Elle n’était nommée que depuis un jour et les dossiers les plus urgents s’accumulaient, notamment un qui s’avérait assez pressant : Suna. Affairée de son côté avec Nami no Kuni et Demon, elle avait laissé la charge à Mizuki de s’occuper de cette affaire puisqu’elle avait appris que la jeune fille avait clarifié une affaire de chiffres erronés alors qu’elle travaillait aux archives. Elle avait donc pour l’heure plus de qualifications qu’elle pour se plonger dans tout ça et bien sûr lui faire un résumé le temps venu.

Tsukiko patientait apparemment, miraculeusement arrivée en même temps que les anciens membres du Shoraizen, comme si elle avait prévu son coup depuis de nombreux mois. Elle aurait pu arriver quelques jours après. Voire semaines. Voire mois. Mais l’affaire Suna/Konoha, Kaze/Hi était visiblement déjà pas mal engagée. Et il était même surprenant que tant de mois après sa réunion avec Akimichi Chikin, alors émissaire d’Onpu, elle venait ici pour conclure ces accords commerciaux … Qu’il allait falloir à nouveau renégocier … Possiblement.

Peut-être arrivait-elle avec de nouveaux éléments, ou pourrait-elle mettre les choses aux clairs sur d’anciens. Onpu avait laissé des notes et un étrange matériel –visiblement Saibogu derrière lui-, mais l’affaire s’arrêtait là. Et demander à l’intéressé … Ou à Maïka … S’avérait … Rembrunie, la presque quadragénaire se tourna vers son élève assise en face d’elle, ses dossiers ouverts sur son bureau. Il allait falloir statuer définitivement de la place qu’elle occuperait ici. Devrait-elle lui acheter un nouveau meuble ? Un bureau ? Une chaise dépliante, un tabouret ? Squatter la moitié de son bureau et une chaise pour invité n’était pas vraiment une solution à long terme.

Et pour Suna alors ? Qu’est-ce que ça donne ?

Arquant un sourcil, elle fit glisser légèrement son fauteuil à roulettes vers la cafetière afin de se faire un café. Le soleil ne s’était pas encore couché encore heureux, mais aux alentours des 17h, elle se sentait plutôt éreintée. L’affaire Suna bâclée, elles pourraient rentrer toutes les deux chez elle. Tsukiko avait rendez-vous le lendemain à 9h. De quoi avoir pas mal de marge … Et de repos d’ici là.

Si tu penses avoir fait le tour de la question je t’écoute. Et nous en resterons là.

Activant la machine, elle jeta un coup d’œil aux cartons et au désordre.

Enfin, bien sûr tu penseras à ranger après.

Récupérant le mug chaud, elle s’enfonça dans son fauteuil à nouveau, attendant la présentation de sa nouvelle assistante.

Il y a de ces moments où vous pensez qu’accepter quelque chose peut vous permettre d’avancer. Sur le coup, la proposition paraît alléchante, vous fait plaisir, vous donne envie. Alors, vous foncez tête baissée, sans vous rendre compte que vous êtes déjà pris au piège. La mécanique est en marche. Le jour de son investiture, je m’étais déjà levée tôt pour tout préparer au Palais. Le mal de crâne ne m’avait pas quitté, jusque tard le soir quand, enfin, on n’avait pu elle et moi sortir de ce bureau. Tant d’affaires à régler, tant de papier à signer pour un premier jour… Mais je m’étais dit que bon, c’était le premier jour, c’était normal. Mais quand elle m’a dit l’heure de rendez-vous, il me semble me souvenir que j’ai pleuré du sang et que j’ai tout fait pour me noyer dedans.

C’est donc plein de motivation, d’entrain, de bonheur et de joie (et de cernes en fait) que je me suis levée le lendemain, à une heure où même les oiseaux ne chantaient pas encore. Je suis même persuadée qu’ils m’ont maudit de faire autant de bruit parce que merde, « Yen a qui essaient de dormir, humaine de malheur ». Enfin, c’est sans doute ce que j’aurais compris si je parlais l’oiseau. Je pris une douche, où je dus lutter pour ne pas me rendormir, enfilai un pantacourt, un débardeur et un gilet, et je sortis dans les rues froides et désertes de cette matinée (ou fin de nuit, plutôt).

Le palais était quasi désert. Les postes de nuit venaient d’être relayés par les postes du matin dans les bureaux qui nécessitaient une présence constante, mais les fonctionnaires travaillant uniquement de jour n’étaient pas encore arrivés et étaient encore loin d’être arrivés. Saluant vaguement de la main ceux qui étaient déjà là, je me dirigeai vers le bureau de Miko, dans lequel elle était déjà. Ce qui me rassura, c’est qu’elle semblait aussi fatiguée que moi. Lançant un vague « Yo », je me dirigeais vers la machine à café qu’elle avait décidé d’installer à même le bureau, pour des raisons simples de productivité, et servis un café. Parallèlement, je m’offris le droit de prendre un verre de thé glacé à la mangue, acheté de toute manière – et même si elle ne l’avouera jamais – expressément pour moi. Lui donnant son café pour remplacer celui qu’elle avait fait en arrivant et déjà vide, je m’assis en face d’elle, à la place des invités, pour traiter les dossiers qui, déjà, s’étaient empilés.

Les heures avaient défilé, seulement entrecoupées par une vingtaine de minutes pour manger sur le pouce, et quelques rendez-vous rapides. Le soleil se couchait déjà dehors, et mon poignet semblait crier sa haine envers moi. Avant de prendre congé, Miko me demanda les informations que j’avais à propos de Suna et de l’alliance avec Konoha. A vrai dire, je n’avais eu que très peu d’informations – si tant est qu’il y en avait beaucoup – puisqu’on m’avait simplement demandé de régler un problème fiscal, mission accomplie à l’aide de deux Sunajins compétentes. Mais qui m’avait au moins permis de savoir qu’ils étaient sincères dans leur démarche.

- La mission à Odaichi a confirmé que Suna était bel et bien prêt à conclure une alliance solide et honnête. J’ignore ce qui a été convenu avant les problèmes rencontrés, mais ils n’ont pas lésinés sur les moyens pour le régler, vu qu’ils ont envoyé deux ninjas, dont Saibogu Oniri.

J’avais appris en rentrant à Konoha le prestige qu’Oniri avait au village du sable. Conseillère de Suna, rien que ça.

- Si vraiment Suna n’était pas sincère, soit ils auraient laissé Konoha se charger de ça seul, soit ils n’auraient pas déployé autant de moyens. Le problème risquait effectivement de compromettre l’alliance entre Hi et Kaze, ils ont répondu de façon plus que convaincante. J’ai lu que Chikin avait déjà entamé les accords commerciaux. Je pense qu’on peut y aller sans crainte.

Je me levai, fouillai dans un dossier que j’avais traité le matin-même et en sortis un rapport de mission. Mon rapport de mission. Je sortis aussi le dossier diplomatie que Chikin avait rempli.

- Tiens, pour les détails, si ça t’intéresse.

Et ne voulant pas finir trop tard, je me mis à ranger le bureau, espérant de tout cœur que mon heure d’arrivée le lendemain serait « 14H ».

Si l’affaire avait été entendue avec Akimichi Chikin sous l’aval de la Godaime Kazekage et le Rokudaime Hokage, les choses avaient bien changé entre temps. Si les premiers échanges commerciaux avaient eu lieu entre le Vent et le Feu, aucun contrat ne les liait « officiellement » et dans des temps troubles où on ne pouvait faire confiance à personne, et où la parole semblait perdre de sa valeur, il valait mieux avoir une promesse écrite. Plus important, la dite promesse écrite aurait dû être depuis des mois mais entre le silence de Chikin ou les attentats successifs qui secouaient Suna, le climat n’a été guère propice à une réflexion ordonnée et réfléchie sur les termes entendus. Enfin, les Kage des deux villages avaient changé … Quelle sera la politique de chacun ?

Certes, elle n’avait pas attendu pour consulter le futur Kage mais ce dernier n’était que prévisible, soit Yamada Kioshi, soit un Jonin tout aussi estimé et partageant la même vision que Zanshi. Cette dernière, malgré son passé tumultueux, avait su assumer son poste avec brio et chacun ne désirait qu’une continuité à sa politique nouvellement initiée. Ou plutôt, sur le point d’être initiée. Tsukiko n’était donc que davantage persuadée que cette alliance allait être demandée, une alliance qui manquait d’une preuve « physique » et « écrite ».

Après quelques jours d’attente suite à son arrivée, la nomination du nouveau Hokage ou encore la gestion de quelques affaires urgentes de cette « dernière », elle put enfin être admise auprès de la brune.

- Bonjour, Hokage-sama. Kawaguchi Tsukiko, émissaire de Suna, disait-elle, trouvant cela peut-être superflue car Aburame Miko devait la reconnaître, ne serait- ce qu’un peu. Leur rencontre n’avait été guère banale. Je vous remercie de m’avoir reçue aussi vite malgré votre charge de travail, et je vous félicite pour votre nouvelle nomination.

Reconnaissait-elle cette trentenaire ? Oui. C’était celle qui l’avait aidé à retrouver la dépouille perdue et déchue d’Akuzu Shinji, celui qu’elle considérait comme un frère, et qui était mort le premier jour même de la mission « diplomatique » confiée par Zanshi, à l’époque. Revoir ce visage ne lui rappelait que ce douloureux moment, ne rendant que davantage difficile le fait de « sourire ».

- Je ne sais guère si vous vous souvenez de moi, mais je vous remercie encore pour la dernière fois.

Une « dernière » fois qui s’étrangla un tantinet dans sa gorge. Elle se l’éclaircit bien vite, préférant clôturer cette affaire au plus vite.

- Je ne suis pas venue uniquement pour cela, et j’avoue que le changement de Kage m’a prise au dépourvu. Je suis devant vous aujourd’hui afin de discuter de l’alliance qui unit vos villages, et pays. Avec l’accord du Rokudaime Hokage et de la Godaime Kazekage ainsi que des Seigneurs Féodaux, Akimichi Chikin et moi-même avions discuté d’une alliance à la fois commerciale et militaire à Ame no Kuni. Cependant, si les échanges ont débuté, il manque une preuve écrite des conditions entendues.

Aujourd’hui, elle avait à discuter avec le Village Shinobi qui avait clairement une grande influence et un avantage militaire non négligeable. Village qui transmettra sûrement le contrat au Seigneur intéressé.

- Je suis venue le clôturer en bonne et due forme.

Elle se tut un court instant, prenant place suite à l’indication d’une des jeunes femmes.

- Votre discours me laisse penser que vous devez être toujours intéressée par cette alliance. Désirez-vous maintenir les conditions, ou alors les changer ?

Nouvelle Kage, nouvelle politique, après tout.

Ah, bonjour Tsukiko.

Un petit sourire sur le visage alors qu’un garde à l’entrée avait ouvert la porte pour la jeune fille toujours aussi frêle, Miko l’invita à s’approcher. Trêve de formalité, elle l’avait vu chialer toutes les larmes de son corps. Regardant son horloge accrochée au mur, l’Aburame sourit, écouta quelque peu, et fit glisser son fauteuil sur une infime distance afin d’atteindre sa machine à café à l’extrémité du bureau. Deux mugs s’y trouvaient, retournés et posés sur un linge propre.

8h58 … Et bien quelle ponctualité … Désolée de t’avoir fait attendre depuis l’intronisation mais tu t’en doutes ces quelques jours ont été assez occupés. J’espère qu’on t’a traité avec déférence et que l’auberge était suffisamment confortable.

Des consignes avaient été données pour son logement et sa réception. Elle espérait qu’elles avaient été respectées. Écoutant la Kawaguchi déblatérer son monologue, Miko approuva du chef silencieusement, son sourire ayant disparu de son visage alors qu’elle écoutait avec attention tout en activant la machine. Plaçant les deux mugs en dessous, le liquide brûlant et opaque commença à couler, un bruit doux s’en émanant.

Cette fameuse journée à Ame … Oui j’ai lu le rapport de Chikin hier et on m’a fait un bilan succinct de la situation entre nos deux pays. Il semblerait que les accords commerciaux entre Zanshi et Onpu ne soient pas entachés et à même d’être finalisés … Il manquerait donc mon accord c’est ça ?

Le ronronnement s’interrompant, elle constata qu’en effet le voyant avait arrêté de clignoter.

Un café ? … Sers-toi voyons.

Deux mugs, elle comprendrait aisément qu’il y en avait un pour chacune d’entre elle. Ne faisant aucun geste en directement de la tasse, elle comptait sur la Sunajin pour la servir. Ce n’était qu’une gamine tout comme Mizuki, et instinctivement, surtout après l’épisode à Ame, elle s’était prise d’affection pour elle. Ce qui voulait dire qu’elle pouvait au moins s’attendre en retour à se faire servir sa tasse. Elle lui était redevable non ? En espérant qu’elle le comprenne toute seule …

Tu as le dossier avec toi ? Puis-je le voir ? Une brève vérification, mon assistante repassera derrière plus tard … Si les termes sont restés les mêmes que précédemment, Onpu et les Daimyos ayant donné leur accord, ça devrait être rapide.

Attrapant de sa main valide ses lunettes de vue qui trainaient sur le bureau, elle les posa sur son nez. Ses lunettes lui donnaient un air plus sévère qui ne la dérangeait absolument pas, mais avant tout elles lui permettaient de lire les petits paraphes en bas des contrats. Une abomination et une mauvaise foi administrative et sociale qu’elle abhorrait. Tendant la main pour attrapait le dossier, l’Aburame le saisit et ouvrit la pochette qui faisait office de première de couverture.

Et mis à part les contrats commerciaux ? C’est tout … ? Je m’attendais à une explication sur le fait qu’Howaito n’était pas à tes côtés, ou ton retour à Suna en tant qu’émissaire alors que tu semblais faire la vagabonde au pays du riz, voire même des précisions de la part de Zanshi sur ce mystérieux Saibogu Satoshi et sa ville futuriste … Mais peut-être as-tu toutes ces réponses et pourrais-tu m’en dire plus.

Remontant son regard pour croiser celui de la blondinette aussi menue, Miko attendit la réponse. En espérant que cette fois elle ne fondrait pas en larmes. Sentant la présence de son insecte dans le creux de la nuque de son interlocutrice, l’Hokage sourit légèrement. Si la sunajin commençait à noyer son bureau elle la ferait sans doute sauter sur place.

« Cette fameuse journée à Ame ». Pour être fameuse, elle l’avait été. Même les habitants d’Ame trouvèrent l’acte des plus immondes et immorales, et ne comprirent guère la raison d’une telle haine ou abomination. Avec des Nécromanciens, il ne fallait guère aller chercher trop loin, tout était bon pour récupérer un corps et l’utiliser tel un jouet. Elle qui avait juré de retrouver le coupable … peine perdue. Quelles étaient ses chances de retrouver le meurtrier d’Akuzu Shinji après tant de mois, et tant d’événements et sur un continent aussi vaste et morcelé ?

- Il faut votre accord, mais je souhaiterais que vous signiez cet accord avec toutes les informations en main. Suna a également connu quelques changements, récemment.

L’accord avait été fait sous les ordres de Zanshi, une grande dame qui n’était plus. Ce n’était peut-être qu’un détail minime pour l’Aburame, mais c’était malgré tout une information à signaler pour la totale transparence de cet accord. Rien ne devait être caché. Si elle s’était déplacé elle-même et seule, c’était pour la simple raison qu’elle ne faisait confiance à personne pour une telle mission, et surtout car ce n’était qu’une excuse pour prendre ses distances et faire un point. Un point qu’elle avait pu faire, tant bien que mal.

- Merci pour le café. et elle regarda la Nanadaime. Deux mugs, deux personnes ... Du café aussi ? Sans plus attendre, après ce regard implicite, la blonde posa le second mugs devant la brunette.

Tsukiko n’aimait guère le café mais en de telles circonstances, elle accepterait tout ce qu’on lui offrait. Même ces insectes Aburame. Il faut dire que son retour à Suna comme sa dernière mission à l’égard de la Godaime étaient conditionnés par l’obtention définitive de la signature et la promesse de Konoha pour une alliance commerciale et militaire. Miko ne faisait part que de l’alliance commerciale.

« Soit, traitons cela d’abord », dit-elle en tendant les documents demandés.

Si elle pensait à une conversation banale, elle en fut vite « déçue » et « surprise » à la fois. Elle s’était un tantinet rembrunie au nom d’Howaito, mystérieux moine qui venait et partait avec des intentions propres à lui qui semblaient dangereuses, mais se figea totalement au nom de Zanshi et de Saibogu.

« De quoi donc parle-t-elle ? ». La Godaime ne lui avait jamais parlé des Saibogu et de leurs désirs d’une ville propre à eux. Si Suna laissait la technologie Saibogu échapper de leur main, c’était tout un argument militaire et commercial qui tombait à l’eau … Etait-elle la seule à penser ainsi, ou alors était-ce un projet entamé sans l’accord d’Habashi Zanshi, durant son vivant ?

Elle comprit bien vite qu’un silence prolongé s’était installé. Elle le brisa bien vite en se raclant la gorge.

- Howaito … Je ne sais pas vraiment. J’espère le retrouver à vrai dire, pour comprendre. Le comprendre. Je le trouve … inquiétant. Je ne saurais dire en quoi, mais il semble vouloir quelque chose qui semble être … Ni noir, ni blanc. Ni coupable, ni innocent.

Ses paroles, ses quelques craintes, ses indécisions … Quelque chose ne tournait pas rond dans toute cette affaire, affaire qu’elle aurait voulu suivre de près mais qui semblait un brin trop dangereux en l’état. Elle ne pourrait s’y jeter corps et âme qu’une fois ses affaires sur Suna clôturées. L’insecte pouvait sentir cette pointe d’agacement à l’évocation du nom du moine, comme de son trouble et de son inquiétude. Si son visage tentait de rester neutre, son pouls ne l’était pas.

- Sinon, actuellement, j’ai dû revenir sur Suna. Dernièrement, le village a décidé de s’orienter vers une toute nouvelle politique : la démocratie. Habashi Zanshi a ouvert les votes pour un nouveau conseil … Malheureusement, le jour des annonces, elle a été tuée. L’enquête est en cours. mentit-elle sur ce dernier point. Elle avait quitté Suna bien trop vite pour savoir la situation actuelle.

Elle se tut, laissa quelques minutes à Miko pour encaisser cette annonce-ci. Une annonce qui offrit un autre message à l’insecte de l’Hokage : Tsukiko était triste et très en colère.

- Je me suis déplacée moi-même pour vous expliquer que la Godaime Habashi Zanshi n’est plus et que son successeur est Yamada Kioshi. Le nouveau Kazekage n’est pas contre une alliance avec Konoha, et il l’aurait exprimé personnellement s’il n’était pas occupé avec … beaucoup d’affaires en rapport avec ces récents événements assez graves.

Le comment du pourquoi ? Très bonne question. Sûrement une affaire interne, bien trop similaire à la disparition des conseillers précédents. Cependant … Les doutes sur un complot externe pouvaient être soulevés par certaines personnes. Mais Tsukiko savait que ce n’était pas externe. Elle s’était suffisamment mouillée pour supporter le contraire.

- De quoi parlez-vous … par rapport à Saibogu Satoshi et sa ville ? Je doute que ce soit possible. J’avais proposé également une alliance militaire avec Chikin en échange d’une technologie de communication faite par les Saibogu … S’ils s’émancipent, ce n’est guère plus possible. Enfin, s’émanciper je suppose vu qu’on parle de ville et non de quartier. Et qu'on parle d'une alliance supplémentaire avec Konoha, supplémentaire car ... je n'ai pas eu vent.

Et surtout, pourquoi en avoir parlé avec Konoha sans avoir fait une annonce à Suna ? L’affaire était louche. Que se passait-il au sein de Suna, encore ?

- Est-ce que Habashi Zanshi était … à ses côtés, ou a-t-elle fourni un document en rapport ? se permit-elle de demander. J’avoue ne pas avoir d’informations à ce sujet.

La petite fille qui pleurait semblait avoir disparu mais la nouvelle ne semblait guère mieux. Elle semblait un tantinet plus colérique, plus instable … Son chakra fluctuait, variant, comme prêt à se manifester à tout instant. Cependant, ce n’était en rien une nouveauté. Elle était déjà comme ça à Ta no Kuni, quoique, à cet instant, sa maîtrise de sa personne était bien, bien meilleure.

Elle lança un regard à son verre. Elle aurait besoin de Saké, et non de café à l'heure actuelle.

La tasse dans sa main, elle continuait de parcourir un chapitre important du dossier. Celui statuant sur les matières premières et les accords exclusifs entre les deux pays. Soufflant un instant sur le liquide brulant, elle en but une petite gorgée. Il n’était que 9h, et pourtant c’était déjà son deuxième de la journée. Elle était devenue rapidement accro visiblement. Son addiction à la caféine commençait à remplacer son goût prononcé pour le tabac. Même si celui-ci demeurait assez persistant.

Toutes mes condoléances pour ton village et pour Kioshi...

Une ombre voilant son visage alors qu’elle avait appris la nouvelle, elle avait laissé la Sunajin finir de parler en guise de respect. Tout sourire moqueur avait disparu de son visage. Zanshi, Onpu … La fin d’une époque. D’autant qu’un changement de Kage et de politique impliquait de nouvelles conséquences pour l’avenir de Kaze et d’Hi. Reposant la tasse sur le bureau, elle sortit une bouteille en cristal au contenu ambré du placard sous le bureau qui servait auparavant à entreposer le nécessaire à thé d’On’. Versant une lampée d’alcool dans le mélange brûlant, elle touilla le tout avec une cuillère, laissant la carafe bouchonnée sur le bureau.

Cependant tu comprendras mon scepticisme sur la situation au vu des nouveaux éléments que tu m’apportes. « Ne serait pas contre ? » Ce n’est pas ce que j’attends de la personne responsable qui conclurait avec moi ces accords. Mais peut-être sa voix ne compte-t-elle pas par rapport à la démocratie installée par Zanshi… Si elle s’est vraiment installée. J’avoue avoir du mal à cerner la politique actuelle de Suna. Qui commande ? Qui est en charge ? Ces accords … De qui es-tu l’envoyée ? Les Daimyos ? Zanshi ? Même si j’avais énormément de respect pour cette femme, je ne m’avancerai pas dans des accords signés unilatéralement sans l’approbation du parti en face si ce n’est celle d’une morte …

Touillant toujours son café, le visage de Miko était d’avantage fermé qu’auparavant, plus sévère. La situation était floue et elle aurait aimé avoir des réponses.

Comprends-moi bien. Nos pays respectifs semblent plus que prêts à s’allier ne serait-ce qu’économiquement parlant, mais je ne peux avancer une telle chose si c’est feu-Zanshi qui t’a envoyé ici et que tu n’as pas l’autorisation de la nouvelle direction de ton pays. Quant aux accords militaires … Il n’y avait que de vagues notes là-dessus de la part de Chikin …

Soufflant un peu comme si elle relâchait la pression, le timbre de voix de la Nanadaime s’était adouci.

À voir à la suite des accords commerciaux, mais cette fois de visu avec soit ton Kage, soit ton conseil, peu importe le fonctionnement de la politique sunajin. Autant économiquement parlant nos deux pays ont tous deux beaucoup à gagner, autant d’un point de vue militaire les conséquences pourraient s’avérer désastreuses et je ne peux prendre de telles décisions à la légère.

Portant la tasse de café corsé à ses lèvres, elle redressa ses lunettes afin que la buée ne s’accroche pas aux verres et but une bonne lampée du mélange.

Quant à Satoshi … L’un de ses émissaires est apparemment venu rendre visite à Onpu il y a de cela plusieurs mois alors que Zanshi était toujours parmi nous. Il semblerait qu’il ait décidé qu’il était temps pour lui et son clan de s’émanciper de Suna au vu de ses propositions humanistes mais à contre-courant de son époque et de sa situation … Mais avant de continuer sur ce sujet, je te laisse t’exprimer sur ces histoires de changements politiques et ton rôle dans ton ça, quelques éclaircissements ne seraient pas de trop.

Les craintes de Miko n’étaient que justifiées et Tsukiko s’y était attendue. En effet, les changements de dirigeants entraînaient une nouvelle politique et actuellement Yamada Kioshi n’était guère présent dans les échanges. Cependant, elle doutait fortement qu’il soit suffisamment lucide pour un tel accord, à moins qu’il ne la dérive dans une direction non imaginée et voulue par la demoiselle. Pour finir, pourquoi donc exiger l’avis d’un village où il y avait tant de traître à mettre des bâtons sur les roues de Suna pour chaque bon et bénéfique projet ? Enfin, n’avait-elle pas été choisie comme Conseillère Diplomatique – même si elle n’avait pas endossé publiquement ce titre – lors de cette élection avortée ? Hormis le Kazekage et elle-même, qui avait droit à la parole à ce sujet ?
 
Et elle savait, Kioshi suivrait les traces de Zanshi. Non, elle ne parlait pas au nom d’une morte, mais au nom des vivants.
 
- Je comprends vos craintes, et je vais donc les apaiser, voire les taire, dit-elle avec sérieux et assurance. Je vais me permettre de suivre un ordre chronologique, afin de vous expliquer la situation.
 
Elle lorgnait un tantinet sur cette bouteille d’alcool mais il valait mieux l’oublier pour quelques temps. D’abord les affaires, avec l’esprit le plus clair possible. Seulement après, elle se permettra de s’envoyer une bonne bouteille, dans l’intimité de sa chambre d’auberge, évidemment. Elle avait déjà une réputation mitigée à Suna, entre ceux qui la supportaient et d’autres qui la voyaient encore comme étrangère, autant garder une certaine intégrité dans Konoha.
 
- Kaze no Kuni et Suna sont deux forces qui se complètent mais qui, malheureusement, ne communiquaient guère assez pour apporter des solutions pour tout le Pays. Les Seigneurs Féodaux ont la richesse, et les villages Shinobis ont la puissance militaire. Dans notre cas, nous avons la technologie Saibogu, utilisée à des fins militaires jusqu’à aujourd’hui.
 
Ou peut-être serait-il temps de dire « avions » ? Si la technologie était répandue partout, il y avait tout un argumentaire commercial à revoir à l’instant même. En effet, tout l’accord commercial se basait sur la technologie Saibogu, en échange de ressources à des prix ou conditions intéressantes, mais si cette dernière avait été vendue … Pourquoi Konoha maintiendrait-il un accord avec Suna ?
 
- J’ai eu une idée de développer différents projets pour irriguer le pays en eau et ainsi améliorer un tantinet le quotidien des habitants, ou encore perfectionner les défenses de notre village qui avait subi des attaques à cette époque-ci. Cependant, il nous manquait une chose essentielle : des ressources. Nous avons la nôtre, du sable, des sous-sols ou encore la technologie Saibogu mais nullement du bois, des métaux finis, des tissus adaptés aux différents travaux ou encore le pétrole. Que des exemples d’industries situées à Ame.
 
Consciemment, elle avait opté pour cibler les usines d’Ame. Pourquoi parler de choses que Konoha n’aurait pas ?
 
- L’accord est basé sur la possibilité d’améliorer la productivité de vos usines à Ame no Kuni en échange de prix ou conditions favorables. Les avantages sont nombreuses, comme vous avez du vous rendre compte. Plus de ressources, un partenaire sérieux et fidèle, et une amélioration de nos infrastructures dans nos pays respectivement.
 
En travers de ressources exploitées – donc création ou construction – ou de ressources vendues – et donc des sous en plus. Certes, les Shinobis étaient puissants mais que valaient-ils l’estomac vide, gelés, sans toit, sans sécurité, sans l’assurance d’une vie confortable ?
 
- Nos Shinobis sont forts mais que vaut-on si nous n’avons pas l’assurance d’une vie confortable ? Si ce n’est pas pour nous, qu’en est-il pour nos connaissances et proches ?
 
Cependant, elle ne s’y attardait pas. Il fallait parler du « concret » et non des « désirs » non exprimés d’autrui. Surtout ceux d’un village dont elle n’était pas l’habitant.
 
- Habashi Zanshi m’a supporté, et m’a proposé le rôle de Conseillère à cette époque-ci, une époque où notre politique était … « unique ». Le Kazekage décidait de chaque aspect de Suna, en étant un partenaire – ou l’arme si l’on veut – du Seigneur féodal. Durant son mandat, la Godaime a voulu instaurer une démocratie prenant la forme d’un Conseil conseillant le Kazekage, et ayant un certain moyen de pression sur lui en travers de son élection ou de sa destitution.
 
Elle ne craignait pas de dévoiler quoi que ce soit de Suna. Ce n’était qu’une connaissance générale de la politique. Si Konoha avait à être un futur partenaire commercial, autant qu’il sache tout. S’il ne voulait pas … cela ne changeait guère grand-chose à la situation. Dictature ou démocratie, en quoi cela allait-il changer la décision d’un pays d’attaquer ou non, n’est-ce pas ?
 
- Cette idée de démocratie a été poussé jusqu’à proposer au peuple de choisir les futurs conseillers.
 
En somme, ce n’était pas une démocratie déguisée où la Kazekage pouvait voter ceux qui l’arrangeaient au Conseil.
 
- Le jour de l’annonce des Conseillers choisis par le peuple, elle a été tuée. Mais, si on l’a tué, on n’a pas pour autant détruit les noms des futurs Conseillers. J’ai été choisi comme Conseillère diplomatique et économique.
 
La suite allait être dure, et compliquée, à expliquer. Devait-elle jouer la carte de la sincérité, quitte à être rejetée, et à mettre à mal des accords bénéfiques au pays ?
 
- Je ne vous mentirais pas, et je ne vous supplierais pas. En travers de votre discours lors de votre intronisation, j’ai pu ressentir ce que je ressentais lorsque la Godaime parlait du futur de Suna. Je ne doute pas un instant de votre bon jugement. Alors je vais tous vous dire.
 
Sa décision avait été prise. Elle en dirait que la vérité, et seule la vérité. Elle dira ce qu’elle n’avait pas osé dire à autrui en face. Pourquoi donc ? Etait-ce dû au fait que la Hokage avait une figure sévère et autoritaire ? Ou alors était-ce le fait qu’elle avait présent le jour où elle avait découvert la mort de Shinji ? Peut-être que peu avait pleuré sur sa mort, mais cela l’avait marqué. Beaucoup marqué. Chaque instant, chaque seconde, chaque figure … Dans ce miasme cauchemardesque, seule Miko avait été la figure calme. Tsukiko était loin de connaître la dame, ou encore de savoir que l’Aburame l’avait parasité … mais à cet instant, elle avait « envie » de faire confiance.
 
Non, elle avait « besoin ».
 
Se sentait-elle mal à l’idée que ce soit une Konohajin et non un Sunajin ? Oui car on pourrait la traiter de traîtresse, et non car – d’une manière ou d’une autre – n’appartenait-elle pas à ces terres aussi, et n’avait-elle pas le droit d’y accorder sa confiance au vu du nombre de morts pour le pays du Feu au sein de sa famille ?
 
- Nos trois précédents conseillers ont disparu lors de multiples accidents dans Suna. Le présumé coupable a été porté disparu, et durant l’enquête que j’ai mené, il semblerait que le danger soit plus grand. Notre village a été ensuite attaqué par un ancien Kazekage grâce à une taupe en interne, avec l’aide d’un très haut placé. Pour finir, c’est notre Godaime qui vient de mourir, suite à un attentat, alors que le village voulait s’engager dans une voie démocratique. Et vous venez de me parler d’un clan qui se veut … indépendant.
 
Les catastrophes, elles s’enchaînaient. Et Tsukiko s’en rendait compte que davantage.
 
- Où je veux en venir est que je suis venue seule et par ma propre initiative pour plusieurs raisons. Je suis l’élève du Kazekage actuel, et je suis également l’une des trois conseillères, et celle en charge des relations avec l’extérieur. Peut-être n’ai-je pas eu le temps d’endosser officiellement ce rôle publiquement, avec ces récents problèmes, mais j’ai été choisi. J’ai des raisons de croire qu’un groupuscule ne veut pas du bien du Suna, et peut mettre en échec un accord qui n’a aucune preuve écrite. Et je n’appartiens ni au Kazekage, ni au Daimio, mais à mon pays uniquement.
 
Et donc, venons-en – enfin – à la conclusion, ou du moins à un semblant.
 
- Ces accords sont au nom du Pays du Vent et non uniquement pour le bien-être du Kazekage ou du Daimio. Ce titre est avant tout un lien, ou une représentation, d’un accord et d’un travail commun au sein de notre Pays. Le seigneur féodal s’échine à tenter d’améliorer le quotidien de ses habitants, et le Kazekage n’a pas abandonné le projet de démocratie de Suna et a donc maintenu le Conseil choisi du vivant de Zanshi. Pourquoi le Seigneur du vent dirait-il non ? Pourquoi mon Sensei, aussi Kazekage, refuserait-il une chose entamée mais non clarifiée et officialisée durant le règne de Zanshi ? Je le connais assez pour vous garantir qu’il ne sera pas contre.
 
Elle se tut à nouveau, tentant de déceler d’éventuels problèmes politiques.
 
- Les autres membres du Conseil n’auront guère voix dans cette affaire. Chacun peut donner un avis mais non une décision dans le domaine d’autrui. La diplomatie, c’est mon affaire. De plus, l’accord bénéficiera les deux autres conseillers dans leur domaine, et donc ne craignait guère. Vous pouvez exiger une preuve écrite en travers d’une missive à l’intention de Yamada Kioshi, si vous désirez. Je suis venue moi-même, pour la simple et unique raison que je n’autoriserais pas une autre traîtrise. Si l’affaire n’est pas conclue aujourd’hui, c’est dû sur votre décision, et à votre discrétion, et non dû à un élément perturbateur externe malveillant non contrôlable ou prévisible.
 
Enfin, pour terminer, pour de bon …
 
- Je n’ai nullement l’intention de mettre à mal nos villages et pays respectifs. Si j’ai choisi Konoha comme partenaire, ce n’était pas dû uniquement pour ses ressources mais pour une raison plus personnelle. Je suis le fruit d’une union entre une femme du Pays du Feu et un homme du Pays du Vent présent pour une mission … J’ai longtemps vécu sur ces terres jusqu’à finir orpheline, ayant perdu tous mes proches durant la guerre des clans, avant de tenter ma chance de retrouver une famille à Suna, au sein du clan Kawaguchi. Malgré que je porte le symbole de Suna, je n’ai guère l’intention d’apporter une quelconque catastrophe à Konoha. Je ne pourrais pas trahir le pays pour qui ma mère est morte, mais non plus le pays où j’ai actuellement une famille et des proches.
 
Elle se rendit compte que sa tasse avait refroidi.
 
- Vous pouvez faire appel à un senseur, mais je jure de ne pas mentir malgré ma venue soudaine, et mon titre qui a été voté par le peuple mais qui n’a guère eu le temps de s’officialiser. Quant aux Saibogus … indépendances ou non, les termes se maintiendront.
 
L’affaire commerciale, elle espérait qu’elle se maintiendrait. Quant à l’affaire militaire … C’était une autre paire de manche n’est-ce pas ?
 
- Commercialement, la catastrophe est exclue. Militairement parlant, je doute que cela apporte du malheur à Konoha.
 
Elle se tut, préférant voir ce que Miko avait déjà à dire.

Elle en avait fini avec son café depuis un petit moment. Et la sunajin parlait toujours. Ayant délaissé le dossier, elle l’écoutait attentivement monologuer sur l’histoire de son village, sur sa propre personne et sur les accords. Une fois le silence retombé, Miko se leva et s’assit sur le rebord de la fenêtre ouverte, sortant une cigarette et l’allumant. Reportant son regard sur Tsukiko une fois le manège de la manchote terminé, elle l’examina un instant.

Je vois.

Son discours et sa façon d’être transpirait l’honnêteté, d’autant que son insecte n’avait pas détecté de mensonge particulièrement gros et elle ne pensait pas la kunoichi suffisamment adroite pour berner son parasite.

Les accords commerciaux seront donc signés. Cependant dans ta narration tu te trompes sur un point, bois, métal, tissu. Ces matières premières sont le point fort également d’Hi no Kuni et d’après les termes du contrat toutes les industries sur notre sol profiteront de ces améliorations. Votre offre concernant la technologie Saibogu devient certes bancale mais outre vos propres matières premières, il n’en demeure pas moins que vous avec une autre chose intéressante à nos yeux : l’argent. Toi et les tiens représentez toujours un marché à fort potentiel pour Hi no Kuni.

Tirant sur sa cigarette, l’Aburame regarda son village, songeuse.

Mais pour ce qui est du côté militaire, Konoha a fort à perdre. Je ne compte pas isoler à nouveau le village comme mes prédécesseurs, et votre aide serait certainement précieuse si nous initions les hostilités. Mais mettons que vous vous mettez le Shukai à dos. Pourquoi m’avancer par un accord en liant le destin des Konohajins et des civils de notre pays au votre … Et ce sans même avoir rencontré ton Kage et le reste du conseil.

Nouvelle bouffée d’air intoxiqué, l’Aburame avait à son tour des choses à dire, et des réflexions à formuler à voix haute.

Lorsque tu rentreras à Suna … Vois avec eux si c’est toujours d’actualité, et si c’est le cas, vous n’aurez qu’à me contacter pour une rencontre officielle tous ensemble. Cependant, cette nouvelle situation économique liant Kaze et Hi, il y aura bien sûr rapprochement. Pourquoi ne pas organiser un examen Chûnin comme à l’époque ? Une occasion pour les nouvelles et anciennes générations de se rencontrer dans un autre contexte que ce qui a pu se faire par le passé et de consolider avec nous un pont entre nos deux nations.

Car oui, Suna et Konoha avaient un lourd passé. On n’effaçait pas si facilement les rancœurs d’une guerre, surtout en un peu moins d’une décennie.

Quant à Satoshi … Sors le dispositif rangé dans l’armoire à ta gauche, l’étagère du bas.

Donnant ses directives, elle savait que la Sunajin n’aurait aucun mal à trouver le dit-dispositif. La laissant l’installer sur le bureau, Miko écrasa son mégot dans le cendrier proche de la fenêtre et ferma les stores afin de tamiser la lumière de la pièce.

C’est le dispositif qu’il a utilisé pour dialoguer avec le précédent Hokage … J’aimerais avoir ton avis sur la question, sur son projet et sur sa personne. Tes points de vue personnels mais aussi ceux au nom de Suna en tant que conseillère.

Activant le dispositif, l’hologramme de Satoshi se forma, il n'y avait plus qu'à écouter ses différents monologues. En les écoutant à nouveau, il était facile de devenir les réponses qu’Onpu avait formulé ... et rien qu'une pensée à son prédécesseur lui serra la poitrine ... Maïka n'avait pas donné signe de vie. La conversation unilatérale avait été enregistrée. Une bonne chose, sinon elle en serait complètement passé outre, et n'aurait eu qu'à attendre un nouveau passage de cette mystérieuse personne. Le monologue du chef de clan et ingénieur se terminant, le mécanisme Saibogu projeta sur les murs de la salle les inventions et les rêves du Saibogu. Elle l’avait déjà visionné plusieurs fois mais gardait encore pour elle son jugement sur la question. Qu'en penserait une autre Sunajin ?

Spoiler:

« D’une technologie unique, nous voilà affublé d’une technologie bancale et d’un titre de client en besoin … » pensa-t-elle amèrement. Décidément, le Pays du Vent venait de subir un grand coup, et elle n’en comprenait clairement pas les raisons. Cependant, malgré ce changement des rapports de force, l’alliance commerciale allait enfin avoir une preuve écrite. Ce n’était plus du « Vent » ou de simples « promesses » et paroles de deux dirigeants qui n’étaient plus pour de mystérieuses et inconnues raisons.

Ses yeux s’éclairèrent lorsque la Hokage fit référence à un examen Chunin. Peut-être dû au fameux rapprochement – rendant la chose que plus officielle, et ouvrant une porte à une alliance bien plus profonde – mais également dû à un vieux souvenir. C’était lors de ce fameux examen Chunin qu’elle avait eu vent du clan Kawaguchi qu’elle avait tout quitté pour rejoindre Suna. Vous savez, vous vous prenez ce terrible coup de vieux, et ce petit sentiment terrible de nostalgie, mêlant regret et fierté étrange.

- Je suis bien heureuse pour l’alliance commerciale, et je vais m’empresser de parler au Kazekage et au Conseil de cette alliance militaire. Je peux comprendre qu’on ne peut guère prendre de décisions en l’état mais le fait d’aborder le sujet est suffisant. Pour l’examen Chunin, je vais également en toucher un mot à la personne en charge.

Certes, l’idée était bonne mais si tout avait été décidé entre temps, alors modifier un tel événement serait des plus ardus. Pourtant, elle ne perdait pas espoir car si ce n’était pas l’examen chunin, se serait autre chose. Forcément … N’est-ce pas ?

Venons-en maintenant à l’élément perturbateur : Saibogu Satoshi. Tsukiko écouta ce fameux enregistrement, avec ébahissement et stupeur. Ebahie car la technologie Saibogu était bien plus développée qu’elle ne l’aurait cru, ne rendant sa suspicion et sa frustration que plus grande vis-à-vis des secrets de ce clan. Stupéfiée devant les propos qui se voulaient humanistes de cet homme, ou encore des prétendus soutiens.

« Pourquoi le Daimio sacrifierait-il un si fort argument et potentiel … ? Pour de l’altruisme alors que son peuple se meurt de faim et de soif dans le désert ?! » S’insurgea-t-elle, se rendant compte que davantage qu’elle ne connaissait rien à rien.

Indéniablement, Miko demanda son avis. Que pouvait-elle donc dire devant un tel spectacle ? Cela disait mettre au courant Habashi Zanshi mais, à cet instant, Tsukiko était certaine que l’Ecarlate aurait été la dernière à être prévenue, car chacun savait le jugement pour une telle initiative.

- Emanciper un clan revient à trahir un village, à bien y réfléchir.

Trahison, voilà un mot qui voulait tout dire. Voilà un mot qui résumait clairement l’attitude de cet homme pour Suna.

- Quant à moi … Que puis-je dire ? Je suis triste. Voilà tout. Un homme d’une telle expérience, et d’une telle intelligence, qui tient des propos si utopiques et impossibles …

Elle soupira, les épaules s’affaissant, et la tête secouée négativement …

- Stupide.

Un mot qui sonna comme un terrible glas. Elle avait un ton sérieux, mêlé à de la lassitude.

- Il y a quelques années, j’aurais adhéré à une telle idée. Mais plus aujourd’hui. Il se dit indépendant mais sa propre fille est actuellement Conseillère à la Défense à Suna. Il prétend un conseil uni qui va gérer ces technologies en travers du Yuukan, mais voilà une chose bien vaine car chaque village pense à son intérêt et non à l’intérêt du monde.

Elle se releva en soupirant. Une énième fois.

- L’homme a besoin de conflits … Pour finir, oui. La technologie va être nécessaire mais, malheureusement, il sous-estime la puissance des Shinobis. Une bombe ? Il y a suffisamment de Shinobis pour gérer un tel cas « mineur ».

En effet, que représentait une pauvre bombe devant la force monstrueuse d'un Bakusho expérimenté?

- Des morts Civils ? Nous la vivions, impuissamment. Mais également des morts Shinobis. Si arrêter et gérer les conflits étaient si simples, alors pourquoi n’avons-nous pas toujours cette fameuse paix et entente ?

Non. Il y avait un truc qui clochait. Les bonnes intentions ne pouvaient pas couvrir un tel projet. Surtout avec un tel homme, à moins qu’il ne soit stupide et utopiste.

- Et je doute fortement que son idée est dénuée de tout intérêt personnel. Avec de telles subventions, et avec l’excuse de se protéger de tout attaque externe … Combien de temps avant qu’il ne tente de créer une arme de destruction massive ? Combien de temps avant qu’il ne reproduise des Atifiziels ? Combien de temps avant qu’il ne tente … Qui sait, de revendre au plus offrant ou à vouloir diriger le monde par la peur ? Je doute sincèrement de ses bonnes intentions, surtout qu’il le fait derrière le dos de la Godaime … enfin feu Godaime. Je ne peux guère dire quel genre d’homme il est … Je le pensais homme lucide dû à son âge et à son expérience. Peut-être l’est-il mais alors qu’a-t-il en tête, exactement.

Elle se tut longuement.

- Précisément, dû au flou de cette histoire, il faudra suivre de près. Comprendre… Et ne pas se faire dépasser par les événements. Voyez-vous une gêne quelconque à ce que je puisse rapporter cet enregistrement à Suna ? se permit-elle de demander.

Oui, Satoshi pouvait avoir un merveilleux raisonnement mais, en raison des multiples guerres ou trahisons, elle commençait sincèrement à perdre foi en l’humanité. Jusqu’à ce que cet homme prouve toute sa sincérité, elle ne lui accordera que peu de crédit.

En conclusion, un projet à ne pas rejeter de bloc … mais à ne pas abandonner non plus. Il fallait surveiller. Il fallait décider. Mais ce n’était guère le sujet d’aujourd’hui.

- Et votre avis, Hokage ?

La décision avait sûrement été prise. A voir si la brune allait le révéler.

- Si vous permettez, je pense que j'ai à rentrer à Suna au plus vite, afin de parler de tous ces éléments au plus vite aux dirigeants du Pays.

Tirant sur le cordon pour rouvrir les stores alors que la machine vrombissait encore, Miko appuya sur le bouton d’arrêt, satisfaite de la réponse de la blonde. Eh bien pour quelqu’un qui ne semblait pas connaître le dossier ces révélations l’avaient mis quelque peu à fleur de peau. Mais il était intéressant de constater comment réagissait l’une des conseillères de Suna face à la question de cette ville futuriste. Zanshi n’était donc pas au courant à l’époque … Oui cela se tenait. D’après sa réputation elle aurait étouffé la mutinerie dans l’œuf. Quoiqu’il en soit, elle éluda sans se cacher la question de la sunajin et attaqua la conclusion.

Je compte donc sur toi. Met toi en chemin quand tu le souhaiteras, une escorte Konohajin te sera fournie jusqu’à Suna afin de s’assurer de la bonne remise de ces documents et afin de revenir avec ma copie certifiée par le reste de votre cercle politique.

Se munissant d’un stylo, elle signa le document en tout point similaire à celui qu’elle avait déjà étudié et apposa son sceau à côté. L’un des participants à cet accord avait donné son aval. Restait Suna. Tendant le stylo à la jeune fille puisqu’elle agissait au nom de son village et en avait visiblement les pouvoirs, elle la laissa signer également. Refaisant le rituel des signatures sur son deuxième dossier, Miko la laissa prendre la paperasse et fit craquer les doigts de sa main à l’aide de son pouce.

Avant que je n’oublie, l’une de tes camarades, Saibogu Oniri m’avait proposé une prothèse à Ta no Kuni. Pourrais-tu la contacter et lui demander si cela serait toujours d’actualité ? L’argent ne sera pas un problème si ça peut la rassurer, qu’elle n’hésite pas à me contacter elle aussi si l’affaire tient toujours.

Elle ne demanderait pas le travail bénévole d’un artisan au risque que celui-ci soit gâché.

Quant au dispositif, oui prend le si ça te chante, mais j’aimerais qu’il soit retourné une fois que tu l’auras montré à tes collègues-supérieurs...

Contournant son bureau, elle se dirigea vers la porte comme pour la raccompagner. Un effort surhumain de politesse pour elle … Se lever pour congédier quelqu’un … En vérité elle comptait profiter de cette fin d’entretien pour s’absenter de son bureau un court moment.

Ah et maintenant que nous sommes alliées, je suppose que je n’ai plus besoin de cette garantie …

Petit mouvement du poignet vers le haut et son insecte se réveilla pour se frayer un chemin en dehors de la nuque de Tsukiko. La démangeaison ne devait pas être trop virulente mais tout de même présente. Récupérant le petit scarabée ensanglanté sur l’index, Miko hocha la tête en guise de salut.

J’peux vraiment pas rentrer ?! Putain ! On m’a dit que ma senseï était ici, elle fait chier ! WOUHOU TSUKIKO, DEMANDE LUI D’ME LAISSER PASSER, AHHH MAIS LÂCHEZ-MOI BORDEL. CASSE TOI OU J’TE DÉBOITE LA MACHOIRE TOI AVEC TON CLEBARD DÉGUEULASSE.

Arquant un sourcil, le visage de la brune se ferma. Qui provoquait un tel raffut… Tsukiko, sensei ? Ouvrant la porte à la volée, elle vit l’un des gardes à sa porte immobilisant d’une clé de bras un gamin bronzé au sol.

LACHE MOI LACHE MOI LACHE MOI, TSUTSU SENSEI !

Soupirant en voyant son bandeau Sunajin, Miko fit signe au garder de le libérer.

Elle est belle la discipline Sunajin … Mais je n’avais pas eu vent que tu étais arrivée avec ton … élève.
Eh c’est toi l’Hokage, moi c’est …
Intéressant … Rentrez bien.

Claquant la porte de son bureau de l’extérieur, elle prit la direction opposée à celle qu’ils devaient prendre pour redescendre. Roulant des yeux intérieurement, Miko était contente d’avoir fini de si bonne humeur, un peu plus et elle aurait claqué le marmot. Elle avait mis le doigt sur la raison qui la faisait comparer Tsukiko à Mizuki. Elles étaient toutes les deux trop immatures pour de vrais postes à responsabilité…

Ah ouais quand même, plus aimable tu meurs … Du coup tu l’as ton accord planche à pain ?

Spoiler: