J'avais cette impression étrange de déjà vue alors que pourtant, je me sentais comme une étrangère. Ces contrées enneigées étaient les miennes, celles dans lesquelles j'avais grandi et ou je m'étais épanouie. Elles représentaient beaucoup de mes premières fois, première fois que j'étais morte, première fois que j'étais née, première fois dans les bras d'un garçon…

Je souffle et de la buée s'échappe de ma bouche, se mêlant à l'air froid automnal qui est déjà glacial par ici.

Nous n'avons accosté que depuis deux jours, mais j'ai comme l'impression d'avoir rallongé mon voyage. Laissé ma suivante regagner la tiédeur réconfortante de la capitale pendant que moi, à qui-vive le vent, je traverse mon territoire pour m'assurer que tous mes ordres ont été respectés et que la population soit saine.

Visiblement, c'est le cas, car je ne ressens nulle part de l'amertume lorsque je passe d'un village à un autre, écoutant les doléances de mes sujets s'il y en a. Promettant de l'aide si c'est nécessaire. Repérant les failles de sécurités ou les négligences s'il y en a, je finis par me poser au sommet d'une falaise ou l'air de rien, je peux observer la mer se fracasser à un rythme régulier contre la roche qui forme l'île où je me trouve.

Ai-je froid ? Non.
Ai-je sommeil ? Non plus.

Je suis juste seule face à moi-même. Je me questionne en me demandant comment je pourrais porter cette petite île plus haute que jamais. Faire gravir les échelons, montrer sa valeur et sa puissance. Voilà mon rôle en tant que seigneur de guerre, malgré tout cela, je me relève, il y a encore beaucoup de choses à faire.

Il est temps pour moi de rentrer à Gyumda et de voir les choses sous un tout nouvel angle.

hrp: