La sortie du bâtiment abritant le Kakumeigun fut difficile pour moi. J'avais donné des instructions à ma suivante concernant nos appartements et nos possessions, mais pour l'heure, j'avais une toute autre mission à accomplir. Retrouver Kioshi. Du moins essayer. La nuit commençait à tomber, je pouvais le voir par les quelques fenêtres qui illuminaient le bâtiment de ci, de là. Une douce lueur rose-orangée se répandait sur l'ensemble de la cité du vent. Il allait me falloir faire vite même si cela était difficile.

J'étais toujours prise de vertiges, mais finalement, j'atteignais la porte principale sans rencontrer le moindre obstacle sur mon chemin ... si ce n'était ? Celui que je cherchais, adossait à la porte, il semblait comme, m'attendre ...


"Au moins, je n'aurais pas à te chercher à travers tout le désert !" Déclarais-je d'une petite voix rieuse, tout en m'approchant de lui.


L'ombre du vent me faisait face, mais il ne semblait pas comme le jeune homme rigolo à l'humour douteux que j'avais rencontré par le passé. Amaigri, le visage marqué par la tristesse. Je m'approchais encore un peu et je l'entourais de mes bras de façon protectrice, comme une maman avec son enfant à la différence prêt que j'étais un semblant plus petite que lui.

J'étais surtout fatiguée, entre le voyage et cette petite épreuve que venait de m'infliger les services spéciaux, je m'appuyais presque plus que nécessaire sur le jeune homme, prise par de légers vertiges


"Excuse-moi ! La fatigue du voyage !"


Je m'écartais finalement de lui, mais pas trop, posant alors une main fraiche sur sa joue :


"Tu n'as pas répondu à ma lettre, mais de ce que je vois, ça ne va pas trop !"


J'affichais une moue dépitée sans pour autant m'éloigner de lui. Par ou commencer ? Par quoi ? C'était mon élève, le maître de mon ancien fiancé. Un ami ? Je m'étais peut-être montré trop familière par cette étreinte, mais d'après ce que je voyais, lui, comme moi, bien que j'essaye de le casser, avions sans aucun doute besoin d'un peu de réconfort.
Qu'elle serait alors ses paroles à mon encontre ? Sous doute remarquerait-il que moi-même, je n'étais pas au mieux de ma forme et ce n'était sans doute pas à cause des évènements qui s'étaient déroulés il y a désormais un an de cela ...
Je finissais par m'écarter, histoire qu'il ne soit pas dans une posture récente et avec un joli sourire, je m'inclinais légèrement devant lui comme l'aurait fait n'importe qu'elle autre personne :


"Monseigneur ! Il est de mon devoir de vous féliciter pour votre promotion malgré les circonstances qui accompagnent cette dernière ! Le pays du vent peut désormais compter sur l'appui d'un puissant Shinobi ..."


Je fermais les yeux en me redressant, ne pouvais m'empêcher d'ajouter une note d'humour, peut être pour détendre l'atmosphère :


"Enfin ... Un puissant shinobi qui a peur de quelques hémorroïdes ..."

"A merveille !"

Je venais de reposer brutalement le verre sur la table devant moi.


"Ça ne pourrait pas aller mieux !" Déclarais-je presque avec ironie.


Privée de mon chakra, sans fiancée et de moins en moins à ma place dans ma famille. Je dérivais petit à petit de la raison initiale de ma venue ici non ? Sans aucun doute que oui parce que déjà, j'avisais d'un air jovial le serveur pour qu'il me resserve la même chose que ce que je venais d'ingurgiter.
D'un air timide pourtant, j'observais Kioshi tout en faisant tourner le liquider ambré contenue dans mon verre :


"Allons donc Kioshi ! Voilà que maintenant, tu vas me rappeler les préceptes que je t'ai inculqué et que tu n'as jamais respectés ! Laisse-moi me lâcher un peu ! Et puis toi aussi lâche toi ! Je crois qu'on a tous les deux besoins d'un petit moment de détente !"


Voilà que le deuxième verre finissait dans mon gosier alors que je m'installais plus profondément dans le fauteuil dans lequel j'étais installée. Kioshi me posa alors la question piège. Est-ce que j'étais là pour lui ... Il faisait allusion à Kibo. Mon regard se fit perçant, presque mauvais :


"C'est fini ! C'est lui qui a voulu ça ! Je ne vais pas lui courrir aprés toute ma vie ! Je l'ai fait pendant six mois et il m'a repoussé comme une paire de vieilles chaussettes !"


N'étais-je pas un peu rageuse sur la situation en question ? Cela ne s'était pas du tout passé comme ça. Pas du tout, mais je m'en moquais :


"Ne lui dis pas que je suis ici s'il te plaît ! Je n'ai pas envie de le revoir !"


En vrai, j'en mourrais d'envie, mais non, je devais me montrer forte pour nous deux, pour que nous puissions passer à autre chose :


"La vérité, c'est que je suis venue ici pour toi ... Ça n'a pas été facile ... Surtout pour convaincre Kakeshuou Sama ! J'ai dû ruser ! Faire marcher mon influence, mais il me devait une faveur ..."


Plus qu'une faveur quand on apprend du jour au lendemain que l'on est la petite fille de l'empereur du Shukaï. Juste ça ! Ça faisait de moi une princesse non ?


"Bon, ce n'est pas tout ça, mais on a du boulot !"


Je levais la main pour commander une nouvelle boisson différente ce coup-ci ! Je voulais quelques choses de plus sucrer :


"Tu parles que de moi, mais on s'en fout de moi sérieux ! C'est toi qui m'intéresses donc maintenant parles ! Je t'écoute... Comment tu te sens en vrai !"

L'alcool avait l'effet de me faire me sentir différente. Plus docile, mais aussi plus hargneuse, comme lorsqu'il me parla de Kibo :


"Pour voir ou cela mène, j'aurais peut-être mieux fait de ne pas prendre le risque de tenter une histoire avec lui !"


C'était dit et difficile à avouer. Lui courir après durant six mois pour le retrouver et au final être mis au pied du mur parce que monsieur n'était plus sûr de ses sentiments, je pouvais le comprendre, mais je n'étais pas prête à l'accepter.


"J'ai des sentiments moi aussi ! C'est trop facile de me courir après jusqu'à me faire tourner folle amoureuse de lui pour au final me faire jeter comme une vieille chaussette !" Déclarais-je rageusement avant de me renfoncer dans mon siège, la mine boudeuse.


J'avais peut-être beaucoup plus mal que je ne voulais le laisser paraître et le changement d'orientation de la conversation n'était pas pour me déplaire. Je le regardais, l'œil vitreux avant de hocher la tête de gauche à droite en signe de négation :


"Ce n'est pas grave ne t'en fais pas… Je peux comprendre ce que tu ressens…"


Mais déjà mes yeux vogués sur le reste de la salle de bar et sur ce qui nous entourait. Une danseuse était en train de faire le show autour d'une barre de fer devant un groupe d'hommes qui la regardait d'un air avide. Un mince sourire se dessina sur mon visage :


"Hey ! C'est sympa ! Je devrais essayer ! Je bouge plutôt pas mal, il parait !"


L'alcool et ces méfaits, allons donc. Alors que Kioshi me demandait si je ne risquais pas de commettre une erreur du genre irréparable, je le regardais désormais d'une voix nasillarde et aguichante :


"Pourquoi ? Tu as peur que je m'en prenne à toi ?"


Je rigolais plus pour moi-même qu'autre chose avant de porter le verre à ma bouche et de le siroter délicatement :


"Je suis célibataire désormais ! Je fais ce que je veux avec qui je veux ! Et puis, il y a des beaux garçons à Suna ! Tu sais que l'un deux m'a déjà invité à boire un verre !"


Bah quoi ! Je n'allais pas lui mentir :


"J'entretiens la diplomatie avec Suna du mieux que je peux Koshi, je te jure ! Mais ce n'est pas tous les jours faciles ! Surtout quand on décide de gâcher tous les plans que tu as mis en œuvre pour rejoindre ce délicat pays et y construire ta famille !"


