Le Taisa relisait une nouvelle fois le dossier qui lui avait été confié au Palais Impérial. Une missive des plus intéressantes. Enfin tout dépend de qui recevait la chose. En ce qui concernait le sabreur, il n’y voyait qu’un poids. Il ne comprenait pas la décision des hautes instances de lui imposer une telle tâche.

Certes le statut de Taichou lui conférait des droits mais également des devoirs. Et l’un d’eux était la formation d’un Heichi pour qu’il puisse devenir un fidèle soldat de l’Empire. Le dossier était bref, se concentrant plus sur la mission qui incombait à Fuka. Il jeta le tas de papiers sur le banc sur lequel il était assis. Les terrains d’entraînement étaient moins peuplés que d’habitude. Il faut dire que le Shûkai n’avait cessé de se manifester en dehors de ses frontières. Entre la conquête de Mizu no kuni et l’intervention au pays de Ki, le jeune homme avait suivi les mouvements de troupe en fonction des ordres. Le fait de devoir constamment bouger ne le dérangeait absolument pas. Il ne pouvait en dire autant sur cette fonction de senseï. Il ne s’en sentait ni l’âme ni l’envie.

Soufflant dans sa barbe inexistante, il regarda les quelques passants qui traînaient dans la rue à proximité. Samehada se trouvait à ses côtés, posée contre le banc. Quelques badauds s’arrêtaient légèrement lorsqu’ils voyaient l’anormale proportion de l’épée. Des regards inquisiteurs qui ne gênaient plus Fuka depuis le temps. Le spectacle était encore plus impressionnant lorsqu’un gringalet comme lui portait une telle lame sur le dos. On pouvait croire que la chose allait l’écraser. Et pourtant cela ne l’empêchait pas de remplir son devoir.

Reprenant finalement le dossier, il regarda la photo de celui qu’il devrait former. Une tête à faire peur. Il ne risquait pas de s’ennuyer avec un tel numéro. Il verrait bien ce que ça donne. Samehada se manifestait déjà sur le sujet :

- Si ça t’ennuie vraiment, je peux m’en charger en un coup ! Gi ! Gi ! Gi !

Le Taisa ne releva même pas la remarque. Trop habitué aux quolibets de l’arme, il se contenta de la saisir en même temps qu’il se levait. Il commença à s’avancer vers l’aire de combat où il décrivit quelques mouvements basiques avec sa fidèle compagne. Les gestes étaient précis, presque mécaniques car trop souvent répétés. Une forme d’échauffement qu’il avait développé avant de pouvoir passer aux choses sérieuses. En attendant son invité, cela ne lui coûtait rien de se maintenir en forme. Il ignorait encore parfaitement comment il allait s’y prendre. Il verrait au feeling ainsi qu’avec le temps. Il se passa une petite demi-heure pendant laquelle il exécuta quelques enchaînements en augmentant progressivement la cadence. Il termina par un combo complexe qu’il tentait de mettre au point. Il sentait qu’il était proche du résultat escompté. Au moment où il porta le coup fatal par un brutal volte-face, il vit arriver enfin celui qui avait une tête laide à faire peur. Les choses sérieuses allaient commencer…

Il agonisait sous l’étreinte de ma main, solidement attachée à sa gorge. Je vous replace dans le contexte. Alors que le corps dormait tranquillement, Pique réveilla tout le monde en sursaut, un homme venait de pénétrer dans la demeure qui serait désormais la notre au sein du Shukai. Je n’étais pas encore très familiarisé avec les coutumes de ce pays, mais je doutais fortement que l’effraction d’une maison en était une. Il subirait donc mon courroux, ou devrais-je plutôt dire ma sentence. En le voyant, celui-ci fut surpris et sursauta, ce fut encore plus le cas lorsque d’une triple main je l’attrapais par la gorge alors que je le soulevais dans le même temps du sol. D’autres bras immobilisèrent ses jambes et ses bras afin qu’il ne puisse pas répliquer. L’homme ployais sous ma force alors que je sentais son cœur accélérer d’autant sur son souffle lui diminuait. Mourir étranglé, quelle mort complètement et totalement stupide..

Cependant, alors que sa mort était proche et que le visage de l’homme virait au bleu, un autre bras sortit de mon ventre allant frapper directement dans l’intérieur du coude. Par réflexe, le bras relâcha son étreinte et l’homme tomba sur le sol en reprenant de grandes bouffées d’air en se tenant la gorge. Pendant quelques secondes il se tint la gorge avant de se lever et de partir en courant en insultant l’arbre de tous les noms qu’il connaissait. « Carreau, à quoi joues-tu ? » demanda Coeur en écoutant que sa raison. Puis nous vîmes alors par terre un parchemin portant le sceau de l’administration du Shukai. Cet homme serait-il donc un simple courtier ? « Qu’importe, cela lui apprendra d’entrer chez les gens sans même frapper. » répondit violemment Pique avant que le corps de ne penche pour attraper cette lettre. Ouvrant le sceau, je le dépliais.

« Chère Hisagi ! Mon Dieu qu’est ce que j’ai en horreur quand ils nous appellent comment ça. Qui donc a eu cette idée de merde d’appeler le Yokai Hisagi ? Si c’est pas un nom de merde ça ? S’énerva encore une fois Pique. C’était soit ça soit le nom du chef du Yokai. Et je ne pense pas que tu aurais aimé qu’on t’appelles Cœur.. Répondit Carreau. Ouais c’est pas faux. Bref continuons. Vous êtes dès lors lecture de cette lettre convoqué sur le terrain d’entraînement numéro on s’en branle avec le dénommé Taisa Fuka demain matin. »

Qu’est ce que c’était que ça ? Cœur se contenta de replier le parchemin en le posant sur le bureau alors que d’innombrables questions vinrent dans son esprit. Mais la possibilité la plausible était que son entraînement militaire allait enfin pouvoir débuter. Ce dit Empereur ne mentait pas sur la question militaire visiblement. Ce serait une bonne chose. J’espérais seulement qu’il était d’une puissance généreuse. A vrai dire, bien que nous étions toujours tous en désaccord, nous partagions un seul idéal commun : la force. Nous pouvons suivre la force, nous pouvons sentir la force, nous sommes le force. Rejoins-nous dans le côté obsc.. « Ooooh Cœur ? Tu fou quoi avec la narration là ? » Oh pardon, effectivement je m’égare. Nous verrons bien ça demain matin.

Le lendemain matin, alors que je marchais en direction de ce dit terrain d’entraînement à la rencontre de ce Taisa Fuka, je trouvais que mes autres jeux de cartes étaient étrangement muettes, comme s’ils étaient tous concentrés sur ce qui nous attendait. Nous ne nous étions pas concertés ni hier soir ni ce matin, mais nous pensions bien que l’un des deux hommes perdraient un bon nombre de dents. Et étrangement, j’espérais que ce soit moi, enfin nous. Pourquoi ? La raison est toute simple, que ferais-je ici si j’étais déjà le plus puissant homme au sein de cet Empire ? Absolument rien. Une chose était certaine, du sang coulerait. Mais lequel ?

C’est alors que nous vîmes cet homme, effectuant des girouettes pirouettes avec une épée bien plus massive que lui. Il dansait avec son épée qui n’était pas commode. De couleur bleu, massive, avec des écailles.. « C’est quoi son truc ? Il a tué un hareng pour se faire une épée ? Se moqua alors Trèfle. Ferme ta gueule maintenant » répondit Pique violemment. Lorsqu’il vit notre présence, il s’arrêta nette et ne prononça pas un mot alors que j’avançais en sa direction. C’était sûrement lui, après tout, il n’y avait aucun autre clanpin dans les parages. En arrivant vers lui, je nous présentais.

« Je me nomme Cœur, et voici Trèfle et Pique. »

L’énergumène était encore plus originale que la tronche qu’il arborait. Fuka lui jeta un rapide regard de haut en bas. Il avait appris à ne pas trop juger à la dégaine mais c’était parfois difficile. Souvenir de sa première rencontre avec Hiko étant le meilleur exemple qui soit ! Le Taisa avait beau tout faire pour tenter de respecter ce principe, il ne pouvait s’empêcher de penser que ce type était ce que l’on appelait un original. Autant sur le côté vestimentaire que psychologique car il commença par se présenter.

Non pas que des présentations soient choses exceptionnelles en ce monde mais la tournure de celle de son interlocuteur était plus que curieuse. La photo du dossier correspondait avec sa tête. Pourtant, au lieu de se présenter sous le nom de Jinmenju Hisagi, il prétendit s’appeler Cœur. Non seulement il s’agissait d’un prénom peu commun mais le pire fut lorsqu’il présenta deux autres personnes. Pique et Trèfle, à ce qu’il disait. Mais mise à part eux deux, le terrain d’entraînement était vide alors de qui pouvait-il parler ?! En plus d’être obsédé par les jeux de carte, ce type semblait avoir un ou deux problèmes là-haut.

Un peu d’originalité n’impressionnait pas Fuka pour autant. Avec son passé et ses capacités, il était bien mal placé pour parler de ça. Il rangea donc Samehada sur son dos, attachée à une solide sangle alors qu’il prenait lui aussi la parole :

- Euh…d’accord. Je me nomme Taisa Fuka et je suis chargé de t’entraîner.

Fuka n’avait pas prononcé le mot « senseï », n’étant lui-même pas encore fait à cette idée. D’autant plus qu’il voyait déjà les ennuis se profiler avec un tel cas dans les pattes. Il tâcha cependant d’agir le plus professionnellement parlant. Il s’en retourna au banc à proximité où il avait laissé son dossier et il revint avec, le nez plongé dedans. Sa voix se fit de nouveau entendre alors qu’il parcourait la feuille d’informations des yeux :

- Néanmoins il semble y avoir une erreur quelque part. Ton nom ne figure aucunement sur cette feuille. La photo correspond mais tu as l’air enregistré sous le nom de Jinmenju Hisagi.

Le regard du Taisa en revint donc à celui qui se tenait face à lui. D’un coup, un affreux doute se saisit de lui. Il avait peut-être agi trop hâtivement en se présentant. Et si cet homme face à lui était un imposteur ? Une infiltration en plein Shûkai pour atteindre un gradé ? Mais pourquoi Fuka ? ça n’avait pas de sens ! C’était à n’y rien comprendre. Mais quitte à en être sûr, et par précaution, Fuka demanda alors :

- A moins que tu ne sois qu’un misérable imposteur ayant décidé de remplacer celui que je suis censé retrouver ici.

Sa main s’était alors portée de nouveau sur le manche de Samehada. Juste par précaution, encore une fois.

L’homme devant moi semblait tout d’abord étonné de ma présence et encore plus de mon apparence. Le monsieur avec l’épée en hareng se présentait ensuite comme étant nommé Taisa Fuka, chargé de mon entraînement en ce sein jour. Cependant, je ne cessais de remarquer qu’il ne semblait pas vraiment enjoué à l’idée de faire une telle chose. C’était très certainement le seigneur Kakeshouu qui avait demandé à Fuka de m’entraîner, afin de voir ce que je valais et que je gagne en puissance. Il comprenait donc la valeur que j’avais et que j’aurais pour lui. Un tel pouvoir comme le mien, on ne pouvait pas cracher dessus, surtout pour un homme aussi puissant et influent que lui. Mais soit revenons en à notre sujet, ou plutôt à celui qui nous intéresse. Alors que le soleil commençait à briller en cette belle matinée, les rayons vinrent percer le peu de brume due à l’humidité, en se plaçant directement dans mes globes oculaires. Je levais mon bras pour parer les rayons de soleil afin de pouvoir distinguer clairement mon interlocuteur.

Ce dernier s’éloigna alors de quelques pas pour attraper un dossier, certainement le mien envoyé par les sbires de l’empereur. Après l’avoir feuilleté pendant quelques minutes, il se mît alors à râler, comme quoi les noms donnés ne correspondaient pas avec le nom d’Hisagi inscrit sur mon dossier. J’avais forcément envie de répondre que nous ne répondions que peu à ce nom qui servait d’administratif. Mais je savais que si j’ouvrais la bouche maintenant, Pique prendrait le contrôle pour déballer des conneries, donc je me contentais pour le moment de me taire. Mauvaise idée, car ce qu’il venait de prononcer juste après eu le même effet. Il venait de dire que j’étais un misérable imposteur. Quel imbécile. Je laissais donc la main à Pique pour le coup.

Qu’est ce que tu en as à foutre hein ? On t’a dit de m’entraîner, contente toi de faire ton taff non ? Que ce soit moi ou non tu seras payé. Dis-je alors que je venais de prendre le contrôle du Yokai. J’étais de mauvaise humeur encore une fois, et du coup, cette face de hareng allait bouffer de ma poigne. Je me contentais alors de fondre sur lui à toute vitesse, ne laissant dans mon sillage que le sable soulevé par mes pas. Un bon petit coup de poing dans la gueule ça lui ferait du bien je pense. Ce Fuka avait une main posée sur le manche de son immense épée, je devrais donc faire attention à ça lorsque j’allais le frapper. Un petit entraînement matinal, ça ne ferait de mal à personne, comme ça non seulement j’allais me faire la main, mais j’allais aussi pouvoir assouvir ma mauvaise humeur en me défoulant sur quelqu’un. Comme nous étions sur un terrain d’entraînement, le grand manitou ne me fera aucune réflexion. C’était un entraînement monsieur je le jure. I promise !

D’une amabilité à peu près aussi similaire à la beauté de son faciès, la fameuse énergumène se précipita sur Fuka pour le frapper. Ce qui ne faisait que confirmer ses doutes. Ses mots indiquaient seulement un comportement assez enragé. On aurait presque dit qu’un autre avait prononcé ces mots. Ceci dit, vu la tournure des évènements ça n’avait pas vraiment d’intérêt. Il se présentait à lui seulement armé de son petit poing gringalet. Quel assaut ! Le Taisa ne s’en relèverait certainement pas. A moins que…

Profitant de sa main ayant empoigné Samehada, il la tira et elle s’hérissa de ses écailles tranchantes. Il aurait de quoi se régaler avec ça. Il effectua un moulinet du poignet pour venir faire voltiger la lame à proximité de son agresseur. L’arc de cercle décrit par Peau-de-Requin dissuada la face de clown à reculer. Les deux Shukajins étant maintenant séparés, ils purent se jauger, tournant en cercle l’un face à l’autre comme des lions en cage.

Ce type était vraiment atypique. Il avait beaucoup de mal à se faire un avis dessus. Même pas une minute qu’il le connaissait et il lui semblait avoir rencontré plusieurs émotions chez lui. Quelqu’un d’aussi lunatique c’était possible ?! A priori oui. L’heure n’était pas aux questions existencielles semble-t-il. Il ne refusa pas un nouvel assaut. Il se précipita vers lui et les deux opposants s’évitèrent à nouveau. Le coup qu’il avait administré avec Samehada fendit l’air en un léger sifflement. Il avait enchaîné un second par la suite pour éviter une contre-attaque trop brusque. Ce qui n’était pas arrivé finalement.

De nouveau éloignés, l’assaut ne semblait pas concluant. Pour aucun des deux. Tous deux adeptes du Taïjutsu apparemment. Ça promettait. Mais il y avait toujours ce doute qui subsistait chez le Taisa. Etait-il vraiment celui qu’il attendait ? Ses propos semblaient indiquer qu’il était vraiment du Shûkai, mais ce n’était pas clair. Son agressivité faisait qu’il y avait encore une once d’incertitude chez Fuka. Désirant mettre fin à ce sentiment, il brisa le silence tendu régnant depuis quelques secondes :

- Très agréable à ce que je vois. On se serait levé du mauvais pied ce matin ?! Ou bien y a que la vérité qui blesse ?

La grande épée hareng de monsieur Taisa faisait lourdement chié. Son épaisseur et sa taille empêchait Pique et ses frères de s’approcher de Fuka afin de lui administrer un coup en plein dans la gueule. Cependant, ce ne se passerait pas forcément comme ça, il fallait qu’il se défoule et il le ferait ! Il fallait cependant trouver un stratagème digne de ce nom afin de pouvoir réduire la distance, entrer dans le cercle d’action de son épée sans que l’un d’eux ne perde la vie. Et contre toute attente, alors que les deux adversaires se jaugeaient l’un et l’autre en tournant en cercle comme des loups sur une proie, le Taichou ne manquait pas d’irriter Pique en lui lançant des vannes auxquelles lui seul pouvait répondre, et ce, uniquement par la violence. Mais c’est alors qu’une stratégie vint à l’esprit de Pique qui la partageait donc avec ses frères, il était grand temps de partir à la guerre. Non, n’exagérons rien, il était surtout grand temps d’aller se battre, d’aller lui mettre une bonne branlée.

Sans attendre une seconde de plus, Pique se mit à courir en direction de son adversaire avant d’effectuer, à bonne distance, un premier saut. Une fois le maximum de l’altitude atteint, le corps de Trèfle sortit rapidement du Yokai principal en prenant appui sur ses pieds sur le corps en l’air de l’arbre. Se propulsant donc, sa trajectoire avait totalement changé, et rapidement qui plus est, ce qui aurait pour effet de surprendre le Taisa dans ses actions. La trajectoire actuelle était clairement le corps de son « sempai ». Cependant, malgré la rapidité d’action, il aurait tout de même le temps de braquer son hareng en direction de son adversaire du jour. C’était justement pourquoi Carreau était resté en retrait depuis le départ. N’ayant aucune confiance en personne, l’un des quatre frères restait toujours en retrait pour venir aider les autres en cas de pépin. Et c’est ce qui se passait. Tournoyant comme des loups, le Yokai s’était mit à bouger uniquement quand les places furent inversées. Carreau surgit alors de derrière un arbre avant de se faufiler doucement derrière le chef. Il attrapait alors ses bras avant de revenir joindre ses mains derrière son cou pour immobiliser ses bras.

Et voulant absolument réussir à lui administrer ce coup au visage, en pleine trajectoire, ce fut finalement le corps de Pique qui sortit du Yokai pour se propulser une nouvelle fois vers Fuka. Cette double stratégie lui permettrait très certainement de réussir à lui mettre une bonne branlée. Un sourire large et malicieux s’installait sur les quatre faces d’Hisagi alors que sur celle de Fuka, on pouvait y lire la surprise. Quelle serait sa réaction lorsqu’il se prendrait une bonne volée de la part d’un homme qu’il était pourtant censé battre et à qui il devait apprendre des choses ? L’élève avait déjà dépassé le maître ? Et une branlée pour la deux, une !

Les évènements se précipitèrent soudainement. Fuka eut du mal à tout comprendre mais il laissa son instinct de combattant prendre le dessus. Il avait bien observé les mouvements de son adversaire du jour et c’est qui le sauva de la suite. Plusieurs versions du clown qui fait peur s’attaquèrent au Taisa qui avait anticipé le coup en resserrant sa prise sur Samehada.

Le lien entre les deux entités fit partager l’aspect rugueux et écailleux de l’arme. Fuka ressemblait maintenant à une version à pattes de son épée. Les écailles caractéristiques de Peau-de-Requin s’étaient étendues sur l’épiderme du bretteur et le rendait maintenant difficile à attraper. Ainsi, lorsque le fameux Hisagi enchaîna les différentes versions de sa personne pour l’attraper et l’attaquer, il se heurta à cet épineux problème. En plus d’être légèrement blessé à cause de la rugosité de cette armure, il ne put mener à bien son assaut et les deux Shukajins se séparèrent de nouveau pour se fixer.

Cette fois, Fuka souriait. Il avait sa confirmation. L’enchaînement qu’il avait pu observer ne faisait aucun doute. De telles capacités pour se « dédoubler ». Il ne s’agissait pas d’une simple technique de clonage puisqu’une bonne partie s’était jouée à l’intérieur même de l’Heishi qui s’était attaqué à lui. Comme si ses copies sortaient de lui. Une telle compétence n’était possible que pour certaines personnes. Les membres de la famille Jinmenju, placée sous la coupole de l’Empire. Il semblerait donc que le Taisa faisait fausse route depuis le début. Ils s’étaient égarés en échange de coups alors qu’il faisait bien face à celui qu’on lui avait demandé d’épauler et d’entraîner.

Toujours l’arme en main, il relâcha légèrement la tension retenant ses épaules et certains de ses muscles pour finalement ouvrir la bouche :

- Avec de tels pouvoirs, tu ne peux qu’être Hisagi. Navré de cette petite danse mais comme tu ne te montrais pas très coopératif, je devais m’assurer que tu étais bien celui que tu prétendais.

Fallait-il encore qu’il lui facilite la tâche. S’il s’était présenté dès le début sous son nom d’état civil, cela se serait passé autrement. Mais cela n’avait aucune espèce d’importance maintenant qu’il était sûr de son interlocuteur. Ils n’avaient pas bougés pour autant. Face au tempérament de ce jeune homme, Fuka ne voulait pas prendre le risque de baisser sa garde. Ses aptitudes fourbes pouvaient surprendre même le combattant le plus rusé aux sens les plus aiguisés. Il en allait donc de sa notoriété de ne pas se faire avoir bêtement par un petit stratagème de bas-étage. Samehada se tenait prête à recommencer l’assaut :

- Laisse-moi goûter juste un morceau…

- Toi tu te tais, répliqua Fuka à voix haute.

Il se rendit compte du ridicule de la situation en regardant le Jinmenju. Il s’expliqua immédiatement pour ne pas repartir dans le même échange :

- Pas toi, excuse-moi. Je m’adressais à…oublie.

Fuka se racla la gorge comme pour faire passer plus discrètement cette étrangeté. Au final, il ne valait pas mieux que son interlocuteur en matière de bizarrerie. Il préféra enchaîner pour ne pas finir bloqué en plein moment gênant. Sa voix trancha de nouveau l’air :

- Tu as de bonnes capacités au corps-à-corps. Ton pouvoir doit pas mal t’aider là-dedans. Je comprends mieux pourquoi on m’a demandé de t’entraîner vu comme ça. Tu souhaiterais parfaire cet art ?

Un nouveau sourire vint aimablement éclairer son visage :

- Ou tu préfères qu’on continue de se taper dessus ?

- Oh faites qu’il dise oui ! jubilait Samehada.

Point de vue de Carreau

« Et bien mes frères, il faut croire que nous ne sommes pas les seuls à posséder nos propres démons. Cet homme parle tout seul. Quoi que, je ne sais pas si seul est bien le terme. »

Se mit alors à dire Carreau tout en se tenant la main. Il s’était blessé lors de l’assaut contre le Taisa et son étrange épée qui formait maintenant un tout avec son possesseur et avait un aspect très étrange. Bien entendu, ayant plus de cervelle que de muscle, cet aspect interloquait fortement Carreau et il savait pertinemment que c’était la même chose pour ses trois autres frères. La passion de la science était la seule et unique chose qu’ils partageaient tous ensemble, sinon, absolument rien ne les liait si ce n’était le Yokai en la personne bien aimé de Cœur, l’aîné. En se rassemblant avec ses frères, la tête penchée pour essayer de trouver un sens dans laquelle il fallait regarder cette arme, Carreau était tout de même stupéfait de la puissance qui émanait de cet être qu’ils avaient tous jusque là sous-estimé. Très bon au Taijutsu, et au Kenjutsu, enfin, si l’on pouvait considérer que cette arme répondait bien aux critères d’une épée, ou d’une arme blanche quelconque. Quoi qu’en regardant la plaie sur sa main droite, il comprit bien qu’elle rentrait dans une autre catégorie qu’arme blanche. Elle devait être bien plus destructrice qu’un simple katana tout ce qu’il y avait de plus banal. L’étudier serait une bonne idée, certainement très profitable.

« Je crains Taisa-sempai que vous vous méprenez sur notre compte. Il est vrai effectivement que beaucoup de membres de notre clan ne fonde leur capacités de combattants sur le Taijutsu, car en une attaque, l’on peut aisément frapper plus d’une centaine de fois, mais là n’est pas la principale caractéristique de notre pouvoir. Dit-il avant d’être coupé par Pique qui semblait assez remonté contre cet homme qui leur faisait face. Ces gars-là sont des merdes totales, des déchets pour notre clan.. Dit-il avant qu’un cout silence ne s’installe. Finalement, ce fut Carreau qui reprit la parole, tout en continuant de se tenir la main droite qui saignait assez abondement. Ce que veut dire mon frère est que nous ne dédions pas notre pouvoir au Taijutsu, mais à la science. Vous êtes dans ce cas, excusez moi, mal informé concernant nos réelles capacités. Après, j’imagine qu’il est compliqué de réellement statuer sur nos capacités et nos désirs, avec quatre entités différentes et complètement distinctes. »

Point de vue de Cœur

Carreau avait décidé de prendre la parole et cela ne gênait aucunement Cœur, car il le savait responsable de ses actes et paroles, ou du moins, plus que les deux autres bien évidemment. Pendant ce temps, le principal Yokai des quatre s’était donc contenté d’écouter les dires de son frère tout en observant l’aspect plus qu’étrange de cette épée que maniait avec une extrême finesse l’adversaire du jour des quatre frères. Mais l’attention de Cœur se dirigeait alors vers la main de l’orateur du moment, il saignait, il s’était blessé lors de leur assaut contre le dénomme Fuka. Sortant le bandage de secours qu’il avait toujours dans ses poches ninjas, il se mit alors à prendre délicatement la main de son frère sans que celui-ci n’oppose de résistance avant de faire des tours et encore des tours avec le bandeau blanc qui virait rapidement au rouge avec tout le sang qui coulait dessus. Le bandage était grand et épais donc cela absorberait bien le sang. Il n’avait rien d’autre sous la main malheureusement. Souriant suite aux dernières paroles de son frère qui continuait de parler pendant le bandage, il poursuivit sur les paroles de celui-ci.

« Donc non Monsieur Taisa, combattre au Taijutsu n’est absolument pas notre objectif. Cependant, nous avons un concept, ou une tradition si vous préférez. Nous devons à chaque fois que nous rencontrons quelqu’un le tester, que ce soit physiquement ou psychologiquement afin de savoir à qui nous avons à faire. Pour vous, c’est tombé sur le test physique. Vous avez l’air solide, raison pour laquelle nous avons attaqué sans sommation. Dit-il avec un grand sourire sur le visage. Il se mit à rire avant de regarder le sensei du jour tout en continuant le bandage. Je vous laisse imaginer la pression quand nous avons rencontré l’Empereur. »

Il marquait alors une courte pause tout en serrant le bandage de son frère, décrochant alors un petit rictus de douleur à celui-ci. Lâchant donc la blessure de guerre de Carreau, il tournait les talons en direction de Fuka avant de faire quelques pas vers lui, tout en observant l’épée que possédait toujours le Taisa.

« Nous ne servons et ne respectons que la puissance. Si vous avez quelque chose autre que la Taijutsu à nous enseigner, pourquoi pas. Ou sinon, nous laisser étudier votre épée me semble une bonne chose. » Dit-il avec un sourire large et sincère.

Un tel pouvoir et pas la moindre compétence en Taïjutsu ?! C’était vraiment du beau gâchis. Même si l’énergumène présentait toutes les caractéristiques d’un esprit particulièrement dérangé, certaines facettes de sa personne semblaient plus raisonnées. Il était difficile de comprendre qui était qui et qui parlait de qui mais bon. Là-dessus avec une épée au peau de requin qui vous parle dans la tête, Fuka n’était pas le mieux placé pour parler en effet.

- Ce qui n’empêche que je le boufferais bien lui et ses frangins.

Très mauvaise idée songea le Taisa. Qui sait ce qu’on attraperait à dévorer un pareil personnage. Suite à sa légère déception quant aux compétences du Jinmenju, ce dernier ne se priva pas de lui indiquer qu’il aimait faire passer des tests aux gens qu’il rencontrait. Il semblait ne pas avoir compris le but de cette rencontre. A la base ça c’était le rôle du Taichou ! Mais Hisagi avait semble-t-il remanier cette règle à sa guise. Sûrement en accord, ou pas, avec toutes ses autres personnalités. Il en vint même à conclure sur une proposition plus qu’hilarante qui ne manqua pas d’arracher au bretteur un léger éclat de rire. Le laisser étudier Samehada. Cette dernière grognait déjà à l’idée que cet homme s’approche d’elle pour une autre raison que celle de lui lacérer les chairs et absorber son chakra jusqu’à la dernière goutte :

- Je crois que tu as mal compris l’intérêt de cet entretien. A la base, c’est TOI qui es censé subir un test. Et de ce que j’ai vu tu gagnerais fort à étoffer tes capacités d’un peu de combat au corps-à-corps. En combinant ça avec ton pouvoir, ce serait fortement intéressant. S’il y a bien une chose que je suis prêt à t’enseigner c’est ça.

Puis il eut un large sourire. Il avait sa fidèle compagne dans la main. Il la brandit haut avant de l’abattre violemment dans le sol où elle se retrouva figée étrangement. Maladroitement plantée de la sorte, elle ressemblait presque à une fable occidentale d’un mythe de roi oublié. Mais elle allait servir à autre chose pour le coup. Regardant le jeune Heishi, Fuka lui désigna Samehada du doigt :

- Si tu veux l’étudier vas-y je t’en prie. Si tu arrives à la saisir, tu en fais ce que bon te semble. Si tu échoues, tu subiras un entraînement dispensé par mes soins. Si le deal te convient, je te conseille de préparer les bandages dès maintenant, dit-il en désignant ceux de fortune qu’il s’était déjà confectionné un peu plus tôt.

Point de vue de Carreau

L’homme avait du répondant, il se défendait pas mal le bougre, autant sur le plan physique en ayant repoussé radicalement les quatre frères à chacune de leur attaque, ou sur le plan moral en répondant du tac au tac. Assez impressionnant il fallait dire, Carreau était assez fan du personnage, même s’il ne lui prêtait aucune confiance actuellement. Il fallait toujours rester sur ses gardes et Carreau dans son coin était le premier à respecter cette règle. Les quatre frères étaient tous à égale distance les uns des autres, respectant un principe simple par lequel Fuka ne pourrait les attaquer tous les quatre en une seule attaque. Si cependant, les quatre étaient réunis au même endroit, il serait aisé pour le Taichou de faire d’une pierre quatre coups. Mais soit, là n’était pas vraiment la question car le combat en lui-même avait prit fin sur la défaite non reconnue mais certaines des frères Jimenju répondant au nom ignoble d’Hisagi. Il avait prit fin sur une blessure à la main de l’un des frères, et sur l’horrible vérité concernent les capacités de Taijutsu du Jinmenju. Il était vrai, comme l’avait si bien dit Cœur qu’ils n’étaient pas axés sur le Tai, mais cette rencontre serait peut-être une occasion de s’y entraîner.

Et cela tombait parfaitement bien, car c’était justement ce que venait de proposer à l’instant Fuka. Un entraînement au Taijutsu, domaine dans lequel il excellait visiblement. Il prétextait que les frangins avaient mal compris l’objectif de cet entretien. Ici, il réagissait au test d’Hisagi le concernant, afin de connaître sa force. Il réfutait cette action, préférant que c’était à Hisagi et seulement à lui, ou plutôt à eux, de subir un test ou un entraînement. Dans son coin, Carreau scrutait aussi Cœur, car au final, c’était lui qui décidait, car c’était lui le Yôkai. Il ne semblait pas perturbé par ce que disait le Shukajin en face d’eux, voir même, il arborait une mine assez réjouie, encline à accepter de se faire apprendre des techniques par Fuka. Pourquoi pas après tout, il fallait bien augmenter sa force de frappe, et le Taijutsu pouvait être une très bonne initiative. Retournant de nouveau la tête vers Fuka, il vit alors une drôle de scène, assez amusante, bien que dangereuse.

L’homme venait de planter son étrange sabre hareng dans le sol, comme l’on pouvait le faire avec un simple katana. L’étrange lame s’était difficilement enfoncée dans le sol, mais elle tenait du coup debout, à la verticale, légèrement penché vers Fuka. Avec un sourire aux lèvres, l’homme proposait alors un marché qui semblait assez foireux. Si les frères réussissaient à se saisir du sabre de Fuka, ils pourraient en faire absolument ce qu’ils voulaient, si ce n’était pas le cas, ils seraient forcés de recevoir un entraînement au taijutsu. Mais les frères avaient déjà eux la démonstration des capacités de ce sabre, aucune possibilité que les frères puissent l’étudier ou même l’utiliser. Impossible. Cependant, Pique avec un grand sourire aux lèvres s’approchait déjà de l’épée. Levant la main, il allait la poser sur le manche du sabre. Mais Carreau intervint et lui retint le bras, entraînant une agressive réaction de Pique.

« Une bien mauvaise idée. Je crains que ce deal ne soit pas équitable. Se mit alors à dire Carreau en direction du Taichou en face de lui. Pique se dégagea rapidement de l’étreinte de Carreau avant que Cœur n’ajoute. Nous abandonnons ce deal, je crains pour ma part que nous soyons obligés d’accepter votre entraînement. Par quoi commençons nous ? »

Le jeune Jinmenju avait fait preuve d’assez de sagesse pour ne pas se risquer au test suicidaire que lui avait soumis Fuka. Certains connaissaient le sort de tenter de s’emparer de son épée si particulière et meurtrière. Il y aurait laissé une main dans le meilleur des cas. Ce qui aurait eu pour effet de faire rire énormément l’arme mais pas son porteur qui serait ensuite confronté à l’administration pour la mauvaise tenue de son engagement. Il était censé aider voire former les jeunes recrues. Pas les estropier avant le combat. Oui tout bien réfléchi, Hisagi avait très bien fait de ne pas poser la main là-dessus.

Peu importe de qui il s’agissait dans leur petite fratrie, il y en eu deux qui avaient assez de sagesse pour stopper cette folie. L’un avait compris qu’il s’agissait d’un défi impossible à réaliser et que par conséquent, ils étaient contraints de subir un entraînement aux côtés du Taisa qui ne demandait que ça. De quoi se défouler et remplir ses prérogatives de Taichou. Au moins les hautes instances le laisseraient tranquille après ça. Il resserra donc la prise sur l’arme plantée devant lui et il la souleva délicatement comme si sa taille n’était pas en adéquation avec son poids.

- Prochaine fois que tu tentes de m’enterrer comme ça pour un test de ce style, je me barre avec le mec en face, peu importe de qui il s’agit !

Habitué aux vociférations mentales de sa compagne de combat, il n’y prêta guères attention préférant se reculer et s’éloigner du quatuor. Puis il se retourna. Il fit signe aux quatre larrons de se regrouper. Il avait déjà une première idée de ce qu’il leur enseignerait. Rangeant alors Samehada dans son dos, il croisa les bras sur sa poitrine, posture militaire impeccable.

- Pour commencer nous allons voir un mouvement très simple mais très utile. Il te permettra de prendre au dépourvu tes adversaires. Cela peut même te permettre de remporter un combat avant qu’il n’ait commencé. Sauf si tu te prends du poison derrière…

Malgré cette dernière phrase inexplicable, il continua sur sa lancée en effectuant quelques mudras. Du chakra s’emmagasina dans la plante de ses pieds. La nature Suiton se manifesta par quelques gerbes d’eau se dispersant depuis la plante de ses pieds. Puis il releva la tête, fixa le jeune homme face à lui et sourit. L’instant d’après, il se trouvait à ses côtés. La charge avait duré un bref instant au vu de la distance. Mais c’était un laps de temps suffisant pour porter un coup décisif. Raison pour laquelle le Jinmenju devait connaître ce mouvement basique. Fuka se recula de nouveau pour se tenir à bonne distance de son élève du jour qu’il toisa.

- Tu vas concentrer du chakra dans tes membres inférieurs. Le but est d’en emmagasiner assez et de les relâcher pour qu’il t’offre une meilleure propulsion. Essaye donc d’arriver jusqu’à moi dans un laps de temps minimal.

Point de vue de Cœur

Le Taisa sourit face aux paroles de deux frères Jinmenju avant de se diriger vers son arme. Pique quant à lui boudait dans son coin alors que Fuka mit la main sur le manche pour rapidement la déterrer de terre et la faire revenir vers lui. Il la soulevait avec une telle facilité que Cœur comme ses frères visiblement ne doutaient absolument plus de sa capacité à utiliser le corps à corps pour combattre. Après tout, il les avait bien repoussé tous les quatre en même temps. Très peu de temps après ça, Fuka se retourna de nouveau vers les quatre frères en leurs demandant clairement de se rassembler. Et dans le cas présent, de fusionner afin qu’il n’y est plus qu’un seul Jinmenju sur le terrain. Un simple regard du Yokai, donc de Cœur mit tout le monde d’accord, les trois autres s’approchèrent de Cœur et au moindre contact avec lui, pénétrèrent rapidement dans l’Arbre sacré nommé Yokai. Il n’y avait donc en quelques instants plus que Cœur face au Taisa qui venait d’avoir une étrange démonstration de ce qu’était le pouvoir des membres de la famille Jinmenju.

L’arme gigantesque correctement rangée dans son dos, il croisa les bras avant d’expliquer la première technique qu’il allait enseigner au corps Jinmenju. Le mouvement s’avérait être l’un des plus simples, mais également un des lus utiles afin de surprendre l’adversaire. Il permettrait même de remporter un combat avant même qu’il n’ait commencé. Huuum. Une technique miracle qui mettait un terme aux combats avant même que les adversaires ne puissent se mouvoir. Cœur était assez sceptique sur la question, mais il demandait tout de même à voir quelle serait cette technique magique. Mais une autre phrase vint perturber les pensées de Cœur « sauf si tu te prends du poison derrière » ? Ca voulait dire quoi ça exactement ? Ou peut-être que le larron en face de lui parlait d’une expérience vécue, il avait pensé à haute voix ? Mais soit, ne se concentrant pas là-dessus mais plutôt sur les paroles et instructions du Taichou, il continuait de les écouter avec attention.

Mais vint alors la démonstration, sans attendre, Fuka se mit à composer une rapide série de mudras juste en face de Cœur, qui, ne sachant pas vraiment comment réagir se mit dans une position de défense, prêt à recevoir l’attaque et le cas échéant à l’encaisser du mieux qu’il ne pourrait. Observant absolument tout ce qui se passait pour le Taisa, il vit du chakra s’emmagasiner dans les jambes du Taichou avant que celui-ci n’affiche un grand sourire. Il disparut. Tout bonnement et simplement, il disparut du champ de vision de Cœur qui tapait alors un quart de tour à gauche, rien. Un quart de tour à droite, oui, il était là ! C’était quoi ça exactement ? Téléportation ? Non, car même si’l s’était déplacé extrêmement vite, il semblait bien que Cœur avait vu son parcours. Mais à une telle vitesse, il était impossible pour Cœur de faire un lien entre le cheminement de Fuka, le danger potentiel, et en plus de réagir en conséquences. Aucune chance de pouvoir le faire. Et qui plus est, Cœur s’attendait à une telle attaque, mais quelqu’un qui n’avait pas été prévenu. Un sourire apparut sur ses lèvres lorsqu’il comprit les paroles de Fuka. Terminer un combat avant même qu’il n’ait commencé. Cela prenait tout son sens.

L’homme toujours le sourire aux lèvres fit alors demi-tour, retournant à sa place originale avant de prendre de nouveau la parole, donnant les instructions pour que Hisagi n’effectue exactement le même mouvement. Concentrer son chakra sur ses membres inférieurs. L’objectif était d’en avoir en quantité suffisante, ni trop importante, ni trop insuffisante avant de les relâcher pour augmenter sa vélocité et ainsi pouvoir effectuer cette magnifique charge. Concentrant alors son chakra dans ses membres inférieurs exactement comme l’avait fait le professeur en face de lui, Cœur ce mit alors à courir en relâchant le chakra emmagasiné dans ses jambes. Mais malheureusement, ce ne fut pas une grande réussite, la vitesse de Cœur augmentait tellement en si peu de temps que son corps ne réussit pas à suivre et il décolla de quelques centimètres avant de s’écraser de tout son long sur le sol rugueux et poussiéreux. En se redressant, Cœur prit alors la parole. « Il n’est pas aisé de contrôler un allure qui augmente si rapidement. Le corps ne peut pas suivre. Comment fais tu ? »

Fuka ne s’était pas attendu à un résultat de qualité après un premier essai. Surtout dans le cas du Jinmenju qui ne s’était pas tourné vers le Taïjutsu en premier lieu. Il fallait une certaine préparation physique pour cela. Pour le Taisa ça n’avait pas été difficile puisqu’il s’était toujours entraîné au corps-à-corps. En combinaison avec Samehada, il y avait peu de choses qu’il redoutait. Il était au moins prêt à s’en sortir sur le combat rapproché et Peau-de-Requin s’occupait de tout ce qui était Ninjutsu. Les illusionnistes restaient un gros problème pour le bretteur mais il n’en était qu’à ses débuts au niveau du maniement de son arme et de son propre chakra. Il avait encore une marge de progression.

Tout comme le jeune Hisagi. Son pouvoir lui offrait des combinaisons intéressantes. Encore plus avec le Taïjutsu. Le bretteur se voyait bien l’instruire dans le domaine pour l’aider à découvrir son potentiel. A ce grade, il y avait toujours besoin de quelqu’un pour vous guider et vous soutenir. Fuka avait pu compter sur le Hoheinheim, même si ce dernier n’avait pas pu lui enseigner la moindre technique. Il y avait également eu Hiko qui s’était chargé de lui enseigner certaines bases du Ninjutsu. Fuka ignorait s’il était vraiment le mieux placé pour remplir ce rôle auprès de son interlocuteur multiple. Il verrait bien ce que donnerait cet apprentissage aussi éclair que la technique qu’il cherchait à appréhender.

Hisagi manifesta sa difficulté à se stabiliser lors de la course. Normal en même temps. Il y avait besoin d’un minimum de préparation physique pour ne pas perdre le contrôle du corps. Une telle vitesse pour un organisme non habitué à un travail physique, il était déjà étonnant que le Heishi s’en soit sorti à si bon compte.

- Le problème c’est que tu n’as jamais véritablement travaillé tes performances physiques. Or le corps a besoin d’un minimum de préparation.

Le Taisa se mit alors à réfléchir à une solution pour aider son apprenti quotidien. Il se creusait la tête sur comment il pouvait aider le jeune homme alors qu’une suggestion mentale vint l’interrompre :

- Je propose qu’on le tabasse jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus que les os. A partir de ce moment-là, il aura assez pris dans la face pour pouvoir survivre à un entraînement aussi basique. Gi ! Gi ! Gi !

Comme à son habitude, Fuka ne répondit même pas. Il avait réduit considérablement ses réactions quant aux provocations et réflexions de son arme. Signe qu’il se démarquait de plus en plus d’elle. Mais à mesure qu’il progressait en ce sens, la maîtrise du sabre s’affinait. Des résultats encourageants malgré toutes les difficultés rencontrées. Il avait dû effectuer un travail d’équipe aussi bien avec son arme qu’avec ses instructeurs. Le terme illumina son esprit. Travail d’équipe. Se rapprochant du Jinmenju, il vint se mettre à son niveau pour lui parler sans avoir besoin d’élever la voix :

- Ton corps à lui seul ne peut pas supporter une telle course apparemment. Il faudrait que tu ais au moins la condition physique de plusieurs pour supporter. Si seulement tu avais la possibilité d’être à quatre sur ce problème, peut-être que ça marcherait…

Fuka s’en retourna alors à sa place où le Jinmenju devait le rejoindre. A peine subtil dans son indice, le Taisa espérait qu’en combinant les efforts de ces quatre énergumènes, l’original parviendrait à maîtriser sa technique. Il avait eu un aperçu de son pouvoir. Restait à savoir s’il pouvait être utile dans de telles circonstances.

Point de vue de Cœur

Hisagi était au sol, face contre terre. Il venait tout juste d’effectuer une avancée rapide, une charge en direction du Taisa. Mais ayant eu du mal à contrôler sa stabilité du à l’augmentation rapide de sa vitesse, il avait lourdement trébuché sur le sol, s’écrasant sur quelques mètres. Se redressant lentement, il se mit sur les genoux tout en dépoussiérant de ses deux mains sa veste, ébouriffant ses cheveux pour y enlever la terre et la poussière qui s’y était emmagasiné pendant cette chute ridicule. Deuxième étape, il se redressa totalement, sur les pieds, en effectuant le même dépoussiérage au niveau du bas des vêtements. Après tout, un gentleman se devait de rester présentable dans toute occasion. Non, ne vous en faite pas, c’est une boutade, Cœur comme ses frères sont très loin d’être des gentlemans. Donc une fois debout, il entendit, tout en continuant de frotter ses vêtements, les conseils et suggestions de Fuka quant à cet échec cuisant qu’il venait de rencontrer dans l’apprentissage de cette technique basique de Taijutsu. D’après Fuka, c’était un problème de physique. Comme Cœur et ses trois frères n’avaient jamais réellement travaillés leur physique, il était difficile pour eux de suivre le rythme de cette technique.

En se rapprochant, l’homme à l’épée monstrueuse vint à son niveau afin de donner une dernière idée au Jinmenju pour la réalisation de cette attaque. Il se devait de s’aider de ses frères pour réussir non seulement à contrôler sa trajectoire, mais également afin d’en supporter la condition physique que cela demande, et sa stabilité. Ce n’était qu’une simple suggestion et le Taisa devait certainement ignore quelles étaient les capacités des Jinmenju, mais cela était grandement possible. Se concentrant sur une solution à venir, Cœur vit alors son professeur du jour s’éloigner de nouveau à égal distance afin qu’il puisse recommencer à pratiquer le Taijutsu que Fuka tentait de lui enseigner. Se tournant dans la direction donnée, Cœur demanda juste à ses frères de l’aider, et deux autres pieds apparurent aux côtés des siens. C’était ceux de Pique que la curiosité de cette technique avait touché en son vif. Alors que Cœur s’attendait à ceux de Carreau, il fut perturbé et amusé que ce soit Pique qui se dévoue, lui qui n’aimait guère les gens, et encore moins d’une personne l’ayant battu au combat.

« C’est surtout la stabilité qui dérange. A deux, ce devrait être plus simple. Ensuite, ce sera une question d’habitude. »

Dit-il avant de se concentrer, plantant son regard sur le sol, juste à côté de Fuka et de son épée hareng. Concentrant alors son chakra dans la partie inférieur de son corps, soit ses jambes, il en emmagasina pendant quelques secondes avant de tour relâcher. Le temps d’un instant, Cœur et Pique se trouvèrent dans un état mental de grande concentration, oubliant tout le reste, laissant à Carreau et Trèfle le soin d’être encore sur leurs gardes. L’instant d’après, il se trouvait face au terrain, le Taisa ayant disparu de son champ de vision. Il se trouvait pile sur sa gauche, à la limite d’être épaule contre épaule. Pour le coup, c’était une réussite pour les Jinmenju, dont Cœur qui avait un léger sourire aux lèvres. Il avait réussi à effectuer cette technique, avec l’aide de Pique certes, mais c’était déjà un début. Le physique d’Hisagi n’était pas mal finalement, car au lieu des quatre corps dont était le sujet de la suggestion du Taisa, deux suffirent largement. Avec un peu d’entraînement et de pratique, ce serait bientôt un jeu d’enfant pour Cœur et ses frères d’effectuer cette technique de Taijutsu. Tournant la tête vers son professeur du jour, il cherchait dans ses yeux des remarques, critiques, etc..

Le pouvoir de ces Jinmenju recelait effectivement bon nombre de secrets encore inconnus pour le Sabreur. Tout comme pour le jeune Hesihi à vrai dire qui s’était contenté de suivre la recommandation de son instructeur du jour. Celui-là même qui n’avait fait que suggérer une solution dont il ignorait la réelle efficacité. Un vrai coup de poker qui pourtant avait porté ses fruits.

Réadapté selon ses besoins et son envie, Hisagi avait réussi à maîtriser la technique. Mais là où c’était véritablement impressionnant, c’était qu’il y était parvenu seulement en utilisant deux de ses personnalités. Qui sait ce qu’il pourrait accomplir plus tard en mettant à profit ses quatre facettes ? Fuka avait bien fait d’insister auprès du jeune énergumène sur le potentiel qu’il atteindrait en s’intéressant un peu plus au Taïjutsu. Il n’avait plus qu’à espérer que cette petite expérience avait terminé de le convaincre. Sans quoi le bretteur ne pouvait plus rien faire pour lui !

Ayant réussi à reproduire la techniques quasi à l’identique, Fuka ne put que sourire et applaudir modestement.

- Comme quoi tu vois que tu peux parvenir à te distinguer dans le Taïjutsu !

Il n’en avait cependant pas totalement fini avec le subalterne. Le plus important dans un tel mouvement était certes la vitesse et l’avantage considérable d’approcher ainsi un ennemi. Mais la suite importait énormément aussi. Faisant volte-face pour faire dos au Jinmenju, Fuka visa du regard un des mannequins d’entraînement sur le bord du terrain. A plusieurs mètres de là où ils étaient, ils en distinguaient grossièrement la silhouette. Fuka réitéra son manège de tout à l’heure. Le chakra Suiton afflua dans ses pieds et la glissade le mena jusqu’à l’un des pantins de bois à qui il administra un coup qui fit craquer les troncs le composant. Se massant les phalanges, Fuka se retourna pour observer la silhouette au loin de son jeune apprenti. Il éleva un peu la voix afin que ce dernier puisse l’entendre :

- L’intérêt d’une charge, au-delà de pouvoir arriver plus vite sur l’ennemi, c’est le coup que tu lui portes par la suite. tout comme tu peux effectuer une toute autre action. Mais cet intervalle qui nous est offert peut-être bénéfique pour porter un coup dur pour le reste du combat. Là-dessus je ne peux que te conseiller d’adapter ça selon ton envie. Tout dépend de l’utilisateur. Il y a ceux qui préfèrent taper mais d’autres préfèreront poser un sceau, activer une autre technique ou autre chose encore.

Il s’éloigna ensuite de quelques pas sur le côté pour ne plus être dans la périphérie du mannequin. C’était d’une simplicité déconcertante voire insultante envers le Jinmenju mais la vitesse atteinte empêchait parfois l’organisme de réellement agir comme on le souhaitait. L’entraînement serait terminé lorsqu’il arriverait à combiner les deux. Restait donc à voir de quoi il était capable encore une fois :

- Essaye de combiner vitesse et action maintenant, précisa Fuka.

Point de vue de Cœur :

Se tenant debout, droit comme un piquet, les quatre frères étaient gentiment en train d’écouter les remarques et conseil de leur entraineur personnel de Taijutsu du jour. Celui-ci semblait assez satisfait de la façon dont Cœur accompagné de son frère Pique avait réussi à effectuer cette fameuse charge qu’il essayait avec difficulté de lui enseigner. L’homme fit même une blague futile, comme quoi malgré ce que les frères avaient dit, ils arrivaient à se démarquer au Taijutsu, en faisant preuve d’une exemplaire aptitude à écouter et à appliquer les conseils et démonstrations d’un « sensei ». Un paquet de connerie pour Pique, mais tant pis, ils avaient commencés, ils n’allaient pas s’arrêter en si bon chemin. Cœur se contenta de ne pas répondre et de faire taire ses frères les moins dociles avant de continuer à écouter le Taisa. Mais celui-ci ne se mit pas à parler. Il agissait. Concentrant de nouveau un chakra bleuâtre propre à l’affinité Suiton, l’utilisation de l’eau, il effectua une nouvelle charge en direction du mannequin de bois qui servait depuis le début de cet entraînement. Un simple coup de poing donné avec une grande rapidité, qui était augmenté par cette fameuse charge. L’on comprenait désormais l’utilité de cette technique, si ce n’est de se déplacer plus rapidement. Mais grâce à cette vitesse, l’on pouvait utiliser l’énergie cinétique afin de décupler la force du coup. Astucieux.

Le tronc du mannequin craquait, se fissurait avant de plier légèrement. Pourtant, il n’avait frappé qu’à la simple force de son poing. C’était désormais du coup le tour de Cœur. Mais avant qu’il ne commence, Fuka donnait encore deux ou trois conseils, qui étaient évidemment les bienvenus, malgré encore et toujours, les railleries de Pique et de Trèfle, qui ne pensaient qu’à se battre. Il expliquait alors l’intérêt de cette fameuse charge. Intérêt qui avait prit bien plus de sens par son action que par cette tirade que Pique décrivait comme « il va la fermer oui ? ». M’enfin bref, il était donc tant de commencer, de recommencer, d’effectuer la technique tout en imitant le Taisa, frappant le mannequin de bois avec son poing. Pour y mettre plus de patate et réellement en voir l’impact, il demanda à Pique de sortir son poing près du sien, ils allaient frapper ensemble. Concentrant une nouvelle fois son chakra dans ses jambes, sans l’aide de Pique, il se déplaça alors rapidement en direction du mannequin. En arrivant sur le mannequin, il écrasa rapidement son double poing droit sur ce dernier. Il sentit une vive douleur dans le poing, mais allongeant son geste, le mannequin craqua et finit de totalement se séparer en deux, faisant voler le haut avant qu’il ne retombe par terre. Cette frappe était bonne.

« Oui je commence à en comprendre l’intérêt. Mais une frappe ne me semble pas le plus intelligent, sauf éventuellement pour prendre l’adversaire par surprise. Comme tu le disais, un sceau semble être une bonne option, enfin, quand l’on est bon aux fuuinjutsu. Ce pourrait être la base d’une très bonne stratégie. » Dit-il avant de se tourner vers son sensei du jour.