feuille bis trop collée à sa précédente. Seulement... ces deux garçons là se retrouvaient bien mieux dans la pureté d'une relation libérée d'une confiance qui restait en suspens. Du moins c'était ce que Mikami croyait.
Ce fut pourquoi quand il vit cette flamme s'allumer dans le regard de son ami, il faillit le fusiller du regard de deux coups de tonnerre. Mais une frappe du plat de la main nommée "Tsunami" vint s'abattre sur le coin de sa nuque.

- Tu devrais même pas avoir à poser la question baka ! Surtout quand nos motivations coïncident quoi... Bien sûr que tu as mon soutien. Mais tu te trompes si tu penses que je compte m'effacer derrière le blason de la rébellion. En tant qu'ami, oui, je te soutiendrai jusqu'au bout. Et crois-moi, je ferai particulièrement attention à ce que tes idéaux ne se pervertissent. Si jamais tu trébuches, je serai là pour faire en sorte que le Hiko que j'ai connu ne nous revienne.

Bon, ok, ya peut-être un éclair qui s'était échappé de son clin d'œil, s'attaquant ainsi au brasier qui brûlait en le Sairyo. Cette détermination, le Yorurai aimait la voir dans le regard. Tout Yorurai l'affectait, la survie de leur clan reposait la-dessus et leur entrainement même était basé sur la mise à l'épreuve de leur volonté. Alors Mikami était un des mieux placés pour savoir tout ce qu'elle pouvait brûler autour d'elle. Non, il ne fallait pas se laisser abuser par la tendresse de son discours. Ces mots, il aurait pu les lui tenir à n'importe quel moment ; mais alors qu'ils parlaient de faire trembler la plus grosse institution mise en place par les shinobi, les obstacles qu'ils auraient à traverser ne les laisseraient pas aussi facilement indemnes qu'un vulgaire tronc, défait de tout fantôme et tout démon pouvant choisir de les suivre... jusqu'au bout.

- Maintenant que les politesses sont derrière nous, dis-m'en plus sur ce discours... Tu es conscient qu'il faudra le faire passer de force dans tous les cas ? Par les mots, les stratagème ou par les poings ?

Soumettre quelqu'un sans se battre pouvait être d'une violence bien plus dévastatrice qu'un affrontement physique poussé hors limites. Les séquelles perduraient... perduraient... et nourrissaient une étincelle vengeresse qui reviendrait en raz-de-marée. Comment la rébellion comptait-elle s'y prendre ? En manipulant l'homme de glace ? Peut-être pensaient-ils le plonger dans une impasse... Mikami songeait à faire en sorte que le retour de flamme puisse être orienté dans leur sens plutôt que plus tard il ne les engloutisse.

Mikami venait de bien résumer la situation… Tous les seigneurs de guerre s’étant rangés directement sous l’aile du Kamui étaient coupables à ses yeux. Après tout, c’était une réaction normale de la part du jeune garçon aux cheveux blancs. Deux des seigneurs de guerre faisaient partis du cercle familial proche du Kamui : Samui Yuki et Samui Aokiji devait sûrement lui vouer toute l’allégeance possible et inimaginable. De plus, l’un d’eux se trouvait près du Viok’ lorsqu’il avait annoncé publiquement sa prise de pouvoirs infâme. Ce fut aussi le cas d’Oterashi Yanosa, un homme que ne connaissait que trop peu l’enfant mais qui s’était lui aussi exposé publiquement comme étant un soutien au vieillard à la crinière blanche.

Le seul point d’interrogation restait Hoheinheim Van. Hiko connaissait l’homme aux scorpions plutôt bien et il avait été très surpris en apprenant qu’il avait accepté le poste de gouverneur… Un triste choix, mais qui serait peut être rattrapé par des actions effectuées par le passé. En effet, le binoclard avait répondu à un appel lancé par la Rébellion, et Hiko avait pu tester les motivations de ce premier lors d’une mission clandestine effectuée pour le compte de la Rébellion. Cependant, aux vues de ses choix, il en faudrait plus pour qu’Hiko lui fasse totalement confiance. D’autres actes devront être effectués !

« En gros, c’est ça oui. Ils ont affiché clairement leur soutien au Viok’ lors de sa prise de pouvoirs. Il apparaît donc nécessaire de les faire tomber, même si bien entendu… Je ne souhaite pas voir de sang couler. Ils représentent indirectement le vieux Samui dans leurs pays respectifs et c’est pour ça qu’ils doivent tomber. La seule interrogation reste Van, mais ça je m’en occuperai plus tard. »

Voilà qui venait clore une partie de la conversation. Hiko et Fuusho, au nom de la Rébellion, avaient tranché et ils ne reviendraient pas sur leur décision. Après, il apparaît nécessaire de préciser que tout ne devrait pas être effectué seulement par la force car le but in fine est d’instaurer un équilibrer au Shûkai… Aux dépends de la tyrannie installée par l’Empereur.

Ensuite, Mikami répondit à l’ultime question que lui avait posée l’enfant Sairyo. Hiko sourit lorsqu’il entendit les mots sortir de la bouche de son ami. Bien sûr qu’il n’allait pas se ranger derrière le blason de la Rébellion pour justifier toutes les actions effectuées, qui pourraient aller contre leur nature. L’enfant était content de la réponse du Yorurai, lui-même ne souhaitant pas perdre son âme en essayant de retrouver celle du Shûkai.

« C’est exactement ce que je te demandais, on est amis avant tout après tout… »

Un léger sourire sur le visage, la tension s’être relativement apaisée malgré la conversation des plus intéressantes qui avait lieu en ce moment même dans l’oasis. Hiko se sentait légèrement plus léger, et profita de ce moment de calme dans la conversation pour s’éponger le front avec le revers de sa manche. C’est dire qu’il faisait super chaud dans ce désert !

Puis, le Yorurai reprit la parole en mettant le doigt sur un sujet qu’Hiko avait inlassablement retourné dans son esprit. L’idée de faire en sorte qu’Aokiji ne veuille pas se soumettre à la requête de la Rébellion était très probable et il avait donc fallu réfléchir à une solution pour faire passer le message en force. Les rangs de la Rébellion n’étaient pas des plus fournis et il faudrait donc faire preuve d’ingéniosité avec ce qu’on avait sous la main. Et une infiltration à plus de deux personnes semblait impossible, voire suicidaire. C’est pourquoi Hiko avait soigneusement choisi Mikami pour l’accompagner dans cette tâche… Même si cela voulait dire qu’il se privait de spécialiste en genjutsu ou fuuinjutsu. L’enfant devait avoir une confiance aveugle en son coéquipier. Et en l’absence de Fuusho, seul Mikami était en mesure de faire l’affaire.

« Je m’en doute… Tout d’abord nous allons isoler Aokiji et frapper au moment où il sera seul. Notre fenêtre de tir ne sera pas très longue et nous aurons au maximum 30 minutes pour faire en sorte qu’il démissionne et dénigre l’Empereur. Autrement dit… Si au bout de 10 minutes nous ne l’avons pas fait changer d’avis, il nous faudra utiliser les poings comme tu dis… »

L’enfant marqua une légère pause, reprenant son souffle. Il venait de dire quelque chose qu’il aurait cru incapable de déclarer quelques années auparavant. Mais que voulez-vous… La guerre, ça vous change un homme… Et même un enfant.

« Autrement dit… Nous devrons le neutraliser par la force. A nous deux, la tâche ne devrait pas être bien compliquée vu notre niveau actuel. Mais c’est ensuite qu’il faudra nous montrer habiles, et que l’Onkyoton que tu maîtrises ainsi que mes talents en sensorialité nous seront utiles… »

Leurs maîtrises respectives étaient la clé qui permettrait d’affaiblir l’Empereur, et de faire ouvrir les yeux au peuple… L’Empereur n’est pas intouchable, et il s’en rendrait bientôt compte.

- En gros, c’est ça oui. Ils ont affiché clairement leur soutien au Viok’ lors de sa prise de pouvoirs. Il apparaît donc nécessaire de les faire tomber, même si bien entendu… Je ne souhaite pas voir de sang couler. Ils représentent indirectement le vieux Samui dans leurs pays respectifs et c’est pour ça qu’ils doivent tomber. La seule interrogation reste Van, mais ça je m’en occuperai plus tard.

- Hiko, tu sais très bien que lui afficher son soutien est aussi une question de survie. Toi-même tu en es assez proche... Qu'en est-il de Yanosa, ou Van ? Qu'est-ce qui te dis que Yuki ne voit pas de problème dans certains rouages de l'empire ? Enfin... je suppose que l'on aura pas à se soucier de tirer sur les mauvaises personnes si l'on opère avec le dialogue à chaque fois. Mais si nous nous mettons à tirer à l'aveugle sur tout le monde, nous ne vaudrons pas mieux que le Kamui.

Petit à petit leur échange se faisait plus naturel, sa prolongation dans le temps allégeant leurs mots et avec, la gravité de leurs projets. Pourtant les deux shûkaijins rentraient à présent dans le vif du sujet. Non, cette opération était loin de la plus banale des missions. Ils se devaient d'être méticuleux et précis, anticiper abusivement les différentes éventualités, ne pas se laisser glisser dans la banalité en perdant de vue la réalité. Garder les idées claires, la tête froide...

Mikami désactiva soudainement son kinobori et se laissa tomber dans l'étendue d'eau sur laquelle il s'était assis, à genoux de façon à ce que le niveau de l'eau arrive à sa nuque. En ramenant une partie avec la paume de ses mains, il se rafraîchissait le crâne déjà bien trop exposé. Ses habits s'alourdissaient en retournant à l'air libre mais envelopper sa peau de la fraîcheur qu'ils enfermaient. Et pendant qu'il atténuait les effets accablants des rayons du soleil, il continuait d'écouter le Sairyo en silence.

- Ok, je comprends qu'il faille être discrets pour ne pas que quelqu'un doute de l'authenticité du discours d'Aokiji. Mais...

Il lui jeta de l'eau à la figure ; même s'il savait que ça allait le rafraîchir à son tour, c'était dans le seul but de le surprendre et le déstabiliser... amicalement bien sûr.

...pourquoi ce laps de temps de trente minutes ? Si c'est nous qui l'isolons, on ne peut pas faire en sorte de tirer parti de plus de temps ? En tout cas j'imagine qu'il devra faire son discours rapidement après, il pourrait se raviser ou nous dénoncer... Alors on va grandement manquer de crédibilité s'il le prononce blessé. Lui-même manquera de crédibilité s'il le fait à contre-cœur. Sans compter qu'il préférerait sûrement mourir que d'aller contre sa nature et contre son maître. Je suis sûr que tu comprends ça... Alors on doit le convaincre, on a pas le choix.

À vrai dire, le Yorurai ne voyait comment aboutir à une opération vraiment réussie autrement. Peut-être qu'Aokiji n'était pas la bonne cible, ou que les deux garçons s'y prenaient de la mauvaise manière. Il leur faudrait sans doute un plan B bien plus développé que de le convaincre par les poings (ce qui échouerait à coup sûr, y voyant une logique naturelle il en était plus que persuadé).

- Ou alors on devrait complètement changer de stratégie s'il n'accepte pas, et dans cette optique il va falloir réfléchir à la façon dont nous allons nous découvrir... Si nous intervenons séparément aux premiers abords, si nous y allons masqués, et cetera. Avant de voir le discours plus en détails, quels arguments comptes-tu utiliser pour le convaincre ?

Non, le sabreur ne pouvait imaginer que forcer le gouverneur à renier ses idées et prononcer un discours sous la contrainte porterait ses fruits. Ce devait venir de lui pour que ce soit à la fois naturel et efficace, l'inverse serait une impasse dans laquelle ils se retrouveraient à coup sûr s'ils n'arrivaient pas à le faire changer d'avis. Alors qu'il attendait les arguments du jeune garçon pour induire un autre façon de penser chez le faisan bleu, Mikami réfléchissait déjà à un plan B. À quelque chose que pourrait faire Aokiji, dans la logique de la constitution impérial, et qui le mènerait à un cuisant échec. Ce pourrait être une action menée sous l'égide et les valeurs de l'empire, amenant ainsi à leur remise en question. Les Kosobayui pourraient avoir un rôle à jouer, comme n'importe qui à Tori... l'erreur devrait provenir de la méthode, de l'Empire, et non pas d'Aokiji. Il devait encore y réfléchir... et ce n'était qu'une idée. Faire en sorte que le gouverneur Samui décrédibilise l'empire... ce ne devait pas être les moyens qui manquaient.

