L'hypocrisie était aisément décelable dans chacune des lignes écrites par l'Empereur. Cela en devenait presque grotesque. Au comble de l'ironie ce dernier se permettait de se moquer de nous sans réaliser l'ampleur de la situation. Visiblement il nous serait nécessaire de nous entretenir directement avec lui afin de remettre certaine idée en ordre. Et si cela ne suffisait pas nous n'aurions d'autre choix que d'intervenir avec beaucoup moins de délicatesse.

Mon rôle en tant que conseillère était uniquement condensé à la défense et non à l'attaque. Pourtant de nombreuses idées germaient déjà dans mon esprit. En somme de quoi apporter une belle piqûre de rappel au Kamui en plus de lui faire considérer notre point de vu avec davantage de sérieux.

-Votre Empereur ne semble pas comprendre l'état actuel de la situation. Qui plus cela étant ses agissements contredisent les idéaux que vous essayez de faire passer. Votre objectif dépasse de loin le désir de pacifier Mizu de sa vermine. En effet il est désormais question d'annexion et de conquête. En partant de là, les craintes que nous avons précédemment émit quant à cette initiative n'est que renforcée.

Une Alliance ? Si nous ne faisions rien notre flanc maritime allait être directement exposé à l'Empire. Nous ne pouvions nous permettre cela. Si ce n'était pas dans un avenir proche mais lointain, alors qu'une éventuelle guerre serait déclaré, perdre Odaichi face à l'ennemi mènerait à la ruine de Kaze. Nous devions donc intervenir tant que nous en avions les moyens.

-Comprenez l'importance de la situation Yuki-sama. Nous ne cherchons nullement à en venir au conflit, cependant face à ces événements que nous pouvons considérer comme une menace éminente pour Kaze nous serons dans l'obligation de prendre les mesures adaptées si aucune concession n'est faites venant de votre parti.

D'un point de vu économique Kaze était la nation la plus amoindri parmi les grandes, mais d'un point de vu géographique et technique, nous étions certainement les plus avantagés. Et cela, une fois de plus, le Kamui ne semblait pas le réaliser. Le besoin de mettre un terme au projet de mon père se faisait d'autant plus sentir. Mon choix était fait à ce niveau là. Je protégerai les intérêts de Suna quoi qu'il m'en coûte. Toujours aussi strict, les mains croisés devant mes lèvres je parlais d'un ton glacial empreint d'autorité.

-Tâchez également de rappeler à l'Empereur à qui il s'adresse. Une attitude aussi condescendante ne joue pas en faveur de sa crédulité. Nous ne sommes en aucun cas des amateurs et si nous proférons ces exigences ce n'est pas de façon anodine. Votre Empire semble déjà parvenu à se mettre à dos le Pays des Nuages. Il serait problématique que vos relations avec le Vent se dégradent.

L'Empire était venu à nous pour quérir une alliance. Il repartirai avec des menaces dissimulées. Et ce dernier aurait tout à perdre en refusant d'accéder à notre requête. Je laissai écoulé un long silence afin de laisser à la Samui le temps d'assimiler les faits. De son côté Kioshi écrivait la lettre qu'il adresserait directement au Kamui. Mon précédent monologue n'avait pas uniquement été de mon fait. Moi et le Yamada avions longuement discuté de la situation avant d'en arriver là.

-Pour en revenir à votre situation. Pourriez-vous nous dire que ce que vous comptez faire exactement à Konoha ? Vous nous parlez de rejoindre votre terre natal alors que le Feu est votre prochaine destination. N'est-ce pas ?

Je n'avais absolument rien contre cette femme qui jouait son rôle du mieux qu'elle pouvait au vu des circonstances. Hors l'alliance économique que nous avions prévu de conclure avec Konoha était un élément essentiel au renouveau de notre nation.

Lettre à l'empereur a écrit:

A l’Empereur Samui Kakeshuou,

Je tiens tout d’abord à vous remercier de l’attention que vous nous portez et de l’initiative d’avoir envoyé une émissaire pour entamer la discussion avec nous. L’effort consacré au dialogue et à la diplomatie me touche. Je souhaite également vous remercier d’avoir accueilli mon élève Kibõ sous votre aile. Mais là n’est pas le sujet de cette lettre.

Je suis bien au fait de la dernière guerre. J’y ai combattu. Cependant, représentez-vous un village ou un empire ? La taille n’est pas la même. Vous souhaitez faire entrer Mizu no Kuni dans la catégorie des Nations Neutres. Pourtant, son centre névralgique, Kiri, était tout sauf neutre. C’était les armes et non la parole qui faisait agrandir son territoire.

Certes, nous nous sommes alliés à Kiri dans le cadre d’une guerre. Mais là, vous nous demandez une alliance sur un support de paix. Et tandis que nous devons demeurer paisiblement chez nous en vous laissant faire, votre empire ne cesse de croître. Avec cet archipel, l’empire qui s’est vu naître dans des circonstances plus que douteuses se retrouvera à la fois au nord de notre pays, et au sud à travers l’océan.

Pardonnez notre méfiance, mais les mésaventures de Suna nous poussent à croire qu’un bout de papier ne suffit pas à faire confiance. Votre compromis ne me satisfait pas grandement. Il s’agit d’une assurance à un point précis dans le temps. Tout ce que nous demandons est l’assurance que notre potentiel allié ne prévoit pas de nous attaquer dans le dos. Est-ce vraiment une demande illégitime ?

Le contrôle des mers ne nous intéresse pas, tout comme aucune autre île ne nous attire. Nous ne voulons pas nous immiscer dans la politique de Mizu no Kuni non plus. Uniquement y placer un petit avant-poste pour avoir un point de vu extérieur de ce qui s’y produit. Notamment si l’effectif militaire double de volume tout à coup, ou si les navires s’apprêtent à prendre la mer tous en même temps…

Vous prêchez la paix mais vous trouvez incompréhensible notre demande ? Il ne s’agit que d’une preuve pour nous assurer que nous sommes bien en paix. Le doute et la méfiance ne font pas bon ménage, à moins que vous ne voulez arroser la graine de la prochaine tempête.

Mais il semblerait que le débat ne puisse pas avancer par ce biais. Aussi, je souhaite vous inviter, vous et le Shukai, à un futur examen Chunin qui aura lieu à Kaze no Kuni. Vous n’aurez donc même pas à envoyer Yuki à Konoha, car ces derniers sont également invités. Nous pourrons donc reprendre cette conversation à ce moment. Si toute fois vous daignerez nous faire l’honneur de votre présence.

Cordialement,
Yamada Kioshi.