Kawa no Kuni. J'avais pas trop envie de traîner ici. J'étais toujours en fuite, 'fallait pas l'oublier... A moins de me trouver une planque tranquille ici. En fait, j'avais une petite idée, mais il fallait creuser l'idée. En fait, je me disais que ça faisait sans doutes un peu cliché ce genre de cachettes, mais je pouvais tenter le coup. Dans un zone de casinos, remplie de tripots et de fripouilles en tous genres. Là, dans ce type de coupe-gorges, je ne risquais pas beaucoup de croiser des Shinobis en mission...
J'avais raison. Aucun danger dans le coin. J'allais pouvoir me détendre un peu. Pour une fois... Enfin, je devais quand même rester un minimum sur mes gardes. Après tout, les fréquentations dans le coin n'étaient pas des plus recommandables. Je devais faire attention à ne pas tomber sur un gang ou sur des ivrognes... Autant me poser dans un bar pour me détendre un peu avant de repartir. De toutes façons, j'avais de l'avance sur mes poursuivants, alors je pouvais m'arrêter un peu. Juste un peu par contre... A moins que... Nan, je crois que j'allais rester un moment en fait.
Oui, je venais d'apercevoir une demoiselle. Une charmante demoiselle, seule à sa table. J'avais peut être une occasion d'avoir de la compagnie. Boire un verre en si charmante compagnie, voilà qui me plairait. Enfin... Je devais tenter. Je m'approchais et m'installais en face d'elle avant d'entamer la conversation.
Euh, puis-je m'installer ici mademoiselle ? Vous aviez l'air un peu seule, alors je me suis permis de venir vous tenir compagnie...
Le problème, c'est que je n'avais aucune idée de ce qui allait se passer ensuite. Et jamais je n'aurais pu imaginer la suite... Non, jamais...
Un soupir de bien être s’échappa de mes lèvres alors que l’eau s’écoulait le long de mon visage. Amenant mes mains remplies de liquide rafraichissant, je m’aspergeais une nouvelle fois. Ensuite mes paumes rencontrèrent le marbre et mes doigts se resserrent sur la surface plane. Je tentais de me donner du courage, rassemblant mes forces. Mes paupières closes, s’ouvrirent afin de me faire face dans le miroir. Ma peau avait reprit un peu de couleur même si elle restait naturellement blanche, sans aucun maquillage. Heureusement d’ailleurs, vu la façon dont je venais d’envoyer de l’eau, le spectacle ne serait pas très beau à contempler.
Je sentais que mon front était brulant et ma vue se troubler un peu mais je chassai rapidement ses sensations. Je ne pouvais pas me permettre de flancher, surtout pas aujourd’hui. Même si mon corps faisait en sorte que je fuis ce jour, je tenais bon. J’avais fait une promesse et je la tiendrai aussi longtemps que le destin et les différentes divinités me le permettrait. Après tout ce n’était qu’un seul et unique jour par mois.
Je décidais de repasser une dernière fois du précieux liquide avant d’y retourner. J’étais prête à dessiner un sourire sur mon visage et laisser une fausse bonne humeur s’emparer de mon être. Cependant, je me redressais rapidement, alors que mes oreilles restaient à l’affut. Un frisson glacé ne tarda pas à me traverser l’échine. Un coup de poignard élu domicile dans mes entrailles alors que j’entendais pour une seconde fois un long hurlement. Et ce n’était pas n’importe quel cri.
Ne prenant pas soin de refermer le robinet et laissant le liquide de vie s’écouler, je me précipitais vers l’extérieur. Poussant la porte d’un mouvement sec, celle-ci battit plusieurs fois dans mon dos, cependant je n’y faisais pas attention. Mes yeux cherchaient la personne qui venait de s’exprimer par la frayeur mais surtout la cause de celle-ci. Mes orbes ne balayèrent pas la salle, je savais très bien où regarder.
A une table un peu en retrait, il y avait une somptueuse jeune femme à la chevelure rousse. Elle portait une petite robe verte ainsi que dorée, serrée au niveau de la poitrine. Elle secouait la tête de gauche à droit dans un cri sans fin, se débattant contre le vide. Je compris rapidement qu’elle essayait de frapper son voisin de table, même si elle n’y arrivait pas à cause de ses paupières fermée. Sans attendre plus longtemps, je rejoins celle-ci ainsi que son assaillant. Je fis apparaître un long morceau de tissus et s’enroula autour de la gorge du jeune homme, tenant solidement les deux bout, prête à lui faire subir une mort lente et très douloureuse.
-« Je vous conseille de reculé et de la laisser tranquille » Déclarais-je d’une voix acide en resserrant mon étreinte alors que je faisais un pas en arrière.
Cependant, mes doigts se desserrent contre mon gré alors que je recevais par automatisme la forme qui venait de se lover dans mon giron. La rapidité et la force de l’action me fit tomber à la renverser, aussi surement que l’importun qui reprenait sa respiration.
-« C’est fini Yume-chan, c’est fini. » Murmurais-je avec la plus douceur possible dans ma voix alors que passais ma main droite dans ses cheveux et essayait de la bercée doucement, tandis qu’elle éclatait de sanglot dans mes bras.
-« Qu’est ce que vous lui avez fait ? » Demandais-je d’un ton cassant à l’homme alors que j’essayais de l’apaiser du mieux que je pouvais. –« Cela vous plait de terroriser une enfant ? »
Ouah ! C'tait quoi cette embrouille là d'un coup ? J'étouffais. Et même si je persistais à me débattre, le morceau de tissu était bien serré autour de mon cou. Nan, j'allais pas crever aussi bêtement, pas comme ça ! J'avais pas échappé à mes poursuivants de Kiri autant de temps pour me retrouver à finir comme ça ! Pas question ! J'vais pas me laisser faire ! Je commençais à effectuer mes mudras, prêt à brûler le bâtiment tout entier s'il le fallait. Tant pis pour eux, si j'avais été en sécurité, ils l'auraient été aussi, mais là, c'est ma vie qui se jouait, alors tant pis si je devais sacrifier la leur... Enfin, c'était mon intention. Seulement, je fus alors tiré en arrière, tombant alors que l'étreinte se relâchait.
Je me redressais rapidement avant de regarder mon agresseur. Une jeune femme. Nan ? Sérieusement ? J'avais failli me faire tuer par cette fille ? Bordel, 'fallait que je sois plus prudent à l'avenir. Moi qui pensais pouvoir être un peu tranquille, je rêvais... Toujours est-il que j'avais rien compris à ce qui venait de se passer. Pourquoi elles avaient pété un cable comme ça, ces deux là ? J'étais vraiment largué... Une enfant ? Elle allait devoir m'expliquer tout ça...
J'ai pas tout suivi là, j'me suis juste approché en lui demandant si je pouvais m'installer avec elle ! Et puis c'est quoi cette histoire ? C'est pas une enfant !
Je serrais le poing. Si elle n'avait pas une bonne explication, je risquais fort de lui en coller une... Ouais, ça se fait pas de frapper une femme, mais là, ça me démangeait sérieusement.
Je passais ma main droite dans la longue chevelure rousse de la demoiselle qui s’était lovée dans mon giron. Mon corps se balançait par automatisme afin de la bercée et de l’apaisée au maximum alors que je pouvais sentir sous mes doigts son corps trembler. Plus de peur que de mal, comme disait le dicton. Cependant l’attitude agressive du jeune homme n’aidait pas à la calmer. Je ne le blâmais pas pour cette aura, après tout, j’avais quand même tenté de l’étrangler.
Me redressant et mettant ma main gauche sur le sol, j’appuyais tous le poids de nos deux corps sur mon poignet afin de nous relever toute les deux en même temps. Je ne grimaçai pas de douleur face à l’effort mais je n’en pensai pas moins. Parce que mine de rien, même si j’avais la sensation d’avoir une enfant de cinq ou six ans dans les bras, elle ne les avait pas, comme le démontrait sa plastique mais surtout son poids. Déposant mon imposant colis sur la chaise qu’elle venait de quitter, je me retournais pour face au jeune adulte. Mon corps faisait rempart entre elle et lui, cependant, je pouvais toujours senti la tension qui chargeait ses épaules alors qu’elle cachait son visage dans ses mains.
-« Calmez-vous ou je vous attache ! » Ordonnais-je d’une voix froide alors que je gardais un œil en coin sur Yume pour être certaine que cet épisode ne se change définitivement pas en crise.
-« Elle a besoin d’un environnement calme et non hostile et vous ne l’aidez pas avec votre attitude ! » Continuais-je pour lui prouver que j’étais bien décidé à utiliser mes capacités pour obtenir gain de cause. Même s’il devait être sur ses gardes à présent, ma précédente action, prouvais que je ne ferai pas de demi-mesure.
Gardant un soupir sur le bord de mes lèvres, mon attitude restait parfaitement calme ce qui tranchait avec ma voix qui était froide et sec. Cependant même si elle pouvait percevoir un peu de la tension dans le ton, elle ne pouvait pas comprendre les mots. Ainsi, je choisi d’expliquer en quelques mots, pourquoi cet homme avait failli mourir. Prenant une voix moins cassante sans pour autant être douce.
-« La jeune femme que vous voyez devant vous, souffre d’une maladie mentale, son comportement et son esprit est celui d’une enfant de cinq ou six ans. »
Ils sont marrants eux... C'est toujours pareil, les gens pensent toujours que les autres doivent être au courant de tout, alors qu'eux même ne savent rien... Ca me gonfle... Enfin bref, ça m'avançais à rien, même si je comprenais le comportement de la jeune femme, ça ne faisait pas avancer les choses. Et puis, je n'avais franchement pas envie d'aller m'excuser... Surtout vu ce qu'elle m'avait fait... Elle avait failli me tuer quoi. Elle avait voulu m'étrangler. Et il faudrait qu'en plus j'aille m'excuser ? Dans ses rêves. Hors de question quoi...
C'est vrai que j'suis sensé être au courant de la vie de chaque individu à chaque endroit où je passe... C'est toujours tellement simple de tout rejeter sur les autres plutôt que d'accepter ses responsabilités...
Enfin, ça m'allait bien de leur faire la morale, moi qui refusait de lui présenter des excuses décentes. Ouais, j'allais pas leur tenir rigueur à jamais, 'fallait pas éxagérer non plus. J'étais plus un gosse, je pouvais faire un effort quand même. Je soupirais un bon coup, me passant la main dans les cheveux, geste nerveux, avant de reprendre la parole.
Bon, okay, désolé, j'l'ai peut être un peu brusquée... C'est ma faute, excusez moi.
A ces mots, je tournais les talons et commençais à m'éloigner. J'avais plus grand chose à leur dire de toutes façons. Ouais, pour moi tout était dit, alors j'avais plus rien à faire ici... Je sortais de ma poche un étui de chewing-gum, en sortant une paire que j'enfournais, commençant à mâchonner les sucreries. Ouais, j'avais décidé que ce serait mieux que de continuer à fumer. J'préférais encore mâcher ça que de me pourrir les poumons. Je formais rapidement une bulle qui éclata alors que je m'apprêtais à sortir du bar...