Music ♫:

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis la défaite de Hélios et notre prise de possession de ses lieux. J'avais passé énormément de temps à dormir pour me remettre de cette fatigue intense et puisque je n'avais pas accès aux réserves d'hémoglobines de l'hôpital de Suna comme j'en avais l'habitude, j'étais contrainte de solliciter l'aide d'Ogami, qui me fournissait volontiers.

Je ne pouvais pas prendre son sang en grosse quantité à chaque fois, sans quoi il se sentirait mal à son tour mais du coup j'étais obligée de lui en prendre plusieurs fois par jour en petite quantité. Je n'avais pas vraiment le choix... Sans ça, je serais déjà morte. Il me fallait renouveler mon sang si je voulais me débarrasser des toxines présentes dans le mien au fil du temps.

Grâce ou à cause de cela, mon lien était renforcé avec le Toshiro, si bien que je sentais distinctement sa présence dans le manoir peut importe où il se trouvait part rapport à moi. J'aurais bien demandé aux autres de m'aider également pour m'empêcher de quémander sans cesse auprès d'Ogami mais il n'y avait que Ema et Tetsui d'attaque et je doutais que cela les enchantent. Nous tachions de nous exiler le temps de nos prélèvements et même si son foulard fétiche avait tôt fait de cacher les marques de morsure que je m'évertuais tout de même a atténuer avec mon chakra médical, nulle doute que certains se doutaient de notre manigance.

Le reste du temps, je le passais à observer Oniri dans la chambre dans laquelle elle se reposait tandis que Méphisto veillait constamment sur elle. Je craignais que Soma ne vienne rendre visite à mon amie Saibogu comme cela avait été déjà le cas.
Et j'allais également voir Kioshi. Je m'asseyais devant sa cuve et l'observais en silence. Depuis quelques jours déjà il gardait presque constamment les yeux ouverts, ce qui m'avait grandement soulagée, il avait d'ailleurs dû le constater aux étincelles qui brillaient dans mes yeux et mon sourire lorsque j'avais remarqué son éveil : au moins il était tiré d'affaire.

Je posais ma main contre la vitre, parfois il en faisait de même, parfois non. Il semblait distant... a moins que ce ne soit son manque de force qui l'empêche encore d'être pleinement parmi nous. Saix vint observer l'état de Kioshi ce jour là, pour finalement décider qu'il était tant de l'en sortir. Après plusieurs manipulations, le liquide se vida peu à peu et le Yamada fut extirpé de la cuve, sous les regards attentifs de tous.

Il lui manquait bien évidemment toujours son bras mais il semblait allait mieux tout de même. J'étais sur la réserve, n'osant guère l'enlacer alors qu'il venait tout juste de sortir. Déjà, Tetsui s'approchait de son cousin pour lui demander des nouvelles. Kioshi était encore un peu sonné mais il semblait toujours être lui même. Il lui fallait du repos quelques instants si bien qu'il fut accompagné par Tetsui dans l'une des nombreuses chambre du manoir, l'aidant à se déplacer alors que ses forces devaient lui revenir petit à petit.

J'attendais derrière la porte que les deux aient terminé leur discussion et lorsque Tetsui quitta la pièce, j'y entrais à mon tour. Kioshi était de nouveau sec. J'ignorais si cela était à l'origine de son cousin ou s'il était parvenu lui même à user de son chakra pour le faire.
Sans un mot, je m'approchais du lit et m'asseyais au bord en étirant un léger sourire.

« Bien dormi ? »

Me contentais-je de lui dire. J'ignorais comment l'aborder, à vrai dire il devait sans doute être furieux de me voir ici et ne devait pas non plus comprendre ce que Tetsui, La ou encore Ema faisait ici.

« Qui t'a fait ça ? »

Le questionnais-je en désignant son bras manquant d'un signe de tête. Dans le même temps, ma main se posa sur celle qui lui restait, se voulant chaleureux et réconfortante. J'étais heureuse qu'il aille bien malgré tout.

Il se montrait distant et froid, retirant sa main de la mienne, le regard fuyant : tout indiquait qu'il me faisait la tête. J'avais bien une idée du pourquoi mais j'étais également déçue qu'il fasse passer cela en priorité alors qu'il aurait pu simplement être heureux de voir que j'allais bien malgré ma présence qu'il jugeait « inappropriée ».

Pourtant je tentais de ne pas me montrer agacée.

« Oniri ? Tu sais très bien qu'elle n'aurait pas pu faire ça... »

Comment pouvait-il ne serait-ce que le penser...

« Celle qui t'a fait ça s'appelle Soma. Elle ressemble a Oniri et appelle Hélios : « papa ». Saix m'a dit qu'il pensait qu'elle était une sorte de clone créer via l'adn de la mère d'Oniri. »

Je pestais intérieurement. Déjà que je n'aimais pas cette Soma en sachant qu'elle rôdait près de la chambre où se reposait Oniri mais en plus c'était elle qui avait infligé cela à Kioshi... Je ne pourrais retenir ma rage la prochaine fois que je la croiserais...

Son regard se perdait sur ses pieds qui tapotaient le sol en guise d'impatience et d'agacement. Je l'observais, sans mot dire, sachant pertinemment que le couperet allait bientôt tomber et qu'il allait dire ce qu'il avait a dire. Cela ne manqua pas. Il relevait même ma pâleur et ma maladie... S'il avait vu dans quel état j'étais il y avait de cela une semaine et même quelques jours auparavant...

« Je serais bien plus pâle depuis le temps si je n'avais pas pu avoir de sang pour me régénérer... »

Il reprochait justement également la présence de mon donneur.

« Tu ne connais pas toute l'histoire Kioshi. N'est-ce pas toi qui cherche à écouter les propos avant de porter un jugement ? Sache que c'est grâce à ma maîtrise du sang que nous avons pu parvenir à bout de Hélios. C'est également grâce à moi si La n'est pas morte ainsi qu'Ogami, Ema et même Tetsui dont j'ai pansé les blessures avec mes dernières réserves de chakra. Nous avons également besoin de Hélios pour la suite, et c'est grâce à moi qu'il est encore plus ou moins en vie. »

En d'autres terme, si je n'avais pas été là, peut être qu'ils seraient tous morts ou dans un état bien plus alarmant que celui dans lequel ils avaient fini.

« Je suis partie pour aider ma meilleure amie. Qu'importe les ordres à ce sujet. Tu pourrais bien m'ordonner de ne pas venir alors que je sais que tu veux te rendre dans une mission suicide que je ne t'écouterais pas non plus. Je ne peux rester passive lorsque cela concerne les personnes auxquelles je tiens. »

Tu aurais agis pareil.

« Qu'aurais-tu fait à ma place ? Si j'avais été ta supérieure hiérarchique et que je t'avais interdit d'aller porter secours à une personne qui t'étais chère, alors que je m'y rendais moi même : m'aurais-tu écouté ? »

Je n'en étais pas certaine. Son regard était toujours fuyant mais au moins mes mots l’atteignaient.

« Ne devrais-tu pas être heureux justement, que malgré tout cela, je vais bien et les autres aussi ? »

J'observais son bras manquant et baissais la tête, rongée par le remord.

« Je m'en veux même de ne pas avoir été là pour te prêter assistance et t'éviter la perte de ton bras... J'aurais dû être sur place plus tôt. J'aurais dû partir directement avec toi ! »

Qu'importe ce que tu en disais, je voulais simplement te protéger, vous protéger... Je n'étais pas qu'une arme à la disposition de sa nation, écoutant aveuglément les ordres. Je savais prendre mes propres décisions malgré les interdits, pour le bien de tous.

Kioshi s'enfermait une fois de plus dans son discours, ne voulant avoir tord alors que j'étais certaine que lui même savait que son discours demeurait infondée puisque lui aurait agis de la même manière. N'était-ce pas un peu hypocrite que de me reprocher quelque chose qu'il aurait également accompli ?

Il allait même jusqu'à douter de la confiance qu'il pouvait m'accorder... Le grand discours était lâché... Ce n'était pas la première fois qu'il arguait ne pas pouvoir me faire confiance.

« Eh bien dans ce cas ne me fait pas confiance dans ce genre de cas précis. Tu me connais, tu sais très bien que si l'une des personne que j'affectionne est en danger je serais prête à risquer ma vie pour la secourir et donc à te désobéir si tu me demandes le contraire. »

Je ne pouvais simplement pas rester passive en de telles circonstances.
Il triturait son pendentif de sa main valide alors que je parlais que finalement tout le monde allait bien. Le comprenait-il que grâce à ma présence il n'aurait pas d'autres noms à y ajouter pour le moment ? Si je n'étais pas là, sans doute y en aurait-il eu.

Je m'énervais quelque peu lorsqu'il prétextait que l'on parlait de moi et non de lui en arguant même qu'il avait la situation bien en main.

« Oh oui ! Je vois ça ! »

Répliquais-je instantanément en observant son bras manquant.

Subitement, il se redressa, tentant de défaire le bouton de mon pantalon.

« A quoi tu joues ? »

Lui demandais-je, sceptique. Comment pouvait-il penser à cela dans un moment pareil ?! A moins que... Oh... ma cicatrice... Chouette il était au courant... venons y dans ce cas. Avant de la lui montrer, je répondais à sa question.

« Hélios me l'a entaillé avec sa main couverte de raiton. »

Autant dire que le résultat n'était pas joli joli... J'abaissais mon pantalon pour la lui montrer, ne quittant pas son regard inquisiteur des yeux. Ma peau lisse et diaphane était a présent recouverte d'une cicatrice horizontale d'environ dix centimètres tandis que la blessure en elle même avait été profonde de trois ou quatre centimètres. La chair déchirée avait dans le même temps été cautérisée par le raiton si bien qu'elle avait mal cicatrisé et que la marque n'était pas lisse mais se creusait de la moitié d'un centimètre par rapport au reste de ma peau. Elle était rougie et j'avais dû me faire moi même six points de sutures en anesthésiant la zone. A présent, tout était complètement refermée mais la cicatrice demeurerait ainsi à vie et pour l'heure, continuait encore de me faire souffrir si bien que j'avais anesthésié ma plaie pour ne pas ressentir la douleur en même temps que je continuais d'en boiter légèrement pour le moment. Il s'agissait encore d'une plaie récente malgré tout.

Je me taisais, le laissant lui même à son expertise. Après tout il était lui aussi médecin et il savait sans doute que j'avais fait tout le nécessaire pour soigner cela au mieux après avoir retrouvé mon chakra. Pourtant il ne s'agissait là que d'une cicatrice comme le corps des shinobis en étaient souvent recouverts. C'était la première que je subissais mais sans doute pas la dernière et il ne fallait pas qu'il dramatise la situation.

« Je suis en vie. »

Et je vais bien, dans la limite du possible. J'avais retrouvé des forces, j'allais bien mieux qu'il y avait quelques jours.

Il continuait sur la même pente ardue, me reprochant d'être en vie mais de ne pas aller « bien ». Dans ce cas je ne l'étais jamais vraiment.

« Je n'ai jamais été parfaitement bien ! Je te rappelle que ma maladie est de naissance, j'ai toujours dû subir des transfusions sanguines depuis mon plus jeune âge. En soit, on ne peut pas dire que j'ai déjà été un jour « bien ». »

Alors qu'elle différence aujourd'hui ? Je m'étais blessée ? Et alors ? Cela arrivait même aux meilleurs d'entre nous... La preuve, notre Kazekage avait désormais un bras manquant ! Je n'avais pas reçu une attaque aussi gravissime que la sienne. La marque demeurerait mais la douleur liée à celle-ci non.

Je ne parvenais pas à comprendre ce qu'il voulait dire... Il ne remettait pas en cause mes capacités mais alors quoi ? Il se faisait du soucis pour moi, cela je l'avais compris mais cela ne changeait rien. Il se montrait tout de même bien trop protecteur alors que j'étais une shinobi : le risque de ma vie était mon lot quotidien. J'avais choisi cette voie et ne pourrais m'y soustraire. Lui aussi risquait sa vie chaque jour : est-ce que cela me plaisait ? Bien sûr que non mais c'était ainsi. Au moins je pouvais choisir de veiller sur lui et de l'accompagner là où il irait pour tâcher de le protéger ou lui venir en aide.

« J'accepte de ne plus faire de mission et de ne pas sortir du village tant que ta vie à toi et celles de mes proches ne sont pas menacées. Dans le cas contraire, je serais présente. »

Que cela te plaise ou non : c'était ainsi. Personne, pas même toi Kioshi, parviendrait à me dicter ma conduite sur ce point.

« Désobéir aux ordres n'est rien comparé à l'annonce de votre trépas alors que je serais restée en retrait. »

Il n'y avait pas de retour possible et tu le savais tout aussi bien que moi : les noms sur ton pendentif en témoignait.

Il mettait fin à la discussion en arguant que je me contenterais de suivre le groupe pour qu'il puisse m'avoir à l’œil mais ne souhaitait pas que j'intervienne en combat... Cela m'étonnerait fortement...
Là dessus, la porte se ferma brusquement derrière lui, me laissant échapper un soupir. Il était en effet mieux que l'on en reste là sur cette conversation puisqu'elle ne mènerait à rien.

En revanche, j'étais toujours affaiblie et je n'avais pas eu d'hémoglobine depuis la veille pour renouveler celui de mon organisme en train de s'intoxiquer de lui même, comme chaque jour... Il savait ce que représentait un échange de sang pour les Ketsueki : c'était comme prendre une part de l'âme de l'autre, une communion des esprits, un symbole presque tout aussi fort qu'un acte charnel avec l'être aimé. Maintenant qu'il était réveillé, je ne pouvais en demander de nouveau a Ogami comme j'avais été contrainte de le faire. Je le considérais comme mon frère alors je partageais un lien suffisamment fort avec lui sans la moindre once d’ambiguïté pour me le permettre mais Kioshi ne le verrait peut-être pas de cet œil... A moins qu'il s'en moquerait mais il me faudrait tout de même passer par lui pour avoir son avis sur la question.

J'ouvrais donc la porte à sa suite, m'étant faite cette réflexion aussitôt, d'un pas chancelant et boitant, je tentais de le rattraper en tirant une grimace à chacun de mes pas.

« Kioshi ! »

L'interpellais-je.
Ce n'était pas dit qu'il m'écoute dans son état, croyant sans doute que je voulais de nouveau discuter de notre escarmouche précédente alors qu'il n'en était rien. Je poursuivais donc tout en continuant de le suivre.

« J'ai besoin de sang. »

Me contentais-je de lui dire. Je savais qu'il saurait ce que cela impliquait. J'ignorais en revanche s'il passerait son chemin en n'en ayant que faire ou s'il concéderait à me donner le sien...

Il croyait que je me moquais de lui mais au moins il s'était retourné. Il verrait bien vite que cela n'était en rien de la comédie. D'un pas rapide, il s'approcha de moi, si bien que je crus qu'il allait me frapper : mais il n'en fit rien. Peut-être voulait-il simplement me stopper dans ma marche hasardeuse et douloureuse.

Un soupir lui suffisait pour m'intimer de faire vite. Sauf que je n'avais aucune envie de procéder de la sorte. Je faisais une moue de désapprobation.

« Tu sais très bien que non... Je ne veux et ne peux faire ça vite. Et... »

Je marquais une pause avant de le regarder, presque gênée, ce qui était bien du rare.

« Pas dans le couloir non plus... »

Cela restait un échange intime, je ne voulais pas nous donner en exhibition mais simplement partager cet instant avec lui, bien qu'il en avait aucune envie du fait de sa colère sous-jacente.
Il semblait agacé par mes exigences mais si pliait tout de même car il savait que s'il ne le faisait pas, je serais contrainte de mourir et souffrir dans un coin.

Exaspéré, il se mit à m'attraper et à me porter comme il le pouvait avec un seul bras. J'étais positionnée par dessus son épaule tandis que je me débattais.

« Je sais encore marcher ! »

Clamais-je. Mais mes protestations n'eurent aucun effet alors j'abdiquais. Je n'avais pas le force de lutter et au fond je le connaissais assez pour savoir qu'il agissait ainsi pour ne pas me voir forcer à nouveau sur ma jambe blessée.

Il entra dans la première pièce venue, une sorte de salon garni de fauteuils rouges et d'un piano a queue entreposée au fond de la pièce. Bien sûr, l'instrument attira mon attention mais j'étais davantage préoccupée par ma tâche en cet instant.
Il me reposa au sol tandis que je lui demandais de s’asseoir sur l'un des fauteuils. Il venait de se réveiller, ce n'était pas une bonne idée de rester debout pendant l'opération.
N'ayant d'autre choix, et aussi parce que c'était ma façon de me faire pardonner bien que je ne pouvais pas lui promettre de changer, je m'asseyais sur lui en face à face.

Cela me faisait mal de voir l'une des manches de sa chemise tombante. Je soupirais avant de me lancer, cajolant son cou de ma langue pour palper sa veine au travers de sa peau. Une fois trouvée, j'usais de mon chakra médical pour anesthésiée la zone et ainsi ne pas lui faire mal.
Finalement, mes crocs s'effilèrent et s'aiguisèrent pour mieux percer sa chair. La seconde d'après, son hémoglobine coulait dans ma gorge. Je me délectais de cet arôme, mon préféré de tous. Je serais de nouveau en mesure, via notre lien, de percevoir sa présence et de savoir plus ou moins son état d'esprit.

Toutefois, en plus du goût unique et intense qui le caractérisait, je parvenais à ressentir d'autres choses... C'était comme si je ressentais ses émotions. J'étais imprégnée de sa colère mais il y avait également de la crainte et une inquiétude certaine. Sans que je ne puisse vraiment expliquer comment j'y parvenais, je voulais en savoir plus et je fus alors irrémédiablement baignée dans une chaleur toute particulière, ce genre de sentiments qui fait tourner votre monde autour d'un seul être. Je croyais tout d'abord que cela faisait référence à l'Ecarlate mais je ne comprenais pas vraiment le rapport avec la situation avant de finalement comprendre...

Surprise, je reculais ma tête et l'observais dans les yeux tout en essuyant l'hémoglobine qui perlait sur ma bouche et mon menton d'un revers de manche.

« Tu... »

Non ce n'était pas possible ! Et pourtant, ce que je venais de ressentir à l'instant... En avait-il seulement conscience lui même ? Cette colère présageant d'une inquiétude dissimulée n'était pas seulement due au fait qu'il tenait à moi et voulait me protéger. Non. Ce sentiment là était bien plus profond...

« Tu... m'aimes ? »

Lui demandais-je encore ébahie par ce que je venais de ressentir. Mais devais-je simplement le formuler ? Peut-être que lui même ne le savait pas... Il s'était radouci mais demeurait énervé alors était-ce une bonne idée que de le vérifier par moi même ?

Mes doigts caressaient sa joue avant que je ne me penche sur lui pour l'embrasser. Si tel était le cas, son baiser serait différent des autres, c'était lui même qui me l'avait dit.
S'il ne me repoussait pas, s'il laissait ses sentiments s'exprimer librement, alors je saurais...

Il s'étonna de me voir me retirer si vite et fut tout autant surpris lorsque je l'embrassais après avoir annoncer qu'il m'aimait. Nul doute qu'il était perdu et visiblement il ne réalisait pas lui même la portée de ses sentiments. En retour, il appuyant fortement sur ma cicatrice, me faisant grimacer de douleur et donc, mettant fin à ce pseudo baiser.

Pouvais-je lui en vouloir ou lui en tenir rigueur ? Non. Il était en colère alors je ne devais pas interpréter ce refus comme une mauvaise interprétation de ce que j'avais pu lire à travers lui. Ou bien peut-être, essayais-je simplement de me rassurer...

Il se releva brusquement, me faisant tomber en arrière par la surprise. Je ne me fis pas vraiment mal mais j'étais ébahie par la violence de sa réaction si bien que je mis une poignée de secondes à me relever.

Ses propos étaient virulents. J'avais accentué sa colère en déclarant ce qu'il voyait comme un mensonge. Il était dans le déni allant même croire que j'avais inventé ces mots pour que l'on puisse renouer notre lien... J'avais également du mal à suivre tout ce qui se déroulait sous mes yeux. J'avais passé plusieurs jours à veiller sur lui dans la cuve, m'inquiétant sur son sort, et maintenant qu'il allait mieux et que j'en étais rassurée, voilà qu'il passait son temps à passer ses nerfs sur moi sous prétexte que je ne lui avais pas obéis ? C'était puéril !
Je savais désormais que là n'était pas la seule raison, la source de son inquiétude était renforcée par les sentiments qu'il possédait à mon égard sans s'en apercevoir mais cela n'excusait en rien la colère qu'il dressait à mon encontre.

Il se dirigeait d'un pas rapide vers la porte, arguant que je le décevais beaucoup... Pourquoi ? Je ne parvenais pas à comprendre. J'avais besoin de discuter avec lui si bien qu'après qu'elle mudra et une taillade dans le bras, j'envoyais mon sang devenu collant sur la porte et le mur a hauteur de la poignée pour la bloquer, comme une toile d'araignée écarlate en plus épaisse et bien plus collante.

« Pourquoi ? »

Lui demandais-je simplement, ébahie.

« Penses-tu vraiment que j'inventerais ces mots juste pour te toucher et nous faire repartir sur des bases plus saines ?! Je sais me montrer fourbe oui mais pas avec les personnes que j'aime ! »

Et cela tu devrais le savoir... En soit, c'était toi qui me décevais de croire que je pourrais agir de la sorte à ton encontre. Tu parles souvent de confiance mais visiblement c'était toi qui ne savait pas m'accorder la tienne puisque tu étais capable de croire en cela...

J'étais tremblotante, sous le choc de ses paroles, bien que je serrais les poings pour le dissimuler au mieux. Je n'avais pas pris suffisamment de sang et j'en aurais de nouveau besoin au cours de la journée... Il devait le savoir. Comment ferions nous ? Il ne me laisserait plus le faire ? M'obligeant à mourir et souffrir dans mon coin ou d'aller en demander auprès de quelqu'un d'autre ?

« Tu sais très bien que la quantité n'est pas suffisante. Il m'en faudra de nouveau au cours de la journée... Mais tel que je te vois là, je doute que tu concèdes à m'en redonner... Que dois-je faire alors ? Mourir ? Ou bien en demander à Ogami ? »

Mon ton s'était adouci, presque comme une supplique.
Depuis mon entaille sur le bras pour générer ma toile collante, un mince filet d'hémoglobine s'écoulait et tombait en gouttelettes écarlate sur le sol. Je n'en avais que faire et ne cherchais même pas à le rappeler à moi ou à me soigner. A quoi bon de toute façon ? Chaque jour de plus que je passais était un sursis. Le méritais-je ? Visiblement non.

Mes yeux croisèrent ceux de l'homme que j'aimais, exprimant un mélange d'inquiétude et de tristesse. Mon avenir, pour le moment, dépendait de lui. Avait-il conscience de tenir ma vie entre ses mains ?

Il se tourna vers moi, l'air toujours énervé alors qu'il relevait mes propos. Sa voix était grave alors qu'il me demandait si je souhaitais a ce point sa propre mort. Il me fallut une demi seconde pour réaliser qu'il disait cela car c'était à ça que le condamnait la mienne.

« Bien sûr que non ! Il est hors de question que tu meurs ! J'ai besoin de toi et tu le sais... »

N'en avions nous pas déjà parlé ? Alors que je ne voulais plus te rendre visite chaque jour et que toi même tu m'as avoué que ma présence t'apaisais ? Je me rendais chaque jour chez toi pour prendre de tes nouvelles et t'aider à remonter la pente alors que finalement, très vite, je me suis aperçue que c'était moi qui avait le plus besoin de cette entrevue quotidienne.

Ce qu'il me disait a travers cette remarque c'était que lui aussi avait besoin de moi ? C'était ainsi que je l'interprétais mais vu son agacement et son énervement, je ne parvenais pas vraiment à savoir si j'interprétais ses paroles de travers ou non...

Je n'eus pas vraiment le loisir de m'y attarder davantage car voilà qu'il se tailladait sa mutilation avec un kunai en arguant que j'avais désormais tout le sang que je le voulais.
Mes yeux s'écarquillèrent de stupeur alors que je me ruais vers lui tout en usant de ma maîtrise pour éviter l'hémorragie et maintenir son sang dans son corps. Bien vite, mes mains vinrent se plaquer sur la zone pour le baigner dans un halo verdâtre. Voilà qu'il me faisait utiliser mes jutsus claniques qui affaiblissaient mon corps et me faisait user de mon chakra pour lui...

« Tu es fou ! »

Lui lançais-je presque dans un cri, les yeux subitement emplis de larmes de le voir agir de la sorte : se blesser, se vider de son sang en mon intention ? Ce n'était pas ce que je voulais !
Dans un ton emplit de sanglots je lui répondais :

« Je suis fatiguée... Je n'ai presque plus la force de lutter pour ma survie. Tu es la seule personne qui me maintient en vie et qui me donne le courage d'avancer... Ne me laisse pas... Ne m'abandonne pas... Ne meurs pas. »

Je laissais mon front reposer contre son épaule tout en proférant ces paroles pour dissimuler mes larmes, tandis que ma main finissait de soigner sa plaie. Mon autre main se glissait sur la sienne pour attraper son kunai que j'envoyais en arrière.

« Chaque fois que je te vois blessé, mon cœur saigne et mon corps souffre avec le tien... »

Sans lui, il n'y avait plus d'espoir ni d'envie de continuer.
Après quelques instants dans ce lourd silence, ma main sur son épaule destituée de bras, remonta pour s'apposer contre sa nuque et renforcer mon étreinte. Sa plaie était guérie mais nos corps souffraient encore...

Music ♫:

« Je suis malheureuse de te voir te mutiler pour moi... »

Il soupirait, clamant que s'il était fou alors j'étais sa folie : la raison de son tourment. Mon regard demeurait perdu dans le vide à ces paroles. Etais-je donc réellement la raison de tous ces maux ? Je ne voulais pas lui faire de mal et pourtant, je me rendais bien compte que l'attachement qu'il avait pour moi ne suscitait que cela...

Je renforçais mon étreinte un peu plus encore, me laissant bercer par sa chaleur et sa présence, toujours pourtant teintée de colère. Il me demandait, sur un ton presque condescendant, de boire pour en finir, clamant son besoin de repos. Je n'aimais pas son intonation et sa façon de le dire... Sers toi et fiche moi la paix... Voilà ce que j'entendais. N'avait-il donc pas compris que j'avais besoin de lui ? Il me rejetait, une fois de plus, alors qu'il me demandait pourtant de faire preuve de prudence et de ne pas aller risquer ma vie. Pourquoi cette distance allant en contradiction avec ses ordres, sa demande... ?

Sa main se glissait dans mes cheveux, me rapprochant de son cou alors qu'il semblait presque résigné, ne reconnaissant nullement et aucunement la signification de cet échange. Il se sentait obligé de le faire pour me maintenir en vie mais ne parvenait pas à voir toute la symbolique que cela représentait et dont il avait pourtant connaissance...

Ma main se posa dans son cou pour me dérober quelque peu :

« Non. Je n'en ai pas besoin davantage pour le moment. »

Pourtant il m'avait proposé un échange et je me devais d'y répondre malgré tout :

« Je n'en reprendrais pas tout de suite mais je te promet de ne pas me mettre volontairement en danger. »

J'avais redressé la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux : il savait que je ne mentais pas. Ma main venait se poser sur sa joue que je cajolais doucement du bout des doigts sans quitter son regard. Etait-il toujours fâché contre moi ? Si tu me demandes de ne pas risquer ma vie alors ne me rejettes pas lorsque je réclame ta présence...

« Je resterais à tes côtés. Tu pourras même me garder à l’œil comme ça et vérifier que je ne trahis pas ma promesse... »

Le ton de ma voix était doux et empli d'affection.

« Tu ne veux pas me perdre... Mais moi non plus je ne veux pas te perdre... Alors... Ne me laisse pas derrière... Jamais. »

Ne crois pas me préserver en me laissant en retrait, m'écartant de tout danger alors que moi même je ne veux pas que tu risques ta propre vie. Moi aussi je lui demandais de me faire une promesse.

Ma hanche me lancinait mais je me gardais bien de le lui dire... Il fallait que je me soigne de nouveau pour anesthésiée la douleur de cette blessure encore récente.

« Tu as raison. Tu as besoin de repos. »

Là dessus, ma main glissa le long de sa joue avant de retomber le long de mon corps. Le sang qui obstruait la porte lévita dans ma direction avant de retourner à sa source à travers une micro entaille que je venais de m'infliger avec un kunai. Je demeurais face à lui, attendant ses réponses et souhaitant au fond de moi qu'il ne prenne pas congé ou qu'il m'invite à le suivre : juste pour passer quelques instants supplémentaires en sa compagnie...

Alors que je lui demandais de me retourner ma promesse, il se contenta de murmurer sa fonction. Bien sûr que puisqu'il était Kage il devait s'assurer de la sécurité du village pour autant...

« Cela ne te donne pas pour autant le droit de te mettre en danger... »

Lui murmurais-je a mon tour avant de renchérir :

« Laisse moi me tenir à tes côtés, prête à intervenir et a t'aider, combattre à tes côtés ! S'il venait à t'arriver quelque chose alors que tu m'as mise à l'écart de la situation, jamais je ne pourrais me pardonner de ne pas avoir été là pour t'assister. »

Je sais que tu dois prendre des risques mais laisse moi au moins les arpenter avec toi. Ne me laisse pas en arrière ! Le Kage protège son peuple mais doit aussi être lui même protégé par ses shinobis. Là était mon devoir et ma fonction en plus de laisser parler mes sentiments.

Il croisa mon regard tout en déposant un baiser sur mon front. C'était un geste affectueux que j'appréciais mais qui marquait aussi son départ. J'avais veillé sur lui plusieurs jours sans cesse à travers cette cuve, maintenant que je m'étais assurée qu'il allait bien, malgré le repos qui lui faisait défaut et bien évidemment la perte de son bras, je me rendais compte de la triste réalité de la vie... J'aurais pu le perdre en cet instant et ne plus jamais pouvoir profiter de sa présence. C'était pourquoi je ne voulais pas passer à côté de tous les instants qu'ils nous étaient possibles d'avoir ensemble.

Il arguait une énième fois qu'il lui fallait du temps et je savais très bien à quoi cela faisait référence. Pourtant j'avais pu lire en lui ses sentiments et toute l'affection teintée d'amour qu'il me portait. Son esprit savait mais son cœur ignorait.

Il fallait qu'il se repose, qu'il reprenne ses émotions après tout ce qui s'était passé, qu'il se fasse à ce bras désormais manquant. Je voulais tuer Soma... Je voulais la torturer pour la mutilation qu'elle avait infligé à Kioshi...

Ce dernier passa une main dans mes cheveux pour les ébouriffer. Ce n'était pourtant pas grand chose mais cela eut le don de me faire esquisser un léger sourire à son encontre. Il ne semblait plus si fâché... Lorsqu'il se pencha en avant vers moi, comme pour profiter quelque peu de ma présence, j'en profiter pour poser ma tête sur son torse quelques instants. Après quoi il s'éclipsa, regagnant sans doute un lit pour trouver un repos mérité avant les prochains évènements.

Je soupirais une fois seule. Mon regard se déporta vers le piano a queue présent dans la salle. Ma main effleurait le bois parfaitement vernis de cette merveille. Je m'asseyais sur le tabouret devant lui et laissais mes mains se balader sur ses touches pour laisser son son mélodieux se déverser à travers tout le manoir de Hélios. Cela faisait longtemps que je n'en avais pas joué. Je n'avais pas besoin de partitions, depuis le passage de Megami en moi, j'avais comme hérité de son don pour le piano. L'air que je jouais se voulait mélancolique mais teinté d'espoir, comme l'était notre situation à tous. Nous avions déjà beaucoup perdu pour certains, d'autres se remettaient de leurs blessures et d'autres se mourraient à petit feu malgré les regards bienveillants qui se posaient sur eux...