Mikami ne semblait pas comprendre… Yanosa, Aokiji… Ils avaient délibérément choisis de se trouver aux côtés du Viok’ lorsque ce dernier avait effectué son coup d’Etat. Et ils y avaient tous gagné dans l’affaire, se retrouvant propulsés au premier plan et prenant ainsi une certaine responsabilité, une certaine visibilité, un haut rang… Mais tout cela, ils allaient tous le perdre, Hiko s’en assurerait. Que ce soit avec Mikami, ou sans. Sa détermination était forte, et bien sûr il aimerait se faire soutenir et épauler par son ami, mais il ne pouvait choisir à sa place…

« Ils ont choisis leur position. Rien ne les empêchait de raisonner le Vieux avant qu’il ne sombre dans la folie. Ce n’est pas tirer à l’aveugle, nos cibles sont choisies soigneusement et méticuleusement mais il nous faut agir. Et concernant Yuki, même si elle n’a pas affiché publiquement son soutien à l’Empereur lors de sa prise de pouvoirs, la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre… »

Hiko avait dit ces mots avec une certaine résignation. Il avait retourné le problème de nombreuses fois dans sa tête mais la seule solution qu’il voyait réalisable pour le moment était de couper les branches mortes, pourries par la corruption appliquée par l’Empereur. Bien entendu, il ne sera pas question de tuer qui que ce soit sinon ils ne vaudraient pas mieux que l’Empereur lui-même, mais il fallait agir !

Mikami se laissa ensuite tomber dans l’eau en arrêtant d’utiliser son kinobiri. C’est vrai qu’il commençait à faire drôlement chaud dans cet oasis et Hiko ne tarda pas à imiter son ami en se laissant tomber à son tour dans l’eau. Une intense sensation de fraîcheur vint alors l’envahir, ce qui lui ankylosa légèrement l’esprit. Rapidement, il ressortit la tête de l’eau, s’ébouriffant les cheveux et remettant en place les quelques mèches lui tombant devant les yeux il écouta à nouveau le Yorurai après s’être pris une petite quantité d’eau sur le visage…

Il souleva les principaux problèmes du fait d’utiliser Aokiji au lieu de le mettre simplement hors service. Il était plus facile de faire taire un adversaire que de le forcer à faire des actions contre sa volonté. Hiko en était bien conscient, et n’étant pas doué en genjutsu ni en fuuinjutsu il ne pouvait malheureusement pas faire autrement. Il laissa donc son ami terminé avant de lui répondre de la façon la plus claire possible.

« Quand je te parle de 30 minutes… C’est vraiment une estimation optimiste du temps que nous aurons. Car le plan est très simple : Nous entrerons dans ses quartiers en nous faufilant sans nous faire repérer. Nous connaissons son emploi du temps et frapperons en pleine journée, là où sa protection sera la moins renforcée car il s’y attendra le moins. »

L’enfant laissa planer quelques secondes avant de reprendre, pour vraiment rentrer dans le vif du sujet. Il était temps que Mikami soit au courant du réel plan.

« Une fois que nous aurons réussi à être seuls avec lui il y aura deux solutions possibles… Soit Aokiji accepte notre proposition et nous ne toucherons pas à son intégrité physique. Cependant, il nous faudra un moyen de pression et nous serons forcés de le menacer. »

Hiko savait déjà de quelle façon, mais Mikami n’avait pas besoin de le savoir pour le moment. L’enfant allait maintenant passer à la seconde hypothèse, celle qui était beaucoup plus crédible à ses yeux et qui aurait beaucoup plus de chance de se passer.

« Et s’il n’accepte pas… Nous le neutralisons à deux. Cela devrait être faisable en quelques minutes si nous nous donnons à fond. Et ensuite… Je modifierai la structure de ton chakra pour que tu aies temporairement la même signature chakratique qu’Aokiji. De ton côté, tu adopteras les mêmes résonnances que sa voix et tu seras chargé de faire le discours à sa place. Et de poser ta démission car tu n’es plus en accord avec les principes prônés par le Viok’… Tu vois le genre ? »

Alors Mikami… Le plan venait de t’être dévoilé… Il ne manquait plus que ta réponse. Allais-tu accepter ce plan tout en sachant qu’il comportait de nombreux risques, et qu’il te ferait sûrement taper sur ton ancien camarade ? En repensant à ça, l’enfant aux cheveux blancs rajouta une précision qui lui semblait primordiale.

« Il est évident que personne ne mourra dans cette opération. Ni nous… Ni Aokiji. »

La mort ne faisait pas partie de ses plans.

- Pourtant... il faudra être sûr qu'Aokiji reste silencieux quant à la vérité sur son abdication.

Si un jour la vérité venait à éclater, l'opération de contre-propagande serait bien plus qu'un échec. Elle serait un frein à toute nouvelle idéologie s'opposant à celle de l'empire. Hiko avait parlé de moyen de pression. C'était une arme que Mikami n'appréciait que moyennement, et ceci dépendait de la nature de la menace. Il choisit néanmoins de faire confiance à son camarade qui avait sûrement vu ici un moyen de s'assurer que la réalité ne soit jamais dévoilée, du moins pas avant que leur objectif final ne soit accompli. Alors s'il disait que le Faisan Bleu n'avait pas à périr, le jeune homme avait sûrement déjà assuré ses arrières.

Il comptait aussi substituer le Yorurai au Samui, usant de leurs capacités respectives pour donner toute la crédibilité nécessaire à leur scène de théâtre. Alors soit, ça pouvait marcher. Si le plus grand mystère demeurait sur le devenir du futur ex-gouverneur, l'amnésique s'en remit au Sairyo et au déroulement des évènements pour ce point. Le plan avait été compris et sa faisabilité était avérée. Deux étapes particulièrement charnières : la persuasion, qui pourrait leur assurer une réussite plus que totale ; la neutralisation, dont l'efficacité du discours dépendrait grandement. Le tout en seulement une demi-heure...

- Je crois avoir remarqué que tu aimes jouer serré... À part ça, dis moi : si nous dévoilons nos identités à Aokiji, il aura lui aussi un moyen de pression sur nous. Est-ce que le tien a plus de poids que celui-ci ?

Y aller masqué ou sous henge ne conditionnait pas de façon plus déterminante leur réussite plus que d'y aller franchement, tout visage découvert. Sans compter sur les facultés sensorielles du Faisan Bleu... Le tout était de savoir si les conséquences pouvaient être maîtrisées de façon à ne pas leur retomber dessus. Mais le sabreur l'avait remarqué... le petit senseur ne croyait absolument pas en ce premier laps de dix minutes où le dialogue primerait. Et c'était tout à fait compréhensible. Pourtant, c'était la seule partie qui pouvait leur garantir une réussite totale dont il pourrait tirer bien plus parti à l'avenir. Le point crucial était peut-être de réussir à retourner Aokiji contre l'empire plutôt que contre l'empereur, son ancien maître.

- Tu ne m'as toujours pas dit quels arguments tu comptes avancer à Aokiji. Je vois bien que tu ne crois pas en la réussite de cette étape. Pourtant s'il se tourne contre le système impérial il sera une voix de premier choix pour atteindre l'empereur et le pousser lui-même à remettre ses méthodes en question. Mais si tu n'as rien à dire dans ce sens là, autant arrêter de se voiler la face avec une diplomatie aussi factice qu'inutile et rentrons lui directement dans le lard.

Tu comprends, Hiko ? Si tu ne crois absolument pas en les chances de réussite de cette première étape, si tu pars dans l'idée qu'elle échouera... alors autant dégager ce temps supplémentaire pour le combat. Mais Mikami y verrait un immense gâchis. Rien ne dit que son comportement ne changerait pas. Réellement, il souhaitait vérifier que son ami mette tout autant de conviction dans ce dialogue que dans le reste de son plan.

Une fois ce problème réglé, il faudrait vraiment qu'il rentre dans le détail du discours avec le Yorurai pour que ce dernier ne se l'approprie et puisse en faire une arme redoutable le moment venu.

Mikami était loin d’être idiot et il prenait toute l’ampleur qu’impliquait cette mission… C’était un choix fort, une action qu’il faudrait mener de bout en bout en ne laissant aucune place aux doutes et aux hésitations. Hiko en était conscient, mais il devait faire passer le message au Yorurai car Aokiji serait un adversaire redoutable à n’en pas douter !

« Si nous n’arrivons pas à y aller par voie diplomatique… Il se pourrait qu’Aokiji reste sous la surveillance de la Rébellion pendant un petit moment… »

Hiko était au courant que cette nouvelle ne réjouirait sûrement pas son ami à l’épée, mais avait-il réellement le choix ? Pas vraiment. Aokiji avait pris une décision forte en se ralliant publiquement à l’Empereur, il était temps d’en payer le prix malheureusement.

Mikami reparla ensuite du timing qu’il trouvait vraiment très serré, et surtout l’approche d’intervention en pleine journée. Pourtant cette décision avait été prise de façon unanime par la Rébellion lors de leurs nombreuses réunions pour préparer cette vaste opération. Les risques étaient certes plus élevés, mais les chances de réussite aussi. Il parla ensuite de la façon dont cela allait se dérouler, lorsqu’Aokiji serait conscient qu’Hiko et Mikami seraient les responsables de tout ce qui se passerait. Hiko eut un sourire triste, il fallait s’y attendre. Aokiji les reconnaîtrait, il se sentirait sûrement trahi… Mais après tout, n’était-ce pas lui qui avait trahi le Shûkai en rejoignant le Tyran ?

« Cacher nos identités ne sera pas nécessaires. Cependant personne ne doit nous voir mis à part Aokiji ! »

Hiko avait levé son index en disant ces quelques mots. Il était impératif de passer en toute discrétion avant de rejoindre Aokiji. Seul lui devait être au courant qu’Hiko et Mikami seraient ses « agresseurs ». Le jeune garçon reprit ensuite la parole, l’intensité de la conversation lui donnait chaud malgré le fait qu’il se trouvait dans l’eau fraîche de l’oasis.

« Notre moyen de persuasion présente beaucoup de risque. Il s’agira d’un simple sceau de fuinjutsu que je m’entraîne à effectuer depuis quelques temps déjà. Il n’a absolument aucun effet et aucun pacte n’y est associé. Cependant, je l’ai fait examiner par un expert en fuinjutsu, et ce dernier m’a affirmé qu’on ne pouvait pas déceler que ce sceau était un sceau factice. Il suffira de lui dire que s’il parle, le sceau lui enflammera le cou jusqu’à son extinction… »

Les mots étaient durs. Mais après tout, cela n’était que du bluff et une simple assurance après coup. Car si ce sceau était utilisé, cela voulait dire que les négociations avaient abouti et que les deux garçons avaient réussi. Cependant, le plan final ne changeait pas, même si Aokiji décidait délibérément d’aider la Rébellion, il ne parlerait pas au peuple directement et Mikami irait à sa place.

« Cependant, que cela soit clair. Je ne lui fais absolument pas confiance. Dans tous les cas, tu seras celui qui prendra la parole devant son peuple. Aokiji viendra avec nous dans tous les cas, se soumettre à des tests pour être sûr qu’il tiendra sa langue. »

Hiko sourit tristement lorsqu’il entendit les paroles de Mikami. Ce dernier avait bien compris que la diplomatie ne servirait sûrement à rien. Et Hiko savait que le fait de l’inclure pourrait se révéler être à double tranchant. Il le regarda, le jaugea du regard et se prépara à prononcer des paroles qu’il serait sûrement sur le point de regretter.

« Nous le sensibiliserons sur tous les petits villages délaissés par l’Empire, sur le fait qu’il n’est qu’un pion que l’Empereur n’hésitera pas à sacrifier, que l’Empereur a déjà proclamé plus d’assassinats qu’aucune autre personne ne l’avait fait avant lui… Je continue ? »

Le ton était dur. Hiko était énervé rien qu’en pensant à tout ce qu’avait accompli le Vieillard. C’est pourquoi il était aussi déterminé à aller jusqu’au bout.

« Je ne vais pas te mentir. Je juge le combat inévitable avec Aokiji. Et je n’hésiterai pas, mes gestes seront assurés, je n’ai pas l’ombre d’un doute. Et j’ai besoin que tu n’en aies aucun aussi. S’il t’arrive de douter, ce sera sûrement l’instant d’hésitation qui fera que nous perdrons le combat. »

Le jeune garçon le regardait avec un regard des plus intenses. Les intentions étaient claires et il était encore temps de faire demi-tour pour Mikami. Cependant, s’il acceptait de poursuivre sur cette voie, il fallait que sa lame ne montre aucun signe d’hésitation. Sinon c’était la mort assurée car Aokiji lui, n’hésiterait pas.

Si Mikami acceptait, Hiko lui exposerait alors le discours qu’il serait chargé de délivrer au peuple de Tori et à l’ensemble de l’Empire. Si ce n’était pas le cas, c’est le moment où les deux shinobis du Shûkai prendraient des chemins différents et se quitteraient.

Un temps sous la surveillance de la rébellion... jusqu'à ce qu'on ne le retrouve dans un fossé. Jeté comme un poids mort que l'on ne peut plus se permettre de porter ou de relâcher dans la nature. C'était le genre de scénario le plus plausible malheureusement. Il fallait se rendre à l'évidence, les rebelles ne garderaient par le faisan bleu longtemps à leur pied et ce dernier garderait bien plus longtemps la rancœur de cette trahison au fond de lui. Un jour quelqu'un se rendrait compte qu'il devrait mourir. Ce, sans compter sur la volonté du Samui ou d'un tiers quelconque, traître aux traîtres. Forcé de garder le silence ? Peu d'Hommes tiennent bien longtemps dans cette situation... la tranquillité au long terme de la rébellion ne reposait que sur l'audace, la détermination, et le sens du sacrifice d'Aokiji.

Ce qui était marrant, du moins sûrement pour une personne qui n'aurait pas à se mêler de cette affaire. Était que sa surveillance ne pourrait être trop étroite pour ne pas éveiller de doute sur l'efficacité du sceau. Les plus grandes chaînes qui retiendraient le gouverneur seraient celle que le Sairyo aurait réussi à lier à l'intérieur de son esprit ; restait à voir, un jour ou l'autre, lesquelles s'avéreraient les plus solides...

Mikami finit par se voir en quelques sortes... rassuré, de pouvoir s'en donner à cœur joie sur Aokiji. Si ce dernier devait être blessé, aucune de ses plaies n'entacherait le déroulement du discours que le Yorurai allait prononcer...

* Merde. *

Car ce serait à lui de faire attention de ne pas ressortir trop blessé et ça, c'était une véritable plaie. Entre autres pensées, notées, triées, analysées dans un coin de sa tête, l'amnésique laissa Hiko finir son argumentation sans y interférer. Le garçon avait prévu une couverture pour chaque situations qu'il avait volontairement limitées, gardant ainsi toute la maîtrise de l'opération. Le seul point d'accroc était alors le silence d'Aokiji, garanti par un artifice annoncé comme indétectable. Toute vérité finissait par éclater. Encore faudrait-il qu'elle le fasse à temps.

Pour ces faits, Mikami aurait facilement dit à Hiko qu'il fonçait droit dans le mur. L'aurait-il laissé y aller tout seul pour autant ? Ç'aurait été indigne de la promesse qu'il lui avait faite à peine quelques courtes minutes plus tôt. Et de toute façon... il n'y avait aucun intérêt à suivre un plan trop bien ficelé. D'une part ça n'avait que très peu de charme, et d'une autre il était facile de s'y retrouver empêtré au moindre imprévu. L'inverse... était le secteur d'activité de l'amnésique. S'il doutait... ?

- Peu importe tout ce que l'on pourra planifié, il est impossible d'être vraiment fixé sur le déroulement et la finalité de l'opération. Allons-y, et engageons toute notre force.

(#) Sujet: Re: Coup de pouce Jeu 3 Mar 2016 - 8:45

Le message semblait avoir accroché l’interlocuteur du jeune garçon. Bien qu’il ne montre pas de signes très encourageants, Hiko était sûr qu’il ne lui ferait pas faux bon et qu’il pourrait compter sur lui. Hiko avait confiance en Mikami, et cette confiance était réciproque. Le Yorurai avait certes émis quelques objections, mais il s’était finalement rangé du côté de l’enfant aux cheveux blancs. Que ce soit par conviction ou simplement parce qu’il était son ami, le résultat restait le même et ils se rendraient tous deux à Tori no kuni une fois l’examen chuunin terminé.

Hiko profita de ce moment de calme pour plonger ses deux bras dans l’eau fraîche dans laquelle il était assis. Il prit alors appuis sur ses bras, faisant ainsi reposer ses muscles dorsaux. La sensation était agréable et la chaleur du désert se faisait presque oubliée au profit de la fraîcheur aqueuse. Hiko adorait ce genre de moments, il tentait au maximum d’en profiter. C’est ainsi qu’il se laissa porter par le flot de ses pensées et qu’il réfléchit aux différentes échéances qui allaient bientôt s’imposer à lui.

Tout d’abord, la phase finale de l’examen chuunin qui représentait un tournoi. Un tournoi, voilà bien une épreuve dont laquelle se serait volontiers passé l’enfant aux cheveux blancs. Le combat en un contre un n’était pas réellement sa spécialité, bien qu’il se soit radicalement amélioré dans ce domaine. A son arrivée au Shûkai, Hiko n’était qu’un bambin qui n’avait pour seules capacités que la détection ainsi que la dissimulation et la discrétion. Il était alors incapable de faire le moindre mal, même à une mouche. Aujourd’hui ce n’était plus le cas, et il pouvait rivaliser avec certains shinobis grâce à la maîtrise qu’il a obtenue du ninjutsu après de multiples entraînements. Cependant, il devait tenir son rang, il avait déjà le grade de chuunin et il pouvait donc compter sur son expérience dans ce domaine-là… Il fallait juste espérer que cela suffise !

Et l’échéance la plus dangereuse serait l’attaque qu’ils feraient sur Aokiji. Hiko savait qu’il devait se réserver et ne pas montrer toutes ses capacités lors de l’examen, cela ne jouait clairement pas en sa faveur. Ce fut donc pourquoi il décida qu’il ne se brusquerait pas trop durant la dernière épreuve. Cependant, il était loin de se douter qu’une Rébellion se formerait et qu’il devrait affronter une shinobi d’un niveau tel qu’il n’en avait jamais rencontré.

Mais dans tous les cas, il était temps de rentrer car leur discussion était terminée avec Mikami. Il le regarda avec un sourire avant de sortir de l’eau pour rejoindre la terre ferme, il sentit tout de suite la vague de chaleur s’abattre sur lui et ses vêtements ne tarderaient sûrement pas à sécher dans les minutes à venir.

« Bon allez, il faut que je sois en forme pour la dernière épreuve si je veux gagner ! »

L’enfant sourit et fit un clin d’œil au Yorurai. Ce dernier devait sûrement se douter qu’Hiko n’en avait rien à faire mais il souhaitait cependant être en forme pour la prochaine échéance qui serait d’autant plus ardue… Celle de battre Aokiji en combat, car oui, il y aurait sûrement combat.

Mikami vit donc la petite silhouette de l’enfant disparaître dans des vagues de mirages provoquées par la chaleur s’exfiltrant de la terre désolée du désert.

Hrp:

**Contenu sponsorisé** Informations

» Lutin Senile et Jeune Pouce [Pv : Hojo]
» Coup de foudre ?
» 15. En coup de vent
» Demande d'un coup de main !
» Un coup pour rien [Aku?]

Coup de pouce

Coup de pouce

Sujets similaires

Sujets similaires