Apparence actuelle de Zenno:

Une nouvelle journée s’offre à moi, une nouvelle perspective d’accroître mon potentiel et de parvenir à élargir mon champ de possibilités. Je suis déjà bon, pour ne pas en dire plus, sur bien des domaines. Sur celui de la perception, nouvelle corde à mon arc, je me bonifie, constamment avec le temps. Il me semble que je suis aidé en cela par mes énormes capacités naturelles. Ne suis-je pas un Seki ? Un membre de ce clan naturellement doué pour tout ce qui concerne la manipulation du chakra ? Ce Kekkei Genkai élargi le champ de possibilité à un niveau insoupçonné. Je crois avoir fait pas mal de découvertes sur le plan purement ninjutsu, je pense être capable de choses plus ou moins grandioses par le seul pouvoir du chakra, par son utilisation brute. Découvrir les aspects plus subtils du chakra est ma nouvelle obsession.

Voilà la raison pour laquelle, je m’applique à aller plus loin dans ma maîtrise de la sensorialité. Voilà pourquoi, pour le moment, le plus clair de mon temps est lié à cette activité. Il me semble, que je ne prendrai nulle autre orientation, tant que je n’aurai pas atteint mes limites dans cette activité. Voilà la raison pour laquelle, cette fois-ci, mes pas m’ont mené depuis plusieurs jours, sur ce mont, quelque part dans les montages du sud, près de Sanpuku. C’est près de cette rivière que je m'atèle chaque jour à tenter de débusquer les présences éventuelles autour de moi. Et lorsque, après plusieurs minutes de recherche, je ne trouve rien, je m’atèle à un exercice plus intériorisé. Je ferme les yeux et recherche ma source, au plus profond de moi. Tout simplement. Un exercice cependant bien plus ardu qu’il n’y parait. Car trouver sa source, signifie, dans cette perspective, trouver les points centraux de génération de son chakra. Une fois qu’ils sont trouvés, il me faut appliquer la même méthode de reconnaissance ou de détection que celle appliqué à l’extérieur, lorsque je cherche à débusquer un shinobi. Et la « lecture » de mon chakra, littéralement me permet d’en reconnaître la signature en en analysant la composition.

C’est à cette étape, fort importante de mon introspection que je me trouvais lorsque soudainement, mon ouïe me fit parvenir les échos d’une présence plus ou moins rapprochée. Je rouvrais les yeux et à présent, tentait de débusquer cette présence, ce shinobi. À vrai dire, je ne parvins pas à reconnaître ce chakra, à savoir qui semblait se diriger dans ma voie. Je savais seulement quel était le niveau de la personne qui s’approchait et du même coup, par la limpidité des effluves que je percevais de son chakra, je comprenais que cette personne était en pleine possession de ses moyens.

*Tant mieux pour elle !*

Pour ma part, je ne bougeais pas de ma position, continuant mon entrainement à la détection en attendant patiemment le moment où cette personne, sciemment ou pas, tomberait sur moi. La suite pouvait s’avérer intéressante. Ou pas le moins du monde. Mais, j’aurais tendance à rester optimiste.

Franchement ? Kumo allait de plus en plus mal. Le village se détruisait de l’intérieur et moi, avec tout l’amour que je lui portais, je ne pouvais pas me résigner à regarder ça. Je ne sortais que très peu de chez moi ces temps-ci. Je ne me montrais très peu et j’esquivais Kouga-sensei pour être honnête. Depuis la mission qu’on nous avait donné et le coup que m’avait asséné l’homme aux cheveux rouge qui m’avait complétement mis hors d’état de combattre, j’avais honte de le regarder dans les yeux. J’étais trop faible pour sortir du village, mais le village me donnait envie de vomir ces temps-ci … J’avais un dilemme devant moi. Un gros et grand dilemme auquel je n’avais pas du tout trouvé de réponse encore.

Je restais cloitré chez moi ou j’allais me perdre dans les environs du village pour tenter de me vider la tête. Après la conversation que j’avais eu avec le Raikage, je n’étais pas vraiment « bien » dans ma tête. Je n’avais pas du tout retrouvé l’esprit saint que j’avais avant que tout ça ne commence et c’était ça que je cherchais à retrouver au plus profond de moi. La politique … Tss, quel monde de con. Ils veulent tous le pouvoir et ne pense qu’à leurs petits nombrils ! Ils ne pensent pas au village, aux villageois et à la nouvelle génération de shinobi de Kumo. Tout le monde dis que le village va bien, que tous les villages n’ont jamais été aussi bien, mais c’est faux. Le village va mal, un déserteur est devenu Raikage et ça ne choque personne d’autre que moi…

Enfin bref, j’étais en mouvement aux environs du village. Je voulais un coin tranquille, un coin ou me vider la tête et j’en connaissais un parfait. J’allais me poser au bord de la rivière et me la couler douce jusqu’à tard dans la nuit. Enfin c’est ce que je croyais. Arrivant sur les lieux, j’ai cru que j’avais franchement rêvé. Même dans un accoutrement pareil, j’avais combattu une fois à ses côtés, je pouvais le reconnaitre parmi cent personne. Le gars était là, en mode Jean Paul II avec les yeux fermés et il priait pendant que le village souffrait de jour en jour. Il se foutait de ma gueule ?

« Dîtes moi que je rêve … Ancien Raikage ?! T’es devenu prêtre depuis ta disparition ? »

Je n’avais de base, déjà pas beaucoup de respect pour la hiérarchie. Mais là, il n’était plus Raikage. Il était un Shinobi comme vous et moi et donc, je n’avais pas besoin d’utiliser « vous » en lui parlant. J’avais peut-être grandit, mais les hommes que je n’aimais pas, je leurs disait. Et lui, je ne l’ai plus aimé depuis le jour où il a laissé tomber le village en disparaissant, laissant Horitsu, ce déserteur, reprendre les rênes. Mais comprenait-il lui-même qu’il avait fait une erreur ? Qui sait … De toute manière, s’il ne le comprenait pas, j’allais lui faire comprendre.

Je n’eus guère besoin de me retourner pour savoir qui était mon interlocuteur. Cette voix. Le têtu… La forte tête Kadoria. À cette pensée, l’image de plusieurs Kadoria me vint en tête. En réalité, parler de forte tête pour ce qui concerne un Kadoria est une lapalissade. Je m’avance ! Simple expression… Comprenez par-là que je suis toujours assis. Je ne fais que tourner la tête pour accueillir ce « visiteur ». Je sais d’ores et déjà que les minutes ou heures devant suivre seront tout bonnement mémorables. D’après le peu que j’en sais, Saito est un ninja de type fougueux. Un peu comme Skan. Je gage qu’il me bombardera de questions, voire même de potentielles insultes. Sera-t-il aussi facile à raisonner que le Maître des cauchemars ?

J’encaisse la première « frappe » verbable. Chirurgicale. On sent qu’il veut frapper là où ça fait mal. Mener au KO son interlocuteur dès les premières joutes verbales. "Ancien Raikage" qu'il a dit. Pour ma part, je ne me sens pas encore totalement hors du jeu. Il peut penser ce qu'il veut, pour le moment. Moi… Je sais ce que j’ai fait, j’ai d’ores et déjà conscience de mes erreurs. J’ai eu, avant de le rencontrer, à tâter le pouls d’une certaine frange de la population kumojine. J’ai eu à rencontrer certains shinobis en patrouille et autres du style. Aucun, jusqu’ici, n’a eu le réflexe de m’attaquer. Signe qu’au mieux ils ont été ravis de me revoir en vie –je pencherai fortement pour cette thèse d’ailleurs, au pire, je n’ai pas de réelle mise sur ma tête. Pas de prime en somme ou alors, même si c'était le cas, peu voulaient réellement s'exécuter et tenter une hasardeuse capture de mon humble personne.

Je laisse le Kadoria s’approcher de moi jusqu’à ce que nous puissions nous regarder face à face sans que je ne me choppe un torticolis. Dès cet instant, je rabaissais ma capuche. Il m’avait reconnu malgré ça. Est-ce uniquement due à mon physique ? Maybe ! Je m’attelais à le regarder et à apprécier son état de forme, comme je le faisais du temps où j’étais le Raikage officiel. Toujours inspecter son interlocuteur, histoire d’estimer son état de forme physique et mental. Chose importante. Après cet exercice rapide, je daigne lui répondre.

« Je vois que tu n’as rien perdu de ton côté direct… Es-tu seulement moins têtu ? »

Je faisais clairement référence à son refus d’obtempérer lors de l’affrontement, aux portes de Kumo, entre moi et ce Kadoria devenu Raikage.

« Alors qu’es-tu devenu toi ? On ne s’était plus revus depuis ton kidnapping. Que s’est-il passé lorsque tu as été capturé ? J’aurais aimé éviter cet épisode… Mais… Contrôler tous les événements est difficile. »

Je baisse un moment les yeux au sol. Aveu de faiblesse ou quantité de souvenirs qui remontent à mon esprit ? Je ne saurai répondre convenablement. Toujours est-il, au fond, que face à des hommes comme lui, il me semble que ma faute est encore plus abyssale d’avoir accepté de lâcher Kumo de la sorte. Au fond… Je suis un faible.

« Parce que t’as déjà contrôlé quelque chose toi ?! Sérieusement, les remords ce n’est pas dans ta nature donc n’essaie pas de faire le gentil avec moi. »

Sec, froid, cassant. Il me posait des questions, je l’écoutais bien-sûr, mais j’avais d’autre truc en tête. J’avais des choses à lui dire, des choses que seul deux « Hommes » pouvaient se dire. Nous étions des ninjas l’un comme l’autre, nous savions que le village passait avant tout. Et lui qu’a-t-il fait mise à part disparaitre totalement du jour au lendemain, laissant le village entre le main d’un déserteur qui l’avait attaqué deux semaines auparavant ?

« Je suis beaucoup plus réfléchis que lors de notre combat contre le Raikage actuel … Mais mon côté direct est encore là. Et toi alors, ça fait quoi d’être un lâche qui disparait en laissant son village entre les mains d’un déserteur ? »

J’avais la rage. Au plus profond de moi, je sentais mes tripes qui remuaient bizarrement. J’avais qu’une seule envie, le frapper encore et encore. Le châtier pour ce qu’il avait fait, pour la l’acheter dont il avait fait preuve. Je ne connaissais pas trop l’histoire, mais vu que j’étais présent lors de la conversation où Horitsu avait expliquait les faits à Kouga-sensei, je savais un peu près ce que Zennosuke avait fait. Et ce n’était vraiment pas digne d’un Raikage, si jamais tout ceci était vrai bien entendu …

« J’ai une simple question pour toi, pourquoi avoir disparu ? »

C’était la question que j’avais envie de poser depuis le début et donc, c’était la réponse que je voulais depuis des mois maintenant. On ne disparait pas comme sa sans raison, surtout pas quand on est Raikage. Ce poste, on doit le garder et tout faire pour servir son village. Tout faire pour que le village de Kumo soit bien et non pas qu’il sombre comme il est en train de sombrer aujourd’hui. C’était une preuve qu’il n’était pas fait pour être Raikage ? Peut-être ou peut-être pas qui sait. En tout cas, rien ne pouvait aujourd’hui effacer ce qu’il avait fait. Rien ni personne. S’il avait dans l’optique de redevenir Raikage par un moyen bizarre, qu’il se mette bien dans la tête que moi, même si je devais perdre la vie pour ça, je ne le laisserais jamais faire pour le bien de Kumo. Un homme comme ça, bien trop instable, n’était pas capable d’être Raikage. Personne ne peut compter sur lui car il disparait bien trop facilement, laissant ce qui compte sur lui seul face au danger. Et seul pour assumer ses erreurs à lui … Les lâches n’avait pas besoin qu’on les respectent et c’était ça qu’il devait comprendre aujourd’hui.

« Tu sais qu'Horitsu est devenu Raikage au moins ou tu viens tout juste de sortir d'hibernation ? »

Punchline ! Si j’avais été sur un ring de boxe en face de Saito et que les mots avaient été des coups, je crois pouvoir avancer sans me tromper que j’aurais pris cher ! Je serai alors probablement en train de vaciller, chancelant suite à cette flopée de « coups » reçus. Des directs, trois crochets et un uppercut pour clôturer le tout. Je m’imagine déjà suite à cet enchaînement dantesque. Au sol, genoux et coudes à terre, aux trois quart sonné et en train d’essayer de reprendre du poil de la bête avant qu’un dernier coup de me mène droit au pays des rêves. Mais… Même dans cette position relevant du fantasme, je sais que je me serai relevé. J’appartiens à la race des vainqueurs. Les gagnants. Ceux que la défaite n’a jamais stoppé. Ceux qui n’ont pas peur de relever les défis, même lorsque le moral est dans les chaussettes. J'appartiens à la race des champions. Ceux qui vont de l'avant.

Un coup d’œil, un sourire. Je laisse mon interlocuteur se vider et laisser sortir de lui toute cette amertume accumulée. Je sais qu’il en a besoin et je sais qu’il n’a pas fini. J’ai moi-même été à sa place. Je me suis moi-même déjà assez bien punchliner tout ce temps où je me suis questionné sur mes propres actes lorsque j’étais encore Godaime ; tout ce temps où j’ai été enfermé dans cette tour d’ivoire, dans le palais du Daimyo. Comme un combattant du Fight Club. Vous savez, l’acteur principal là qui frappait toute une flopée d’adversaires alors qu’en réalité, il se rouait de coup lui-même. À la différence que je me suis punchliné tout seul consciemment. Comme un grand ! Et pour tout vous dire, je crois que j’ai eu mon lot de blessures. Je me suis assez blessé moi-même pour comprendre que cela ne mène à rien. Dès lors, j’ai acquis assez de maturité pour comprendre une tierce personne éprouvant le besoin de me faire passer un sale quart d’heure verbal. Au moins ce genre d’individu, au fond, je le sais, m’apprécie. Voilà pourquoi je souris. J’ai un nouvel allié devant moi. Je lève un doigt, l’index, comme en guise de rappel ou d’avertissement…

« Je crois que tu as oublié d’autres qualificatifs me concernant : une sous-merde, un moins que rien, le plus mauvais de tous les dirigeants de l’histoire du Yuukan. Là, le portrait doit à peu près un peu plus se rapprocher de la réalité tu crois pas ? »

Je souris. À vrai dire, cette situation m’amuse un peu. Je sais que je risque gros. Un coup de poing ce coup-ci ? Maybe. Même en ce cas je le laisserai faire. Sauf si c'est un coup agrémenté sauce Kadoria ! For sure, je serai en train de parler à un shinobi dans le genre Shinikage Skan, je l’aurai eu mon poing dans la gueule. Ah ça !

« Je peux comprendre ta rage, mais avant de répondre à la tonne de question que tu comptes me poser ou que tu m’as déjà posé j’aimerai t’en poser une ou deux. Quelle a été ta réaction toi, lorsque cet ex shukaijin est devenu le 6ème, remplaçant au passage un ninja ayant fait toutes ses classes à Kumo, et dont sa loyauté ne devrait normalement guère être remise en cause ? Qu’as-tu fait toi ? »

Je continue de sourire. Je connais la réponse. En réalité, il a accepté cette décision tout simplement en se donnant toutes les bonnes raisons du monde de l'accepter. Il l’a accepté lâchement, aussi lâchement que j’ai moi-même décidé de fermer les yeux. Il n’y a nulle fatalité. Il n’y a que des choix ; des choix aux conséquences heureuses ou malheureuses, c’est selon. Voilà pourquoi je laisse Kadoria Saito m’insulter. Car au fond, je comprends que c’est contre lui-même qu’il a la rage, je comprends qu’au fond, c’est lui-même qu’il punchline en mettant juste un visage plus accessible, moins dangereux que son propre visage ou celui du Rokudaime, un visage plus ouvert à encaisser sa rage : le visage du Godaime Raikage.

« Il me semble qu’il y a plus d’un lâche ici. Et il y a encore plus de lâche si on se réfère à l’ensemble du territoire de la Foudre… »

Je fais signe de la main au bonhomme et l’invite à s’asseoir à mes côtés. D’ici la vue et belle. On peut admirer la grande plaine de la Foudre et au loin, les nombreux monts et collines. Cette vision a quelque chose de saisissant pour quelqu’un d’apaisant. Reste à savoir si mon interlocuteur, lui, pourra rapidement dépasser sa colère histoire que nous discutions sur un tout autre registre. Un coup d’œil vers lui, je comprends que la partie n’est pas forcément gagnée.

Spoiler: