Faisant mes premiers pas dans la capitale, j’oubliai l’espace de quelques secondes tout de ma mission tandis que mes yeux enregistraient les moindres détails de la ville. Je devais l’avouer, c’était autant par fascination – ou plutôt curiosité – que par précaution, connaître le mieux possible son environnement. Mieux je connaissais la ville, mieux je pouvais réagir si les choses venaient à mal tourner. Nous avions peut-être réussis à rentrer sain et sauf dans la capitale, mais qui sait s’il en serait de même pour la sortie. Ce seraient nos actions qui en décideraient. Tenant fermement le laisser-passer dans ma main, je pris les devants et m’enfonçai dans la ville à la recherche d’une place pour la nuit. Non seulement c’était la première chose dont nous devions nous occuper avant de faire quoi que ce soit afin de s’en tenir à l’histoire que nous avions donné, mais aussi c’était quelque chose que, contrairement à la recherche de notre ami Jisetsu, ne pouvait pas attendre. Et si les auberges et hôtels étaient tous déjà complets? Je ne pouvais y croire, toutefois je voulais régler cette question le plus vite possible.

Le Shozaichi est la capitale d’un grand empire, je n’avais donc aucune raison de m’inquiéter de trouver une place où dormir quand on pense à toutes les personnes qui venaient de tous les coins de cet empire pour visiter la capitale. Dès notre premier essai – résultat d’une pré-sélection réalisée par mon nez et son odorat – nous trouvâmes chaussure à notre pied. Monnayant quelques pièces et nous eûmes les clés en poche, fin prêt à mener notre mission à bien. Pour cela, il fallait avant tout faire sortir les insectes de Miko-dono afin de nous mettre sur la trace de notre personne d’intérêt. Cependant, il nous fallait un endroit discret afin de ne pas attirer des regards sur nous. Nos chambres étaient des lieux tout indiqué pour cela, nous offrant l’intimité nécessaire pour faire nos affaires. Remerciant l’aubergiste, je fis signe à la Yamanaka de me suivre et nous montâmes à l’étage. J’entrain dans la chambre qui m’avait été attitré et l’invitai à entrer.

- Je crois qu’il est temps de faire prendre l’air à nos petits amis, , soufflai-je à la jeune fille alors qu’elle entrait dans ma chambre.

Je refermai alors la porte derrière moi et restai debout, alors qu’elle prenait sans doute possible la direction du lit. Je reniflai quelques coups pour être certains que personne n’était proche à nous épier – appelez-ça de la paranoïa – avant d’établir la suite des événements avec Aoi-chan. Elle était plutôt futée je devais le reconnaître, mais il devait sûrement s’agir d’une de ses premières grandes missions. Moi aussi, remarquez, mais à la différence que j’avais de l’expérience de plusieurs autres missions alors qu’elle… elle devait avoir fait considérablement moins de missions que moi. De plus, elle étant Genin et moi Jônin, c’était un peu implicite que je m’assure qu’elle reste en sécurité et qu’elle tire le plus d’expérience de cette mission. Après tout, ce n’était pas tous les jours qu’on faisait ce genre de missions d’escorte. Ceci fait, nous étions finalement prêt à aller à la rencontre de cet homme qui intéressait l’Hokage. Fouillant dans une de mes poches, je sorti le bocal d’insectes et l’ouvris pour la dernière fois; après cela nous n’aurions plus besoin d’eux et ils finiraient sûrement soit par s’envoler soit par mourir. Comme les autres fois, les insectes bourdonnèrent en place quelques secondes avant de finalement trouver la trace qu’ils cherchaient et s’envolèrent par la fenêtre. Nous pouvions certainement par sortir par la fenêtre, nous accourûmes donc vers les escaliers, puis la porte pour aller les rejoindre le plus rapidement possible.

Sortant de l'auberge, je repérai rapidement les insectes et entamai une marche rapide pour aller les rejoindre. Courir en pleine rue attirerait inutilement les regards, nous devions nous contenter d’une marche rapide. Heureusement, ceux-ci n’allaient pas trop vite et nous les rattrapèrent aisément. Ensuite, il ne restait plus qu’à les suivre jusqu’à celui que nous étions venu voir. Tout en suivant les instectes, j’en profitai pour me mettre au parfum de la ville, littéralement. Je pris de grandes inspirations et identifiai les odeurs qui faisaient parties de la ville. Les premières odeurs qui me vinrent furent évidemment des odeurs de nourriture, signe qu’un marché ou un restaurant ne devaient pas être loin, puis les odeurs humaines et finalement l’odeur du sol, de l’air, de l’atmosphère de la ville. Enfin bref, je m’habituai aux différentes effluves de la ville comme ça dès qu’une odeur étrangère – souvent signe de danger – s’approcherait de nous je pourrai l’identifier. Je suivais distraitement les insectes et ne remarquai presque pas lorsque ceux-ci s’arrêtèrent devant une taverne. Ne m’arrêtant pas immédiatement, je continuai plutôt mon chemin. Toutefois, à la première ruelle disponible, je m’y faufilai et observai la taverne de loin. Les insectes avaient fait leur boulot, nous savions où il se trouvait.

- Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre qu’il sorte.

Faire le vigil ainsi n’était pas ce que j’aimais le plus faire, mais dans ce cas-ci je devais me faire à l’idée que c’était le cours d’action le plus sûr comme nous en avions discuté. C’était loin d’être prudent d’aller à sa rencontre aussi directement dans un endroit comme une taverne, où les rumeurs se propageaient à la vitesse de l’éclair, il valait donc mieux que nous attendions qu’il quitte l’établissement, que nous le suivions jusqu’à un endroit relativement discret et là nous allions à sa rencontre. Malgré tout, j’espérai que nous n’aurions pas à attendre trop longtemps ici, je détestais perdre mon temps.

Spoiler:

Hallelujah, tout s’est déroulé sans encombre. Non seulement, voilà que le binôme est à l’intérieur du Shozaichi pour le temps nécessaire d’accomplir la mission, mais voilà que chacun des protagonistes se sont appropriés un laisser-passer leur permettant de se mouvoir au sein des terres de l’Empire et ce, directement des mains d’un Gouverneur de cette étrange nation. Ainsi, ils sont libres comme des petits oisillons quittant leur nid pour la première fois. Métaphore inexacte, mais qu’importe.

Le premier objectif du duo est surtout de se trouver un abri pour la nuit, comme ils l’ont prétendu auprès de ce charmant soldat au service de la nation impériale – notez bien entendu le brin de sarcasme dans cette tirade, je vous prie. Suite à une courte investigation lors de la recherche d’une auberge répondant aux attendes des Konohajins, ces derniers purent s’accommoder à la structure de la ville – du moins, pour les quartiers qu’ils ont visité, mais par logique, le reste ne doit pas être tant différent. L’algorithme de la structure d’une cité ne change pas à tous les coins de rue à moins d’être fortement désorganisé au plan architectural, ce qui est peu probable de la part d’une organisation militaire de la trempe d’un village caché. Une fois leur nid trouvé, la paire se retrouva dans le logement de l’homme-canin pour établir ensemble la suite des actions à entreprendre.

Néanmoins, le futur reste brouillé, imprévisible. Les protagonistes ne connaissent la localisation exacte de ce fameux Jisetsu qu’ils doivent contacter, ils savent uniquement qu’il se retrouve quelque part au sein du Shozaichi. Le flair de l’Inuzuka inutile puisqu’il ne ignore l’odeur de la cible. Dans le pire des cas, il reste dans un endroit inaccessible pour le binôme, à savoir les geôles. La Yamanaka espère que cela ne soit pas le cas pour ne pas rentrer au bercail bredouille – quoi que la justification soit plus que suffisante pour ne pas subir les foudres des hautes instances de Konoha. Quoi qu’il en soit, leur seul choix possible est de laisser le cours libre aux insectes de l’Hokage et voir où ces bestioles allaient les mener – prions pour que le concerné se situe dans un endroit facile d’accès, comme un restaurant.

Tout sauf une taverne, endroit uniquement accessible par les majeurs. Et pourtant, c’est face à l’entrée de cet endroit encore inconnu pour la jeune adolescente que les insectes stagnèrent sur leur poursuite avant de revenir dans le bocal. Il est donc là. La nuit est tombée, ce lieu grouille déjà d’hommes et empeste l’alcool. Son supérieur proposa d’attendre que la cible sorte de lui-même avant de l’accoster, une suggestion qu’approuva Aoi. Cependant, après cinq minutes d’attente dans l’ombre, là où personne ne peut percevoir les Konohajins, elle pesta.

• L’attente sera trop longue. Je crois qu’il est mieux d’aller le voir directement tout en gardant une approche délicate et amicale. Allez-y, je vous suis sous peu. Je couvre vos arrières.

La jouvencelle laissa son compagnon entrer dans la taverne alors qu’elle attendit deux minutes avant d’user de la technique de métamorphose. Elle emprunta l’apparence d’un homme dans la trentaine, un déguisement sans grand intérêt et aucun signe distinctif du reste de la population. Un homme banal comme on peut en rencontrer dans la rue de tous les jours. Elle se faufila dans la taverne et repéra le rouquin placotant avec le brun. Elle emprunta une table derrière la cible, un peu plus loin de lui.

• Okay, transmission télépathique établie ! Si vous avez besoin d’assistance, je ne suis pas très loin. Bonne chance.

Une serveuse vint à sa rencontre, lui demandant ce qu’elle souhaite. Elle commanda un steak et une bière. Parce que ça fait très homme et qu’il faut qu’elle préserve sa couverture à tout prix !

Spoiler:

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C’était bien beau attendre, il y avait tout de même une limite à ma patience. C’était peut-être la manière la plus sûre de parvenir à nos fins, et ainsi éviter tout conflit diplomatique qu’une missions comme la nôtre pourrait engendrer, mais d’un autre côté je n’étais pas des personnes les plus patientes c’est pourquoi les cinq premières minutes de notre vigil me parurent comme des heures. J’étais plus une personne d’action, le genre à laisser la réflexion aux autres, mais après mes années passées à Konoha j’avais réalisé que sauter dans l’action n’était pas toujours la meilleure des solutions. Toutefois, dans cette occasion précise, je me démangeais d’entrer moi-même dans ce bar. Si ce n’était de la restriction d’âge que représentait Aoi – loin de moi l’idée de la blâmer, mais les choses sont ce qu’elles sont – je serais moi-même entrer dans cette taverne et je serais allé chercher ce Demon. Après tout nous avions une petite description de lui et il avait les pupilles dorées de son clan, il ne devait pas être si difficile à trouver.

Je n’étais de toute évidence pas la seule personne à être impatiente puisque cela ne fut pas long que la jeune Yamanaka grogna contre le temps que cela prenait. Elle aussi pensait que cela prenait trop de temps et que nous risquions de rater notre chance si nous n’agissions pas bientôt. Quelle poisse si nous tombions sur lui ivre mort! La seule pensée de cette éventualité finie de me convaincre que nous devions entrer dans cette taverne. Faisant les premiers pas pour sortir de l’ombre, les dernières paroles de la jeune fille me laissèrent perplexe. Elle allait me suivre? Sûrement utiliserait-elle une illusion quelconque pour me rejoindre. J’avais hâte de voir ce qu’elle avait en tête. Prenant les devants, j’entrai dans la taverne et jetai un regard circulaire sur la place. Tout le monde me prendrait pour un autre client se cherchant une place pour profiter d’un verre, mais en réalité je balayais la place pour trouver le Jisetsu. Je le repérai parmi les buveurs, non seulement grâce la description que nous avions mais également parce que venait de lui la même odeur désagréable que nos guides dégageaient. Je me dirigeai lentement vers lui, prenant le grand chemin pour m’y rendre, et m’arrêtai alors à ses côtés.

- Jisetsu Demon-san? lui demandai-je pour m’assurer que j’avais bel et bien la bonne personne. Un petit hochement de tête me confirma que j’avais bien affaire avec la personne que je cherchais. Vous permettez que je m’assoie? Sans attendre de réponse, je m’installai dans la chaise devant lui. Avant toute chose, je tiens à vous rassurer que je n’ai aucune mauvaises intentions et souhaite simplement discuter avec vous. J’ai fait beaucoup de chemin pour me rendre jusqu’ici alors autant par égard pour vous que pour moi, j’aimerais qu’on évite que les choses escaladent.

Je décidai de m’arrêter dans mon discours à cet instant-là, ne voulant pas révéler quoi que ce soit de plus… compromettant sans que la Yamanaka ne soit rentrée. Je n’avais toujours pas eu de ses nouvelles, de signes comme quoi elle était également dans la place pour m’assister – ce qu’elle était supposée faire durant cette mission. Pour passer le temps, je levai la main vers la serveuse et commandai un jus de pomme à l’instar de mon interlocuteur, qui sait peut-être cela le mettrait plus en confiance de voir que nous avions les mêmes goûts. Moi qui pensais que c’était de la bière, j’avais été surpris de sentir les arômes fruités de la pomme quand je m’étais assis à sa table. Elle revint quelques secondes plus tard avec le verre alors que je vis le regard de l’homme derrière elle dévier vers nous une fraction de secondes. Quelques secondes plus tard, je recevais un message télépathique de la jeune fille qui me confirmait son infiltration dans la taverne et qu’elle serait prêt à m’assister en cas de besoin. Je pouvais maintenant entrer dans le vif du sujet. Pas avant une bonne rasade de jus de pomme par contre.

- À ce point, vous devez certainement vous demandez qui je peux bien être moi, un inconnu, pour entrer ici et connaître votre identité – car nous ne nous sommes jamais rencontré. Nous avons cependant une connaissance commune qui aimerait bien vous revoir qui se retrouve présentement dans l’impossibilité de se déplacer. Toutefois, si nous voulons poursuivre, je crois qu’il ne serait qu’équitable que vous sachiez se trouve face à vous : vous pouvez m’appeler Takeo.

Je ponctuai d’une autre gorgée, me préparant à ce qui serait sûrement le plus délicat de cet entretien. Par mesure de précaution, je baissai un peu la voix, pas trop pour ne pas me faire entendre mais assez pour qu’aucune oreille indiscrète ne puisse discerner notre conversation à travers le boucan de la taverne.

Maintenant que cela est fait, venons-en à notre connaissance commune, celle pour qui je me suis déplacé jusqu’ici. Je viens au nom d’Aburame Miko. Cette dernière, de par ses autres obligations, se retrouve incapable de se déplacer, mais souhaiterait beaucoup s’entretenir avec vous.

Je n’étais peut-être pas totalement honnête avec l’homme devant moi, après tout je n’avais aucune idée si Miko était réellement incapable de se déplacer, mais cela rendait son déplacement jusqu’à Konoha beaucoup plus essentiel. Et c’était pour ça que nous étions venu, pour l’amener jusqu’à la Feuille. Je m’étais toutefois gardé de lui parler de celle qui m’accompagnait, il pourrait se sentir envahi s’il savait que nous étions deux pour l’escorter. Mieux valait attendre de l’avoir convaincu avant de lui révéler quoi que ce soit. Pour l’instant, j’attendais de voir ce qu’il pensait de cette histoire. Voudrait-il me suivre simplement à la mention du nom de la Nanadaime ou bien faudrait-il que je sois plus convaincant? Dans tous les cas, je ne voulais utiliser les compétences d’Aoi-chan qu’en extrême nécessité, sachant ce qui arrivait à son vrai corps si jamais elle devait intervenir.

De nature, j’étais quelqu’un d’assez impulsif. À moins que le danger ne soit réellement important, j’étais plutôt du genre à agir et réfléchir par la suite. Et même si je gais beaucoup d’effort sur ce point, mais je ne pourrais pas dire que j’étais encore au point. C’était pourquoi lorsque j’entendis la réponse de l’homme que j’avais finalement trouvé, je ne trouvai rien de mieux que de prendre une autre gorgée de jus afin de ne pas sauter à travers de la table. Ça et le fait qu’Aoi-chan derrière lui ne me regarderait sûrement plus de la même façon. Enfin, il était clairement en train de me sous-estimer. Pensait-il vraiment que j’avais fait tout ce chemin pour m’arrêter là, que c’était tout ce que j’avais à lui dire? Et que je retournerais à Konoha sans lui? Sur ce point l’Hokage avait été clair : nous le ramènerions qu’il le veuille ou non. Toutefois, afin d’éviter le embrouilles, je préférais plutôt clarifier certaines choses.

- Il semble y avoir un malentendu ici, Jisetsu-san, car de toute évidence vous êtes celui qui me prenez pour un idiot. Pensiez-vous vraiment que là était mon plan, venir ici et vous lancer un nom à la figure, même s’il s’agit de celui de la Nanadaime Hokage?

De nouveau, une nouvelle gorgée pour calmer mes ardeurs, car je sentais que je commençais à m’emporter. À force de parler, je m’étais moi-même pompé et cela n’aurait pas été long que nous aurions pu oublier tout espoir de régler ça de façon pacifique. Déjà que sans faire exprès je lui avais appris qu’elle était rendu Hokage, je réalisais toutefois que cela pouvait en même temps agir en notre faveur puisque cela rajoutait du poids à notre requête. Même s’il était Nukenin, donc affilié à aucun village, oserait-il refuser la faveur d’une Ombre elle-même? Je ne devais cependant pas m’arrêter assez longtemps pour lui laisser le temps de réagir à cette nouvelle, c’est pourquoi je recommençai à peine ma gorgée avalée et fis un gros effort pour rester diplomatique.

- Figurez-vous que non. J’étais venu ici avec d’autres informations qui, je l’espérais, arriveraient à vous convaincre, elles. Loin de moi l’idée de divulguer ces informations dans un tel lieu, mais il me suffit de dire que cela concerne quelque chose dont vous vouliez lui parler…

Tant qu’à avoir des informations sur lui, autant les utiliser. Je me rappelais avoir lu quelque chose sur les circonstances de leur rencontre quand j’avais lu son entrée et même si ce n’était pas réellement pour cela qu’elle voulait le voir je n’étais pas à un mensonge près. Tant qu’à en beurrer j’allais en beurrer épais. Qu’il m’en veuille par la suite pour l’avoir mené en bateau était le moindre de mes soucis. Miko-dono m’avait donné des directives et j’étais bien motivé à les suivre. Après tout, selon le dossier c’était lui qui avait essayé de contacter Miko, si j’utilisais cela peut-être serait-il plus enclin à nous suivre.

- Étant donné le titre qui incombe maintenant à notre amie commune, vous comprendrez maintenant pourquoi il est difficile pour elle de se déplacer à sa guise. Je vous invite donc à la rejoindre avec moi à Konoha et ainsi discuter de cette affaire de vive voix. Comme il se fait tard, je suggère que nous quittions demain le plus tôt possible. J’allais me réinstaller dans ma chaise et écouter ce qu’il avait à dire de ma proposition lorsqu’un dernier détail me passa par l’esprit. Également, pour éviter les rumeurs, je suggère également que nous quittions la ville séparément et que nous nous donnions un point de rendez-vous à l’extérieur des murs.

Que ce soit de son côté comme du nôtre, j’étais assez sûr que personne ne voulait être vu en public avec l’autre. Techniquement, Aoi-chan et moi n’étions même pas censés être là pour Konoha, alors si d’une façon ou d’une autre on finissait par savoir que nous étions venus ici alors que personne ne nous avait envoyé cela compliquerait les choses. Tandis que du côté du Jisetsu, être vu en compagnie de Konohajin ne serait sûrement pas bon pour son image au Shozaichi où il semblait s’être temporairement établi. Maintenant que j’avais fini de dire ce que j’avais à dire, je m’installai confortablement dans ma chaise et jetai un rapide coup d’œil sur l’homme qu’était Aoi-chan quand je fis semblant d’inspecter les gens autour de nous. À la moindre consigne, elle prenait les choses en main. Malgré l’efficacité de la technique, je ne voulais pas l’utiliser comme première solution.

Spoiler:

Pour une fois, les discussions semblaient aller dans la bonne direction. Depuis que je m’étais assis, le Jisetsu n’avait pas semblé des plus coopératif. Je ne savais pas ce qui le rendait aussi méfiant, peut-être qu’il n’avait aucune idée de qui il avait face à lui, mais jusqu’à ce que je lançai soudainement la nomination de Miko-dono en tant que nouvelle Hokage de Konoha. À ce moment-là, je vis dans son regard un éclair de surprise et je sus que dès lors il était plus intéressé par ma proposition. Il écouta attentivement ce que j’avais à lui proposer, autant la fameuse rencontre que les moyens de se rendre jusqu’à la Feuille. Ce dernier réfléchit quelques instants puis laissa entendre que ce n’était que la curiosité que le poussait à finalement me suivre. Je failli laisser sortir un énorme soupir de soulagement, mais je ne voulais pas trahir la masque que je m’étais créer pour cette rencontre alors je me contentai d’incliner la tête lentement.

Une fois ceci régler, je sentis un gros poids se lever de sur ma poitrine. Au final, le convaincre de nous suivre avait été certes plus compliqué que ce que la Nanadaime avait prévu, mais on s’en était plutôt bien sorti. Cependant, il n’avait rien dit quant aux conditions de notre voyage de retour. Aoi-chan et moi avions une couverture à tenir – nous étions ici pour toute la nuit – et donc nous ne pouvions pas simplement nous permettre de quitter une fois notre objectif accompli. Évidemment, je ne pouvais pas révéler ce genre d’information à mon interlocuteur, mais je devais lui faire comprendre que nous ne quitterions pas le Shozaichi ce soir. Cependant, je n’eus pas le temps de revenir sur le sujet puisqu’il embarquait aussitôt sur un nouveau sujet. En effet, ce dernier me demandait si c’était en utilisant un quelconque don sensorielle que j’avais été capable de retrouver sa trace. Par simple curiosité qu’il disait, mais je savais bien que c’était pour savoir comment ne pas se faire reprendre de la même façon. Certes, mes dons Inuzuka y avait été pour quelque chose, mais j’avais retenu le truc d’Aoi-chan et me gardai de mettre mon appartenance à un clan au grand jour.

- Non pas spécialement, je ne suis qu’un simple envoyé. Pour ce qui est du repérage, c’est notre Hokage qui s'est occupée de tout.

J’ajoutai à ma remarque un sourire. Le moins il en savait sur moi, le mieux c’était et si au passage il me sous-estimait c’était encore mieux. Je ne voulais vraiment pas en venir là, mais quand on traitait avec un Nukenin on ne savait jamais quand est-ce que cela pouvait déraper. De toute façon, si on voyait les choses sous un certain angle c’était effectivement elle qui avait tout fait le repérage. Si ce n’avait pas été de ses insectes, jamais nous n’aurions retrouvé la trace du Jisetsu. Alors si je ne disais pas toute la vérité à Demon-san, je n’étais pas non plus en train de lui mentir en pleine face; il ne pourra pas dire qu’on lui mentait.

Cependant, ce que j’ignorais, mais que j’allais bientôt savoir, c’était que le Jisetsu n’avait, quant à lui, aucune envie de rester plus longtemps maintenant que sa prochaine destination était établie. J’imagine que c’est comme ça être un Ninja errant, vivre sans aucun plan et toujours à l’improviste. Ça ne devait pas être si mal que ça, à part quand tu te retrouves à te débrouiller tout seul en plein milieu de nulle part; là c’est moins cool. Bref, je m’égare, retournons avec le Jisetsu. Alors que je continuais tranquillement mon verre, ce dernier l’avait déjà fini et se levait déjà. Puis, pris la direction de la sortie de la taverne. Il voulait vraiment partir maintenant? Quand il disait direction Konoha, il était vraiment sérieux? Cela alla nous causer des problèmes si nous sortions immédiatement. Pas juste parce que les portes risques d’être fermées à cette heure, mais aussi parce que ma coéquipière et moi avions affirmé vouloir rester pour la nuit; cela serait mal vu de partir en pleine nuit comme des bandits. Il était temps de changer le plan.

- *Aoi-chan, tu m’entends? Je crois que notre colis est un peu trop impatient de quitter alors s’il est pour se dépêcher on va lui forcer un peu la main. Dès que tu es en contrôle, pars le plus vite d’ici afin de mettre le plus de distance entre le Shozaichi et toi. Tu iras rejoindre Aka qui doit sûrement avoir prévu quelque chose pour nous, je vous rejoindrai le plus rapidement possible. Des questions?

Avant de mettre notre plan en œuvre, je voulais m’assurer que tout était clair pour la jeune Yamanaka, que je laisserais seule avec le Jisetsu, du moins jusqu’à ce que je les rattrape. Ce serait sans doute la première fois qu’on lui donnait autant de responsabilité et je voulais être certain qu’elle était prête pour ce qui s’en venait. Afin de ne pas perdre sa trace – ni soulever ses doutes – je me levai et suivi le Jisetsu quelques secondes après lui. Une fois à l'exterieur, je n'attendais que l’homme dont Aoi-chan avait pris l’apparence de tomber inconscient pour passer à l'action.

Elle ignore ce qui s’est tramé pendant ces deux minutes d’écart qu’elle a laissé écoulé entre l’infiltration de son supérieur et la sienne. Tout ce qu’elle peut en déduire, c’est que la discussion ne semble pas se déroulé comme le binôme l’a initialement souhaité. Puisqu’elle a choisi une position plus ou moins éloignée du duo présentement en discussion, elle ne peut cependant capter le déroulement de la conversation. D’où l’utilité d’un lien télépathique pour que le Jônin puisse la tenir au courant de la situation. Toutefois, la Yamanaka peut aisément repérer la tension entre les deux individus et cela n’annonce jamais rien de bon. On dirait bien que l’Inuzuka et cet ancien Kirijin aient débuté sur une mauvaise partie. Elle mordit sa lèvre inférieure. Mentalement, elle priait que cette rencontre ne tourne pas au chaos et que leur couverture ne se retourne pas contre eux. Enfin, surtout la sienne. Si cet homme possède la moindre compétence en la matière de la sensorialité, alors il sait déjà qu’une signature de chakra sous métamorphose le guette de derrière. Le manque de réaction à ce sujet indique en soit qu’il en est rien, mais l’on est jamais trop prudent à ce sujet. À tous les coups, il peut s’agir d’un acte.

Peu après avoir commandé, la jeune Aoi sous l’apparence d’un homme âgé dans la quarantaine prêta une attention particulière à l’environnement. Elle ne remarquait aucune présence de force impériale dans le bâtiment. D’un côté, c’est une excellente situation pour la paire de la Feuille. Si la jouvencelle doit agir dans les plus brefs délais, qu’un Shinobi au service de l’Empire voit un homme devenir une adolescente pour ensuite tomber dans les pommes, les Konohajins devront répondre à quelques questions et ils prendront la direction vers le pénitencier. Au contraire, si l’un de ces soldats est présent et qu’un conflit éclate, à coup sûr ce sera le Nukenin qui sera blâmé… ce qui est également synonyme qu’ils ne pourront conduire le Jisetsu au village du Feu. Tout compte fait, l’absence de toute présence d’autorité en cet endroit est une condition rêvée. Ainsi, si le tout tourne au pépin, ils pourront agir sans crainte. Tout au plus, les citoyens percevront un phénomène qu’ils ne comprendront guère et oublieront cela en se gavant d’alcool sous peu.

Subitement, le principal concerné se leva de sa chaise. En le voyant agir ainsi, la Magicienne passa proche de s’étouffer avec son verre d’eau. Le voilà qu’il se dirige vers la sortie, suivit de près par Takeo. Ce dernier la contacta par lien télépathique, lui ordonnant de prendre contrôle du corps du dénommé Demon et de fuir le plus loin possible du Shozaichi. Hésitante, elle resta assise un instant, la mâchoire grande ouverte. C’est certainement le plan le plus instable et improvisé qui ait existé dans l’histoire de l’humanité. Mais en même temps, avait-elle le temps de réfléchir à une alternative ? Elle devra donc courir jusqu’à la frontière et espérer que le compagnon canin du rouquin ait ramené des renforts, comme ils ont prévu avant d’entrer au pays de la Terre.

• Aucune. Juste, prenez soin de mon corps.

Avant même que le Jisetsu atteignit l’extérieur, elle effectua une série de mudras et prit pour cible le Nukenin. Elle sentit son esprit se volatiliser de son corps pour se réveiller avec des sensations étrangères. Elle jeta un œil à ses mains : ce ne sont pas les siennes. Parfait, tout est place. Échangeant un dernier regard avec le roux, la blondinette prit la direction vers la sortie du village dans un corps qui lui ait étranger. En espérant que personne ne l’intercepte et que sa transposition reste en place jusqu’à ce qu’elle atteigne le point désiré.

Spoiler:

Évidemment, je ne disais pas cela dans le vide. Quand je disais qu’Akamori avait quelque chose de prévu si jamais il devait y avoir complication, c’était que je m’étais moi-même assuré de la chose. Tout juste avant de nous séparer, j’avais laissé en sa possession un court message donnant toutes les informations nécessaire pour la Feuille. Enfin, je disais la Feuille mais le message était plutôt dirigé à la Nanadaime elle-même. Comme elle l’avait elle-même spécifié, elle voulait éviter que cette histoire ne s’ébruite dans le village donc j’avais pris la liberté de m’adresser directement à elle en cas de pépin; elle saurait comment s’occuper de la situation pour que cela reste le plus discret possible. Cependant, je ne pouvais pas tout dire cela à ma coéquipière, le temps jouait contre nous. Je devais donner seulement ce qui était nécessaire, c’était pourquoi je l’avais simplement assuré que cela serait fait. Je lui demandai si elle avait des questions avant que nous terminions la communication, mais cette dernière semblait avoir très bien compris la situation et me demanda simplement de m’occuper de son corps une fois la transposition effectuée. Je ne répondis rien, car il était implicite que j’allais le faire.

À peine quelques secondes après la fin de notre conversation télépathique, mon regard qui était resté rivé sur le Jisetsu remarqua un imperceptible sursaut, plus comme un spasme, et je sus aussitôt qu’Aoi-chan avait réussi. Si on ne regardait pas l’homme on ne l’aurait jamais remarqué. Une fraction de seconde, je me rappelai comment le pouvoir des Yamanakas était terrible puis me reconcentrai immédiatement sur mon objectif le plus immédiat : m’occuper du corps de la jeune femme. En effet, une fois son esprit de son corps, il n’y avait plus aucun moyen pour elle de continuer le jutsu qui l’avait amené à l’intérieur de la taverne. Comme de fait, des cris de surprise fusèrent dans la place lorsqu’un nuage de fumée entoura la silhouette de l’homme qui reprenait sa forme de jeune fille. Sans attendre une seconde, je me levai me jetai dans le nuage et pris la Yamanaka d’un bras sous les genoux et l’autre sous les aisselles. Profitant encore du nuage, je lançai d’à l’intérieur de celui-ci que j’allais m’occuper de cet homme, je bondis en dehors de la taverne. Déjà que les personnes les plus près de la table devaient commencer à voir à travers, je ne voulais pas que plus de gens ne voient réellement ce qui se passait. De quoi j’aurais l’air, moi, à transporter une mineure – qui quelques secondes plus tôt était un homme mûr – à l’extérieur d’un établissement comme celui-ci?

Je ne restai pas plus longtemps pour avoir réponse à cette question et une fois sorti je me dépêchai de mettre le plus de distance possible entre la taverne et nous. Quelques regards se tournèrent vers nous, mais personne ne nous arrêta. Sûrement que comme dans n’importe quel village shinobi, ce genre d’événement était monnaie courante. Quand je fus assuré que j’avais mis suffisamment de distance, je pris le chemin de notre auberge. Après tout, la pauvre était tellement épuisée qu’elle s’était endormie avant même d’être rendue dans son lit. L’aubergiste me sourit lorsqu’il me vit transporter la Konohajin vers sa chambre, puis j’allai ensuite dans la mienne et m’endormis peu après. Je ne gardai toutefois pas l’œil fermé très longtemps puisque je voulais partir dès les premières lueurs du soleil pour aller rattraper notre colis le plus rapidement possible. Déjà que j’avais dû attendre toute la nuit avant de sortir du village, je voulais partir le plus tôt possible. Sans même attendre si la Yamanaka était réveillée ou si elle était encore dans le corps du Nukenin, je la ramassai délicatement dans son lit, remerciai l’aubergiste et me dirigeai vers les grandes portes de marbre. J’hochai la tête en direction des gardes.

- Eh bien, messieurs, je vous remercie pour l’hospitalité, mais mon amie et moi avons encore de la route à faire et nous ne voulons pas nous imposer plus longtemps. Bonne journée à vous!

Ces derniers ne devaient avoir aucune idée de quoi je parlais, ce n’était pas les mêmes gardes que la soirée passée, mais je tenais tout de même à laisser une bonne impression si jamais le Gouverneur qui nous avait permis l’entrée devait s’enquérir de notre sortie. S’il allait vraiment demander des nouvelles de nous deux resterait un mystère, mais je voulais bien fermer la boucle au Shozaichi avant de retourner à Konoha. C’est sans hésiter et le plus rapidement que je le pouvais avec quelqu’un dans les bras que je filai en direction de la frontière pour rejoindre notre colis qui avait, je l’espérais, été reçu par Aka et le comité d’accueil qu’il était allé chercher.

Il aurait été niais de croire que la curiosité légendaire du Trentenaire n'aurait pas été piquée à vif par l'apparition mystérieuse et incongrue de deux Konohajins à la Capitale. Il les avait regardé s'enfuir et s'empresser de récupérer le laisser passer qu'il venait de leur faire en étant quelque peu déçu de ne pas avoir eut la chance de discuter un peu plus longtemps avec eux. Un échange cependant bien respecté, puisque Van s'était permis de procéder à un prélèvement d'adn sur chacun d'eux.

Laissé en plan, le Lumineux resta tout de même là à les regarder s'éloigner quelques minutes. La tête légèrement penchée il ne pouvait s'empêcher de trouver cette histoire troublante... Rien au Shukai ne mentionnait la visite de deux Konohajins sur les terres des Pays Neutres. Prétendre être de passage à la Capitale pour affaire, ne voulait pas dire qu'ils pouvaient se balader librement et agir à leur guise...

Quelques heures plus tard Van profita de se rendre jusqu'au Palais de l'Empereur afin d'y récupérer ses derniers effets personnels avant son départ pour Taki. Il fit par la même occasion un détour au centre d'analyse et pu ainsi vérifier les testes qu'il avait transmis directement après sa rencontre à son Maître Yuki Samui.

Tout semblait en ordre et aucun ne risquait de transporter en lui une épidémie qui ravagerait toute la population du Shukai. Sans vraiment être soulagé, le Trentenaire aurait peut être même préféré que ce soit le cas. En tout cas mieux vaudrait pour Van de les garder à l’œil jusqu'à leur départ. Une sécurité dont le Onshi préféra s'assurer puisqu'il les avait lui même autorisé à passer.

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Le lendemain matin, aux portes de la Capitale...

Van se tenait assit, les jambes pendantes le long des gigantesques portes d'entrée du Shozaichi. Un bon livre en main, il se laissait aller au gré du vent tout en profitant du bon bol d'air frais que pouvaient lui offrir ces quelques dizaines de mètres de hauteurs. La veille, les deux Konohajins lui avaient dit qu'ils passeraient la nuit dans une auberge. La logique du Hoheinheim voulu donc qu'afin d'être certain de ne pas manquer leur départ, il devrait se rendre et ce aux aurores, aux portes près desquelles il attendrait de les croiser.

Après quelques heures il pu enfin apercevoir la tignasse flamboyante du Jonin de Konoha depuis son perchoir. Le pas plutôt pressé le Ninja de la Feuille était toujours accompagné de la fillette blonde dont l'allure était plutôt fatiguée. Ils passèrent les portes et quittèrent et quittèrent enfin l'enceinte du Shozaichi.

" Ces Konohajins sont décidément bien mystérieux... " Il fit la réflexion à haute voix. Certain de ne pas se faire entendre à cause de l'altitude. " Le Kamui risque d'être particulièrement intéressé d'apprendre que Konoha envoie clandestinement ses ninjas en mission sur nos terres.. "

Lorsqu'ils furent suffisamment loin, Van repartit de son côté, bien satisfait de les avoir vu tenir parole. Le symbole qu'il avait laissé sur le laisser passer quant à lui, serait facilement reconnaissable auprès de ceux auxquels ils présenteront le document. Une manière dont le Trentenaire s'était assuré de pouvoir suivre leur parcours à travers le territoire de l'Empire...