" Sache qu'ici ya pas d'issue, soit pas déçu mais soit décis " [Jeune padawan]

Il l'a fait. Pourtant il n'y était pas catégoriquement opposé, il repoussait seulement l'échéance. Se projetant dans la constitution d'une équipe, mais pas aussi tôt. Mikami se voyait d'abord parcourir un bout de chemin plus long avant de prendre en charge deux ou trois élèves. Trois de préférences, pour plus de disparités. Quelques rencontres lui avaient fait précipiter les choses, dont celle de Shiro avec qui il allait avoir affaire aujourd'hui. Mais un évènement majeur avait plus particulièrement fait bouger les choses. En plus de rentrer au Shûkai en voulant trouver un cadre qui lui permettrait de retrouver ses réflexes oubliés plus rapidement, l'amnésique s'était engagé dans l'alliance avec l'espoir de voir ce système de Triumvirat bien plus avancer dans le changement et offrir une pyramide décisionnelle bien plus aplatie que le système shinobi traditionnel. Plus de liberté pour ses ninjas, un environnement plus sain moins enclin aux conflits et aux débordements.

Voici ce qu'il avait espéré. L'avènement de l'empire fut cet évènement qui finit par lui faire changer d'avis. Le pyramide n'avait dès lors plus qu'un seul homme au sommet avec bien plus de pouvoirs que le Jôhô, le Buki, et l'Ôda n'en avaient à l'époque. Il y avait du mauvais, mais du bon à prendre dans cet empire. D'une part, les daimyo et leur démagogie ne dictaient plus leurs loi de privilèges aux shinobi. D'une autre part, les shinobi dictaient à présent les leurs aux civils qu'ils sont censés protéger. Et malgré ce droit de véto à trancher à la première occasion, le pouvoir était bien plus fractionné qu'auparavant. Cinq dirigeants, aux lieux de trois. Bien plus proches de leur peuple. Là était la faille qui pourrait mener à un système plus sain et moins conflictuel. Les combats pourraient être menés dans l'honneur et la bonne humeur, visant à s'élever mutuellement plutôt qu'à détruire, dans la haine et la convoitise. Ceci trié, restait une tâche encore floue sur le tableau noir : " la Paix Universelle, ce à tout prix ".

Le Yorurai n'était pas dans la tête de l'empereur et ne pouvait dire à ce jour si une aliénation totalitaire des troupes allait prendre forme, ou non. Ainsi il choisit de se rapprocher des plus jeunes pousses pour ne pas les livrer à l'inconnu sans que personne de censé ne les accompagne. Oui, il se considérait comme quelqu'un de censé.

Shiro Jisetsu représentait bien ce type de personnage. Tout jeune, sûrement fraichement sorti de l'académie. De la chaire fraîche envoyée en pâture aux conquêtes. Un jeune garçon plein d'humour et de légèreté que Mikami essaierait de conserver le plus longtemps possible. Des rêves apparemment tournés vers la célébrité et les femmes. Comment lui reprocher le second ? Pourquoi le faire ? Le premier, c'était autre chose. Restait à savoir ce qui motivait cette quête de célébrité. Cette première journée était là pour ça, Mikami sacrifia un peu de sa liberté pour prendre soin de ces graines au potentiel indéfini qui poussaient en terrain encore brumeux.

Un Raikage Bunshin attendait aux portes, pendant que l'original préparait un thé vert et déballait quelques gâteaux au beurre sur une clairière isolée à l'extérieur de Shozaichi, et surtout extrêmement difficile d'accès. Enfin... le lieu en valait la chandelle. Seul les battements d'ailes de quelques papillons ne venaient troubler le calme seul maître des lieux. Une clairière scindée en deux parties par une falaise raide et haute d'une quinzaine de mètres. Le tout grand comme un demi terrain de foot, voire plus. La partie inférieure étant plus grande que l'autre. Et le tout entourée d'une immense forêt, répartie en plusieurs bosquets s'étant implantés là où les jalonnements des montagnes le permettaient. Mais pas de sentier... Seulement des falaises et des buissons lacérants comme des couteaux. Shiro aurait bien du mal à se rendre ici, et c'était bel et bien le but.

Quand le jeune garçon arriverait aux portes, fin prêt à passer à l'action, le clone du Yorurai lui en taperait cinq, ils se salueraient et prendraient sûrement des nouvelles l'un de l'autre. Mais brièvement, car à la première occasion Mikami lui délivrerait ce message avant de disparaître aussitôt dans l'évanouissement d'un éclair rappelant la disparition céleste de la foudre venant de frapper l'horizon.

« Retrouve-moi dans la seule clairière qui occupe les bois montagneux, à l'Est de la capitale. Tu ferais bien de partir de suite, l'entrainement a déjà commencé. »

@Jisetsu Shiro

Lettre de l'inconnu a écrit:: Shiro,

Il faut que je te vois. Rendez-vous demain matin devant les portes principales de Shozaichi, à 10h au mieux. C'est important.

Passe une bonne soirée,

Ton pote Niryûatama (oublie-pas que mon vrai prénom c'est Mikami hein)

Désolé Mikami-san, j'ai été une petite vielle à porter ses courses. J'ai le coeur sur la main, j'ai pas supporter voir une enveloppe si faible se fatiguer à ce point, excusez-moi.

Bon. Il aurait un peu de temps avant que Shiro n'arrive, alors autant se faire couler un premier thé le temps qu'il galère dans les fougères et les pièges que la nature et la montagne avaient elles-mêmes semé. Allongé dans l'herbe, alors qu'il touillait calmement pour que le sucre ne se désagrège correctement, il sentit son clone à Shozaichi disparaître et les informations associées lui parvenir. Il rit aux éclats.

- Une vieille !

Il éclata encore une fois, laissant tomber sa cuillère et se frottant le coin de l'œil pour détourner ce flot de larmes.

- Il a osé dire "j'ai pas supporté de voir une enveloppe si fragile..." hihii "...se fatiguer à ce point... EXCUSEZ-MWAAHAHAHAHAAA ! "

Ils en fit fuir les oiseaux qui se prélassaient dans les arbres alentours, saluant l'imagination effrontée du jeune homme, sa façon de présenter les choses pour rendre l'incroyable héroïque. Reprenant sa cuillère et son petit mouvement rotatif, Mikami se disait entre quelques séquelles de rire qu'il devrait aussi apprendre au jeune Jisetsu quoi dire et à quelles personnes (exemple au hasard qui lui vint à l'esprit : il ne lui aurait pas tenu rigueur s'il lui avait dit qu'il avait suivi une demoiselle couguar dont il était tombé raide dingue d'un simple regard), mais surtout à faire valoir son droit au retard pour que la vérité soit la meilleure de ses armes.

Une longue route les attendait, mais il marchait peut-être dans le même sens. Enfin, avec tout ça, il en oublia presque de regarder l'heure. Il le fit, enleva deux minutes pour les barres de rire et ainsi débuta l'épreuve chronométrée. Le Yorurai, en connaissant l'endroit et ayant l'habitude des surprises se présentant en chemin, mettait environ dix minutes pour arriver. Combien de temps mettrait le jeune garçon ? Dégustant son thé un léger sourire aux lèvres, il songeait au moment où il écarterait le buisson précédent la forêt de bambous horizontaux. Une espèce rare face à laquelle il n'est pas conseillé d'arriver trop vite.

Et puis cet endroit où les branches d'arbres s'entremêlent à un point où elles forment un second sol surélevé, tantôt solide et tantôt super-fragile. Le mieux était sûrement ce flan de montagne à dévaler sur des petites pierres glissantes, avec cette mare de boue en aval. En espérant qu'il ne tombe pas sur l’orang-outang femelle colérique. Ça pourrait finir mal, surtout si elle avait encore cette branche de ronces acérées dans les mains. Et les lianes urticantes... Espérons qu'il ne lui vienne pas à l'idée de s'en servir pour survoler la prairie ombreuse renfermant entre ses roches friables les serpents venimeux. Ça plus le reste.

L'heure tournait, Shiro devrait déjà avoir attaqué l'escalade du flan de montagne de papa ours. Les bambous horizontaux à côté, c'était prévisible ; parce que papa ours était terrifiant, mais avait surtout un esprit blagueur. Il restait tapis dans l'ombre, au bord du précipice formant l'entrée de sa grotte, prêt à surgir et rugir sur le premier venu. Griffes à l'air et crocs crachant salive et haleine du matin. Il était inoffensif, mais tout le monde préférait contourner la montagne. Quitte à perdre une heure en détour en passant par le village de travelo féministes et fumeurs de clope. L'amnésique soupira, espérant que son nouvel élève arrive à temps pour goûter un de ces gâteaux au beurre qu'il avait déjà entamé.

Combien de brindilles aurait-il dans les cheveux ? À quel point serait-il haletant, couvert de boue, dégoulinant de sueur ? Se gratterait-il frénétiquement les mains ? Aurait-il mouiller son froc ? Ce dernier serait-il déchiré, ou infesté de serpents ? Pourrait-il encore utiliser ses chaussures après ça ? Son odorat était-il assez développé pour le prévenir de l'approche du territoire des oiseaux diarrhéiques ? Devrait-il refaire sa garde-robe ? Arriverait-il à temps pour avoir quelques gâteaux ? Reverrait-il sa façon de se déplacer en territoire hostile, d'anticiper les dangers, de les analyser ? Serait-il plus déterminé, ou fragilisé ? Cette composante avait toute son importance pour l'épreuve suivante... Saurait-il faire preuve d'assez de patience et de volonté pour arriver au bout ? Comment surmonterait-il ses doutes ? Avait-il les épaules pour toutes les fois où il monterait, et où il chuterait ?

Patience Mikami patience... Lui était déjà à destination, le soleil était réconfortant, l'air était frais, et chaque gorgée avait une saveur bien particulière...

La forêt, difficulté numéro une.

00h05'

Le flan de montagne, difficulté numéro deux.

00h22'

EH, SINRIS! QUAND J'VAIS MONTER JE VAIS TE TIRER LES OREILLES, TELLEMENT QUE TU RESSEMBLERAS À DEMBO.

Alors, petit merd... attend, je vais pas te frapper! Mais attend moi...

Eh, le singe. On se rassemble vachement! Mais c'pas une raison pour me faire tes coups de vache, tu me l'as mit à l'envers, je vais régler ton compte.

Pique-ni-douille c'est toi l'andouille...

" Sache qu'ici ya pas d'issue, soit pas déçu mais soit décis " [Jeune padawan] Tumblr_mnyhoopLPc1snn83yo1_500

Terminus tout le monde descend, Mikami t'es mort

00h53'

Alors, alors, alors. Tu pensais que Super-Shiro serait vaincu par des bestiaux? C'est mal me connaître, passons à cette entraînement, si c'est à ce point important.

- Alors, alors, alors. Tu pensais que Super-Shiro serait vaincu par des bestiaux?

- ...

- C'est mal me connaître, passons à cette entraînement, si c'est à ce point important.

- ...zzzz

Il y eut un instant de flottement alors que le Yorurai somnolait toujours à l'arrivée de son nouveau disciple, et sûrement son premier. Au fin fond de son esprit défilait des images bien trop précises et cohérentes pour être oniriques alors qu'il entendait toujours les oiseaux piailler autour de lui, percevait encore au bout de ses doigts la cuillère restée plongée dans son thé. Les yeux fermés n'ont qu'à s'ouvrir et Mikami confondait chaque jour un peu plus ses rêves et ses souvenirs, mais l'arrivée du Jisetsu dans sa vision se déroulant au pays de la foudre ne manqua pas de l'interpeller. D'un léger gémissement, il ouvrit un œil et aperçut Shiro chronomètre en main.

- Ah...

Le réveil avait été dur pour tout le monde aujourd'hui.

...ben te voilà.

Il se remit à touiller son thé comme si de rien n'était.

Ben j'ten pris, assis-toi.

Il lui servit du thé et lui tendit la tasse, c'est là qu'il remarqua que le garçon était trempé.

J'espère que la mise-en-bouche t'a plu. Prends des gâteaux aussi, on va un peu discuter alors autant joindre l'utile à l'agréable. J'ai pas eu le temps d'entièrement me rendormir, alors on peut dire que ton temps est plutôt pas mal pour une première fois.

Il prit quelques biscuits qu'il trempait à peine dans sa boisson auparavant chaude avant de les avaler deux par deux. À travers la fumée s'élevant de la tasse du jeune Heishi il observait la carrure de ce dernier. Il avait déjà bien maigri depuis leur rencontre et s'était même renforcé. Il avait pris du muscle, et ça allait lui servir. Il devrait être vif aussi bien du corps que de l'esprit, l'amnésique allait le soumettre au même test par lequel il avait dû passer la première fois qu'il prit officiellement les armes. Environ dix-sept ans auparavant. Ce serait violent, mais il savait ce que ça lui avait apporté et c'était cette même chose qu'il souhaitait inculquer à Super-Shiro. S'il prétendait à ce préfixe, il lui faudrait au moins ça. Quitte à ce qu'il en pleure du sang. C'était ce jour-ci que Mikami avait connu ses premières blessures sérieuses, et ces souvenirs là lui étaient revenus alors qu'il réfléchissait à prendre une équipe. D'abord il hésita à réitérer, puis fit le choix de le faire malgré tout. Peut-être que le clan Jisetsu lui en porterait préjudice... et ils pourraient aller se faire foutre.

Mais d'abord, il avait besoin de quelques précisions, il n'était pas qu'une brute écervelée...

- Alors dis-moi Shiro. Qu'est-ce qui t'a poussé sur la voie du ninja ? À part les filles et la célébrité, qu'est-ce qui t'a motivé ? Est-ce que c'est ton clan, tes parents, le besoin de faire marcher tes pupilles ?

Souvent une présélection naturelle se mettait en place et se substituait aux choix de l'Enfant. Le Yorurai avait compris depuis son premier voyage au pays de la foudre qu'il avait fait parti de ceux-ci...

- Qu'est-ce que tu avais dans la tête en entrant et sortant de l'académie ? Je veux savoir ce que tu vises et quel est ton nindô. Tu n'es pas obligé d'avoir la réponse à cette question, mais il y a bien un axe directeur dans ta vie de ninja, ou quelque chose qui fait que tu ne souffres pas trop en te levant le matin. Si tu as des convictions ou des motivations, c'est le moment d'en parler.

Et au plus profond Mikami espérait qu'il en avait, même si elles ne s'étendaient vers des horizons infinis. Le plus simple était pour lui le plus agréable, ainsi que le plus efficace.

- Aussi, je veux savoir si tu regrettes ou non l'alliance et son triumvirat, ainsi que conaître ton idée sur l'empire. Si tu as eu le temps de t'en forger une bien sûr. Et n'ait aucune crainte de te lâcher si jamais celle-ci est négative, en tout cas pas avec moi.

Son regard se fit entendu et parlait bien plus que ses mots :

Tu pourrais être surpris de voir qu'il y a bien plus d'insatisfaits que ce que tu pourrais croire.

Il but un peu de thé en fermant les yeux puis reprit :

- Tu peux me parler de tout, maintenant ou plus tard. Mais ici nous sommes seuls et personne ne nous écoute. Ce que je viens de te dire ne veux pas dire que je m'oppose à tous ceux qui vouent totale allégeance à l'empire, je veux avant tout que nous instaurions un climat de confiance totale même si nos idées peuvent s'opposer. Les convictions ne doivent pas être faites pour nous diviser, et pourtant... En tout cas sache qu'avancer sans but ni conviction peut très vite être synonyme de mort prématurée ou d'une servitude pernicieuse ; ou les deux. Ce à quoi nous avons fait face à Yuki et Mizu n'est qu'un minuscule échantillon de ce qui peut arriver dans le monde shinobi. Même si tout va bien aujourd'hui, tout peut basculer en un dixième de seconde pour l'accumulation de deux détails absolument imprévisibles.

Et ces deux garçons pourraient très bien être ces détails.

Mais nous reviendrons là-dessus après, réponds d'abord à toutes ces questions...

Et il était désolé que ça fasse beaucoup. Mais qu'il prenne son temps, ce n'était pas pour rien s'il avait prévu un petit-déjeuner. Mais après ça, Shiro allait avoir à faire un choix. Choix qui pourrait remettre en question le reste de sa vie telle qu'il se l'était imaginée ou le lancer une bonne fois pour toute sur la dure voie du shinobi.

Je vais être franc, ça risque de te surprendre. Ce n'est en rien en rapport avec les filles, avec mon envie de célébrité, rien de tout ça. Originaire de Kiri, comme la plus-part des ninjas de notre Alliance, je suis né d'une père et d'une mère, et la plus-part des humains, du moins je l'espère. Ninja, eux-aussi, je parle de mes parents.... ah-hein! Eux aussi étaient ninja, ma mère vaillante, et mon père bataillant pour la gloire de mon clan sans qu'il soit incroyable au combat. Tu connais aussi bien que moi les événements qui ont touchés Kiri? Voir mieux je suppose...

Lorsque Sanbi a attaqué Kiri ma mère l'a combattu comme les ninjas envoyés au champ de bataille, ses pouvoirs dans la moyenne ne lui ont pas permis de protéger le village, elle a été tuée, tandis que mon père lui a survécu en ayant vu son amour de toujours mourir... Dur à accepter je suppose, c'est avec ce mal-être qu'il a dû continuer à vivre, jusqu'à être raillé de la carte par je ne sais quelle raison, je n'ai plus de nouvelle de lui, Kiri a donc décrété qu'il est mort. Je souhaite encore aujourd'hui à ces deux-là une vie heureuse au septième ciel. Ce n'est que l'épisode sur mes parents, avant que tu t'endormes à nouveau, je vais conclure... Non? Comme tout les ninjas ils ont oeuvrés à la protection des idéaux de leur village, et comme eux je veux défendre cette paix mais à ma manière. Devenir une icone mondiale, une icone de la paix! C'est un sacré objectif, non?

Tu me fiches dans ton carnet avec tes questions? Mais si c'est que tu veux, senseï, c'est ce que t'auras. Comme mes parents j'ai voulu être ninja, et malgré le peu d'information que j'avais sur mon clan à mon arrivée tardive au Shukaï, j'ai voué une admiration pour les ninjas, et ça m'a tout naturellement poussé à m'inscrire à l'académie. J'ai doublé l'examen, ou triplé je ne sais plus, mais au final j'ai atteint ce que je voulais, devenir un fier défendeur de ce qui est le Shukaï. Mon nindö? Surpasser Hikolai? Non... non... Je manque sérieusement d'ambition, devenir une icone de la paix, sans même devenir puissant. Être un symbole, et je sais que si les gens s'inspiraient de moi on serait tous les meilleurs amis du monde... mais aussi les plus cons.

Même âgé de treize ans, je sais que ceux qui regrettent le triumvirat sont les plus sombres des cons, car même avec une vie aussi courte j'ai un minimum d'expérience et rencontré les bonnes personnes. Le triumvirat n'aura été qu'une succession d'échec, à cette époque le Shukaï était une terre d'insécurité, nous avions subis plusieurs-attaques, deux exactement je crois bien, tous remédié depuis l'apparition de cette figure politique. La suite risque de fausser ton image de moi, mais tant pis, je continue... L'apparition de ce Samui a réussi à faire disparaître cette insécurité, la preuve les Daimyons corrompus à la moindre enveloppe d'argent ne sont plus aujourd'hui un problème, l'exemple du Shukaï est à prendre en compte dans tout les pays où les seigneurs règnent en maître.

Aujourd'hui l'Empereur dispose peut-être du plein pouvoir, les valeurs restent identiques. Je ne suis pas fanatique de cet homme, mais les promesses à la création sont respectés, et les choix sont bons, et même ses détraqueurs n'ont pas les arguments nécessaires qui pourraient leur permettre de cracher sur l'Empereur. Lors de la réunion interne Jisetsu, notre représentante, Jisetsu Asuka et fait face à deux ignobles gugus, Homura et Demon, tu connais leurs arguments? Cracher sur l'Empereur et ses meurtres, est-ce que c'est suffisant pour ne pas approuver l'Empire? Non. Même moi qui n'est qu'un enfant ai réussi à balayer leurs arguments.

Ses choix sont bons, économiquement parlant, nous prospérons, et la paix est en rendez-vous. Le terme d'Empire reste coincé dans la gorge de quelques-uns, mais je sais qu'ils finiront par approuver l'Empire... Du moins jusqu'au jour où cet homme joue de ses droits et se permet de franchir la ligne, et là je serais dans les premiers à m'opposer, moi qui me proclame abusivement super-héros.

Je sais qu'avec des Asuka, Yuki, Van et compagnie, nous aurions toujours un Empire qui prospéra et dont les choix seront bons... Je cite ces personnes car ils sont de ceux que j'ai rencontré et qui m'ont permis d'avoir un semblant d'argument.

On est des copains, non? Si on l'est, tout roule comme sur des roulettes, Mikami-senseï.

- Tant que l'on se dit ce qu'on pense sans chercher à forcément faire plaisir à l'autre, oui on restera copains.

Mikami avait fini son thé au fur et à mesure que son sourire s'allongeait. Pas spécialement touché par l'histoire de ses parents, peut-être parce que le monde shinobi regorgeait de ce genre d'histoire et que connaissant l'origine du clan de Shiro, il s'attendait à entendre un jour ou l'autre ce genre de drame. Ou peut-être parce que sa joie de vivre faisait oublier la possibilité d'un malheur enfoui. Ou alors assez profondément, assez pour que tout moment de la journée soit apprécié comme il le faisait.

En tout cas, il ne voyait absolument pas de quel carnet Shiro voulait parler et se contenta d'écouter la suite avec une certaine satisfaction. Peut-être même avait-il été rassuré par ses mots, et il y avait eu ce passage où l'amnésique entendit son nouvel élève énoncer les raisons de son affectation alors que le sensei lui-même ne se les était jamais prononcées. Qu'est-ce qu'il avait dit déjà ? « Je sais que si les gens s'inspiraient de moi on serait tous les meilleurs amis du monde... mais aussi les plus cons. » Le jeune homme ne considérait pas la bêtise comme absolue pour la paix, mais il fallait se l'approprier pour répandre des sourires. Au risque de se la voir planer au-dessus de la tête sans s'en rendre compte, comme ceux qui les traitaient avec dédain. Pour Mikami aussi, une forme de manque de sérieux et l'amitié étaient deux des composantes principales d'une paix durable.

Enfin... Beaucoup de choses avaient été dites, et dans la majorité avaient installé un réel sourire sur les lèvres de l'amnésique. Mais il n'allait pas instaurer de débat ni d'acquiescement point par point. Il attendrait que les évènements ne les opposent ou ne les unissent face à ces sujets pour que les choses s'éclaircissent et que malgré leurs potentielles divergences, les deux camps pouvant s'opposer voient d'eux-mêmes que le carnage est évitable. Car tant qu'ils resteraient amis, oui, tout roulerait comme sur des roulettes.
Et l'équipe n'était pas encore formée qu'il était déjà fier de ce garçon, ce même s'il ne lui avait rien enseigné. Se retournant sur lui-même, il était fier de l'avoir choisi. Si le Jisetsu voulait en savoir plus sur le Yorurai avant que les situations ne mettent ses traits en valeur, il pouvait aussi poser des questions. Car il avait beaucoup à redire sur ce qu'il avait entendu, malgré leur accord sur les points principaux. Il ne se contenta que d'une seule chose, qui lui permettrait même d'effectuer la transition.

- Cependant ne crois pas qu'il y avait plus d'insécurité auparavant. À shozaichi, je ne vois pas grande différence avec la période du triumvirat et concernant l'extérieur, ce n'est qu'une question de temps avant que notre force ne cesse de faire peur.

Et l'adversité serait à la hauteur, donc des plus violentes. Maintenant qu'il savait vers quoi Shiro voulait se diriger, et qui plus est en étant galvanisé, les chose sérieuses pouvaient enfin commencer. Même s'il aurait pu rester toute la journée à discuter des sujets traités, le jeune garçon allait devoir rentrer chez lui, réfléchir posément et faire son choix, pour peut-être revenir le lendemain avec la plus ferme des décisions. Oui, revenir le lendemain.

- Le monde dans lequel nous avons choisi de vivre est fait d'armes et de puissances en tout genre, et je ne pense rien t'apprendre ici. Les oppositions seront barbares et pas tout le monde ne sait rire et raisonner. Malgré notre vision des choses, le contexte actuel fait que beaucoup, beaucoup de sang va encore couler. Même le notre, si nous voulons atteindre ce à quoi nous prétendons. Si tu acceptes de t'engager sur cette voie et de m'y accompagner, c'est ton innocence qui sera mise à la plus rude épreuve. Et c'est celle-ci, qui te caractérise à toi en particulier, que tu devras conserver aussi bien que ta vie et celle des autres tant qu'ils ne voudront pas prendre la tienne et qu'aucun autre choix ne se présente avec de meilleures perspectives.

Entre temps il s'était relevé pour s'asseoir en tailleur, laissant le petit-déjeuner de côté, affichant un regard flegmatique et des plus sérieux.

- J'espère que tu visualises ce qui t'attend. Si tu n'as pas de question à poser ni d'autre sujet à aborder, tu pourras rentrer chez toi pour réfléchir à la question, ainsi que décider une bonne fois pour toute quelle vie tu veux mener. Je ne suis pas sûr que l'académie te fasse réellement comprendre tout ce que tu peux perdre en t'engageant sur cette voie. Tu pourras ainsi choisir de quitter Shozaichi et de mener une vie saine pleine de rires et d'amitié, ce que j'approuverai avec plaisir.

Même malgré son expression impassible présente pour conserver la meilleure des objectivités, il était évident qu'il était sincère.

- Si tu choisis de revenir, c'est la Vie et ton humanité, ainsi que tout ce qui te caractérise aujourd'hui, qui me plait et qui plait aux autres que tu mettras en jeu. Et je te conseille de t'accrocher. Tu reviendras ici, à la même heure. Avec ton chronomètre, ça nous permettra de voir à quel point tu es capable de progresser... Viens à jeun ou fais le plein d'énergie, repose-toi bien ou entraine-toi toute la nuit, en fait fais ce que tu veux. Mais accroche bien tes nerfs sur la route, car si tu reviens, ce sera pour que je puisse voir ce que tu as dans les tripes.

Et son regard laissait penser qu'il y avait des chances que ce puisse se faire au sens littéral.

- Je tiens vraiment à te laisser la possibilité de choisir, et pas seulement parce que tu es mon ami. Mais tu es obligé de rentrer chez toi pour y penser, même si tu penses que ta décision est déjà prise. De toutes façons...

Et il regarda tout autour de lui.

...le terrain n'est pas très approprié aujourd'hui. Personne ne t'en voudra si tu veux faire demi-tour, être shinobi est loin d'être le seul moyen de devenir un icône de paix. Alors encore une fois, s'il n'y a rien d'autre que tu ne veuilles aborder... tu connais la route.

Oui, il l'avait fait venir pour lui demander son nindô et lui dire qu'il allait douiller. Aussi pour voir à quel point Shiro pouvait tirer parti de ses expériences et s'améliorer, ce à travers ce parcours du combattant qui menait à cette clairière isolée. Oui ç'aurait pu être fait de manière à ce qu'il n'ait pas à se taper l'aller-retour avec si peu d'intervalle, mais Mikami préféra s'enquérir de ça avant de le soumettre à l'épreuve du drapeau. Celle qu'il n'arrivait toujours pas à classer dans rêve, cauchemar, ou souvenir. Mais si le Yorurai voulait créer quelque chose de durable, il fallait que tous deux passent par là.

Lui resterait ici aujourd'hui. Il clôtura la discussion avec le Jisetsu en répondant à ses éventuelles questions, puis mit à l'écart tasses, cuillères, et sachets en tissu le temps qu'il se mette en route. Enfin il dégaina et se positionna face à la falaise. Comme il l'avait dit, le terrain n'était pas approprié. Et si le jeune garçon revenait le lendemain il pourrait de lui-même constater quelques changements. Son sensei avait lui aussi encore besoin de beaucoup d'exercice.

- Fûton...

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