Il faisait encore nuit lorsque Kisen fut réveillé par le bruit de coups sur sa porte. Enfilant rapidement des habits, il se précipita vers l’entrée pour savoir qui pouvait bien avoir besoin de lui au milieu de la nuit. La surprise fut grande lorsqu’il trouva Fukazawa, son chef de clan, planté devant sa porte.

- Que puis-je pour vous Fukazawa-sama ? Vous voulez entrer pour discuter ?

- Merci Kisen, j’ai besoin de vous parler.

Le jeune chuunin remarqua tout de suite que son chef n’était pas dans son état habituel, il semblait inquiet. Cela lui arrivait parfois d’être en colère mais il ne semblait que très rarement inquiet et cela n’augurait rien de bon. Kisen le conduisit alors dans le salon où il l’invita à s’assoir. Comme il vivait dans la demeure familiale, il savait que ses parents étaient présents. Ils ne tardèrent d’ailleurs pas à descendre en entendant la voix de leur chef. Toute la famille était ainsi assis autour de Fukazawa, tous imaginant la gravité de la situation.

- Tout d’abord, je m’excuse de devoir vous réveiller à une heure pareille, mais comme vous devez vous en douter, la situation actuelle l’exige. Vous le savez, depuis que je suis à la tête du clan, j’ai essayé de rallier tous les anciens exilés à notre clan, c’est d’ailleurs cela qui nous a permis d’intégrer le village de Kumo. Je ne vous cache pas que nous avons tiré d’autres bénéfices de cette opération, certains d’entre eux s’étant installés un peu partout dans le pays et ceux alentours, nous avons gagné un grand réseau de communication, mais cela a un coût. Comme vous avez pu le voir avec Nasato il y a peu, certains d’entre eux commencent à s’attirer des problèmes à cause de leur origine.

Kisen se rappelait bien de Nasato, un commerçant qui avait perdu sa fille à cause d’un groupe de criminel. Il sentait qu’une situation similaire arrivait à nouveau.

- Malheureusement, la situation est devenue bien pire. Je ne vous apprend rien mais il y a de cela plusieurs décennies, la tradition pour les exilés était de se rendre dans un petit village au nord du pays où il vivait en communauté, gagnant leur vie grâce à leur maîtrise, même limitée, du Kinton. Jusqu’à récemment, personne dans la région ne savait d’où ils venaient, mais aujourd’hui, ils assument pleinement leur origine. Le problème est que les habitants qui vivent aux alentours viennent subitement de comprendre comment ils pouvaient avoir une production d’armes et d’outils aussi forte. Ils ont alors pensé qu’il s’agissait d’une concurrence déloyale et ils ont fait une demande aux autorités pour régler le problème. Sauf que la situation est parfaitement légale, alors ils ont décidés de rendre justice eux-mêmes. Mais un Bannin exilé reste un Bannin et ils furent parfaitement capable de se défendre seuls. C’est là que le vrai problème intervient, ils ne s’arrêtèrent pas là et décidèrent d’engager une milice privée pour raser le village des Exilés.

Le Chuunin était énervé, il ne comprenait pas comment certaines personnes pouvaient arriver à de telles extrémités, il avait bien l’intention d’intervenir dans cette affaire.

- Dans ce cas, nous devons y aller immédiatement !

- Pas de précipitations Kisen, nous allons y aller, Fujita, toi et moi. Nous ne pouvons pas partir en grand groupe sans que le village ne se pose de question et vous savez très bien que le clan ne souhaite pas mêler Kumo à ses affaires. Le village a de quoi tenir jusqu’à notre arrivée, mais nous n’avons malheureusement que très peu d’informations sur le nombre d’individu de cette milice et sur les capacités de ses membres. C’est pourquoi, je n’ai aucune idée du dénouement de cette situation. J’ai prévenu le conseil, si nous ne revenons pas d’ici deux jours, nous serons considérés comme morts et le clan entrera en guerre.

Sans perdre un instant, Kisen quitta la pièce pour aller se préparer dans sa chambre. Il n’avait pas le temps de faire l’inventaire de tout ce qui lui fallait, alors il ne prit que le nécessaire, de toutes façons, ils devaient voyager à travers tout le pays et donc mieux valait que l’équipement soit léger. Ils avaient tous les trois l’avantage de ne pas avoir besoin d’emmener d’arme puisqu’ils étaient parfaitement capables d’en créer par eux-mêmes rapidement. Après avoir pris ses affaires, il retourna à la porte d’entrée où l’attendait son père et Fukazawa, prêts à partir. C’était la première qu’il partait de chez lui en se disant qu’il ne reviendrait peut-être pas, il savait qu’il pouvait perdre la vie à chacune de ses missions et cela faillit arriver plusieurs fois, mais cette fois-là c’était différent. La possibilité était bien plus grande puisqu’il n’avait aucune idée du danger qui l’attendait. La fierté du clan allait peut-être les mener à leur perte, mais pour n’importe quel Bannin dirait à cela que c’était un mal nécessaire. C’est ainsi que le trio partit en pleine nuit.

En passant au niveau des portes du village, Kisen eut une pensée pour le Kazai et son devenir s’il venait à mourir. Il savait que cela n’allait pas être simple pour l’unité si elle le perdait après avoir perdu son chef, mais il partait toutefois l’esprit tranquille. Il savait pertinemment que sa perte serait gérée par le village, il serait remplacé par quelqu’un de tout autant méritant et dévoué, il n’en doutait pas. La présence de son père à ses côtés le rassurait, il ne l’avait jusque là jamais vu dans en mauvaise situation, il savait se débrouiller. Fukazawa, quant à lui, était le shinobi le fort dont il avait vu les prouesses, il n’avait jamais perdu un seul combat et était considéré par son clan comme le plus fort membre du clan que ce dernier n’ait vu depuis des générations. Il faisait donc pâle figure à côté d’eux et cela l’encourageait fortement.

Chacun d’eux maîtrisait le Taïjutsu à un haut niveau, par conséquent, malgré ses propres capacités physiques, qui étaient déjà très bonnes, il avait du mal à suivre leur rythme de course. En effet, le trio n’avait pas de temps à perdre, ils devaient rejoindre le village des exilés le plus rapidement possible, ils ne pouvaient pas faire de pause sur le trajet ni ralentir la cadence. Mais Kisen restait un bon membre de son clan et il avait par conséquent suffisamment de volonté pour résister à ce genre d’épreuve. Il craignait néanmoins que la fatigue accumulée par le long voyage ne les empêche de se battre correctement une fois arrivés. Comme ils n’avaient pas d’autres choix, ils continuaient à courir à travers le pays. Un voyage comme celui-là prenait normalement plusieurs jours à être effectué, mais avec un rythme pareil, il ne leur fallut qu’une dizaine d’heure pour atteindre leur destination.

Le village des exilés était parfaitement reconnaissable, car malgré sa taille réduite, il n’avait rien d’un village rural comme on pouvait en trouver un peu partout. Cela se voyait qu’il était l’oeuvre du clan Bannin à ses constructions métalliques qui poussaient un peu partout, faisant ressembler le lieu à une petite forteresse. Le trio était content d’arriver, ils étaient complètement exténués, mais ils ne pouvaient s’arrêter là, ils étaient venus pour protéger ses habitants et ils devaient par conséquent travailler là-dessus.

Ils se rendirent immédiatement au centre du village pour rencontrer son représentant. Sur le chemin, les villageois sortaient de chez eux, attirés par leur arrivée. Kisen remarqua alors qu’il connaissait certains d’entre eux, des jeunes qui venaient de son village et qui l’avait quitté pour diverses raisons. Ils étaient tous des Bannin de par le sang qui coulait dans leurs veines, mais aucun d’entre eux n’étaient des soldats. Pourtant, sans avoir besoin de demander, le chuunin savait très bien qu’ils étaient tous prêts à prendre les armes pour défendre leur village. Il espérait de tout son coeur que cela ne leur soit pas imposé par l’arrivée de la milice. Une attaque sans préparation préalable du trio aurait eu des conséquences désastreuses pour les habitants de cet endroit. À vrai dire, depuis leur arrivée, la préparation des villageois était devenue inutile, car si les trois shinobis n’étaient pas capables à eux seuls de s’occuper de la milice, le village n’avait plus aucune chance. Certains d’entre eux savaient se battre un minimum, mais aucun d’entre eux n’avait un niveau suffisant pour résister à un shinobi. Kisen les considérait comme faisant partie de son clan, mais ils n’étaient que des civils et même avec beaucoup de volonté, ils ne leur étaient d’aucune utilité en cas d’affrontement.

Le représentant du village les attendait devant sa maison avec à ses côtés, des râteliers d’armes, prêts en cas d’attaque. Tout le village semblait être paré pour se défendre à tout moment, la seule personne qui n’était pas en état de combattre était Kisen, qui malgré toute sa détermination était bien trop fatigué par le voyage. Fukazawa s’approcha alors de l’homme qui les attendait.

- Bonjour, vous le savez sûrement mais je suis Fukazawa et je vous présente Fujita et Kisen, expliquez-moi clairement la situation.

- Enchanté de vous rencontrer enfin, même si j’aurais préféré que ce soit dans de meilleures circonstances. La situation qui nous attends est malheureusement dramatique, comme je vais l’ai déjà expliqué dans ma lettre, une milice se prépare à attaquer le village. Nous avons envoyé des hommes pour les espionner et essayer d’en savoir un peu plus et ils sont formels, il s’agit bien de shinobis. Il y aurait une vingtaine d’entre eux, mais ils ne feront rien avant cette nuit, ils sont toujours en train de se préparer. Ils sont toujours persuadés que nous sommes un village de shinobis, ils s’attendent à une bonne résistance de notre part.

- Ils ont un camp, une base ?

- Effectivement, ils ont un camp à une heure de marche vers le nord, mais il est bien gardé.

Kisen s’approcha alors des deux hommes, il avait une idée.

- Dans ce cas, autant les attaquer avant qu’ils ne le fassent, on leur prendrait l’effet de surprise.

Fukazawa porta alors sur regard sur lui, l’air pensif.

- Tu n’as pas tord et cela permettrait de ne pas risquer la vie de ceux qui habitent ici. Très bien, nous partirons en fin d’après-midi, ce qui va me laisser le temps de préparer une stratégie. Fujita, va trouver les hommes qui ont vu le clan et récupère toutes les informations possibles. Et toi, Kisen, repose toi, tu ne peux pas combattre dans cet état.

Le chuunin n’aimait pas se reposer pendant que les autres travaillaient, mais il devait reconnaître qu’il avait besoin de repos. Alors, comme il faisait beau, il s’assit au bord d’un mur ombragé. Il ne lui fallut pas longtemps avant de s’endormir.

Kisen fut réveillé par son père quelques minutes avant l’assaut. Il ressentait quelques courbatures après la nuit qu’il avait passé, mais il avait reprit suffisamment de force pour combattre. En attendant leur départ pour le camp, il fit le tour du village. Il remarqua alors quelque chose d’étonnant, il fallait connaître les Bannin pour s’en rendre compte, mais malgré leur exil, le village avait l’esprit du clan. Il ne s’agissait pas uniquement des constructions métalliques, mais également de la culture du clan et de leur façon de vivre. Plus il voyait ses maisons et ses habitants, plus il ressentait le besoin de les protéger. Lui qui n’avait appris l’existence de cet endroit que depuis peu de temps, considérait déjà ces personnes comme faisant partie de sa famille.

- Kisen, viens par là, nous allons partir.

Fukazawa et son père l’attendaient à l’entrée du village, ils étaient en train de discuter, sûrement de la stratégie de l’assaut. Kisen les rejoignit donc, il était prêt à partir également. Quelques villageois se trouvaient également pas très loin pour soutenir le trio avant le départ. Puis, comme tout semblait régler, ils partirent en direction du camp. Ils couraient à travers la plaine sur laquelle ils se trouvaient, à une cadence assez faible pour des shinobis. Ils étaient pressés que cela se termine, mais aucun d’entre eux en voulait tomber dans la précipitation, s’ils voulaient réussir, ils devaient faire les choses correctement. Sur le trajet, Fukazawa fit un briefing stratégique, ils ne pouvaient pas uniquement charger l’ennemi en espérant tous les avoir.

- Bon, d’après les informations qui nous étaient fournies, le camp est assez petit et il dispose d’une grande tente centrale où ils se retrouvent tous ensemble. Nous pouvons logiquement en déduire qu’ils mangent dans cette tente. Comme l’heure du repas ne va pas tarder à arriver, nous allons attendre qu’ils se réunissent pour attaquer. Tout d’abord, Fujita, tu t’occuperas, grâce à tes capacités, d’éliminer les gardes les plus proches tandis que Kisen, tu élimineras celui qui se trouve de l'autre côté. Ensuite j'entrerai dans la tente, dès lors, vous serez posté des deux côtés de celle-ci et votre mission sera de tuer tout ceux qui en sortiront.

Le père et son fils acquiescèrent alors d’un hochement de tête, le plan était assez simple, beaucoup plus que sa réalisation. La stratégie n’était pas leur point fort, alors ce qui allait vraiment décider du dénouement de ce conflit, c’était le niveau de leurs adversaires. Si certains d’entre eux avaient le niveau d’un jonin, le trio allait avoir beaucoup de mal à ne pas tomber sous le poids du nombre d’adversaire.

Ils ne mirent pas longtemps avant d’avoir le camp à portée de vue. Ils devaient faire attention en s’approchant pour ne pas être repérés par d’éventuels gardes. Comme il y avait un bosquet à une centaine de mètre du camp, ils firent un détour pour s’y rendre, leur permettant ainsi d’observer la cible tout en étant camouflés par la végétation. Ils s’installèrent ensuite en haut d’un arbre, profitant ainsi d’un très bon point de vue sur l’ensemble du campement. Ils purent donc vérifier les informations qu’ils avaient reçues, il y avait bien une vingtaine de personnes et seulement quatre d’entre elles montaient la garde. Ils n’avaient plus qu’à attendre le moment du repas, en espérant que le plan fonctionne.

Les informations qu’ils avaient obtenues se révélèrent être très utiles pour l’opération, comme ils s’y attendaient, le groupe ennemi ne mit pas longtemps avant de se rassembler sous la grande tente centrale. Le trio pouvait être content, si leur hypothèse s’était révélait infondée, ils auraient eu sûrement beaucoup plus de difficultés pour réussir leur mission. Seul les quatre shinobis chargés de surveiller le camp restèrent à leur position. C’était donc à Fujita de jouer, ils n’allaient pas avoir beaucoup de temps avant que les premiers a voir fini de manger sortent de la tente et ils ne pouvaient pas recommencer le lendemain puisque selon les informations, l’ennemi avait l’intention d’attaquer pendant la nuit.

Les trois hommes se précipitèrent alors en direction du camp. Fujita tenait des Kunaïs dans ses mains, prêt à les lancer comme il savait si bien le faire. Sachant pertinemment qu’un projectile lancé au mauvais moment pouvait risquer la réussite de la mission, il attendit l’occasion parfaite pour tuer le premier garde. Avec la disposition de l’ennemi, un seul d’entre eux pouvait voir les venir dans leur position et ensuite avertir les autres. Fujita lança le premier projectile lorsque l’ennemi se retourna dans leur direction. Grâce à sa grande maitrise du chakra, il était capable de projeter des armes à une vitesse qui dépassait celle des réflexes de son adversaire qui n’eut à peine le temps de les remarquer avant d’avoir le crâne transpercé. Les événements s’accélérèrent ensuite, il n’y avait plus le temps pour la moindre hésitation. Le corps du garde allait bientôt être remarqué par les autres.

Instantanément, Kisen quitta la formation du groupe pour faire le tour du camp. Il y avait quatre gardes et à cause de leur disposition, son père ne pouvait tous les atteindre avant que l’alerte ne soit donnée. Il devait donc s’occuper de celui qui se trouvait à l’opposé le plus vite possible. Pour cela, il ne se contenta pas de courir vite, il utilisa une bonne quantité de chakra pour accélérer ses mouvements. Alors qu’il avait traversé la moitié de la distance qui le séparait de sa cible, il croisa le regard d’un autre garde, posté sur un petit échafaudage. Il n’avait aucune idée de se qu’il se passait. Le jeune Bannin savait se qu’il devait faire, il ne pouvait se permettre de lui porter attention, ce n’était pas sa cible. Il eut d’ailleurs parfaitement raison de l’ignorer parce que ce dernier ne put réagir avant de se faire avoir par un des projectiles mortels de Fujita.

En quelques secondes, il avait atteint l’autre extrémité du camp et avait sa cible en vue. Il ne pouvait pas risquer la mission en tentant une attaque à distance comme son père, il n’avait le même niveau et cela pouvait très bien ne pas suffire. Lorsqu’il fut à une trentaine de mètre de lui, il concentra son chakra dans la pointe de ses pieds et se propulsa. L’ennemi, intrigué par le bruit qu’il avait émit en sautant, se retourna immédiatement, l’arme à la main. Kisen ne lui laissa pas le temps de réagir, il arriva au corps à corps en moins d’une seconde. De sa main gauche, il saisit la lame de l’adversaire pour l’empêcher de parer son poing gauche qu’il avait recouvert de métal. Le coup, porté au visage, fut suffisamment pour éclater ce dernier sur le sol. Le chuunin avait rempli la première étape du plan, il ne s’en tirait qu’avec une entaille peu profonde à la main.

Kisen était content d’avoir réussi mais il n’avait pas le temps de se reposer sur ses lauriers, il ne s’agissait que de quatre hommes sur une vingtaine. Et s’il y avait la moindre hiérarchie dans cette milice, il était logique de penser que les gardes n’étaient pas les shinobis les plus puissants du groupe. Il suffisait qu’une poignée d’entre eux aient un niveau supérieur ou égale à celui de Fukazawa pour que la réussite de l’opération ne soit plus envisageable. C’était une hypothèse peu probable de par la rareté d’individus de ce niveau dans le monde, mais surtout, c’était une idée à laquelle il était inutile de penser puisqu’elle impliquait leur échec.

Dès lors qu’il changea de direction pour se rendre vers la tente, il entendit un grand bruit métallique en jaillir. Cela ne pouvait qu’indiquer que le chef du clan avait entamé les hostilités, la deuxième partie du plan pouvait commencer. Immédiatement, le chuunin fit un bond sur le côté pour se cacher derrière une tente. L’ennemi ne pouvait savoir le nombre d’attaquant et s’ils ne devinaient pas sa présence à l’extérieur, il aurait un avantage considérable. Il attendit donc, observant l’ouverture de la toile qui l’empêchait de voir ce qu’il se passait à l’intérieur.

Il était prêt à attaquer à tout moment lorsqu’il vit un homme sortir de la tente, comme propulsé par quelqu’un d’autre. Il allait bondir sur lui, mais avant d’avoir pu bouger, il se rendit compte que l’homme était déjà mort. L’assaut de son chef était impressionnant, il avait déjà réussi à en éliminer au moins un. Le deuxième individu qui sortit de son côté était quant à lui, bien vivant et en état de combattre. Il semblait s’être reculé pour ne pas se faire avoir au corps à corps à l’intérieur. Cela ne pouvait dire qu’une chose, il se sentait pas de tailler à le combattre au Taijutsu, soit il n’aimait pas ce style de combat, soit il était trop faible. Dans les cas, c’était un avantage pour Kisen qui se jeta sur lui.

Le pauvre n’eut même pas le temps de se rendre compte de la présence du Bannin avant qu’il lui arracha la tête d’un grand coup poing renforcé au Kinton. C’était un coup facile et sa stratégie aurait pu fonctionner parfaitement si les hommes coincés à l’intérieur n’avaient pas tous voulu sortir pour s’éloigner du danger. Ce fut ainsi cinq hommes qui sortirent en même temps du côté de Kisen.

S’ils étaient des shinobis confirmés, la seule chance qu’il avait, était de profiter de l’effet de surprise pour tous les éliminer. Il n’avait donc pas le loisir de réfléchir à une quelconque stratégie. Il se concentra alors sur le chakra qui circulait dans son corps, pour utiliser sa technique de manteau de chakra. Elle consistait à recouvrir son corps d’une couche de chakra Kinton, destinée à renforcer une autre technique ultérieure. Une fois qu’il eut fini la préparation de cette technique, il se propulsa vers le groupe ennemi.

Durant l’infime moment où il révéla sa position à l’adversaire en quittant sa cachette et le moment où il se retrouva à côté d’eux, il eut à peine le temps de créer un katana en utilisant son manteau. Il aurait très bien pu créer directement son arme sans passer par l’autre technique mais il n’aurait jamais pu la réaliser avec autant de puissance dans un délai aussi court. Lorsque ses pieds se posèrent à nouveau sur le sol, il était entouré par l’ennemi et c’était exactement ce qu’il recherchait. Saisissant son arme qui débordait de chakra, il dessina un cercle avec, tout autour de lui pour trancher tout ses adversaires d’un seul coup.

Enfin, il l’espérait…

Ce fut donc une grande déception pour lui lorsqu’il sentit que sa lame fut arrêtée en pleine course. Il eut tout juste le temps de compter les trois victimes de son attaque avant de se faire percuter par un grand coup de pied dans l’abdomen qui l’envoya voler sur une dizaine de mètres. L’assaut n’était pas vraiment un échec puisqu’il avait réussit à en avoir plus de la moitié, mais la vitesse de réaction des deux autres ne laissait envisager rien de bon. Kisen n’était pas blessé par le coup qu’il avait reçu, il avait un peu mal au ventre, mais cela ne l’empêchait pas d’être parfaitement opérationnel. Il faisait désormais face à deux ennemis dont au moins un avec un niveau plus que correcte et il n’avait plus l’avantage de la surprise.

Il espérait que ce groupe d’adversaire soit le dernier qu’il aurait à combattre ce soir-là, mais il ne pouvait prendre le risque de laisser trainer le combat car d’autres hommes se trouvant dans la tente pouvait décider de sortir à tout moment. Car s’il avait encore une chance face à deux individus, il aurait beaucoup plus de mal à se défaire d’un plus grand groupe depuis qu’il avait révélé sa position. D’autant plus qu’à ce rythme, sa réserve de chakra diminuait rapidement. Il devait donc se dépêcher de s’occuper de ces deux hommes.

Autant Kisen se montrait souvent impatient lors des combats, autant il n’était pas totalement stupide, il ne pouvait pas se contenter de charger l’ennemi indéfiniment. Il devait absolument trouver une stratégie, mais ce n’était pas vraiment son fort malheureusement. Comme il n’avait pas beaucoup de temps pour réfléchir et que son plus gros problème était son infériorité numérique, il décida de créer deux clones de métal. Ces deux clones, malgré une grande ressemblance, avaient une apparence métallique et ne pouvaient donc pas être confondus avec l’original. Du moins tant qu’il n’activait pas son armure de métal, ce qu’il fit immédiatement.

Sur les deux ennemis, un seul semblait vraiment déterminé à combattre Kisen, il s’agissait d’un épéiste. Il était bien moins imposant que lui mais cela ne trompa pas le chuunin, qui se rendait bien compte qu’il n’avait pas affaire à n’importe qui. Le deux hommes par contre, ne semblait vraiment pas avoir le même niveau, il était toujours terrifié par les événements et la mort soudaine de ses compagnons. Son manque de concentration en faisait une cible parfaite pour le Bannin, qui pouvait profiter de son état pour réduire le nombre d’adversaire assez simplement.

Ses deux clones se dirigèrent alors vers un adversaire chacun, le but étant de cacher à l’ennemi quelle cible il avait choisi. Il pouvait également compter sur l’égoïsme récurrent chez les mercenaires, qui préféraient bien souvent assurer leur survie plutôt que de protéger la vie d’autrui. Cela voulait dire que si l’épéiste faisait partie de ces mercenaires n’ayant que peu d’intérêt pour la vie de leur congénère, il n’allait pas essayer de protéger son camarade même s’il se rendait compte du plan de Kisen.

Comme chacun des deux clones partaient dans une direction différente, l’original se rendit en direction de l’épéiste qui l’attendait de pied ferme. Mais alors qu’il s’approchait dangereusement, il changea subitement sa direction de course pour se jeter sur l’autre homme qui n’était toujours pas en positon de combat. Lorsqu’il se rendit du danger qui arrivait, ce dernier sauta sur le côté pour éviter Kisen, mais le clone le bloqua dans son déplacement, ce qui l’empêcha d’esquiver ou de parer le coup de lame du Bannin. Mais il n’eut pas le temps de savourer sa victoire, car pendant le temps qu’il consacra à le tuer, son autre adversaire s’était occupé du clone et arrivait sur lui. Le véritable affrontement allait commencer, mais il commençait à ressentir ses réserves de chakra diminuer grandement. Quel que soit le dénouement final, le combat n’allait pas durer bien longtemps.

Kisen réussit de justesse à placer la lame de son katana et entre l’arme de l’ennemi et son cou avant qu’il ne soit trop tard. Le coup de l’adversaire était très classique mais il n’était pas pour autant simple à contrer, il avait beaucoup plus de force qu’un shinobi classique. Le Bannin fut forcé de reculer de quelques pas pour encaisser l’attaque. Il remarqua aussitôt que sa lame fut endommagée par l’attaque, ce qui révélait que si elle n’avait pas était faite avec son chakra mais avec de l’acier lambda, elle se serait brisée. Il devait donc faire très attention à ne pas se laisser toucher sous peine d’y laisser sa peau.

Il put alors profiter de la présence de son clone restant pour reprendre l’avantage numérique. Même si celui-ci n’était pas capable d’utiliser de chakra, il permettait d’avoir un soutien physique en Taijutsu. Lorsqu’il attaqua l’ennemi, ce dernier fut forcé de se reculer. Après avoir vu son niveau, Kisen ne voulait pas se risquer à le poursuivre avec son épée, alors il recula également en crachant une dizaine de bille de métal dans sa direction. L’épéiste réussit à dévier presque tous les projectiles grâce à sa maitrise du maniement de l’épée. Néanmoins, trois d’entre eux réussirent à se planter dans son corps. La blessure qu’un projectile infligeait n’était jamais très grave, mais lorsqu’elle touchait un point vitale, elle s’avérait très utile lors d’un combat. En l’occurence, lorsque l’une des trois balles toucha un nerf de son bras, l’ennemi n’eut d’autre choix que de lâcher son arme. Kisen avait rendu son bras droit inutilisable.

Mais l’épéiste n’était pas un débutant, par conséquent, il savait très bien comment gérer une blessure lors d’un combat, il rattrapa donc aussitôt son arme avec sa main gauche avant de se repositionner quelques mètres en arrière. Qu’il soit ambidextre ou pas, il semblait parfaitement capable de se servir de son arme avec son autre bras. C’était dommage pour le jeune Bannin, qui restait toutefois optimiste, même si son adversaire tenait toujours son arme, il restait handicapé.

Même si Kisen restait à distance du combattant, son clone continuait de le poursuivre en permanence. Cela n’avait pas comme objectif d’attendre que le celui-ci le blesse, puisque la différence de niveau entre lui et l’ennemi était trop grande, mais plutôt de le déstabiliser en vue de créer une ouverture. Mais c’était sans compter sur le niveau de l’adversaire qui n’avait pas l’intention de se laisser faire aussi facilement. Profitant de la distance imposée par Kisen, il put se permettre de rompre sa garde juste le temps nécessaire à la destruction du clone d’un coup précis et très puissant d’épée. Lorsqu’il s’écroula sur le sol sans avoir pu réagir, l’épéiste se remit immédiatement en position. Le chuunin avait comprit immédiatement qu’il n’avait pas le temps d’agir pour profiter de cette perturbation.

Le Bannin savait que la mission était comprise depuis qu’il avait commencé le combat, malgré cela, il éprouvait une grande sensation de joie. Il n’avait pas eu l’occasion de se retrouver face à un adversaire de ce niveau depuis des années, cela lui rappela des souvenirs de son enfance et des tournois qu’il avait effectués dans son ancien village. Des souvenirs d’affrontements réguliers, des entraînements qu’il avait suivi avec son père, tout cela l’enivrait à chaque fois qu’il était mis en difficulté. Mais s’il savait que son adversaire était puissant, il se rendit compte de la différence de niveau qui existait entre eux que juste après.

Alors qu’il avait réussit à éliminer tous ses adversaires sauf un, Kisen commençait vraiment à penser qu’il allait accomplir cette tâche sans problème majeur. Il savait que son adversaire avait un niveau supérieur au sien, mais il restait persuadé que grâce à sa détermination sans faille, il pouvait renverser la situation. Il n’avait pas prévu que son clone se fasse écarter aussi facilement par l’adversaire, il ne pouvait donc plus compter sur cet avantage pour remporter le combat. Il avait toutefois toujours son armure de métal sur lui pour se défendre d’un assaut.

Lorsque l’ennemi fit le premier pas en direction du Bannin, il fit preuve d’une rapidité encore plus grande que celle qu’il avait montré précédemment. Bien que cela ne fut pas visible de l’extérieur, le visage de Kisen changea d’expression. Dès qu’il avait vu la vitesse que pouvait atteindre son adversaire, tout en sachant sa force de frappe, il comprit qu’il n’avait aucune chance de l’emporter. Toute la stratégie qu’il avait élaborer pour gagner le combat venait d’être balayée d’un seul coup. Mais il ne se battait pas pour la victoire, ni pour sa survie, il combattait pour protéger les membres de son clan et cela faisait toute la différence. Pour cela, il n’avait besoin que d’une seule chose, éliminer son adversaire et ce, qu’importe les moyens engagés.

Son adversaire n’eut pas toute cette réflexion à ce moment, il ne considérait sûrement même pas Kisen comme étant une menace pour sa vie. La seule chose qui l’intéressait, était de survivre à cette attaque. C’était un mercenaire, il n’avait d’obéissance à ses supérieurs uniquement parce qu’ils lui donnait de l’argent. Ce n’était pas de la loyauté, donc en voyant ses collègues mourir les uns après les autres, rien en lui ne le poussa à les protéger ou même venger leur mort. Tout ce qu’il voulait était de quitter cet endroit pour ne pas être impliqué dans une combat inutile mais il tomba sur le jeune Bannin en fuyant qui n’hésita pas à l’attaquer sans sommation. Pour lui, ce combat n’était qu’une étape avant de fuir. Pour Kisen, ce combat était devenu plus important que tout le reste.

Après qu’il eut détruit le clone, il y eut donc un léger moment de calme où les deux combattants se jaugèrent, puis l’ennemi chargea, arme à la main. Le Bannin n’avait pas le temps d’esquiver le coup, la vitesse de la charge ajoutée à la masse de l’armure en métal qu’il portait toujours l’empêcha de bouger. Il y a un grand fossé entre savoir que l’on ne peut éviter un coup et être capable de l’accepter. Ce fut pourtant ce que fit le chuunin, agissant donc en conséquence à cela. Il concentra son chakra dans l’armure qu’il portait. Il n’avait plus le temps ni l’énergie pour la rendre suffisamment résistante pour encaisser la frappe qui l’attendait. Il attendit donc le dernier moment pour en modifier sa forme, laissant la lame pénétrait son bras gauche juste avant de refermer l’armure sur l’épée, l’empêchant ainsi d’être retirée. Exactement au même moment, le Bannin utilisa le reste de ses forces pour frapper avec sa propre arme.

Cette stratégie pour assener un coup violent à l’adversaire avait malheureusement un lourd défaut, car si elle empêchait l’adversaire de se défendre, elle l’empêchait lui également de se protéger. Les dégâts de son côté furent bien grand, la lame avait découpé son bras gauche au niveau du biceps avant de terminer sa course dans sa cage thoracique. Lorsqu’il comprit ce qui arrivait, l’ennemi fut tellement surpris qu’il n’essaya même pas d’esquiver le katana de Kisen. Ce dernier avait un peu moins de force, il ne fit donc pas une blessure aussi importante, mais il réussit néanmoins à découper l’épaule de son adversaire.

Cela ne dura même pas une seconde, mais cette échange fut intense. Kisen sentait bien que son état était critique et qu’il ne pouvait plus combattre. Il s’écroula sur le sol, peinant à rester conscient. Il savait que personne ne viendrait le soigner à temps, qu’il allait mourir dans ce camp de mercenaire. Malgré cela, sans qu’il sache pourquoi, il était heureux. Il n’avait aucune raison de ne pas l’être d’ailleurs. Durant toute sa vie, on l’avait éduqué avec les même principes qui voulaient que la fin ultime de tout guerrier était la mort sur le champ de bataille pour protéger les siens. Il ne savait pas si c’était vrai, mais il ressentait de la satisfaction. Toute la colère qu’il avait accumulait durant toutes ces années à combattre pour n’importe quelle raison avait disparu. Il n’était pas mort en héros, mais cela ne signifiait plus rien pour lui. Il se sentait libéré du fardeau que son clan lui avait imposé. Il voyait avec difficulté la scène qui se passait devant ses yeux. Il voyait des formes bouger, n’arrivait pas à les distinguer les unes des autres.

Tandis que le jeune Bannin se perdait peu à peu dans son esprit, les événements continuaient dans le camp. L’adversaire de Kisen regardait son bras gauche au sol, il ne pouvait plus rien y faire mais la souffrance l’empêchait d’être rationnel. S’il avait suivit sa pensée originelle, il aurait fuit immédiatement mais il resta sur place à regarder alternativement son membre amputé et le responsable de cette blessure. Ce moment d’inaction fut précisément celui où Fukazawa et Fujita, ayant fini de leur côté, arrivèrent pour lui porter secours. L’ennemi les voyant arriver, saisit son épée, reprit ses esprits et fonça sur Fujita. Ce dernier posa son regard sur l’ennemi puis sur son fils. Lorsqu’il vit l’état de Kisen, il fut pris d’une grande rage. Grâce à une technique qu’il avait développée, il pouvait concentrer une très grande quantité de chakra dans ses bras pour les rendre indestructibles et dotés d’une force surhumaine. D’un mouvement de la main, il arrêta la lame de son adversaire avant de la briser avec l’autre, montrant ainsi toute la puissance du clan des Bannin. Il saisit alors la tête de l’ennemi, le souleva d’une trentaine de centimètres, puis il le projeta sur le sol.

Kisen ne voyait plus rien, mais il entendit parfaitement le bruit du crâne qui se brisa. Puis ce fut des voix, celle de son père qui avait accouru auprès de lui pour essayer de le garder conscient. Il ne comprenait pas ce qu’il lui disait et n’était encore moins en état de lui répondre. Il perdait beaucoup de sang et sa blessure l’empêchait de respirer. Il n’avait plus que du sang dans les poumons et dans la gorge. Il sentit alors la chaleur de la main de son père qui le soulevait. Il comprit alors qu’il était transporté pour être soigné, Fujita ne perdait pas espoir. Le jeune homme savait que cela ne servait plus à rien, que c’était fini.