Moi rageuse ? Jamais ! Il avait juste gâché plusieurs mois de recherches, de réflexions. Une façon de concilier vie familiale et professionnelle, d'enfin abattre les barrières de nos pays pour vivre ensemble.

Une larme perla au coin de mon œil sans que je ne m'en rende compte. Je préférais changer de sujet :


"J'ai emporté un truc pour Zanshi ... Tu voudras bien m'accompagner sur sa tombe ?"

"Hey !!! Arrête de me taquiner ! Je suis sure que je peux faire aussi bien qu'elle ! Après tout s'accrocher à une barre et tournoyer autour en petite tenue ce ne s'est pas bien compliqué …"


Je continuais à regarder les danseuses l'œil brillant alors qu'elles valsaient autour de nous sans prononcer la moindre parole. En temps normal, je n'aurais sans doute jamais mis un pied dans ce genre d'endroit, mais ici comment dire. J'avais comme l'esprit ailleurs. Oups d'ailleurs, je n'aurais peut-être pas dû dire ça, car ça risquait de m'attirer de bien mauvaises surprises, toujours étant qu'au fil de la discussion, je perdais de plus en plus contenance au point de me laisser aller lorsqu'il me prit dans ses bras fondants alors complètement en sanglots :


"Pourquoi il m'a fait ça Kioshi ! Je n'arrive pas à l'oublier… Je pense tout le temps à lui, tout le temps ! On dirait un étranger ! Il est comme une pierre précieuse que je ne peux plus atteindre ! Ça fait tellement mal…"


À elle est belle la diplomate du Shukaï qui se retrouve au milieu d'un bar à pute à se faire consoler par le Kazekage. Les ancêtres auraient ri devant la pauvreté de notre génération, mais pourtant, il n'y avait pas beaucoup de choses qui faisaient rire dans le désespoir d'une personne.

Je portais mes mains à mon visage pour cacher ceux dernier dans le creux de mes dextres. Ma peine était grande, mais elle n'était sans doute pas comparable à celle de mon amie qui lui avait définitivement perdu un être cher. Moi, j'étais revenu, mais au final, c'était peut-être pire encore… J'avais besoin de savoir.

Je relevais doucement la tête, tentant de reprendre ma respiration et regardant de mon petit air le visage de la nouvelle ombre du vent :


"Co … Comment est-il depuis son retour ? Il t'avait dit pour nous deux ? Je ne sais même pas si j'ai le droit d'espérer encore… C'est pitoyable ! Entre ça et l'empire, j'ai l'impression que tout ce que j'essaye de construire n'est qu'un château de cartes qui vient de s'envoler au gré du vent !"


Je souffle par la bouche et mon visage est tellement humide que ça produit des bulles. J'ai besoin de boire quelques choses, car je sens que ma tête me tourne. J'ai la nausée :


"Il … Il faut que je boive un truc…"


Oublié, le sujet Habashi Zanshi ! J'étais venue à la base dans de nobles intentions qui au final s'avéraient n'être que mensonge. J'étais venue pour Kibo, rien de plus rien de moins. Tout cela n'était qu'un prétexte pourtant, j'avouais :


"J'aurais besoin que tu descelles le sceau qui contient le cadeau pour Zanshi ! Ils m'ont privé de chakra pour la sécurité…"


Posant une main sur ma bouche, je me sentais vraiment, vraiment pas bien…

Des prostituées ... Voilà donc ce qu'étaient ses danseuses ... En temps normal, j'aurais eut pitié d'elles. Cela me rappelait Mizu no Kuni ... Ou mes grands-parents acceptaient de poser à ces jeunes femmes du quartier rouge des sceaux à l'intérieur du poignet pour les empêcher de tomber enceintes. Je m'en souvenais, car c'était à ce moment-là et de cette façon qu'ils m'avaient initiés au fuinjutsu ...

Je rougissais de par l'alcool et de pas le gêne que je ressentais à les observer. J'étais aussi agile qu'elle et ma corpulence étaient en tout point similaire bien que je saches pertinemment la perte de poids que je subissais malgré moi depuis plusieurs semaines. Mes yeux se tournèrent avec Kioshi, presque par défis pour ce qu'il venait de dire :


"Tu penses que je ne pourrais pas coucher avec un homme si je ne l'aime pas ?"


Je lui lançais un défi oculaire, mais au fond de moi, je savais qu'il avait déjà gagné. J'avais déjà refusé par le passé de coucher avec Kibo, de me laisser emporter par le désir brûlant de nos corps nues l'un contre l'autre, juste parce qu'à ce moment-là, j'en aimais un autre.
Je détournais le regard et j'essuyais une larme furtive en me cachant dans son épaule tout en acceptant malgré tout le réconfort qu'il m'apportait.
Du froid, voilà qui me faisait du bien. Je n'arrivais plus à réguler ma température avec mon pouvoir héréditaire depuis qu'il m'avait entravé mon chakra :


"Merci !" Murmurais-je presque imperceptiblement alors qu'il me forçait à boire un peu d'eau.


Malgré tout cela, j'entendais bien les paroles qu'il me prononçait à propos de Kibo. Jouer les fiers ? Je ne considérais pas que je jouais les fières, loin de là même, j'étais comme perdue :


"Je ne pensais pas revivre ça un jour ! Je suis comme la terre qui a perdu son axe et qui vogue sans but dans la galaxie ... Je ne pensais jamais me remettre de la perte de Yusuke, mais Kibo était là. Ma bouffée d'oxygène, je savais que je pouvais compter sur lui. Je savais qu'il braverait tous les dangers pour moi, j'avais confiance, j'étais prête à tout ... Même à l'impossible..."


Je fermais les yeux avant d'avouer :


"Pour notre mariage, je voulais lui offrir ce qu'il y avait de plus beau pour nous deux ... Un enfant ... Malgré tout ce que j'ai entrepris et maintenant que je suis guérie de mes blessures passées, cet enfant ne verra sans doute jamais le jour ..."


Et voilà que je déprimais à nouveau, aussi, je m'éloignais un peu de lui et je tentais, vainement, de me lever :


"Faut que j'aille aux toilettes ..."


Juste histoire de me vider l'estomac.

J'aurais et je devrais être vexée par sa dernière remarque. Charmée avec son corps, n'en étais-je point capable ? Je n'avais juste pas la force d'y réfléchir plus longtemps, car déjà, je me sentais fatiguée, les muscles endoloris, la cervelle vidée de toutes sensations, je restais donc muette face à cette remarque, me contentant de baisser les yeux et de rassembler mon regard qui vint se croiser sur mon ventre. Celui qui devrait être plein à l'heure qu'il est, celui qui devrait porter la vie, mais qui bien au contraire, ne m'amenait que du désespoir :

"Avant que j'ai ce tragique accident ... Avant même que je vienne à Suna pour régler les derniers détails du mariage, j'étais allée voir un médecin à Konoha pour tenter de régler le problème de ma stérilité. Ce n'était qu'une question de temps, mais j'ai eu encore plus de chance que prévu. Cette résurrection m'a complètement réparée et m'a rendue ma capacité à concevoir. C'est bête de dire ça, mais s'était juste l'affaire d'une nuit et d'un bon timing ..."

Je fermais les yeux, le visage envahit une nouvelle fois par la douleur devant ce bonheur que je pourrais plus lui apporter. Je n'en avais plus le droit désormais. Je secouais donc la tête négativement face à sa question :


"Je n'ai pas eu l'occasion de lui dire ..."


Mais voilà que je me volatilisais déjà pour aller vomir dans les WC avant de revenir chancelante, mais d'être aussitôt accueilli par des bras bienveillants. Je n'avais pas la force de me débattre de toute façon alors je me contentais de poser ma tête contre son épaule en murmurant un vague merci puis en fermant les yeux, me lançant bercer par le doux tanguements de ses bras me portant jusqu'à ce qu'il avait choisi pour être mes appartements. J'ouvrais à peine les yeux lorsqu'il me déposa sur le lit, mais je buvais sans concession l'eau qu'il me tendait. Je me sentais tellement mal et tellement pitoyable du spectacle que j'avais offert que c'est en me confondant en excuses, que je finissais par m'endormir.

hrp: